Journal de ce qui s’est passé à Versailles depuis l’instant de l’arrivée de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord, jusqu’à celui de leur départ

Les Archives nationales conservent [ à la cote O1 824, fos 80ro-90ro ] onze folios relatant un exceptionnel témoignage des festivités de la cour sous Louis XVI et Marie-Antoinette.


et son épouse, Maria Féodorovna, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg-Montbéliard (1759-1828), alias le comte et la comtesse du Nord.
Durant le séjour en France du Tsarévitch, fils de Catherine II, et de son épouse, Versailles brille de mille feux. Nous conseillons à nos lecteurs de se reporter au catalogue de l’exposition Visiteurs de Versailles, 1682-1789, pour avoir un aperçu de ce que pouvaient proposer les Rois de France lorsque des invités prestigieux leur rendaient visite.

Cet article vous propose une description des plus détaillées de l’une de ces fastueuses ambassades.
Paul Holstein-Gottorp-Romanov, le futur Tsar Paul Ier (1754-1801) et son épouse Sophie-Dorothée de Wurtemberg (1759-1828), devenue Marie Feodorovna à son mariage voyagent sous le nom de comte et de comtesse du Nord, dans un incognito qui ne trompe personne.


Cet incognito n’a pas le sens que nous lui prêtons aujourd’hui. C’est un changement d’identité temporaire, effectué pour une raison bien précise. Toutes les personnes concernées sont au courant et acceptent cette situation.
En général, les souverains voyagent incognito pour se dégager de certaines contraintes cérémonielles _mais occasionnant en contre-partie d’autres difficultés d’Étiquette_ et ainsi de se sentir plus libres dans leurs mouvements. Des raisons économiques expliquent aussi la multiplication de ces incognitos chez les têtes couronnées en voyage.
Ils prennent généralement un nom d’une de leurs terres secondaires (comte de Falkenstein pour l’Empereur Joseph II, comte de Haga pour le Roi de Suède Gustave III…). Dans le cas qui nous intéresse, c’est la situation géographique des voyageurs qui est mise à l’honneur.
Ce séjour en France a lieu entre mai et juin 1782. Le comte et la comtesse du Nord préfèrent loger à leur ambassade parisienne, auprès de leur ministre plénipotentiaire, le prince de Bariatinski, plutôt qu’au château de Versailles. Un vaste appartement leur est pourtant accordé et souvent utilisé, comme nous le verrons.
En effet, leur séjour en France ne se résume pas à leurs seules visites de Versailles. Ils se rendent entre autres chez le duc d’Orléans, le prince de Condé, le duc de Penthièvre, visites elles aussi fastueuses, qui font l’objet d’autres relations. Ils visitent également des provinces, des institutions célèbres du royaume de France…

Le texte que nous proposons ici ne s’attache qu’aux différentes réceptions et entretiens plus ou moins privés que donne la famille royale de France au comte et à la comtesse du Nord, qui constituent le principal de leur voyage, pour ne pas dire sa raison essentielle.
L’auteur de ce journal est resté anonyme.
Les folios se présentent ainsi :

Le texte est organisé en deux colonnes : une partie pour le texte principal, une autre pour des commentaires. Nous transcrirons ces derniers, tout aussi intéressants pour ses détails, en italique.
Nous ajouterons les nôtres selon les besoins.

L’orthographe d’époque a été respectée mais corrigée entre crochets. Nous avons changé le temps du récit (ramené au présent) afin de le rendre plus fluide.

Le 20 mai 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord arrivent à Versailles le 20 mai, à midi et demi, étant accompagnés dans leur voiture du prince de Bariatinski, ministre plénipotentiaire de Russie à la cour de France, et de Madame la comtesse de Benkendorff, dame d’honneur de Madame la comtesse du Nord.
Monsieur le prince de Poix, gouverneur de Versailles, qui a été les recevoir à la descente de leur voiture, sous la voûte de la chapelle, les conduit dans leur appartement, qui est celui de Monseigneur le prince de Condé.
Nota. Monsieur le prince de Condé occupe pendant le séjour de Monsieur le comte du Nord, l’appartement de Monsieur le maréchal de Duras, premier gentilhomme de la Chambre du Roi.»
Le maréchal de Duras n’est pas le premier gentilhomme en exercice cette année-là, il s’agit du duc de Villequier.


« C’est un grand jour. M. le comte et madame la comtesse du Nord et toute la cour russe doivent faire leur entrée à Versailles. Madame la grande-duchesse est fort parée, d’un grand habit de brocart bordé de perles, sur un panier de six aunes. Elle a les plus belles pierreries qui se puissent imaginer. Je ne suivis point Leurs Altesses impériales dans la présentation, n’en ayant pas le droit, puisque j’étais Française. M. le comte du Nord est présenté à Leurs Majestés et à la famille royale, accompagné par le prince Baradinski, ambassadeur de la czarine, et par M. de Vergennes. Le Roi l’a attendu dans son grand cabinet; les deux princes se saluent avec beaucoup d’effusion. Son Altesse impériale passe ensuite chez M. le Dauphin. Pendant ce temps, madame la comtesse de Vergennes, femme du ministre des affaires étrangères, conduit madame la comtesse du Nord chez la Reine et chez les princesses de la famille royale, auxquelles elle la présente. La Reine fut charmante, pleine de bonne grâce et d’affabilité ; elle traite madame la comtesse du Nord comme si elle l’avait connue toute sa vie, s’informe minutieusement de ses goûts, de tout ce qu’elle pourrait lui offrir d’agréable, et la prie de la voir souvent. Madame la grande-duchesse répondit comme elle le doit à ces prévenances, et sort enchantée de notre souveraine. M. le comte et madame la comtesse du Nord, après avoir vu Leurs Majestés et les princes, se retirent chez eux. Ils y reçoivent plusieurs visites et présentations.»
Les mémoires de la baronne d’Oberkirch
Cour royale du côté de la chapelle, début XVIIIe siècle
« La cour russe dîne ensuite avec la famille royale dans les grands cabinets. Après le dîner, on passe chez la Reine, où toute la cour se trouve réunie, pour un grand concert dans le salon de la Paix. Il y eut des pliants dans la galerie pour les personnes présentées qui n’ont pas eu d’invitations. On illumine le château comme les jours de grand appartement. Mille lustres descendent du plafond, et des girandoles à quarante bougies surmontent toutes les consoles. L’orchestre est placé sur des gradins. Rien ne peut donner une idée de cette splendeur et de cette richesse. Les toilettes sont miraculeuses. La Reine, belle comme le jour, anime tout de son éclat.»
Les mémoires de la baronne d’Oberkirch
Plan du rez-de-chaussée de l’aile du Midi, avec en rouge l’appartement dévolu au comte et à la comtesse du Nord
Cet appartement, normalement réservé à la famille de Condé, sera par la suite prêté en 1784 au comte de Haga, c’est-à-dire le Roi de Suède Gustave III. En 1783, la jeune Madame Royale y sera momentanément logée, sa mère décidant de s’occuper plus attentivement de son éducation.

Maria Feodorovna (1782) par Batoni
« Ce prince et cette princesse y trouvent Monsieur le comte de Vergennes, ministre et secrétaire d’État ayant le département des Affaires étrangères, qui leur est présenté par le prince de Bariatinski. Monsieur le prince de Poix leur est aussi présenté, dans ce moment, en qualité de gouverneur de Versailles, ainsi que Monsieur le maréchal de Mouchy.
Nota. Ces présentations sont faites dans le salon de Madame la comtesse du Nord.»

Le comte de Vergennes
« Monsieur le duc de Villequier, premier gentilhomme de la Chambre du Roi en exercice, qui a été averti de l’arrivée de Monsieur le comte du Nord, se rend aussitôt chez lui pour le complimenter au nom du Roi. Il lui est présenté par le prince de Bariatinski, ainsi qu’à Madame la comtesse du Nord. Madame la princesse de Chimay, dame d’honneur de la Reine va aussi leur faire compliment de la part de la Reine.»

La princesse de Chimay
« Aussitôt que Monsieur le duc de Villequier est remonté chez le roi, Monsieur le comte du Nord s’y rend, étant accompagné de Monsieur le comte de Vergennes, de Monsieur de La Live de La Briche, introducteur des ambassadeurs, et Monsieur de Séqueville, secrétaire ordinaire du Roi à la conduite des ambassadeurs.
Nota. Monsieur le comte du Nord trouve dans son antichambre quatre valets de pied de la petite écurie qui marchent toujours devant lui. Il y a aussi deux porteurs de chaise du Roi qui le suivent, mais dont il ne fait jamais usage.
Monsieur le comte du Nord a audience du Roi dans le Grand Cabinet de Sa Majesté, à l’entrée et debout. Il ne reste pendant l’audience que les grandes charges et les personnes qui ont les grandes entrées et les ministres.»

Cabinet du Conseil du Roi où se déroulaient toutes les présentations officielles d’importance

Louis XVI par Duplessis
« Monsieur le comte du Nord après l’audience présente au Roi monsieur le prince Kourakin, l’un de ses chambellans et Monsieur le comte de Soltikoff, lieutenant général de Sa Majesté l’Impératrice de Russie.»

par Richard Brompton
« En sortant de chez le Roi, Monsieur le comte du Nord se rend vchez la Reine, à laquelle il est conduit et présenté de la même manière qu’au Roi. Sa Majesté le reçoit dans sa chambre à coucher. Le prince Kourakin et le comte de Soltikoff sont aussi présentés à la Reine après l’audience.»
La chambre de la Reine

Marie-Antoinette

Le service de toilette en porcelaine de Sèvres (64 pièces) offert par Louis XVI et Marie-Antoinette à Paul Ier et son épouse.
Celui-ci est conservé au palais de Pavlovsk.
« Après l’audience de la Reine, Monsieur le comte du Nord va rendre visite à Monseigneur le Dauphin et à Madame fille du Roi, à Monsieur, à Madame, à Monseigneur comte d’Artois, à Madame comtesse d’Artois, à Madame Élisabeth, à Madame Adélaïde et à Madame Victoire, auxquels il présenta ces deux seigneurs.»

Le Dauphin Louis-Joseph par Wertmüller


Le comte de Provence par Elisabeth Vigée Le Brun

Marie-Joséphine de Savoie par Drouais

Le comte d’Artois

Marie-Thérèse de Savoie, comtesse d’Artois, par Drouais

Madame Élisabeth par Elisabeth Vigée Le Brun

Madame Adélaïde par Adélaïde Labille-Guiard

Madame Victoire
« Nota. Monsieur le comte du Nord n’est conduit dans ces visites que par le sieur Le Gendre, valet de Chambre du Roi que Monsieur le duc de Villequier a nommé pour accompagner Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, et présenté par le prince de Bariatinsky.
Monsieur le duc de Villequier donne au sieur Le Gendre une lettre pour le prince de Bariatinsky par laquelle il lui marque la nomination qu’il a faite du sieur Le Gendre pour accompagner Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord partout.
Madame la comtesse du Nord se rend chez la Reine accompagnée de Madame la comtesse de Vergennes. Sa Majesté, chez laquelle le Roi s’est rendu, reçoit Madame la comtesse du Nord dans ses cabinets intérieurs.»

Marie-Antoinette dans Son Cabinet doré

La comtesse de Vergennes en costume turc par Favray
« Madame la comtesse du Nord va, en sortant de chez la Reine, faire les mêmes visites que Monsieur le comte a fait, et l’un et l’autre se rendent chez la Reine où ils dînent avec toute la famille royale dans le Grand Cabinet qui précède la chambre à coucher, et en particulier.»

Salon des Nobles ou Grand Cabinet de la Reine
« Nota. Madame la comtesse du Nord a aussi à son service quatre valets de pied de la Reine, deux porteurs et une chaise.
Nota. Les ordres sont donnés à toutes les personnes qui composent le service de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord par le sieur Le Gendre qui les reçoit ou directement du prince ou de la princesse, ou de Monsieur le prince de Bariatinsky.Après le dîner, vers les cinq heures du soir, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent chez eux où ils trouvent quantité de seigneurs, ainsi que les ministres qui s’y sont rendus pour faire leurs révérences. Chacun en particulier est présenté et nommé par le prince de Bariatinski à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord qui reçoivent ces révérences dans l’appartement de Madame la comtesse.
Après les révérences et vers les six heures du soir, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent chez la Reine, à laquelle Madame la comtesse du Nord présente les dames qui l’accompagnent dans son voyage. Il entendent ensuite avec la cour dans le salon de jeu de la Reine un superbe concert qui leur est donné, la musique étant placée dans la gallerie près la porte du salon.
Nota. La cour devant être bien nombreuse ce jour, Monsieur le duc de Villequier, qui s’est convaincu par des répétitions que la musique placée dans la galerie produirait tout l’effet que l’on peut désirer, a fait dresser un gradin devant la porte du salon de jeu de la Reine, qui en embrasse toute l’ouverture. Dessus sont placés les instruments et toutes les personnes, soit hommes, soit femmes, qui doivent chanter, se portent en avant de la musique et à l’entrée du salon où était placée la cour. Derrière l’orchestre sont placées, comme bayeurs, tous les seigneurs et dames de la cour, qui n’ont pas pu l’être dans le salon, et qui n’ont pas été invités par le Roi. Il n’y a dans le salon de la Reine que le service et les femmes des grands officiers. Cette enceinte compose toute la partie de la galerie, depuis la porte du salon de jeu de la Reine, jusqu’à celle de l’Œil-de-bœuf. L’on a laissé un intervalle assez espacé qui est marqué par deux séparations, derrière la dernière desquelles sont rangées des deux côtés des banquettes avec passage dans le milieu. Sur ces banquettes sont placées toutes les personnes honnêtes qui se présentent pour entendre le concert. Il n’y a point de billets distribués pour entendre le concert. Les huissiers du Roi sont aux portes pour recevoir les personnes qui se présentaient, et les valets de chambre du Roi les placent.
Voyez le plan annexé en l’état resté au secrétariat de Messieurs les premiers gentilhommes de la Chambre du Roi.»




Image du film Amadeus
« Après le concert, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord prennent congé de Leurs Majestés et de la famille royale pour retourner à Paris.»

« En sortant de chez la Reine, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord prennent la Galerie et les Grands Appartements pour retourner chez eux. Ils trouvent dans tous les appartements, qui sont magnifiquement illuminés, une très grande affluence de monde.»

Plan du premier étage du corps central, en rouge, le parcours du comte et de la comtesse du Nord en fin de soirée
La Galerie des Glaces
Le salon de la Guerre

Le salon d’Apollon ou salle du Trône
Le salon de Mercure

Le salon de Mars

Le salon de Diane

Le salon de Vénus

Le salon de l’Abondance

Le Salon d’Hercule
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord partent ce jour à neuf heures du soir pour Paris.»
Le 22 mai 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent ici et arrivèrent à huit heures et un quart du soir ; ils descendent à leur appartement. Monsieur et Monseigneur le comte d’Artois se rendent chez Madame la comtesse du Nord aussitôt son arrivée. Monsieur le comte du Nord, qui est chez lui, ayant été prévenu de l’arrivée de ce prince, se rend chez Madame la comtesse du Nord.
Après cette visite qui dure un grand quart d’heure, Monsieur le comte du Nord monte avec Monsieur et Monseigneur comte d’Artois chez le Roi où il soupa dans les cabinets, ainsi que Monsieur le prince Kourakin, que le Roi charge Monsieur le duc de Villequier de conduire dans les cabinets et qui va pour cet effet le prendre dans la chambre de Louis XIV, où il a quitté Monsieur le comte du Nord.Nota. Monsieur le comte du Nord n’est point appelé. Le Roi, en passant pour se rendre aux petits appartemens, lui fait une invitation par une révérence, et alors Monsieur et Monseigneur le comte d’Artois l’emmènent avec eux. »

Chambre de Louis XIV ou chambre officielle de Louis XV puis Louis XVI
« Madame la princesse de Chimay, dame d’honneur de la Reine, vient vers les neuf heures moins un quart chez Madame la comtesse du Nord, avec laquelle elle monte dans les cabinets du Roi où la Reine et les princesses se sont déjà rendues.
Nota. La Reine a fait prévenir Madame la comtesse du Nord, lors de son arrivée, que Madame la princesse de Chimay viendra la prendre. Dès que Madame la comtesse du Nord est montée, la Reine envoie avertir Madame la comtesse de Benkendorff, Mesdemoiselles de Néditoff et de Barthoff qu’elle les attend chez le Roi où elles soupent.»

« La Cour sort des cabinets du Roi vers minuit et demi et repasse chez le Roi. Suivant l’usage, Madame la comtesse du Nord prend sa chaise près Madame Adélaïde pour retourner chez elle, et Monsieur le comte du Nord se rend chez lui à pied par les appartements. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord couchent ce jour ici.»
La salle à manger de Louis XVI

Le 23 mai 1782
« Monsieur le comte du Nord, sans autre suite que celui qui est nommé pour l’accompagner, va, vers les dix heures et demie du matin, pour voir Monsieur qu’il ne trouve pas et Monseigneur [le] comte d’Artois qui se rencontre chez lui. Monsieur le comte du Nord est ensuite chez le Roi auquel il fait sa cour pendant qu’il est à sa toilette. Il est aussi chez la Reine qu’il voit vers midi et demi.
Nota. Monsieur le duc de Villequier, étant prévenu par le sieur Le Gendre que Monsieur le comte du Nord est resté dans la Chambre de Louis XIV, va l’inviter à entrer et l’introduit à la toilette du Roi.
Ce prince entre chez le Roi comme les princes du sang, c’est-à-dire avant l’appel des entrées ; mais on prévient toujours Monsieur le duc de Villequier qui l’engage à entrer.
En 1782, Monsieur loge dans l’appartement du Dauphin situé au rez-de-chaussée du corps central, sous l’appartement de la Reine. Louis-Joseph prendra cet appartement lors de son passage aux hommes en 1787 et Monsieur et son épouse logeront dès lors du côté de la rue de la Surintendance.

Première antichambre du Dauphin, en 1782 celle du comte de Provence
Le comte et la comtesse d’Artois disposent d’un des appartements les plus spacieux du premier étage de l’aile du Midi côté jardins.
Premier étage du côté des jardins de l’aile du Midi

Appartements du comte et de la comtesse d’Artois, aujourd’hui galerie des Batailles
Toilette d’un gentilhomme sous Louis XVI
Pour la Toilette de la Reine, voir ici : https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/la-toilette-de-representation/
« Ce jour, entre midi et demi et une heure, Madame, Madame la comtesse d’Artois, Madame Élisabeth, Madame Adélaïde et Madame Victoire viennent faire visite à Madame la comtesse du Nord. Monsieur le comte du Nord s’y rend, et après la visite qui dure un quart d’heure, Monsieur le comte reconduit Mesdames tantes jusque dans l’appartement de Madame Adélaïde, les princesses forçant Madame la comtesse du Nord de ne pas sortir [par] la porte de son salon.
Nota. Madame, Madame comtesse d’Artois et Madame Élisabeth retournent chez elles en chaise.»

La chambre de madame Adélaïde
Mesdames logent au rez-de-chaussée côté nord du corps central. La comtesse d’Artois et madame Élisabeth logent au premier étage de l’aile du Midi, côté jardins, cette dernière tout au bout.
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord se rendent ensuite chez la Reine où ils dînent avec Leurs Majestés et la famille royale comme le jour de leur arrivée.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent chez eux vers les quatre heures et demie et reçoivent à cinq heures, dans le salon de Madame la comtesse, les révérences des seigneurs et dames de la cour et du corps des ambassadeurs, chacun leur étant présenté et nommé par le prince de Bariatinsky.
La Reine vient prendre Madame la comtesse du Nord pour aller à l’opéra, Sa Majesté arrive chez Madame la comtesse dix minutes avant l’heure indiquée pour le spectacle.Nota. Le Roi se rend dans la loge.
Monsieur le comte et Madame la comtesse se rendent avec la Reine à la salle de spectacle et voient l’opéra dans la même loge que le Roi et la Reine.»
L’opéra royal, vu de la scène
La loge royale

Marie-Antoinette dans la loge royale de l’opéra
« Après le spectacle, Leurs Majestés retournent chez elles. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sortent dès que Leurs Majestés sont passées, et après être rentrés chez eux, en repartent tout de suite pour retourner à Paris.»
Le 28 mai 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent ici. Ils arrivent à deux heures à Versailles d’où, sans être descendus chez eux, ils vont au château de la Reine où ils dînent avec Sa Majesté toute seule.»
Le Petit Trianon, vu de la grille d’entrée
Salle-à-manger et aperçu de la petite salle à manger du Petit Trianon
« Ils reviennent de Trianon à six heures du soir et vont descendre avec la Reine chez Monseigneur le Dauphin, et un quart d’heure après se rendent à leur appartement.»
Plan du rez-de-chaussée de l’aile du Midi, avec en rouge l’appartement dévolu aux Enfants de France
« Ils soupent ce jour chez la Reine avec la famille royale, excepté le Roi et Monsieur qui sont à Saint Hubert, et toujours dans l’intérieur en particulier. Ce prince et cette princesse couchent ce jour ici.»

La salle-à-manger des cabinets intérieurs de Marie-Antoinette

Vues du château de Saint-Hubert
Le 29 mai 1782
Monsieur vient sans suite sur les onze heures du matin voir Monsieur le comte du Nord. Cette visite, qui dure une demi-heure, se passe tête-à-tête dans le cabinet de Monsieur le comte du Nord.
La Reine arrive en même temps, aussi sans suite et sans toilette, chez Madame la comtesse du Nord qui la reçoit dans son petit cabinet. Cette visite est à peu près aussi longue que celle de Monsieur.
Immédiatement après que Monsieur est sorti de chez Monsieur le comte du Nord, Monsieur le comte va au lever du Roi. Il entre par la porte de glace dans le cabinet ; Monsieur le duc de Villequier, étant averti qu’il est là, vient l’engager de la part du Roi à entrer dans la chambre de Louis XIV où le roi s’habille. Monsieur le comte du Nord continue de faire sa cour au Roi pendant qu’on le coiffe.»

Le lever du Roi par Charles-Emmanuel Patas (1775)
Dès que le Roi fut passé pour la messe, Monsieur le comte du Nord alla chez la Reine qu’il ne trouva pas.
Monsieur le comte du Nord étant revenu chez lui, en ressortit presqu’aussitôt accompagné du prince de Bariatinski, du comte de Soltikoff et du comte de Bruce pour aller faire des visites. Il fut d’abord chez Monsieur le prince de Condé et chez Madame la princesse de Lamballe qu’il ne trouva pas. Il fut ensuite chez Madame la princesse de Guéméné, chez Madame la duchesse de Villequier, chez Madame la princesse de Beauvau, chez Madame la princesse de Chimay, chez Madame la comtesse d’Ossun et enfin chez les dames d’honneur et d’atours de toutes les princesses. Il entra chez toutes celles de ces dames qui ne se trouvèrent pas chez elles et s’y fit écrire.


Durant la même année 1782, la princesse de Guéménée et son époux connaissent une banqueroute sans précédent qui les obligera à quitter la cour.
La duchesse de Villequier est l’épouse du duc de Villequier, alors premier gentilhomme de Louis XVI.
Après ces visites, Monsieur le comte du Nord se rendit chez Monseigneur le comte d’Artois où lui et Madame la comtesse du Nord dînèrent avec Leurs Majestés et la famille royale dans les petits cabinets de ce prince.»
Salle à manger du château de Maison-Laffite, résidence du comte d’Artois, permettant de donner une idée de la table de ses petits cabinets de Versailles

Le Récital de Carl Schweninger le Jeune
Après le dîner et vers les quatre heures de l’après-midi, Monsieur le comte du Nord, ainsi que Madame la comtesse, reviennent chez eux. À cinq heures ils reçoient, étant ensemble dans le sallon de Madame la comtesse, les visites des seigneurs et dames de la cour. Madame la duchesse de Bourbon vient faire visite à Madame la comtesse du Nord. Les officiers des gardes du corps du Roi, ayant à leur tête Messieurs les capitaines de gardes, viennent aussi, ainsi qu’un détachement du corps des Cent-Suisses.»

La duchesse de Bourbon

Le duc d’Ayen, capitaine des gardes du Roi de la première compagnie,
dite des garde écossaises

Étendard de la Première Compagnie, dite Écossaise,
des Gardes du corps du roi

Le duc de Poix, capitaine des gardes du Roi de la deuxième compagnie

Étendard de la Première compagnie française des Gardes du corps du Roi, ou deuxième compagnie

Armoiries de la famille des ducs de Villeroy, capitaine des gardes du roi de la troisième compagnie

Étendard de la Deuxième compagnie française des Gardes du corps du Roi, ou troisième compagnie

Armoiries de la famille des princes de Tingry, de la maison des Montmorency-Beaumont-Luxembourg,
capitaine des gardes du Roi de la quatrième compagnie

Étendard de la Troisième compagnie française des Gardes du corps du Roi, ou quatrième compagnie
Le duc de Brissac, capitaine des Cent-Suisses dans son costume de cérémonie
Le 2 juin 1782
Le couple impérial et la Reine assistent au bal de l’Opéra. Dans la salle de l’opéra animée par une centaines de musiciens, deux mille femmes coiffées de plumes rivalisent de splendeur. Le spectacle de cette foule en grande parure est « magnifique par la quantité et l’éclat des bijoux« . Ouvrant le bal avec le comte d’Artois, la Reine est habillée à la Gabrielle d’Estrées :
«Une chapeau noir à plumes blanches, une masse de plumes de héron, rattachées par quatre diamants et une ganse de diamants, ayant pour bouton le diamant nommé Pitt, valant deux millions ; un devant de corps tout en diamants, une ceinture de diamants sur une robe de gaze d’argent, blanche, semée de paillettes, avec des bouillons en or rattachés par des diamants.»
Souvenirs du vicomte de Valfons

« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, étant prévenus que la cour se rend au spectacle, sortent de chez eux et se trouvent à la rencontre de Leurs Majestés, avec lesquelles ils vont à l’opéra qu’ils voient comme le premier [spectacle].
Le Roi et la Reine se séparent de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord, comme après le premier spectacle.»

L’opéra du château de Versailles
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord étant rentrés chez eux, Monsieur le prince de Condé vient leur rendre visite, et est reçu en particulier, dans la chambre à coucher de Madame la comtesse.»

Le prince de Condé
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord soupent ce jour chez eux avec Madame la comtesse de Benkendorff et le prince de Bariatinsky, et repartent à onze heures pour Paris.
Le 5 juin 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent ici. Ils arrivent vers les huit heures un quart du soir, ils descendent chez eux d’où ils repartent ensemble presqu’aussitôt pour retourner faire visite à Madame la princesse de Lamballe qu’ils ne trouvent pas. Ils sont ensuite chez Madame la princesse de Guéméné avec laquelle ils passent chez Monseigneur le Dauphin. Là, Monsieur le comte du Nord se sépare de Madame la comtesse pour aller chez Monseigneur le comte d’Artois, qu’il ne trouve pas, et chez Monsieur avec lequel il monte chez le Roi où lui et Madame la comtesse soupent avec la famille royale, exceptées Mesdames tantes.
Cinq des dames et les seigneurs qui accompagnent ce jour Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord y soupent aussi. Ils y ont été invités de la part du Roi et de la Reine, et la Reine les envoie chercher chez Madame la comtesse qui, en sortant de chez Monseigneur le Dauphin, a été chez la Reine, avec laquelle elle s’est rendue dans les cabinets du Roi.
Monsieur le comte du Nord passe au souper de la même manière qu’il l’a fait la première fois. Ce prince et cette princesse couchent ce jour ici.»
Le 6 juin 1782
Jeudi 6 juin 1782, à trois heures après midi, on commence à l’Hôtel des Menus Plaisirs, et au Grand Maître de Versailles, la distribution du bal paré qui aura lieu le samedi 8 à Versailles. Elle continuera jusqu’au vendredi 7 à neuf heures du soir.
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord vont se promener dans le parc de Versailles. Après avoir vu une partie des bosquets, ils vont au palais de Trianon, Madame la comtesse du Nord dans une des gondoles et Monsieur le comte à pied. Après avoir vu le château et les jardins, ils reviennent à Versailles dans la même gondole, avec Madame la comtesse de Benkendorff, le prince de Bariatinsky et Monsieur le comte d’Angivillier qui les accompagnent dans leur promenade. Ils voient en revenant l’autre partie du parc et l’Orangerie, et rentrent chez eux d’où, après avoir fait leurs toilettes, ils montent dans les cabinets du Roi pour voir la cour qui revient en cérémonie de Notre-Dame.»


Le bosquet des Bains d’Apollon


Bosquet des Dômes
Bosquet de l’Encelade
Le Grand Trianon et ses jardins

La Salle de Bal ou Bosquet des Rocailles
Bosquet de la Colonnade
L’Orangerie




Nota. Monsieur le comte d’Angiviller, directeur général des Bâtiments du Roi, accompagne Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord dans leur promenade.
Nota. La Reine se trouve aussi dans les cabinets du Roi.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord se rendent ensuite avec Leurs Majestés chez Monseigneur le comte d’Artois où ils dînent avec la famille royale dans les cabinets de ce prince. Ils rentrent chez eux vers les quatre heures.
Monsieur le comte, après avoir été faire visite à Madame Adélaïde et à Madame Victoire, va voir les ministres.


Antoine-Jean Amelot de Chaillou, ministre de la Maison du Roi

Le marquis de Ségur, secrétaire d’Etat à la Guerre

Le marquis de Castries, secrétaire d’Etat de la Marine

Le marquis de Miromesnil, garde des sceaux
« Madame la comtesse va cette même après-midi voir Madame la princesse de Guéménée, Madame la duchesse de Villequier, Madame la princesse de Beauvau, et toutes les dames d’honneur et d’atours de la Reine et des princesses.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord vont aussi voir Madame la princesse de Lamballe qu’ils trouvent.
Maria Feodorovna a niché, ce soir-là, un adorable oiseau de pierreries battant des aile au-dessus d’une rose. Le colifichet de Mademoiselle Bertin fait sensation !

« Ils se rendent ensuite au château de la Reine où, après avoir vu le spectacle, ils soupent. Après le souper, ils voient l’illumination des jardins et reviennent à Versailles où ils couchent.

Le théâtre du Petit Trianon

Illuminations du jardin du Petit Trianon à l’occasion de la visite de Joseph II en 1781
« Nota. Les femmes de chambre et les valets de chambre de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord au[x]quels la Reine a bien voulu donner des places pour le spectacle, soupent avec la première femme et les autres femmes de Chambre de la Reine.»
Le 7 juin 1782
« Le lendemain, Monsieur le comte du Nord sort de chez lui et va voir le dépôt des Affaires étrangères. Il monte ensuite dans le bureau de la Guerre.»


Portail de l’hôtel de la Guerre à Versailles, aujourd’hui appartenant à la Défense
Ces deux bâtiments se situent rue de l’Indépendance américaine, anciennement rue de la Surintendance.
Nota. Monsieur le marquis de Ségur, ministre de la Guerre, accompagne Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord dans leurs visites des Bureaux. Ce ministre est le seul qui les conduit parce que Monsieur le comte de Vergennes et Monsieur le marquis de Castries, qui n’ont pas été prévenus, sont absents. Madame la comtesse du Nord, qui est sortie de chez elle en même temps que Monsieur le comte, passe par les appartemens, étant accompagnée de Monsieur le comte d’Angiviller ; elle y examine les tableaux et va voir ceux du cabinet. Elle vient ensuite voir le dépôt des Affaires étrangères, ainsi qu’une partie des bureaux de la Guerre et de la Marine.»
Quelques tableaux que peut découvrir la comtesse du Nord, d’après L’ameublement et le décor intérieur du salon de Mars (1673-1789), article publié par le Centre de Recherche du Château de Versailles, un mélange de tradition italienne et de grands artistes français :
http://journals.openedition.org/crcv/12359#tocto2n8


Alexandre dans la tente de Darius, Charles Le Brun

Les pèlerins d’Emmaüs, Véronèse, aujourd’hui au Louvre
Marie Leszczynska par Carle Van Loo
Louis XV par Hyacinthe Rigaud
Ce portrait du feu Roi était exposé en alternance avec celui-ci :
Louis XV par Louis-Michel Van Loo

Saint Jean-Baptiste par Raphaël

La Diseuse de Bonne Aventure par Valentin de Boulogne
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord viennent, en sortant des Bureaux, voir la Reine, et repartent vers onze heures et demie pour Paris.
Nota. Ils s’arrêtent chez Monsieur le comte de Vergennes qui est à sa maison avenue de Paris.»
Le 8 juin 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, qui reviennent ici, y arrivent à quatre heures de l’après-midi et descendent à leur appartement où ils font leur toilette. Un instant avant que le bal commence, Monsieur le duc de Villequier vient les prendre et les conduit à la salle de spectacle, où ils voient le bal, étant placés avec la Cour.
Nota. Les seigneurs et dames qui accompagnent Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sont conduits au bal par Monseigneur le duc de Villequier, qui va les prendre à la salle des Ambassadeurs.
Nota. Toutes les personnes attachées à Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord et celles de la suite auxquelles Monsieur le duc de Villequier a donné des billets pour voir le bal, sont conduites de l’ordre de Monsieur le duc de Villequier par les deux garçons de la musique.
Après le bal, qui dure depuis six heures jusqu’à neuf, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord rentrent chez eux.Nota. Ce bal n’est point un bal paré, il n’y est point dansé de menuets.»
Bal au XVIIIe siècle
A six heures, tout le monde est placé ; la salle est éclairée de huit mille bougies. La comtesse du Nord, accompagnée du duc de Villequier, arrive à l’Opéra, quinze minutes avant l’arrivée de Marie Antoinette ; elle est reçue, par le duc de Fleury, premier gentilhomme de la Chambre du Roi, à la porte de la salle de l’Opéra. Il lui donne la main et l’amène jusqu’au rang des pliants destinés à la famille royale. Elle salue tout le monde, qui est debout, et s’assoit au deuxième pliant.
Le comte du Nord l’a suivie avec le prince de Bariatinsky.
Madame se met près de la comtesse du Nord, et au-dessus, la comtesse d’Artois est à sa gauche, ensuite Madame Elisabeth, Mademoiselle de Condé, la duchesse de Bourbon, la duchesse de Chartres et la princesse de Lamballe ; derrière ces dames sont trois banquettes occupées par les dames du palais ou de compagnie de la Reine et des princesses.
Derrière l’orchestre, où il y a cent instruments, se trouvent quatre rangs de banquettes en gradin et en fer à cheval ; dans chacune cinquante femmes de Paris.
A la droite de la comtesse du Nord, et en gradins, douze dames russes de sa suite ; derrière des dames de la Cour ne dansant pas, et derrière celles-ci et en gradins, les personnes présentées entrant sans billets.
Ce sont les quatre premiers gentilshommes de la Chambre du Roi qui ont placés : le duc de Villequier, le maréchal-duc de Duras, le duc de Villequier et le duc de Fronsac, survivancier de son père le maréchal-duc de Richelieu.
Vers six heures un quart
Marie-Antoinette arrive et va droit à la comtesse du Nord, et lui offre de danser. La comtesse du Nord refuse ainsi que le comte du Nord. Marie Antoinette ouvre le bal par une contredanse à huit avec le comte d’Artois.
Marie-Antoinette est habillée dans le costume de Gabrielle d’Estrées ; un chapeau noir avec des plumes blanches, une masse de plumes de héron, rattachées par quatre diamants et une ganse de diamants, ayant pour bouton le diamant « Pitt », valant deux millions de livres ; un devant de corps tout en diamants, une ceinture de diamants sur une robe de gaze d’argent, blanche, semé de paillettes, avec des bouillons en or rattachés par des diamants.
Puis, on commence une seconde contredanse. Marie-Antoinette en dansera quatre, dont deux avec le marquis de La Fayette et des américains à qui Louis XVI parle très souvent, et que Marie-Antoinette traite avec une bonté et une préférence marquées.
Marie-Antoinette prend indifféremment, durant le bal, plusieurs places sur différentes banquettes ; Louis XVI se promène dans toute la salle, et s’assoit plusieurs fois.
La comtesse du Nord convient qu’il n’y a rien de si beau et qu’il ne faut plus voyager quand on a vu une aussi brillante Cour. Toute la Cour est habillée de sa plus grande parure.
Les rafraichissements sont servis par les pages du Roi de la Grande et de la Petite Ecuries, en surtout galonné d’or, et les pages de la Chambre en grand habit. On donne des glaces, des liqueurs fraîches, des oranges…
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord se rendent ce jour, vers les neuf heures et demie soir, chez Madame la princesse de Lamballe où ils soupent. Monsieur le comte du Nord en sort à minuit et demi, à l’instant où le bal commence, et Madame la comtesse une heure après.
Nota. La Reine, Monsieur, Madame, Monseigneur le comte d’Artois et Madame Élisabeth se rendent chez Madame la princesse de Lamballe à minuit.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord qui couchent ce jour ici en repartent le lendemain, à onze heure un quart, pour retourner à Paris.»
A neuf heures
Louis XVI et Marie-Antoinette sortent et sont suivis du comte et de la comtesse du Nord, que le duc de Fronsac, premier gentilhomme de la Chambre du Roi en survivance, ramène à son appartement en lui donnant la main.
Le 14 juin 1782
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord reviennent avec la reine de Paris, après l’opéra. Ils descendent en arrivant chez la Reine avec laquelle ils soupent dans les cabinets de Sa Majesté d’où ils se rendent chez eux pour coucher.»
Secrétaire à abattant sur base (1776), attribué à Martin Carlin, acquis par Maria Feodorovna
Le 15 juin 1782
« Le lendemain, [à] environ dix heures du matin, Monsieur le comte de Vergennes, Monsieur le marquis de Ségur et Monsieur le marquis de Castries viennent chez Monsieur le comte du Nord. Le Roi et la Reine s’y rendent vers dix heures et demie, étant accompagnés de Monsieur le prince de Poix, capitaine des gardes du corps de quartier, et de Monsieur le duc de Villequier, premier gentilhomme de la Chambre du Roi.
Nota. Le Roi a sa garde ordinaire autour de ses voitures. Les troupes ne montent pas parce que le Roi avance son lever qui doit être à onze heures et demie, et qui est à dix heures et demie, parce que Sa Majesté, qui a été informée que Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont fixé cette heure pour partir pour Marly, veut, ainsi que la Reine, les accompagner.»

« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord viennent au devant du Roi et de la Reine jusque dans la salle-à-manger de Monsieur le comte d’où, après quelques instants de conversation, Leurs Majestés sortent avec Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord pour aller voir Marly, étant tous les quatre dans la voiture du Roi.
Au retour de Marly et vers une heure après midi, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord descendent chez eux et remontent chez la Reine où ils dînent avec la famille royale.Nota. La voiture du Roi vient prendre Leurs Majestés, ainsi que Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord, devant la chapelle en dedans du parc.»

Plan général du domaine de Marly
Vue des pavillons et des jardins de Marly

La pavillon royal de Marly
« Sur les quatre heures et demie, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord sortent de chez la Reine pour aller prendre congé de la famille royale.
Ils sont d’abord chez Monseigneur le Dauphin et chez Madame d’où ils reviennent chez eux recevoir les visites de Monsieur, de Madame, de Madame comtesse d’Artois et de Madame Élisabeth, qu’ils reconduisent jusqu’à la porte d’entrée de leur appartement.Nota. Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord ont été prévenus en sortant de chez Monseigneur le Dauphin que Monsieur et les princesses sont chez eux, ce qui leur fait interrompre leurs visites.
Madame Adélaïde et Madame Victoire viennent aussi faire visite à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord. Après ces visites, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord vont prendre congé de Monsieur, de Madame, de Monseigneur le comte d’Artois, de Madame la comtesse d’Artois, de Madame Élisabeth, et Mesdames Adélaïde et Victoire ; ils vont aussi chez Mademoiselle et chez Monsieur le duc de Berry. Ils ne peuvent aller chez Monsieur le duc d’Angoulême parce qu’il est à Beauregard, maison de Monsieur le marquis de Sérent, son gouverneur, mais ce prince vient exprès dans la soirée faire visite à Monsieur le comte et à Madame la comtesse du Nord, desquels il est reçu dans l’appartement de Madame la comtesse.»

La comtesse d’Artois et ses enfants le duc d’Angoulême, Mademoiselle et le duc de Berry
« Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord étant rentré[s] chez eux après avoir pris congé de la famille royale reçoivent dans le cabinet de Monsieur le comte la visite de Monseigneur [le] comte d’Artois, et se rendent chez la reine où ils soupent avec la famille royale.
Monsieur le comte et Madame la comtesse sont après le souper, avec la Reine, les princes et princesses, chez Madame la princesse de Lamballe où il y a bal. Ils en sortent – Monsieur le comte à minuit et demie, et Madame la comtesse à deux heures – et couchent ce jour pour la dernière fois à Versailles.
Le lendemain, jour du départ de Monsieur le comte et de Madame la comtesse du Nord, Mademoiselle vient rendre visite à Madame la comtesse.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord vont faire leurs adieux à la Reine.Nota. Ils entrent quoique la Reine soit encore couchée.»
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Calendrier de l’année 1784
« Monsieur le comte revient chez lui et Madame la comtesse va voir Madame, Madame comtesse d’Artois, Madame Élisabeth, Madame Adélaïde et Madame Victoire.
Monsieur le comte monte faire ses adieux au Roi, il y es un quart d’heure avant celle indiquée pour le lever et attend dans le cabinet le moment où le Roi passe pour aller dans la chambre de Louis XIV, faire son lever.Nota. Monsieur le duc de Villequier, qui a été informé que Monsieur le comte du Nord est dans le cabinet, fait avertir le Roi qui vient dans le cabinet recevoir les adieux de Monsieur le comte du Nord.
Monsieur le comte du Nord, en sortant de chez le Roi, descend chez lui et [à] environ onze heures trois quarts Monsieur le comte et Madame la comtesse partent de Versailles.
Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord quittent Paris le 19 juin pour continuer leur voyage ; [ils] passent par Choisy où ils trouvent la cour qui s’y est rendue la veille. Ils y arrivent à onze heures un quart du matin étant accompagnés de la comtesse de Soltikoff, du prince Kourakin et du prince de Bariatinsky.»
Le château de Choisy
Reconstitution du château de Choisy
« Fort peu de temps après leur arrivée, on leur sert à dîner dans la salle-à-manger du Roi. Leurs Majestés et la famille royale assistent au dîner qui dura une demi-heure.
Ensuite, Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord prennent congé de la cour, partent vers midi pour aller à Orléans où ils couchent ce jour.»

à Paul Ier et son épouse lors de leur voyage en France en 1782. ; Palais de Pavlovsk

