
Vers 1751
Thérèse-Lucy de Rothe est née vers 1751. Elle est l’une des Dames du Palais de Marie-Antoinette. Elle est la maîtresse du prince de Guéménée.
En 1769
Elle épouse son cousin Arthur, comte de Dillon (1750-1794), né à Braywich en Angleterre le 3 septembre 1750, mort à Paris le 13 avril 1794. Député constituant, puis général français.

Arthur de Dillon
Le 25 février 1770
Naissance de sa fille, Henriette Lucy de Dillon (1770-1853), qui deviendra marquise de la Tour du Pin.
Dès lors,Thérèse-Lucy assiste à des concerts de virtuoses fameux chez l’archevêque de Narbonne, Mgr de Dillon. C’est probablement là qu’elle rencontra le prince de Guéménée (1745-1809), qui sera son grand amour. Ils vivront douze ans ensemble, jusqu’à sa mort qui le plongera dans un désarroi terrible.

Henri-Louis-Marie de Rohan, prince de Guéménée
En 1777
Le comte de Dillon prend part à la Guerre de l’Indépendance américaine.
En 1779

Arthur de Dillon
Alors qu’il n’est encore que colonel, Arthur de Dillon débarque sur l’île de la Martinique, commandant l’un des trois régiments irlandais envoyé par Louis XVI sous les ordres de La Motte Piquet. La venue de ces troupes aux Antilles est la conséquence de la participation de la France à la guerre d’indépendances des colonies britanniques des Etats-Unis d’Amérique. Le comte de Dillon est hébergé chez Laure de Girardin de Montgérald (1764-1816), cousine de Marie-Joseph-Rose de Tascher de la Pagerie plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, future épouse du général Bonaparte et impératrice.
Le 20 janvier 1780
La comtesse de Dillon est nommée dame du palais surnuméraire.
Les dames du palais sont, dans la maison de la Reine, des dames de qualité chargées d’accompagner la Reine. Les offices de dame du palais ont été mis en place au XVIIe siècle, pour remplacer les demoiselles d’honneur, jeunes filles non mariées, placées auprès de la Reine. Ces différentes catégories de dames (femmes nobles mariées) ont un rang supérieur aux femmes, de chambre et de garde-robe, qui ne sont pas nobles.
« Ma mère plut à la reine, qui se laissait toujours séduire par tout ce qui était brillant, Madame Dillon était très à la mode ; elle devait par cela seul entrer dans sa maison. Ma mère devint dame du palais. J’avais alors sept ou huit ans.»
Madame de la Tour du Pin
Selon Mercy-Argenteau (lettre à Marie-Thérèse du 18 février 1780) :
« La place de dame du palais surnuméraire accordée à la comtesse de Dillon a fait événement à Versailles, et y a donné lieu à beaucoup de combinaisons, à beaucoup de mesures calculées sur les différents intérêts des partis qui existent à la cour »
Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de Mercy-Argenteau
Si Marie-Antoinette a choisi cette dame, elle se méfie pourtant de la mère de sa candidate :
«Quelques mots sur madame de Roothe; nous les emprun-
Mémoires du duc de Lauzun
tons aux Lettres et Mémoires de Mirabeau, recueillis par le comte de
La Marck : «Madame de Roothe, mère de madame de Dillon, dit
La Marck, était intrigante et n’avait pas d’agréables manières. A
peine la reine eut-elle témoigné de l’amitié à madame de Dillon
et fait choix d’elle pour l’admettre au nombre de ses dames du
palais, qu’elle s’aperçut que madame de Roothe cherchait à tirer
parti de cette faveur pour se mêler de beaucoup de choses. Cela
suffit pour que la reine se tînt sur la réserve ; sans retirer son
amitié à madame de Dillon, elle en modéra les témoignages et
ne la rapprocha plus d’elle aussi particulièrement. »
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316323
Dans ses mémoires, Madame de la Tour du Pin explique que les dames qui assistaient au lever de la Reine se tenaient à contre-jour pour ne pas éclipser le teint «pourtant très frais et limpide» de Marie-Antoinette.

Certains détails sont instructifs, par exemple, le ménage de la chambre de la Reine pendant qu’Elle est à la messe:
Les femmes de chambre enlèvent les draps et les mettent dans des corbeilles doublées de taffetas, puis entrent quatre valets «tout gonflés de leur importance» qui, cérémonieusement, retournent le lourd matelas avant que les femmes ne déplient des draps frais.
On ne balaie et passe la serpillière qu’ensuite…
André Castelot précise encore :
« Si Marie- Antoinette voit de la poussière sur la courtepointe de son lit et qu’Elle fait appeler, à l’aide de plusieurs intermédiaires, les garçons de la chambre, ceux-ci répondent que cette poussière n’est point de leur compétence, «le lit de la Reine étant réputé meuble quand Sa Majesté n’y est pas couchée…» C’est donc au premier valet de chambre tapissier qu’il faut s’adresser…»
«Quelle importunité!»
https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/le-petit-jour-chez-la-reine/
https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/la-toilette-de-representation/
Selon l’Almanach de Versailles de 1781, elle reste surnuméraire et est mentionnée en 1782 comme dame du palais à part entière. L’Almanach royal ne mentionne pas quant à lui son statut de surnuméraire. Elle meurt en charge.
« Ma mère fut fort soignée dans ses derniers moments. La Reine vint la voir et tous les jours un piqueur ou un page était envoyé de Versailles pour prendre de ses nouvelles.»
Madame de la Tour du Pin
Le 7 septembre 1782
La comtesse de Dillon meurt à Paris.
Le lendemain, pourtant, le chevalier de l’Isle raconte son agonie:
Paris, le 8 septembre 1782.
« Vous demandez, mon bon Prince, ce que c’est que cela ? Je m’en vais vous le dire . C’est un pauvre homme, malheureux et triste, qui, trouvant injuste, de vous importuner de son malheur et de sa tristesse, pour cela même, ne vous écrit pas .
Le chevalier de l’Isle
Nous avions ramené Mme (de) Dillon dans un état inquiétant sans doute, mais qui laissait pourtant espérer la ressource du voyage de Naples : elle nous est entièrement ôtée. La faiblesse, la maigreur, la destruction, sont, en moins de huit jours, parvenues au dernier période ( sic ). Cette affreuse maladie est celle que les Anglais nomme «galoping consomption»( la tuberculose pulmonaire) . C’est en effet avec une incroyable rapidité qu’elle mène à la mort; mais elle a , du moins, l’avantage de si bien dérober au mourant la connaissance du danger et la proximité du terme, que Mme Dillon, de qui nous attendons, d’un instant à l’autre, le dernier soupir, s’occupe, à l’instant même où je vous parle, des préparatifs de son voyage d’Italie, des ressorts de sa voiture, de la façon de placer ses malles, et de l’habillement qu’elle adoptera comme plus commode.
Elle a demandé à la Reine, qui est venue passer une demi-journée avec elle, la permission de ne point faire sa première semaine. La Reine, en lui accordant, n’a pu retenir ses larmes qu’heureusement elle a cachées bien vite en abaissant son chapeau car elles eussent peut-être retiré Mme Dillon de l’heureuse ignorance dans laquelle nous espérons qu’elle finira.
Monsieur de Guéménée fait la plus grande pitié. Sa douleur est si profonde et si vraie qu’elle m’inspirerait un sensible intérêt si je le voyais pour la première fois . Je le connais et je l’aime depuis vingt ans. Vous jugez combien mon affliction personnelle s’accroît encore de la sienne. Je le quitterai d’autant moins qu’il ne peut, dans ce moment-ci, ne compter que sur moi seul. (…)»