
Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Découvrons comment se déroule la matinée de la Reine, avant que ne commence Sa Toilette officielle.
Le réveil
Le réveil du service
Le matin, la femme de garde-robe ou «porte-chaise d’affaire» qui a couché dans l’appartement entresolé de veille au dessus du salon de la Paix (CC 66A, William R. Newton, L’Espace du Roi), se lève ordinairement une heure avant la Reine. Elle se fait habiller par sa domestique puis accède à la chambre de la Reine, encore dans la pénombre, par la porte dérobée de l’alcôve. Sa fonction principale était de veiller à l’exécution du service de la chambre, de vider les tables de nuit et de recevoir les ordres de la Reine avant l’arrivée de la première femme de chambre qui prend son service juste après elle à l’heure du réveil de la Reine.
Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
La Première Femme de Chambre couche dans une chambre entresolée au-dessus du supplément de bibliothèque (CC 41, William R. Newton, L’Espace du Roi). Elle n’est là que pour l’Étiquette. Elle n’a presque nulle fonction pendant les toilettes, hormis la garde de l’écrin des bijoux et la direction les autres femmes. Elle remplace la dame d’honneur pendant les présentations subalternes faites pendant l’heure de la toilette.
Elle se lève à la même heure et aidée de sa propre femme de chambre, arrive à son tour dans la chambre de la Reine, accompagnée des deux femmes de chambre ordinaires de service qui logent dans les attiques de l’appartement de la Reine lors de leur service. Les garçons de la chambre vaquent aux tâches lourdes ménagères.

Elles restent seules ensuite dans la chambre jusqu’à l’heure du réveil commandée par la Reine. Elle introduit aussitôt les domestiques subalternes : d’abord la femme de garde-robe ou « porte-chaise d’affaires »
Madame Campan indique que « Cette femme (…) était introduite, au premier réveil pour enlever les tables de nuit et remplir toutes les fonctions de sa place, elle préparait l’eau pour laver les jambes de la reine » .


Chambre de la Reine dans la pénombre
La première femme de chambre de la Reine se tient, dans la journée, prête aux ordres, dans une chambre de veille contiguë à la chambre à coucher et à l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf.
Le réveil du Roi
Madame Campan, Éclaircissements historiques :
« Lorsque le roi couchait chez la reine, il se levait toujours avant elle ; l’heure précise était donnée à la première femme de chambre qui entrait, précédée d’un garçon de la chambre portant un bougeoir ; elle traversait la chambre, allait ôter le verrou de la porte qui séparait l’appartement de la reine de celui du roi. Elle y trouvait le premier valet de chambre de quartier et un garçon de la chambre. Ils entraient, ouvraient les rideaux du lit du côté où était le roi, lui présentaient des pantoufles, ordinairement en étoffe d’or ou d’argent, comme la robe de chambre qu’il passait dans ses bras. Le premier valet de chambre reprenait une épée courte qui était toujours placée dans l’intérieur de la balustrade du roi. Quand le roi couchait chez la reine, on apportait cette épée sur le fauteuil destiné au roi, et qui était placé près du lit de la reine, dans l’intérieur de la balustrade décorée qui environnait son lit. La première femme reconduisait le roi jusqu’à la porte, refermait le verrou, et sortant de la chambre de la reine, n’y rentrait qu’à l’heure indiquée la veille par Sa Majesté. »
Le réveil de la Reine
La Reine se lève à l’heure qu’elle a marquée le soir avant de se coucher.
Marie Antoinette se lève, généralement, entre huit et dix heures du matin. Son réveil est donc fort variable. Se couchant tard au début de son règne, elle se lève tard le matin.
Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Jeune Dauphine et encore considérée comme une enfant, elle indique les diverses heures de son réveil à sa mère dans sa lettre du 12 juillet 1770 (Correspondance établie par Evelyne Lever) :
« Je lui dirai donc que me lève à dix heures ou à neuf heures ou neuf heure et demie, et m’ayant habillée, je dis mes prières du matin ensuite je déjeune (….) »
Plus réglée avec les années, Marie-Antoinette se lève ensuite à huit heures.

Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Le feutier allume le feu ou attise les flammes de la cheminée.
Les garçons de la chambre ouvrent doucement les volets et rangent la pièce impeccablement. Ils ôtent la collation de la nuit dite « en-cas » à laquelle la Reine ne touche jamais. La Reine dispose de six garçons de la chambre, servant par roulement. Ces derniers avaient le bénéfice des bougies du grand cabinet, du salon des Nobles, des antichambres et des corridors.
Toujours d’après les Éclaircissements historiques de madame Campan :
« La reine se levait, la femme de garde-robe était admise pour enlever les oreillers, et mettre le lit en état d’être fait par des valets de chambre. Elle en tirait les rideaux, et le lit n’était ordinairement fait que lorsque la reine allait à la messe.
Cette femme avait de même été introduite, au premier réveil, pour enlever les tables de nuit, et remplir toutes les fonctions de sa place.»
Notons qu’en cas de maladie (et sûrement de grossesse), la Reine a une garde préposée à cet effet, Mademoiselle Rey, qui doit sûrement La veiller la nuit (aidée des Femmes de Chambre de service, peu éloignées).
Pour la nuit, Marie-Antoinette porte un corset à crevées de rubans, des manches de dentelles et un grand fichu (Madame Campan). Ses femmes de chambres entrent chez la Reine à cette heure là. Elle dispose de douze femmes «ordinaires» servant par roulement : trois équipes de quatre, dont deux sont de service chaque jour pour vingt-quatre heures pendant une semaine. Elles ont des avantages en nature : à chaque réforme de la « garde-robe des atours », elles ont le droit de « s’emparer » des robes négligées.
Le bain
Marie-Antoinette prend plusieurs bains par semaine mais pas tous les jours. Ce qui est déjà une grande avancée hygiénique par rapport à la toilette sèche traditionnelle.

Raphaëlle Agogué est Marie-Antoinette
dans Louis XVI, l’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti

Image de Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
Quand elle ne se baigne pas entièrement, elle se contente de bains de pieds. C’est la femme de garde-robe qui se charge de ces ablutions partielles.

Le négligé du matin
« A la sortie du bain, la Reine s’habille.
Une femme de chambre s’agenouille et Lui passe une seconde paire de bas . Tous les vêtements et le linge, sont présentés par la femme de garde- robe des atours aux femmes de chambre.On L’habille ensuite du « grand négligé du matin » : les femmes de chambre La revêt de la seconde «chemise du jour », faite de batiste ou de linon et ornée de dentelle, puis d’un jupon ou plusieurs selon la saison et le type de la robe d’intérieur et enfin d’un manteau de lit et d’un négligé de taffetas blanc qui fait office de peignoir.»

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
« La lingerie de la Reine, contiguë aux salles des Atours renferme le linge du « négligé » : des chemises de mousseline, de toile de Hollande, de batiste ou de percale. La chemise, le plus ordinairement, est brodée au bas, garnie à la gorge et aux manches, de dentelles de Valenciennes, de Malines. La Reine se fournit chez les meilleurs marchands lingers de Paris. La Reine en a un bon nombre : rien d’étonnant à cela quand on sait qu’Elle en change plus de cinq fois par jour ainsi que de tout le linge. C’est à peine si elles suffisent…
On Lui chausse des bas de soie, d’ordinaire blancs, « extra fins, à jours de dentelles ; et riche de broderie« . Elle a dans Sa garde robe plus d’une centaine de paires. Il y a tout un assortiment : de qualités différentes : bas de coton blancs le plus souvent, bas de soie blanche brodée, bas noirs pour le demi-deuil.
Les souliers, pour la matinée, sont le plus souvent de peau de couleur ou en étoffe : taffetas ou satin. En une année, la Reine commande et en paie plus de cent paires, sans compter un certain nombre de paires de l’année précédente.
Chaussée, Marie Antoinette passe un « corps ». Comme toutes les dames de son temps, la lingerie de la Reine conserve toute une collection de corps à baleine ordinaires de percale doublée de dentelles, de basin doublé de percale, de satin blanc doublé de taffetas. La dame d’atours a sous ses ordres un tailleur « pour les corps » qui fournit exclusivement la lingerie de la souveraine.
Avec le corps, un simple jupon d’étoffe, de petit basin rayé garni d’un ou plusieurs rangs de dentelles ou d’un petit volant de mousseline brodée. L’hiver, quelquefois on Lui met des jupons de tricot de coton bordé de dentelles. Mais c’est une exceptions : on en trouve seulement six dans les placards des Atours.
Rien d’autre ensuite : la Reine n’a dans Sa garde robe absolument point d’autres linges hormis des pantalons de soie de couleur ou de peau de daim pour monter à cheval.
Elle endosse enfin un peignoir dit « manteau de lit » de percale, de mousseline, de petit basin ou de taffetas. La lingerie en possède à l’infini de toutes formes, de toutes broderies, et toutes garnitures.
On Lui endosse enfin la « robe négligée » – que la Reine a sélectionnée la veille au soir à son coucher . Ces négligés sont fournis par les marchands ordinaires de soieries. Cette tenue pratique permet un accès facile partout, y compris dans les petites pièces, les escaliers dérobés ou les cabinets intérieurs, là les grands paniers ne peuvent pas passer à cause de leur circonférence. C’est une robe ample souple, battante et volante avec une veste d’intérieur. Au début de Son règne, la Reine le porte sur un petit panier dit de « considération« .»
La tache principale des femmes de chambre sera, durant les toilettes qui vont suivre, de vêtir la Reine et de faire le lit de la Reine, aidées des valets de chambre tapissiers pendant l’heure de la messe. Ensuite, dans les Cabinets, elles sont, ce qu’étaient les huissiers dans le Grand appartement de la Reine. Là, de service deux par deux, par semaine, elles se tiennent l’une à la porte du cabinet intérieur, l’autre dans un cabinet contigu à la chambre à coucher, annonçant à la Reine les personnes qui peuvent Lui parler. Outre le service de chambre, des cabinets et celui de servir à table, leur rôle est d’aider la Reine dans ses ablutions. Elles parfument, coiffent et maquillent la Reine pendant les toilettes.
Peut-être cette habitude est-elle prise à partir de janvier 1782 lorsque Marie-Antoinette se blesse le pied lors d’une chute de cheval. Elle sera atteinte par la suite d’un érysipèle qui Lui provoque régulièrement des fortes douleurs encore présentes à l’époque des Tuileries.
A ce jour, il est difficile de déterminer quelle jambe fut blessée bien qu’une tradition parle de la gauche.
Les détails de cette blessure puis de cette maladie chronique qui en découle feront l’objet d’un autre article. Toujours d’après Madame Campan, :
« la femme de garde-robe ou « porte-chaise d’affaires » préparait l’eau pour laver les jambes de la reine, lorsqu’elle ne se baignait pas ; assez ordinairement, excepté à Saint-Cloud où la reine se baignait dans un appartement au-dessous du sien, on roulait un sabot dans sa chambre ; ses baigneuses étaient introduites avec toutes les choses accessoires au bain.«

Exemple de baignoire du XVIIIe siècle : image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick
Nous remarquons par cet extrait que la salle de bain du rez-de-chaussée du château de Versailles, aménagée seulement en 1788, n’est pas indiquée par madame Campan. Son usage est tardif.
Marie-Antoinette peut s’y retirer aux jours « off » et profiter ainsi d’un cérémonial plus restreint et de tout ce dont elle a besoin à disposition, dans des pièces plus modernes et pratiques.
En effet, c’est à la fois une salle de bain, un cabinet de toilette, une pièce de repos avec un lit adapté. Un cabinet « à l’anglaise » y est attenant et un poêle y est encastré.


La salle de bain attenante à l’appartement du premier étage, aménagée sous Marie Leszczynska (1703-1768), puis légèrement modifiée par Marie-Antoinette, n’a pas non plus été très souvent utilisée de par son étroitesse. C’est plus un lieu de stockage des différents éléments de sa Toilette.

Suite de ce passage des Éclaircissements historiques concernant les bains de Marie-Antoinette :
« La reine se baignait avec une grande chemise de flanelle anglaise boutonnée jusqu’au bas, et dont les manches, à l’extrémité, ainsi que le collet, étaient doublés de linge. Lorsqu’elle sortait du bain, la première femme tenait un drap très-élevé pour la séparer entièrement de la vue de ses femmes ; elle le jetait sur ses épaules. Les baigneuses l’en enveloppaient, l’essuyaient complètement ; elle passait ensuite une très-grande et très-longue chemise ouverte et entièrement garnie de dentelle, de plus un manteau de lit de taffetas blanc. La femme de garde-robe bassinait le lit ; les pantoufles étaient de basin, garnies de dentelle. Ainsi vêtue, la reine venait se mettre au lit ; les baigneuses et les garçons de la chambre enlevaient tout ce qui avait servi au bain. La reine, replacée dans son lit, prenait un livre ou son ouvrage de tapisserie. Le déjeuner, les jours de bain, se faisait dans le bain même. On plaçait le plateau sur le couvercle de la baignoire. »


Image de Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
Rajoutons que la Reine est coiffée d’une charlotte de coton afin de ne pas abîmer sa chevelure.

Marie-Antoinette dispose de tout ce qui se fait de mieux et de plus beau pour sa toilette. Elle a des objets d’orfèvrerie, de porcelaine des plus raffinés et les fait répliquer pour chacune de Ses résidences.

Chaises du cabinet de toilette de Marie-Antoinette à Versailles

Canapé du cabinet de toilette de Marie-Antoinette à Versailles

Nécessaire de toilette en porcelaine de Sèvres offert par Marie-Antoinette à la grande-duchesse Marie Feorodovna

Détail

Détail
Ce temps du bain servait pour la manucure, l’entretien buccal et autres petits détails d’hygiène (voir https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/description-du-service-de-marie-antoinette-charge-de-sa-toilette/ )
Marie-Antoinette retourne ensuite au lit comme le prescrivent alors les médecins. Elle en profite pour prendre un livre (le plus souvent une pièce de théâtre pour répéter un rôle), travailler à son ouvrage et prendre son petit déjeuner. Aucune princesse ne lit à proprement parler : elle dispose d’une lectrice, rôle que tient Henriette Campan (1752-1822) auprès de Mesdames de France, en plus de son service auprès de la Reine.

Henriette Campan
Les Valets et Garçons de la Chambre et de la Garde-Robe, une fois la Reine rhabillée et dans son lit ramènent tout ce matériel des bains dans le cabinet de toilette.
Toutes les femmes de chambre portent le matin et dans les « Cabinets » des « petites robes » avec un tablier. Elles sont nommées les « femmes rouges » à cause de leur robe de service, comme on appelle les « garçons bleus » des appartements du Roi. Les femmes, qui leur sont subordonnées, sont les « femmes noires ». Ces dernières servent par roulement, six par six. Deux femmes qui sont en veille la nuit et le matin sont relevée, pour le jour suivant, par deux autres obligatoirement habillée du grand Habit pendant le toilette de représentation.
Ce sont elles qui assistent réellement à l’existence dans l’intimité de la chambre et de l’appartement intérieur.

Tableau de Heinrich Lossow
Marie-Antoinette pour son « petit déjeuner » (mais que l’on n’appelle pas encore ainsi) a l’habitude de prendre une tasse de chocolat ou de café, accompagnée de petits pains à la viennoise (Madame Campan). Elle dispose d’un service complet en porcelaine de Sèvres à son chiffre, orné de myosotis.
Marie-Antoinette peut prendre son petit déjeuner au lit ou debout devant son canapé à une petite table volante.

Dans le langage des courtisans, on dit alors qu’« il fait petit jour chez la Reine ».
Elle dispose d’un court moment de répit avant Sa véritable vie de représentation…
Car très vite pénètrent dans la Chambre les Petites Entrées.
Les Petites Entrées
A neuf heures arrivent une douzaine de personnes, ayant toutes le droit de voir Sa Majesté à Son Lever.
La Faculté
En premier entrent son Premier Médecin, le docteur Lassonne depuis son arrivée en France, suivi du Médecin ordinaire, le docteur Malouin, remplacé ensuite par Lassonne fils.

Le docteur Lassonne
Fin 1788, Lassonne meurt, il est remplacé par le docteur Félix Vicq d’Azir (1748-1794) qui sera aussi le médecin de Mirabeau.

Le docteur Félix Vicq d’Azir
Nous supposons que l’accoucheur Vermond peut entrer à ce moment lors des grossesses de la Reine, apparaissant encore dans l’Almanach de 1789.

L’accoucheur Vermond
Il en va de même pour le Chirurgien Dentiste, M. Bourdet, en cas de besoin.
Le Lecteur et le Secrétaire de Cabinet
D’autres messieurs appartenant à la Maison de la Reine peuvent entrer à ce moment.
Nous retrouvons son Lecteur, l’abbé de Vermond, son ancien précepteur à Vienne qui jusqu’à son émigration durant l’été 1789, aura une grande influence sur elle.
Vient ensuite son Secrétaire de Cabinet, monsieur Campan, beau-père de la mémorialiste, qui est lui aussi un confident très important de la Reine, néanmoins rival de l’abbé de Vermond. Il est chargé de toute la partie de correspondance qui ne regarde pas les Secrétaires des Commandements (MM. Augeard et Beaugeard) ou l’abbé de Vermond.
Membres de la Maison du Roi ayant droit aux Petites Entrées chez la Reine
Les quatre Premiers Valets du Roi ainsi que leurs survivanciers peuvent se rendre chez la Reine à son Lever.
Nous trouvons donc :
Quartier 1 :
Claude Lorimier de Chamilly, comte d’Etoges (1732-1794)
Son fils en survivance
Quartier 2 :
Louis-René Binet (1713-1792) seigneur de Boisgiroult. Officier et conseiller-secrétaire du Roi
Richard de Livry, en survivance
Puis Jean-Baptiste Tourteau de Septeuil (1754-1812)
Quartier 3 :
Jean-Marie baron Quentin de Champlost (1740-1792)
Charles-Jean, chevalier de Champlot (1742-1801), son frère, en survivance
Quartier 4 :
Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray (1732-1792)
François Christophe Thierry (1699-1782), son père, en survivance
Crécy en survivance
Le Moine, adjoint

Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray
Les Premiers Médecins et Chirurgiens du Roi peuvent également faire leur cour à la Reine :
Lieutaud, Premier Médecin, M. Lassonne, survivancier (charges d’honneur, mais pas dans les faits), M. Le Monnier Premier Médecin ordinaire (véritablement en charge du corps), M. Pichault de la Martinière, Premier Chirurgien, M. Andouillé en survivance, M. Boicaillaud, Premier Chirurgien ordinaire, M. de la La Marque, en survivance.
Les charges d’honneur féminines de la Maison de la Reine
La Surintendante de la Maison de la Reine

La Dame d’Honneur
La Dame d’Atours
Ces trois dames assistent aux Petites Entrées. En fonction de leur rang et de leur présence, c’est l’une d’elle qui apporte le plateau du petit déjeuner à la Reine dans son lit ou sur sa petite table. Le plus souvent, il s’agit de la princesse de Lamballe.
Toutes ces personnes tiennent à ce moment d’intimité avec la souveraine car le plus privilégié pour de lui faire sa cour, lui demander des grâces ou lui donner conseils.
Ces trois dames de très haut rang ont droit de s’asseoir en présence de la Reine et les Valets de la Chambre leur préparent leurs pliants.
Leur visite doit, semble-t-il, ne pas dépasser une demi-heure environ car très vite Marie-Antoinette doit se consacrer à son habillement et à sa toilette privée.
Marie-Antoinette se lave les jambes tous les matins et tous les soirs.

La préparation de l’habillement
Le prêt du jour et le grand négligé du matin
La Femme de Garde-Robe, pour la partie du linge, apporte une corbeille couverte contenant plusieurs chemises, , des mouchoirs, des frottoirs.
Cette corbeille du matin s’appelle le prêt du jour. C’était le linge de corps, chemises, mouchoirs et autres utiles pour la journée. S’y trouve également le grand négligé du matin.
Jusque-là en chemise et bas, la Reine revêt une deuxième chemise de batiste ou linon et un ou plusieurs jupons selon la saison. Par-dessus, un manteau de lit et un négligé de taffetas blanc lui font office de peignoir.

Tableau de Heinrich Lossow
On lui remet également de riches bas de soie blanche ornés.
Le prêt du jour est du ressort de la Dame d’Honneur, le linge ne concernant point la Dame d’Atours. Marie-Antoinette les commande la veille au soir, comme nous le verrons dans l’article consacré à son Coucher.
Les Femmes de Chambre de la Reine n’ont pas à s’en occuper, ni à plier, ni à ranger.
D’autre part, tous ces objets de linge sont entreposés dans une pièce distincte de la Garde-Robe.
Les souliers du matin sont de taffetas ou de satin. Marie-Antoinette en commande plus d’une centaine par an. Leur grande fragilité explique leur renouvellement régulier.
Marie-Antoinette en a une infinie quantité et des plus raffinés.

Une fois chaussée, le corps lui est passé. Cette fois-ci, cet objet est du domaine de la Dame d’Atours.
Elle revêt ensuite Son grand négligé de soierie. Ce vêtement d’intérieur permet à la Reine de se déplacer facilement dans tout Son appartement, les escaliers et les corridors. Seulement durant les premières années du règne, le négligé est enfilé sur un petit panier, dit de considération.
La toilette privée
Dans Son cabinet de toilette du premier étage, Marie-Antoinette passe à Sa petite toilette de vermeil. Dans Ses autres résidences, pour Sa grande chambre ou Sa salle de bain du rez-de-chaussée, Marie-Antoinette dispose d’autres tables de toilette.
Nous conservons aujourd’hui l’une d’elles, Sa coiffeuse conçue par Riesener destinée à l’origine à son appartement des Tuileries lors de ses sorties parisiennes et aujourd’hui exposée dans la salle de bain du rez-de-chaussée du château de Versailles.

C’est devant l’une de ces tables, intitulées bonheurs du jour, et en général devant la petite de vermeil que la Reine s’apprête à proprement parler, assistée des deux Femmes de Chambre encore de service jusqu’à midi et dirigées par la Première. On ne dit pas alors « se maquiller » mais se farder. La première étape est l’application d’une lotion avant de passer le blanc. Très astringent, car mêlé de céruse, il permet, à l’instar de notre fond de teint moderne, de cacher tous les défauts du visage. Il fait également ressortir le rouge et les mouches.
https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/la-toilette-dune-grande-dame-au-xviiieme-siecle/
Les médecins à partir du milieu du XVIIIe siècle commencent à dénoncer ses effets dangereux sur la santé (problèmes de gencives, aux poumons…) et peu à peu les dames, dont Marie-Antoinette, se tournent vers plus de naturel. Sans s’en passer tout à fait, les fournisseurs préparent désormais des mélanges plus naturels.
Le rouge est une obligation de Cour et chaque occasion a sa nuance. Très populaire encore dans les années 1780, les femmes peuvent difficilement s’en passer, malgré là encore les avertissements médicaux. Il rehausse leur teint, placé en haut des pommettes, il met en valeur leurs yeux.
Très à la mode au XVIIe siècle et sous Louis XV, les mouches ne sont plus en faveur à l’époque de Marie-Antoinette qui n’en a certainement pas fait usage très longtemps.

Marie-Antoinette choisit Son parfum pour la matinée. Ses gants choisis pour la journée le sont également et la Reine dispose de plusieurs fragrances, comme de plusieurs parfumeurs (Élisabeth de Feydeau, Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette).

Marie-Antoinette par Heinrich Lossow

Les personnes non attachées à la Cour et les fournisseurs
Marie-Antoinette profite de ce moment assez long (entre dix heures environ et midi) pour recevoir des personnes non présentées à la Cour, c’est-à-dire des particuliers qui n’y ont aucun droit, comme des artistes ou des personnes que la Reine tient à honorer.
Viennent aussi ses fournisseurs préférés venus présenter leurs nouvelles créations. Ces personnes sont reçues uniquement par la Première Femme de Chambre, même en présence de la Dame d’Honneur.
Ses portraitistes, les artistes qu’elle tient à protéger, en particulier les musiciens et compositeurs se présentent à elle durant ce temps de relative liberté.
Nous pouvons supposer que c’est aussi durant ces heures de la matinée que viennent ses artisans préférés, tels que Riesener, Jacob, etc, sans oublier son architecte Mique, afin de satisfaire les exigences de Marie-Antoinette concernant son goût pour la décoration.
Tous collaborent, chacun dans son domaine, à épanouir la beauté de la Reine de France.
Le temps le plus long est consacré à la coiffure.
Les poufs aux sentiments, création conjointe de Léonard Autié et de mademoiselle Bertin, coiffure des premières années du règne, prennent un temps considérable de par la hauteur de la coiffure et les mille et un colifichets fixés dans la chevelure.
Voir https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/la-toilette-dune-grande-dame-au-xviiieme-siecle/


A la naissance du Dauphin en 1781, Marie-Antoinette perd ses cheveux. Le physionomiste Léonard invente alors pour elle une coiffure plus simple, plus basse, appelée coiffure à l’enfant. Marie-Antoinette y rajoute bonnets et chapeaux, de toutes sortes selon les circonstances. Inutile de préciser que toutes les dames, de la Cour comme de la Ville, et même partout en Europe, copient toutes les coiffures mises à la mode par Marie-Antoinette.
Cependant, corrigeons une erreur trop souvent répandue : Mademoiselle Bertin et Léonard ne sont pas seuls modiste ou coiffeur de Marie-Antoinette. Elle se fournit chez de nombreux autres créateurs. D’ailleurs, dans les Almanachs de Versailles, nous constatons que Léonard Autié et son frère ne sont coiffeurs que par commission. C’est-à-dire, que continuant à officier en ville, ils ne sont appelés par la Reine que lors d’occasions exceptionnelles. Un autre coiffeur pouvait être appelé de la sorte : le sieur Villanoué.

Léonard Autié est incarné par Vincent Nemeth dans Marie-Antoinette, Reine d’un seul Amour (1988) de Caroline Huppert

Au quotidien, Marie-Antoinette est coiffée par Larseneur, recruté durant ses derniers mois à Vienne puis à partir de son règne par le dénommé Le Guay. Larseneur est vite jugé comme démodé mais il reste en place dans les états de la Maison de la Reine jusqu’en 1778, sans pour autant assurer sa fonction auprès de la Reine. Léonard obtient la charge de coiffeur de la Reine en titre seulement en 1789.
Les modistes et autres couturières ne sont pas nommées dans les Almanachs de Versailles, à l’exception de trois tailleurs : le sieur Steirn, le sieur Shultès en survivance, enfin le sieur Smidts pour les tenues d’amazone. Néanmoins nous connaissons la plupart de leurs noms grâce à L’État des marchands, fournisseurs, ouvriers et ouvrières ordinaires de la garde-robe de la reine.
Le Normand, que nous retrouvons aussi comme fournisseur du Garde-Meuble de la Couronne, est marchand d’étoffes. Sa boutique, Au grand Turc, se situe rue Saint-Honoré. Dans la même rue, déjà dédiée au grand luxe parisien, officient les sieurs Lévesque et Barbier, spécialisés dans les soies et broderies, Alabat pour les doublures, Graze pour les étoffes étrangères et Marie à Versailles pour « les occasions pressées ».
Ils ont leurs entrées à ce moment-ci de la journée.
Pour les retouches quotidiennes des robes portées par la Reine, on fait appel à la femme de la Garde-Robe des Atours, Mademoiselle Brebion puis Madame Larsonnier.
Les modistes n’habillent évidemment pas directement la Reine mais viennent lui présenter leurs nouvelles créations, en général vers onze heures. Nous trouvons, outre la célèbre Rose Bertin, tenant boutique Au grand Mogol rue Saint-Honoré et modiste préférée de Marie-Antoinette, Madame Pompée, remplacée en 1787 par Madame Eloffe, rue de l’Orangerie de Versailles, la demoiselle Fredin, à l’Écharpe d’or, rue de La Ferronnerie, la demoiselle Quentin, rue de Cléry, monsieur Richard rue du Bac ; le sieur Beaulard, grand rival de mademoiselle Bertin est aussi fournisseur de la Reine, mais avec la mention « accidentellement ».
La demoiselle Picot et la dame Berthelot fournissent les blondes, la Dame Hamell, les rubans, madame Payen, messieurs Mirvault et Gedret les soies et les dentelles, le sieur Boulard, les bas dont la Reine fait un usage particulièrement important.
Selon les estimations de Michelle Sapori dans son Rose Bertin, couturière de Marie-Antoinette, les essayages peuvent difficilement se dérouler dans les cabinets derrière la chambre, car ayant trop peu d’espace et peu adaptés. Ils se déroulent donc dans la chambre officielle, au grand dam des dames et courtisans autorisés aux Petites Entrées.
Les modistes, en particulier Mademoiselle Bertin, se chargent aussi généralement des souliers, la plupart du temps assortis aux robes. Il y a également les fournisseurs en cosmétiques : Marie-Antoinette commande parfums et gants au sieur Fargeon et à la Veuve Huet, cette dernière remplacée ensuite par le sieur Prévost. Des pommades et autres fleurs d’orange sont achetées chez Beauclin, des crèmes pour les mains chez maître Tissot, les rouges chez Dubuisson et surtout chez la demoiselle Martin, mais aussi chez la célèbre actrice Montansier qui tient une boutique de fards, en plus de ses monopoles des théâtres de Cour (des fards de scène ?).
Élisabeth Feydeau, Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette
Il ne faut évidemment pas oublier les joailliers de la Couronne, Aubert, puis Boehmer et Bassenge (de son vrai nom Bazsenger), reçus régulièrement par la Reine. Non pas forcément pour des achats dispendieux comme aime à le croire la légende (seuls des bracelets et girandoles en début de règne furent réellement des caprices de jeune reine) mais surtout pour remettre au goût du jour ses parures personnelles pour la plupart héritées de sa belle-mère Marie-Josèphe de Saxe ou cadeaux de sa mère ou de son époux ou celles de la Couronne qui ne lui sont que prêtées lors de grandes occasions.
Les bijoux sont gérés par la Première Femme de Chambre :
« Les Premières Femmes étaient chargées de la garde, du soin et de la révision des diamants. « Ce détail important avait été anciennement confié à la dame d’atours, mais depuis bien des années il était du nombre des fonctions des premières femmes de chambre.»
Madame Campan
Marie-Antoinette a disposé tour à tour de deux serre-bijoux pour les parures d’importance :

Serre-bijoux de Marie-Antoinette commandé pour son mariage en 1770

Serre-bijoux de Marie-Antoinette commandé en 1787

Le serre-bijoux ouvert
Pour ses bijoux du quotidien, Marie-Antoinette dispose d’un petit coffre à bijoux, un «bonheur du jour», créé par Carlin, offert par Louis XV lors de son mariage (qu’il commandera également pour ses deux autres petites-belles-filles et pour madame du Barry) :

Tous ces fournisseurs tiennent boutique en ville et comptent une grande partie de la Cour, voire celles étrangères, comme clientèle. Nous pouvons donc imaginer tout ce petit monde bruissant autour de Marie-Antoinette lors de ce moment de détente pour elle, tout entière consacrée à sa beauté :

Ce portrait certainement pris sur le vif nous montre que la Reine, entourée de son service de la Chambre,
des petites entrées, de ses fournisseurs et d’artistes, en profite aussi pour jouer ou écouter de la musique.
Les robes et accessoires choisis pour la journée
C’est durant ces quelques heures que sont apportées des diverses pièces dévolues à la Garde-Robe de la Reine toutes les tenues dont elle aura besoin pour la journée, jusqu’à son coucher.
Le Valet de Garde-Robe de service (M. Gallant ou M. Stevenot) présente tous les matins à la Première Femme de Chambre, un livre appelé La Gazette de Garde-Robe des Atours sur lequel sont disposés les échantillons de toutes les robes, grands habits, robes déshabillées, chapeaux dont dispose la souveraine pour chaque saison et classés selon diverses catégories du vêtement de Cour, du plus solennel au plus léger :
-Grands habits : ils servent lors des événements importants de la Cour, messes, mariages, baptêmes, jour de Pâques, Toussaint, fête du Roi ou aussi pour les portraits officiels ;

Marie-Antoinette en grand habit par Elisabeth Vigée Le Brun, 1778
-Robes sur le grand et petit panier : ces robes sont utilisées pour le Jeu ou les soupers des Petits Appartements

Marie-Antoinette à la rose, madame Vigée Le Brun, 1783
-Lévites, robes anglaises et robes turques : dites robes de fantaisie

Dessin de madame Vigée Le Brun
(Gazette des Atours de Marie-Antoinette, Réunion des Musées Nationaux, Archives nationales, publiée en 2006).
« Une petite portion de la garniture indiquait de quel genre elle était était ; la première femme présentait ce livre, au réveil de la reine, avec une pelote ; S. M. plaçait des épingles sur tout ce qu’elle désirait pour la journée : une sur le grand habit qu’elle voulait, une sur la robe déshabillée de l’après-midi, une sur la robe parée, pour l’heure du jeu ou le souper des Petits Appartements.
Madame Campan
La Garde-Robe de la Reine était renouvelée sur trois saisons : la Reine avait ordinairement, pour l’hiver, douze grands habits, douze petites robes dites de fantaisie, douze robes riches sur panier, servant pour son jeu ou pour les soupers des petits appartements.
Autant pour l’été ; celles du printemps servaient en automne».
Il en va donc de même pour la Gazette, reproduite en plusieurs exemplaires : celle détaillée pour la Reine afin de faire son choix le matin, celui de sa Dame d’Atours qui dispose d’un seul registre pour une année entière (l’exemplaire conservé aux Archives nationales étant celui de l’année 1782) permettant également de gérer les comptes et ceux destinés au service de la Garde-Robe.

![A page from the a wardrobe book of Marie Antoinette, 1782. [credit: Archives nationales]](https://66.media.tumblr.com/45448295b23b2d3f9f086687fb406095/tumblr_p5y8yhDLbT1qatfdco1_500.jpg)
Ces robes de cour, au nombre de trente-six, nécessitent des échantillons : la Reine pour effectuer Ses choix journaliers, la Dame d’Atours pour sa fonction et le personnel pour retrouver les robes demandées par la Reine.

N’y sont pas comptabilisées les robes plus légères :
« On ne parle point des robes de mousseline, percale ou autres de ce genre ; l’usage en était récent, mais ces robes n’entraient pas dans le nombre de celles fournies à chaque saison : on les conservait plusieurs années.»
Madame Campan
On peut donc considérer qu’il existe également un ou plusieurs registres pour toutes ces robes non officielles.
Marie-Antoinette en gaulle, madame Vigée Le Brun, 1783
Par conséquent, le nombre de robes dépasse largement la centaine et on imagine dès lors les difficultés pour s’y retrouver, que ce soit pour Marie-Antoinette, sa Dame d’Atours ou le personnel de la Garde-Robe.
Il faut donc du temps à la Reine pour choisir ses différentes robes de la journée.
Marie-Antoinette épingle l’échantillon correspondant au grand habit choisi pour la messe, celui de sa robe déshabillée pour l’après-midi (ou plusieurs en fonction des promenades, chasses, audiences, etc…) et la robe à panier pour la soirée, jeu et souper. On peut supposer qu’une autre robe pouvait être choisie en fonction des diverses activités de ses soirées (souper chez madame de Polignac, partie de billard, concert, bal…).
« On reportait ce livre à la Garde-Robe, et bientôt on voyait arriver, dans de grands taffetas, tout ce qui était nécessaire pour la journée.»
Madame Campan
Le garçon de la Garde-Robe (le sieur Bonnet ou un autre ?)
« était chargé de transporter à l’appartement, tous les matins, des corbeilles, couvertes en taffetas, qui contenaient tout ce que la reine devait porter dans le jour, et de grandes toilettes, en taffetas vert, qui enveloppaient les grands habits et les robes. »
Madame Campan
Les corbeilles pour les autres robes que le grand habit de la messe attendaient dans une pièce derrière la Chambre de la Reine, où des grandes tables permettaient de les mettre à plat. Les Femmes de Chambre n’avaient pas à s’en charger.
La Dame d’Honneur gère aussi tous les menus objets disposés sur un plateau de vermeil couvert d’un taffetas brodé appelé gantière que l’on lève pour présenter le plateau à la Reine : Ses boîtes, Ses étuis, Son éventail, Ses gants, Ses mouchoirs, Sa montre, Ses flacons de senteurs.

Bref, tous ces menus objets utiles à Sa journée.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Ce plateau qu’on appelle aussi salve passe de main en main en fonction de la graduation de la personne : la Première Femme de Chambre à la Dame d’Honneur, celle-ci à la Surintendante de la Maison de la Reine, et quand elles sont présentes, la princesse de Lamballe doit s’abstenir en faveur d’une princesses du sang ou des princesses de la famille royale (en distinguant bien entendu les rangs entre elles).


Évidemment, à chaque nouvelle personne, il faut repasser la salve (ainsi de la chemise, du verre d’eau, etc.) de main en main. La Dame d’Honneur est dispensée de présenter l’objet à une princesse du sang.

« Un jour d’hiver, il arriva que la reine, déjà toute déshabillée, était au moment de passer sa chemise ; je la tenais toute dépliée ; la dame d’honneur entre, se hâte d’ôter ses gants et prend la chemise. On gratte à la porte, on ouvre : c’est madame la duchesse d’Orléans ; ses gants sont ôtés, elle s’avance pour prendre la chemise, mais la dame d’honneur ne doit pas la lui présenter ; elle me la rend, je la donne à la princesse ; on gratte de nouveau : c’est Madame, comtesse de Provence ; la duchesse d’Orléans lui présente la chemise. La reine tenait ses bras croisés sur sa poitrine et paraissait avoir froid. Madame voit son attitude pénible, se contente de jeter son mouchoir, garde ses gants, et, en passant la chemise, décoiffe la reine qui se met à rire pour déguiser son impatience, mais après avoir dit plusieurs fois entre ses dents : C’est odieux ! quelle importunité !»
Mémoires de Madame Campan



Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Marie-Antoinette n’était pas encore à proprement parlé habillée : encore en négligé, elle était déjà coiffée pour l’essentiel et fardée. Elle portait déjà son corps, ses jupons, ses bas, ainsi que le collier choisi pour la messe.

Image du Versailles Secret de Marie-Antoinette (2019)
A midi, les Grandes Entrées entrent dans la Chambre de la Reine. Voici enfin venue l’heure de la Toilette de représentation.