
Le 2 novembre 1755
Naissance de Marie-Antoinette
Le 3 novembre 1755
La petite Archiduchesse est portée sur les fonts baptismaux par Son frère et Sa sœur, Joseph (1741–1790, il a quatorze ans) et Marie-Anne ((1738-1789, elle a donc dix-sept ans) , au nom du Roi et de la Reine du Portugal (Joseph Ier, le Réformateur, et Marie-Anne d’Espagne), Ses parrain et marraine, dont ils portent d’ailleurs les prénoms. Elle est baptisée par l’archevêque de Vienne, le cardinal Migazzi sous les noms de Maria Antonia Josépha Johanna de Lorraine.

En octobre 1760
Mariage de Son frère l’Archiduc héritier Joseph avec Isabelle de Bourbon-Parme, petite-fille du Roi de France Louis XV et premier mariage scellant l’alliance de 1756 entre les Bourbons et les Habsbourgs. Cela préfigure ce que sera le mariage de Marie-Antoinette …

Le 18 janvier 1761
Mort de l’Archiduc Charles-Joseph (1745-1761), héritier en second des Habsbourg et fils préféré de Marie-Thérèse.

Lors de la disparition de ce grand frère de quinze ans, on doit expliquer la situation à la petite Archiduchesse en évoquant la religion et l’espérance qu’il faut en tirer… Elle n’a que cinq ans…

Le 22 décembre 1762
Mort de Sa sœur Marie-Jeanne-Gabrielle (1750-1762). Nouvel émoi familial, surtout en cette veille des fêtes de Noël.
Nuit du 26 au 27 novembre 1763
Mort d’Isabelle de Bourbon-Parme. Chagrin immense de la famille impériale. On ignore quels furent les sentiments de la jeune Antonia à ce sujet. Isabelle n’évoque jamais la plus jeune des Archiduchesses dans sa correspondance avec Marie-Christine.
Le 25 janvier 1765
Le mariage de Joseph II avec Maria Josepha de Bavière.

Lors de cette cérémonie, les Archiducs et Archiduchesses donnent un spectacle:

Le 5 août 1765
Mariage de l’Archiduc Léopold avec Marie-Louise d’Espagne à Innsbruck.
Le 18 août 1765
Mort de Son père, l’Empereur François Ier, lors des festivités du mariage de Léopold à Innsbruck.

Il avait pris congé en larmes de sa dernière fille, Marie-Antonia, avant de quitter Vienne.
Cette mort marque fort Marie-Antoinette qui racontera, en 1790, à Mesdames de Tourzel, de Fitz-James et de Tarenteaux que l’Empereur François Ier, partant pour l’Italie, d’où il ne devait jamais revenir , rassemble ses enfants pour leur dire adieu :
« J’étais la plus jeune de mes sœurs, mon père me prit sur ses genoux, m’embrassa à plusieurs reprises, et, toujours les larmes aux yeux, paraissant avoir une peine extrême à me quitter. Cela parut singulier à tous ceux qui étaient présents, et moi-même je ne m’en serais peut-être pas souvenue si ma position actuelle , en me rappelant cette circonstance, ne me faisait voir pour le reste de ma vie une suite de malheurs qu’il n’est que trop facile de prévoir.»

Le 5 octobre 1765
Première communion de Marie-Antoinette avec son frère Maximilien. Le lendemain, la famille impériale doit faire ses dévotions en l’honneur de l’Empereur décédé.
Il est à remarquer que Marie-Antoinette et Son futur époux éprouvent le même deuil la même année :
Le 20 décembre 1765
Mort du Dauphin, Louis-Ferdinand, à Fontainebleau. Son fils, Louis-Auguste, le futur Louis XVI, devient Dauphin de France.

Janvier 1766
Mariage de l’Archiduchesse Marie-Christine (1742-1798) avec Albert de Saxe-Teschen (1738-1822), frère de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère du duc de Berry.

Marie-Antoinette assistant au Repas des noces de l’Archiduchesse Marie-Christine par Auerbach (en 1773)
Ce mariage est plein d’espoir car il est le seul parmi les enfants de Marie-Thérèse qui soit inspiré par l’amour. Une occasion pour la petite sœur d’associer la notion de mariage religieux et celle d’amour.
Le 1er février 1766
Marie-Antoinette assiste à la cérémonie faisant de sa sœur Marie-Anne l’abbesse du chapitre des Nobles Dames de Prague.
Le 8 avril 1766
Mariage de sa sœur Marie-Christine avec Albert de Saxe, duc de Teschen.
Il s’agit du seul mariage d’amour autorisé par Marie-Thérèse. Etant la première à convoler, on ignore si les autres Archiduchesses espèrent le même traitement.
Le 28 mai 1767
Mort de Marie-Josepha de Bavière, seconde épouse de l’Empereur Joseph II.
Dans un élan de piété filiale, Marie-Thérèse demande à sa fille Marie-Josèphe de se recueillir devant le tombeau de sa belle-sœur morte prématurément quelques mois plus tôt. Cette pauvre princesse doit avant de partir pour Naples rendre ses derniers devoirs à sa famille en entrant aux Capucins, crypte des Habsbourgs où est inhumée tout récemment la seconde femme de Joseph II emportée par la variole.
L’Impératrice ne peut ignorer les conséquences ! Mais les devoirs passent avant tout !
La jeune fille est finalement très vite atteinte et meurt seulement au bout de quelques jours, remplacée en toute urgence par Marie-Caroline, qui se retrouve propulsée Reine de Naples.
Le 15 octobre 1767
Mort de l’Archiduchesse Marie-Josèphe (1751-1767), sœur de Marie-Antoinette.
Que peut alors penser Marie-Antoinette de ce sacrifice provoqué par l’Impératrice pour les convenances cérémoniales ? Ce ne peut que L’effrayer des abus provoqués au nom de l’Eglise.
En 1768
C’est à la mort prématurée de deux de Ses sœurs, Marie-Jeanne et Marie-Josèphe que l’Archiduchesse Charlotte doit son mariage avec Ferdinand IV de Naples (1751-1825), le souverain est très grand, fort laid et de plus doté d’un caractère brutal.

Le 7 avril 1768
Mariage de celle qui devient Marie-Caroline a lieu à Vienne par procuration. C’est assurément la séparation qui coûte le plus à Antonia. Sa fille Marie-Thérèse portera également le prénom de cette sœur chérie, qu’Elle ne reverra jamais… et qui deviendra folle de chagrin à la mort de Marie-Antoinette.
En tant que pion politique dans l’Europe de Sa mère, Marie-Thérèse, l’Archiduchesse Marie-Antoinette ne peut concevoir la religion comme une chose simple, intime. Tout le cérémonial déployé lors de Son mariage nous le prouve :
Le 19 avril 1770
Mariage par procuration de Marie-Antoinette et du Dauphin à l’église des Augustins de Vienne:

A six heures après-midi, à la sonnerie des trompettes et au son des tympans, toute la Cour de Marie Thérèse, se rend à l’église des Augustins de Vienne. L’Archiduchesse, toute souriante, porte une robe de drap d’argent. Sa traîne est portée par la comtesse Trautmannsdorf pendant que Sa mère la conduit dans l’allée. L’Archiduc Ferdinand qui a dix-sept mois de plus que Marie-Antoinette, habillé en soie blanche, avec une bande bleue drapée sur la poitrine, remplace le Dauphin.

L’église des Augustins est une église paroissiale, une vaste structure reliée à l’aile Leopoldina de la Hofburg (les appartements privés de la famille royale) par un long couloir.

Joseph II conduit le cortège, puis l’Impératrice Marie-Thérèse et derrière elle l’Archiduc Ferdinand qui donne la main à Marie-Antoinette. Pour l’occasion Gluck a créé une composition pour orgue qui résonne dans l’église.


![“I have always been motivated by good intentions. I hope that God will be merciful towards me.
”
–Maria Theresa on the night of her death, November 29, 1780 [translation: Margaret Anne Macleod]](https://66.media.tumblr.com/23273e6cffb9a1555bf556d6000ed815/cf508b0f97a76386-af/s500x750/52356c242b6beec7f3993889d2b12189cb8e0b2d.jpg)
L’Impératrice Marie-Thérèse
La messe est dite par le nonce du pape, Monseigneur Visconti, assisté par le curé de la Cour, Briselance. Les prie-Dieu des « mariés » sont recouverts de velours rouge brodé d’or ; quand les deux mariés s’agenouillent, ils répondent à la question du nonce, une formule latine: « Volo et ita promitto » ( « je veux et je le promets»). Les anneaux, dont l’un sera livré par Marie-Antoinette au Dauphin, sont bénis ; Ferdinand glisse au doigt de sa sœur l’anneau de rubis du Dauphin et la fait ensuite se lever pour l’embrasser sur les joues ; après quoi Briselance s’apprête à prononcer l’acte Nuptial, Kaunitz l’authentifie et Durfort le légalise (en fait, ce dernier acte aurait dû revenir au beau-frère de Marie-Antoinette, Albert de Saxe Teschen, mais Versailles a fait savoir au prince qu’il ne fallait pas qu’il se dérange et qu’il pouvait laisser sa place à l’ambassadeur). Albert n’a pas objecté, mais pour le dîner de mariage, il ne veut pas entendre de raison, donc Durfort n’assiste pas au banquet et reste chez lui. Le comte de San Giuliano, grand maître des cuisines impériales, a accompli des merveilles ce soir-là. Cent cinquante invités sont admis, non pas à dîner, mais à admirer les neuf princes convives qui mangent dans de la vaisselle d’or.
Le 16 mai 1770
Louis-Auguste, Dauphin de France, épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.
vers neuf heures
Marie-Antoinette, coiffée et habillée en très-grand négligé, part pour Versailles, où doit se faire Sa toilette nuptiale .
Le Roi et le Dauphin ont quitté la Muette après le souper, à deux heures du matin, afin de recevoir la Dauphine.
A dix heures du matin
Arrivée de Marie-Antoinette à Versailles
Le cortège de la princesse arrive dans la cour royale du château, devant les haies des gardes françaises et gardes suisses qui présentent les armes à son passage dans un roulement de tambours. On accompagne la princesse jusqu’à un appartement du rez-de-chaussée du corps central, contigu à l’appartement de la Dauphine où habite présentement le Dauphin.
Elle est livrée aux mains de Sa dame d’atours, des dames qu’Elle a rencontrées à Strasbourg et aux femmes de chambres qui La vêt d’un somptueux grand habit à grand panier de brocart blanc brodé d’argent, car en tant que future Dauphine, elle ne peut revêtir du brocart d’or, le manteau royal ou la couronne.
Le Roi passe chez Elle aussitôt Son arrivée, L’entretient longtemps, et Lui amène la plus jeune de son épouse, madame Elisabeth (six ans), qu’Elle peut recevoir sans être coiffée ni habillée. La petite princesse ne participe pas encore pleinement à la vie de cour, contrairement à sa soeur aînée madame Clotilde, onze ans, présentée au souper du château de La Muette, la veille, et présente aussi lors du grand souper du mariage.

Mesdames Clotilde et Elisabeth
Peu de temps avant de monter à l’étage, le Roi Lui présente ensuite le comte de Clermont et la princesse de Conti, absents à la rencontre de Compiègne.
Le Dauphin Louis-Auguste a revêtu un bel habit de chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en réseau d’or enrichi de diamants.
A une heure de l’après-midi
Le cortège de la famille royale part du Cabinet du Roi, précède par le marquis de Dreux-Brézé, grand maitre des cérémonies et d’un aide des cérémonies.
Les époux apparaissent et vont devant se donnant la main, escortés d’un page du Roi portant le bas de robe de la Dauphine et de Madame de Noailles, suivant la nouvelle princesse.
Puis marchent les princes du sang entourés de leurs services d’officiers et de gentilshommes, les frères du Roi, le Roi seul, suivi de Madame Clotilde, de Mesdames , des princesses du sang et de soixante-dix dames de la Cour en grand habit.
Le coup d’œil est extraordinaire.
Ce sont les plus somptueuses toilettes qu’on porte depuis longtemps et telles qu’on n’en a pas vues porter aux récents mariages de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Chartres. Tous les yeux et pensées vont à la mariée qui est éblouissante de grâces et fort souriante. A la chapelle, les suisses forment la haie, frappent leurs tambours et soufflent dans leurs fifres pour annoncer l’entrée du Roi.
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.



Les mariés sont décrits comme gauches et timides.
Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)

A la chapelle royale, sur les gradins en amphithéâtre de la nef, des galeries des tribunes, tout le monde se lève au moment où l’orgue éclate, annonçant l’entrée du cortège royal.
Le coup d’œil est merveilleux et le soleil descend à flots par les larges baies sur les toilettes étincelantes de pierreries.

Des centaines d’invités attendent.

Les orgues retentissent. Louis XV s’arrête un instant à son prie-Dieu, placé face à l’autel en bas de la chapelle Les mariés vont jusqu’aux marches de l’autel – à l’emplacement fixé par Louis XIV où s’agenouillent depuis plus d’un siècle, les couples royaux et princiers : la cérémonie du mariage va débuter.

L’archevêque de Reims présente l’eau bénite à Sa Majesté et monte à l’autel pour commencer la bénédiction par son discours.
Au moment de la bénédiction, le Roi, les princes et princesses s’avancent en groupe et se rassemblent autour des époux : le grand aumônier bénit d’abord treize pièces d’or et un anneau d’or ; il les présente au Dauphin, qui met l’anneau au quatrième doigt de la main gauche de la Dauphine , et Lui donne les treize pièces d’or.

Après la bénédiction
Le Roi retourne à son prie-Dieu et la messe débute chantée par la Musique du Roi, placée derrière l’autel. «Des gardes du corps, placés à distance dans les tribunes , font observer le silence et même agenouiller ceux qui auraient des distractions».
A l’offertoire
Les époux vont à l’offrande et à la fin du Pater, le poêle de brocart d’argent est tenu, du côté du Dauphin, par l’évêque de Senlis, du côté de la Dauphine, par l’évêque de Chartres , est étendu – selon l’usage liturgique – au dessus de leur tète.
La messe dite
Le curé de la paroisse de la Cour, Notre-Dame de Versailles apporte selon l’usage ce jour , le registre à la chapelle royale. Louis XV signe le premier l’acte de mariage. Après le Dauphin et la Dauphine, signent, dans l’ordre protocolaire, les frères du marié, sa sœur, ses tantes et enfin les deux premiers princes du sang.
Au moment de signer l’acte de mariage
La nouvelle Dauphine commet une maladresse restée célèbre…

La petite histoire et le registre conservé nous indique que la nouvelle Dauphine, probablement émue et tremblante, a laissé un pâté sur Sa signature :

Il ne faut pas oublier que jusque-là habituée à s’appeler Antonia ou Antoine, elle n’a pas l’habitude de l’emploi de ses nouveaux prénoms français…
Ensuite tandis que le grand aumônier de France et l’humble curé de la paroisse apposent leur signature, le cortège se reforme : le Dauphin passant à son rang immédiatement avant le Roi, la Dauphine, venant la première derrière eux.
Le cortège se reforme et traverse à nouveau le Grand appartement où se pressent cinq mille personnes.
Des murmures d’admiration saluent le passage des jeunes mariés.
Il y a encore des milliers de personnes entrées durant la messe dans le grand appartement et la Galerie, mais la porte centrale du salon de la Paix s’est à peine fermée sur la dernière dame de la Dauphine, que les suisses font évacuer toutes les pièces afin de les disposer pour le soir : les tapissiers des menus retirant immédiatement les gradins, plaçant les barrières et dressent les tables pour le jeu.

Tabatière -Paul-Nicolas Ménière, Musée Cognacq-Jay


Après le festin a lieu le cérémonial du coucher du nouveau couple delphinal.

Les jeunes mariés sont conduits dans la chambre nuptiale, celle de Marie-Antoinette. La couche est bénie par l’archevêque de Reims. Le Roi passe sa chemise de nuit au Dauphin et la duchesse de Chartres comme la première princesse du sang mariée, à la Dauphine. Ils vont au lit en présence de toute la Cour afin de montrer qu’ils partagent bien le même lit.
Le mariage ne sera pas consommé cette nuit-là…
Comment ne pas redouter la religion quand on a dû affronter pareilles épreuves publiques ? On comprend que la religion soit considérée par la jeune fille comme un de ces points assommants de l’Etiquette, plus que comme un rapport intime d’Elle-même avec Dieu.
La jeune Dauphine affirme à l’abbé de Vermond qu’il ne parviendra jamais à faire d’Elle une dévote. Elle pratique la religion par devoir, sans avoir une foi comparable à celle de Son époux. Elle n’en lave pas moins, de bonne grâce, le jeudi saint , en souvenir de la Cène, les pieds de treize petites filles pauvres avant de leur servir un repas dans la salle du Sacre.

Dans une note de l’abbé de Vermond au comte de Mercy qui se trouve aux archives de Vienne, il est question d’un prêtre qui a été le confesseur de Marie-Antoinette à Vienne .
« Il eût voulu, dit-Elle à Vermond, me rendre dévote !
– Comment eût-il fait, rétorque l’abbé, je n’ai pas pu, moi, vous rendre raisonnable . Vous êtes devenue fort indulgente sur les mœurs et la réputation de vos amis et amies … »
Le 30 mai 1770
Durant le feu d’artifice qui clôt les festivités à Paris, un incendie s’est déclaré rue Royale, créant un mouvement de panique ; de nombreux passants ont été écrasés par des voitures et piétinés par des chevaux. Le bilan officiel fait état de cent trente-deux morts et des centaines de blessés.

Les jeunes époux sont atterrés. Le Dauphin écrit aussitôt au lieutenant de police, Sartine :
« J’ai appris les malheurs arrivés à mon occasion ; j’en suis pénétré. On m’apporte en ce moment ce que le Roi me donne tous les mois pour mes menus plaisirs. Je ne puis disposer que de cela. Je vous l’envoie : secourez les plus malheureux. »
La lettre est accompagnée d’une somme de 6 000 livres.
La Dauphine et Madame Adélaïde suivent cet exemple honorable.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles à trois heures un quart de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Louis XV (1774) par Armand-Vincent Monpetit
![Allegory of the Death of Louis XV by Jean-Bearnard Restout, 1774.[credit: Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie]](https://66.media.tumblr.com/2e7c4f9e5fac5f7ffc188c828cec4d86/tumblr_pr9zd9Cmaa1qatfdco1_500.jpg)
Allégorie de la Mort de Louis XV
Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.

Le nouveau Roi s’écrie :
« Quel fardeau ! Et l’on ne m’a rien appris ! Il me semble que l’univers va tomber sur moi ! »
Louis XV à peine mort, les courtisans se ruent vers le nouveau Roi. Le petit-fils du défunt Roi, âgé de vingt ans, est tout de suite effrayé par le poids des responsabilités, plus qu’enivré par son nouveau pouvoir.
La ceinture de la Reine Marie-Antoinette
« Il existait encore chez les Français un sage antique et galant, dont les reines de France avaient désiré la conservation. A la mort du roi, les Français payaient à la nouvelle reine un droit connu sous le nom de ceinture de la reine. Marie-Antoinette apprend que ce droit pèse sur les classes les plus infortunées; que les privilégiés ont trouvé moyen de ne pas y contribuer : elle supplie le roi de s’opposer à sa perception. Cet acte généreux plaît à Louis XVI ; et l’universalité de la nation applaudit au désintéressement, à la bienfaisance de la jeune reine. La poésie devait conserver le souvenir de ce sacrifice. Le comte de Coutourelle se fit l’organe du peuple reconnaissant; il adressa à la reine le quatrain que nous citons :
Mémoires de Weber, frère de lait de Marie-Antoinette, reine de France
« Vous renoncez, charmante souveraine. Au plus beau de vos revenus. A quoi vous servirait la ceinture de reine ? Vous avez celle de Vénus. »
Au début du règne de Louis XVI
Louis XVI dote l’hôpital royal de Versailles de la somme annuelle de 150.000 livres de sa cassette personnelle
Louis XVI, dès son accession au trône, affirme sa sollicitude personnelle pour l’hôpital royal, lui accordant de nombreuses libéralités, ajoutant de nouvelles acquisitions au domaine hospitalier, lui confirmant son statut légal d’autonomie absolue. L’établissement se développant de plus en plus, et la caducité de certaines constructions devenant inquiétante, il fait établir un nouveau plan d’aménagements et de réédification par Darnaudin, son architecte, grand prix de Rome, et inspecteur des bâtiments de la Couronne. Et aussitôt les travaux sont commencés et il est prélevé annuellement une somme de 150.000 livres sur les fonds personnels du Roi. En garantie de cette dotation il crée un octroi au Grand et au Petit Montreuil de Versailles dont les produits doivent être versés à l’Hôpital jusqu’à concurrence de cette somme annuelle. Malheureusement après trois années d’efforts, ces travaux sont brusquement arrêtés en 1790 sous le coup des événements révolutionnaires; alors seulement la moitié des nouveaux bâtiments était achevée, représentant l’aile droite de l’hôpital (côté des hommes) et le bâtiment en retour relié à la chapelle
Dimanche 11 juin 1775
C’est le jour de la Sainte Trinité
Louis XVI est sacré à Reims.
A six heures du matin
« La cérémonie commence à six heures du matin. Dès quatre heures du matin, on se rend à la grande église. A six heures et demie nos six princes arrivent en cérémonie représentant les trois anciens ducs et les trois anciens comtes du royaume, la couronne en tête. Cela est très beau et très imposant… Les deux frères du Roi représentent les deux premiers ducs, celui de Bourgogne et celui de Normandie, et les quatre princes de sang, les quatre autres. Monsieur et le comte d’Artois (sont) très jolis dans cet habillement qui (va) aussi à merveille au gros duc d’Orléans.»
Le duc de Croÿ
La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin. Les archevêques de Laon et de Beauvais l’assistent. Le chantre et le Grand Maître des Cérémonies les précèdent, lorsqu’ils arrivent devant la porte de la chambre de parade. Le chantre frappant à la porte avec son bâton, le Grand Chambellan répond sans ouvrir :
«Qui demandez-vous?
L’évêque de Laon répond : « Le Roi».
Le Grand Chambellan dit «Le Roi dort.»
Il évoque alors Louis XV qui demeure Roi même après qu’il est mort tant que le sacre de Louis XVI n’est pas accompli. Deux fois le petit dialogue se répète. A la troisième fois, l’évêque de Laon répond :
« Nous demandons Louis XVI que Dieu nous a donné pour roi.»
Alors la porte s’ouvre à deux battants et Louis XVI apparaît étendu sur le lit de parade, où il figure non pas lui-même, personne distincte et définie, mais l’entité roi morte, endormie dans le Seigneur par la mort de Louis XV, et sur le point de ressusciter par le sacre. Il est en robe longue d’étoffe d’argent ; sur la tête un chapeau de velours gris garni d’un bouquet de plumes blanches surmontées d’une plume noire de héron, avec au retroussis du chapeau, sous le bouquet de plumes, une agrafe de diamants ; à ses pieds, des mules d’argent. Ses cheveux blonds ne sont pas noués en catogan, épars, tombant en boucles libres sur ses épaules et dans son dos.

L’évêque de Laon lui présente l’eau bénite, puis l’aide à se lever ; alors le rituel de la résurrection du Roi étant terminé, la procession s’organise et traverse la galerie couverte et la nef de la cathédrale en chantant l’antienne du sacre et le psaume Domine in virtute.
A sept heures et demie
« Le Roi arriv(e) … cette entrée où l’archevêque et le clergé vont au-devant, et que les fanfares militaires annoncent, est très noble. Le Connétable, que représent(e) le maréchal de Tonnerre, doyen du Tribunal, âgé de quatre-vingt-huit ans, le suit et se place seul, loin et en bas. Derrière lui, le Chancelier représenté par M. de Miromesnil, alors Garde des Sceaux, et le prince de Soubise représentant le Grand Maître, se placent seuls, l’un derrière l’autre. Ils ont leur grand habit et la couronne ; le Chancelier sa toque ou mortier doré. Cela est des plus majestueux. Le duc de Bouillon Grand Chambellan, le maréchal de Duras Premier Gentilhomme de la Chambre, et le duc de Liancourt Grand Maître (de la Garde Robe), ayant aussi la couronne, se placent dans le même rang, derrière vers le milieu du chœur. Cela fait en tout douze couronnes dont trois de ducs et le reste de comtes qui, avec de grands manteaux d’hermine sur la longue veste d’or fait un effet d’autant plus majestueux qu’on ne le voit que ce jour-là. Les capitaines des gardes qui sont en veste et en manteau de réseau d’or se tiennent à côté. De même plusieurs hoquetons, massiers et autres en manteau de satin blanc, et tout ce costume ancien est imposant. L’archevêque de Reims, successeur de Saint Rémi, assisté des évêques de Soissons et d’Amiens, et pour cette fois du coadjuteur, sont assis vis à vis le Roi, tournant le dos à l’autel, et de leurs grandes mitres, ainsi que leurs superbes ornements d’or éclatant, de même que tous les assistants qui les entourent, et la ligne des cardinaux et prélats qui sont tout du long du côté de l’Epître, se montrent là avec plus grand éclat des pompes de l’Eglise. Le Roi est seul, sur un fauteuil à bras, sous le grand dais élevé au milieu du sanctuaire. Chacun est à sa place, en silence. Le fond en rond-point, derrière le chœur, est une colonnade d’or, avec un amphithéâtre cintré , très élevé, qui fai(t) au mieux mais trop en spectacle d’Opéra. La tribune de la Reine en décoration théâtrale des plus brillantes, celle des ambassadeurs vis à vis, toutes les travées et entrecolonnements garnis, en amphithéâtre, de dames couvertes de diamants et de personnes richement habillées, fai(t) l’effet le plus majestueux, et la décoration (est) d’autant plus frappante qu’elle (est) réelle. L’archevêque donn(e) ensuite l’eau bénite, puis entonn(e) le Veni Creator.»
Le duc de Croÿ

La procession qui accompagne les quatre barons de la Sainte-Ampoule en satin noir et blanc fait alors son entrée. Les quatre otages sont vêtus d’étoffe d’or «légèrement rayée de noir» qui répondent sur leur vie de la sécurité de la Sainte-Ampoule, et sous son dais de moire d’argent bordée de franges unies aussi d’argent et surmonté de quatre fleurs de lys de cuivre argenté, monté sur une haquenée blanche couverte d’une housse de moire d’argent relevée d’une broderie très riche d’argent avec frange autour», Dom Debar, Grand Prieur de l’abbaye bénédictine de Saint-Rémi, «en aube, étole pendante et chape», portant dans un reliquaire suspendu à son cou la Sainte-Ampoule, la petite bouteille en forme de larme que Saint Rémi aurait reçue, d’après la légende de la main d’un ange pour le sacre de Clovis.
Après avoir été la recevoir des mains du Grand Prieur et s’être engagé à la lui remettre aussitôt après la cérémonie, tandis qu’on dit sexte, l’archevêque s’habille pour la messe avec les ornements d’argent dont François Ier (1494-1515-1547) a commandé le dessin à Raphaël (1483-1520). Le duc de Croÿ reprend :
« L’archevêque et tous ses assistants s’approchent du Roi qui est dans son fauteuil ; ils lui font les demandes de sûreté et de protection de l’Eglise. Le Roi prononce tout haut la promesse de continuer et de conserver les privilèges de l’Eglise. Alors les évêques de Laon et de Beauvais soulèvent le Roi qui regarde l’assistance. Ils demandent aux seigneurs assistants et au peuple s’ils acceptent Louis XVI pour leur roi, à quoi on acquiesce par un respectueux silence, le fait est qu’ils ne disent rien. Je les interrogeai ensuite ; ils me dirent que cela n’était pas dans leur instruction, et que ce soulèvement qu’ils font du Roi est ce qui reste de cet ancien usage. Ainsi, voilà le vrai, cette fameuse demande ne se fait plus.»
Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain :
« Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle »
Le Roi lit le serment haut et ferme, en latin, appuyant sur les mots avec respect et attention, comme s’il disait à chaque mot: Je m’engage à cela de bon cœur ! Et pendant toute la cérémonie, il conserve la même ferveur.
Ensuite, il prononce de même haut et ferme, et comme s’engageant bien, «le serment de l’Ordre du Saint-Esprit.»
Il prête aussi le serment de l’Ordre Militaire de Saint Louis et le serment de l’édit contre les duels.

La Reine n’est qu’assistante lors de cette cérémonie.

Pendant que le Roi prêtait le serment
On a placé sur l’autel tous les ornements royaux. Les évêques de Laon et de Beauvais conduisent le Roi au pied de l’autel, le Premier Gentilhomme de la Chambre lui ôte sa robe, dessous « de satin cramoisi, garnie de petits galons d’or à jour sur toutes les coutures et ouverte, de même que la chemise, aux endroits ménagés pour les onctions, ces ouvertures fermées par des petits cordons d’or et de soie». Le Grand Chambellan lui met les « bottines de satin violet parsemé de fleurs de lys d’or», et les « éperons garnis en or » que Monsieur, représentant le duc de Bourgogne, lui retire aussitôt.
Et c’est la bénédiction de l’épée, dite de Charlemagne, mais en réalité beaucoup plus moderne, en forme de croix dans son fourreau de velours violet parsemé de fleurs de lys d’or.
« L’archevêque lui ceint l’épée de Charlemagne, apportée du trésor de Saint Denis, pour protéger l’Eglise, la veuve et l’orphelin. Le Roi tient l’épée élevée, l’offre à Dieu en la posant sur l’autel. L’archevêque la reprend, le Roi la reçoit à genoux et la remet au connétable qui la tient toujours de même, nue et la pointe haute.»
Le duc de Croÿ

Les préliminaires étant achevés
« L’archevêque met, sur le milieu de l’autel, la patène d’or de saint Rémi. Le Prieur de Saint Rémi, ayant ouvert la Sainte-Ampoule, la donne à l’archevêque lequel, avec une aiguille d’or, en tire la « grosseur d’un grain de froment, le met sur la patène, puis la remet au Prieur. Ensuite il y mêle le Saint Chrême. Après cela le Roi se prosterne à plat sur un long carreau de velours violet, et l’archevêque, malgré son grand âge et ses infirmités, se prosterne à côté. Les quatre évêques disent des litanies des saints : cette position et ce moment est touchant et imposant… La consécration du Roi se fait ensuite à genoux aux pieds de l’archevêque qui l’oint sur la tête avec ce qui a été mis sur la patène … (la robe et la chemise du Roi) sont ouvertes, et jusqu’à la chair, dans tous les endroits, et l’archevêque lui fait de même six onctions, de sorte que le Roi reçoit tous les premiers ordres de l’Eglise et les a presque tous hormis la prêtrise, tout cela dans l’esprit de l’Ancien Testament, dont l’origine est du temps de Saül.»
Le duc de Croÿ
A chaque onction, sur le front, sur le sein gauche, à la jointure des bras, l’archevêque répète la formule:
« Je vous sacre roi avec cette huile sanctifiée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.»
Et les chanoines chantent l’antienne propre :
« Le prêtre Sadoch et le prophète Nathan sacrèrent Salomon dans Sion ; et s’approchant de lui, ils lui dirent avec joie : Vive le Roi éternellement!»
L’onction sur les mains, la plus sainte de toutes, se fait à part, et l’archevêque dit en même temps la prière spéciale :
« Que ces mains soient ointes de l’huile sanctifiée de laquelle les rois et les prophètes ont été oints, et de la même manière que Samuel sacra le roi David, afin que vous soyez béni et établi dans ce royaume que Dieu vous a donné à régir. Que Dieu qui vit et règne aux siècles des siècles vous accorde cette grâce.»
Un à un, les ornements royaux sont alors bénis, et le Roi en est revêtu :
- la tunique et la dalmatique «de satin violet, doublées de taffetas couleur de feu, parsemées de fleurs de lys d’or sans nombre», bordées «d’un galon d’or en broderie» ;
- le manteau ouvert sur le côté droit, en velours violet de fleurs de lys d’or sans nombre, doublé d’hermine et une agrafe en forme de fleur de lys d’or «chargée de rubis, de diamants et de grosses perles orientales» ;
- les gants que l’oraison compare à la peau de chevreau dont Jacob avait couvert ses mains le jour «où ayant offert à son père une nourriture et un breuvage qui lui furent agréables, il en reçut la bénédiction» ;
- l’anneau «qui est le signe de la foi et de la dignité royale, la marque de la puissance», cet anneau que Louis XVI ne quittera plus jamais, pas même pour mourir ;
- le Sceptre d’or de cinq pieds dix pouces, surmonté d’un lys d’or émaillé où est représenté Charlemagne sur son trône ;
- la main de justice «dont le bâton est d’or et la main faite d’ivoire», «verge de vertu et de justice».



Le couronnement
Monsieur de Miromesnil, faisant office de Chancelier, monte à l’autel contre l’Evangile, et là, tourné vers l’assemblée, d’une voix très claire et haute, fait l’appel en criant avec emphase:
« Monsieur qui représentez le duc de Bourgogne, présentez-vous à cet acte! »Il en dit de même aux cinq autres qui se lèvent à mesure et s’approchent du Roi. Il appelle ensuite les cinq pairs ecclésiastiques. L’archevêque prend, sur l’autel, la grande couronne de Charlemagne, il la soutient seul à deux mains sur la tête du Roi, en disant:
« Que Dieu vous couronne de la couronne de gloire et de justice.»

Ensuite, il met seul la couronne sur la tête du Roi, les pairs laïques et ecclésiastiques portent tous la main pour la soutenir à un doigt de la tête du Roi, et ce moment superbe fait la plus grande sensation.


L’archevêque couronne le Roi en disant :
« Recevez la couronne de votre royaume au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, afin que rejetant les prestiges de l’ancien ennemi des hommes, et vous gardant de la contagion de tous les vices, vous soyez si zélé pour la justice, si accessible à la compassion et si équitable dans vos jugements, que vous méritez de recevoir de N.S.J.C. la couronne du royaume éternel dans la société des Saints. Recevez dans cette couronne, et faites qu’elle porte les marques glorieuses et honorables de votre piété et de votre courage, et sachez que c’est par elle que vous participez à notre ministère ; et que de même qu’on nous regarde comme les pasteurs et les conducteurs des âmes dans les choses spirituelles, de même vous preniez notre défense contre les ennemis de l’Eglise, que par le ministère de notre bénédiction et tandis que nous faisons en cette partie la fonction des apôtres et de tous les saints, au milieu de nos cantiques, vous vous montriez le protecteur et le ministre fidèle du royaume qui est confié à vos soins ; afin qu’orné de toutes les vertus qui brilleront en vous comme autant de pierres précieuses et couronné comme un vaillant athlète de la récompense du bonheur éternel, vous régniez glorieusement avec Jésus-Christ notre rédempteur et notre sauveur dont vous êtes l’oint et dont vous êtes regardé comme l’intendant.»

L’archevêque, ôtant ensuite sa mitre, dit au Roi toujours à genoux , plusieurs prières et bénédictions.
L’intronisation
« L’archevêque prend le Roi par le bras droit… et il est mené ainsi majestueusement sur le beau trône qui est très élevé sur la décoration du jubé, où est un fauteuil semé de fleurs de lys, entre les quatre grandes colonnes qui supportent le grand pavillon royal, et d’où il peut être vu de partout. On ouvre la grande porte, le peuple entre en foule, on lâche les oiseaux, toutes les trompettes annoncent le Maître par leurs sons éclatants.»
Le duc de Croÿ

C’est à ce moment où l’émotion qui étreint le Roi est à son comble, où il est présenté à son peuple ayant reçu l’onction qui fait de lui, suivant l’expression du pape Grégoire IX, «l’évêque du dehors».

« Je sais que je n’ai jamais connu autant d’enthousiasme avant. J’ai été totalement surpris de me retrouver en larmes et de voir tous les autres dans le même état… Le Roi semblait vraiment ému par ce beau moment… Notre Roi habillé avec toute la brillance de la royauté, sur le vrai trône, était une vue Tellement impressionnant qu’il est difficile à décrire.»
Le duc de Croÿ (1718-1784)
Marie-Antoinette n’est que spectatrice du cérémonial du sacre de Son époux, mais même si cela doit Lui paraître pompeux, c’est toute Sa vie qui dépend de cette cérémonie. Son statut (enfin celui du Roi) , Ses revenus, Ses droits, enfin tous ce pour quoi on L’a mariée sont définis par ce sacre. Ce ne peut donc plus n’être qu’une épreuve d’Etiquette pour Elle, c’est Sa montée en scène religieuse et politique… même si Elle est restée dans les coulisses visibles de Sa loge royale.

Le cercle de la Reine a une solide réputation d’impiété qui, selon l’abbé de Vermond, influence de façon néfaste cette dernière .
« Sa conduite, en matière de dogme, n’est pas moins équivoque et le premier médecin Lassone, qui la connaît bien, dit un jour à l’abbé de Vermond qu’il craignait que la liaison dont il s’agit, ne portât, à la longue, quelque atteinte à la piété de la reine. Je ne me permettrais jamais de soupçonner que cette crainte put se réaliser en ce qui tient aux principes essentiels, mais un peu de refroidissement sur l’exactitude à remplir les devoirs pieux et un certain langage sur des matières si importantes, sont des inconvénients qui se contractent par la fréquentation intime des gens qui ont l’esprit gâté par les erreurs du siècle, et je vois que la reine s’expose à un pareil danger … »
Le comte de Mercy
De fait, dans les entours de Madame de Polignac, la comtesse Diane donne le plus mauvais exemple en arrivant en retard à la messe et sans discrétion, ce qui occasionne des chuchotements réprobateurs, rapporte le marquis de Bombelles ; elle s’intitule fièrement «une disciple zélée d’Helvétius » ( Jacob-Nicolas Moreau ) , Helvétius ce philosophe mécréant qui « vide le ciel de toute divinité et dépouille l’homme des oripeaux rassurants de la vieille morale judéo-chrétienne» ( Gilles Perrault, le Secret du Roi ) , qui prêche que la seule finalité de la vie est le bonheur, que toutes les religions, la religion chrétienne comme les autres, ne visent qu’à river l’homme dans l’ignorance pour mieux l’asservir … Helvétius à la fille duquel la comtesse d’Andlau a marié son fils Henri … Madame d’Andlau exilée de la Cour pour avoir laissé traîner «Le Portier des Chartreux» à portée de main de Madame Adélaïde … petit livre pornographique visant à dénoncer l’hypocrisie sociale et religieuse surtout … hypocrisie conspuée aussi par le prince de Ligne …

On a raconté qu’Elle lisait des romans sous une couverture muette , destinée à imiter un bréviaire, pendant la messe. Il est impossible de savoir si c’est vrai.
Le 6 août 1775
Naissance de Louis-Antoine, duc d’Angoulême, fils du comte et de la comtesse d’Artois.
La stérilité du couple royal fait jaser…
Dans l’attente d’avoir Son premier enfant, Marie-Antoinette demande l’intercession d’une madone picarde et offre en action de grâce un vêtement fabriqué par Mademoiselle Bertin.


Le 10 mars 1777
L’ambassadeur de Tunisie Souleyman Agha est envoyé à Versailles par le Bey Ali II (règne de 1759 à 1782), il y rencontre les monarques français. Après avoir été reçu en audience par Louis XVI, Souleyman Agha et sa suite sont présentés à la Reine dans la galerie des glaces. Ministres, hauts dignitaires, ainsi qu’une multitude de courtisans, assistent à cette entrevue.

Pour anecdote, Marie-Antoinette, qui répond aimablement aux révérences et compliments de l’ambassadeur, est très impressionnée par les turbans de la délégation tunisienne. Souleyman Agha porte à cette occasion un habit somptueux, garni d’agrafes et de brandebourgs en or.
Le 19 décembre 1778

Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant est surnommée «Mousseline» par la Reine.
Madame Royale bébé dit L’Enfant aux coussins par Clodion
Par des sonneries de cloches et des coups de canon, dont le nombre varie en fonction du sexe, l’accouchement de la Reine est annoncé à toute la France.

Marie-Antoinette et le Carême
Le Carême est généralement défini comme «… la préparation du croyant par la prière, la pénitence, la repentance, l’aumône et l’abnégation de soi. Son objectif institutionnel est renforcé dans la commémoration annuelle de la Semaine Sainte, marquant la mort, l’enterrement et la résurrection de Jésus, qui rappelle les événements de la Bible lorsque Jésus est crucifié le Vendredi saint, qui culmine ensuite avec la célébration le dimanche de Pâques de la Résurrection. de Jésus-Christ. »
Marie-Antoinette aurait observé le Carême chaque année après la période du Carnaval au cours de laquelle Elle (surtout dans Sa jeunesse) assiste à de nombreux bals, fêtes et autres divertissements.
À Versailles, le Carême est marqué par des sermons donnés au moins une fois par semaine, selon qui a été choisi pour donner les sermons spéciaux et à quelle fréquence ils pouvaient ou voulaient prêcher. Marie-Antoinette écrivit à Sa mère le 15 mars 1773 à ce sujet:
« Ce Carême, nous avons un très bon prédicateur trois fois par semaine; il parle des bons principes moraux des Évangiles et dit à chacun de nombreuses vérités; cependant je préfère la série de sermons Massillon pour le Carême, car ils sont plus à mon goût.»
Le «Massillon» mentionné dans Sa lettre est Jean-Baptiste Massilon (1663-1742), un évêque et prédicateur célèbre, bien connu pour ses sermons éloquents et poétiques qui traitent moins de questions de dogme que de questions de compassion, de moralité et d’humanité.

L’un des sermons du carême de Massilon, «Le jeûne du carême» a été écrit pour être prononcé à la chapelle de Versailles – il semble certainement qu’il visait les plus hauts gradés de la société, en tout cas. Ses paroles peuvent avoir résonné avec la jeune Marie-Antoinette, qui a été exposée à l’hypocrisie de nombreux courtisans – y compris ceux de Sa nouvelle famille – à Versailles. Elle-même se tournait fréquemment vers les amusements et les plaisirs, peut-être pour occuper Son esprit avec autre chose que Ses peines. Elle écrit à Sa mère qu’Elle ne trouvait pas toujours facile de s’abstenir de manger. Peut-être les paroles de Massilon Lui ont-elles rappelé que, malgré Ses légères plaintes de s’abstenir de viande, que si ceux qui n’avaient presque rien jeûnaient volontiers de viande pendant le carême, Elle – qui avait tout à portée de main – pouvait certainement s’abstenir aussi.
Un passage est particulièrement intéressant, destiné à ceux qui se plaignaient de la tradition catholique de s’abstenir de viande pendant le Carême et cherchaient des dispenses pour l’éviter:
Sur le jeûne du carême
« Quand vous jeûnez, ne soyez pas comme des hypocrites, « Matt., Vi. 16.
AVEC cet évangile, l’Église inaugure le jeûne solennel du Carême. Avec cet évangile, elle nous encourage à nous débarrasser des mauvaises herbes de la pénitence et à nous efforcer avec des efforts unis de désarmer la colère de Dieu, d’éviter ses jugements imminents et d’expier nos péchés. Elle nous exhorte à entrer dans ce temps sacré sans tristesse; car le jeûne nous permettra de triompher de la chair et du diable: et la tristesse et le chagrin doivent-ils être cédés par le guerrier qui a les moyens de la victoire en son pouvoir? Puisse notre ennemi seul se repentir à l’approche de cette heureuse saison: qu’il soit triste pendant ces jours de propitiation: puisse-t-il s’alarmer à la vue de ces apparences consolantes de repentir, et trembler à la démonstration des miséricordes auxquelles Dieu s’est préparé pécheurs. Mais toi, ma bien-aimée, tu dois oindre tes têtes,Il existe, en effet, différentes sortes de tristesse. Il y a une sainte tristesse, la tristesse du repentir, qui fait avancer la grande œuvre du salut, et est animée par les consolations intérieures du Saint-Esprit. Il y a aussi la tristesse à laquelle fait allusion dans les mots de mon texte la tristesse de l’hypocrisie, qui observe la lettre de la loi, et prend l’apparence d’une rigueur d’austérité, pour gagner les applaudissements des hommes: c’est très rare. en ces temps. Enfin, il y a une tristesse produite par la dépravation de la nature corrompue, qui se révolte à l’idée d’abnégation et de retenue: et c’est, je suis désolé de le dire, la tristesse qui est ressentie par la généralité des chrétiens, et contre laquelle il est particulièrement nécessaire que vous soyez gardé.
Les conséquences de cette tristesse sont évidentes et certaines: tout prétexte frivole est invoqué pour obtenir une exemption de la rigueur de la loi. Afin donc que vous ne soyez pas induit en erreur sur un sujet de cette importance, je montrerai la futilité des prétextes habituellement allégués et je poserai en termes clairs les conditions sur lesquelles seule une dispense peut être légalement fondée...
1. Si je parlais à des hommes qui méprisaient les lois de l’Église sur ce point et contestaient son autorité en les promulguant, je prouverais que le jeûne a toujours été et sera toujours nécessaire au soutien d’une vie vraiment chrétienne. Je retournerais aux âges purs du christianisme, et vous montrerais que la religion elle-même s’est nourrie au sein de l’abstinence et du jeûne: je dirais qu’après l’ascension de notre Seigneur, les disciples se sont rassemblés à Jérusalem et ont consacré tout leur temps. à la prière et au jeûne: je dirais que les chrétiens primitifs ont servi le laborieux apprentissage au martyre dans les austérités du jeûne; et qu’au milieu du libertinage d’un camp idolâtre, les soldats chrétiens se réunissaient pour célébrer, avec plus de solennité, le jeûne prescrit par la coutume universelle: je dirais.
Je suppose cependant que je parle à des hommes qui ne sont ni rebelles ni obéissants; qui reconnaissent l’obligation de jeûner, mais qui ne jeûneront pas; qui ne s’exclament pas ouvertement avec les impies, je n’obéirai pas, mais qui, avec les hommes invités à la fête de mariage (Luc, XIV. 19), trouvent un moyen ou un autre pour excuser leur désobéissance.
Pour distinguer la vérité du mensonge dans un sujet de cette importance, il faut dire que, puisque la loi du jeûne est faite et reçue, c’est l’impossibilité seule qui peut en justifier la violation: par impossibilité j’entends une difficulté fondée sur un danger évident et considérable: car l’Église a établi la loi avec l’intention non de détruire dans ce monde, mais de sauver dans l’autre.
Ceci étant la vérité, examinons maintenant vos excuses. Vous dites, en premier lieu, avec une grande assurance et audace, que vous êtes dispensé de jeûner pour des raisons suffisantes; que votre conscience ne vous reproche pas à ce sujet; et que, si vous n’aviez que la transgression de ce précepte à répondre devant Dieu, vous pourriez vous présenter à son tribunal sans crainte: ou, en d’autres termes, que vous avez naturellement une constitution faible, que vous ne pouvez pas subir la sévérité du jeûne, et que le peu de santé dont vous jouissez est entièrement dû au soin et à la précaution.
S’il est vrai que votre faiblesse est telle que vous la décrivez, je vous demanderai d’où vient-elle?
N’était-ce pas de cette sollicitude excessive et du souci de le préserver?
N’est-ce pas provoqué par cette vie douce et voluptueuse que vous avez menée? N’a-t-elle pas été occasionnée par des habitudes d’indolence, et en livrant constamment votre appétit sensuel à tous ses caprices?
Si vous examiniez cependant avec impartialité l’état de votre santé, vous découvririez peut-être que l’aversion constante que vous ressentez pour l’abnégation et la pénitence, vous a conduit dans une erreur à ce sujet; et que vous vous imaginez que votre constitution est faible, parce que vous n’avez jamais eu de piété et de résolution suffisantes pour vous induire à en éprouver la force.
Si tel est le cas, comme c’est probablement le cas, pouvez-vous prétendre que la raison même qui rend la pénitence plus nécessaire, est un plaidoyer suffisant pour une dispense? Votre faiblesse imaginaire est elle-même un crime, et doit être expiée par des austérités extraordinaires, au lieu de vous dispenser de celles qui sont communes à tous les fidèles.
Si l’Église faisait une distinction entre ses enfants; si elle était encline à accorder des privilèges à certains, et aucun à d’autres, ce serait à ceux dont l’état de dépendance humble et aride les expose aux épreuves et aux fatigues d’un travail pénible qui souffrent de la rigueur des saisons, de la faim, de la soif, des oppressions publiques et des torts privés qui n’ont qu’une vision lointaine des plaisirs que ce monde offre et dont le bonheur a atteint son plus haut niveau quand on se procure une simple suffisance pour eux-mêmes et leurs familles. Mais quant à ceux à qui le monde a prodigué ses plus beaux cadeaux dont le plus grand malheur naît de la satiété et du dégoût qui sont inséparables de la félicité sensuelle, ils ne peuvent prétendre à aucune autre distinction que celle d’une austérité accrue,
Mais quelle est leur conduite? Les opulents, les indépendants, les classes supérieures de la société, les hommes qui seuls semblent avoir besoin de se repentir, les hommes à qui ce temps de pénitence est principalement destiné, sont à peu près les seuls à plaider pour une dispense; tandis que le pauvre artisan, l’ouvrier indigent, qui mange son pain à la sueur de son front dont les jours de fête et de gaieté seraient aux riches jours de pénitence et de mortification, tandis que lui, dis-je, s’incline avec respect et soumission à cette loi sainte, et même dans sa pauvreté se retire de sa misère habituelle, et fait du temps du Carême un temps de souffrance et de pénitence extraordinaires.
Mais, mon Dieu! le temps viendra où tu épouseras ouvertement la cause de ta sainte loi et confondra les partisans de la concupiscence humaine. Les pharisiens dans l’Évangile ont défiguré leurs visages, afin que leur jeûne puisse être remarqué par les hommes: mais ce n’est pas l’hypocrisie d’aujourd’hui; non: après un an passé en excès, dans les murmures et dans le péché, les disciples choyés d’un Jésus crucifié ont revêtu une apparence pâle et faible au commencement de ce temps saint, dans le seul but de créer un prétexte plausible à violer en paix la loi du jeûne et de l’abstinence.
Mes chers frères, la tendresse de votre constitution vous a-t-elle jamais dissuadée de prendre part à quelque jouissance du monde? Ah! vous pouvez supporter les fatigues de la compagnie et des divertissements; vous pouvez vous surcharger de nourriture et de vin; vous pouvez vous soumettre aux conséquences douloureuses d’une vie élevée et de l’intempérance; vous pouvez garder des heures irrégulières et prendre d’autres libertés qui seraient ressenties par la constitution la plus forte. C’est le jeûne seul que vous ne pouvez pas supporter; alors seulement êtes-vous particulièrement soucieux de votre santé, lorsque la pénitence est requise.
Est-ce pour moi seulement, dit le Seigneur par son prophète, est-ce pour moi seulement que tu refuses de souffrir, maison d’Israël? Vous êtes infatigable et fort dans les voies de l’iniquité, mais à mon service vous êtes faible et découragé par la moindre difficulté. « Dites-moi si vous avez quelque chose pour vous justifier » Isa., Xliii. 26.
Il en est ainsi, mes amis bien-aimés, et il en a toujours été ainsi: les plaisirs ne sont jamais incommodants. L’achat de ce que vous aimez est toujours bon marché. L’esclavage du monde, des richesses et de l’iniquité n’est pas douloureux, parce que vous êtes mondain, ambitieux et sensuel. Mais, si vous pouviez une fois vous dépouiller de cet esprit du monde et vous imprégner de l’esprit du Christ, alors votre force ne manquerait pas à son service; alors vous seriez convaincu que la loi du jeûne n’était pas une loi cruelle et destructrice; alors vous reconnaissez que le respect de vos devoirs n’est pas incompatible avec le soin de votre santé; puis, avec Daniel et les trois enfants, vous feriez l’expérience que les viandes interdites n’étaient en aucun cas nécessaires à la conservation de votre force et de votre vigueur.
En supposant cependant que le jeûne affaiblisse vos facultés corporelles, n’est-ce pas seulement que vous devez apposer sur le corps le sceau douloureux de la croix, si souvent marqué des caractères honteux de la bête? N’est-il pas temps que les membres qui ont commis l’iniquité soient enfin soumis à la justice? et que la grâce devrait être renforcée dans votre infirmité? La loi du jeûne a été instituée dans le but exprès d’affaiblir le corps, et si vous ressentez des sensations de langueur et de faiblesse, ce n’est rien de plus que prévu; vous avez raison de vous en réjouir, car votre mérite sera proportionné à votre patiente souffrance. La fin proposée par la loi ne peut donc jamais être un motif valable de dispense.
Vous pouvez peut-être dire que l’Église a approuvé vos raisons et vous a libéré de l’obligation de jeûner par le ministère de votre directeur.
A cela votre conscience vous répondra, qu’une dispense obtenue contrairement à l’intention et à l’esprit de l’Église est nulle, et que l’obligation est toujours en vigueur: c’est-à-dire que la dispense qui est accordée sans cause suffisante, est pas une dispense aux yeux de Dieu. Telle est la doctrine des saints. Si donc vos raisons ne sont pas franchement et véritablement de cette nature pour exiger un relâchement en votre faveur, vous l’imposez à vos pasteurs, et vous êtes transgresseurs chaque fois que vous vous prévoyez de cette dispense frauduleuse et injuste.
L’Église, en effet, n’ignore pas l’imposition. Elle voit avec peine que presque toute la soumission de ces chrétiens lâches et couchés consiste à lui extorquer son consentement à la violation de ses propres lois. Et si, malgré cette conviction, elle semble encore favoriser leurs demandes injustes, elle est influencée par la peur de les pousser aux extrémités, et est prête à les maintenir dans sa communion par les simples liens du respect extérieur et de l’obéissance. Mais malheur aux chrétiens qui la contraignent à cette alternative affligeante. La maladie doit en effet être dangereuse, lorsque le patient est autorisé à choisir son propre régime.
2. Mais en admettant que vos raisons soient justes et qu’une dispense soit nécessaire, il arrive néanmoins souvent que vous transgressiez la loi de pénitence par la manière dont vous vous prévaliez de cette dispensation de l’Église.
Il vous incombe, en tant que chrétiens, de déplorer votre incapacité à observer la loi et d’offrir à Dieu le sacrifice d’un cœur humble, comme une sorte de compensation pour la pénitence corporelle que vous ne pouvez supporter. Esther a invité Grod à témoigner de sa nécessité et a exprimé sa détestation quand elle a été obligée de prendre part aux viandes profanes et aux banquets des incirconcis. Urias s’écria, quand son souverain le pressa de descendre dans sa propre maison et de profiter des plaisirs d’un moment de repos: «Que vais-je manger et boire pendant qu’Israël et Juda endurent les rigueurs du camp? II. Rois, xi. 11.
Sont-ce là, ma bien-aimée, vos sentiments? Vous vous exclamez: pourquoi suis-je contraint d’épargner cette chair criminelle, alors que l’Église est vêtue de sacs et de cendres tandis que mes confrères en Christ marchent courageusement dans les saints sentiers de la pénitence? Pourquoi, Seigneur, n’ai-je pas assez de force pour satisfaire ta justice, moi qui ai assez de force pour t’offenser? Pourquoi n’avais-je pas été doté d’une charpente corporelle capable de supporter tous les degrés de fatigue et de torture, pour que l’instrument de mes crimes fût l’instrument de ma punition?
Ah! si vous étiez animés du véritable esprit de piété, vous rougiriez d’une distinction si peu méritée par votre vie passée; vous considéreriez une telle singularité comme une sorte d’anathème comme une lèpre qui vous a fait bannir de la société et de la communion du corps des fidèles; et vous vous efforceriez de compenser vos infirmités corporelles par la force et la vigueur de votre piété intérieure.
En second lieu, vous devez réfléchir que la dispense de jeûner n’inclut pas une dispense de faire pénitence. L’Église n’a pas l’intention de prendre la croix de vos épaules; elle n’est pas autorisée à le faire: elle ne peut que diminuer son poids et le proportionner à la force du porteur. Le carême doit être d’une manière ou d’une autre une période de pénitence.
Saint Paul dit que celui qui ne distingue pas le pain eucharistique de la nourriture commune est coupable du corps du Seigneur: et je vous dis que quelles que soient vos infirmités, si vous ne faites pas de distinction entre le temps de Carême et d’autres fois, vous êtes coupable de la loi du jeûne.
Maintenant, quelle distinction faites-vous? Priez-vous plus qu’à d’autres moments? Êtes-vous plus charitable envers les pauvres? Apaisez-vous les afflictions des membres souffrants du Christ, et faites-vous amende honorable dans leur personne pour les satisfactions extraordinaires que vos infirmités exigent? Vous abstenez-vous des plaisirs légitimes qui ne sont pas nécessaires à votre santé? Ah! mes frères, une compensation doit être faite. Celui qui ne peut offrir un agneau en sacrifice doit offrir une paire de colombes. La justice de Dieu doit être satisfaite.
Si vous ne pouvez pas crucifier votre chair par le jeûne, vous devez la châtier en vous abstenant de plaisirs inutiles; vous devez mortifier vos passions turbulentes par la retraite; vous devez avoir moins de communication avec le monde; vous devez être plus attentif à vos préoccupations domestiques; vous devez être plus assidu à fréquenter le lieu de culte, à recevoir les sacrements et à accomplir les œuvres de miséricorde: vous devez être plus circonspect dans toute votre conduite. Tel est, dit saint Chrysostome, le jeûne que l’Église exige des infirmes. Pour s’y conformer, ni la santé ni la force ne sont nécessaires: une foi ferme et la crainte de Dieu vous permettront seules de l’accomplir. Mais hélas! une foi ferme et la crainte de Dieu sont précisément les vertus auxquelles vous êtes étrangers. Vous vous opposez aux souffrances de toute description; vous vous imaginez que vous êtes libéré de toute contrainte dès que vous êtes dispensé; et parce que vous n’êtes pas en mesure de vous conformer à tout le précepte, vous concluez joyeusement que vous n’êtes pas obligé de faire quoi que ce soit.
Il y en a beaucoup, je sais, qui disent que le jeûne n’est pas une question de grande importance; que le grand point est d’être des hommes bons et moraux; et que, quant à la nourriture, que ce soit ceci ou cela quand ils prennent trois repas ou un seul, elle ne peut être d’aucune importance aux yeux de Dieu pour justifier les déclamations de l’Église, ou être une raison suffisante pour soumettre les fidèle à tant d’inconvénients et de vexations.
Ainsi, les enfants du monde ne se contentent pas de violer simplement la loi du jeûne et de l’abstinence, ils procèdent même à des abus; ils le vilifient en lui donnant le nom de préjugé que la coutume a établi; et ils revêtent l’apparence de la raison pour y enfreindre sans scrupule. Mais qu’est-ce qu’ils dégradent? Ils dégradent la plus vénérable tradition de l’Église, le point le plus ancien et le plus universel de la discipline qui nous soit descendu de nos ancêtres. L’institution respectable du jeûne, établie par les apôtres, consacrée par la coutume des siècles, honorée par les exemples des patriarches et des prophètes, et de Jésus-Christ lui-même, n’est rien de plus dans leur langue qu’une dévotion populaire un préjugé pieux, dont l’enthousiasme seul peut exiger une observation rigoureuse et minutieuse.
Cependant, j’espère que ce ne sont là les sentiments d’aucun individu de cette assemblée. Si donc, je dirai en conclusion, si vos infirmités exigent une dispense, ne vous laissez pas aller au-delà des appels de la nécessité. Laissez vos repas savourer la frugalité de ce temps de pénitence; qu’ils soient estampillés en une partie ou en une autre avec le sceau de mortification. Souvenez-vous que, bien que l’Église accepte que vous n’accompagniez pas Moïse sur la montagne pour jeûner les quarante jours, elle s’attend à ce que pendant que vous restez dans les plaines en contrebas, vous ne participiez ni aux jouissances profanes, aux excès et aux sports festifs de les Israélites, ne vous unissez pas à eux dans l’adoration du veau d’or.
Entrons, mes frères bien-aimés, dans le véritable esprit de ce temps saint.
Ah! pouvez-vous rester indifférent au spectacle émouvant qui sera bientôt présenté devant vous? Lorsque vous voyez l’Église affligée et revêtue des mauvaises herbes du deuil et du chagrin, lorsque vous voyez ses ministres prosternés et pleurant entre le porche et l’autel, lorsque vous voyez vos frères armés des armes de pénitence, et combattant avec une résolution déterminée contre la chair et sang, pourrez-vous vous abstenir de vous unir avec eux? Aurez-vous une résolution suffisante pour continuer à vous plonger dans la jouissance des plaisirs sensuels?
Si le corps ne peut pas participer aux œuvres pénitentielles des fidèles, changez au moins vos cœurs et convertissez-vous au Seigneur. Si vous ne pouvez déchirer, par le jeûne, le vêtement de chair qui vous entoure, déchirez vos cœurs, dit l’esprit de Dieu, par les larmes de la douleur et de la compassion. Surpassez vos frères dans les dispositions de votre esprit, si vous ne pouvez pas les suivre dans les exercices du corps. En un mot, vivez plus sainte qu’eux, et vous jeûnerez avec plus de profit. Ainsi, vous glorifierez Dieu dans vos infirmités, et à la fin vous recevrez la récompense qui est promise au vraiment pénitent.»
Sermon de Monseigneur Marsillon

Le bourdaloue n’était plus d’usage sous Louis XVI …
Le 10 janvier 1779
Arrêt du conseil d’État du Roi Louis XVI concernant les enfants trouvés
Considérant que chaque année, plus de 2000 enfants nés dans des provinces très éloignées de la capitale arrivent à l’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris, et que neuf enfants sur dix, ne survivent pas aux mauvaises conditions du transport, Louis XVI appelle les curés, les vicaires et tous ceux qui sont en mesure de conseiller la population à «redoubler de zèle» pour que les parents fassent d’autres choix que celui d’abandonner leur enfant. Le Roi, inquiet de ces circonstances, interdit à tous les voituriers d’emmener des enfants abandonnés ailleurs qu’à l’hôpital le plus proche, sous peine d’une amende de 1000 livres au profit de l’hôpital d’Enfants Trouvés, et dote quelques hôpitaux de province de son trésor royal pendant une année. Pour soulager les pauvres, le Roi fusionne des biens de l’Hôpital Saint-Jacques avec ceux des Enfants-Trouvés pour y recevoir les nouveau-nés atteints de maladies contagieuses.
Le 8 août 1779
Louis XVI abolit le droit de mainmorte et de servitude dans les domaines royaux
Le droit de mainmorte interdit aux serfs de léguer à leurs héritiers les terres et leurs maisons louées. Après la mort d’un serf, ses biens revenaient automatiquement au seigneur des terres. Le droit de servitude obligea les serfs d’effectuer gratuitement une partie de leur travail au profit du seigneur et ils n’eurent pas le droit de quitter les terres. Le droit de persécution sur eux, en cas de fuite, permit au seigneur de les poursuivre. Le Roi, préoccupé de son peuple, n’a pu voir sans peine les restes de servitude existant encore dans plusieurs de ses provinces et, par l’édit du 8 août 1779, il affranchit les serfs de la mainmorte, de la servitude et du droit de suite.
Un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées).
Il rétablit l’institution du Mont-de-piété.
Le 5 mars 1779
Louis XVI et Marie-Antoinette se rendent à Notre-Dame de Paris pour une messe célébrant la naissance de Madame Royale ( vingt-huit carrosses y amènent le gotha de la Cour).
Le 8 août 1779
Louis XVI abolit le droit de mainmorte et de servitude dans les domaines royaux
Le droit de mainmorte interdit aux serfs de léguer à leurs héritiers les terres et leurs maisons louées. Après la mort d’un serf, ses biens revenaient automatiquement au seigneur des terres. Le droit de servitude obligea les serfs d’effectuer gratuitement une partie de leur travail au profit du seigneur et ils n’eurent pas le droit de quitter les terres. Le droit de persécution sur eux, en cas de fuite, permit au seigneur de les poursuivre. Le Roi, préoccupé de son peuple, ne peut voir sans peine les restes de servitude existant encore dans plusieurs de ses provinces et, par l’édit du 10 août 1779, il libère les serfs des droits qui les asservissaient.
Cette abolition a pour fondement une ordonnance du Moyen-Âge de Louis X dit le Hutin. (1289-1316). Au terme de cette ordonnance du 3 juillet 1315, les serfs du domaine royal sont affranchis. Ceci sur le fondement de la maxime « nul n’est esclave en France » et de l’énonciation « le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche ».
Le 1er janvier 1780
Ordonnance de Louis XVI portant le règlement concernant les hôpitaux militaires et ceux de Charité au compte de Sa Majesté
« L’HUMANITÉ généreuse de Sa Majesté envers les prisonniers de guerre malades ou blessés, veut qu’ils soient soignés & traités dans ses Hôpitaux comme ses propres sujets ; Elle ordonne à ses Généraux & à ses Commandans de les y envoyer avec les précautions convenables & sous l’escorte d’un Officier-major : à leur arrivée à l’Hôpital, le Commissaire des guerres dressera un état particulier, contenant les noms des régimens & des compagnies desdits prisonniers, leurs noms de famille & de guerre, leurs qualités & le lieu de leur naissance, autant que faire se pourra; il signera cet état conjointement avec l’Officier-major, le Médecin, le Chirurgien & le Contrôleur de l’Hôpital : les deux Officiers de santé, chacun en ce qui les concerne, feront placer desdits prisonniers dans les salles affectées aux différentes espèces de maladies & de blessures ; ils leur expédieront ensuite les billets d’entrée qui serviront de pièces comptables à l’entrepreneur. »
Le 29 novembre 1780
Mort de l’Impératrice Marie-Thérèse (1717-1780) après une courte maladie.
Une mort à l’image de sa vie : un exemple de dignité et de force. Atteinte d’un « durcissement des poumons», elle se sentait, disait-elle, «devenir intérieurement comme de la pierre».

Elle a pris congé de ses enfants, les présents et les absents. En prononçant le nom de Marie-Antoinette, elle n’a pas caché son émotion, puis, reprenant son calme, elle a dit :
« J’ai toujours désiré mourir ainsi ; mais je craignais que cela ne me fût pas accordé. Je vois à présent qu’on peut tout avec la grâce de Dieu.»
Pendant la nuit du 29 novembre, elle a lutté contre le sommeil :
« Je crains de m’endormir, je ne veux pas être surprise, je veux voir venir la mort»
Cette leçon d’ultime courage, Marie-Antoinette ne l’oubliera pas à l’heure de Sa propre mort.

C’est pour Marie-Antoinette «le plus affreux malheur».
La nouvelle du décès de Marie-Thérèse n’arrive à Versailles que le 6 décembre 1780 :
« La douleur de la reine fut telle qu’on devait la prévoir et la craindre. Une heure après avoir appris cet événement, elle prit le deuil de respect, en attendant que le deuil de Cour fût prêt ; elle resta enfermée dans ses cabinets pendant plusieurs jours, ne sortit que pour entendre la messe, ne vit que la famille royale et ne reçut que la princesse de Lamballe ou la duchesse de Polignac. Elle ne cessait de parler du courage, des malheurs, des succès et des pieuses vertus de sa mère.»
Madame Campan

Même si c’est Son frère Joseph II qui règne seul désormais, Marie-Antoinette se sent plus seule que jamais dans un pays dans lequel Elle n’est pas née et qui ne L’a pas encore acceptée, Madame Adélaïde, Sa tante par alliance a été la première à L’appeler L’Autrichienne. Mais cette immense peine se double peut-être d’un immense soulagement. Pour la première fois de Sa vie, le 6 décembre 1780, Marie-Antoinette n’a plus de compte à rendre à personne.
Le plus insupportable des deuils n’empêche que la vie continue.

L’inscription sur le cadre : « Donné par la Reine à M. du Chilleau, évêque de Châlons-sur-Saône, son aumônier en 1781 ».
En avril 1781
Marie-Antoinette est enceinte.
« Il faut bien jouir du temps de la jeunesse, le moment de la réflexion viendra, et alors les frivolités disparaîtront»
Marie-Antoinette à Mercy
« La mort de sa mère plonge Marie-Antoinette dans un désespoir qui s’accompagne peut-être de remords. Elle se rend compte qu’elle n’a pas été la fille que Marie-Thérèse souhaitait. Elle doit même reconnaître qu’elle a été une anti-Marie-Thérèse, plus soucieuse de Ses plaisirs que du bonheur de ses sujets. Dans cette épreuve, Marie-Antoinette se rapproche de Louis-Auguste, resserre les liens d’affection avec sa belle-sœur Elisabeth.»
Jean Chalon
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François premier Dauphin, dont Marie-Thérèse souhaitait avec tant d’ardeur et d’impatience l’arrivée.

Des célébrations sont données dans tout le royaume. Pour un Dauphin, on organisait un peu partout des cérémonies, des fêtes, des feux d’artifice, avec distribution de pain, de victuailles et de vin.


La naissance du Dauphin assoie Marie-Antoinette dans Sa situation pour laquelle on L’a mariée. Elle n’est plus seulement l’épouse du Roi (actuel), Elle est aussi la mère du prochain Roi.

En janvier 1784
Édit de Louis XVI, portant exemption des droits de péage corporels sur les Juifs, donné à Versailles
Moment important dans le chemin vers l’émancipation des Juifs de France, cet édit exempte de droit de péage corporel les Juifs, notamment en Alsace et à l’entrée de la ville de Strasbourg. Le Roi Louis XVI reconnaît que « Les Juifs sont assujettis à une taxe corporelle qui les assimile aux animaux. Et comme il répugne aux sentiments que Nous étendons sur tous nos sujets, de laisser subsister, à l’égard d’aucuns d’eux, une imposition qui semble avilir l’humanité, Nous avons cru devoir l’abolir. »
« 27 mars 1785.
Journal de Louis XVI
Couches de la reine du duc de Normandie à sept heures et demie ; tout s’est passé de même qu’à mon fils ; le baptême a été à huit heures et le Te Deum ; il n’y avait de prince que le duc de Chartres ; il n’y a eu ni compliment, ni révérences ; Monsieur et la reine de Naples parrains.»
« L’évêque d’Orléans, Monseigneur de Jarente d’Orgeval, propriétaire du château de Meung sur Loire, avait organisé avec sa maîtresse, Melle Guimard, la plus célèbre danseuse du XVIIIe siècle, un système clientéliste. Tous les gens d’église qui voulaient obtenir une faveur de l’évêque devaient obligatoirement passer par Mademoiselle Guimard qui jouait les bons offices moyennant un pourboire variable selon les moyens du quémandeur. Tout le monde y trouvait son compte jusqu’au jour où Louis XVI, prévenu, mit discrètement fin au scandale.»
Olivier Blanc, L’amour à Paris sous Louis XVI, Paris, Perrin, 2003.

Mademoiselle Guimard

Monseigneur de Jarente d’Orgeval
« Les pharisiens dans l’Évangile ont défiguré leurs visages, afin que leur jeûne puisse être remarqué par les hommes: mais ce n’est pas l’hypocrisie d’aujourd’hui; non: après un an passé en excès, dans les murmures et dans le péché, les disciples choyés d’un Jésus crucifié ont revêtu une apparence pâle et faible au commencement de ce temps saint, dans le seul but de créer un prétexte plausible à violer en paix la loi du jeûne et de l’abstinence.»
disait Monseigneur Marsillon
Cette hypocrisie religieuse qui répugne Marie-Antoinette, Lui sera fatale dans l’affaire du collier, une escroquerie qui a pour victime, en 1785, le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg, et qui éclabousse la réputation de la Reine.

Louis de Rohan avait été ambassadeur de France en Autriche et sa lubricité avait scandalisé Marie-Thérèse qui avait communiqué son dégoût à Marie-Antoinette. La distance de la Reine à son égard affectait le Cardinal.

La comtesse de La Motte qui se dit intime de Marie-Antoinette se propose de tout régler entre eux. Ivre d’argent, elle entend parler de la parure destinée d’abord à madame du Barry, puis à la mort de Louis XV, à Marie-Antoinette et imagine comment se l’approprier.

En 1778, Louis XVI, souhaite Lui offrir le collier, mais Marie-Antoinette le refuse. Selon madame Campan, la Reine aurait déclaré que l’argent serait mieux dépensé pour l’équipement d’un navire de guerre.

Dans la nuit du 11 août 1784
Entre onze heures et minuit
Le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au Bosquet de Vénus dans les jardins de Versailles à onze heures du soir.

Là, Nicole Leguay, déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois (copiée d’après le tableau d’Élisabeth Vigée Le Brun…), le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ».
Le 12 juillet 1785
La Reine reçoit une lettre des bijoutiers de la Cour à propos du collier acquis en Son nom par le cardinal de Rohan. Elle n’y comprend rien et brûle le document en présence de Madame Campan.

Le 13 août 1785
Après de longues concertations avec l’abbé de Vermond et le ministre Breteuil, il est décidé que ce dernier en parle au Roi, veille de l’Assomption, jour de fête de la Reine
Le 14 août 1785
Le Roi est prévenu de l’escroquerie .
Le 15 août 1785
Alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du Roi en présence de la Reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi, Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « Reine ». Le Roi réagit :
« Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».
La Reine ajoute :
« Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».
Le cardinal tente de s’expliquer.
« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté. », lui dit le Roi.
Le cardinal supplie le Roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI. Le Roi se retourne vers le cardinal :
« Je fais ce que je dois, et comme Roi, et comme mari. Sortez. »
Au sortir des appartement du Roi, il est arrêté dans la Galerie des Glaces au milieu des courtisans médusés.
Automne-Hiver 1785-1786
Le Parlement, docile en apparence, propose d’envoyer une délégation à Versailles afin d’entendre la déposition de la Reine.
Louis XVI refuse, offusqué qu’on puisse considérer la Reine de France comme une justiciable normale.
Le 22 mai 1786
Le Parlement se réunit pour entendre la lecture des pièces de l’affaire.
Le 31 mai 1786
Après plus de dix-sept heures de délibération, à vingt-six voix contre vingt-trois, le cardinal est mis hors de cours, blâmé seulement pour la scène du bosquet.
Le verdict est acclamé par la foule. Les membres du Parlement sont couronnés de fleurs par les dames de la Halle dans la cour de May.
Le 21 juin 1786, à cinq heures du matin
Jeanne de La Motte est fouettée et marquée des V au fer, elle fulmine :
« C’est le sang des Valois que vous traitez ainsi ! »

Le résultat de cette affaire fut résumé par l’exclamation, au lendemain du verdict, de Fréteau de Saint-Just, magistrat du Parlement de Paris : « Un cardinal escroc, la reine impliquée dans une affaire de faux ! Que de fange sur la crosse et le sceptre ! Quel triomphe pour les idées de liberté ! » Bien que Marie-Antoinette ait été étrangère à toute l’affaire , l’opinion publique ne voulut pas croire en l’innocence de la Reine. Accusée depuis longtemps de participer, par ses dépenses excessives, au déficit du budget du royaume, Elle subit à cette occasion une avalanche d’opprobres sans précédent. Les libellistes laissèrent libre cours aux calomnies dans des pamphlets où « l’Autrichienne » se faisait offrir des diamants pour prix de ses amours avec le cardinal.

Ce portrait est destiné à redorer l’image de la Reine suite au scandale du Collier
« Marie-Antoinette insistait sur son propre rôle dans l’éducation de ses enfants. ( …. ) Autre trait de modernité assez surprenant : Marie-Antoinette ne prévoyait aucune formation religieuse avant l’âge de raison .»
Alexandre Maral, Femmes de Versailles
En effet Madame de Polignac a, le plus tranquillement du monde, pris sur elle de dispenser les Enfants de France de la messe quotidienne . C’est même le seul et unique reproche que lui adresse Jacob Nicolas Moreau quant à la manière dont elle s’acquitte de sa charge de gouvernante.
Ainsi, sa grossesse pour le petit duc de Normandie est si pénible que plus le terme approche et plus le pressentiment d’un dénouement fatal angoisse Marie-Antoinette qui décide de se confesser et de communier.
« L’on prétend, à la Cour, que le cercle voltairien des Polignac s’en alarme et annonce un prochain règne des prêtres .»
Jean Chalon, Chère Marie-Antoinette
Le 9 juillet 1786
Naissance de la princesse Sophie-Hélène-Béatrix, dite Madame Sophie, dernier enfant de Marie-Antoinette.

Versailles le 27 Juin 1787
Déclaration de Louis XVI, pour la Conversion de la Corvée en une prestation en argent
Ponctuellement utilisée dès les années 1680 avant d’être généralisée en 1738 à une grande partie du royaume de France, ce système de réquisition en travail permit à la monarchie de faire construire et d’entretenir à moindre coût le réseau routier qu’elle mit alors en chantier. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la question de la corvée fit l’objet d’une vive controverse. En 1786, la monarchie ordonna finalement l’essai, pendant trois ans de la conversion de la corvée en une prestation en argent, avant d’imposer l’année suivante le rachat de la corvée au moyen d’un impôt en argent sur les seuls roturiers taillables dans tous les pays d’élection.
« Le travail entre labeur et valeur : la corvée royale au XVIIIe siècle », d’Anne Conchon
Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Le Roi et la Reine se retirent à Marly pour le pleurer. Il est enterré avec un cérémonial réduit à Saint-Denis compte tenu le contexte économique difficile. La Cour doit porter le deuil à Versailles, selon des règles bien précises.
Il ne suffit pas de s’habiller de noir. A Versailles, lorsque la Cour prend le deuil du prince Louis-Joseph, décédé à l’âge de sept ans et huit mois dans la nuit du 3 au 4 juin 1789, hommes et femmes durent se conformer à un dress code des plus précis.
« Ce deuil connaîtra plusieurs périodes successives. La première, du 7 juin au 11 juillet inclusivement, les hommes prendront l’habit de drap noir complet avec les boutons, manchettes et effilés (sorte de franges, NDLR) unis, boucles et épées bronzées, chapeaux sans plumes, les femmes prendront pour douze jours la robe de laine, la coiffe en crêpe, les bas, les gants, l’éventail et les pierres noires, les boucles bronzées, le 19 juin elles quitteront la coiffe et conserveront jusqu’au 11 juillet inclusivement le reste de l’étiquette ci-dessus». La seconde période s’étalera du 12 juillet au 15 août inclus, date de la fin du deuil. Cette fois, «les messieurs prendront l’habit de soie noire, manchettes effilés de mousseline brodée, ou entoilages, boucles blanches, épées d’argent, chapeaux à plume», écrit-il. Quant aux dames, elles porteront, du 12 juillet jusqu’au 1er août, «la robe de soie noire et les diamants», puis du 1er au 15 août «les robes noires et blanches sans rubans de couleur».
Le bailli de Virieu, ministre du duc de Parme Ferdinand IV
Le 5 octobre 1789
Des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château… la panique monte. Les ministres supplient le Roi de se réfugier à Rambouillet avec sa famille. Il refuse.
Marie-Antoinette déclare alors :
« Je sais qu’on vient de Paris pour demander ma tête; mais j’ai appris de ma mère à ne pas craindre la mort, et je l’attendrai avec fermeté.»
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

Soudain une clameur s’écrit « La Reine au balcon! »… la rumeur de Sa fuite envahit la populace… Marie-Antoinette prend le Dauphin dans Ses bras et Sa fille par la main, et majestueuse , Elle s’avance devant l’adversité …


Un cri jaillit : «Point d’enfants!», d’un geste Elle repousse Louis-Charles et Marie-Thérèse…

On La tire vers l’intérieur, La Fayette, qu’Elle n’aime guère _ et c’est réciproque_ ose La questionner :
« Quelle est l’intention de Votre Majesté? -Je sais le sort qui m’attend, mais mon devoir est de mourir au pied du Roi, et dans les bras de mes enfants. -Eh bien, Madame, venez avec moi. -Dussé-je aller au supplice, j’y vais.»
Elle voit se braquer les fusils.
Imperturbable, Elle plonge en une révérence dont Elle a le secret…
La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

L’aggravation de Sa situation rend Marie-Antoinette plus pieuse. Le fait de se trouver repliée sur Son cercle familial étroit – en particulier entourée du Roi et de Madame Elisabeth, dont la foi est bien plus marquée que la Sienne – déteint probablement sur Marie-Antoinette.
Le 12 juillet 1790
Constitution civile du clergé.
Le 16 septembre 1790
Marie-Antoinette, par une suite de Sa bienfaisance envers les prisonnières, ou poursuivies pour dettes de mois de nourrice, envoie 100 000 livres qui ont procuré la liberté à soixante-seize pères et mères de famille.
Le 1er janvier 1791
Louis XVI et Marie-Antoinette reçoivent les hommages de la Famille Royale, de la Cour, de la municipalité de Paris et de la garde nationale de Paris. La députation de la municipalité, accompagnée de celle de la garde nationale, est conduite chez le Roi et chez la Reine par les officiers des Cérémonies.
Vers midi, le Roi, accompagné de Monsieur, et précédé des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, marchant processionnellement, et portant, ainsi que Louis XVI, l’habit de l’Ordre, se rend à la Chapelle du château des Tuileries, où il entend la grand’messe chantée par sa Musique, et célébrée par Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis et premier aumônier du Roi. La Reine et la Famille Royale y assistent dans la tribune. Madame Stanislas de Clermont-Tonnerre a fait la quête.
C’est la dernière fois que les chevaliers du Saint-Esprit s’assemblent, et que Louis XVI revêt le costume et le collier de l’Ordre.

Le 18 avril 1791

La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.
Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen.
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.

Le 21 juin 1791
Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Le 14 septembre 1791
Le Roi prête serment à la Constitution.

Le 29 novembre 1791
Décret faisant des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé des «suspects».
Le 19 décembre 1791
Le Roi oppose son veto au décret sur les prêtres insermentés.
Le 27 mai 1792
Décret sur la déportation des prêtres réfractaires.
Le 10 août 1792
Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.

Le soir du 10 août 1792
La famille royale est logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles: quatre pièces du couvent seulement leur sont dédiées… pendant trois jours.
Le 13 août 1792
La Commune décide de transférer la famille royale au Temple… en passant par la place Louis XV qu’on a déjà rebaptisée Place de la Révolution, on montre au Roi comme la statue de son grand-père est en train d’être déboulonnée pour faire disparaître toutes les marques du régime qui devient dès lors ancien…

Après un splendide dîner servi dans l’ancien palais du comte d’Artois ( où la famille royale espère encore être logée) , la messe est dite dans un salon. Après avoir visité les lieux, Louis XVI commence à répartir les logements.
![“[After 1791] Their Majesties did not perform their Easter devotions in public, because they could neither declare for the constitutional clergy, nor act so as to show that they were against them.
The Queen did perform her Easter devotions in 1792;...](https://66.media.tumblr.com/3ca73e95905b7c0f0be018b01da3927d/774e4cfdc22df9c5-82/s500x750/f2f3fd077c6b99b00e6c15a9ed4a5662e7affec1.jpg)
Le 20 août 1792
On vient chercher tous ceux qui n’appartiennent pas à la Famille Royale stricto sensu. Le Roi tente en vain de rappeler que la princesse de Lamballe est sa cousine. Madame de Lamballe, Madame de Tourzel et sa fille Pauline sont transférées dans l’affreuse prison de la Petite Force, les trois dames sont réunies dans une seule cellule assez spacieuse.

Le seul soutien possible de Marie-Antoinette pour Son amie sera dans la prière : Elle prend exemple sur Madame Elisabeth.

Le 3 septembre 1792
Massacres dans les prisons.

Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Madame de Tourzel et sa fille Pauline, future comtesse de Béarn, en réchappent.
Si on sait qu’au Temple, la pieuse Madame Elisabeth se réfugie dans la prière, quel peut être le rapport de Marie-Antoinette au milieu de la révolution quand le ciel semble abandonner Sa famille ?


Le Roi observe les prescriptions de l’Eglise en matière d’abstinence et de jeûne, ce n’est pas le cas de Marie-Antoinette. Elle participe cependant à l’éducation religieuse de Ses enfants et veille à ce que le Dauphin récite ses prières avant d’aller se coucher.
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.

Le 3 décembre 1792
Pétion renforce la décision de faire juger Louis XVI par la Convention.

Le 25 décembre 1792
Louis XVI rédige son testament :
« Au nom de la très Sainte Trinité du Père du Fils et du St Esprit. Aujourd’hui vingt cinquième jour de Décembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelqu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements et les Mystères tels que l’Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchire l’Eglise de J.C., mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Eglise suivie depuis J.C. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J’ai cherché à les connaître scrupuleusement à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Eglise Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution ou je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du Sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux; je lui recommande surtout d’en faire de bons chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de Mère, s’ils avoient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrois lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyoit avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur Mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. je les prie de regarder ma sœur comme une seconde Mère.
Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roy de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Loys, mais en même temps qu’un Roy ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étoient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie M. de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers a ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Fait double à la Tour du Temple le 25 Décembre 1792.
Louis.»

Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi.
Le 20 janvier 1793 au soir
Louis XVI passe la soirée avec sa femme, ses enfants et sa sœur .

Il promet à la Reine de La voir le lendemain matin.

Il ne le fera pas pour Lui épargner cette peine.

Le lundi 21 janvier 1793
Vers six heures du matin
L’abbé Henri-Edgeworth de Firmont (1745-1807), un prêtre insermenté, recommandé par Madame Élisabeth, célèbre l’ultime messe de Louis XVI.

A dix heures vingt-deux minutes
Exécution de Louis XVI qui a pu prendre congé de sa famille la veille et être accompagné à l’échafaud par l’abbé Edgeworth de Firmont.


Marie-Antoinette demande, pour Son usage et celui de Sa belle-sœur, des ouvrages de piété que Cléry est prié de faire acheter.
Elle a pour livre de chevet La Journée du Chrétien.
Le 3 juillet 1793 à dix heures du soir
Louis-Charles, Louis XVII, est enlevé à sa mère et confié au cordonnier Antoine Simon (1736-1794).

Pendant une heure, la Reine lutte pour convaincre les cinq municipaux de Lui laisser Son fils… en vain…

Ce n’est que lorsque les envoyés du Comité de salut public La menacent de s’en prendre à la vie de Ses enfants que Marie-Antoinette les laissent emmener Son Chou d’amour qui logera dans l’ancien « appartement » de Louis XVI, un étage en dessous…
Marie-Antoinette doit alors penser que Dieu L’abandonne…

Madame Elisabeth Lui apprend à trouver le réconfort dans la prière.
Dans la nuit du 1er au 2 août 1793,
à deux heures quarante du matin
Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie. Elle s’arrête au bas de la Tour parce que les municipaux y font un procès-verbal pour décharger le concierge de Sa personne. En sortant, Elle se frappe la tête à un guichet, ne pensant pas à se baisser ; on Lui demande si Elle s’est fait du mal :
« Oh non ! dit-Elle, rien à présent ne peut me faire du mal.»
On L’emmène en voiture dans les rues de Paris. Elle laissera Sa place ensanglantée, de par les pertes dont Elle souffre déjà depuis quelque temps… dont on sait aujourd’hui qu’il s’agit probablement d’un cancer de l’utérus.
On trouve alors dans Ses poches des prières à l’Immaculée Conception et au Sacré-Cœur, auquel, à l’instar de Madame Elisabeth, Elle voue un culte croissant.
En arrivant à la Conciergerie, le guichetier Lui demande de décliner Son identité, Elle répond froidement :
«Regardez-moi.»
Elle devie nt la prisonnière n°280. Elle est traitée avec une certaine bienveillance par une partie du personnel de la prison dirigée par la couple Richard, dont surtout Rosalie Lamorlière (1768-1848), leur servante.


Marie-Antoinette est accueillie par Madame Richard et sa cuisinière, Rosalie Lamorlière.


Le 5 septembre 1793
La Terreur est mise à l’ordre du jour.
Le lendemain de cette incarcération, le 3 août, M. Emery est, à son tour, transféré à la Conciergerie, venant des Carmes ; tout de suite, il apprend la présence de Marie-Antoinette et ne tarde pas à pouvoir correspondre avec elle : s’il ne trouve pas le moyen de l’approcher, il parvient du moins à lui faire remettre un billet laconique, ainsi conçu :
« Préparez-vous à recevoir l’absolution ; aujourd’hui, à minuit, je serai devant votre porte et je prononcerai sur vous les paroles sacramentelles…»
À l’heure dite, en effet, le prêtre peut descendre de sa chambre, située à l’étage supérieur, s’approcher du cachot de la Reine et, à travers la porte, l’entendre soupirer, s’entretenir quelques instants avec elle, lui donner enfin l’absolution, — après quoi il s’éloigne, sans être inquiété.


Comme on sait que les gendarmes Lamarche et Prudhomme reçurent tous deux la communion de l’abbé Magnin lorsqu’il l’administra à la Reine, cela s’est passé après le 5 septembre, puisque c’est la date à laquelle ces deux gendarmes succédèrent à Gilbert et Dufresne.
Le 3 octobre 1793
La Reine est déférée au Tribunal révolutionnaire.
Le 12 octobre 1793
à six heures du matin
Marie-Antoinette subit un interrogatoire secret destiné à préparer l’audience devant débuter le surlendemain.
Le 14 octobre 1793
Marie-Antoinette comparaît devant le président Herman(1759-1795)


Hébert accuse Marie-Antoinette d’avoir conspiré jusque dans sa prison. Il insiste sur la dépravation du petit Capet.

Calme, elle écoute les mots de mensonge et d’ordure qui veulent La souiller.
Dégoûté sans doute, le président Herman n’ose relever l’imputation d’immoralité.
![Detail from La Veuve Capet au tribunal révolutionnaire, 1793. [credit: Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie]](https://66.media.tumblr.com/f38fe4a01cd3405926f1f8f4421cdae6/tumblr_nw8jwkvp4J1qatfdco1_500.jpg)
Un juré ( Pierre-Antoine Antonelle?) La rappelle :
« Citoyen président, je vous invite à vouloir bien observer à l’accusée qu’elle n’a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert, à l’égard de ce qui s’est passé entre elle et son fils.»
La Reine alors se lève et, le bras tendu vers l’auditoire, Elle dit d’une voix plus haute et qui frappe les murs avant de frapper les cœurs :
« Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature se refuse à répondre à une pareille question faite à une mère… J’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici.»


Sans l’avoir cherché, Elle a atteint le sublime.

A quatre heures du matin
– Antoinette, dit Hermann, voilà la déclaration du jury.

Elle est unanime et affirmative sur toutes les questions. Fouquier-Tinville requiert alors la peine capitale.

Marie-Antoinette ne peut réprimer un léger mouvement et reste un instant « comme anéantie par la surprise ». Après avoir consulté les juges, le président annonce la condamnation.

De retour dans Sa cellule, Elle demande du papier, de l’encre et une bougie pour écrire une sublime lettre d’adieu à Madame Elisabeth qui ne la recevra jamais.
«Ce 16 8bre, 4heures ½ du matin
C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois ; je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien ; j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre sœur, vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre, je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exacte de leurs devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle en feront le bonheur ; que ma fille sente à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que son [mot rayé dans l’original] l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils, à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services, que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu’ils prennent exemple de nous : combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les dernier mots de son père que je lui répète expressément : qu’il ne cherche pas à venger notre mort. J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il et facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas ; un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux. Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n’en aurais réellement pas eu le temps. Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop s’ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que, dans sa bonté, il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout (sic) ceux que je connais et à vous, ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis adieu à mes tantes et (un mot rayé] et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent au moins que, jusqu’au dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre sœur; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi, je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants : mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ! Je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger.»
Comment ne pas percevoir dans ces ultimes mots le reflet du testament de Louis XVI ? C’est donc à Son mari et à sa piété et à Dieu que Marie-Antoinette s’en remet à cette heure fatidique. Et là, Elle va démontrer toute la force d’âme acquise tout au long de Sa vie.

A neuf heures
Bault entre :
« Madame, il y a là un curé de Paris qui demande si vous voulez vous confesser.
-Un curé de Paris? Il n’y en a guère… »

Le prêtre s’avance , vêtu en laïque, il s’incline et se présente:
« Madame, je suis l’abbé Girard, curé de Saint-Landry, dans la Cité, et je suis venu vous offrir l’aide de mon ministère… »

La Reine secoue la tête :
« Je vous remercie, je n’ai besoin de personne…
–Mais que dira-t-on, Madame, lorsqu’on saura que vous avez refusé les secours de la religion dans ces suprêmes moments?
–Vous direz à ceux qui vous en parleront que Dieu y a pourvu dans Sa miséricorde.»


L’Abbé insiste encore :
« Ne voulez-vous pas que je vous accompagne?
–Comme vous voudrez… »
Et sans plus se préoccuper de l’abbé, Elle retourne à Ses pensées et à Ses prières… L’abbé Girard constate que Marie-Antoinette grelotte… Elle a surtout froid aux pieds… Le prêtre assermenté Lui couvre donc les pieds avec Son traversin.

A dix heures
Ce sont d’abord les juges qui arrivent et lisent à la Reine la sentence, en présence de Louis Larivière, le porte-clefs de la Conciergerie.

Les pesantes formules n’en tombent pas moins de la bouche du greffier. Mais à peine a-t-Elle subi ce premier supplice d’un homme jeune et athlétique fait son entrée. C’est Henri Sanson, le fils de l’exécuteur qui, neuf mois plus tôt, a guillotiné Louis XVI. A lui revient aujourd’hui d’exercer l’office de bourreau. Il voudrait se montrer courtois, mais Hermann le rappelle à l’ordre :
« Fais ton devoir !»
Il s’incline, demande à la condamnée de présenter ses mains.
« Oh ! mon Dieu ! Voulez-vous les lier ? On ne les a point liées à mon mari…
– J’y suis obligé.»

Alors, comme elle esquisse une résistance, il lui saisit les deux bras qu’il attache fortement derrière le dos, à la hauteur des coudes. Il sert si fort que Marie-Antoinette ne peut réprimer Sa douleur. Puis il sort de gros ciseaux. Elle blêmit… Va-t-il L’achever ici dans la prison? Puis, Sanson qui domine Marie-Antoinette de sa haute taille Lui enlève brusquement Son bonnet qu’Elle a mis tant de soin à arranger et armé d’une grosse paire de ciseaux, taille à grands coups les cheveux devenus blancs, mais où se devinent encore des reflets blond cendré.
Caroline Sihol
Rosalie Lamorlière quitte Marie-Antoinette sans oser Lui faire des adieux, ni une seule révérence, de peur de La compromettre et de L’affliger. Elle s’en va pleurer dans son cabinet et prier Dieu pour Elle.

Elle passe devant le porte-clefs :
« Larivière, vous savez qu’on va me faire mourir?»

A onze heures un quart

Elle monte les marche de la Conciergerie… Et c’est là que Marie-Antoinette ne peut réprimer une nouveau sursaut d’épouvante.

Elle s’était imaginée qu’Elle serait transportée dans un carrosse semblable à celui qui avait emmené le Roi le matin du 21 janvier. Or c’est une grossière charrette qu’Elle aperçoit, une charrette destinée à véhiculer des ordures, crottée jusqu’à l’essieu et tirée par un cheval de laboure.

On ne peut là que penser au calvaire du Christ … Marie-Antoinette se réfère assurément à Son mari. Mais devant les humiliations qu’on lui aura réservées jusqu’au bout, Elle ne peut que se référer également à la figure du Christ…


Le cortège funèbre se met en route… Assise du côté opposé au sens de la marche, Marie-Antoinette est flanquée à Sa gauche de l’abbé Girard qui ne dit mot, en à Sa droite du bourreau, tenant d’une main son tricorne, de l’autre la corde qui lie les bras de la Reine.
« Madame, Lui dit l’abbé Girard, voilà le moment de vous armée de courage.
-Du courage, il y a si longtemps que j’en fais l’apprentissage qu’il n’est pas à craindre que j’en manque aujourd’hui ! »
Le curé n’entendra plus la voix de la Reine..

Quand le cortège arrive devant les Jacobins, la Reine aperçoit sur la porte cette inscription : « Atelier d’armes républicaines pour foudroyer les tyrans« . Grammont crie au peuple, en lui montrant la Reine :
« La voilà, l’infâme Antoinette ! … elle est f…, mes amis !»
ou
« Alors ! Ce ne sont plus tes coussins de Trianon ! … »
Alexandre Grammont rivalise d’outrages et de grossièretés avec son père. On dit même qu’il menace la Reine du poing et que, lorsque la tête de celle-ci fut tombée, il s’élança vers l’échafaud pour tremper son mouchoir dans le sang.
Marie-Antoinette est impassible, Elle est déjà ailleurs. Il y a une sorte de sérénité grave en Elle, que seule peut expliquer Son accord avec Dieu qu’Elle s’apprête à rejoindre.
Le convoi parvient à la place de la Révolution, que Marie-Antoinette a connue sous le nom de place Louis XV , qui est noire de monde : deux cent mille personnes diront certains….
Elle arrive sur l’échafaud à midi quelques minutes


La charrette arrive au pied de l’échafaud. Marie-Antoinette en monte les marche « à la bravade », avec légèreté et promptitude… dans Sa hâte, Elle marche sur le pied du bourreau …
« Faites excuses, Monsieur le bourreau, je ne l’ai pas fait exprès… »

« Pardon, ce sera le dernier mot qui sortira de la bouche de Marie-Antoinette et c’est l’un des plus beaux qui existe dans notre langue. Pardon… »
Jean Chalon , Chère Marie-Antoinette

A douze heures et quart
Exécution de Marie-Antoinette.


