
Le 29 décembre 1732
Naissance de Marc-Antoine Thierry (1732-1792) à Versailles. Il est le fils de François Christophe Thierry (1699-1782) qui fut huissier ordinaire de la chambre du Roi jusqu’en 1767 puis premier valet de chambre du duc de Berry, futur Louis XVI (1754-1792) et de Marie-Martine Capet (décédée en 1818, elle sera la femme de chambre de la duchesse de Berry, la bru de Charles X).
Marc-Antoine Thierry est issu d’une famille de serviteurs de la royauté depuis quatre générations :
– Son grand-père Nicolas François Thierry (1670-1739) était écuyer de la bouche du Roi, maréchal des logis au régiment des gardes Suisses.
– Son arrière grand-père François Thierry fut écuyer de la Bouche du Roi et contrôleur de la Maison de la duchesse du Maine.
– Son quadrisaïeul François Tierry, né vers 1613 était déjà écuyer ordinaire de la Bouche du Roi.
Le 17 février 1760
Marc-Antoine Thierry épouse Marguerite Cécile Lemoyne de Boullogne (1734-1813), première femme de chambre de la Reine Marie Leszczynska (1703-1768).
Dans ses mémoires, l’intendant écrira : « l’amour ne calcule guère, aussi devins-je fort amoureux de celle avec qui j’ai depuis passé des jours véritablement filés d’or et de soie».
En 1765
Naissance de leur fille, Marie-Louise Adélaïde Thierry
Le 20 décembre 1765
Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin Louis-Ferdinand (1729-1765) meurt, à l’âge de trente-six ans.

Louis-Auguste, duc de Berry, devient le Dauphin.


Le 13 mars 1767
Mort de Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

L’éducation proprement dite du Dauphin s’arrêtera avec son « établissement », c’est-à-dire son mariage.
En 1767
Le père de Marc-Antoine, François Christophe Thierry (1699-1782), est nommé premier valet de chambre du Dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI (1754-1792).
Les Thierry deviennent, en quelque sorte, une seconde famille pour Louis-Auguste, à l’instar de ce que fut Madame de Ventadour (1654-1744) pour Louis XV, qui l’appelait «Maman Ventadour». Le Dauphin connaissait Madame Thierry, née Marie Martine Capet, qui avait la charge de première femme de chambre lorsqu’il était tout jeune. Lorsqu’il passa aux hommes, il retrouva son mari, François Christophe Thierry, qui était premier valet de chambre.
Le 24 juin 1768
Mort de la Reine Marie Leszczynska (1703-1768).

En 1769
La famille Thierry est anoblie.
En 1770
Après avoir fait campagne dans les mousquetaires gris, Marc-Antoine Thierry est Colonel du régiment Dauphin-Dragons et entre dans la charge de premier valet de chambre du duc de Berry. Il a trois ans de moins que le père de Louis-Auguste, qui avait été peu présent pour ses enfants, surtout dans les premières années, si bien que Marc-Antoine est une sorte de père de substitution. Il devient surtout le confident et l’indéfectible homme de confiance du futur Louis XVI.
Le 16 mai 1770

Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.

Marie-Antoinette choisit alors madame Thierry, épouse du valet de chambre de Louis-Auguste, comme femme de chambre. Elle respecte la femme et adore ses deux enfants. Louis XV fronce les sourcils : ce n’et pas à la Dauphine de choisir les dames qui assurent Son service. Ces nominations relevaient d’une organisation protocolaire difficile à cerner où l’ancienneté de la famille, les faveurs ou honneurs qu’on désirait lui faire constituaient autant d’échelons successifs qu’il était impensable de contourner.

De 1770 à 1776, Marguerite-Cécile Thierry est la première femme de chambre de Marie-Antoinette.
Le 7 août 1770
« Madame la Dauphine … soupa avec le Roi et prit occasion de lui demander son consentement pour qu’une nommée Thierry, femme du premier valet de chambre de M. le Dauphin, fut placée chez Mme la Dauphine en qualité d’une des premières femmes de chambre, ce que le Roi accorda sur-le-champ. Cette Thierry, ainsi que son mari, sont créatures du duc de La Vauguyon et par conséquent conviennent peu au service de Mme la Dauphine. S.A.R. en paraissait même persuadée à la suite des représentations que je lui avais faites à ce sujet ; mais Mme l’archiduchesse s’est enfin déterminée par deux motifs dont elle m’a dit le premier et dont j’ai deviné le second. Le premier a été que Mesdames, peu instruites des choses, ont désiré contre toute raison que cette femme fût placée, et ont tourmenté Mme l’archiduchesse a consisté Mme la Dauphine pour qu’elle la demandât au Roi. Le second motif de Mme l’archiduchesse a consisté en ce que la dite Thierry a un enfant de quatre ans assez vif et joli, et que S.A.R. est bien aise de rapprocher d’elle en vertu de la passion qu’elle a pour les enfants.»
Mercy d’Argenteau à l’Impératrice Marie-Thérèse
« La princesse arriva, ma femme fit auprès d’elle le service de simple femme de chambre, et ce ne fut qu’au voyage de Compiègne 1770, que Mesdames, ennuyées de l’opposition de la dame d’honneur, se liguèrent en notre faveur avec la jeune Dauphine.»
François Christophe Thierry à son fils Marc-Antoine Thierry
Le 5 septembre 1770
« La future première femme de chambre a occasionné un petit mouvement d’aigreur entre Mme la Dauphine et sa dame d’honneur. Mme la Dauphine a trouvé qu’on différait trop longtemps de mettre la survivancière en exercice. Je ne sais qui l’a conseillée, elle a cru avoir le droit de la mettre en possession quoiqu’elle n’eût pas de brevet ni prêté serment. Elle n’en avait pas parlé à Mme de Noailles et lui a fait seulement dire par cette femme de chambre. Mme la Dauphine ne m’en a parlé qu’après avoir donné cette mauvaise commission… J’ai eu à essuyer les plaintes de Mme de Noailles plus piquée qu’elle ne l’a encore été et reparlant plus que jamais de quitter Mme la Dauphine à qui cette menace est revenue, apparemment par Mesdames, a pris son parti à cet égard. Elle ne serait pas fâchée que Mme de Noailles quittât dans un an ou deux, et s’était déjà fait un petit système pour la remplacer… J’ai représenté à Mme la Dauphine … que dans l’état actuel, on lui donnerait sûrement une des dames en faveur. L’ascendant des tantes est plus fort que jamais , je me casserais le nez si je voulais la combattre directement.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Le 22 juin 1771
« Depuis quelques semaines, Madame la Dauphine a repris la coutume de jouer avec des enfants, et malheureusement sa première femme de chambre (madame Thierry) en a deux, c’est-à-dire un garçon de six à sept ans et une fille de douze, l’un et l’autre très bruyants, malpropres et remplis d’inconvénients. Madame l’Archiduchesse passe une grande partie de la journée avec ces enfants qui gâtent ses habits, déchirent et cassent les meubles et mettent le plus grand désordre dans l’arrangement des appartements … Lorsque S.A.R. s’est livrée quelques heures de suite à la dissipation, il est impossible de fixer son attention sur rien.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 11 janvier 1773
Naissance de son fils, Armand Thierry de Ville d’Avray, vicomte de Beauregard (1773-1844) .

Biscuit attribué à Sèvres (fin XVIIIe siècle)
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles à trois heures un quart de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Le Dauphin devient Louis XVI.

La charge de Marc-Antoine Thierry est commuée en celle de premier valet de chambre du Roi, quand Louis XVI accède au trône.

Marc-Antoine Thierry réside au cœur de petits appartements du Roi, au second étage du corps central, dans un logement donnant sur la cour des cerfs, créé à partir du démembrement du spacieux appartement affecté par Louis XV à la comtesse du Barry. L’appartement du dessus, qui sert pour l’officier en quartier afin de se reposer la journée et quand on lui demande de partir, est tout petit mais il dispose d’un autre appartement plus spacieux dans une des ailes (au deuxième ou attique parce que le premier est l’étage le plus prestigieux) partagé avec sa famille car généralement tous les membres d’une famille d’officiers subalternes sont au service de la famille royale. Ils ont aussi leur maison dans Versailles pour y mettre leurs affaires, chevaux… Sans oublier un château : pour les premiers valets et premières femmes, la frontière est très floue avec les courtisans.

La salle de bain de Madame du Barry,
L’évolution des décors à travers le temps
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

La salle de bains est aménagée en 1765 pour Louis XV avec deux baignoires.

Entre 1766 et 1767, Marie-Josèphe fait installer une cloison légère pour séparer la chaise, installée dans un réduit, et les bain
En 1767, le Roi récupère cette salle pour en faire la pièce des bains qui est précédé par la chambre des bains au sud, l’actuelle pièce des buffet.

En 1770, Madame du Barry fait ériger une cloison vitrée pour délimiter un couloir du côté de la fenêtre : elle était composée d’une porte vitrée et de glaces placées en face de la fenêtre pour assurer l’éclairage de la salle de bains.

En 1774, cette pièce perd sa fonction de salle d’eau et devint la garde-robe de Thierry, Premier valet de chambre du Roi.

Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, la cloison sera démolie et le dallage remplacé par un parquet.

En 1775
Marc-Antoine Thierry achète le manoir de la Brosse à Ville-d’Avray qu’il fait démolir pour édifier le château qu’il entoure d’un vaste parc. Il cède des terres et des bois au Roi en échange de la seigneurie de Ville-d’Avray avec ses droits utiles et honorifiques, la ferme de soixante-huit arpents de terre et dix-huit arpents de prés, l’ancien parc des Célestins.



Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.




En 1776
Marguerite Cécile Thierry, première femme de chambre de la Reine se montre trop bavarde et c’est à cause d’elle que courent quelques bruits sur l’impuissance de Louis-Auguste. Seule de tout le service de Marie-Antoinette, elle soutient que le mariage est consommé et en donne pour preuves les taches révélatrices qui existent dans le linge du prince et de la princesse.
En novembre 1776
Marie-Antoinette s’arrange pour forcer Madame Thierry à demander sa retraite, pour éviter un renvoi qui aurait fait scandale. On publie que des raisons de santé l’ont contrainte à démissionner. Et par respect pour la Reine, ni Thierry ni sa femme ne démentent cette fausse nouvelle.

En 1782
Cet échange fut enregistré au Parlement en 1783. Il obtient l’érection de son domaine en baronnie en juillet de l’année suivante. Il fit beaucoup pour cette commune pratiquant le mécénat avec notamment la construction de l’église qui débuta le 11 juillet 1789, soit trois jours avant la prise de la Bastille. Aujourd’hui la commune de Ville-d’Avray a adopté les armoiries de son célèbre mécène.
Au XVIIIe siècle, la charge de premier valet de chambre a peu à voir avec une fonction de domestique. C’est une charge honorifique, qui s’achetait contre de fortes sommes d’argent, et qui pouvait être revendue à un successeur. Ces charges de commensaux étaient chargées de l’organisation des services de la maison des princes et permettaient aux familles de leurs titulaires de bénéficier des protections de la famille royale.
Marc-Antoine Thierry loge là où vivait la comtesse du Barry. Cette dernière ayant dû quitter le palais avant même le décès de son royal amant. Ses voisins directs étant le mentor de Louis XVI : le comte de Maurepas et le marquis de Villequier, qui obtiennent les autres parties de l’appartement de Madame du Barry, celles qui donnent dans la cour royale. Louis XVI a ainsi accès à tout moment, et discrètement (grâce au secret des petits cabinets intérieurs), à son plus proche collaborateur et à son ministre principal.
En 1784
Marc-Antoine Thierry est fait baron de Ville d’Avray, peu après son acquisition de la seigneurie de Ville d’Avray. Intendant du Garde-Meuble de l’Hôtel de la Marine de 1784 à 1792, Marc Antoine Thierry de Ville d’Avray y loge avec sa famille.

































































Le cabinet des glaces a été créé pour madame de Ville d’Avray à la demande son mari.













Le 7 février 1784
Dès le début de son administration, Marc Antoine Thierry rédige un nouveau règlement pour les commandes, les prêts de meubles et la gestion de l’établissement, signé par le Roi.
Au lieu de commander les meubles à des artisans indépendants, il choisit de s’adresser à une régie placée sous la surveillance du sculpteur Jean Hauré : y œuvrent l’ébéniste Guillaume Benneman (1750-1811), les menuisiers Jean-Claude Sené et Jean-Baptiste Boulard (1725-1789), les sculpteurs Nicolas Vallois et François Chatard, les bronziers Pierre-Philippe Thomire (1751-1843), Etienne-Jean Forestier et André Ravrio, le tapissier Claude-François Capin.

Chambre de Marie-Antoinette à l’Hôtel de la Marine, ancien Garde-Meuble Royal. Cette pièce avait été richement apprêtée pour recevoir la jeune Dauphine à l’occasion des fêtes de Son mariage. Même si Marie-Antoinette n’y a sans doute jamais séjourné, le décor se plaît à L’évoquer.
Le 27 février 1784
Marc Antoine Thierry reçoit le brevet nécessaire pour exercer la charge en titre après que l’intendant, Pierre-Elisabeth de Fontanieu (1730-1784), a demandé à se retirer en raison de sa santé déclinante.
Il est réputé pour s’être meublé ainsi que son épouse, et aux frais de l’Etat, aussi richement que les souverains.

Jean-Baptiste André Furet, Paris, collection particulière
Le 4 juillet 1784, les curieux se pressent rue Saint Honoré chez l’horloger Furet pour voir trois pendules très originales dont la première représente « une Négresse en buste dont la tête est supérieurement faite. Elle est historiée très élégamment et avec beaucoup de richesses et d’ornements. Elle a, suivant le costume, deux pendeloques d’or aux oreilles. En tirant l’une, l’heure se peint dans l’œil droit et les minutes dans l’œil gauche. En tirant l’autre pendeloque, il se forme une sonnerie en airs différents, qui se succèdent ». Aussitôt, le directeur général du Garde-Meuble de la Couronne, Thierry de Ville-d’Avray, fait acquérir pour le service du roi, au prix de 4000 livres, pris sur les dépenses extraordinaires. En fait, Thierry pensait surtout à son amusement personnel, car la pendule est placée dans le salon de son appartement de fonction, place Louis XV (l’actuel ministère de la Marine). Il devait s’en amuser beaucoup car, au cours du premier semestre 1787, l’horloger Robert Robin est chargé de déposer et reposer le « jeu de flute de la Négresse » , pour le confier à un facteur d’orque chargé de le réparer. La même opération devra avoir lieu quatre ans plus tard et, en juin 1791, Richard, mécanicien demeurant cloître Saint-Germain-l’Auxerrois, demanda 96 livres pour « avoir rétabli et livré au Thierry une mécanique à jeu de flute adaptée dans le buste d’une Négresse ». Quoique satisfait, Thierry demande alors à Richard d’y ajouter de nouveaux airs beaucoup plus étendus « qu’il indiqua » et même « à double partie, afin de donner à cette pièce tout l’agrément, l’intérêt et la perfection dont Richard s’y engage pour le prix de 500 livres et promis d’avoir fini ce travail pour la fin décembre. Thierry avait imposé cette date car il présente la pendule dans les étrennes de la famille royale au 1er janvier 1792. Le destinataire en aurait dû être Marie-Antoinette, ou le Dauphin – on disait alors le « le prince royal » -, mais la Reine, « qui la voit et l’entend, ne juge pas à propos qu’un objet aussi précieux, soit entre les mains (de Son fils) qui auraient pu le gâter ». La conserva-t-Elle dans Ses appartements ? La pendule est citée ensuite au Garde-Meuble, d’où elle ressort peu après pour être à nouveau réparée, sous la direction de Richard, par un horloger du nom de Volant, lequel ne peut s’en acquitter, défendant alors la France à ses frontières ; c’est donc sa femme qui est chargée de restituer la pendule le 1er décembre 1792, au « Garde-Meuble National ».
« Marie-Antoinette » Catalogue de l’exposition à Paris en 2008
En 1787
Versailles devient municipalité indépendante du pouvoir royal. En effet, jusqu’alors, Versailles était dirigée par des intendants nommés par le Roi. La ville étant divisée en huit quartiers, un syndic de huit députés par quartier doit être désigné. Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray est l’un de ces syndics élu en décembre 1787.
Mais ce nouveau « Conseil municipal » est fantoche, symbolique, sans budget, sans aucun pouvoir et même sans aucune salle pour se réunir. Le futur maire de Versailles doit prêter deux salles de l’hôtel du Garde-Meuble.
Jusqu’en mai 1789
Durant près de dix-huit mois, , ce « Conseil municipal » est divisé et l’un des conflits porte sur la désignation d’un représentant de ce conseil.
Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux.
Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.

Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…
Emmanuel Sieyès (1748-1836), élu député du Tiers-Etat, est un proche de Thierry de Ville d’Avray.

Le 28 mai 1789
Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray devient le premier maire de Versailles nommé par ses pairs.
Il ne reste que soixante-sept jours dans cette fonction.
Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Le Roi et la Reine se retirent à Marly pour le pleurer. Il est enterré avec un cérémonial réduit à Saint-Denis compte tenu le contexte économique difficile.
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume

Le 11 juillet 1789
Renvoi de Necker
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.


Le Roi est à la chasse.



Il rentre bredouille et note “Rien” dans son journal…


Réveillé dans la nuit par le duc de la Rochefoucault qui l’informe de la situation, il interroge:
_C’est une révolte?
_Non, sire! C’est une révolution!

Le 15 juillet 1789
Necker est rappelé sous la pression populaire.
Le 3 août 1789
Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray démissionne.
La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.

Le 21 août 1789
Le « Conseil municipal » de Versailles est dissout en attendant de nouvelles élections, mais Versailles restera sans maire jusqu’au 8 septembre 1790, date des premières élections municipales.
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Du 3 août 1789 au 8 septembre 1790
Il y a six maires éphémère à Versailles.
Le 1er octobre 1789
Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.


Le peuple croit à une orgie antidémocratique…

Le 5 octobre 1789

Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Fraîchement anobli ayant fait rapidement fortune, son arrivisme attise la jalousie autour de Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray, d’autant plus que sa gestion du Garde-Meuble est remise en question.
En janvier 1790
Après le départ de la Cour et l’émigration des Condé, l’Hôtel de Bellefonds est affecté à la municipalité, qui en obtient en 1821, un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans. C’est, depuis, l’hôtel de ville de Versailles.



Le 17 juin 1791
L’Assemblée constituante décide de faire procéder à l’inventaire complet du Garde-Meuble.
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.
Le 21 juin 1791

Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.
La fuite de la famille royale fait craindre qu’elle n’ait emportée son trésor avec elle ou qu’elle ait missionné des proches pour le récupérer afin de payer les armées contre-révolutionnaires. Le rapport d’inventaire ne révèle aucune disparition des joyaux de la Couronne mais un manque de portions d’or. Le baron Thierry est soupçonné, à raison. Appelé à la barre de l’Assemblée Nationale, il lui est enjoint de se tenir « aux ordres des commissaires ».
Lors des troubles du printemps 1792
Désormais surveillé, Le baron Thierry aménage un meuble dans ses appartements pour cacher neuf coffrets comprenant les trois quarts des joyaux (dans quel but ? Les protéger d’éventuels pillages ? Aider la contre-révolution ? Simple vénalité ?).
Le 20 juin 1792
Le peuple des faubourgs, encadré par des gardes nationaux et ses représentants, comme le brasseur Santerre (10 à 20 000 manifestants selon Roederer), pénètre dans l’assemblée, où Huguenin lit une pétition. Puis elle envahit le palais des Tuileries.
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Jan Bulthuis, vers 1800

Le 10 août 1792
La prise des Tuileries : pour défendre le palais, le Roi peut compter sur ses mille à mille deux cents gardes Suisses, sur trois cents chevaliers de Saint louis, sur une centaine de nobles et de gentilshommes qui lui sont restés fidèles. La Garde nationale est passée dans le camp adverse. Seul le bataillon royaliste des « filles de Saint Thomas » est demeuré fidèle au souverain.

Roederer, le « procureur syndic du département » convainc le Roi de se réfugier à l’assemblée Nationale avec sa famille. Ceux qui ne font pas partie de la famille royale ne sont pas autorisés à les accompagner.

Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.
Le 13 août 1792
La Commune décide de transférer la famille royale au Temple… en passant par la place Louis XV qu’on a déjà rebaptisée Place de la Révolution, on montre au Roi comme la statue de son grand-père est en train d’être déboulonnée pour faire disparaître toutes les marques du régime qui devient dès lors ancien…

Pétion, qui estimait que la grande Tour du Temple était en trop mauvais état, a résolu de loger la famille royale dans la petite en attendant la fin des travaux ordonnés pour isoler la prison du monde extérieur.

Après la prise des Tuileries
Les scellés sont posés sur les administrations pour éviter les vols.
Le baron Thierry est arrêté et emprisonné à la prison de l’Abbaye, boulevard Saint-Germain dans le VIe arrondissement de Paris.

Son beau-frère Lemoine-Crécy qui a la charge de garde général de la Couronne, remet les coffrets aux autorités de la Commission des Monuments. Le procès-verbal de récolement mentionne qu’ils n’ont pas été ouverts, d’où la rumeur semble-t-il fondée qui veut que Thierry ait, sous le prétexte d’opérations de retaille ou de réparation, vendu en secret des diamants à des joailliers hollandais, par l’intermédiaire des banquiers Vandenyve.
Etant donné la réponse de la révolution au manifeste de Brunswick, les Français redoutent les réactions étrangères, et notamment autrichiennes. Qui aurait oublié que Brunswick a annoncé qu’il détruirait Paris si l’on touchait au Roi? En même temps court une rumeur de complot aristocratique visant à aider l’ennemi à l’intérieur même de Paris… or où sont la plupart des nobles en cette période révolutionnaire ? Enfermés dans les prisons depuis le 10 août… ! On vend dans les rues un texte imprimé qui dénonce un complot tramé « par les aristocrates et les prêtres réfractaires aidés des brigands et des scélérats détenus dans les prisons de Paris » pour assassiner « tous les bons citoyens« . Alors à la nouvelle de la prise de Verdun, un cri terrible s’élève partout : » Aux prisons !«
Le 2 septembre 1792
Une foule armée de barres de fer, de piques et de bûches encercle les prisons de Paris, voulant y tuer les royalistes qu’une rumeur accuse d’y avoir caché des armes pour fomenter une contre-révolution.


Le 3 septembre 1792
Les massacreurs gagnent la prison de l’Abbaye de Saint-Germain des Prés.




Marc-Antoine Thierry de Ville d’Avray est victime de ces massacres de septembre.



Louis XVI aura-t-il eu connaissance de ce qu’il est advenu de son fidèle valet qui fut un second père pour lui?
Sources :
- L’Intrigant , Nouvelles révélations sur Louis XVI (2020) d’Aurore Chéry, chez Flammarion
- La petite cour : Services et serviteurs à la Cour de Versailles au XVIIIe siècle (2006) de William R. Newton, Paris, Fayard
- Louis XVI (2010) de Jean-Christian Petitfils, Paris, Perrin