
Sommaire :
- La Maison du Temple médiévale
- L’arrestation des Templiers ; le supplice de Jacques de Molay
- L’enclos du Temple
- L’incarcération de Louis XVI et sa famille
- La vie quotidienne de la famille royale
- Le procès puis la mort de Louis XVI
- La tentative d’évasion organisée par le baron de Batz
- Louis XVII est séparée de sa famille
- Départ de la Reine puis de Madame Elisabeth pour la Conciergerie
- La vie esseulée des enfants du Temple
- La mort de Louis XVII
- La libération de Madame Royale
La Tour du Temple et son enclos constituaient la Maison du Temple, ancienne forteresse parisienne située dans le nord du Marais, au sein du troisième arrondissement de Paris.

Avant 1170
La Maison du Temple, initialement située à l’extérieur de Paris, c’est-à-dire en dehors des fortifications de Philippe-Auguste (1165-1223) avec probablement un donjon carré, la tour César.
En 1170
Fin de la construction de l’enclos du Temple. C’est de cette période que date la tour César qui sera remplacée par la Tour du Temple. La puissance des Templiers s’exprime aussi par sa construction en dehors du Paris intra-muros de l’époque, démontrant une certaine indépendance ; ils ont également la force militaire nécessaire à leur propre défense, d’autant qu’ils sont sous les ordres du Pape, qui est en réalité leur seul « chef » en dehors de Dieu.
A partir de 1212
La tour du Temple est construite par les Templiers ( l’ordre du Temple est fondé en 1118 en Palestine, pour défendre le Saint Sépulcre ; il dérive de Cîteaux et tient de Saint Bernard [1090-1153] sa régie : l’exil et la guerre jusqu’à la mort) , pendant le règne de Saint Louis (1226-1270), à l’intérieur des fortifications de la Maison du Temple, qui est au milieu de vastes cultures qui s’étendent à proximité de la place de Grève.
La Tour est un donjon qui permet d’assurer la défense de la forteresse, mais aussi de conserver en lieu sûr les trésors du Roi de France et des Templiers.
Ce donjon massif de plan carré, à la silhouette plutôt étroite, haut de trois étages, bâti en pierre de taille et flanqué de quatre tourelles, est alors encadré d’un fossé en eau et accessible uniquement par un pont-levis. La tour centrale mesure 13,5 mètres de large, les tourelles 5,5 mètres de diamètre, les murs de pierre sont larges de 2,7 mètres et les salles intérieures font 9,10 mètres de haut. Chaque étage est formé d’une grande salle voûtée reposant sur un pilier central. L’une des quatre tourelles, celle du nord-est, forme l’escalier desservant tout le donjon, tandis que les trois autres renferment des petites pièces circulaires éclairées par des meurtrières. Le sommet est encadré par un chemin de ronde et le toit plombé, de forme pyramidale, culmine à 50 mètres.





En 1306
Philippe le Bel (1268-1314) profite de la protection des Templiers lors de l’émeute des monnaies : des Parisiens mécontents de la dévaluation monétaire décidée par le Roi l’ont, en effet, chassé du Louvre.






En 1312
L’ordre du Temple est dissout par le pape Clément V et ses biens en France sont attribués aux chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem (dits Hospitaliers)
Les Templiers qui sont en France sont arrêtés et mis à mort après un simulacre de justice les déclarant hérétiques.

En décembre 1313
Le pape nomme une nouvelle commission de trois cardinaux pour juger Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, maître de France, Geoffroy de Gonneville, maître d’Aquitaine et de Poitou et Geoffroy de Charnay, maître de Normandie.
En mars 1314
Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay reviennent sur leurs aveux et clament leur innocence et celle du Temple. En conséquence, les juges condamnent Pairaud et Gonneville à la prison à vie, Molay et Charnay au bûcher, condamnés comme relaps pour être retombés dans leurs erreurs.
Le 18 mars 1314
Le Roi occupe à nouveau la tour, lorsque Jacques de Molay (1244-1314), dernier grand maitre de l’ordre, est brûlé non loin de l’île de la Cité.

Au moment de mourir, il aurait prononcé une malédiction rendue célèbre par la série de roman de Maurice Druon, Les Rois Maudits.

Geoffroi de Paris, clerc royal et présent lors du bûcher, rapporte l’attitude et les dernières paroles du grand maître :
« Le maître, qui vit le feu prêt, s’est dépouillé immédiatement sans peur, et se mit tout nu en sa chemise. Il ne trembla à aucun moment, bien qu’on le tire et bouscule. Ils l’ont pris pour le lier au poteau, et lui, souriant et joyeux, se laisse faire. Ils lui attachent les mains, mais il leur dit : « Seigneurs au moins, laissez-moi joindre un peu mes mains, et vers Dieu faire oraison, Car c’en est le temps et la saison. Je vois ici mon jugement, où mourir me convient librement. Dieu sait qui a tort et a péché, le malheur s’abattra bientôt sur ceux qui nous condamnent à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur sachez que, en vérité, tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir. En cette foi je veux mourir. Voici ma foi, et je vous prie, que devers la Vierge Marie, dont notre Seigneur le Christ fut né, mon visage vous tournerez ». On lui a accordé sa requête. Et la mort le prit si doucement que chacun s’en émerveilla »
Geoffroi de Paris, Chronique métrique de Philippe le Bel

Geoffroy de Charnay monte sur le bûcher après lui et prend la parole pour faire l’éloge du grand maître, mort en martyr. Un autre chroniqueur, un Florentin affirmant tenir ses informations d’un parent témoin de la scène, rapporte que les ossements des morts sont recueillis dans la nuit par des religieux et mis à l’abri dans des lieux saints.

Le 29 novembre 1314

Philippe le Bel meurt après une chute de cheval qui lui blesse la jambe.
En 1317
Les biens des Templiers qui devaient primitivement être employés à la délivrance du Saint Sépulcre passent aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui en donnent quittance aux administrateurs royaux.
La Maison du Temple devient alors la maison provinciale du grand prieuré de France. On y enferme le trésor, l’arsenal et les archives de l’ordre.
On n’entend plus parler de cet édifice.


Des rues, des maisons se greffent autour du donjon, masse de pierre qui semble défier les siècles : son fossé est comblé, et par suite de l’exhaussement du sol la cave disparaît, mais la tour reste telle quelle, sans avoir jamais besoin d’entretien, à l’exception du toit de plomb.



De 1337 à 1453
Pendant la Guerre de Cent-Ans et pendant les batailles de la Ligue, on se dispute souvent la possession du Temple.



L’enclos du Temple est entouré de hautes murailles crénelées renforcées par des tourelles.




Au cours du XVe siècle
Un second bâtiment rectangulaire est ajouté contre la face nord de la Tour. Cette petite tour de 7,80 mètres de large sur 14,30 mètres de long, haute de 28 mètres, est flanquée de deux tourelles hautes de 35 mètres. Aucune communication n’est établie entre la grande et la petite tour.


L’église bâtie au XIIe siècle, remarquable par ses vitraux ainsi que les mausolées des chevaliers, est desservie par six religieux conventuels de l’ordre, qui sont nommés par le grand prieur. Cet édifice est construit sur le modèle de Saint-Jean de Jérusalem.


En 1667
L’enceinte médiévale qui entoure l’enclos est rasée au profit de la construction d’hôtels particuliers et de maisons locatives occupées principalement par des ouvriers.


Le Grand Prieur de Souvré fait élever en avant du vieux manoir de l’hôtel du Grand Maître, qu’il commande à Pierre Delisle-Mansart petit neveu du célèbre architecte) en 1667. Cet hôtel sera détruit en 1853.


En 1720
Le palais du grand prieur est agrandi.


En 1749
La charge de grand prieur échoit Louis-François, prince de Conti (1717-1776).

Grand seigneur libertin, Conti fait du palais un salon où se réunissent des écrivains, savants et financiers comme Voltaire, Rousseau ou Beaumarchais.
En 1765
Le prince de Conti donne asile au Temple, qui est inviolable, à l’auteur du Contrat social et d’Emile, menacé d’une lettre de cachet.

En 1776
La charge de grand prieur est conférée au duc d’Angoulême. Louis-Antoine (1775-1844) est élu grand maître de l’ordre à la mort du prince de Conti en 1776, et son père qui assume en son nom les devoirs peu pénibles de cette fonction devenue purement symbolique, commande immédiatement de nombreux embellissements à son Intendant des Bâtiments, Louis Boullé.

En 1781
Le bailli du Temple, Alexandre de Crussol (1743-1815) fait élever la rotonde selon les dessins de François-Victor Perrard de Montreuil. Il s’agit d’un bâtiment de style néo-classique, mêlant immeubles de rapport et marché populaire, à l’architecture inspirée des forums romains.

Non loin de là, dans la vieille église désertée, les francs-maçons célèbrent leurs mystères.
Après 1789
A la suite de la nationalisation des biens du clergé et la dissolution des ordres monastiques, les Hospitaliers désertent les lieux.

Le 13 août 1792
Après la journée insurrectionnelle du 10 août 1792, la Commune de Paris en fait la prison de la famille royale dont elle s’est assuré la garde.
En passant par la place Louis XV qu’on a déjà rebaptisée Place de la Révolution, on montre au Roi comme la statue de son grand-père est en train d’être déboulonnée pour faire disparaître toutes les marques du régime qui devient dès lors ancien…








« Selon Madame de Tourzel, la famille royale, accueillie par Santerre, voit d’abord la cour du palais illuminée de lampions comme s’ils étaient attendus pour une fête ; on retrouve l’ambiance des grands couverts qui rythmaient la vie de Cour à Versailles et aux Tuileries… »
Charles-Eloi Vial
La famille royale arrive effectivement à l’hôtel du Grand Prieur de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem, qui était la demeure parisienne du comte d’Artois. Il en subsiste quelques meubles :



Après un splendide dîner servi dans l’ancien palais du comte d’Artois ( où la famille royale espère encore être logée) , la messe est dite dans un salon. Après avoir visité les lieux, Louis XVI commence à répartir les logements.

A onze heures du soir
« Alors que le Dauphin est gagné par le sommeil et que madame de Tourzel est surprise d’être emmenée en direction de la Tour, le Roi comprend qu’il a été joué par la Commune.
Charles-Eloi Vial
Pétion, qui estimait que la grande Tour était en trop mauvais état, a résolu de loger la famille royale dans la petite en attendant la fin des travaux ordonnés pour isoler la prison du monde extérieur.»
La Tour qui faisait tant frémir Marie-Antoinette, autrefois, qu’Elle avait demandé à Son beau-frère qu’il la détruise. Était-ce un pressentiment de Sa part?

« Quittant les magnifiques salons du comte d’Artois, la famille royale est emmenée dans la petite tour pour être logés dans les appartements de Jacques-Albert Berthélemy, ancien avocat archiviste de l’ordre de Malte, détenteur de cette charge depuis 1774. Il avait obtenu ce logement de fonction en 1782, où il vivait , en vieux célibataire et il n’y avait véritablement de la place chez lui que pour loger un seul maître de maison. Pour des raisons de sécurité, les domestiques héritent des pièces du bas, les plus confortables, tandis que la famille royale loge dans les parties hautes de la tour, dans des pièces à l’abandon depuis des années. Du mobilier est apporté du Garde-Meuble et du palais du Temple afin de compléter celui de l’archiviste.»
Charles-Eloi Vial
C’est alors qu’on entonne ce couplet de Malbrough s’en va-t-en guerre, une comptine que Geneviève Poitrine, la nourrice de Louis-Joseph (1781-1789), le premier Dauphin, avait apprise dans son village. Un jour qu’elle la chantait, Marie-Antoinette voulut l’apprendre et la joua au clavecin. Les courtisans l’imitèrent et la chanson devint populaire :
«Madame à sa tour monte
Mironton, mironton, mirontaine
Madame à sa tour monte
Si haut qu’elle peut monter.
Si haut qu’elle peut monter»



Dessin de Jean-Antoine Auvray


Description de la Tour du Temple vue de l’extérieur
Il faut passer par le palais du grand prieur pour arriver au mur d’enceinte de la Tour du Temple. Ce mur est percé d’une porte charretière, renforcée de barres en fer, munie de gros verrous et gardée par deux guichetiers et d’une porte piétonne. Ces deux portes sont surveillées par les guichetiers Pierre Louis Manuel et Richard. On pénètre ensuite dans le jardin. Alors, apparaît, entre les hautes frondaisons, la haute et sombre masse de la Tour du Temple, flanquée de ses quatre tourelles aux toits pointus, percées de meurtrières et d’étroites fenêtres. Les hottes obstruent les ouvertures sur deux étages. Les tuyaux de poêle courent sur la muraille, augmentant son aspect rébarbatif. Des girouettes surmontent le faîte de la Tour du Temple et des quatre tourelles. Au-dessus du palais du grand prieur, on aperçoit le puissant donjon des templiers et, sur la gauche, la tour de César et le clocher de la collégiale bâtie sur le modèle de l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

par Theodor Josef Hubert Hoffbauer.
La Grande Tour
Elle se dresse à l’une des extrémités de l’ancien enclos, à la hauteur de l’actuelle mairie. La tour est une robuste bâtisse féodale, de quelque cinquante mètres de hauteur, l’épaisseur des murs est en moyenne de quatre mètres, elle comprend quatre étages, dont les voûtes en ogives retombent sur un pilier central. Elle est flanquée de quatre fortes tourelles, dont l’une enferme un escalier en colimaçon. Sur la façade de la Grande Tour on accole, à une date postérieure, la Petite Tour.
La Grande Tour est inutilisée depuis des siècles lorsque l’entrepreneur Pierre-François Palloy est chargé de son réaménagement. Il divise chaque étage en plusieurs pièces avec des cloisons et des faux plafonds dissimulant la voûte très élevée. Ces cloisons sont recouvertes de papiers peints.

La Petite Tour
Accolée à la façade de la Grande Tour, la Petite Tour, dont la construction étroite est flanquée de deux tourelles, ne communique pas avec la Grande Tour : ce détail a son importance. Elle comporte un rez-de-chaussée et quatre étages.

Haute de vingt-cinq mètres, et d’une superficie d’environ 115 m2, cette tour servait de logement à l’archiviste de l’ordre, Jacques-Albert Berthelemy depuis 1783.
La Commune lui ordonne de mettre son logement et son mobilier à disposition.
Du 13 août 1792, jusqu’au 26 septembre 1792
C’est dans cette petite tour qu’est emprisonnée le Roi Louis XVI.

– hauteur : environ 50m.- surface au sol : l’épaisseur des murs étant de 3 mètres en moyenne (9pieds), les côtés de 13,7 m. en extérieur,
il reste : 8m. de côté en intérieur, soit: 64 mètres carrés habitables par niveau, ou encore : 16 mètres carrés par pièce…
Auxquels on rajoutera les tourelles accessibles.

Attributions des étages de la Petite Tour
Le 13 août 1792, le premier étage de la Petite Tour fest attribué aux trois femmes de chambre : Mesdames Bazire, Navarre et Thibaud. Le second étage est attribué à la Reine et Sa fille, Marie-Thérèse. Elles couchent dans l’ancienne chambre de Barthélémy (archiviste de l’ordre de Malte) qui a été expulsé de son domicile par les agents de la Commune. Au même étage la princesse de Lamballe dort dans l’antichambre sur un lit de sangle, Louise-Elisabeth de Tourzel et le Dauphin partagent la même chambre. Il y a un cabinet de toilette et une garde-robe. Le troisième étage est attribué au Roi. Le Roi couche seul dans un lit à baldaquin. Madame Élisabeth partage sa chambre avec la jeune Pauline de Tourzel. Les valets François Hue et Chamilly couchent dans un cabinet assez étroit, ouvrant sur l’antichambre. Cet étage est également doté d’un cabinet de toilette et d’une garde-robe. En outre, le Roi dispose d’un cabinet de lecture aménagé dans l’une des tourelles.

Marie-Antoinette songe-t-Elle alors à la similitude de la situation qui La lie à Sa fille par rapport à celle qui La liait à Sa mère durant les dernières semaines qu’Elle a passées en Autriche? L’Impératrice avait fait installer un lit au bout du sien, pour assister la future Dauphine à toute heure du jour et de la nuit dans Sa préparation au destin qui L’attendait. Marie-Antoinette avait quatorze ans, soit l’âge que Marie-Thérèse aura le 19 décembre 1792…
« Le corps de bâtiment avait quatre étages.
Cléry
Le premier était composé d’une antichambre, d’une salle à manger et d’un cabinet pris dans la tourelle, où se trouvait une bibliothèque de douze à quinze cents volumes.
Le second étage était divisé à peu près de la même manière.
La plus grande pièce servait de chambre à coucher à la reine et à M. le Dauphin ; la seconde séparée de la première par une petite antichambre fort obscure, était occupée par madame Royale et madame Elisabeth.
Il fallait traverser cette chambre pour entrer dans le cabinet pris dans la tourelle ; et ce cabinet, qui servait de garde-robe à tout ce corps de bâtiment, était commun à la famille royale, aux officiers municipaux et aux soldats.»

Pour préparer la Grande Tour à recevoir la famille royale :
Marguerite et Firino, poêliers-fumistes, exécutent tous les travaux destinés au chauffage de la Tour. Ils établissent de nouveaux tuyaux afin de disposer les poêles dans la plupart des pièces et des cheminées.
Le sculpteur marbrier Corbel livre quant à lui les chambranles des cheminées, destinés aux chambres de Louis XVI, Marie-Antoinette et de Madame Elisabeth.
Il livre aussi une table de poêle en marbre de Flandre de forme demi-ronde destinée à un poêle rond installé dans une des tourelles au deuxième étage, formant cabinet attenant à la chambre du Roi.
Des carreaux de pierre de liais et noirs garnissent les sols.

Destrumel, vitrier au Temple, fait les réparations nécessaires aux vitrages et fournit les miroirs.
Lenoble, plombier, pose des sièges de commodité avec des tuyaux et réservoirs.
Les ouvrages de peinture sont confiés à Watin. Toutes les pièces qui ne reçoivent pas de papier-peint sont peintes en couleur pierre avec ça et là des petites frises de filets noirs. Les voûtes sont peintes de même, lorsqu’elles ne sont pas dissimulées par des toiles blanches formant un faux-plafond.

Le papier peint est livré par un certain Simon. On tend la chambre du Roi de papier peint jaune, celle de Cléry de papier à décor de fruits avec bordure étrusque. Chez la Reine on pose un papier-peint à bordure lilas et dans la chambre de Madame Elisabeth un papier à dessin (sans plus de précision) avec bordure reine-marguerite. Partout ailleurs il est question de papier gris ou couleur de pierre avec filets.
Le règlement de l’ensemble de ces travaux fut imputé sur la somme de 500 000 livres que l’Assemblée législative avait votée le 12 août 1792 pour les dépenses du roi et de sa famille.
Le 20 août 1792
On vient chercher tous ceux qui n’appartiennent pas à la Famille Royale stricto sensu. Le Roi tente en vain de rappeler que la princesse de Lamballe est sa cousine. Madame de Lamballe, Madame de Tourzel et sa fille Pauline sont transférées dans l’affreuse prison de la Petite Force, les trois dames sont réunies dans une seule cellule assez spacieuse.


Le 3 septembre 1792
Massacres dans les prisons: une foule armée de barres de fer, de piques et de bûches encercle les prisons de Paris, voulant y tuer les royalistes qu’une rumeur accuse d’y avoir caché des armes pour fomenter une contre-révolution.

Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.







La tête de la princesse de Lamballe dans Les Années Terribles

Dessin de Jean-Antoine Auvray
Légende – Au recto, en bas du dessin à gauche : « A M. LES. » ; au centre : « jetté dans cette tour, près d’être déporté, / ce fut à vos bienfaits qu’il dut sa liberté. »; à droite : « J.a.A. RECONNAISSANT
Image : Musée Carnavalet, Histoire de Paris
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.



Le 1er octobre 1792
Le Roi seul fut emmené seul dans la Grande Tour.
« L’appartement du roi dans la Grande Tour n’était point achevé, il n’y avait qu’un seul lit et aucun meuble : les peintres et les colleurs y travaillaient encore, ce qui causait une odeur insupportable, et je craignis que sa Majesté n’en fût incommodée.
Cléry
On me destinait pour logement une chambres très éloignée de celle du roi (…) ; le lendemain, le roi n’obtint qu’avec beaucoup de difficulté qu’on me donnât une chambre à côté de la sienne.»
Dans l’antichambre du Roi : un table à jouer, un tric-trac en noyer, une table à écrire et cinq chaises garnies de velours cramoisi ; dans la salle à manger : une table à manger en acajou, deux encoignure en bois de rose et une servante en acajou.
Dans la chambre de Louis XVI : un lit garni de damas vert, une bergère et deux fauteuils de même damas, une chaise de canne, une chaise et deux tabourets de paille, une table à écrire, une commode en acajou, un secrétaire plaqué de bois de rose, un paravent à six feuilles de drap vert, sur la cheminée une pendule de Dutertre et deux baromètres dorés.

Dans la chambre de Cléry : un lit à quatre colonnes garni de siamoise noire, verte, rouge et jaune, une bergère en toile d’Orange, quatre chaises en velours d’Utrecht à petits carreaux vert et blanc, une commode en bois de rose, une armoire en chêne.

Une liste établie le 25 octobre 1792 des meubles mis à la disposition du roi énumère quelques meubles supplémentaires comme bidet, fauteuil d’affaire , tables de nuit et une couchette pour le Dauphin qui reste auprès de son père jusqu’au 11 décembre 1792.
Pendant ces trois semaines de séparation, la famille royale se retrouve au moment des repas (dans la salle à manger de l’appartement du Roi) et pendant la promenade.


…et dans la série de Guy-André Lefranc Marie-Antoinette (1976)

Le 26 octobre 1792
Le reste de la famille royale rejoint le Roi dans la Grande Tour. On sépare la Reine de Son fils, qui logera avec le Roi.
Détention de la famille royale
Le rez-de-chaussée n’avait pas été transformé. Le conseil de surveillance du Temple s’y installe le 8 décembre 1792. Cette vaste pièce d’environ soixante mètres est meublée de quatre lits destinés aux commissaires, d’un bureau, d’un pupitre destiné à Jean-Baptiste Cléry, d’armoires, dont l’une renferme les registres. C’est dans cette salle que les municipaux prennent leurs repas en compagnie des officiers de la Garde Nationale en service au Temple.
Le premier étage abrite le corps de garde, soit une quarantaine d’hommes qui couchent sur des lits de camps. Comme le rez-de-chaussée, cette salle est restée en l’état. Des sonnettes relient le corps de gardes à la salle du conseil et aux appartements de la famille royale. Le même escalier en colimaçon dessert tous les étages.

Le deuxième étage est affecté au Roi. Un couloir coudé, barré de deux portes, l’une en fer, la seconde en chêne, donne accès à l’escalier. Il comprend quatre pièces. Chacune est éclairée par une fenêtre grillagée et en partie obstruée par un abat-jour en forme de hotte. Dans l’antichambre on a affiché la Déclaration des droits de l’homme encadrée de tricolore. Cette pièce est en pierre de tailles et est meublée de quatre chaises, d’une table à écrire et d’une table à trictrac. Une cloison vitrée la sépare de la salle à manger. La chambre du Roi est tapissée de jaune vif et communique avec l’antichambre avec une double porte à vantaux. On la laisse ouverte toute la journée pour faciliter la surveillance. Cette pièce est dotée d’une cheminée qui fait face à la porte, surmontée d’une glace. Le lit du Roi est placé contre la cloison. En prolongement du lit royal, le lit de sangle destiné au Dauphin. Les meubles de l’étage du Roi proviennent du Palais du grand prieur de Malte. La tourelle sert d’oratoire. Auprès de la chambre du Roi se trouve la chambre de Jean-Baptiste Cléry. L’autre tourelle sert de garde-robe, la troisième tourelle de bûcher.



Le troisième étage est réservé à la Reine, à Sa fille et à Madame Élisabeth. L’appartement a la même superficie que celui du Roi. Il n’en est pas l’exacte réplique. L’antichambre identique précède la chambre de la Reine, située au-dessus de celle du Roi. elle a également une double porte. Elle est meublée d’une table, d’un lit de repos et de chaises. La chambre de la Reine est tapissée de papier-peint à fleur de couleur verte sur fond bleu, a une porte à deux vantaux et possède une cheminée. On a placé le lit de Marie-Thérèse de France dans une encoignure ; ce n’est qu’une couchette. Il y a aussi un canapé, une commode, un paravent et deux tables de nuit.

Aussi modeste que chez le Roi, il n’est question que de commodes d’acajou, de tables de nuit et bidets de même bois, de tables en noyer, de sièges recouverts de damas vert et blanc ou de Perse, de sièges garnis de canne ou de paille, d’un écran, d’un paravent, de deux pendules de Lepaute de neuf flambeaux argentés et de feux, pelles, pincettes et soufflets.

La provenance de ces meubles n’est pas précisée, mais leur similitude avec certains meubles de Berthelemy laisse penser qu’ils sont en partie soustraits du mobilier de la Petite Tour.

Une tourelle sert de cabinet. La chambre obscure de Madame Élisabeth est située sous la chambre de Cléry, elle est pourvue d’une cheminée, d’un lit de fer, une commode, une table, deux fauteuils et deux chaises.


À ce même étage les Tison couchent au-dessus de la salle à manger du Roi.

9. Chambre de la Reine et de Madame Royale
10. Cabinet de la tourelle
11. Chambre de Madame Elisabeth
12. Antichambre
13. Logement des époux Tison

Le quatrième étage est inoccupé, il sert de grenier. Entre les créneaux et les pans de la haute toiture d’ardoise court une galerie ou plutôt un chemin de ronde. Au début de son emprisonnement, la famille royale peut s’y promener ; pour cela, le conseil du Temple fait garnir les espaces entre les créneaux par des planches qui empêchent les promeneurs d’être vus.

Les commissaires, désignés chaque soir par l’Hôtel de ville, disposent d’une chambre chacun et d’une salle de réunion.

Dans le bâtiment où s’ouvre la grande porte de l’enclos et qui borde la rue du Temple, se trouvent les loges des concierges, l’économat et les cuisines. La troupe a établi ses quartiers dans le palais du grand prieur. Elle comprend un commandant général, un chef de légion, un sous-adjudant général, un adjudant-major, un porte-drapeau, vingt artilleurs servant deux canons, soit 287 hommes, en comptant les officiers subalternes, les sous-officiers et les simples soldats. Cette garde est désignée à tour de rôle par les huit divisions composant la Garde Nationale de Paris.



En novembre 1792
Malgré le poêle qu’on a installé, il fait froid au Temple. Victime d’une «fluxion à la tête», Louis XVI passe plusieurs jours au lit. Sa femme et sa sœur se relaient à son chevet. Cléry, son valet de chambre, s’occupe de lui avec le plus grand dévouement et vaque également aux soins du ménage.
Marie-Antoinette fait Elle-même la toilette de Son fils et l’aide à s’habiller.




Les journées des prisonniers se succèdent, immuables.









Titre de la série : Le Temple. Captivité de la famille royale au Temple.
Estampe, d’après un dessin de Jean-Jacques Lequeu (1757-1825)

Il sera ensuite conservé par le chevalier François-Augustin Reynier de Jarjayes, puis remis au prince Sixte de Bourbon-Parme et en hommage à la mort tragique de jeune Dauphin, ce fauteuil sera habillé de deuil.





Peu à peu la Famille Royale adopte un rythme de vie régulier :
6 h : lever du Roi. Prière. Le reste de la famille se lève un peu plus tard.
9 h : petit-déjeuner, assez copieux, du moins au début puis instruction des enfants
12 h : promenade sur le chemin de ronde
13 h : retour dans les appartements
14 h : déjeuner puis jeux du type échecs et broderie
16 h : sieste du Roi puis, de nouveau, instruction des enfants
20 h : dîner et coucher des enfants
21 h : dîner des adultes
Vers minuit : coucher
![Louis XVI and his family in the Temple, after a painting by Edward Ward. 19th century.
[credit: AKG Images]](https://66.media.tumblr.com/5bfc6e6321ff2b11917c47e955dbac39/tumblr_nknwn76unx1qatfdco1_500.jpg)




Le 3 décembre 1792
Pétion renforce la décision de faire juger Louis XVI par la Convention.


Le 11 décembre 1792
Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. Monsieur de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.


Le 25 décembre 1792
Louis XVI rédige son testament :
« Au nom de la très Sainte Trinité du Père du Fils et du St Esprit. Aujourd’hui vingt cinquième jour de Décembre, mil sept cent quatre vingt douze. Moi Louis XVIe du nom Roy de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille de plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune Loy existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelqu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Eglise Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de St Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Eglise, les Sacrements et les Mystères tels que l’Eglise Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchire l’Eglise de J.C., mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Eglise suivie depuis J.C. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés. J’ai cherché à les connaître scrupuleusement à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Eglise Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution ou je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du Sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux; je lui recommande surtout d’en faire de bons chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde-ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de Mère, s’ils avoient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrois lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyoit avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur Mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. je les prie de regarder ma sœur comme une seconde Mère.
Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roy de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses Concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Loys, mais en même temps qu’un Roy ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étoient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM. de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie M. de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers a ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM. de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Fait double à la Tour du Temple le 25 Décembre 1792.
Louis.»

Le 26 décembre 1792
Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.

Le député Barère, s’appuyant sur une pétition du Mâconnais demande de traduire Marie-Antoinette devant la justice.


En réalité le Roi loge en dessous de sa femme, ses enfants et sa sœur.

Le 13 janvier 1793
Les commissaires de service au Temple informent le Conseil général que la fille de Marie-Antoinette, étant malade depuis quinze jours, et ses jambes commençant à s’engorger, par l’effet d’une incommodité naturelle à son sexe, demande que le médecin Brunier vienne la voir .
Le conseil arrête que le docteur Brunier pourra voir et soigner la malade, mais qu’il ne pourra communiquer avec Marie-Antoinette qu’en présence des commissaires de service et que toutes les drogues seront dégustées par l’apothicaire.

Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.
Le 20 janvier 1793
Vers deux heures de l’après-midi
La Convention envoie à la maison du Temple une délégation chargée de notifier le verdict au condamné. Ladite délégation est conduite par Dominiqure Garat (1749-1833), ministre de la Justice. Il est dans sa tâche assisté de Jacques-René Hébert (1757-1794), substitut du procureur de la Commune, et de Malesherbes.

Les voyant arriver, le Roi déchu remarque les sanglots de son avocat. Avant même l’énoncé du verdict, il lui déclare :
« Je m’attendais à ce que vos larmes m’apprennent ; remettez-vous, mon cher Malesherbes. »
Garat lui annonce alors l’énoncé du verdict puis lui précise aussitôt que la sentence sera mise en œuvre dans les vingt-quatre heures. À la surprise de tous, l’ancien Roi reste impassible. Hébert, l’ayant jusqu’alors toujours méprisé et insulté dans ses articles parus dans Le Père Duchesne, écrira :
« Il écouta avec un sang-froid rare la lecture du jugement. Il eut tant d’onction, de dignité, de noblesse, de grandeur dans son maintien et ses paroles, que je ne pus y tenir. Des pleurs de rage vinrent mouiller mes paupières. Il avait dans ses regards et dans ses manières quelque chose de visiblement surnaturel à l’homme. Je me retirai, voulant retenir des larmes qui coulaient malgré moi et bien résolu de finir là mon ministère. »
Jacques-René Hébert
Louis XVI écrit alors cette dernière lettre à la Convention Nationale :

« Je demande un délai de trois jours pour pouvoir me préparer à paraître devant Dieu. Je demande pour cela de pourvoir voir la personne que j’indiquerai aux commissaires de la Commune et que cette personne soit à l’abri de toute inquiétude et de toute crainte pour cet acte de charité qu’elle remplira auprès de moi. Je demande d’être délivré de la surveillance perpétuelle que le Conseil Général a établi depuis plusieurs jours.
Je demande dans cet intervalle à pouvoir voir ma famille quand je le demanderai et sans témoins. Je désirerais bien que la Convention Nationale s’occupât tout de suite du sort de ma famille, et qu’elle lui permit de se retirer librement et convenablement où elle le juge utile et à propos
Je recommande à la bienfaisance de la Nation toutes les personnes qui m’étaient attachées. Il y en a beaucoup qui avaient mis toute leur fortune dans leurs charges, et qui n’aient plus d’appointements doivent être dans le besoin et même de celles qui ne vivaient que de leurs appointements. Dans les pensionnaires il y a beaucoup de vieillards, de femmes et d’enfants qui n’avoient que cela pour vivre
Louis
À la Tour du Temple le 20 janvier 1793.»
La délégation se retire puis revient donner la réponse de la Convention à ces différentes requêtes : celles-ci sont toutes accordées, hormis le délai supplémentaire de trois jours. L’exécution aura donc lieu comme prévu le lendemain.
La délégation se retire définitivement. Il est six heures en cette soirée du 20 janvier 1793.
Le délai demandé est refusé mais Louis pourra faire ses adieux à sa famille et se confesser avant que mort ne s’en suive le lendemain.
Le 20 janvier 1793 au soir
Louis XVI passe la soirée avec sa femme, ses enfants et sa sœur .


![Detail from an engraving depicting Louis XVI bidding farewell to his family, circa late 18th century. [credit: AuctionArt - Rémy Le Fur & Associés]](https://66.media.tumblr.com/b089a7f8467da5e215c0d5040329d95a/tumblr_pz2af0xEnh1qatfdco1_500.png)




Le lundi 21 janvier 1793
Vers six heures du matin
L’abbé Henri-Edgeworth de Firmont (1745-1807), un prêtre insermenté, recommandé par Madame Élisabeth, célèbre l’ultime messe de Louis XVI.



À sept heures
Louis XVI confie ses dernières volontés à l’abbé. Il transmet à Cléry son cachet aux armes de France pour le Dauphin et son alliance pour la Reine.

A propos de l’anneau, il confie à son valet à l’intention de la Reine :
« Dites-lui bien que je le quitte avec peine. »

Il conserve au doigt l’anneau du sacre.
En ce matin du 21 janvier, la température extérieure est basse : il fait 3 °C. Un brouillard épais enveloppe Paris.

Dans la seconde cour de la maison du Temple, la voiture verte du maire de Paris Nicolas Chambon (1748-1826) attend, ce dernier ayant obtenu que le Roi ne soit pas conduit dans la charrette des condamnés.

Louis XVI y prend place avec l’abbé . Deux personnes de la milice s’installent face à eux. Avant de monter, le Roi se tourne vers l’un des concierges de la prison et lui déclare :
« J’ai eu un peu de vivacité avec vous avant-hier soir, ne m’en veuillez pas ! »

Vers neuf heures
La voiture quitte le Temple au son de tambours et de trompettes. Des canons sont postés à chaque endroit stratégique. Le convoi est précédé d’environ deux cents gendarmes à cheval. Les Parisiens sont venus en nombre assister à l’exécution, tant sur le trajet qu’à l’emplacement de la guillotine. Les volets sont clos et les boutiques fermées. La plupart des personnes sont silencieuses.
Vers dix heures et quart
Le cortège arrive place de la Révolution et s’arrête au pied de l’échafaud. Accueilli par le bourreau Charles-Henri Sanson (1739-1806) à sa descente du carrosse, le monarque désigne son confesseur à l’un des bourreaux et lui dit :
« Je vous recommande le prêtre que voici. Ayez soin qu’après ma mort il ne lui soit fait aucune insulte».
Calme, il ôte ensuite lui-même sa redingote brune et sa cravate. À la demande de Sanson, il ouvre le col de sa chemise.

Voyant qu’on veut lui lier les mains, le Roi refuse :
« Me lier ! Non, je n’y consentirai jamais. Faites ce qui vous est commandé, mais vous ne me lierez pas, renoncez à ce projet. »

Évoquant l’exemple du Christ, l’abbé de Firmont réussit à le convaincre. Louis XVI déclare alors à ses bourreaux :
« Faites ce que vous voulez, je boirai le calice jusqu’à la lie. ».
On lui lie alors les mains dans le dos par son propre mouchoir ; un assistant de Sanson découpe grossièrement son col puis le rabat et lui coupe les cheveux. Accompagné par des roulements de tambour, le Roi, assisté de l’abbé Edgeworth, monte sur l’escalier et rejoint les cinq bourreaux (Sanson et ses quatre assistants) sur la plate-forme.
![An illustration of Louis XVI on the scaffold from Histoire populaire de France, volume 4. 1880.
[source: Archive.org]](https://66.media.tumblr.com/f65f04ac05239b69aaf98b4f5ab2a338/tumblr_nknnlxyAwV1qatfdco1_500.jpg)
Contre toute attente, Louis XVI s’avance sur le bord gauche de l’estrade. Il fait signe aux tambours de s’arrêter et déclare d’une voix forte :
« Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. »

Il veut poursuivre mais Santerre (1752-1809) donne l’ordre de faire battre à nouveau les tambours pour couvrir sa voix. L’abbé de Firmont lui crie alors :
« Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! »

![The Last Look of Louis XVI, King of France; 1793 Swedish engraving. [credit: Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie]](https://66.media.tumblr.com/8799a3c9121ad09720318aab97adc615/tumblr_ok21m3hIEY1qatfdco1_500.jpg)


A dix heures vingt-deux minutes
Sa planche bascule, la lunette de bois se referme sur sa tête et le bourreau Sanson actionne le couperet.
Gros, un assesseur du bourreau, saisit la tête sanguinolente et la présente au peuple. Quelques Parisiens crient « Vive la Nation ! Vive la République ! Vive la liberté ! »


Jacques Roux, commissaire de la Commune de Paris, rédige le procès-verbal de l’exécution ; il précise que des citoyens recueillent sur l’échafaud ensanglanté le sang du Roi avec leurs mouchoirs, leurs piques ou leurs sabres.

Le canon tonne et prévient la famille du Roi restée à la Tour du Temple que l’exécution a eu lieu.



Le 24 janvier 1793
Madame Royale est soignée par le Docteur Brunier:
Gouache de Jean-Baptiste Mallet: Au centre, assise sur une chaise, se tient Marie-Antoinette, à Sa gauche, Madame Royale, vêtue de blanc sur un fauteuil, et le jeune Louis XVII qui se tient debout. Entre eux Madame Elisabeth. A droite de la composition, deux » municipaux » surveillent la scène.






Le 28 février 1793
Le valet de chambre Cléry (1759-1809) est renvoyé du Temple




Le 20 mars 1793
Après l’exécution du Roi, Marie-Antoinette demeure au Temple avec Ses deux enfants et Sa belle-sœur Élisabeth. Quelques fidèles ont tenté de les faire évader.

D’abord un officier municipal, nommé Toulan, Méridional au cœur chaud qui, muni d’un billet de la Reine, entre en rapport avec Jarjayes et lui soumet un plan hasardeux. Des habits d’officiers municipaux seront cachés dans la Tour, la Reine et Madame Élisabeth les revêtiront le jour où Toulan sera de garde avec son collègue Lepitre, comme lui royaliste de cœur.
Un faux lampiste viendra allumer les réverbères, les enfants déguisés lui seront remis, ils passeront pour les siens.
Tout paraît d’abord succéder.

Adroit, Toulan fait pénétrer au Temple Jarjayes qui, ayant parlé a la reine, fournit les fonds nécessaires. On se procure des voitures et des passeports; les fugitifs doivent gagner la Normandie puis l’Angleterre.
Mais Toulan est dénoncé a la Commune et le projet avorte. Marie-Antoinette pourrait s’enfuir seule, elle refuse, veut partager le sort de ses enfants : « Nous avons fait un beau rêve, voilà tout… »
Le 22 juin 1793
Le baron de Batz, singulier personnage au cerveau débordant d’idées, royaliste fougueux, financier sans vergogne, s’il n’a pu sauver Louis XVI le 21 janvier, n’a pas renoncé a sauver sa famille.
A son tour, ce diable d’homme, aidé de l’officier municipal Mîchonis et d’un épicier appelé Cortey, capitaine dans la garde nationale, s’introduit au Temple, le jour où Michonis est de service à la Tour.
Les princesses, revêtues de capotes d’uniforme, doivent sortir l’arme au bras avec le dauphin dans une patrouille conduite par Cortey.

A onze heures du soir
Le moment paraît venu.

Mais, avertie par une lettre anonyme (provenant sans doute des Tison, espions qu’elle a placés au Temple), la Commune envoie l’un de ses membres, le cordonnier Simon, inviter Michonis a lui remettre ses pouvoirs et a se rendre à l’Hôtel de ville.
Michonis ne peut qu’obéir, Batz s’enfuit; une fois de plus le complot a avorté.

Le 29 juin 1793
Prise de remords terribles, madame Tison sombre bientôt dans la folie . Il faut la retirer de la tour du Temple.

Le 3 juillet 1793 à dix heures du soir
Louis-Charles, Louis XVII, est enlevé à sa mère et confié au cordonnier Antoine Simon (1736-1794).
Images du film de Van Dyke , Marie-Antoinette (1938) avec Norma Shearer

Pendant une heure, la Reine lutte pour convaincre les cinq municipaux de Lui laisser Son fils… en vain…


Ce n’est que lorsque les envoyés du Comité de salut public La menacent de s’en prendre à la vie de Ses enfants que Marie-Antoinette les laissent emmener Son Chou d’amour qui logera dans l’ancien « appartement » de Louis XVI, un étage en dessous…





Le savetier Simon, ivrogne qui sait à peine lire, sera son nouvel instituteur.


La Reine reste avec Sa fille et Sa belle-sœur. Elle guette les passages de Son fils dans l’escalier du Temple.





Le 2 août 1793 à deux heures quarante du matin
Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.


-Vous êtes-vous fait mal ?
-Oh! Rien n’a présent ne plus me faire de mal


En août 1793
Grâce à Michonis Marie-Antoinette obtient qu’on Lui envoie du Temple un colis de la part de Madame Élisabeth contenant des chemises, deux paires de bas de soie noire, une cape et une paire de chaussures à la «Saint-Huberty», dont Elle avait besoin d’urgence, car les Siennes étaient pourries par l’humidité…

Le 5 septembre 1793
La Terreur est mise à l’ordre du jour.

Le 17 septembre 1793
Loi des suspects
Le 3 octobre 1793
La Reine est déférée au Tribunal révolutionnaire.
« Le quinzième jour du premier mois de l’an second de la République française une et indivisible, Nous, maire, procureur syndic et membres de
la commune de Paris nommés par le conseil général de ladite commune pour prendre des renseignements sur différents faits qui se sont passés au
Temple, et recevoir les déclarations à cet égard, nous sommes rendus au Temple et arrivés dans ladite Tour, et nous étant présentés au Conseil du
Temple, sommes montés à l’appartement du premier occupé par Louis Charles Capet pour entendre ses déclarations au sujet des propos et des événements dont il peut avoir connaissance. Il nous a déclaré que l’hiver dernier pendant qu’il habitait l’appartement de ses mère, tante et sœur, un particulier, nommé Dangé, était de garde auprès d’eux en qualité de commissaire du conseil ; un jour qu’il l’accompagnait à la promenade sur la plate-forme de la Tour, il le prit dans ses bras, l’embrassa et lui dit : « Je voudrais bien vous voir à la place de votre père. »
Nous a déclaré pareillement qu’un autre particulier nommé Toulan, étant aussi de garde à la Tour à la même époque, lesdites femmes l’enfermèrent, lui déclarant, avec sa sœur dans une des tourelles pendant une heure et demie, un peu avant qu’on allumât la chandelle, et que pendant ce temps il s’est entretenu avec lesdites femmes, et qu’il n’entendit pas le sujet de leur conversation.Que dans une autre circonstance il entendit dire par ledit Toulan à sa mère et à sa tante que tous les soirs il enverrait aux environs du Temple un
colporteur à dix heures et demie du soir pour lui faire crier toutes les nouvelles qui pourraient les intéresser; que par suite de cette promesse il s’aperçut que lesdites femmes un soir, ne se couchèrent qu’à onze heures passées et montrèrent de l’humeur de n’avoir point entendu les cris accoutumés dudit colporteur.Il a déclaré encore que quatre particuliers nommés Lepitre, Bruneau, Toulan et Vincent, pendant la durée de leur service dans les appartements
avaient coutume d’approcher desdites femmes et de tenir des conversations avec elles à voix basse.Déclare en outre qu’ayant été surpris plusieurs fois dans son lit par Simon et sa femme, chargés de veiller sur lui par la Commune, à commettre sur
lui des indécences nuisibles à sa santé, il leur avoua qu’il avait été instruit dans ces habitudes pernicieuses par sa mère et sa tante, et que différentes
fois elles s’étaient amusées à lui voir répéter ces pratiques devant elles, et que bien souvent cela avait lieu lorsqu’elles le faisaient coucher entre elles.Que de la manière que l’enfant s’en explique, il nous a fait entendre qu’une fois sa mère le fit approcher d’elle, qu’il en résultat une copulation et que il en résulta un gonflement à un de ses testicules, connu de la citoyenne Simon, pour lequel il porte encore un bandage et que sa mère lui a recommandé de n’en jamais en parler, que cet acte a été répété plusieurs fois depuis.
Il a ajouté que cinq autres particuliers nommés Moelle, Lebœuf, Beugnot, Michonis et Jobert, conversaient avec plus de familiarité que les autres commissaires du Conseil avec sa mère et sa tante ; que Pétion, Manuel, Bailly et Lafayette s’étant comportés très mystérieusement aux Tuileries avec les femmes, il estimait qu’il existait une correspondance directe avec les quatre hommes et les commissaires du Temple depuis la détention de ces femmes au Temple, que dans l’intervalle de ces conférences on l’éloignait.
Il nous a déclaré qu’il n’avait rien de plus à nous faire connaître.
Le citoyen et la citoyenne Simon nous déclare avoir appris ces faits de la bouche de l’enfant qui les leur a répété plusieurs fois et qu’il les pressait
souvent de le mettre à portée de nous en faire la déclaration.Après avoir reçu la présente déclaration, y avons posé notre signature conjointement avec le citoyen Hébert, substitut du procureur-syndic de la Commune qui est survenu.
A Paris, dans la Tour du Temple les jour et an que dessus.
LOUIS-CHARLES CAPET.
PACHE, maire; CHAUMETTE, procureur-syndic ; HÉBERT, substitut;
FRIRY, commissaire du conseil général; SEGUY, commissaire de service au Temple ; HEUSSÉE, administrateur de police ; SIMON ; D. E. LAURENT, commissaire du conseil général.»
CAMPARDON, Emile, Marie-Antoinette à la Conciergerie (du 1er août au 16 octobre 1793) : pièces originales conservées aux Archives de l’Empire, suivies de notes historiques et du procès imprimé de la reine, Paris, 1863, p.66-71.
Hébert prépare son ignoble accusation d’inceste. On fait signer un aveu au petit Louis-Charles, qui y révèle des choses affreuses , notamment que sa mère et sa tante le faisaient souvent coucher entre elles… Lorsqu’Élisabeth est confrontée à son neveu elle ne peut relâcher :
« Le petit monstre !!!»
Le 19 janvier 1794
Simon, rappelé à ses fonctions municipales, quitte le Temple. Sa femme, malade, quitte également la prison.
Le 9 mai 1794 au soir



On extirpe Madame Élisabeth du Temple, on la conduit à la Conciergerie où à son arrivée personne ne lui dit ce qu’il est advenu de la Reine… elle pense être mise en cellule avec Elle, mais devant la gêne et le silence elle pense que Marie-Antoinette en tant que reine déchue est mise au secret…

En fait, ce n’est que pour la présenter au Tribunal Révolutionnaire … D’ailleurs son procès est un bel exemple de mascarade révolutionnaire à son apogée … très certainement le procès de trop.
Ce fut la section du Panthéon français qui demanda officiellement son procès et sa mort…
« il est temps que la terre de la liberté cesse de nourrir ses plus mortels ennemis»…
en fait la terre de la liberté préférait s’arroser du sang de victimes innocentes…



Robespierre et le comité du salut public n’ont pas eu un rôle simple… D’une part satisfaire les exigences de la nation… et d’autre part trouver les moyens de discréditer la «sainte du Temple» comme dit Monique de Huertas. Rien ne peut être prouvé et articulé contre elle, d’autant que personne n’y croirait… Madame Élisabeth n’est pas Marie-Antoinette aux yeux des français.

Madame Royale reste seule au Temple, au dessus de chez son petit frère…

Le 27 juillet 1794
Chute de Maximilien de Robespierre ( né le 6 mai 1758), il est guillotiné le lendemain.

Jusqu’au 28 juillet 1794
Louis-Charles est enfermé au secret dans une chambre obscure, sans hygiène ni secours, pendant six mois. Son état de santé se dégrade, il est rongé par la gale et surtout la tuberculose. Il vit accroupi. Sa nourriture lui est servie à travers un guichet et peu de personnes lui parlent ou lui rendent visite. Ces conditions de vie entraînent une rapide dégradation de son état de santé. L’isolement total dans lequel il est placé laisse planer un certain mystère et donne l’occasion à l’imagination populaire de soulever l’hypothèse de substitution de l’enfant et de son exfiltration, donnant naissance au « mythe évasionniste et survivantiste ».
Le 28 juillet 1794
Le député Barras découvre ainsi un enfant mutique, brisé psychologiquement. Les comités de salut public et de sûreté générale nomment Laurent, membre du comité révolutionnaire de la section du Temple, pour le garder, lui et sa sœur.

Son sort s’améliore relativement, mais le prisonnier de la tour du Temple est rongé par la tuberculose, ce qu’omet de signaler Laurent lorsqu’il écrit, sur le bulletin de la tour du Temple, que les prisonniers « se portent bien ».

Le 9 novembre 1794
Jean-Baptiste Gomin (1757-1841) est nommé adjoint de Laurent et devient gardien des enfants de France à la prison du Temple.
Le 31 mars 1795
Laurent démissionne.
Il est remplacé par Etienne Lasne (1757-1841) de la section Des droits de l’homme.
Le 3 mai 1795 (14 Floréal an III)
Les gardiens Gomin et Lasne inscrivent sur les registres du Temple « Le petit Capet est indisposé ».

Le 6 mai 1795 (17 Floréal an III)
La tuberculose prend un tour critique, caractérisé par l’apparition d’une péritonite.
Dans les derniers jours de mai 1795
Les gardiens signalent au comité de Sûreté générale que l’enfant Capet manifeste « une indisposition et des infirmités qui paraissent prendre un caractère grave ».
Le Comité « arrête que le premier officier de santé de l’hospice de l’Humanité visiterait le malade en présence de ses gardiens et administrerait des remèdes ». Le docteur Desault passe à cette époque pour être le premier praticien de Paris.
Le 29 mai 1795
Desault fait sa dernière visite au malade car il meurt le 1er juin, à l’âge de 57 ans.
Le 6 juin 1795
Le docteur Pelletan ,48 ans, chirurgien en chef de l’Hospice de l’Humanité, succède au docteur Desault.

Ne voulant pas prendre seul la responsabilité de soigner l’enfant, le Comité de sûreté général lui adjoint le docteur Dumangin, 51 ans, médecin chef de l’hospice de l’Unité (Hôpital de la Charité de Paris).
Dans la nuit du 7 au 8 juin 1795
Gomin et Lasne alarmés par l’état de santé de l’enfant ont envoyé cherché en urgence le docteur Pelletan. Il répond qu’il viendra demain matin avec le docteur Dumangin.
Le lundi 8 juin 1795 (20 prairial an III)
Les docteurs Dumangin et Pelletan arrivent ensemble à onze heures du matin au Temple, l’état de l’enfant s’est aggravé.
Le 8 juin 1795
Louis XVII meurt dans sa prison, probablement d’une péritonite ulcéro-caséeuse venue compliquer la tuberculose (le « vice scrofuleux » qui a déjà coûté la vie à son frère aîné), à l’âge de dix ans et après presque trois ans de captivité.
« Le sieur Lasne gardien et moi, nous prêtions nos soins au petit dauphin, et enfin à trois heures (de l’après-midi) lorsque le sieur Gomin fut revenu, l’enfant venait de mourir ». Pelletan arrivé à quatre heures confirme la mort. Le docteur Dumangin arrive à huit heures, il apprend le décès du fils Capet.»
Témoignage de Damont commissaire civil au Temple


Le 9 juin 1795
Le chirurgien Philippe-Jean Pelletan réalise son autopsie qui confirme le diagnostic de tuberculose. Il est secondé par trois médecins.
« Vous m’aviez à la vérité proposé d’autres adjoints; et sur mon observation que, d’après les qualités personnelles et les rapports qu’avaient eus M. Pierre Lassus (1741-1807) avec Mesdames de France et Nicolas Dieudonné Jeanroy (1750-1816) dans la Maison de Lorraine, leurs signatures seraient d’un tout autre poids, vous aviez agréé ce choix »
Le docteur Dumangin rédige le procès-verbal d’autopsie, recopié en quatre exemplaires : Un pour le Comité de sûreté générale et un pour chaque médecin. L’exemplaire du docteur Dumangin est conservé aux Archives Nationales depuis 1891.
Le 12 juin 1795
Louis-Charles est enterré dans le cimetière Sainte-Marguerite. Sous la Restauration, Louis XVIII fait rechercher la sépulture de son neveu : l’énigme de « l’enfant du Temple » se développe alors avec les témoignages contradictoires de ceux qui ont assisté à l’enterrement le 10 juin (fossoyeur, concierge du cimetière, abbé …) qui évoquent une inhumation en fosse commune (le corps ne pouvant dès lors plus être identifié), une réinhumation dans une fosse particulière près de la Chapelle de la Communion de l’église, voire dans le cimetière de Clamart.

Le 24 juin 1795
Monsieur, toujours en émigration , est proclamé Roi sous le nom de Louis XVIII.

L’été 1794
Des admirateurs anonymes louent un appartement au quatrième étage de la rotonde qui fait face à la tour du Temple. Là, profitant de ce que les bruits portent facilement, ils organisent de petits concerts de musique de chambre, toutes fenâtes ouvertes, pour en faire profiter l’illustre prisonnière. Parmi les habitués de ces petits concerts, la police identifie les anciens valets de Louis XVI, Hue et Cléry, et leurs épouses, ainsi que Madame de Tourzel et ses filles. Ces dernières qui se doutent de la situation de la princesse, s’offrent pour lui tenir compagnie.
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines




Le 8 décembre 1795
Pierre Bénézech (1745-1802), ministre de l’Intérieur, commet le citoyen Gomin, l’un des commissaires à la garde du Temple, «d’accompagner jusques à Basle Marie Thereze Charlotte aujourdhuy détenue au Temple. Il se conformera en tout aux instructions qui lui seront donnée par le citoyen Mechin chargé de la conduite de Marie Thereze Charlotte et de son échange»... Bâle 5 nivôse (26 décembre). Théobald Bacher (1748-1813), chargé d’affaires de la République en Suisse, certifie que «la fille du dernier Roi des français ayant été remise à Basle, en ma présence, au Prince de Gavre commissaire autrichien», la commission dont fut chargé le citoyen Gomin se trouve remplie: «il s’en est acquitté avec tout le zèle et l’exactitude possible»…

Le 18 décembre 1795
Madame Royale quitte la prison du Temple pour être remise à sa famille autrichienne… en échange des commissaires français livrés aux Autrichiens par Dumouriez, dont fait partie Jean-Baptiste Drouet (1763-1824), le sinistre responsable de l’arrestation de la famille royale à Varennes…

Au contraire de sa mère, Marie-Thérèse sera très proche de sa tante, Marie-Christine (1742-1798) pendant son exil à Vienne jusqu’au décès de cette dernière en 1798.


« Je suis sortie du Temple le 19 décembre à 11 heures et demi du soir sans être aperçue de personne à la porte de la rue j’ai trouvé Mr Benezech. La rue du temple était déserte il n’y avait que l’homme attaché à Mr Benezech. Il m’a donné le bras et nous avons été à pied jusqu’à la rue Mélée, là nous avons rencontré sa voiture où je suis monté avec lui et Mr Gomin. Nous avons fait plusieurs tours dans les rues et enfin nous sommes arrivés sur les boulevards devant l’opéra ou nous trouvâmes la voiture de poste avec Mde Soucy et Mr Méchin officier de gendarmerie […] aux portes de Paris on nous a demandé notre passeport. À Charenton la première poste, on n’a pas voulu d’assignats les postillons on voulu absolument être payés en argent»… Déjeuner à Guignes: «on ne m’a pas reconnu […] j’ai été reconnu à la poste de Provins, il y a eu du monde qui s’est assemblé près de la voiture»…
À Nogent sur Seine elle a été reconnue par la femme d’auberge qui la “traita avec beaucoup de respect.
« La cour et la rue se remplirent de monde nous remontâmes en voiture, on s’attendrit en me voyant et on me donna mille bénédictions»…
Puis Gray, Troyes, Vendeuvre, Chaumont, Fayl-Billot, Vesoul, Ronchamp, Belfort, avec des détails sur les haltes, les postes, les attroupements…
« Nous arrivâmes le soir à onze heures à Befort. Nous en repartîmes le lendemain 24 décembre à six heures du matin. Nous éprouvâmes encore beaucoup de difficultés dans le chemin enfin nous arrivâmes à Huningue à la nuit tombante le 24 décembre».
Elle ajoute, à propos de Jean-Baptiste Gomin (1757-1841) :
« Ce voyage malgré mon chagrin m’a paru agréable par la présence d’un être sensible dont la bonté dès longtemps m’était connue mais qui en a fait les dernières preuves en ce voyage par la manière dont il s’est comporté à mon égard, par sa manière active de me servir quoiqu’assurément il ne dut pas y être accoutumé. On ne peut l’attribuer qu’a son zèle. Il y a longtemps que je le connais cette dernière preuve ne m’était pas nécessaire pour qu’il eut toute mon estime mais il l’a encore davantage depuis ces derniers moments. Je ne peux dire davantage mon cœur sent fortement tout ce qu’il doit sentir; mais je n’ai pas de parole pour l’exprimer. Je finis cependant par le conjurer de ne pas trop s’affliger d’avoir du courage je ne lui demande point de penser à moi je suis sur qu’il le fera et je lui réponds d’en faire autant de mon côté».
Marie-Thérèse à Madame de Chanterenne

En 1796
L’église Sainte-Marie-du-Temple est détruite ainsi que le cimetière qui l’entourait.

On enferme au Temple les vaincus du camp de Grenelle ; puis les conspirateurs Brottier ; Duverne de Presle ; les proscrits du 18 fructidor avant leur déportation à Sinnamary ; l’anglais William Sidney-Smith (1764-1840), le défenseur de Saint-Jean d’Acre qui y restera deux ans ; enfin, après la découverte de la conspiration contre le premier consul, Moreau, Georges Cadoudal (1771-1804), les frères Polignac, Armand (1771-1847) et Jules (1780-1847), et Jean-Charles Pichegru (1761-1804) qui s’y étrangle.

Au début du XIXe siècle
La Tour du Temple devient un lieu de pèlerinage royaliste.
En 1808
Pour cette raison d’attachement à l’Ancien Régime, la Tour du Temple est détruite sur ordre de Napoléon Ier (1769-1821).


duchesse d’Angoulême, lorsqu’elle revint à Paris
En 1810
L’hôtel du Grand Prieur devient une caserne de gendarmerie.
En 1811
Le Temple est restauré pour servir de ministère des cultes.

Les alliés y établissent leur quartier général.
En 1812
La cavalerie prussienne campe dans l’enclos et les jardins.
En 1816
Louis XVIII fait don de l’hôtel à Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé, abbesse de Remiremont, qui fait élever une chapelle expiatoire dont l’entrée est rue du Temple. Cette princesse établit sous sa direction un couvent de Bénédictines qui existera jusque 1848.

En 1848
Les religieuses abandonnent l’hôtel du Temple qui est rattaché au domaine national.
En 1854
Le Temple est démoli, le sol nivelé, et il ne reste plus sur l’ancien enclos que la rotonde du Temple et les boutiques des revendeurs, au milieu des rues Cafarelli, Dupetit-Thouars, de la Petite-Corderie, Perrée, Dupuis, etc. qui forment le quartier du Temple.

En 1889

Sources :
-Henri de Curzon, La Maison du Temple de Paris : histoire et description : avec deux planches : thèse présentée à la Faculté des lettres de Paris, Hachette, Paris (1888)
–La famille royale au Temple : le remords de la Révolution de Charles-Éloi Vial (Perrin, 448 p.), 2018
–Mémoires de la duchesse de Tourzel, gouvernante des Enfants de France de 1789 à 1795
–Les Chroniques de la Révolution, Larousse, 1988
–Journal de ce qui s’est passé à la Tour du Temple, de Jean-Baptiste Hanet, dit Cléry
–Dernières Heures de Louis XVI par l’abbé Edgeworth de Firmont
-https://montjoye.net/maison-du-temple
–Mémoire écrit par Marie-Thérèse de France



Max de carrier doyer
triste histoire , pour une république vampire, vive le roy ,vive la reine ,vive louis dix sept .
COUSSEMENT Maurice
Bonjour
Je prépare une conférence sur ce sujet, et en particulier sur le passage de Madame Royale à Vesoul le nuit du 22 décembre 1795. J’ai trouvé aux archives de la ville des informations sur ce passage. Mais j’aimerais connaître si cela est possible, les détails de ce passage tels qu’ils sont décrits par Marie-Thérèse dans sa lettre « relation de voyage » adressée à madame de Chanterenne.
Bien cordialement
MC
Admin
Nous n’avons malheureusement pas les informations qui vous intéressent.
Olivia Legrand