Louis XVI est le dernier Roi de France de l ‘Ancien Régime, il est le fils du Dauphin Louis-Ferdinand (1729-1765) et de Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767).
Le 23 août 1754
Naissance de Louis-Auguste.
De nombreuses personnes sont là pour constater la venue du nouveau-né : l’accoucheur de la famille royale Jard ; le chancelier Guillaume de Lamoignon de Blancmesnil, le garde des Sceaux Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville et le contrôleur des Finances Jean Moreau de Séchelles, des porteurs, gardes du corps et la sentinelle. Le Dauphin, en robe de chambre, accueille chacun en disant : « Entrez, mon ami, entrez vite, pour voir accoucher ma femme. »
L’enfant naît à six heures vingt-quatre minutes du matin.
« Suivant le calcul qu’on avait fait, on ne comptait pas que la Dauphine accouchât avant le 1er septembre, et le Roi Très Chrétien avait arrangé ses voyages de façon à venir fixer son séjour à Versailles le 28 août ; ainsi il n’est arrivé ici que deux heures et un quart après les couches, ayant fallu tout ce temps pour lui faire savoir la nouvelle à Choisy où il était. Le Chancelier, le Garde des Sceaux, le Contrôleur général et M. de Puysieux sont les seuls ministres qui se sont trouvés présents à la naissance du prince. Ce fut à quatre heures du matin, la nuit du 22 au 23, que Madame la Dauphine sentant quelques petites tranchées, se leva doucement toute seule sans réveiller Monsieur le Dauphin et sans appeler personne … Après quoi, voulant se recoucher sans faire de bruit, Monsieur le Dauphin se réveilla ; il appela du monde, et comme les douleurs augmentaient, on fit chercher l’accoucheur, et à six heures et trois quarts, elle mit au jour Mgr le duc de Berry.»
Le comte de Bellegarde, ministre de Saxe
« Aujourd’hui (23 août) Madame la Dauphine est accouchée un peu avant six heures du matin… A la première douleur qu’elle sentit, Monsieur Binet, premier valet de chambre de Monsieur le Dauphin, a écrit par son ordre un petit mot au Roi et l’a fait partir sur-le-champ par un piqueur de la petite Ecurie ; il était quatre heures et demie ; le piqueur a fait une une chute en chemin qui l’a empêché d’aller plus loin. Aussitôt que Madame la Dauphine a été accouchée. Monsieur le Dauphin a fait partir Monsieur de Montfaucon, l’un de ses écuyers, pour aller rendre compte au Roi. Monsieur de Montfaucon a trouvé le piqueur, a pris le billet et l’a été porter au Roi à Choisy, de sorte que le Roi a appris en même temps le travail et l’accouchement … Le Roi a donné 10 louis (240 livres) de pension sur sa cassette au piqueur qui est allé à Choisy.»
Journal du duc de Luynes
Immédiatement après sa naissance, le bébé est ondoyé à l’église Notre-Dame de Versailles par Sylvain-Léonard de Chabannes (1718-1812), aumônier du Roi. Monsieur Rouillé, ministre et secrétaire d’Etat, Grand trésorier de l’Ordre du Saint-Esprit, apporte le cordon de cet Ordre et a l’honneur de le passer au cou du prince. Quand le Roi entre dans la chambre, il saisit le nouveau-né et le prénomme Louis-Auguste avant de le nommer immédiatement duc de Berry. Le bébé est aussitôt confié à Madame de Marsan, gouvernante des Enfants de France, avant d’être conduit dans son appartement par le duc de Villeroy, capitaine des gardes du corps du Roi.
Sa nourrice, la maîtresse du marquis de la Vrillière, ne donne pas assez de lait. Sur l’insistance de la Dauphine, elle est remplacée par Madame Mallard.
Le nouveau-né souffre d’une santé assez fragile durant les premiers mois de sa vie. On dit de lui qu’il a un « tempérament faible et valétudinaire ».
« Aussitôt après la naissance de Monseigneur le duc de Berry, l’abbé de Chabannes, aumônier du Roi, fit la cérémonie de l’ondoyement, en présence du Curé de la Paroisse du Château. Le sieur Rouillé, ministre et secrétaire d’Etat, Grand Trésorier de l’Ordre du Saint Esprit, apporta le cordon de cet ordre, et il eut l’honneur de le passer au cou du Prince, qui fut remis entre les mains de la comtesse de Marsan, gouvernante des Enfants de France. Ensuite elle porta Monseigneur le duc de Berry à L’appartement, qui lui était destiné. Ce prince y fut conduit, selon l’usage, par le duc de Villeroy, capitaine des gardes du corps, en quartier. Vers une heure après midi, le Roi et la Reine, accompagnés de la Famille Royale, ainsi que des princes et princesses du sang, des grands officiers de la couronne; des ministres et des seigneurs et dames de la Cour, précédés des deux huissiers de la chambre, qui portaient leurs Masses, se rendirent à la Chapelle. Leurs majestés y entendirent la messe, pendant laquelle le sieur Colin de Blamont, chevalier de l’Ordre de Saint-Michel et surintendant de la musique de la chambre, fit exécuter le Te Deum en musique, de sa composition. Cette hymne fut entonnée par l’abbé Gergoy, chapelain ordinaires de la chapelle musique, revêtu d’un surplis et de l’étoile. Le soir, à neuf heures par les ordres du duc d’Aumont, Premier Gentilhomme de la Chambre en exercice, et sous la conduite du sieur Blondel de Gagny, Intendant des Menus Plaisirs, et du sieur d’Azincour son fils, reçu en survivance de cette charge, on tira dans la place d’Armes, vis à vis de l’appartement du Roi, un très beau bouquet d’artifice, que Sa Majesté alluma de son balcon paru le moyen d’une fusée courante. L’exécution n’a laissé rien à désirer. »
La Gazette de France, 29 août 1754
Le 2 septembre 1755
Mort de sa sœur Marie-Zéphyrine : à l’âge de cinq ans, elle est atteinte d’une péritonite aiguë qui lui cause des convulsions. Elle est baptisée à la hâte Marie-Zéphyrine, du nom du Saint de son jour de naissance, avant de mourir. Enfant joyeuse, vive et douée pour la danse, elle était la compagne de jeux de son petit frère Louis-Joseph-Xavier, qui se montre très affecté par son décès.
Le 17 novembre 1755
Naissance de son frère, Louis Stanislas Xavier, comte de Provence. Le même jour il est ondoyé par le cardinal de Soubise.
Du 17 mai au 27 septembre 1756
Louis-Auguste et son frère aîné sont envoyés au château de Bellevue sur les conseils du médecin Tronchin, afin d’y respirer un air plus pur qu’à Versailles.
Louis-Auguste a pour gouvernante madame de Marsan. Cette dernière favorise, d’une part, le duc de Bourgogne en tant qu’héritier du trône, et d’autre part le comte de Provence, qu’elle préfère à ses frères. Se sentant délaissé, le duc de Berry ne la portera jamais vraiment dans son cœur et, une fois sacré Roi, il refusera toujours d’assister aux fêtes qu’elle organisera pour la famille royale. La gouvernante est notamment chargée d’apprendre aux enfants la lecture, l’écriture et l’histoire sainte. Leurs parents surveillent de près cette éducation, la Dauphine leur enseignant l’histoire des religions et le Dauphin les langues et les leçons de morale.
En tant que petit-fils du Roi, Louis-Auguste est tenu comme ses frères à un certain nombre d’obligations et de rituels : ils assistent tant aux enterrements royaux qu’aux mariages importants, et reçoivent la visite de souverains étrangers et d’hommes d’Église notamment.
Trois nouveaux cardinaux leur rendent visite :
« Bourgogne (âgé de cinq ans) les reçut, écouta leurs discours et les harangua, tandis que Berry (vingt-deux mois) et Provence (six mois), gravement assis sur des fauteuils, avec leur robe et leur petit bonnet, imitaient les gestes de leurs aînés ».
Le 9 octobre 1757
Naissance de son frère, Charles-Philippe, comte d’Artois (1757-1835).
En 1758
En grandissant, les petits-fils du Roi doivent passer des jupons de leur gouvernante aux mains d’un gouverneur chargé de l’ensemble des activités éducatives. Le Dauphin choisit pour ses enfants un homme plus proche des idées monarchiques : son ami, le duc de la Vauguyon ( 1706-1772). Selon une légende construite au XIXe siècle, ce dernier aurait appelé ses élèves les « Quatre F » : le Fin (le duc de Bourgogne), le Faible (le duc de Berry), le Faux ( le comte de Provence) et le Franc (le comte d’Artois).
Le Dauphin demande à La Vauguyon de s’appuyer sur les Saintes Écritures et le modèle d’Idoménée, héros du Télémaque de Fénelon:
« Vous y trouverez tout ce qui convient à la direction d’un roi qui veut remplir parfaitement tous les devoirs de la royauté ».
Ce dernier aspect est privilégié car le futur Louis XVI est tenu à l’écart des affaires, on ne lui apprend pas à gouverner. L’usage de la Cour était que les enfants royaux passassent de leur gouvernante au gouverneur à l’âge de sept ans.
Le duc de Bourgogne est remis au duc de La Vauguyon, peu avant son septième anniversaire, quittant ainsi les robes d’enfant pour les habits masculins. Cette séparation d’avec sa gouvernante est difficile pour elle comme pour lui, et le duc de Berry se trouve lui aussi attristé par ce déchirement soudain. Le duc de Bourgogne est admiré par ses parents et par la Cour. Intelligent et sûr de lui, il n’en demeure pas moins capricieux et convaincu de sa supériorité. Il questionne un jour ses proches en leur disant « Pourquoi ne suis-je pas né Dieu ? ». Tout semble montrer qu’il sera un grand roi.
Un manuscrit de Saint-Cyr permet de se faire une idée des jeux du duc de Berry, et aussi de son attitude à l’égard des autres enfants , en l’occurrence les petites «demoiselles» :
« Le duc de Berry … gras et bien portant, annonçait jusque dans ses petits jeux ce qu’il devait être un jour. Tout est présage dans un enfant de ce rang. Son plaisir, quand il venait ici, et apparemment ailleurs, était d’amasser avec ses pieds de petites mottes de terre sur lesquelles il montait pour les ébouler avec un air de vainqueur, comme s’il eût abattu toutes les nations sous ses pieds. Il ne se faisait point prier pour donner sa main à baiser. de son plein gré, il allait à toutes les demoiselles, lorsqu’elles étaient assemblées au jardin, les inviter par un air insinuant à lui rendre ce légitime hommage.»
Louis -Auguste tient de Marie-Josèphe de Saxe des cheveux d’un blond argenté, un teint très clair, des yeux d’un bleu limpide et lumineux entre des cils foncés, un visage carré aux pommettes hautes et écartées, une bouche aux lèvres fraîches et charnues au dessin ferme et gracieux.
La Dauphine est assez fière de la beauté exceptionnelle du petit garçon. Alors qu’elle ne s’intéresse guère à lui.
Le 23 septembre 1759
Naissance de sa petite sœur Madame Clotilde (1759-1802) à Versailles.
Au printemps 1760
Le duc de Bourgogne tombe du haut d’un cheval en carton qu’on lui avait offert quelque temps plus tôt. Il se met à boiter et les médecins lui découvrent une grosseur à la hanche. L’opération qu’il subit n’y fait rien. Le prince est alors condamné à rester dans sa chambre et ses études sont interrompues. Il souhaite pour être consolé retrouver son petit frère, le duc de Berry.
Le 23 août 1760
Pour l’anniversaire des six ans de Louis-Auguste de Berry, La Vauguyon organise un feu d’artifice mais c’est Bourgogne qui a la prérogative de l’allumer.
Le 2 septembre 1760
Monsieur de Saint-Florentin, ministre de la Maison du Roi, remet à Louis-Auguste de la part de Louis XV les boucles de souliers en diamants qui ont servi jusqu’à présent au duc de Bourgogne qui en reçoit de plus grandes. On lui fait quitter ses robes de Cour pour lui mettre un habit d’homme «à la française», et sa mère un peu inquiète à l’idée de perdre sa poupée observe le 4 septembre, avec satisfaction , que cet habit «lui sied très bien».
Le 8 septembre 1760
Le futur Roi passe exceptionnellement aux mains du gouverneur avant d’atteindre l’âge de sept ans. La Vauguyon recrute pour lui un second sous-précepteur. Les deux frères sont dès lors éduqués ensemble, le duc de Bourgogne se distrayant en collaborant à l’éducation de son jeune frère, et ce dernier s’intéressant davantage à la géographie et aux arts mécaniques.
Dès lors, il passe sept heures par jour en apprentissage sous la main du duc de La Vauguyon, gouverneur des enfants de France. Prétentieux et dévot, La Vauguyon enseigne à Louis-Auguste notamment la religion, le droit et l’histoire de France et des pays européens, ignorant l’éducation politique et militaire pour préparer son élève à gouverner. Le précepteur de Louis-Auguste fut évêque de Limoges, Jean-Gilles de Coëtlosquet qui engage les meilleurs professeurs pour l’éducation des enfants en France. Sous l’autorité de l’abbé Claude-François Lysarde de Radonviller, Berry apprend le latin, l’italien, l’espagnol et un peu d’allemand.
Puis, il maîtrise l’anglais en autodidacte. L’instituteur Guillaume Le Blond est chargé de l’enseignement des mathématiques, l’abbé Nollet et Mathurin-Jacques Brisson de la physique et de la mécanique, Philippe Buache et Nicolas Ozanne de la géographie et de la navigation et Pierre Le Roy de l’horlogerie.
Louis-Auguste se montre très doué dans les matières enseignées, mais sa plus grande prédilection va aux sciences. Il assiste avec beaucoup d’intérêt l’abbé Nollet lors des démonstrations d’électricité et de chimie dans son cabinet de mécanique et de physique aux Menus Plaisirs. A l’âge de quinze ans, Berry dressera une carte topographique de la ville de Versailles et réalisera les plans des coupes des vaisseaux royaux.
Voir grandir le Dauphin :
Toises du duc de Bourgogne et du duc de Berry
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Conçues pour être vissées à une paroi, ces deux toises, qui proviennent très vraisemblablement du dépècement des Appartements du château de Versailles lors des travaux ordonnés sous Louis-Philippe, sont d’émouvants témoignages de la vie des enfants de la famille royale.
Si la croissance des enfants de France était logiquement surveillée pour des questions de santé, elle était aussi l’occasion de faire connaitre leur évolution.
On ne possède pas d’exemple de la relation d’une prise de mesure d’un enfant de la famille royale.
Flanquée à ses deux extrémités d’une couronne delphinale, la plus ancienne servit à mesurer le Dauphin, fils de Louis XV, entre 1735 et 1744, soit entre six et quinze ans. Les inscriptions gravées indiquent que, à partir de 1738, les mesures étaient prises le 1er avril, sans que l’on sache s’il y avait une raison précise pour le choix de cette date.
L’autre toise est ornée à ses extrémités d’une couronne ducale que l’on peut mettre en relation avec le duc de Bourgogne, alors âgé de sept puis huit ans, en raison des deux seules dates gravées.
L’autre toise est ornée à ses extrémités d’une couronne ducale que l’on peut mettre en relation avec le duc de Bourgogne, alors âgé de sept puis huit ans, en raison des deux seules dates gravées.
Le duc de Bourgogne est ravi de retrouver son petit frère et le compagnon de jeux perdu deux ans et tant regretté. Berry n’aime ni le jeu ni les cartes, et ne joue que par complaisance. Un jour qu’il joue avec Bourgogne, il perd toutes les parties_ il a trois ans de moins que son aîné_ et en montre du «chagrin». Le duc de Bourgogne ne peut laisser échapper une si belle occasion de moraliser à la façon de son père et de faire sentir son autorité : «Il l’en reprend en particulier, mais avec la gravité d’un prince qui a le droit de donner des conseils, et qui donnera un jour des ordres.»
En novembre 1760
L’état de santé du duc de Bourgogne s’aggrave néanmoins et on lui diagnostique une double tuberculose (pulmonaire et osseuse). La Cour doit se rendre à l’évidence : la mort du prince est aussi imminente qu’inéluctable. Ses parents se trouvent dans « un accablement de douleur qu’on ne peut se représenter».
Le 29 novembre 1760
Dans l’urgence, l’enfant est baptisé et il fait sa première communion le lendemain.
Le 16 mars 1761
Le duc de Bourgogne reçoit l’extrême-onction.
Berry est absent : il est souffrant, et comme toujours quand il ne voit pas son petit frère, le duc de Bourgogne s’agite, se désole et s’inquiète.
Dans la nuit du 20 au 21 mars 1761
Le duc de Bourgogne meurt, en l’absence de son petit-frère, Louis-Auguste, alité lui aussi par une forte fièvre. La mort du duc de Bourgogne est vécue comme un drame pour le Dauphin et la Dauphine. Marie-Josèphe déclarera : « rien ne peut arracher de mon cœur la douleur qui y est gravée à jamais ».
« Monseigneur le duc de Berry s’étant trouvé très incommodé le soir du Vendredi Saint, et d’une manière à inquiéter, Monseigneur le duc de Bourgogne, tranquille dans les bras de la mort, semble avoir oublié le danger où il était pour ne s’occuper que de celui de son petit frère qui lui était cher ; il ne cessait d’en demander des nouvelles, et il se fit rendre comte par les médecins à trois reprises dans la journées, de l’état où il se trouvait.»
Le duc de la Vauguyon
Après la mort de son frère aîné, on installe le duc de Berry dans la même chambre, au rez-de-chaussée, de l’Aile des Princes, donnant sur le parterre du Midi. Il avait déjà le même gouverneur ; les mêmes gentilshommes et les mêmes valets qui servaient son frère le servent, comme s’ils l’avaient toujours servi.
Le 18 octobre 1761
Le même jour que son frère Louis-Stanislas-Xavier ( Provence), Louis-Auguste est baptisé par l’archevêque de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles. Son parrain est son grand-père, Auguste III, électeur de Saxe et Roi de Pologne (1696-1763), représenté par le duc d’Orléans, et sa marraine est sa tante, Madame Adélaïde (1732-1800).
Louis-Auguste se distingue déjà par une grande timidité ; certains y voient un manque de caractère :
« Nous remarquâmes que des trois Enfants de France, il n’y avait que Monsieur de Provence qui montrât de l’esprit et un ton résolu. Monsieur de Berry, qui était l’aîné et le seul entre les mains des hommes, paraissait bien engoncé. »
Le duc de Croÿ en 1762
Il se montre néanmoins parfois à son aise devant les historiens et philosophes se présentant à la Cour. Il fait également preuve d’humour et de répartie. La Vauguyon et le prédicateur Charles Frey de Neuville remarquent même chez le jeune garçon d’assez grandes qualités pour en faire un bon Roi.
Sur le plan intellectuel, Berry est un élève doué et consciencieux. Il excelle dans les matières suivantes : géographie, physique, écriture, morale, droit public, histoire, danse, dessin, escrime, religion et mathématiques. Il apprend plusieurs langues (latin, allemand, italien et anglais) et savoure quelques grands classiques de la littérature.
« Louis XVI a reçu l’éducation d’un « prince des Lumières » — C’était un monarque éclairé ». Les professeurs d’histoire Philippe Bleuzé et Muriel Rzeszutek précisent que : « Louis XVI connaissait le latin, l’allemand, l’espagnol, maîtrisait l’anglais parfaitement, pratiquait la logique, la grammaire, la rhétorique, la géométrie, l’astronomie. Il avait une culture historique et géographique incontestable et des compétences en économie ». Ils estiment qu’« il est très influencé par Montesquieu, qui lui inspire une conception moderne de la monarchie détachée du droit divin ».
Ran Halévi, 2005
« L’éducation de Louis XVI avait été entièrement négligée après la mort de son père ; mais il l’avait perfectionnée lui-même. Exempt de grandes passions, il se délassait d’un exercice violent par quelques heures d’étude. Il lisait prodigieusement. On sait que peu de jours avant sa mort, récapitulant le nombre de volumes qu’il avait lus pendant quatre mois de captivité, il en compta plus de deux cent cinquante. C’est à force de travail qu’il était parvenu à connaître à fond les lois du royaume et l’histoire des différents peuples, à posséder la géographie au plus haut degré de perfection, et à devenir même, par l’étude de plusieurs langues étrangères, un assez bon littérateur. On connaît sa traduction de l’anglais de Richard III. par Horace Walpole; et cet ouvrage n’est pas sans mérite. C’était à lui seul qu’il devait tous ses talents. Et voilà pourtant le prince qu’on nous a toujours représenté comme un ignorant, un brutal et un homme adonné à l’ivrognerie!
J’ai passé près de six ans à la cour; dans aucune circonstance je n’ai vu le roi se conduire grossièrement à l’égard du plus mince de ses serviteurs. La force de sa constitution rendait, il est vrai, ses mouvements un peu brusques. Ce qui était de sa part une simple plaisanterie laissait souvent un souvenir quelque peu douloureux; mais s’il avait cru faire le moindre mal, il se serait interdit la plus légère gaieté.»
Le comte d’Hézecques
Voici comment La Vauguyon voit son élève :
- Trempe d’esprit supérieure, discernement et justesse d’esprit. réflexion. secret.
- Caractère : fier, fermé, subordonné, équitable, bon par raison et non par faiblesse, économe, solide, ne s’amusant point d’enfantillage.
- Religion : éclairé, point dévot de complexion. né pour aimer vingt millions d’hommes et non cinq ou six personnes.
Le 3 mai 1764
Naissance de sa petite sœur Madame Élisabeth (1764-1794) au château de Versailles.
Le 11 août 1765
Le Dauphin Louis-Ferdinand, son père, fait une visite à l’abbaye de Royallieu et revient à Versailles sous la pluie. D’une santé déjà précaire et affublé d’un rhume, il est pris d’une violente fièvre. Il parvient à faire transporter la Cour au château de Fontainebleau pour changer d’air, mais rien n’y fait, son état empire au fil des mois.
Le 19 octobre 1765
Le duc de Berry est prévenu du danger de mort où se trouve son père : on amène au Dauphin ses trois fils à qui on vient d’annoncer la mort imminente de leur père. En voyant la pâleur du duc de Berry et les larmes qu’il ne peut retenir, le Dauphin se met en devoir de le consoler avec une cruauté qu’on espère inconsciente
« Dans la conversation, Louis-Ferdinand dit au duc de Berry :
– He bien, mon fils, vous pensiez donc que je n’étais qu’enrhumé?
Puis en riant et en plaisantant :
– Sans doute, ajouta-t-il, que quand vous aurez appris mon état, vous aurez dit : tant mieux, il ne m’empêchera plus d’aller à la chasse.»
Marie-Josèphe de Saxe
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.
« Un autre jour, pendant la conversation, le propos tomba sur la rapidité avec laquelle le temps passe ; le duc de Berry dit que le temps de la journée qui lui passait le plus promptement était celui de l’étude. Monsieur le Dauphin, transporté de joie, lui dit:
-Ah que vous me faites de plaisir ! Car puisque le temps de l’étude vous passe vite, cela me prouve que vous vous y appliquez.
Je le fis approcher de son lit ; il l’embrassa tendrement… Le duc de Berry lui avoua pourtant que quand l’étude n’allait pas si bien, le temps lui passait plus lentement. Monsieur le Dauphin prit là l’occasion de peindre l’avantage et le bonheur d’un homme qui sait faire un bon usage de son temps et au contraire le malheur de ceux qui aiment l’oisiveté ou qui ne savent pas s’occuper eux-mêmes. Après que les enfants furent sortis, il me répéta encore le plaisir qu’il ressentait de ce que le duc de Berry lui avait dit.»Marie-Josèphe de Saxe
Le 20 décembre 1765
Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin meurt, à l’âge de trente-six ans.
« Monseigneur le Dauphin (le nouveau titre du duc de Berry) a paru sentir toute l’étendue de la perte immense qu’il fait.»
La Vauguyon à Xavier de Saxe
À la mort de son père, le duc de Berry devient donc Dauphin de France.
Il a onze ans et a vocation à succéder immédiatement au Roi, son grand-père, qui en a cinquante-six.
Marie-Josèphe en épouse -trop- parfaite languit dans la dépression ce qui n’aidera pas Louis-Auguste à se relever de ce deuil pesant pour lui.
En 1766
Le sculpteur Guillaume Coustou (1716-1777) exécute, pour le tombeau du Dauphin et de la Dauphine, dans la cathédrale de Sens, une statue représentant l’amour conjugal « sous les traits du duc de Berry » alors âgé de douze ans, ainsi que le signale le Mercure de France. Le jeune prince est représenté nu, avec un drapé autour des reins ; de la main droite il tient une torche éteinte, et de la gauche il essaie d’arrêter le Temps de sa faux. Un bandeau devait ceindre ses cheveux, coupés à l’antique, mais il a dû être perdu pendant la révolution, alors que la statue était cachée dans la crypte.
Le 1er mars 1766
Service solennel célébré à Notre-Dame de Paris pour le repos de l’âme de Louis-Ferdinand, avec messe de Requiem «chantée en musique à grande symphonie» et oraison funèbre. Louis-Auguste représente le Roi son grand-père à cette solennité si cruelle pour lui. De retour à Versailles, Monsieur de La Vauguyon conduit le Dauphin devant le portrait de son père :
« La triste cérémonie à laquelle vous venez d’assister a renouvelé toutes vos douleurs ; mes yeux noyés de larmes ont vu couler les vôtres. Nous avons donc rendu les derniers devoirs à Monseigneur le Dauphin ; il n’est plus, mais pourrions-nous jamais l’oublier? … je le pleurerai sans cesse ; nous le pleurerons ensemble.»
En un véritable acte d’adoption, La Vauguyon annonce qu’il remplacera ce père si aimé, si regretté :
« Il daigna m’honorer de son amitié et de sa confiance, et m’en donna la plus grande preuve en me chargeant de tenir sa place auprès de vous et de vous apprendre à devenir digne de lui.»
Il le rassure sur l’amour de son père en lui laissant entendre que sa sévérité était une preuve de tendresse :
« Il vous aimait tendrement ; il vous eût formé lui-même … sans il était occupé de vous, et surtout dans les derniers temps de sa vie. Il prévoyait notre malheur ; nous lui paraissiez plus précieux. Combien de fois ne m’a-t-il pas dit :
_ Mon fils saura-t-il qu’élevé au-dessus des hommes il est homme lui-même? Aimera-t-il à soulager les infortunes? Saura-t-il jouir du plus grand plaisir de la grandeur, le plaisir si doux de faire des heureux?
_ J’ai été le dépositaire de ses dernières instructions pour vous.»
Louis-Auguste se jette alors en pleurant dans les bras de celui qui depuis 1760 est un vrai père pour lui . La Vauguyon lui demande une promesse qui engage tout l’avenir :
« Vous vous attendrissez, Monseigneur, vous êtes sensible, vous serez vertueux. Promettez-moi que vous l’imiterez un jour, que vous y travaillerez dès à présent, ou plutôt faîtes-vous pour un instant illusion : vous voyez son portrait ; figurez-vous qu’il respire encore ; venez méditer devant son image ; proposez-vous tous les jours une de ses vertus à imiter , et faites que dans mes vieux ans je puisse m’écrier avec attendrissement : Dieu m’avait enlever le plus vertueux des hommes, il avait enlevé à la France le plus grand des princes ; il l’a rendu à la nation en la personne de son fils.»
Et pour que le Dauphin puisse trouver plus facilement «tous les jours une de ses vertus à imiter» Monsieur de La Vauguyon lui fournit un Recueil dirigé des vertus de feu Mgr le Dauphin sous le modèle du Recueil des vertus de Mgr le duc de Bourgogne. L’attitude du gouverneur provoquera une certaine jalousie chez Marie-Josèphe qui se sent supplantée dans son rôle légitime.
Dès 1766
Le mariage du Dauphin est envisagé par Choiseul (1719-1785) alors que le futur Roi n’a que douze ans.
Les négociations durent plusieurs années, et l’image donnée par le Dauphin n’est pas toujours reluisante : Mercy-Argenteau, l’ambassadeur d’Autriche à Paris, signale à Marie-Thérèse d’Autriche :
« La nature semble avoir refusé tout don à Monsieur le Dauphin, […], par sa contenance et ses propos ce prince n’annonce qu’un sens très borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité ».
Le 21 août 1766
Le Dauphin monte pour la première fois à cheval au Puy dauphin.
Le 23 août 1766
Le jour de son douzième anniversaire, Louis-Auguste suit pour la première fois la chasse du Roi en calèche.
Fin de l’éducation
Louis-Auguste est désormais Dauphin, mais ce changement de statut ne l’exonère pas de poursuivre son éducation, bien au contraire. La Vauguyon recrute un adjoint supplémentaire pour enseigner au Dauphin la morale et le droit public : le père Berthier. Le gouverneur incite le duc de Berry à penser par lui-même en lui appliquant la méthode du libre examen.
Sa mère tempère cet élan libéral en lui inculquant plus encore les préceptes de la religion catholique.
Elle se rêve en Blanche de Castille, mère d’un nouveau saint Louis…
Le 20 décembre 1766
« Services du bout de l’an de mon père à Saint-Denis.»
Le Dauphin Louis-Auguste
Le 21 décembre 1766
Le Dauphin reçoit le sacrement de confirmation.
Le 24 décembre 1766
Louis-Auguste fait sa première communion.
En grandissant, Berry commence à sortir davantage et pratique l’équitation. Il commence également à se passionner pour l’horlogerie et la serrurerie, deux loisirs qui ne le quitteront plus. L’abbé Soldini vient conforter l’éducation religieuse du jeune homme.
Le 9 mars 1767
Marie-Josèphe fait appeler ses trois fils.
« Elle leur donna sa bénédictions en versant des larmes. Son confesseur (l’abbé Soldini) s’acquittant en son nom de devoir que son attendrissement ne lui permettait pas de remplir, leur dit :
_Monseigneur, Madame la Dauphine m’ordonne de vous dire qu’elle vous donne sa bénédiction de tout son cœur et qu’elle prie le Seigneur de vous combler de toutes les siennes. Elle vous recommande de marcher devant Dieu dans la droiture de votre cœur, d’honorer le Roi et la Reine, de les consoler en retraçant à leurs yeux les vertus de votre auguste père ; de ne vous écarter jamais des sages avis que vous donnent les personnes qui sont chargées de votre éducation, et de vous souvenir de Dieu pour elle.»
L’abbé Soldini
Les trois enfants sortent en larmes d’auprès de leur mère.
Le 10 mars 1767
Dans l’après-midi, Marie-Josèphe fait ses adieux à ses deux petites filles Madame Clotilde et Madame Elisabeth qui aura trois ans au mois de mai.
Le 11 mai 1766
Elle revoit ses fils pour la dernière fois.
Le 13 mars 1767
Mort de Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).
Le 16 mars 1767
Monseigneur le Dauphin ne se porte pas bien. Il est «bien maigre et souvent il a mauvais visage».
L’éducation proprement dite du Dauphin s’arrêtera avec son «établissement», c’est-à-dire son mariage.
Le 24 juin 1768
Mort de la Reine Marie Leszczynska, sa grand-mère.
Le 13 juin 1769
Louis XV demande officiellement la main de l’Archiduchesse Maria-Antonia pour le Dauphin.
Le 14 avril 1770
Le contrat du mariage est signé.
Le 22 avril 1769
Présentation de Madame du Barry (1743-1793).
Le 17 juillet 1769
Le Dauphin chasse, mais le soleil s’étant abstenu de paraître, la bête ne s’est pas laissée prendre.
Le 2 avril 1770
Le Dauphin Louis-Auguste écrit à l’Archiduchesse Marie-Antoinette :
« Madame ma Sœur et Cousine, je reçois une marque bien touchante de l’estime que l’Impératrice, madame ma Sœur et Cousine, fait paraître de moi, en vous accordant à mes vœux et à ceux du Roi, mon seigneur et grand père. Le consentement que vous voulez bien donner à une union qui met le comble à mon bonheur, me cause la plus sensible joie et me pénètre de reconnaissance. J’attendais avec la plus vive impatience qu’il me fût permis de vous en assurer. J’ai chargé le sieur marquis de Durfort, ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Roi, de vous présenter mon portrait. Je vous prie de le recevoir comme un gage de sentiments qui sont gravés dans mon cœur pour vous et qui dureront autant que ma vie. Je suis, Madame ma Sœur et Cousine,
Votre affectionné Frère et Cousin
Louis Auguste »
Le 26 avril 1770
Louis-Auguste reçoit de sa belle-mère la lettre suivante :
« Votre épouse, mon cher Dauphin, vient de se séparer de moi ; comme elle faisait mes délices, j’espère qu’elle fera votre bonheur ; je l’ai élevée en conséquence parce que , depuis longtemps, je prévoyais qu’elle devrait partager votre destinée. Je lui ai inspiré l’amour de ses devoirs envers vous, un tendre attachement, l’attention à imaginer et à mettre en pratique les moyens de vous plaire ; je lui ai recommandé avec beaucoup de soin une sincère dévotion envers le Maître des Rois, persuadée que l’on fait mal le bonheur du peuple qui nous est confié, quand on manque envers Celui qui brise les sceptres et renverse les rois comme il lui plaît. Aimez donc vos devoirs envers Dieu, je vous le dis, mon cher Dauphin, et je l’ai dit à ma fille. Aimez le bien des peuples sur lesquels vous régnerez toujours trop tôt. Aimez le Roi, votre aïeul, inspirez et renouvelez cet attachement à ma fille ; soyez bon comme lui ! Rendez-vous accessible aux malheureux ; il est impossible qu’en vous conduisant ainsi, vous n’ayez pas le bonheur en partage. Ma fille vous aimera, j’en suis sûre, parce que je la connais ; mais plus je réponds de son amour et de ses soins, plus je vous demande de lui vouer le plus tendre attachement.
Adieu, mon cher Dauphin, soyez heureux, rendez-la heureuse !
Je suis toute baignée de larmes.Votre tendre mère, Marie-Thérèse.»
À Noyon, la fontaine du Dauphin a été sculptée afin de célébrer le mariage de Louis-Auguste avec Marie-Antoinette.
La rencontre entre le Dauphin et sa future épouse a lieu, au pont de Berne, dans la forêt de Compiègne. Le Roi, le Dauphin et la Cour sont là pour accueillir le cortège de Marie-Antoinette.
À Sa descente du carrosse, la future Dauphine fait la révérence au Roi et est présentée par lui au duc de Berry, lequel Lui fait un discret baiser sur la joue.
Ils gagneront ensemble le château de Versailles.
Le 15 mai 1770
Le cortège se rend au château de la Muette où Marie-Antoinette est présentée au comte de Provence, au comte d’Artois et à madame Clotilde, et où Elle fait connaissance avec la nouvelle et dernière favorite du Roi, la comtesse du Barry.
Le 16 mai 1770
Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche :
vers neuf heures
Marie-Antoinette, coiffée et habillée en très grand négligé, part pour Versailles, où doit se faire Sa toilette nuptiale . Le Roi et le Dauphin ont quitté la Muette après le souper, à deux heures du matin, afin de recevoir la Dauphine.
« Louis XV fut enchanté de la jeune dauphine ; il n’était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses reparties. Elle obtint encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu’on la vit dépouillée de tout l’éclat des diamants dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d’une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l’Atalante des jardins de Marly. Les poètes célébrèrent ses charmes, les peintres voulurent rendre ses traits.»
Madame Campan
Le cortège de la princesse arrive dans la cour royale du château, devant les haies des gardes françaises et gardes suisses qui présentent les armes à son passage dans un roulement de tambours. On accompagne la princesse jusqu’à un appartement du rez-de-chaussée du corps central, contigu à l’appartement de la Dauphine où habite présentement le Dauphin.
Elle est livrée aux mains de Sa dame d’atours, des dames qu’Elle a rencontrées à Strasbourg et aux femmes de chambres qui La vêt d’un somptueux grand habit à grand panier de brocart blanc brodé d’argent, car en tant que future Dauphine, elle ne peut revêtir du brocart d’or, le manteau royal ou la couronne.
Le Roi passe chez Elle aussitôt Son arrivée, L’entretient longtemps, et Lui amène la plus jeune de son épouse, madame Elisabeth (six ans), qu’Elle peut recevoir sans être coiffée ni habillée. La petite princesse ne participe pas encore pleinement à la vie de cour, contrairement à sa sœur aînée madame Clotilde, onze ans, présentée au souper du château de La Muette, la veille, et présente aussi lors du grand souper du mariage.
Peu de temps avant de monter à l’étage, le Roi Lui présente ensuite le comte de Clermont et la princesse de Conti, absents à la rencontre de Compiègne.
Le Dauphin Louis-Auguste a revêtu un bel habit de chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en réseau d’or enrichi de diamants.
A une heure de l’après-midi
Le cortège de la famille royale part du Cabinet du Roi, précède par le marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies et d’un aide des Cérémonies.
Les époux apparaissent et vont devant se donnant la main, escortés d’un page du Roi portant le bas de robe de la Dauphine et de Madame de Noailles, suivant la nouvelle princesse.
Puis marchent les princes du sang entourés de leurs services d’officiers et de gentilshommes, les frères du Roi, le Roi seul, suivi de Madame Clotilde, de Mesdames , des princesses du sang et de soixante-dix dames de la Cour en grand habit.
Le coup d’œil est extraordinaire.
Ce sont les plus somptueuses toilettes qu’on porte depuis longtemps et telles qu’on n’en a pas vues porter aux récents mariages de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Chartres. Tous les yeux et pensées vont à la mariée qui est éblouissante de grâces et fort souriante. A la chapelle, les suisses forment la haie, frappent leurs tambours et soufflent dans leurs fifres pour annoncer l’entrée du Roi.
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.
Les mariés sont décrits comme gauches et timides.
A la chapelle royale, sur les gradins en amphithéâtre de la nef, des galeries des tribunes, tout le monde se lève au moment où l’orgue éclate, annonçant l’entrée du cortège royal. e coup d’œil est merveilleux et le soleil descend à flots par les larges baies sur les toilettes étincelantes de pierreries.
Des centaines d’invités attendent.
Les orgues retentissent. Louis XV s’arrête un instant à son prie-Dieu, placé face à l’autel en bas de la chapelle Les mariés vont jusqu’aux marches de l’autel – à l’emplacement fixé par Louis XIV où s’agenouillent depuis plus d’un siècle, les couples royaux et princiers : la cérémonie du mariage va débuter.
L’archevêque de Reims présente l’eau bénite à Sa Majesté et monte à l’autel pour commencer la bénédiction par son discours. Au moment de la bénédiction, le Roi, les princes et princesses s’avancent en groupe et se rassemblent autour des époux : le grand aumônier bénit d’abord treize pièces d’or et un anneau d’or ; il les présente au Dauphin, qui met l’anneau au quatrième doigt de la main gauche de la Dauphine , et Lui donne les treize pièces d’or.
Au moment de la bénédiction, le Roi, les princes et princesses s’avancent en groupe et se rassemblent autour des époux : le grand aumônier bénit d’abord treize pièces d’or et un anneau d’or ; il les présente au Dauphin, qui met l’anneau au quatrième doigt de la main gauche de la Dauphine , et Lui donne les treize pièces d’or.
Après la bénédiction
Le Roi retourne à son prie-Dieu et la messe débute chantée par la Musique du Roi, placée derrière l’autel. « Des gardes du corps, placés à distance dans les tribunes , font observer le silence et même agenouiller ceux qui auraient des distractions».
A l’offertoire
Les époux vont à l’offrande et à la fin du Pater, le poêle de brocart d’argent est tenu, du côté du Dauphin, par l’évêque de Senlis, du côté de la Dauphine, par l’évêque de Chartres , est étendu – selon l’usage liturgique – au dessus de leur tête.
La messe dite
Le curé de la paroisse de la Cour, Notre-Dame de Versailles apporte selon l’usage ce jour , le registre à la chapelle royale. Louis XV signe le premier l’acte de mariage. Après le Dauphin et la Dauphine, signent, dans l’ordre protocolaire, les frères du marié, sa sœur, ses tantes et enfin les deux premiers princes du sang.
Au moment de signer l’acte de mariage
La nouvelle Dauphine commet une maladresse restée célèbre…
Ensuite, tandis que le grand aumônier de France et l’humble curé de la paroisse apposent leur signature, le cortège se reforme : le Dauphin passant à son rang immédiatement avant le Roi, la dauphine, venant la première derrière eux.
Le cortège se reforme et traverse à nouveau le Grand appartement où se pressent cinq mille personnes.
Des murmures d’admiration saluent le passage des jeunes mariés.
Il y a encore des milliers de personnes entrées durant la messe dans le grand appartement et la Galerie, mais la porte centrale du salon de la Paix s’est à peine fermée sur la dernière dame de la Dauphine, que les suisses font évacuer toutes les pièces afin de les disposer pour le soir : les tapissiers des menus retirant immédiatement les gradins, plaçant les barrières et dressent les tables pour le jeu.
Retournée dans l’appartement du rez-de-chaussée, la Dauphine reçoit les serments des officiers de Sa maison par un défilé de révérences et d’hommages : ils doivent «prêter serment» entre ses mains, en présence du comte de Saint-Florentin, ministre de la maison du Roi.
D’abord la dame d’honneur, les douze dames du palais, viennent le chevalier d’honneur, le premier maitre d’hôtel, le premier aumônier, le surintendant des finances de la Maison, les intendants, les trésoriers, l es gentilshommes servants, le secrétaire des commandements, le premier écuyer et les contrôleurs généraux. Ceux-ci ont eux-mêmes reçus au préalable, le serment des employés subalternes.
Monsieur de Saint-Florentin dit les noms et indique les fonctions à la Dauphine. Ensuite la comtesse de Noailles présente les ambassadeurs et les ministres des cours étrangères.
Les présentations faites
Le duc d’Aumont, premier gentilhomme de la chambre du Roi en exercice, s’avance et donne, au nom de son maître, une clef d’or à la princesse.
La Dauphine ouvre alors un cabinet de velours rouge, brodé d’or, qui contient Sa «corbeille de mariage» : les présents officiels du Roi sont une parure d’émail bleu avec chaine de diamants, un étui de coté, une boite de poche et un éventail entouré de diamants où l’art parisien s’est surpassé lui même pour la Dauphine. dans les tiroirs du cabinet, la princesse trouve, tout soigneusement étiquetés, des objets de souvenir, montres , étuis ciselés qu’Elle distribue ensuite de Sa main aux personnes présentes, enchantée d’être conviée déjà à faire tant d’heureux.
Après un dîner servi en petit couvert dans l’appartement de la Reine, va commencer le jeu de lansquenet dans la grande galerie, le feu d’artifice que l’on espère maintenir car l’orage gronde et le festin royal qui va réunir les vingt-deux convives de la famille royale.
A la nuit
« Quand, en peu de temps, on (a) tout illuminé, les habits (sont) beaucoup plus brillants à la lumière… Ce nouvel éclat, joint à celui de l’illumination de la Galerie, (fait) un très grand effet. La table de jeu du Roi surtout , entourée de trois ou quatre rangs de dames superbement habillées, et la masse des diamants (font) un coup d’œil remarquable.»
Le duc de Croÿ
A dix heures
Le Roi passe au festin royal dans la grande salle d’Opéra royal, œuvre d’Ange-Jacques Gabriel, qui est alors inaugurée.
A partir de 1748, Ange-Jacques Gabriel reprend les plans de ses prédécesseurs. Les premiers de travaux de gros œuvre sont exécutés. Les difficultés financières et les atermoiements quant à l’aménagement intérieur conduisent à les interrompre en 1756. Ils reprennent entre 1763 et 1765 avant d’être à nouveau arrêtés. La décision de terminer l’Opéra Royal intervient en 1768, lorsqu’est conclu le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.
Un lieu doit être trouvé pour célébrer les festivités. Assisté du machiniste Blaise-Henri Arnoult, Gabriel met la touche finale aux plans de l’Opéra Royal. Celui-ci est achevé en deux ans au terme d’un chantier pharaonique sur lequel travaillent nuit et jour des centaines d’ouvriers.
Arnoult le conçoit de manière à accueillir soit des spectacles soit des festivités. Lors des grandes réceptions, le plancher de la salle est rehaussé au niveau de la scène par des crics toujours en place, formant un gigantesque plateau d’environ 50 mètres sur 20 mètres. En revanche, dans la configuration spectacles, l’Opéra Royal accueille jusqu’à 1336 spectateurs. Une machinerie répartie sur 35 mètres de hauteur permet d’effectuer des changements de décors spectaculaires à la vue du public. La salle, entièrement exécutée en bois, dispose en outre d’une acoustique exceptionnelle.
Lors du repas
Le Roi recommande à son petit-fils de ne pas trop se gaver pour la nuit qui l’attend, il reçoit cette répartie qui en dit plus long que le Dauphin l’imaginait :
« Pourquoi? je dors toujours mieux quand j’ai bien mangé….»
Après le festin a lieu le cérémonial du coucher du nouveau couple delphinal.
L’assistance assiste au coucher des époux.
Les jeunes mariés sont conduits dans la chambre nuptiale, celle de Marie-Antoinette. La couche est bénie par l’archevêque de Reims. Le Roi passe sa chemise de nuit au Dauphin et la duchesse de Chartres à la Dauphine. Ils vont au lit en présence de toute la Cour afin de montrer qu’ils partagent bien le même lit.
Lorsque Marie-Antoinette devient Dauphine, Elle devient la première femme de France … rôle qui incombait depuis deux ans sinon officiellement, du moins dans les fastes de la Cour à madame du Barry (1743-1793), de trente-trois ans plus jeune que Louis XV, son royal amant à qui elle aurait appris des plaisirs nouveaux…
Le mariage ne sera pas consommé cette nuit-là…
La Cour, la France, l’Europe jaseront alors quant l’aptitude à la sexualité des mariés et même vis à vis de la sexualité de Louis-Auguste. Pourtant, il suffit de constater la physionomie des deux époux : si le marié n’a pas encore atteint sa taille adulte (il fera 1,93m, il fait alors 1,78m), la Dauphine a la taille d’une enfant (oui, Elle est encore une enfant…. et Louis-Auguste est juste décent dans sa réserve !) de douze ans alors qu’Elle en a deux de plus (Elle chausse du 32 en 1770, ce qui indique Ses proportions). Ainsi, les jeunes mariés, sont-ils , déjà, modernes puisqu’ils attendront de se connaître vraiment avant de créer leur famille. Le futur Louis XVI ne peut qu’être ébloui par la grâce de la petite Marie-Antoionette qui inspirera cette réflexion du baron de Besenval :
[Quand Marie-Antoinette parle,] j’ai vu mille fois les yeux et le visage de [Louis XVI] s’éclairer d’un amour et d’un enthousiasme que même la plus aimée des maîtresses ne pouvait guère espérer inspirer.
Le 17 mai 1770
La série des fêtes de mariage débute par la présentation générale de toute la Cour à la Dauphine.
« Tous les hommes et les femmes de la cour ou qui se dis(ent) tels à la faveur de leurs beaux habits qu’ils avaient faits pour se fourrer là, se rend(ent) à cet appartement où on s’écras(e), et les belles dames en grand habit f(ont) pitié dans la foule. Il (est) décidé qie les hommes passer(ont) devant. On s’écras(e) à la porte, on pass(e) pêle-mêle, mais les titrés reç(oivent) la joue à l’ordinaire, ce qui les distingu(e). On travers(e) par des garde-robes, et on (a) bien de la peine à se tirer des chaises à porteurs.»
Le duc de Croÿ
Pour inaugurer l’opéra royal, l’œuvre le Persée de Lully est représentée. L’œuvre a aussi été revisitée, car les goûts musicaux du temps ont changé depuis sa composition. Elle a été raccourcie. Mais l’échec est total : la jeune Marie-Antoinette semble s’être endormie à la moitié du spectacle.
Voici ce qu’en rapporte venimeusement Papillon de la Ferté, responsable des « menus plaisirs » du Roi :
« Ce spectacle était bien mieux que nous ne pouvions l’attendre, après tant de préparatifs et avec des machines dont les mouvements étaient encore si peu connus par les ouvriers. Madame la Dauphine ne semble pas l’avoir prise en sympathie. Il est vrai que c’est une œuvre très sérieuse pour ceux qui ne connaissent pas encore bien le spectacle et n’aiment pas la musique».
Denis Papillon de la Ferté (1727-1794)
Nous savons pourtant combien ce n’est pas le cas…
Le 18 mai 1770
Ce jour est prévu pour le repos au milieu de toutes ces fêtes. Il n’y a que dîner chez Madame la Dauphine. Elle dîne seule, le Dauphin étant allé à la chasse avec le Roi.
Le 19 mai 1770
A six heures du soir
Un bal paré est donné en l’honneur du mariage royal.
La plupart des duchesses et des «grands d’Espagne femelles» n’y assistent pas. Louis XV a, en effet, consenti, à la demande de Marie-Thérèse, à ce que cette fois seulement Mademoiselle de Lorraine, la cousine française de la Dauphine, soit admise à danser tout de suite après les princesses du sang. Et les duchesses ont protesté en refusant d’assister au bal paré.
Il y a cependant foule à la salle d’Opéra, illuminée comme le 16 , et le Dauphin et la Dauphine dansent le premier menuet, «tout le monde se tenant debout ou grimpé sur des banquettes».
« Madame la Dauphine dans(e) de très bonne grâce et comme bien habituée à représenter. Monsieur le Dauphin à cause de sa vue ( le duc de Croÿ fait partie des gens qui ont cru le Dauphin myope lors des derniers sacrements de sa mère; la vue obscurcie par les larmes. Il ne tardera pas à changer d’avis devant l’adresse du jeune prince au tiré.) et qu’il n’est pas dans sa force, ne danse pas si bien. Les jeunes princes dans(ent) de bon cœur sans se gêner.»
Le duc de Croÿ
Pendant ce temps, au dehors, la fête populaire bat son plein. Deux cent mille personnes, venues de Paris et des environs, remplissent presque les jardins immenses. On danse aux orchestres installés dans les bosquets. La famille royale et la Cour, venant du bal paré, prennent place dans la Galerie. Le feu, quoique contrarié par la fumée, excite de longs applaudissements ; il est rempli d’effets nouveaux ; le disque des soleils tournants porte les armes de France et le chiffre des époux, et la guirlande finale compte vingt mille fusées, ce qu’on n’a encore jamais vu. Moins d’une heure après, toutes les charpentes sont à terre, les batteries enlevées, et l’illumination commence. On aperçoit d’abord, tout au bout du grand canal, sur la droite de Saint-Cyr, une haute architecture de feu, le temple du Soleil ; puis les longues berges s’éclairent peu à peu, tandis qu’une flottille de gondoles couvertes de lanternes, se met à évoluer sur l’eau, au son des cuivres des gardes françaises qui la montent. Les feux se rapprochent et gagnent le Tapis-Vert. Cent soixante mille lampions et terrines s’allument en ifs, en arcades, en guirlandes. Les lignes du Château et des rampes se dessinent en cordons lumineux. C’est la plus grande illumination faite à Versailles depuis celles du Grand Roi.
A dix heures
Le Roi se place à la croisée du milieu de la Galerie des Glaces et donne le signal du feu d’artifice.
Un peu d’une heure plus tard
On assiste à la grande illumination du jardin et la fête pour le peuple qui danse à son tour dans les salles de bal aménagées au Salon de Musique et au Salon des Orangers.
Pendant plus de quinze jours
Bals, représentations théâtrales et fêtes publiques se succèdent.
Le 23 mai 1770
Représentation d’Athalie de Racine dans l’opéra royal de Versailles, le soir.
Le 30 mai 1770
A l’occasion du feu d’artifice tiré à Paris pour célébrer le mariage du Dauphin, une fusée tombe sur le décor et l’enflamme, semant la panique dans la foule : une bousculade meurtrière cause la mort de cent trente-deux personnes.
Les jeunes époux sont atterrés. Le Dauphin écrit aussitôt au lieutenant de police, Sartine :
« J’ai appris les malheurs arrivés à mon occasion, j’en suis pénétré. On m’apporte en ce moment ce que le Roi me donne tous les mois pour mes menus plaisirs. Je ne puis disposer que de cela. Je vous l’envoie, secourez les plus malheureux. J’ai beaucoup d’estime pour vous.»
Louis-Auguste
La lettre est accompagnée d’une somme de 6 000 livres.
La Dauphine et Madame Adélaïde suivent cet exemple honorable.
Dès le mois de juin 1770
Le Dauphin tente d’éloigner l’abbé de Vermond de la Dauphine ce que le Roi lui refuse. Louis-Auguste donne cependant à son grand-père la plus grande preuve de tendresse et de respect. Non seulement il accepte d’assister à des soupers que toute la famille royale évite avec affectation, mais il en fait solliciter la permission comme une faveur, et par l’entremise de Madame du Barry elle-même.
Il est évident qu’il a l’intention de se montrer courtois avec la favorite et les autres personnes qu’il rencontre chez le Roi. Louis XV est d’autant plus sensible à ses attentions qu’il en est moins habitué de la part de ses enfants. La démarche de son petit-fils le touche vivement, et sa joie éclate jusque dans ses lettres à l’Infant de Parme:
Le 16 juin 1770
Après avoir évoqué son fils, Louis XV ajoute :
« Le destin m’en donne un autre (fils) qui me paraît (devoir) faire le bonheur du reste de mes jours et je l’aime de tout mon cœur parce qu’il me le rend.»
Le 24 juin 1770
« Je suis très content de mon petit-fils par l’amitié qu’il me marque intérieurement et extérieurement, et c’est ce dernier point qui me plaît plus car j’étais bien sûr du premier.»
Louis XV à l’Infant Ferdinand de Parme
Le 16 juillet 1770
Louis-Auguste tombe malade d’un gros rhume, avec une toux violente. Il ne pourra se rendre à Compiègne le lendemain.
Les gazettes prétendent que le Dauphin crache du sang et rappellent les circonstances de la mort de son père, qui a succombé de ce que les contemporains ont pris pour un «rhume négligé», accompagné de crachements de sang. Il s’agit pourtant d’un rhume banal.
Le 17 juillet 1770
Louis XV est plus inquiet pour son petit-fils et remet son départ pour Compiègne.
Le 18 juillet 1770
Sur l’ordre des médecins, le premier chirurgien du Roi La Martinière saigne le jeune prince qui inscrit sur son agenda cet événement qui ne se reproduira jamais plus:
« Mercredi 18. J’ai été saigné.»
Le Dauphin Louis-Auguste
Ce même jour
Marie-Antoinette écrit à Mercy :
« Notre malade est assez bien mais pourtant on le saignera ce soir.»
Le 19 juillet 1770
Le Roi ordonne à son premier chirurgien La Martinière d’examiner son petit-fils et de lui dire s’il existe chez le jeune homme des obstacles physiques à la consommation de son mariage. A près avoir pratiqué l’examen, La Martinière a pleinement rassuré le Roi.
« La Martinière est à la fois un bon chirurgien et un excellent anatomiste, et il est connu pour la rude franchise de son caractère. Qu’il ait examiné le dauphin, qu’il ait certifié n’avoir trouvé chez lui « aucun défaut naturel qui s’oppose à la consommation de son mariage » suffit à détruire tout ce qu’on a dit, que le jeune prince aurait eu une malformation physique justiciable d’une opération.»
Paul et Pierrette Girault de Coursac
Le 20 juillet 1770
Rassuré par l’état du Dauphin, Louis XV se rend à Compiègne. Il devait partir le 17.
Le 23 juillet 1770
Louis XV fait part à l’Infant Ferdinand, son petit-fils (celui-là même qui a effectivement souffert du phimosis que l’histoire attribue à Louis-Auguste), à la fois de ses inquiétudes et de leur heureux dénouement.
Le 1er août 1770
« L’indisposition du Dauphin donne à penser, et je crains qu’il ne vivra pas longtemps.»
Marie-Thérèse à Mercy
Mercy n’a pas informé l’Impératrice au jour le jour comme un événement de cette importance aurait pu le demander. Il ne fait qu’une légère allusion à la maladie du Dauphin le 4 août et sans rien dire de nature à rassurer Marie-Thérèse. On imagine que ses conclusions inquiètes proviennent des gazettes qui ont dû lui parvenir.
Depuis sa maladie
Le Dauphin ne couche plus dans l’appartement de sa femme comme auparavant, et la consommation de leur mariage reste encore suspendue. Il n’y a aucune cause inquiétante.
Le 2 août 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 8 août 1770
« Il y (a) grande chasse à laquelle Madame la Dauphine assist(e) avec Mesdames. Quelques représentations que l’on (a) faites à Monsieur le Dauphin pour se modérer un peu dans cet exercice, il prend ce jour-là par une chaleur excessive une telle fatigue qu’il ne p(eut) se soutenir de lassitude.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 13 août 1770
Le Dauphin chasse avec le Roi tant qu’il peut.
Le 14 août 1770
Marie-Antoinette parle du Dauphin à Mercy en lui disant qu’Elle en est contente, que tous les petits défauts de son extérieur proviennent de l’éducation négligée qu’il a eue, mais que son fond est excellent, qu’il est le meilleur enfant et du meilleur caractère ; rien ne La gêne dans Ses conversations avec le Dauphin, il marque du plaisir à L’entendre et de la confiance, quoiqu’il soit fort réservé sur le chapitre des gens qui l’entourent. Elle est à présent bien assurée que Louis-Auguste connaît bien le duc de La Vauguyon et son fils et qu’il ne les aime ni ne les estime.
Le 20 août 1770
« Le Dauphin devait souper à l’Hermitage, petit château situé à la porte de la ville (de Compiègne) où le Roi fait souvent ses retours de chasse avec sa société plus intime, et nommément avec la comtesse du Barry. La Dauphine me témoign(e) qu’elle voi(e) avec peine que le Dauphin (soit) entraîné à ces soupers, que cela a l’air de vouloir le séparer d’elle pour l’introduire dans une société peu convenable, que le Dauphin lui-même l’envisage ainsi et a du regret d’être à des sorties de parties de plaisir. Elle me parle ensuite du Dauphin en me disant … qu’il mépris(e) souverainement la comtesse du Barry et les gens de sa cabale, que lui ayant demandé pourquoi il se laiss(e) entraîner dans la société de ces gens-là, Monsieur le Dauphin a répondu qu’il fa(ut) bien user de prudence et se prêter pour l’amour de la paix.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 27 août 1770
Le voyage de Compiègne s’achève et, après un bref séjour chez le prince de Condé à Chantilly, la Cour regagne Versailles.
Le soir du 9 septembre 1770
Le Dauphin trouve la porte de la Dauphine fermée malgré la promesse qu’il en avait reçue.
Le 10 septembre 1770
Cérémonie de la prise de voile de Madame Louise.
Le soir du 19 septembre 1770
Le Dauphin trouve la porte de la Dauphine fermée malgré la promesse qu’il en avait reçue.
Le 20 septembre 1770
Le Dauphin dort avec la Dauphine.
D’octobre à fin novembre 1770
Séjour de la Cour à Fontainebleau
Le 9 octobre 1770
Le Dauphin passe la nuit avec la Dauphine.
Le 10 octobre 1770
« Madame la Dauphine dès qu’elle m’a vu, m’a dit de la suivre dans son cabinet. Elle avait le cœur gros et les yeux rouges. Elle m’a avoué qu’elle avait pleuré et a même recommencé en me parlant de Monsieur le Dauphin ; voici l’occasion . Madame la Dauphine n’avait point de chevaux pour sortir ; elle craignait de s’ennuyer , et pour remplir sa journée elle a arrangé la veille qu’elle irait avec des chevaux de poste à Saint Denis où Mesdames devaient aller à cheval et en voiture. Elle a réfléchi qu’elle serait obligée de quitter le Dauphin aussitôt après le dîner, que ce dîner même déplairait au Dauphin parce qu’il serait obligé de dîner avec les dames ; par ces considérations elle a fait le sacrifice de son amusement et rompu son projet. Elle l’a conté à son époux, elle en espérait quelques petits mots de douceur et de remerciements, elle n’y a trouvé que froideur et le laconisme le plus désobligeant. En me contant cette doléance, la Dauphine se rappelait d’autres petits chagrins et conclue amèrement qu’il est bien dur de vivre avec un homme sans sentiment et qui ne tient aucun compte de ce qu’on fait pour lui. Madame la Dauphine était fort émue, je l’étais moi-même, et de ce que je vois, et de ce que je crains pour cet hiver. Elle a à peine fini de pleurer lorsqu’on vient lui dire que Madame Adélaïde est revenue chez elle ; la Dauphine y est allée en me disant de l’attendre ; un moment après Monsieur le Dauphin est venu chez sa tante ; M. le Dauphin est rentrée chez lui . Madame la Dauphine sans dire un mot a pris son livre et son peignoir et s’est mise entre les mains de ses friseurs ; je me suis retiré.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Le 20 octobre 1770
Brouille entre le Dauphin et la Dauphine.
Le 27 octobre 1770
Le Dauphin aurait dit à Marie-Antoinette ce qu’il pensait de Ses menins.
« Il en résulte que ce jeune prince réfléchit sur ses entours et sait les apprécier. Ce n’est que depuis bien peu de temps qu’il s’en explique vis à vis de Madame la Dauphine, laquelle maintenant donne à son langage, à ses petites caresses et à la totalité de son maintien la tournure la plus parfaitement convenable à s’assurer un entier ascendant sur l’esprit de son époux, ce qui journellement lui réussit de plus en plus et avec des progrès très remarquables.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 6 novembre 1770
Depuis longtemps, la Dauphine exhorte Son époux à ne pas rester si tard à la chasse et l’a prié d’en revenir à une heure raisonnable.
Selon Mercy, le Dauphin revient tard, et suivant sa coutume, longtemps après le Roi : il trouve la Dauphine chez Sa Majesté, il s’approche d’Elle, d’un air embarrassé et Lui dit : «Vous voyez, je suis revenu à temps.» Madame la Dauphine répond d’un ton assez sec : «Oui, voilà une belle heure!»
Le soir, on se rend au spectacle, Le Mariage fait et rompu, comédie en vers de Fresnay (1721), puis ballet, Aeglé, pastorale héroïque de 1748 sur un poème de P. Laryon et une musique de P. de La Garde, maître de musique des Enfants de France ( soixante-quatre personnes sur scènes ! ) . Le Dauphin est boudé tout le temps au retour du théâtre. Il cherche à avoir une explication. Marie-Antoinette lui fait alors un sermon énergique où Elle lui représente avec vivacité tous les inconvénients de la vie sauvage qu’il mène ; Elle lui fait voir que personne ne peut résister à ce genre de vie d’autant moins que son air et ses manières rudes ne donnent aucun dédommagement à ceux qui lui sont attachés et qu’en suivant cette méthode, il finira par détruire sa santé et par se faire détester.
Le Dauphin reçoit cette leçon avec douceur et soumission, il convient de ses torts, promet de les réparer et demande formellement pardon à sa femme.
Le 7 novembre 1770
On s’aperçoit que le Dauphin témoigne à la Dauphine un empressement d’attentions et d’amitié plus vif que de coutume.
L’après-midi il monte à cheval.
Le 8 novembre 1770
Spectacle : Les Carrosses d’Orléans (1680) de Jean de La Chapelle.
Dimanche 11 novembre 1770
Messe, jeu et souper public, c’est le grand couvert.
Le 12 novembre 1770
Grande chasse à laquelle la Dauphine assiste avec Mesdames.
Le 23 novembre 1770
Retour à Versailles. Le Dauphin monte à cheval à Fausse-Repose avec la Dauphine et ses tantes.
Le 24 décembre 1770
Le duc de Choiseul (1719-1785) , l’un des principaux artisans du mariage franco-autrichien ( il était chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770), est exilé à cause de son orientation libérale dont la pratique politique s’apparente à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue.
Le Dauphin ne s’en émeut aucunement, heureux de voir ainsi partir l’ennemi politique de son père. Au contraire de Marie-Antoinette qui voit en lui l’initiateur de son mariage et le garant de l’alliance.
Le 14 février 1771
Mariage du comte de Provence, frère du Dauphin et de Marie-Joséphine de Savoie.
Le 28 février 1771
L’ambassadeur d’Espagne, Fuentès affirme que le Dauphin n’a pas encore consommé son mariage, ainsi que (le lui) a affirmé le comte de Mercy.
Au mois de mars 1771
Mesdames interviennent avec succès, à la grande colère de Vermond, pour engager la Dauphine à répondre aux avances de Son mari et à lui ouvrir la porte de Sa chambre. Mercy ne peut tolérer longtemps que les filles du Roi se mettent ainsi au travers de ses projets.
Dans la nuit du 21 au 22 mars 1771
« Monsieur le Dauphin a passé la nuit avec Madame la Dauphine.»
Le comte de Mercy
Les 11, 12 et 13 mai 1771
Petit séjour à Fontainebleau pour accueillir Marie-Joséphine de Savoie.
Le 17 juin 1771
Le Dauphin soupe avec le Roi.
Le 20 juin 1771
Louis-Auguste a une indigestion.
Le 26 juin 1771
Le Dauphin rejoint le Roi à Saint-Hubert pour y chasser.
Le 28 juin 1771
Le Dauphin rejoint à nouveau le Roi pour chasser à Saint-Hubert.
Le 2 juillet 1771
« Chasse du cerf. Petite meute au poteau de la Loge Porée, pris un, soupé et couché à St Hubert.»
Louis-Auguste
Le 3 juillet 1771
« Chasse du cerf. Grande Meute au Poteau du Chêne Vaudion, pris un, déjeuné à St Hubert, soupé à Trianon.»
Louis-Auguste
Il ne rentre à Versailles que pour se coucher.
Avant le séjour de Compiègne
Le Dauphin fait signifier à l’abbé de Vermond de sortir lorsqu’il l’entend annoncer ou qu’il le voit entrer chez la Dauphine.
Le 15 juillet 1771
Départ de la Cour pour Compiègne.
Le 5 septembre 1771
« Je n’ai rien de nouveau, ni de favorable à dire à V.E. sur la consommation du mariage de M. le Dauphin. C’est toujours le même motif d’étonnement que ce prince n’ait pas de défaut physique, qu’il couche avec une princesse si jolie et si aimable, qu’ils soient tous deux si jeunes et si amoureux, et qu’il n’en résulte qu’une inaction qui paraît si contraire à la nature, à l’âge et aux circonstances. Cependant la chose est certaine, puisque le comte de Mercy qui est intéressé à savoir ce qui se passe à ce sujet et ne peut l’ignorer, me l’a assuré.»
Le comte de Fuentès, ambassadeur d’Espagne
Le 23 septembre 1771
« Premier tiré au Butard, la P.M. (petite Meute) chassait seule.»
Louis-Auguste
Du 1er au 4 octobre 1771
Séjour au château de Choisy.
Le 1er octobre 1771
Le Dauphin tire au parc de Choisy, où il soupe et couche.
Il indique «le voile noire de (s)a tante Louise» dans son journal.
Le 2 octobre 1771
Louis-Auguste chasse le cerf, Petite Meute à Rougeaux. Il en prend deux. Il déjeune et soupe à Choisy.
Le 4 octobre 1771
Il chasse le cerf, Grande Meute à la Croix d’Avesne. Il en prend un. Il déjeune à Choisy et rentre à Versailles le soir.
Du 7 octobre au 19 novembre 1771
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le 13 novembre 1771
Le Dauphin chasse le cerf. La Dauphine l’y accompagne. Elle est un tant soit peu enrhumée, et le Dauphin a l’attention d’exiger de sa femme qu’elle reste dans une voiture fermée et ne monte pas dans les calèches qui servent en de pareilles occasions.
Le 15 novembre 1771
Le Dauphin vient dans l’après-midi dans le cabinet de la Dauphine. L’abbé de Vermont qui était avec Elle se retire dans la pièce voisines où sont les femmes de chambre.
Le 4 février 1772
Décès du duc de La Vauguyon.
Du 6 octobre au 17 novembre 1772
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le 7 octobre 1772
Louis-Auguste tombe de cheval lors de la chasse.
Le 12 décembre 1772
« Il croit que le lendemain de la consommation de son mariage tout le monde en sera instruit et aura les yeux fixés sur lui ; cette idée le tourmente et l’embarrasse à l’excès.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 11 février 1773
Le Dauphin se rend incognito à Paris avec son épouse et le comte et la comtesse de Provence au bal masqué de l’Opéra.
Le 11 mai 1773
A Saint-Hubert, le Dauphin révèle à son grand-père que le mariage est consommé.
Le 12 mai 1773
Le Dauphin a un accès de fièvre.
Le Roi parle à la Dauphine de la nouvelle quant à la consommation du mariage et , malgré la réticence de la princesse, il la publie. Elle se répand aussitôt «pendant que M. le Dauphin prend médecine», précise Vermond.
Le 17 mai 1773
« Le bruit court ici que Monsieur le Dauphin est véritablement mon mari, mais il n’en est rien encore, quoique je crois que cette maladie nous a fait grand tort, étant un peu plus avancés qu’à l’ordinaire. Cela aurait pu finir plus tôt, au lieu qu’à cette heure cela sera encore bien reculé.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
Le 8 juin 1773
Le Dauphin et la Dauphine font leur entrée officielle à Paris.
L’entrée solennelle à Paris du Dauphin et de la Dauphine
C’est un triomphe populaire.
La foule est tellement importante et non écartée des officiels que le Dauphin demande à ce que l’on fasse attention à sa jeune sœur Madame Elisabeth et finit par la tenir dans ses bras.
Le 16 juin 1773
Louis XV est content de la Dauphine, enfin l’épouse véritable de son petit-fils :
« Le Roi ne lui refuse rien et paraît toujours enchanté quand elle a quelque chose à lui demander.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 8 juillet 1773
La Cour arrive à Compiègne.
Le 17 juillet 1773
« Je puis bien dire à ma chère maman et à elle seule que depuis que nous sommes arrivés ici (à Compiègne), mes affaires sont fort avancées, et je crois le mariage consommé quoique pas dans le cas d’être grosse ; c’est pour cela même que Monsieur le Dauphin ne veut pas qu’on le sache encore. Quel bonheur si j’avais un enfant au mois de mai. Pour mes règles, je les ai toujours fort et bien, vous pouvez bien croire que je ne monte à cheval dans ce temps-là.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
« J’ai lieu de croire que les tentatives pour la consommation du mariage ont été réitérées, mais avec des succès incomplets. Les médecins ont engagé M. le Dauphin à faire usage d’une préparation de limaille de fer, c’est un corroborant tonique très communément employé, et que l’on croit le plus convenable à l’état du jeune prince.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 14 août 1773
« Je suis vivement et profondément blessé du silence que garde avec moi Madame la Dauphine sur les dispositions de Monsieur le Dauphin à mon égard; il est probable que depuis deux ans elle ne lui a pas parlé de moi.»
L’abbé de Vermond
Le 30 septembre 1773
Le Dauphin déjeune et soupe avec le Roi à Choisy.
Louis XV aime l’aîné de ses petits-fils d’un amour inquiet et exclusif. Il tremble toujours pour sa santé.
Le 1er octobre 1773
Le Dauphin se trouve «un peu incommodé».
Du 6 octobre au 14 novembre 1773
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le 16 novembre 1773
Mariage du comte d’Artois, frère du Dauphin et de Marie-Thérèse de Savoie, sœur de la comtesse de Provence.
Le 8 janvier 1774
Louis-Auguste tombe de cheval lors de la chasse.
« Monsieur le Dauphin a eu un accident à la chasse qui heureusement n’a eu aucune suite ; son cheval a fait la panache (la culbute), mais il s’est dégagé comme aurait pu le faire le plus habile écuyer, l’a remonté et a achevé la chasse.»
Le comte d’Argental
Le 19 janvier 1774
Mercy insiste de nouveau sur les conséquences pour le Dauphin des fatigues de la chasse.
Les cerfs que forcent Louis XV et son petit-fils sont des bêtes très adultes, dépassant un mètre trente au garrot, pesant jusqu’à trois cent cinquante kg, dont les bois peuvent atteindre deux mètres cinquante d’envergure et un poids de vingt-cinq kg. On ne tire pas ce gibier noble au fusil, on le sert au couteau. C’est au premier arrivé sur les lieux de la prise qu’en revient le droit. Le soir même le Dauphin, son épouse, les comtes et comtesses de Provence et d’Artois se rendent au bal de l’Opéra à Paris.
Le 4 avril 1774
Le Dauphin a les oreillons.
Le 29 avril 1774
Les médecins font savoir que le Roi a contracté la variole. Pour éviter la contagion, le Dauphin et ses deux frères sont maintenus à distance de la chambre royale.
Le 30 avril 1774
Le visage du Roi est couvert de pustules.
Dans la nuit du 7 mai 1774
Ne se faisant plus guère d’illusions sur son état de santé, il fait venir son confesseur, l’abbé Louis Maudoux.
Le 9 mai 1774 au soir
L’Extrême-Onction est administrée à Louis XV.
Le 10 mai 1774
Le matin même du jour ou Louis XV va mourir, et où le Dauphin sera proclamé Roi, il écrit la lettre suivante à l’abbé Terray :
« Monsieur le contrôleur général, je vous prie de faire distribuer deux cent mille livres aux pauvres des paroisses de Paris, pour prier pour le roi. Si vous trouvez que ce soit trop cher, vu les besoins de l’État, vous les retiendrez sur ma pension et sur celle de madame la Dauphine. Signé Louis Auguste».
Louis-Auguste
Tout Paris en a été transporté et attendri jusqu’aux larmes. On a trouvé dans cette lettre, l’expression la plus sensible et la plus vive d’une piété vraiment filiale, et d’une attention paternelle aux besoins du peuple.
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles à trois heures un quart de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.
Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Le nouveau Roi s’écrie :
« Quel fardeau ! Et l’on ne m’a rien appris ! Il me semble que l’univers va tomber sur moi ! »
Louis XV à peine mort, les courtisans se ruent vers le nouveau Roi. Le petit-fils du défunt Roi, âgé de vingt ans, est tout de suite effrayé par le poids des responsabilités, plus qu’enivré par son nouveau pouvoir.
La nouvelle Reine Marie-Antoinette soupire :
« Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! »
On assure que Louis XVI dit à Monsieur et au comte d’Artois : Je ne veux pas que vous m’appeliez ni roi, ni majesté : je perdrais trop en renonçant au titre de frère.
Le Roi est mort…
Il faut vider la chambre du Roi
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles passion )
A la mort du duc d’Aumont, ses effets personnels sont vendus. Louis XVI, Marie-Antoinette et la Famille Royale se doivent d’être au premier rang des acheteurs. Le reste est vendus à différentes personnes des Cours d’Europe.
C’est ainsi que la commode de Gaudreau est aujourd’hui à la Wallace Collection et que les colonnes de Joubert sont à Buckingham palace.
Le 10 mai 1774 à trois heures un quart, Louis XV meurt de la petite vérole dans sa chambre à Versailles. Un lit pliant est installé devant les fenêtres car le Roi doit mourir en public. La petite vérole étant très contagieuse, la Cour ne peut pénétrer dans la chambre.
Comme le veut la tradition, le Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi hérite du mobilier de la chambre. Les Premiers Gentilshommes de la Chambre du Roi sont depuis le règne de Louis XIII au nombre de quatre. Ils servent une année sur quatre. La charge a été instituée par François Ier.
C’est le Duc d’Aumont, au service du Roi au moment de son décès, qui hérite du mobilier et des tentures de la pièce.
Après de longues hésitations, il avait peur d’être contaminé, le mobilier fut récupéré et nettoyé. Quant aux tissus, l’or fut récupéré et fondu et les soieries brûlées.
Du 10 au 17 mai 1774
Séjour de la Cour au château de Choisy.
Sur le papier, Louis XVI n’exile pas madame du Barry à l’abbaye de Pont aux Dames, il ne fait que lui «permettre» d’aller voir sa «tante» à ladite abbaye ! : c’est une sorte de Bastille pour femmes aux confins de la Brie et de la Champagne, «avec défense de voir qui que ce fût». A l’annonce du sort que lui réservent Louis XVI et Marie-Antoinette, Jeanne du Barry s’effondre en larmes.
Le 12 mai 1774
Le premier pas de Louis XVI sur le trône, sur les conseils de Madame Adélaïde, sa tante, est d’écrire la lettre suivante à Monsieur de Maurepas :
« Monsieur, dans la juste douleur qui m’accable et que je partage avec tout le royaume, j’ai pourtant des devoirs à remplir. Je suis roi : ce seul mot renferme bien des obligations, mais je n’ai que vingt ans. Je ne pense pas avoir acquis toutes les connaissances nécessaires. De plus, je ne puis voir aucun ministre ayant été tous enfermés avec le Roi, dans sa maladie. J’ai toujours entendu parler de votre probité et de la réputation que votre connaissance profonde des affaires vous a si justement acquise. C’est ce qui m’engage à vous prier de vouloir bien m’aider de vos conseils et de vos lumières. Je vous serai obligé, Monsieur, de venir le plus tôt que vous pourrez à Choisy où je vous verrai avec le plus grand plaisir.»
« Le genre d’étude qui plaisait le plus à Louis XVI était la géographie, les relations de voyages, et ce qui avait rapport à la marine. Dans son voyage de Cherbourg, il étonna beaucoup d’officiers de mer par ses connaissances et en embarrassa plusieurs par ses questions. J’ai entendu dire au roi, au retour de cette excursion qui l’avait autant intéressé que flatté par les preuves d’attachement qu’il y avait reçues, qu’il espérait en faire un semblable tous les ans, surtout sur les côtes, voulant donner grande attention à sa marine : projet que nos malheurs ont empêché, et qui, outre l’avantage de faire connaître au monarque les vices de l’administration, ne pouvait qu’attacher les peuples à leur souverain.»
Mémoires du comte d’Hézecques
La bibliothèque de Louis XVI
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Les bibliothèques du Roi contiennent 11 514 volumes. L’inventaire de 1795, rédigé par citoyen Buffy, membre de la commission des arts du département de la Seine-et-Oise, mentionne également des liasses de journaux et de périodiques, dont un certain nombre en langue anglaise. Comme Buffy ne connaissait pas l’anglais, il commit des erreurs tant sur les auteurs que sur les titres ; par exemple le Pantagruel de Rabelais est attribué à Alcofibras. The aventures of Telemachus seraient l’œuvre de Cambray ! (Fénelon était archevêque de Cambrai) et Shakespeare est estropié en Shakspere !
Les livres ont été classés dans les rubriques suivantes :
1/ Ouvrages classés par ordre alphabétique d’auteurs : 6 082 volumes
2/ Théologie : 182 volumes
3/ Histoire : 1 931 volumes
4/ Jurisprudence : 431 volumes
5/ Sciences et arts : 1 376 volumes
6/ Belles lettres : 465 volumes
7/ Ouvrages en allemand : 8 volumes
8/ Ouvrages en anglais : 419 volumes
9/ Ouvrages en espagnol : 81 volumes
10/ Ouvrages en italien : 87 volumes
11/ Manuscrits : 452 volumes
La plupart des livres du Roi provenant du Château de Versailles sont conservés à la Bibliothèque Nationale de Paris et à la Bibliothèque municipale de Versailles. La Bibliothèque de l’Arsenal conserve les inventaires manuscrits des bibliothèques de Louis XVI sous le titre de « Catalogue des livres provenant de chez Louis Capet, condamné, district et commune de Versailles »
Cette pièce est la première commande de Louis XVI, qui confie sa réalisation à l’architecte Ange-Jacques Gabriel en 1774. Il y fait placer une table en acajou de Sainte-Lucie, attribuée à l’ébéniste Quervelle, ainsi qu’une commode de Jean-Henri Riesener quatre ans plus tard.
Le théâtre, la musique, l’astronomie…
Les boiseries de la Bibliothèque du Roi
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles-passion )
A l’origine du projet de Gabriel, plusieurs Amours de ronde-bosse, isolé ou groupé, devaient se positionner au sommet des armoires. Ils seront finalement abandonnés au profit de trophées sculptés sur les vantaux, jugés plus adéquats au lieu.
Ils illustrent plusieurs des domaines de la littérature et des arts libéraux.
Sur l’armoire de gauche, on reconnait le Théâtre illustré par un masque, la Musique pastorale par une musette, l’Antiquité par un livre ouvert au nom de Rollin, l’auteur d’une «Histoire romaine».
L’armoire de droite est plus musicale avec une collection d’instruments comme une lyre, un basson, chalumeaux, tambours de basque, hautbois et castagnettes. Ils entourent une allégorie champêtre à l’Amour.
Côté fenêtres à droite, la Peinture, la Gravure, la Tragédie, l’Astronomie et la Géographie.
A gauche, la Sculpture, surmontée des attributs de Mercure mêlés à une œuvre de Bossuet, le précepteur du Dauphin, au-dessus d’une allégorie de la Renommée sous un exemplaire de «La Henriade» de Voltaire.
Le premier édit de Louis XVI est un bienfait.
C’est un usage ancien dans le royaume qu’on paye au souverain des droits considérables pour son avènement au trône : ce tribut même était exigé autrefois par tous les barons sur leurs vassaux immédiats ; et à mesure que l’autorité royale détruisit les usurpations féodales, ce droit resta uniquement affecté au monarque. Les états généraux de France accordèrent trois cent mille livres à Charles VIII pour son avènement. Cet impôt augmenta toujours depuis, et cependant fut toujours appelé joyeux. Louis XVI apprend à son peuple que son avènement méritait en effet le nom de joyeux, en remettant entièrement ce qu’on lui devait, et en voulant même qu’on expédie gratis à tous les seigneurs des terres leur renouvellement de foi et hommage.
Œuvres complètes de Voltaire (1773 – 1776), Voltaire
Au début du règne
Louis XVI dote l’hôpital royal de Versailles de la somme annuelle de 150.000 livres de sa cassette personnelle
Louis XVI, dès son accession au trône, affirme sa sollicitude personnelle pour l’hôpital royal, lui accordant de nombreuses libéralités, ajoutant de nouvelles acquisitions au domaine hospitalier, lui confirmant son statut légal d’autonomie absolue. L’établissement se développant de plus en plus, et la caducité de certaines constructions devenant inquiétante, il fait établir un nouveau plan d’aménagements et de réédification par Darnaudin, son architecte, grand prix de Rome, et inspecteur des bâtiments de la Couronne. Et aussitôt les travaux sont commencés et il est prélevé annuellement une somme de 150.000 livres sur les fonds personnels du Roi. En garantie de cette dotation il crée un octroi au Grand et au Petit Montreuil de Versailles dont les produits doivent être versés à l’Hôpital jusqu’à concurrence de cette somme annuelle. Malheureusement après trois années d’efforts, ces travaux sont brusquement arrêtés en 1790 sous le coup des événements révolutionnaires; alors seulement la moitié des nouveaux bâtiments était achevée, représentant l’aile droite de l’hôpital (côté des hommes) et le bâtiment en retour relié à la chapelle
Histoire sommaire des hospices civils de Versailles, M. Munsch, Persee.fr
La galerie de Géographie
La passion de Louis XVI
( texte et illustration de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Louis XV s’était fait aménagé une bibliothèque ici en 1726. Il y conservait, entre autre, sa collection de cartes de géographie et de tableaux chronologiques, qui étaient présentés sur des rouleaux à ressorts, et qu’on pouvait dérouler comme des stores.
Transformée par la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe en garde-robe qui sert ensuite à Madame du Barry, elle redevient Galerie de Géographie sous Louis XVI : sur des consoles, sont posées des maquettes de vaisseaux de la Marine Royale, des sphères et les premières machines électriques.
Totalement modifiée sous Napoléon III, il ne reste aujourd’hui qu’une simple galerie.
Le 22 octobre 1774
Marie-Antoinette substitue pour la première fois le souper de société au souper de chasseurs.
« L’étiquette de la Cour ne permettait pas à la Reine et aux princesses du sang de manger avec des hommes. Lorsque le couple royal dînait en public, il était servi par des femmes. De même, lorsque le Roi allait à la chasse, il y avait, au retour, des soupers de chasseurs, dont la Reine était exclue. Mais Marie-Antoinette a réalisé un projet qu’elle caressait depuis plus d’un an, en substituant aux soupers de chasseurs des soupers de société, qu’elle présiderait elle-même et auxquels elle inviterait la famille royale et les principaux personnages de la Cour. Mercy l’y encourageait, et toutes les personnes raisonnables voyaient là le moyen le plus sûr d’éloigner le Roi des mauvaises compagnies. Séance tenante, le premier souper fut fixé au samedi suivant, 22 octobre 1774. L’innovation fut favorablement accueillie: le public applaudit. On fut bientôt obligé, au lieu d’un souper par semaine, d’en avoir deux: le mardi et le jeudi. Le Roi nommait les hommes, la Reine les femmes invitées. Chacun briguait l’honneur d’y être admis et en sortait ravi. Le roi lui-même prenait plaisir à ces réunions, et sa brusque nature y devenait plus aimable.»
Maxime de la Rocheterie, Histoire de Marie-Antoinette
Le 5 juin 1775
Toute la cour se met en route pour Compiègne.
Du 7 au 10 juin 1775
Séjour de la Cour au château de Compiègne.
Le 8 juin 1775
Le Roi couche à Fismes.
Le 9 juin 1775
Louis XVI fait son entrée à Reims.
« Depuis une lieue de la ville que le Roi monta dans le beau carrosse et vint au pas, il y avait une affluence qui faisait un bel effet. Le Roi, ayant couché à Fismes, monta dans ce superbe carrosse qu’on dit qui coûta plus de trois cent mille francs. Il y était avec ses deux frères et tous les princes du sang. Cela était précédé de plusieurs autres des plus beaux carrosses et équipages de la Couronne et des détachements de la Maison du Roi, ce qui n’était pas assez garni en simple détachement, la Maison y étant en entier, aux autres. Ce fut à cinq heures que le Roi arriva à l’église. Les détachements de la Maison, cavalerie, superbement mis et montés, manœuvrèrent bien pour se former. La beauté de ces équipages, le noble tapage des fanfares et timbales et de la grosse cloche, annoncèrent bien le maître et son équipage, dont les huit chevaux avaient, entre autres, des panaches blancs des plus élevés. Ce carrosse superbe, singulier et immense, fit un effet éclatant. »
Journal inédit du duc de Croÿ (1718-1784). T. 3
À cinq heures le Roi arrive devant l’église. Le tapage des fanfares, des timbales et de la grosse cloche annoncent le maître et son équipage dont les huit chevaux ont des panaches blancs des plus élevés. Ce réellement superbe et singulier carrosse fait un effet éclatant.
Le 10 juin 1775
On pratique les vêpres du sacre.
Dimanche 11 juin 1775
C’est le jour de la Sainte Trinité
Louis XVI est sacré à Reims.
A six heures du matin
« La cérémonie commence à six heures du matin. Dès quatre heures du matin, on se rend à la grande église. A six heures et demie nos six princes arrivent en cérémonie représentant les trois anciens ducs et les trois anciens comtes du royaume, la couronne en tête. Cela est très beau et très imposant… Les deux frères du Roi représentent les deux premiers ducs, celui de Bourgogne et celui de Normandie, et les quatre princes de sang, les quatre autres. Monsieur et le comte d’Artois (sont) très jolis dans cet habillement qui (va) aussi à merveille au gros duc d’Orléans.»
Le duc de Croÿ
La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin. Les archevêques de Laon et de Beauvais l’assistent. Le chantre et le Grand Maître des Cérémonies les précèdent, lorsqu’ils arrivent devant la porte de la chambre de parade. Le chantre frappant à la porte avec son bâton, le Grand Chambellan répond sans ouvrir :
«Qui demandez-vous?
L’évêque de Laon répond :
« Le Roi».
Le Grand Chambellan dit « Le Roi dort.»
Il évoque alors Louis XV qui demeure Roi même après qu’il est mort tant que le sacre de Louis XVI n’est pas accompli. Deux fois le petit dialogue se répète. A la troisième fois, l’évêque de Laon répond :
« Nous demandons Louis XVI que Dieu nous a donné pour roi.»
Alors la porte s’ouvre à deux battants et Louis XVI apparaît étendu sur le lit de parade, où il figure non pas lui-même, personne distincte et définie, mais l’entité roi morte, endormie dans le Seigneur par la mort de Louis XV, et sur le point de ressusciter par le sacre. Il est en robe longue d’étoffe d’argent ; sur la tête un chapeau de velours gris garni d’un bouquet de plumes blanches surmontées d’une plume noire de héron, avec au retroussis du chapeau, sous le bouquet de plumes, une agrafe de diamants ; à ses pieds, des mules d’argent. Ses cheveux blonds ne sont pas noués en catogan, épars, tombant en boucles libres sur ses épaules et dans son dos.
L’évêque de Laon lui présente l’eau bénite, puis l’aide à se lever ; alors le rituel de la résurrection du Roi étant terminé, la procession s’organise et traverse la galerie couverte et la nef de la cathédrale en chantant l’antienne du sacre et le psaume Domine in virtute.
A sept heures et demie
« Le Roi arriv(e) … cette entrée où l’archevêque et le clergé vont au-devant, et que les fanfares militaires annoncent, est très noble. Le Connétable, que représent(e) le maréchal de Tonnerre, doyen du Tribunal, âgé de quatre-vingt-huit ans, le suit et se place seul, loin et en bas. Derrière lui, le Chancelier représenté par M. de Miromesnil, alors Garde des Sceaux, et le prince de Soubise représentant le Grand Maître, se placent seuls, l’un derrière l’autre. Ils ont leur grand habit et la couronne ; le Chancelier sa toque ou mortier doré. Cela est des plus majestueux. Le duc de Bouillon Grand Chambellan, le maréchal de Duras Premier Gentilhomme de la Chambre, et le duc de Liancourt Grand Maître (de la Garde Robe), ayant aussi la couronne, se placent dans le même rang, derrière vers le milieu du chœur. Cela fait en tout douze couronnes dont trois de ducs et le reste de comtes qui, avec de grands manteaux d’hermine sur la longue veste d’or fait un effet d’autant plus majestueux qu’on ne le voit que ce jour-là. Les capitaines des gardes qui sont en veste et en manteau de réseau d’or se tiennent à côté. De même plusieurs hoquetons, massiers et autres en manteau de satin blanc, et tout ce costume ancien est imposant. L’archevêque de Reims, successeur de Saint Rémi, assisté des évêques de Soissons et d’Amiens, et pour cette fois du coadjuteur, sont assis vis à vis le Roi, tournant le dos à l’autel, et de leurs grandes mitres, ainsi que leurs superbes ornements d’or éclatant, de même que tous les assistants qui les entourent, et la ligne des cardinaux et prélats qui sont tout du long du côté de l’Epître, se montrent là avec plus grand éclat des pompes de l’Eglise. Le Roi est seul, sur un fauteuil à bras, sous le grand dais élevé au milieu du sanctuaire. Chacun est à sa place, en silence. Le fond en rond-point, derrière le chœur, est une colonnade d’or, avec un amphithéâtre cintré , très élevé, qui fai(t) au mieux mais trop en spectacle d’Opéra. La tribune de la Reine en décoration théâtrale des plus brillantes, celle des ambassadeurs vis à vis, toutes les travées et entrecolonnements garnis, en amphithéâtre, de dames couvertes de diamants et de personnes richement habillées, fai(t) l’effet le plus majestueux, et la décoration (est) d’autant plus frappante qu’elle (est) réelle. L’archevêque donn(e) ensuite l’eau bénite, puis entonn(e) le Veni Creator.»
Le duc de Croÿ
La procession qui accompagne les quatre barons de la Sainte-Ampoule en satin noir et blanc fait alors son entrée. Les quatre otages sont vêtus d’étoffe d’or «légèrement rayée de noir qui répondent sur leur vie de la sécurité de la Sainte-Ampoule, et sous son dais de moire d’argent bordée de franges unies aussi d’argent et surmonté de quatre fleurs de lys de cuivre argenté, monté sur une haquenée blanche couverte d’une housse de moire d’argent relevée d’une broderie très riche d’argent avec frange autour», Dom Debar, Grand Prieur de l’abbaye bénédictine de Saint-Rémi, «en aube, étole pendante et chape», portant dans un reliquaire suspendu à son cou la Sainte-Ampoule, la petite bouteille en forme de larme que Saint Rémi aurait reçue, d’après la légende de la main d’un ange pour le sacre de Clovis.
Après avoir été la recevoir des mains du Grand Prieur et s’être engagé à la lui remettre aussitôt après la cérémonie, tandis qu’on dit sexte, l’archevêque s’habille pour la messe avec les ornements d’argent dont François Ier (1494-1515-1547) a commandé le dessin à Raphaël (1483-1520). Le duc de Croÿ reprend :
« L’archevêque et tous ses assistants s’approchent du Roi qui est dans son fauteuil ; ils lui font les demandes de sûreté et de protection de l’Eglise. Le Roi prononce tout haut la promesse de continuer et de conserver les privilèges de l’Eglise. Alors les évêques de Laon et de Beauvais soulèvent le Roi qui regarde l’assistance. Ils demandent aux seigneurs assistants et au peuple s’ils acceptent Louis XVI pour leur roi, à quoi on acquiesce par un respectueux silence, le fait est qu’ils ne disent rien. Je les interrogeai ensuite ; ils me dirent que cela n’était pas dans leur instruction, et que ce soulèvement qu’ils font du Roi est ce qui reste de cet ancien usage. Ainsi, voilà le vrai, cette fameuse demande ne se fait plus.»
Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain :
« Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle »
Le Roi lit le serment haut et ferme, en latin, appuyant sur les mots avec respect et attention, comme s’il disait à chaque mot: «Je m’engage à cela de bon cœur ! Et pendant toute la cérémonie, il conserve la même ferveur. Ensuite, il prononce de même haut et ferme, et comme s’engageant bien, le serment de l’Ordre du Saint-Esprit. Il prête aussi le serment de l’Ordre Militaire de Saint Louis et le serment de l’édit contre les duels.
La Reine n’est qu’assistante lors de cette cérémonie.
Pendant que le Roi prête le serment
On a placé sur l’autel tous les ornements royaux. Les évêques de Laon et de Beauvais conduisent le Roi au pied de l’autel, le Premier Gentilhomme de la Chambre lui ôte sa robe, dessous «de satin cramoisi, garnie de petits galons d’or à jour sur toutes les coutures et ouverte, de même que la chemise, aux endroits ménagés pour les onctions, ces ouvertures fermées par des petits cordons d’or et de soie». Le Grand Chambellan lui met les «bottines de satin violet parsemé de fleurs de lys d’or», et les «éperons garnis en or» que Monsieur, représentant le duc de Bourgogne, lui retire aussitôt.
t c’est la bénédiction de l’épée, dite de Charlemagne, mais en réalité beaucoup plus moderne, en forme de croix dans son fourreau de velours violet parsemé de fleurs de lys d’or.
« L’archevêque lui ceint l’épée de Charlemagne, apportée du trésor de Saint Denis, pour protéger l’Eglise, la veuve et l’orphelin. Le Roi tient l’épée élevée, l’offre à Dieu en la posant sur l’autel. L’archevêque la reprend, le Roi la reçoit à genoux et la remet au connétable qui la tient toujours de même, nue et la pointe haute.»
Le duc de Croÿ
Les préliminaires étant achevés
« L’archevêque met, sur le milieu de l’autel, la patène d’or de saint Rémi. Le Prieur de Saint Rémi, ayant ouvert la Sainte-Ampoule, la donne à l’archevêque lequel, avec une aiguille d’or, en tire la « grosseur d’un grain de froment, le met sur la patène, puis la remet au Prieur. Ensuite il y mêle le Saint Chrême. Après cela le Roi se prosterne à plat sur un long carreau de velours violet, et l’archevêque, malgré son grand âge et ses infirmités, se prosterne à côté. Les quatre évêques disent des litanies des saints : cette position et ce moment est touchant et imposant… La consécration du Roi se fait ensuite à genoux aux pieds de l’archevêque qui l’oint sur la tête avec ce qui a été mis sur la patène … (la robe et la chemise du Roi) sont ouvertes, et jusqu’à la chair, dans tous les endroits, et l’archevêque lui fait de même six onctions, de sorte que le Roi reçoit tous les premiers ordres de l’Eglise et les a presque tous hormis la prêtrise, tout cela dans l’esprit de l’Ancien Testament, dont l’origine est du temps de Saül.»
Le duc de Croÿ
A chaque onction, sur le front, sur le sein gauche, à la jointure des bras, l’archevêque répète la formule:
« Je vous sacre roi avec cette huile sanctifiée au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.»
Et les chanoines chantent l’antienne propre :
« Le prêtre Sadoch et le prophète Nathan sacrèrent Salomon dans Sion ; et s’approchant de lui, ils lui dirent avec joie : Vive le Roi éternellement !»
L’onction sur les mains, la plus sainte de toutes, se fait à part, et l’archevêque dit en même temps la prière spéciale :
« Que ces mains soient ointes de l’huile sanctifiée de laquelle les rois et les prophètes ont été oints, et de la même manière que Samuel sacra le roi David, afin que vous soyez béni et établi dans ce royaume que Dieu vous a donné à régir. Que Dieu qui vit et règne aux siècles des siècles vous accorde cette grâce.»
Un à un, les ornements royaux sont alors bénis, et le Roi en est revêtu :
- la tunique et la dalmatique «de satin violet, doublées de taffetas couleur de feu, parsemées de fleurs de lys d’or sans nombre», bordées «d’un galon d’or en broderie» ;
- le manteau ouvert sur le côté droit, en velours violet de fleurs de lys d’or sans nombre, doublé d’hermine et une agrafe en forme de fleur de lys d’or «chargée de rubis, de diamants et de grosses perles orientales» ;
- les gants que l’oraison compare à la peau de chevreau dont Jacob avait couvert ses mains le jour «où ayant offert à son père une nourriture et un breuvage qui lui furent agréables, il en reçut la bénédiction» ;
- l’anneau «qui est le signe de la foi et de la dignité royale, la marque de la puissance», cet anneau que Louis XVI ne quittera plus jamais, pas même pour mourir ;
- le Sceptre d’or de cinq pieds dix pouces, surmonté d’un lys d’or émaillé où est représenté Charlemagne sur son trône ;
- la main de justice «dont le bâton est d’or et la main faite d’ivoire», « verge de vertu et de justice».
Le couronnement
Monsieur de Miromesnil, faisant office de Chancelier, monte à l’autel contre l’Evangile, et là, tourné vers l’assemblée, d’une voix très claire et haute, fait l’appel en criant avec emphase : « Monsieur qui représentez le duc de Bourgogne, présentez-vous à cet acte! Il en dit de même aux cinq autres qui se lèvent à mesure et s’approchent du Roi. Il appelle ensuite les cinq pairs ecclésiastiques. L’archevêque prend, sur l’autel, la grande couronne de Charlemagne, il la soutient seul à deux mains sur la tête du Roi, en disant :
« Que Dieu vous couronne de la couronne de gloire et de justice.»
Ensuite, il met seul la couronne sur la tête du Roi, les pairs laïques et ecclésiastiques portent tous la main pour la soutenir à un doigt de la tête du Roi, et ce moment superbe fait la plus grande sensation.
L’archevêque couronne le Roi en disant :
« Recevez la couronne de votre royaume au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, afin que rejetant les prestiges de l’ancien ennemi des hommes, et vous gardant de la contagion de tous les vices, vous soyez si zélé pour la justice, si accessible à la compassion et si équitable dans vos jugements, que vous méritez de recevoir de N.S.J.C. la couronne du royaume éternel dans la société des Saints. Recevez dans cette couronne, et faites qu’elle porte les marques glorieuses et honorables de votre piété et de votre courage, et sachez que c’est par elle que vous participez à notre ministère ; et que de même qu’on nous regarde comme les pasteurs et les conducteurs des âmes dans les choses spirituelles, de même vous preniez notre défense contre les ennemis de l’Eglise, que par le ministère de notre bénédiction et tandis que nous faisons en cette partie la fonction des apôtres et de tous les saints, au milieu de nos cantiques, vous vous montriez le protecteur et le ministre fidèle du royaume qui est confié à vos soins ; afin qu’orné de toutes les vertus qui brilleront en vous comme autant de pierres précieuses et couronné comme un vaillant athlète de la récompense du bonheur éternel, vous régniez glorieusement avec Jésus-Christ notre rédempteur et notre sauveur dont vous êtes l’oint et dont vous êtes regardé comme l’intendant.»
L’archevêque, ôtant ensuite sa mitre, dit au Roi toujours à genoux , plusieurs prières et bénédictions.
L’intronisation
« L’archevêque prend le Roi par le bras droit… et il est mené ainsi majestueusement sur le beau trône qui est très élevé sur la décoration du jubé, où est un fauteuil semé de fleurs de lys, entre les quatre grandes colonnes qui supportent le grand pavillon royal, et d’où il peut être vu de partout. On ouvre la grande porte, le peuple entre en foule, on lâche les oiseaux, toutes les trompettes annoncent le Maître par leurs sons éclatants.»
Le duc de Croÿ
C’est à ce moment où l’émotion qui étreint le Roi est à son comble, où il est présenté à son peuple ayant reçu l’onction qui fait de lui, suivant l’expression du pape Grégoire IX, «l’évêque du dehors».
« Je sais que je n’ai jamais connu autant d’enthousiasme avant. J’ai été totalement surpris de me retrouver en larmes et de voir tous les autres dans le même état… Le Roi semblait vraiment ému par ce beau moment… Notre Roi habillé avec toute la brillance de la royauté, sur le vrai trône, était une vue Tellement impressionnant qu’il est difficile à décrire.»
Le duc de Croÿ
« Les mains de la Divinité
Louis, t’envoient la couronne
Le sceptre, l’épée, la loi te donne
Mais ce sont tes vertus et ta bonté
Qui t’assurent le trône dans nos cœurs.»
Vers écrits en l’honneur du sacre de Louis XVI, 1775
Le 12 juin 1775
Jour de repos pour le Roi qui n’assiste même pas à la revue du régiment d’Esterházy.
Le 13 juin 1775
Après son sacre, Louis XVI reçoit à Reims l’hommage des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit. À leur baptême, les fils de France (et même les infants d’Espagne) recevaient le cordon et la plaque de l’ordre, mais n’étaient reçus chevaliers qu’après leur première communion. Chef et souverain, grand maître des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, le Roi n’avait le droit de conférer le Saint-Esprit qu’après son sacre, mais Henri IV, Louis XIV et Louis XV, ainsi que Louis XVIII passèrent outre .
« Le matin, le roi portait un habit gris jusqu’à l’heure de son lever ou de sa toilette. Alors, il prenait un habit habillé de drap uni, avec une épée d’acier ou d’argent.»
La marquise de La Tour du Pin décrit ainsi le nouveau Roi :
« Il était très magnifique dans ses habits, dont à vrai dire il ne s’occupait guère, car il prenait celui qu’on lui donnait sans seulement le regarder.»
La marquise poursuit son descriptif en lui trouvant mauvaise tournure, rien de royal dans le maintien, myope comme une taupe, embarrassé de son épée et de son chapeau, marchant comme un paysan…
L’ordre du Saint-Esprit
« Le timide et voluptueux Henri III, passant successivement de la débauche aux pratiques de dévotion, institua l’ordre du Saint-Esprit (1578) pour calmer les remords qui, souvent, s’élevaient dans son âme. Toujours composé des plus grands seigneurs du royaume, il était plus honorifique que lucratif. Le roi tenait par an trois chapitres de cet ordre. Ces trois époques étaient les jours de l’an, de la Purification et de la Pentecôte. Tous les chevaliers se rendaient au lever du roi en habit de cérémonie. Après le lever du roi, le chapitre se tenait dans la salle du conseil, et l’huissier de l’ordre proclamait les noms des nouveaux chevaliers. La procession commençait ensuite, et se rendait à la chapelle en traversant les grands appartements. La marche s’ouvrait par les huissiers et les officiers de l’ordre. Ensuite arrivaient les novices, dans le costume du temps du fondateur, c’est-à-dire avec les chausses retroussées, le pantalon de soie blanche, les souliers de velours noir, le pourpoint en moire d’argent garni de dentelles, le petit manteau de damas noir et la toque retroussée par un diamant avec une plume de héron. Après les novices venaient tous les chevaliers, deux à deux, par ordre de réception. La marche était terminée par les princes et le roi suivi de toute sa maison. Après la messe, célébrée par un prélat, commandeur de l’ordre, le roi montait sur un trône de velours vert semé de flammes d’or, et placé du côté de l’évangile. Le récipiendaire était amené par les maîtres de cérémonies entre deux parrains choisis parmi les anciens chevaliers. Après de nombreuses révérences, faites non pas en s’inclinant, mais en ployant les genoux, comme les femmes, ils s’approchaient du trône. Le novice, aux pieds du roi, prononçait le serment prescrit par les statuts de l’ordre, et recevait ensuite le collier et le grand manteau de velours noir semé de flammes d’or, avec la doublure et le chaperon de satin orange. On lui remettait également le chapelet et un livre du petit office du Saint-Esprit, avec injonction de le réciter tous les jours. Après la cérémonie, le roi était reconduit dans son appartement dans le même ordre qu’il en était sorti.
Il fallait avoir trente ans pour être reçu chevalier de l’ordre. Les princes du sang l’étaient après leur première communion, et les fils du roi le jour de leur naissance.»Souvenirs d’un page de la cour de Louis XVI, Félix d’Hézecques
Le 14 juin 1775
La cavalcade à Saint-Rémy
Louis XVI s’arrête à l’abbaye de Saint-Rémy et, selon l’antique cérémonial, il est à cheval, suivi des princes et des grand nombre des seigneurs. Là, il entend la messe et touche dans le parc de l’abbaye deux mille malades des écrouelles et fait largesse.
Spectacle de cavalcade : les mousquetaires noirs, dont les chevaux sont beaux, puis les gris, les chevau-légers à cheval, les gardes de la Prévôté à pied, à part monsieur de Tourzel (Grand Prévôt de France) à cheval, très peu de seigneurs à cheval, parce qu’on n’a pas été avertis, sans quoi il aurait dû y en avoir davantage, quatre chevaux de main du Roi, superbement caparaçonnés, douze pages à cheval, les trompettes, les Cent-Suisses de garde à pied, ayant le duc de Cossé à cheval, en habit de Cent-Suisse, d’argent avec un manteau, quelques chevaliers de l’Ordre pêle-mêle_ et pas assez, n’ayant pas été avertis_ les maréchaux du Muy, de Broglie et de Nicolaï, sans garder le rang et en uniformes de lieutenants-généraux, mais brodés de même sur toutes les tailles, le Grand Ecuyer Monsieur de Lambesc, le Roi, superbement habillé, en bas de soie comme les autres et sur un magnifique cheval où il est fort bien, les deux capitaines des gardes à ses côtés, des écuyers à pied, les six gardes écossais en hoqueton, à pied, sur les ailes, tout cela faisant très bien mais un peu trop serré et confondu, comme dans toutes les cérémonies. Derrière le Grand Chambellan, le Premier Gentilhomme de la Chambre et le Premier Ecuyer de front, les deux frères du Roi, puis les princes du sang. Leurs habits, chevaux et harnais sont des plus beaux. On remarque surtout le cheval de Monsieur qui a coûté quatre mille francs, celui du duc de Chartres avec un grand panache, et le harnais de beaux diamants du comte d’Artois. Viennent ensuite les officiers des gardes du corps et les gendarmes de la garde ferment la marche. Le Roi ôte son chapeau, il est mieux à cheval qu’à pied, s’y tenant mieux et menant bien son cheval.
Une fois arrivé
Le Roi va près de la sacristie prendre le manteau et le petit habit de l’Ordre du Saint Esprit, pour suivre à la lettre les statuts qui prescrivent de l’avoir quand on fait ses dévotions. Le Roi doit être en état de grâce pour toucher les malades. Il communie encore. Il entend ensuite une seconde messe basse. Après la seconde messe, le Roi, toujours en petit habit, va dans le parc devant l’église, à droite, toucher les malades. Les malades, dont beaucoup sont jeunes, sont en deux rangées, à genoux, sous les arbres. Il y en a plus de deux mille quatre cents, tous écrouelleux vérifiés et qui en montrent bien les marques. A cause de la chaleur, tout cela pue et est d’une infection très marquée, de sorte qu’il faut du courage et de la force d’âme au jeune Roi pour se prêter à cette cérémonie.
Le Roi, dans le petit manteau de l’Ordre et couvert du chapeau à plumes, touche réellement chaque malade, avec les doigts et la main ouverte, sur les joues, puis de l’autre sens du front au menton, en disant :
« Dieu te guérisse, le Roi te touche !»
Cela va assez vite, il touche chacun rapidement, mais avec attention et un air de bonté remarquables. Le premier médecin met , par derrière, la main sur la tête de chacun pour la tenir ferme, et Monsieur de Beauvau, le capitaines des gardes de quartiers, prend des gants, pour la sûreté, entre ses deux mains les mains jointes de chacun.
Quand le Roi a fini
Ses deux frères et le duc d’Orléans lui donnent à laver, suivant l’usage, d’abord avec du vinaigre, puis de l’au, puis de l’eau de fleur d’oranger.
Après cette cérémonie
Le Roi va à Saint Rémi reprendre son habit riche, voir la Sainte Ampoule et le trésor. Puis il remonte à cheval, et la cavalcade repasse dans le même ordre. Il salue de bonne grâce. Le soir, le Roi va se promener sur le Mail.
« Je ferai ici la remarque que Monsieur n’avait point la croix de Saint-Louis. Le roi et l’héritier du trône étaient les seuls qui la portassent sans avoir fait une campagne ; et les voyages de Monsieur dans le Midi et à Lunéville, à son régiment de carabiniers, ne pouvaient en présenter les caractères. Le jour donc de la fête de saint Louis, après avoir assisté au lever du roi, il se retirait pour ne point assister à la procession des chevaliers.»
Mémoires du comte d’Hézecques
La nuit du 14 au 15 juin 1775
Le Roi et la cour quittent Reims.
Jusqu’à 18 juin 1775
Séjour de la Cour à Compiègne.
Le 19 juin 1775
Le Roi et la Cour sont de retour à Versailles.
Dans la nuit du 19 au 20 août 1775
La ville de Saint-Dizier est presque entièrement détruite par un incendie.
Le Roi a donne des ordres pour que Saint-Dizier soit rebâtie au dépens de Sa Majesté, et pour que les habitants en soient déchargés d’impôts pendant quelques années.
Les anecdotes du règne de Louis XVI, 1774-1776, de Pierre Jean-Baptiste Nougaret, 1776
Le 12 décembre 1775
Louis XVI proclame une amnistie et abolit la peine de mort pour les déserteurs.
Ordonnance du Roi Louis XVI, portant amnistie générale en faveur des soldats, cavaliers, dragons et hussards, qui ont déserté des troupes de Sa Majesté, avant le 1er janvier 1776 : et qui établit de nouvelles peines contre les déserteurs.
L’émotion que suscitent les peines infligées aux déserteurs est si grande qu’elle finit par trouver un écho retentissant dans l’ordonnance du 12 décembre 1775. Louis XVI, « digne de sa sagesse et de son humanité » substitue les « galères de terre », sorte de travaux forcés, à la peine de mort. Cette décision est un tournant dans la justice militaire, confirmé onze ans plus tard par une ordonnance encore plus clémente envers les déserteurs (peine de détention). Selon une lecture courante de la répression de la désertion, les principes modérateurs prônés depuis le milieu du XVIIIe siècle ont fait « imposer l’humanisation de la discipline militaire en temps de paix ».
Désertion et déserteurs, de Marco Cicchini, journals.openedition.org
Mercredi 13 décembre 1775
Louis XVI va dîner, à Saint-Ouen, chez le maréchal de Soubise. Il lui laisse le choix des convives mais sans femme.
Traits de bienfaisance, de justice, et d’humanité du Roi Louis XVI, 1774 – 1776
Tout ce que Louis XVI a fait jusqu’à présent, caractérise la bienfaisance et la justice de son cœur : toutes ses expressions, lorsqu’il parle à ceux qui ont le bonheur de l’approcher, font autant de traits de bonté. Sur ce qu’un seigneur de la cour a dit à ce prince, qu’il était étonné que des personnes condamnées par un conseil de guerre, osassent demander la révision de la sentence, on assure que Sa Majesté lui a répondu qu’elle était obligée de lire les requêtes qu’on lui présentait, pour prendre un parti. Dans une circonstance où le peuple transporté de joie, cherchait à contempler de plus près ses souverains, et pressait la garde qui le repoussait, le Roi dit : « Laissez, laissez ces bonnes gens, ils n’ont point envie de nous faire du mal» ; la Reine dit de l’autre côté ; « vous avez du plaisir à nous voir, et nous aussi».
Les anecdotes du règne de Louis XVI, 1774-1776 , Pierre Jean-Baptiste Nougaret, 1776
En 1776
Marguerite Cécile Thierry, première femme de chambre de la Reine se montre trop bavarde et c’est à cause d’elle que courent quelques bruits sur l’impuissance de Louis-Auguste. Seule de tout le service de Marie-Antoinette, elle soutient que le mariage est consommé et en donne pour preuves les taches révélatrices qui existent dans le linge du prince et de la princesse.
Le 15 janvier 1776
Promenade à pied aux environ de Trianon. On sort les traîneaux comme en témoigne la Reine :
« Nous avons ici une quantité de neige si grande qu’on en a point vu tant depuis des années aussi va-t-on en traîneaux comme à Vienne. Nous y avons été hier ici.»
Marie-Antoinette à Sa mère
À la fin de janvier 1776
La France éprouve le plus grand froid qu’on y ait ressenti depuis plusieurs siècles ; celui de 1709 a perdu toute sa célébrité, puisque le thermomètre ne descendit alors qu’à quinze degrés au-dessous de la glace ; au lieu que dans l’hiver de 1776, il a été jusqu’à seize degrés et demi au-dessous de zéro. Au milieu de l’âpreté de ce froid excessif, notre jeune monarque parcourt souvent incognito les rues de Versailles, pour voir par lui-même si l’on distribue exactement aux pauvres le bois qu’il a ordonné qu’on brûle en différents quartiers. Pendant ce froid rigoureux, la bonté et l’humanité de Louis XVI l’ont porté à supprimer les sentinelles à Versailles ; il n’y a plus de troupes sous les armes à l’extérieur du château ; les pauvres ont la liberté d’y entrer et de pénétrer dans les cuisines ; ils s’y chauffent, emportent de la braise, et on leur distribue de la soupe ; ils sont même également bien reçus dans les galeries et dans les autres pièces : on allume aussi pour eux, par ordre du Roi, de grands feux dans tous les quartiers de la ville. Sa Majesté a ordonné qu’on la laisse passer sans battre aux champs ; elle sort chaque jour avec peu de suite, et se promène dans les rues, afin d’y donner des secours aux indigents. Les soins paternels du Roi ne lui permettent pas de perdre de vue la capitale. Sa Majesté y envoie 10 mille écus, consacrés au soulagement des plus nécessiteux.
Les anecdotes du règne de Louis XVI, 1774-1776, de Pierre Jean-Baptiste Nougaret, 1776
Le Roi se promène aux environs de Choisy, daigne demander à un paysan qui ne le connaît pas, quel est le prix du pain ; sur ce qu’il apprend qu’il coûte 3 sols la livre, cela est trop, dit Sa Majesté ; il faut que les Français mangent le pain à meilleur marché. Cette expression paternelle en rappelle une à peu-près semblable de Henri IV, auquel on aime à comparer ce jeune monarque, qui paraît l’avoir pris pour modèle. Sa Majesté ayant été informée que, le jour de la Fête-Dieu, un des boulangers de Passy a profité de l’affluence pour vendre son pain au-dessus de la taxe, a fait mander cet artisan ; et après l’avoir vivement réprimandé de cette espèce de monopole, elle l’a condamné à 500 livres d’amende.
Les anecdotes du règne de Louis XVI, 1774-1776, de Pierre Jean-Baptiste Nougaret, 1776
Le 31 mars 1776
« Marie-Thérèse Pour l’opération à faire au Roi, j’en souhaite le meilleur succès ; mais je n’y compte guère sans en voir l’effet.»
Marie-Thérèse
En avril 1776
Le ministre Turgot commence à baisser dans l’estime du Roi, qui ne se prive pas de dire :
« Monsieur Turgot veut être moi, et je ne veux pas qu’il soit moi ».
La disgrâce devient inéluctable quand Turgot prend part au vote visant à démettre de ses fonctions le duc de Guînes, ambassadeur à Londres, accusé de pratiquer une diplomatie visant à faire entrer la France dans la guerre.
Le Roi prend ses distances avec Turgot et condamne l’ensemble de ses réformes :
« On ne doit pas faire des entreprises dangereuses si on n’en voit pas le bout. »
Le 10 avril 1776
« Je suis bien touchée de tout ce que ma chère maman pense sur les enfants que j’aurais pu avoir ; j’ai toujours plus d’espérance, et je suis convaincue que l’opération n’est plus nécessaire.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
Le 30 avril 1776
Dans une lettre écrite à Louis XVI que ce dernier lui a renvoyé sans même l’ouvrir, Turgot lance au Roi cet avertissement :
« N’oubliez jamais, Sire, que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Charles Ier sur le billot».
Le 12 mai 1776
Turgot est renvoyé.
Turgot est remplacé par Clugny de Nuits, qui s’empresse de revenir sur les principales réformes de son prédécesseur, rétablissant notamment les jurandes et les corvées, affirmant qu’il peut « culbuter d’un côté ce que M. Turgot a culbuté de l’autre ». Mais le ministre se montre rapidement incompétent, et le roi de déclarer «Je crois que nous nous sommes encore trompés ».
Louis XVI n’a pas le temps de le démettre de ses fonctions, Clugny de Nuits mourant subitement le 18 octobre 1776 à l’âge de quarante-sept ans.
Le 16 mai 1776
« Je dois croire _et tout semble l’indiquer_ que la Reine se trouve en position à devenir grosse, mais elle seule peut et doit sur cet article important en dire davantage à V.M..»
Mercy à Marie-Thérèse
Cette fois la question des obstacles physiques est bien réglée et ne sera plus jamais soulevée sinon par des historiens modernes.
Du 9 juin au 11 juillet 1776
Séjour de la Cour au château de Marly.
Le 13 juin 1776
« Le Roi chasse deux fois par semaine à Saint-Hubert. J’y dîne toujours avec lui et je chasse aussi parfois.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
Le 15 juin 1776
« Les petites virées à Saint-Hubert ont eu lieu alternativement une ou deux fois par semaine. La Reine n’a manqué aucun de ces voyages, et cela semble avoir fait grand plaisir au Roi. Le roi et la reine organisent des parties de cartes après le souper et rentrent à Versailles vers minuit ou une heure.»
Le comte de Mercy
Le 23 juillet 1776
Le Roi soupe à Trianon où il assiste à une comédie.
Du 17 au 21 août 1776
Séjour du Roi au château de Choisy.
Les 16 et 17 septembre 1776
Séjour du Roi au château de Choisy.
Un chat nommé Brillant tué par Louis XVI
« La vicomtesse de Fars Fausselandry nous apprend dans ses Mémoires que Brillant était le nom d’un chat, le chat de la comtesse de Maurepas qui est un des personnages les plus considérables et les plus considérés de la cour. Il a lui-même une cour particulière, composée de ce qu’il y a de plus illustre à Versailles… Il joue un rôle important. On demande le bulletin de sa santé, on parle de lui comme s’il était Prince du Sang. Placé auprès de sa maîtresse, sur un carreau somptueux de velours rouge, richement brodé en or, il reçoit, avec une noble nonchalance, les hommages des courtisans.
Malgré tant de grandeur, Brillant était chat, et comme un fer cruel ne l’avait pas souillé, l’amour restait pour lui le premier besoin de la vie. Quelque précaution que l’on prît, quelque soin que l’on eût de lui procurer, comme au défunt monarque, les moyens de contenter ses capricieuses affections, cela ne la satisfaisait point encore : quelquefois le seigneur chat redevenait simple matou, abandonnait la pompe des appartements de la comtesse de Maurepas et, ni plus ni moins que le dernier des roturiers de son espèce, se mettait à courir les greniers, les galetas et les gouttières.
Ses courses amoureuses le conduisirent à un atelier de serrurerie que Louis XVI s’était fait arranger dans les combles du château, et Brillant, par hasard ou par goût, se plaisait en ce lieu. Les ébats qu’il y prenait causèrent du désordre. Le Roi s’en aperçut, et un jour qu’il entrait inopinément dans son atelier, le chat Maurepas, ne s’étant point sauvé à temps, fut atteint d’un coup de marteau que le Roi lui porta sans le reconnaître, et le matou fut tué sur la place.
C’était à une époque assez orageuse : la révolte produite par la cherté du blé, et la guerre qui se préparait avec l’Angleterre, devaient sans doute donner de vives inquiétudes au ministre d’Etat Jean Frédéric Phélypeaux de Maurepas. Eh bien ! il demeura prouvé que les grands événements politiques lui causaient moins de trouble, de chagrin et d’embarras qu’il n’en eut d’abord pour annoncer à sa femme la perte cruelle qu’elle venait de faire, et pour la consoler ensuite dans ses regrets.
La comtesse de Maurepas fit retentir le château de ses cris, se plaignit, toute en larmes, de la barbarie de Louis XVI, et ses plaintes mettaient dans une position difficile les courtisans qui venaient lui faire leurs compliments de condoléance. Le Roi envoya le baron de Breteuil en ambassade vers la Comtesse pour tâcher de l’apaiser, et le Monarque ne fut pas moins content des talents diplomatiques que ce ministre déploya à cette époque, qu’il ne l’avait été de ses négociations à Vienne. On ne parla pendant huit jours, dans Versailles, que du chat de Madame de Maurepas.
M. de Breteuil fut récompensé du succès de sa mission par un portrait en pied de Brillant, que le comte de Maurepas lui donna avec une pompe singulière. Le Baron le plaça dans l’endroit le plus apparent de son appartement, où il resta jusqu’au jour de sa mort.»
Les Mémoires de Madame la vicomtesse de Fars Fausselandry
Du 4 au 9 octobre 1776
Le Roi et la Reine sont à Choisy.
L’habit de voyage
« Chaque maison de campagne où le Roi faisait de petits voyages exigeait un habit particulier. Trianon voulait un habit rouge, brodé d’or ; Compiègne un habit vert ; Choisy un bleu. L’habit de chasse était gros-bleu, galonné en or ; et la disposition du galon indiquait le genre d’animal que l’on devait chasser. L’habit vert uni était pour la chasse au fusil, et tout ce qui accompagnait le Roi était vêtu comme lui.»
Félix d’Hézecques
« Le goût dominant de Louis XVI était la chasse. Il y prenait le plus grand intérêt, indiquait lui-même les cantons, tenait note des cerfs forcés, de leur âge et des circonstances de leur prise. Ce noble amusement, si salutaire à sa santé, était sa seule passion. Il allait aussi très fréquemment à la chasse au fusil, et, malgré sa mauvaise vue, il tirait avec une grande précision, et un si grand nombre de coups, que je l’ai vu souvent revenir avec la figure toute noircie par la poudre. Quant à la chasse au faucon ou au vol, elle n’avait lieu qu’une fois chaque année, avec une grande solennité. Le roi montait mal à cheval et sans beaucoup de hardiesse. Il arrivait souvent que les demi-bottes fortes, appelées bottes à chaudrons, dont il avait l’habitude de se servir, effarouchaient les chevaux, pour peu qu’ils eussent les aides fines ; mais un cheval qui lui faisait une sottise était sur-le-champ réformé des rangs du roi.»
Mémoires du comte d’Hézecques
Le 6 octobre 1776
Le Roi et la Reine se rendent au château de Brunoy où Monsieur organise une fête magnifique en l’honneur de Marie-Antoinette.
En octobre 1776
Louis XVI a besoin d’un ministre des finances capable d’entreprendre des réformes mais non de tout détruire ; il confie à Maurepas :
« Ne me parlez plus de ces maçons qui veulent d’abord démolir la maison ».
Il pense alors à Jacques Necker, banquier originaire de Suisse réputé pour son art de manier l’argent et son souci d’économie. Une triple révolution : c’est un banquier roturier, un étranger (Genevois) et de surcroît un protestant.
Du 9 octobre au 16 novembre 1776
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
En novembre 1776
Marie-Antoinette s’arrange pour forcer madame Thierry à demander sa retraite, pour éviter un renvoi qui aurait fait scandale. On publie que des raisons de santé l’ont contrainte à démissionner. Et par respect pour la Reine, ni Thierry ni sa femme ne démentent cette fausse nouvelle.
En 1777
La salle de bain de Louis XVI,
L’hygiène aux XVIIIe siècle à Versailles
(texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
La pièce dallée de marbre est modeste, sobre et fonctionnelle. Elle comporte deux baignoires en cuivre positionnées en enfilade, alimentées par deux doubles robinets d’eau froide et chaude reliés à des réservoirs situés à l’entresol supérieur, où une cuve fonctionne comme un calorifère (un brasier avec une bouche d’aération pour aspirer les vapeurs).
Cette pièce des cuves est accessible aux porteurs d’eau par l’escalier semi-circulaire.
La présence de deux baignoires laisse imaginer un usage double. Une première pour se savonner et une deuxième pour se rincer.
Le Souverain peut aussi parfois distinguer un valeureux chasseur pour «un bain de compagnie». Louis XVI y aurait convié le Grand Veneur de France, son cousin le duc de Penthièvre, pour évoquer les péripéties de la chasse à courre.
Malgré l’étroitesse de cette pièce, le mobilier y était conséquent. Voici l’inventaire de 1789 :
– 1 pendule en porcelaine fond bleu en forme de vase, les anses formées par deux dauphins, cadran en émail à deux aiguilles,
– -2 corbeilles à fleur en porcelaine fond lilas à médaillons à paysages,
– 2 baldaquins composés de deux impériales avec leurs tringles,
– 2 chaises de canne,
– 2 tabourets de canne,
– 2 tabourets garnis,
– 2 tabourets pour mettre dans la baignoire,
– 1 panier d’osier et sa housse,
– 1 cordon de lustre avec ses deux glands,
– 4 bras à une lumière,
– 1 grille avec pelle pincette et tenaille.
Le 10 mars 1777
L’ambassadeur de Tunisie Souleyman Agha est envoyé à Versailles par le Bey Ali II (règne de 1759 à 1782), il y rencontre les monarques français. Après avoir été reçu en audience par Louis XVI, Souleyman Agha et sa suite sont présentés à la Reine dans la galerie des glaces. Ministres, hauts dignitaires, ainsi qu’une multitude de courtisans, assistent à cette entrevue.
Pour anecdote, Marie-Antoinette, qui répond aimablement aux révérences et compliments de l’ambassadeur, est très impressionnée par les turbans de la délégation tunisienne. Souleyman Agha porte à cette occasion un habit somptueux, garni d’agrafes et de brandebourgs en or
Le 18 avril 1777
Visite de Joseph II en France. Il voyage en Europe sous le nom de comte de Falkenstein. A la requête de l’Impératrice , il rend visite à sa sœur pour tenter de comprendre la stérilité du couple royal. Il fait très bonne impression à Louis XVI.
Le 22 avril 1777
Le matin
La Reine redoute de laisser Son frère en tête à tête avec Son mari. Marie-Antoinette conduit Son frère à Trianon. ils y dînent sans autre suite que celle de madame de Mailly, dame d’atours et de madame de Duras, dame du palais.
Après le dîner
L’Empereur et la Reine se promènent seuls dans les jardins où ils ont une longue conversation. Joseph y aborde les négligences (supposées) de sa sœur à l’endroit du Roi, Son époux. Elle lui fait des aveux plus étendus sur Louis XVI et ses entours ; Elle convient des raisons de l’Empereur, en mettant cette restriction qu’il viendra un temps où Elle suivra de si bons avis.
Le 29 avril 1777
Joseph se rend à Versailles, où il reste le soir. Ce n’est que deux semaines après son arrivée, que la Reine se résout à le laisser seul avec Son mari. Le Roi parle naturellement de sa position dans l’état de mariage, et avoue que jusqu’à présent ses forces physiques ne sont pas développées, mais qu’il s’aperçoit de leurs progrès journaliers ( ce qui implique des rapports quotidiens…) et qu’il espère d’avoir bientôt des enfants. L’Empereur se borne à le confirmer dans cet espoir et ne lui fait aucune autre question sur cette matière, la Reine ne lui en ayant rien laissé ignorer. Le Roi parle ensuite de quelques objets de gouvernement intérieur. Il reste vague ; l’Empereur ne veut l’embarrasser ni lui sembler trop curieux, il s’en tient à l’écouter et à ne parler que de manière à entretenir la conversation.
Le 8 mai 1777
Louis XVI se promène à pied à Trianon.
Le 9 mai 1777
L’Empereur va à la chasse avec le Roi : ils montent en voiture ensemble. Ils peuvent alors poursuivre leurs conversations particulières. Joseph discute près de deux heures avec Louis XVI à propos du gouvernement de la France, du génie de la nation. Le Roi parle ensuite de son grand désir d’avoir des enfants et s’étend sur les conséquences importantes attachées à ce bonheur. Il s’exprime sur la Reine avec un épanchement de tendresse et relève avec satisfaction toutes Ses qualités charmantes.
Au retour, Joseph détermine avec quelque peine la Reine à aller trouver le Roi dans son appartement. Elle s’y rend cependant et le ramène chez Elle où l’on joue au billard jusqu’au moment du souper chez Madame.
Le 11 mai 1777
« Le Roi est mal élevé, il a l’extérieur contre lui , mais il est honnête, point sans quelques connaissances, mais faible pour ceux qui savent l’intimider, et par conséquent mené à la baguette, sans curiosité, sans élévation , dans une apathie continuelle, d’une vie très uniforme. Il est fort au reste, et paraît qu’il devrait pouvoir devenir père ; là-dessus il y a des mystères inconcevables ; il bande à ce que l’on dit, très ferme, il l’introduit même, mais il ne remue pas et se retire ensuite sans avoir déchargé. Nous ne faisons pas comme cela, et c’est être un « souffleur » d’un haras (cf l’étalon qui prépare les juments pour la saillie, qu’il ne pratique pas lui-même) qui est un fichu métier. La Reine est une très jolie et très aimable femme par tous les pays du monde, mais elle est ivre de la dissipation de ce pays, et bref, elle ne remplit ni les fonctions de femme ni celles de reine comme elle le devrait, car comme femme elle néglige absolument le Roi, elle le fait marcher plus d’autorité que par tous les autres moyens, elle ne se soucie ni de jour ni de nuit de sa société.»
Joseph II à son frère Léopold, grand-duc de Toscane
Le 13 mai 1777
Le Roi chasse le cerf au pont de la Ville-Dieu.
Il en prend un.
Il soupe à Trianon et y assiste à la comédie.
Le 13 mai 1777
Le Roi est au château de Choisy.
Le 15 mai 1777
« L’empereur alla dîner à Choisy où toute la famille royale l’attendait ; il communiqua à la Reine la lettre écrite par V.M. qui devait partir le lendemain par le courrier ; la Reine fut frappée d’un passage de cette lettre où l’empereur marque qu’il présume que son auguste sœur a senti la force de ses avis, l’empereur, pour ne pas paraître avoir cédé à sa manière de voir et de penser : la Reine avec franchise avoua à son auguste frère qu’il l’avait devinée dans ce point et qu’elle s’était proposée de lui dire la même chose un moment avant qu’il ne partît.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 18 mai 1777
Joseph est présent à la cérémonie de l’Ordre du Saint-Esprit. Il y rencontre Choiseul revenu de ses terres pour l’occasion, qu’il traite avec bonté. Il lui parle longuement mais d’objets indifférents. Le duc sera mécontent d’avoir tiré si peu parti du séjour de l’Empereur.
Joseph rapporte le fait au Roi et à la Reine l’après-midi. Il rapporte que si Choiseul avait été en place, sa tête inquiète et turbulente aurait pu jeter le royaume dans de grands embarras. Le Roi applaudit à cette observation, mais cela déplaît à la Reine.
Le 26 mai 1777
Marie-Antoinette conduit Son frère à Saint-Hubert où il chasse avec le Roi par une pluie continuelle ; après le souper, la Cour retourne à Versailles où elle n’arrive qu’à une heure du matin.
« Le temps est toujours pluvieux ici, hier entre autres qu’en fin courtisan je chassai le cerf avec le Roi, nous avons été percés.»
Joseph à son frère Léopold
Le 27 mai 1777
Le Roi chasse le sanglier dans la forêt de Marly.
Le 31 mai 1777
Départ de Joseph II de Versailles.
Le 9 juin 1777
« Avec cela sa situation avec le Roi est singulière, il n’est son mari qu’à deux tiers, et puis, quoiqu’il l’aime, il la craint davantage, et notre sœur a plus le crédit d’une maîtresse que celui qu’une épouse devrait avoir, car elle le mène de force à des choses qu’il ne voudrait pas même. Cet homme est un peu faible, mais point imbécile, il a des notions, il a du jugement, mais c’est une apathie de corps comme d’esprit. Il fait des conversations raisonnables, il n’a aucun goût de s’instruire ni curiosité, enfin il n’est impuissant ni de corps ni d’esprit, mais le fiat lux n’est pas venu, la matière est encore en globe. Imaginez que dans son lit conjugal voici le secret : il a des érections fortes, bien conditionnées ; il introduit le membre, reste là sans se remuer deux minutes peut-être, se retire sans jamais décharger, toujours bandant, et souhaite le bonsoir. Cela ne se comprend pas, car avec cela il a parfois des pollutions nocturnes, mais en place ni en faisant l’œuvre jamais ; et il est content, disant tout bonnement qu’il ne faisait cela que par devoir et qu’il n’y avait aucun goût. Ah ! si j’aurais pu être présent une fois, je l’aurais bien arrangé ! Il faudrait le fouetter pour le faire décharger de colère comme les ânes. Ma sœur avec cela a peu de tempérament, et ils sont là deux francs maladroits ensemble. Voilà à peu près la situation des choses.»
Joseph II à son frère Léopold, grand-duc de Toscane
Ce même jour
Louis XVI chasse le chevreuil à Fausse-Repose, il en prend un, et tue quatre pièces. Il se blesse : il se fait une profonde entaille à la cuisse en voulant couper une branche avec son couteau de chasse. Cette maladresse est très inhabituelle de sa part. Les Girault de Coursac pensent qu’elle est due à la colère engendrée par les propos de son beau-frère… un mois plus tôt…
Le 18 juin 1777
Le Roi chasse le chevreuil à Port-Royal. Il en prend un et seize pièces. Puis il soupe à Trianon où il y a comédie.
Le 27 juin 1777
Le Roi chasse le cerf à la Droue, il en prend un, déjeune et soupe à Saint-Hubert où la Reine devait venir souper.
Le 29 juin 1777
Necker devient «directeur général des Finances» (le nom a été changé pour lui donner plus d’importance), sans pour autant admettre le ministre au sein du Conseil.
Le 9 juillet 1777
Marie-Antoinette est malade. Mercy note que «la Reine, par un temps froid et humide, ayant voulu se promener à cheval, rentr(e) peu de temps après avec un frisson qui (est) suivi de mal de tête qui dur(e) neuf heures, et qui marqu(e) l’existence d’une fièvre tierce dont cependant les symptômes n’ont rien d’inquiétant.«
Mercy ajoute que «depuis que la Reine a été menacée de la fièvre, le Roi n’a plus passé les nuits chez elle, mais il y va les après-midi, et je sais à n’en pouvoir douter que la consommation du mariage a été plus avancée que dans aucun autre temps. Malgré cela, il est de la plus grande conséquence que la Reine ne laisse pas prendre au Roi l’habitude de faire lit à part. J’ai insinué là-dessus tout ce qu’il m’était permis de lire, et j’ai engagé le premier médecin Lassonne, ainsi que l’abbé de Vermond, à parler de cet article avec toute la force nécessaire à persuader la Reine.»
Du 27 juillet au 3 août 1777
La Cour est au château de Choisy.
Le 8 août 1777
Necker fait affranchir les derniers serfs du domaine royal par une ordonnance. Néanmoins l’ordonnance n’est guère appliquée, et le servage persiste localement jusqu’à la nuit du 4 août 1789 qui abolit les privilèges.
Le 15 août 1777
Marie-Antoinette s’est remise des menaces réitérées d’une fièvre tierce. Il faut cependant qu’Elle s’assujettît à une régime car quelques indices d’obstruction à la rate et une tendance à engendrer des humeurs glaireuses ont décidé Son premier médecin à Lui prescrire l’usage de certaines pilules d’ipécacuanha, et des bains. Il Lui autorise toujours les promenades et Ses amusements ordinaires. Le Roi revient passer la nuit chez la Reine mais ce n’est pas sans interruption, et avec cette habitude constante sur laquelle Mercy insiste toujours comme point le plus essentiel à maintenir.
Le 18 août 1777
Plus de sept ans après la célébration de leurs noces, le Roi et la Reine de France consomment enfin leur mariage (entre dix et onze heures du matin, après le bain de la Reine).
Le 3 septembre 1777
Le Roi chasse sans rien prendre. Souper et fête à Trianon.
Les 24 et 25 septembre 1777
Le Roi est au château de Choisy.
Du 3 au 9 octobre 1777
Le Roi est au château de Choisy.
Du 9 octobre au 13 novembre 1777
Séjour de la Cour au château de Fontainebleau.
Du 15 au 17 novembre 1777
Le Roi est au château de Choisy.
Le 18 novembre 1777
Louis XVI et Marie-Antoinette inaugurent le théâtre Montansier de Versailles.
Le 9 décembre 1777
Louis XVI rétablit un Mont de Piété à Paris pour décourager l’usure et venir en aide aux petites gens. Le Mont-de-Piété de Paris devient très vite un véritable soutien à une population qui recourt à l’emprunt pour assumer le quotidien. La réussite est telle que le prince François-Ferdinand d’Orléans, fils de Louis-Philippe, y gagera sa montre pour honorer une dette de jeu. L’affaire découverte, le prince prétendra qu’il avait oublié sa toquante chez sa tante. Dès lors, le mont-de-piété sera surnommé « Chez Ma Tante ».
Le 24 janvier 1778
Naissance du duc de Berry, second fils du comte et de la comtesse d’Artois.
Le 6 février 1778
La France reconnaît les États-Unis d’Amérique. Louis XVI remet à Benjamin Franklin les traités signés entre la France et les États-Unis.
En mars 1778
Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.
Louis XVI s’engage dans la guerre d’Indépendance de l’Amérique.
Voir cet article :
Pour emprunter, Necker (1732-1804) doit inspirer confiance. Il va jouer la transparence. Il imagine de publier sous le nom de compte rendu le tableau des recettes et des dépenses de la monarchie pour 1781. Les recettes sont de 264 millions et les dépenses de 254 millions. L’excédent est de 10 millions. Voilà qui devrait rassurer les prêteurs. En réalité, Necker a dissimulé les dépenses de la guerre d’Amérique sous prétexte qu’elles relèvent de la conjoncture. Le déficit est de 90 millions.
Les caisses sont vides et des emprunts deviennent désormais impossibles !
Du 17 mai au 6 juin 1778
Séjour de la Cour au château de Marly.
Fêtes offertes par Louis XVI pour la grossesse de la Reine au château de Marly.
Le 29 juin 1778
Souper et comédie à Trianon.
Le 31 juillet 1778 à dix heures et demie du soir
L’enfant royal donne son premier mouvement dans le ventre de sa mère…
Le 8 août 1779
Louis XVI abolit le droit de mainmorte et de servitude dans les domaines royaux
Le droit de mainmorte interdit aux serfs de léguer à leurs héritiers les terres et leurs maisons louées. Après la mort d’un serf, ses biens revenaient automatiquement au seigneur des terres. Le droit de servitude obligea les serfs d’effectuer gratuitement une partie de leur travail au profit du seigneur et ils n’eurent pas le droit de quitter les terres. Le droit de persécution sur eux, en cas de fuite, permit au seigneur de les poursuivre. Le Roi, préoccupé de son peuple, n’a pu voir sans peine les restes de servitude existant encore dans plusieurs de ses provinces et, par l’édit du 8 août 1779, il affranchit les serfs de la mainmorte, de la servitude et du droit de suite.
Un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées).
Du 16 au 23 août 1778
Séjour de la Cour au château de Choisy.
Du 20 au 27 septembre 1778
Séjour de la Cour au château de Choisy.
Les 5 et 6 octobre 1778
La Cour est à Fontainebleau.
Du 7 au 28 octobre 1778
Séjour de la Cour au château de Marly où ont lieu de nombreuses fêtes offertes par Louis XVI pour la grossesse de la Reine.
Madame Elisabeth est de tous les voyages.
Mesdames Tantes ne sont plus mentionnées lors des séjours pour Marly, préférant leur château de Bellevue.
Pendant ce séjour, un rouleau de louis faux a été substitué à un rouleau de louis véritable lors du jeu. Quelques dames de la Cour sont soupçonnées. Madame dit aux deux banquiers de la Reine, Messieurs de Chalabre et Poinsot, qu’on les « friponne ». Ils lui répondent qu’ils ne s’en sont pas aperçus, alors que ce n’est pas le cas mais ils n’osent pas le manifester.
Les 28 et 29 octobre 1778
Louis XVI est à Fontainebleau.
Les 4 et 5 novembre 1778
Louis XVI est à Fontainebleau.
Le 19 décembre 1778
Vers minuit, Marie-Antoinette ressent les premières douleurs et fait appeler Son mari à une heure et demie. Pendant ce temps, Madame de Lamballe (1749-1792), surintendante de Sa maison, court avertir la famille royale. Lorsque les douleurs La reprennent, avec violence, Marie-Antoinette s’installe dans un petit lit de travail dressé exprès près de la cheminée.
Les courtisans, massés dans l’antichambre de la Reine et le cabinet du Roi, sont si nombreux qu’ils se répandent jusque dans la Galerie des Glaces. Tous trépignent d’impatience. Lorsqu’on ouvre enfin les portes, ils s’élancent dans les appartements de la Reine et s’agglutinent jusqu’à Son lit. Même du temps de Louis XIV, on n’avait jamais vu une foule si dense ! La pauvre souveraine croit mourir, et serre les dents pour ne pas donner à ces yeux scrutateurs le spectacle de Sa souffrance.
Pendant la nuit, le Roi a pris la précaution de faire attacher par des cordes les énormes écrans de tapisserie qui entourent le lit de Sa Majesté ; sans cela, ils auraient certainement été jetés sur Elle. Il est impossible de se déplacer dans la salle, qui est remplie d’une foule si hétéroclite qu’on aurait pu se croire dans quelque lieu d’amusement public. Deux Savoyards montent sur les meubles pour mieux voir la Reine, placée en face de la cheminée.
La naissance est un supplice. Un instant, on croit que l’enfant est mort, mais des vagissements se font entendre : il vit. La Reine n’a pas le temps de s’en réjouir. Elle n’en peut plus. La tension, l’émotion, l’atmosphère confinée et étouffante, le vacarme des courtisans, le travail éreintant de douze heures… Elle est prise d’une convulsion et s’évanouit.
Seul le Roi a la force d’ouvrir les fenêtres qui étaient calfeutrées pour l’hiver.
Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant sera surnommée «Mousseline» par la Reine.
Marie Thérèse et son père partagent une relation affectueuse qui débute dès les premiers jours de sa vie. L’ambassadeur Mercy écrit, à propos de la semaine qui suit sa naissance, que le Roi « ne voulait pas quitter le château, même pour se promener » , et qu’il passe la majeure partie de sa journée dans les appartements de la Reine, partageant «son temps entre la reine et son auguste enfant, à qui il témoigne l’amour le plus touchant.»
En 1779
Louis XVI choisit d’établir à Cherbourg une base navale et décide notamment d’y construire une digue de quatre kilomètres de long entre l’Île Pelée et la pointe de Querqueville.
Le 10 janvier 1779
Arrêt du conseil d’État du Roi Louis XVI concernant les enfants trouvés
Considérant que chaque année, plus de 2000 enfants nés dans des provinces très éloignées de la capitale arrivent à l’Hôpital des Enfants-Trouvés de Paris, et que neuf enfants sur dix, ne survivent pas aux mauvaises conditions du transport, Louis XVI appelle les curés, les vicaires et tous ceux qui sont en mesure de conseiller la population à «redoubler de zèle» pour que les parents fassent d’autres choix que celui d’abandonner leur enfant. Le Roi, inquiet de ces circonstances, interdit à tous les voituriers d’emmener des enfants abandonnés ailleurs qu’à l’hôpital le plus proche, sous peine d’une amende de 1000 livres au profit de l’hôpital d’Enfants Trouvés, et dote quelques hôpitaux de province de son trésor royal pendant une année. Pour soulager les pauvres, le Roi fusionne des biens de l’Hôpital Saint-Jacques avec ceux des Enfants-Trouvés pour y recevoir les nouveau-nés atteints de maladies contagieuses.
Du 7 au 9 février 1779
Louis XVI est au château de La Muette.
Le secrétaire à musique de Louis XVI,
Le goût de la mécanique du Roi
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
En mars 1779, Louis XVI acquiert pour plus de 80 000 livres, le meuble le plus important de sa collection. Cet achat n’est pas étonnant de la part d’un Roi qui apprécie les ouvrages mécaniques.
Louis XVI le fait placer dans la salle-à-manger des Retours de Chasse.
Il n’en demeure pas moins que, par sa forme et par son décor, ce meuble reste étranger au goût parisien et que son étrangeté s’accentue au fil des années.
Ainsi, projette-t-on en 1791 de le transformer en le morcelant. Les ébénistes de la Couronne, Benneman et Robiersky, présentent chacun leur proposition en mars 1792.
Relégué au Garde-Meuble National et dépouillé de son jeu de flûte, ce secrétaire y restera jusqu’en 1827 et sera alors vendu pour alimenter le fonds de retraite des employés du Garde-Meuble Royal. C’est alors seulement qu’il sera dépecé, tandis que ses panneaux seront remployés pour confectionner d’autres meubles.
En 1840, l’abattant de ce secrétaire est utilisé comme dessus de table.
Le 5 mars 1779
Louis XVI et Marie-Antoinette se rendent à Notre-Dame de Paris pour une messe célébrant la naissance de Madame Royale ( vingt-huit carrosses y amènent le gotha de la Cour).
Du 12 au 21 avril 1779
Séjour de la Reine à Trianon.
Du 25 avril au 22 mai 1779
Séjour à Marly
Les dames de la Cour sont jalouses de la duchesse de Villequier (1732-1799): Marie Antoinette n’ayant pu manger deux fois avec Louis XVI, pour occuper la place de cette dernière à côté de lui, il a nommé la duchesse de Villequier.
Louis XVI, dans un divertissement, ayant désiré voir le sieur Préville (1721-1799), comédien à la Comédie Française, celui-ci qui n’est pas dans cette habitude, a fait des efforts extraordinaires et s’est fait une entorse.
Du 17 au 19 mai 1779
Fêtes au château de Marly.
Le 27 mai 1779
Le Roi chasse le sanglier dans la forêt de Marly. La Reine le suit.
Le 1er juin 1779
Le Roi chasse sans rien prendre et soupe à Trianon.
Les 11, 15 et 21 juin 1779
Louis XVI soupe à Trianon.
Mi-juin 1779
Marie-Antoinette fait une fausse-couche.
Le 8 août 1779
Louis XVI abolit le droit de mainmorte et de servitude dans les domaines royaux
Le droit de mainmorte interdit aux serfs de léguer à leurs héritiers les terres et leurs maisons louées. Après la mort d’un serf, ses biens revenaient automatiquement au seigneur des terres. Le droit de servitude obligea les serfs d’effectuer gratuitement une partie de leur travail au profit du seigneur et ils n’eurent pas le droit de quitter les terres. Le droit de persécution sur eux, en cas de fuite, permit au seigneur de les poursuivre. Le Roi, préoccupé de son peuple, ne peut voir sans peine les restes de servitude existant encore dans plusieurs de ses provinces et, par l’édit du 10 août 1779, il libère les serfs des droits qui les asservissaient.
Cette abolition a pour fondement une ordonnance du Moyen-Âge de Louis X dit le Hutin. (1289-1316). Au terme de cette ordonnance du 3 juillet 1315, les serfs du domaine royal sont affranchis. Ceci sur le fondement de la maxime « nul n’est esclave en France » et de l’énonciation « le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche ».
Du 5 au 10 octobre 1779
La Cour est au château de Choisy.
Du 9 au 11 octobre 1779
Louis XVI est au château de Fontainebleau.
Du 15 au 31 octobre 1779
La Cour est au château de Marly.
Le 5 novembre 1779
Louis XVI tire à la Grande-Grille et tue 289 pièces.
Il dîne à Trianon avec ses trois tantes.
Le 16 novembre 1779
Le vent empêche Louis XVI de tirer.
Le laboratoire de chimie,
Les travaux de Louis XVI dans ses cabinets
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
En 1780, insatisfait des pièces du Tour installées l’année précédente, Louis XVI les fait remanier. Par la même occasion il demande la création d’un nouveau laboratoire en remplacement de celui auquel il avait dû renoncer en 1777 quand il avait fallu en faire la pièce du réservoir et de la chaudière de ses nouveaux Bains.
Le nouveau Laboratoire est aménagé au cours du premier trimestre de 1780 au deuxième étage, précisément à la place de la première pièce du Tour installée quelques mois plus tôt au même emplacement. Ce changement d’affectation oblige l’architecte du Roi Heurtier à faire remettre la pièce à peu près en l’état où elle était antérieurement. Le parquet est déposé pour y poser des carreaux de marbre, la construction d’un fourneau, la pose d’une cheminée de pierre et la pose d’une tablette en marbre dans l’embrasement d’une croisée. La pièce est peinte en blanc.
Le 1er janvier 1780
Ordonnance de Louis XVI portant le règlement concernant les hôpitaux militaires et ceux de Charité au compte de Sa Majesté
« L’HUMANITÉ généreuse de Sa Majesté envers les prisonniers de guerre malades ou blessés, veut qu’ils soient soignés & traités dans ses Hôpitaux comme ses propres sujets ; Elle ordonne à ses Généraux & à ses Commandans de les y envoyer avec les précautions convenables & sous l’escorte d’un Officier-major : à leur arrivée à l’Hôpital, le Commissaire des guerres dressera un état particulier, contenant les noms des régimens & des compagnies desdits prisonniers, leurs noms de famille & de guerre, leurs qualités & le lieu de leur naissance, autant que faire se pourra; il signera cet état conjointement avec l’Officier-major, le Médecin, le Chirurgien & le Contrôleur de l’Hôpital : les deux Officiers de santé, chacun en ce qui les concerne, feront placer desdits prisonniers dans les salles affectées aux différentes espèces de maladies & de blessures ; ils leur expédieront ensuite les billets d’entrée qui serviront de pièces comptables à l’entrepreneur.
En 1780
Marie-Joséphine de Provence désire l’installation d’une petite salle-à-manger et d’un salon en hémicycle contigu pour servir au jeu et au billard nécessaire aux soupers qu’elle offre chaque soir à la famille royale . Cette salle-à-manger destinée aux « soupers des petits cabinets »- soupers intimes sans domestiques dont a parlé Pierre de Nolhac dans ses ouvrages – est installée dans les anciennes pièces de service de la Dauphine détruites situées sous le cabinet doré de la Reine, là on a installé provisoirement un billard avant 1779. Cette salle-à-manger paraît bien étroite car toute la famille royale est conviée par la princesse : à savoir le Roi, la Reine, Monsieur, le comte et la comtesse d’Artois, les trois Mesdames tantes et Madame Elisabeth quand elle sera en âge. Cette petite pièce ouvrant par une fenêtre sur la cour intérieure de la Reine, appelée dès lors « cour de Monsieur », est donc prolongée sur l’appentis, pris sur l’ancien oratoire de la Dauphine, sous la terrasse du cabinet doré de la Reine.
Chacun, sauf le Roi, apporte son repas qui est placé par le service sur des plats posés sur une grande table ovale dressée dans la seconde chambre de Madame. Les serviteurs se retirent alors et chaque convive compose son repas en se servant soi-même et en prenant assiettes et argenterie qui ont été placées sur des servantes. Là, on raconte les commérages de Cour, on discute les intérêts de famille, on est fort à son aise et souvent fort gai, car, une fois séparés des entours qui les obsédent, ces princes, il faut le dire, sont les meilleures gens du monde. Après le souper, chacun se sépare.
Du 7 au 9 février 1780
Louis XVI est au château de La Muette.
Le 17 mars 1780
Le Roi Louis XVI officialise l’École de l’Opéra
Dans le Conservatoire de Danse, créé par Louis XIV en 1661, avaient accès seuls les danseurs professionnels, ayant suivi une formation privée. En accordant à un danseur le privilège de participer aux cours du Conservatoire, le Roi Louis XIV voulait le perfectionner et non le former d’abord. Au début du règne du Roi Louis XVI, l’Académie royale de Musique se trouve dans une situation financière difficile. Louis XVI la rattache aux Menus Plaisirs de Sa Maison et la dote annuellement. Le 17 mars 1780, par l’Arrêt du conseil d’Etat du Roi concernant l’Opéra, Louis XVI officialise l’École de l’Opéra pour permettre à tous les enfants, doués dans ce domaine, de bénéficier d’une éducation. Par l’Arrêt du 3 janvier 1784, le Roi élargira les possibilités de formation et créera une École royale de Chant et de Déclamation.
Du 25 avril au 22 mai 1780
La Cour est au château de Marly.
Le 29 avril 1780
Le Roi chasse le chevreuil à Fausse-Repose. Il en prend un, en rate un autre mais ramène vingt-et-une pièces.
Le 4 mai 1780
Le Roi se promène à pied à Trianon.
Le 1er juin 1780
Le petit théâtre de Trianon est inauguré avec le Roi et le Fermier et La Gageure imprévue. Illuminations.
Le 26 juillet 1780
Le Roi se promène à pied à Trianon.
Louis XVI demande au marquis de Bièvre (1747-1789), le maître des jeux de mots, de réaliser un calembour. François-Georges de Bièvre répond:
«– Sire, il faut un sujet.
– Eh bien, faites-en un sur moi.
– Sire, le Roi n’est pas un sujet.»
Le 31 juillet 1780
Le Roi chasse à Saint-Germain et tue soixante-dix-neuf pièces. Il revient par Trianon.
Les 1er et 10 août 1780
Souper et petite comédie à Trianon.
Le 17 août 1780
Le Roi dîne à Trianon.
Le 24 août 1780
Déclaration du Roi portant abolition de la question préparatoire (la question préparatoire consistait à pratiquer la torture sur un accusé, pour lui arracher des aveux.)
Dimanche 27 août 1780
Le Roi soupe à Trianon.
Le 30 août 1780
Déclaration de Louis XVI portant établissement de nouvelles prisons
Préoccupé par l’état désastreux des prisons parisiennes, le Roi ordonne l’exécution des travaux d’amélioration. Le souverain y fait aménager de nouvelles infirmeries aérées et spacieuses où tous les prisonniers malades sont seuls dans un chaque lit et traités avec humanité. Les prisons sont transformées ou rénovées afin d’améliorer les conditions de détention. Les ténébreux cachots souterrains sont détruits, les cellules sont rendues plus lumineuses et les surveillants sont placés sous contrôle pour ne pas abuser de leur pouvoir à l’égard des prisonniers.
Le 6 septembre 1780
Le Roi dîne, puis soupe à Trianon où il assiste à une petit comédie.
Du 10 au 20 septembre 1780
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 10 septembre 1780
Louis XVI soupe à Trianon.
Le 13 septembre 1780
Chasse du cerf au poteau de Hollande, Louis en prend un. Il déjeune à Saint-Hubert et soupe à Trianon.
Le 14 septembre 1780
Le Roi chasse mais ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 15 septembre 1780
Louis tire à Villepreux et ramène 430 pièces. Il soupe à Trianon.
Le 16 septembre 1780
Le Roi chasse le cerf au Petit-Champ et en prend deux. Il déjeune à Saint-Hubert et soupe à Trianon.
Dimanche 17 septembre 1780
Louis XVI soupe à Trianon.
Le 18 septembre 1780
Visite à Saint-Denis, il tire à la plaine de Saint-Ouen, tue 345 pièces et soupe à Trianon.
Le 19 septembre 1780
Louis XVI dîne et soupe à Trianon où il y a une petite comédie : Rose et Colas de Sedaine et Monsigny puis Marie-Antoinette joue en costume Le Devin du Village de Jean-Jacques Rousseau.
Le 27 septembre 1780
Le Roi chasse sans aucune prise. Il va ensuite souper à Trianon.
Du 5 au 10 octobre 1780
La Cour est au château de Compiègne.
Du 10 au 12 octobre 1780
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 12 octobre 1780
Le Roi visite Maurepas à Paris.
Il dîne, suit la comédie ( Le Devin du village et Le Roi et le Fermier ) et soupe à Trianon.
Le 13 octobre 1780
Séjour de la Cour à Marly.
Le comte de Maurepas, chef du conseil royal des finances, étant fort tourmenté par la goutte, n’est pas du voyage de Marly ; son séjour à Paris y conduit quelques fois Louis XVI.
Le 29 novembre 1780
Mort de l’Impératrice Marie-Thérèse après une courte maladie.
La nouvelle du décès de Marie-Thérèse n’arrive à Versailles que le 6 décembre 1780, Louis XVI charge l’abbé de Vermond d’en informer la Reine :
« La douleur de la reine fut telle qu’on devait la prévoir et la craindre. Une heure après avoir appris cet événement, elle prit le deuil de respect, en attendant que le deuil de Cour fût prêt ; elle resta enfermée dans ses cabinets pendant plusieurs jours, ne sortit que pour entendre la messe, ne vit que la famille royale et ne reçut que la princesse de Lamballe ou la duchesse de Polignac. Elle ne cessait de parler du courage, des malheurs, des succès et des pieuses vertus de sa mère.»
Madame Campan
C’est pour Marie-Antoinette, «le plus affreux malheur»
En 1781
La pièce des Buffets,
Le cabinet des curiosités de Louis XVI
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles -passion )
Avec la construction de Versailles, Louis XIV s’est fait aménager un cabinet de curiosité à l’emplacement de l’actuel Salon des Jeux. On y accédait par le Salon de l’abondance, surmonté de quelques marches. Le Roi y conservait ses plus pièces qu’il ne montrait qu’à de rares visiteurs.
Ce cabinet fut détruit en 1753 lors Louis XV fit aménager un appartement pour accueillir sa fille, Madame Adélaïde. Le Cabinet des Curiosités devient la première antichambre de la princesse. Soucieux de toujours plus de confort et d’intimité, Louis XV se fit aménager, en 1750, une nouvelle Salle à manger à l’emplacement d’un ancien appartement des bains, s’éclairant sur la Cour des Cerfs.
Nouveau pour l’époque, la salle à manger était accompagnée d’une pièce des Buffets, destiné à accueillir les services du Roi. Délaissant cette salle à manger pour une nouvelle qu’il s’est faite construite en 1769, elle ne servait plus qu’à exposer des pièces de sa collection personnelle.
Cet état dura jusqu’au départ de la Famille Royale 1789.
Mais c’est Louis XVI qui officialise cette fonction. La Pièce des Buffets devient son Cabinet des Curiosités.
Au début du printemps de 1781, le Roi fait démolir l’escalier descendant de sa salle à manger jusque chez sa tante Adélaïde. En fait, cet escalier n’est plus utile puisqu’il fait double emploi avec un autre qui, construit hors œuvre dans un angle de la Cour des Cerfs, permet au Roi de descendre tout aussi aisément au rez-de-chaussée.
En avril 1781, des travaux d’agrandissement sont réalisés en absorbant l’emplacement de l’escalier démoli.
Il est difficile de savoir pour quelle raison on a jugé nécessaire d’agrandir cette pièce utile seulement pour le déjeuner que le Roi prenait seul. L’agrandissement permit la pose d’armoires supplémentaires, adossés au mur mitoyen à la Salle à manger et contre la face en retour.
Le 10 janvier 1785, le Roi demande que l’ancienne Salle des Buffets soit pourvue d’une cheminée en remplacement du poêle qui la chauffait jusque-là. Cette cheminée devait être appuyée contre le mur du fond, au bout du renfoncement obtenu en 1781 par la suppression de l’escalier descendant chez Madame Adélaïde.
La Pièce des Buffets que nous voyons aujourd’hui date de Louis-Philippe. En effet, l’ancienne salle avait été construite avec des matériaux de moindre qualité et d’éléments légers, genre bois, plâtres et torchis.
Vases à fleurs de la Bibliothèque de Louis XVI
de Jean-François Deparis, 1781 , (conservés au Getty)
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles -passion )
A partir de 1778, la Manufacture de Porcelaine de Sèvres (Sèvres, France) produit des garnitures de cinq vases à un dessin appelé les vases des âges.
Ces vases décoratifs sont fabriqués en trois tailles : un grand vase central avec des anses en forme de têtes d’hommes barbus, une paire de petits vases avec des têtes de jeunes femmes et une paire de vases encore plus petits avec des têtes de garçons.
Ces vases font partie des plus grandes pièces de porcelaine joaillière fabriquées à Sèvres. Le bijou était une forme de décoration élaborée dans laquelle la couleur de fond était recouverte de feuilles d’or estampées. De petites gouttes d’émail coloré ont ensuite été appliquées sur les feuilles, imitant des bijoux, des perles et des agates en mousse. Ce type d’ornement était extrêmement fragile et n’était donc utilisé que sur des objets créés pour la présentation plutôt que pour l’utilisation.
En février 1781
Necker adresse au Roi un Compte rendu de l’état des finances destiné à être publié. Il révèle pour la première fois au grand public l’usage détaillé des dépenses publiques et dévoile, dans un souci de transparence, tous les avantages dont bénéficient les privilégiés de la Cour.
Louis XVI et Necker ne peuvent tenir longtemps devant l’opposition des privilégiés.
Le 21 mars 1781
Promenade aux alentours de Trianon.
Du 22 avril au 20 mai 1781
Séjour à Marly.
Le 21 mai 1781
Necker demande au Roi d’intégrer le Conseil mais, face au refus du Souverain, il lui remet sa démission qui sera acceptée.
Le 1er juin 1781
Louis XVI se promène aux Bains d’Apollon et à Trianon.
Le 23 juin 1781
Service de la Reine à Notre-Dame. Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Du 25 au 30 juin 1781
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 26 juin 1781
Le Roi déjeune à Trianon. Service de la Reine à la chapelle. Louis XVI chasse le cerf à Hautes-Bruyères. Il en prend deux. Il soupe à Saint-Hubert.
Le 27 juin 1781
Le Roi dîne à Bellevue. Il soupe à Trianon où il y a comédie.
Le 28 juin 1781
Louis XVI chasse le chevreuil au parc de Meudon. Il en prend un et tue une pièce. Il soupe à Trianon.
Le 29 juin 1781
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Samedi 30 juin 1781
Louis déjeune à Trianon, il chasse le cerf à l’Étang-de-la-Tour, en prend un et tue cinq hirondelles, puis soupe à Saint-Hubert.
Du 15 juillet au 2 août 1781
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 16 juillet 1781
Le Roi soupe à Trianon où il y a grande comédie : L’aveugle de Palmyre de Desfontaines et Rodolphe et La Matinée et la veillée villageoises, ou le Sabot perdu de Piis et Barré.
Le 20 juillet 1781
Louis dîne et soupe à Trianon où il y a comédie: La Petite Iphigénie de Favart et Voisenon.
Le 21 juillet 1781
Le Roi dîne et soupe à Trianon où l’on fait des proverbes…
Le 23 juillet 1781
Louis XVI chasse le cerf à Saint-Arnoul, en prend deux. Il déjeune et soupe à Saint-Hubert et revient par Trianon.
Le 26 juillet 1781
Le Roi tire à Saint-Germain et tue cent pièces. Il dîne et soupe à Trianon où il y a comédie : Les Deux Porteurs de chaise de Piis, Barré et Chardin et illumination en l’honneur de Monsieur, son frère.
Le 27 juillet 1781
Visite à Trianon, puis chasse du chevreuil qu’il manque aux Costeaux-de-Jouy, il tue quarante-trois pièces.
Du 29 juillet au 5 août 1781
Nouveau séjour de Joseph II à Versailles.
Il arrive de très bon matin à l’ambassade d’Autriche, Mercy le conduit à l’hôtel de Valois où il logera. Les matelas, les lits de plume, les coussins qu’ont avaient préparés pour lui sont bientôt retirés par son ordre. Après trois heures de repos, il se drape de son incognito et accompagné d’une seule personne, il monte dans un carrosse de place pour aller visiter l’église Sainte-Geneviève, dont il a vu avec plaisir les progrès, autant qu’il a désapprouvé la destruction du jardin du Luxembourg où il s’est ensuite fait conduire.
En fin d’après-midi
Il change d’habit et de carrosse pour se rendre à Versailles, où il a considéré la tendresse du cœur de sa sœur si réjouie de le revoir.
Les deux premiers jours du séjours de l’Empereur se passent à l’intérieur du château, où le Roi et la Reine partagent avec lui tous les plaisirs réservés à une famille unie par les liens de l’amitié autant que par ceux du sang.
Le 31 juillet 1781
Le Roi part à midi pour Saint-Hubert. L’Empereur et sa sœur vont à Trianon d’où ils reviennent pour le retour du Roi.
Le 1er août 1781
Fête donnée en l’honneur du comte de Falkenstein, souper, spectacle et illumination à Trianon.
Le 2 août 1781
Le Roi déjeune et soupe à Saint-Hubert et revient par Trianon.
Du 16 et 23 septembre 1781
Louis XVI est au château de La Muette.
Les 17 au 19 septembre 1781
Louis XVI est au château de Compiègne.
Les 10 et 11 octobre 1781
Louis XVI est à Fontainebleau
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François premier Dauphin
Des célébrations sont données dans tout le royaume.
Le 24 octobre 1781
Le Roi chasse mais revient bredouille, il se promène le matin autour de Trianon.
Du 5 au 7 novembre 1781
Louis XVI est à Fontainebleau.
Le 21 novembre 1781
Mort du comte de Maurepas ( né en 1701).
Louis XVI est ému de perdre son mentor.
La naissance du Dauphin assoie Marie-Antoinette dans Sa situation pour laquelle on L’a mariée.
Elle n’est plus seulement l’épouse du Roi (actuel), Elle est aussi la mère du prochain Roi.
« Les hommes illustres de France » – Collection du roi Louis XVI
En 1776, l’intendant des Bâtiments du roi Louis XVI, le comte d’Angiviller, commande aux meilleurs sculpteurs de L’Académie royale, des statues en marbre, représentant les hommes illustres de France. En 1782, il demande les modèles de ceux-là en petit format et en terre cuite pour les faire copier en biscuit de porcelaine de Sèvres. Louis XVI acquiert les premiers exemplaires en biscuit pour sa propre collection à Versailles et pour les cadeaux diplomatiques. Dans la bibliothèque du Roi, sauf les statues représentant les grands écrivains et le premier président du parlement de Paris, Mathieu Molé, sur la commode de Jean-Henri Riesener sont conservées les statues appartenant aussi à la série des Grands Hommes, représentant les maréchaux de France, Nicolas de Catinat et le comte de Tourville dont les statues originales en marbre sont conservées dans la galerie haute du château de Versailles.