Le marquis de La Fayette

La Fayette, en uniforme de lieutenant-général de 1791 par Joseph-Désiré Court (1834)

Le 6 septembre 1757

Naissance de Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette,  au château de Chavaniac, paroisse de Saint-Georges-d’Aurac en Auvergne. Il est le fils unique de Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (1733-1759), colonel aux Grenadiers de France et de Marie Louise Julie de La Rivière, d’une riche et noble famille de Saint-Brieuc (1736-1770).

Michel Louis du Motier, marquis de La Fayette
Marie Louise de La Rivière
Le château de Chavaniac-Lafayette, où Gilbert est né

Le 1er août 1759

Son père, Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (1733-1759) , meurt dans les bras du comte de Broglie (1719-1781) en Westphalie à l’âge de vingt-cinq ans, tué par un boulet de canon au cours de la bataille de Minden.  Son grand-père, le marquis de La Rivière (1690-1770), ancien lieutenant général des Armées du Roi, le fait venir à Paris pour son éducation. 

La Fayette est très bien entouré par ses proches parents. Ces derniers gèrent pour lui son immense fortune et veillent parfaitement à ses intérêts. Dans une situation similaire, beaucoup auraient perdu les pédales, car l’argent, les terres, les rentes font souvent tourner les têtes. Il n’en est rien pour le futur héros de la Guerre d’Indépendance. Il reste simple, facile d’accès et n’oublie pas ses compagnons de jeunesse avec lesquels il jouait enfant, même si ceux-ci sont roturiers, fils de manœuvres et de paysans. Toute sa vie, il gardera cette conviction qu’il faut aider les plus faibles, les exclus, les opprimés. Quand le moment viendra, il prendra la défense des protestants, des juifs, des Peaux-Rouges, des esclaves…

De 1768 à 1771

Gilbert étudie au collège du Plessis (actuel lycée Louis-le-Grand) et suit parallèlement une formation d’élève-officier à la compagnie des mousquetaires noirs du Roi. Il suit également les cours de l’Académie militaire de Versailles.

Le lycée Louis-le-Grand

Le 3 avril 1770

Décès de sa mère, Marie Louise Julie de La Rivière (née en 1736), elle a trente-quatre ans. À l’âge de douze ans, Gilbert de La Fayette se trouve orphelin, seul héritier potentiel de la fortune de son grand-père maternel, le marquis de La Rivière.

A treize ans, Gilbert est orphelin et millionnaire

Le 24 avril 1770

Son grand-père maternel, Joseph Yves, marquis de La Rivière (né en 1690), meurt à son tour et lui laisse une rente de 25 000 livres.

À la même époque

Un autre oncle meurt, lui laissant un revenu annuel de 120 000 livres ; ces 145 000 livres de revenu font de lui un des hommes les plus riches de France.

Élevé par sa tante, Louise Motier de La Fayette (1720-1811) et par sa grand-mère, Marie-Catherine de Suat de Chavagnac (née en 1690) Gilbert passe à Chavaniac une enfance libre et protégée dans les forêts d’Auvergne et rêve, à neuf ans, de chasser la bête du Gévaudan qui sévit dans sa région de 1763 à 1767.

Figure du Monstre qui désole le Gévaudan 

Le 11 avril 1774

Promu capitaine à dix-sept ans, il épouse Adrienne de Noailles (1759-1807), fille du duc de Noailles (Pair de France).

Adrienne de Noailles

En mai 1774

Gilbert devient capitaine à Metz .

Le 10 mai 1774

Louis XV meurt de la petite vérole, c’est son petit-fils, Louis Auguste (1754-1793), qui monte sur le trône.

Louis XV par Armand-Vincent de Montpetit
Louis XVI (1775) par Joseph-Siffred Duplessis

C’est alors que Gilbert fréquente la Cour.

Le jeune marquis, par sa naissance, par sa fortune et l’immense prestige de sa belle-famille est promis au plus bel avenir… à condition de ne pas se poser trop de questions. Or des questions, il s’en pose :

« Je vis avec mépris les grandeurs et les petitesses de la Cour, avec pitié l’insignifiance de la société, avec dégoût les minutieuses pédanteries de l’armée, avec indignations tous les genres d’oppression.»

Gilbert de La Fayette

Image d'une pièce américaine sur Adrienne de La Fayette

Marie-Antoinette qui l’appelle «Monsieur Blondinet» lui reproche de mal danser.

Jane Seymour est Marie-Antoinette dans Les Années Lumières (1988) de Robert Enrico

 

Comme Gilbert est entré dans la maison du comte de Provence, il se permet quelque désinvolture qu’il aurait mieux fait de taire : un jour que Provence se vante de sa mémoire, il lui répond que «la mémoire tient lieu d’esprit aux sots» !

Son beau-père, le duc d’Ayen, exaspéré doit le renvoyer précipitamment vers sa garnison de Metz…

Le 5 septembre 1774

Réunion à Philadelphie d’un congrès composé de délégués de douze colonies ( il n’y en a pas pour la Georgie). Il siège sept semaines et rédige une adresse destinée au Roi. Il décide alors la création de comités sur tout le territoire, alors que le Massachussets ne reconnaît plus l’autorité du Roi et prépare la constitution d’un gouvernement provisoire.

Le comte de Provence
George Washington prend la tête des insurgents, volontaires inexpérimentés mais déterminés à conquérir l'Indépendance des colonies américaines soumises à l'Angleterre

Dimanche 11 juin 1775

Louis XVI est sacré à Reims. La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin.

Louis XVI à Reims par Benjamin Warlop

 

En 1775

Bien qu’aristocrate et allié, par mariage, à la puissante famille des Noailles, La Fayette préfère entrer dans l’armée plutôt que de vivre de ses rentes. Marqué par les idées des Lumières, il entre très jeune en maçonnerie. Dans le sillage de son maître à penser, l’abbé Raynal, illustre franc-maçon de la célèbre Loge Les Neuf Sœurs, La Fayette devient l’un des champions français de la cause de l’indépendance américaine.
L’histoire de l’indépendance américaine est largement l’œuvre de francs-maçons. Qu’il s’agisse de la Boston tea-party, organisée par la Loge Saint-André de Boston, des rédacteurs réunis autour de Jefferson pour rédiger la Déclaration d’indépendance, tous francs-maçons, ou encore des cabinets civils ou militaires qui assistent George Washington durant cette période, tous les épisodes de cette lutte d’indépendance sont marqués par l’influence maçonnique. L’histoire culmine avec la scène de capitulation du général en chef des forces britanniques, Lord Cornwallis (lui-même franc-maçon) remettant son épée à un état-major d’officiers américains et d’officiers volontaires étrangers… tous francs-maçons.
Les relations franco-américaines se trouvaient facilitées à l’époque par les liens personnels tissés par des acteurs animés par un idéal commun.

Statue de La Fayette située au Puy-en-Velay
Gilbert et Adrienne de La Fayette dans le film de Jean Dréville (1962)
Le marquis de La Fayette, major général des armées des États-Unis d'Amérique, en pied ; Estampe, épreuve coloriée
Benjamin Franklin par Duplessis

En 1776

Naissance de leur première fille, Henriette du Motier (1776-1778).

En juin et juillet 1776

Préparation de la déclaration d’indépendance par Thomas Jefferson.

Le 4 juillet 1776

L’Indépendance est votée par les représentants de toutes les colonies. New York s’abstient, mais la votera le 9 juillet.

La Fayette - "La Fayette" de Jean Dréville (1962), avec Liselotte Pulver 19832315
                    Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville (1962)

Passionné par les idées des philosophes, fidèle aux idéaux de Liberté, l’annonce de la déclaration d’indépendance des colonies anglaises d’Amérique et la nouvelle des désastres essuyés par les insurgés devant New York confirme La Fayette dans sa résolution de se battre aux côtés de cette jeune nation.

Fin 1776

Voyage de Benjamin Franklin (1706-1790) à Paris.

Orson Welles interprète Benjamin Franklin pour Jean Dréville
Pascale Audret incarne Adrienne dans La Fayette (1961) de Jean Dréville
Théodore Pellerin incarne le jeune Gilbert de La Fayette dans la série Franklin (2024) créée par Kirk Ellis, Howard Korder
Au centre, La Fayette parade à Versailles avec le petit-fils de Benjamin Franklin, Temple
Théodore Pellerin incarne le jeune Gilbert de La Fayette dans la série Franklin (2024) créée par Kirk Ellis, Howard Korde

Le 7 décembre 1776

La Fayette signe un engagement pour servir en Amérique contre les Anglais comme major général.

En 1777

Naissance de leur seconde fille , Anastasie Louise Pauline du Motier (1777-1863) qui se mariera à Juste-Charles de Fay de La Tour-Maubourg.

Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette ( at the Florence Gould Theater in NYC)
Monument en hommage à La Fayette situé à Mount Vernon Place

La Fayette décide de s’engager dans la guerre révolutionnaire, pour se « couvrir de gloire » comme il le confesse volontiers à ses proches parents et amis.  Il arme un navire (La Victoire) et malgré l’opposition de sa famille et du Roi, il s’embarque, en compagnie de quelques autres officiers, pour l’Amérique. Ayant gagné la confiance des membres du congrès, adopté par George Washington, La Fayette obtient le titre de major général. Bien que blessé à la bataille de Brandywine, où il combat avec bravoure, il se voit attribuer le commandement de la division des volontaires de Virginie, à la tête de laquelle il se couvre de gloire.

En mai 1777

Le marquis de La Fayette écrit au duc d’Ayen, son beau-père, que puisque le Roi a bien voulu accorder la permission de voyager pendant quinze mois, il choisissait l’Amérique, comme le pays le plus propre aux études et aux exercices convenables de son âge et à son rang. Il s’embarque donc à Bordeaux sur un vaisseau qui a fait voile pour cette partie du globe.

Michel Le Royer dans La Fayette (1961) de Jean Dréville

Fin juin 1777

Reprise de Ticonderoga par les force de Burgoyne.

Le 6 août 1777

Victoire des insurgés à Oriskany.

Matthew Keagle est La Fayette dans The Lost Hero (2010) , un docu fiction américain de Thomas Beckner

Le 13 août 1777

Victoire des insurgés de John Stark (1728-1822) à Bennington.

John Stark

Le 21 août 1777

Reprise du fort Stanwik par le général Benedict Arnold (1741-1801).

Les Anglais de Saint Léger doivent l’évacuer.

 

Le 31 août 1777

Howe refoulé par Washington ne peut prendre Philadelpie et s’embarque pour la baie de Chesapeake d’où il gagne Elkton dans le Maryland.

Le général Benedict Arnold

Le 11 septembre 1777

Howe vainqueur à la bataille de Brandywine, où La Fayette est blessé.

Washington et La Fayette à la bataille de Brandywine par Vanderlyn
La Fayette est blessé au combat de Brandywine

Le 17 décembre 1777

La France reconnaît l’Indépendance de l’Amérique.

Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette

Le 19 septembre 1777

Première bataille de Saratoga entre les troupes d’Arnold et de Burgoyne. Elle reste sans résultat.

Le héros de l'Amérique a une liaison avec Aglaé de Barbentane, comtesse d'Hunolstein, peinte au pastel, par Mme Le Brun alors encore Melle Vigée. Mais lorsque La Fayette s'embarque pour l'Amérique, la belle Aglaé sombre dans la galanterie et la lubricité au point que sa famille se résout à la faire enfermer dans un couvent.

Le 26 septembre 1777

Les Anglais prennent Philadelphie évacuée par le Congrès qui se réfugie à Lancaster.

Washington est de nouveau nommé dictateur pour deux mois.

Le 4 octobre 1777

Bataille de Germantown : défaite de Washington.

Le 7 octobre 1777

Seconde bataille de Saratoga : victoire américaine.

Le 17 octobre 1777

Capitulation de Burgoyne.

Le 25 novembre 1777

La Fayette est vainqueur de quatre cents Hessois à Gloucester.

Hiver 1777-1778

Henry Clinton (1730-1795) succède à William Howe (1729-1814).

Henry Clinton
La Fayette pendant la campagne de Virginie (collection particulière)

1777-1778

Washington prend ses quartiers d’hiver à Valley Forge.

Cabale du comte Thomas Conway (1734-1800) visant à déconsidérer Washington au profit de Gates, le vainqueur de Saratoga.

Le 30 janvier 1778

En prévision du conflit qui s’annonce, Louis XVI ordonne le rappel des milices provinciales. 75 000 hommes vont ainsi être disponibles pour servir dans les garnisons de métropole, patrouiller comme garde-côtes, et fournir des volontaires à l’armée régulière.

Le 6 février 1778

Convention secrète franco-américaine signée avec Benjamin Franklin

C’est l’occasion de pouvoir se venger de la défaite de la guerre de Sept Ans (1756-1763) ; de plus, convaincu par la victoire américaine de Saratoga, la France signera deux traités d’engagement avec les colonies, le 6 février 1778. Le premier engagera une amitié réciproque et une alliance commerciale. Le second, tenu secret, consistera en une alliance militaire. Ainsi, les Américains recevront des aides financières et matérielles considérables ainsi que des renforts terrestres et le concours de la flotte. Les Insurgents reprendront espoir puisqu’avec le soutien naval des Français, il sera désormais possible de mettre en déroute la flotte britannique.

Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville de 1961
Frederick North

Le 17 février 1778

Frederick North (1732-1792) , Premier ministre anglais, se déclare prêt à céder aux demandes des insurgés, sauf sur l’indépendance.

En mars 1778

Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.

Tableau de Jean-Léon Gerome Ferris
Orson Welles est Benjamin Franklin dans Si Versailles m’était conté de Guitry (1954)
Louis XVI consultant des cartes de navigation par Benjamin Warlop

Le coût de cette aide au combat pour la liberté d’un peuple : un milliard !!!

Pour emprunter, Necker (1732-1804), son ministre des finances, doit inspirer confiance. Il va jouer la transparence. Il imagine de publier sous le nom de compte rendu le tableau des recettes et des dépenses de la monarchie pour 1781. Les recettes sont de 264 millions et les dépenses de 254 millions. L’excédent est de 10 millions. Voilà qui devrait rassurer les prêteurs. En réalité, Necker a dissimulé les dépenses de la guerre d’Amérique sous prétexte qu’elles relèvent de la conjoncture. Le déficit est de 90 millions.

Les caisses sont vides et des emprunts deviennent désormais impossibles!

Le 18 mai 1778

Battu, La Fayette fait une habile retraite à Barren Hill.

Le 17 juin 1778

« La Belle-Poule, commandée par Chadeau de la Clocheterie, appareille de Brest pour observer les mouvements des Anglais. À l’entrée de la Manche, elle est sommée de se rendre par la frégate anglaise HMS Arethuse. Sur le refus du commandant français, un combat est engagé. HMS Arethuse, démâtée de son grand mât, abandonne en se repliant sur son escadre.»

Auguste Louis de Rossel

Le Combat de la Belle-Poule contre l’Arethuse, par Auguste Louis de Rossel

Il s’agit du premier combat entre la marine française et la marine anglaise pendant la guerre d’Indépendance américaine …on connaît bien cette célèbre victoire héroïque de la Belle Poule de Chadeau de la Clochetterie surtout pour les répercussions dans la Mode qui avait enthousiasmé les dames jusqu’à leur faire jucher des frégates sur leurs coiffures poudrées :

Charlotte de Turckheim est Marie-Antoinette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)
Coiffure à la Belle Poule

Le 18 juin 1778

Les Américains reprennent Philadelphie.

Lambert Wilson est La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)

Le 28 juin 1778

Après l’évacuation de Philadelphie par les Anglais, il est chargé de harceler ces derniers et se montre efficace sous Washington qui bat Clinton à Monmouth qui reste une bataille indécise.

En février 1778

Après la victoire de Saratoga, la popularité qu’il acquiert en France contribue à la conclusion du traité franco américain.

Le 4 juillet 1778

Loyalistes et Indiens perpètrent le massacre des colons de la vallée du Wyoming.

Le 27 juillet 1778

Le combat d’Ouessant est l’un des premiers engagements qui opposent Français et Anglais dans la guerre d’Indépendance américaine.

Le 11 septembre 1778

« Au large d’Ouessant, la frégate de 32 canons la Junon commandée par le vicomte de Beaumont, rencontre la frégate anglaise de 28 canons HMS Fox, commandée par Lord Windsor. Après quelques heures de combat le HMS Fox, démâté, cesse de tirer. La Junon le remorque jusqu’à Brest.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat d’Ouessant par Théodore Gudin

Le 20 septembre 1778

« A la hauteur de Lisbonne, le vaisseau français le Triton commandé par le comte de Ligondès, est chassé par le vaisseau anglais HMS Jupiter et la frégate HMS Médée. Cerné par les deux bâtiments anglais, le capitaine de Ligondès met ses adversaires sur le même bord avant d’engager le combat. HMS Médée abandonne en premier, suivi du HMS Jupiter qui profite d’un grain violent pour échapper à la poursuite du Triton. Ce dernier, dont le gréement est endommagé, relâche à la Corogne.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Junon contre le Fox par Auguste Louis de Rossel

En automne 1778

George Washington est installé aux Plaines blanches, à l’est de l’Hudson, pendant que Henry Clinton est à New York.

En novembre 1778

Loyalistes et Indiens perpètrent le massacre de Cherry Valley.

En décembre 1778

Les Anglais prennent Savannah, puis conquièrent la Georgie.

En 1779

Trahison et fuite d’Arnold.

En février 1779

À la demande de Washington, La Fayette rentre en France. Il décide Louis XVI à envoyer un corps expéditionnaire en Amérique sous la direction de Rochambeau, en mars 1780.

Le Combat de Lisbonne par Auguste Louis de Rossel

Le 15 février 1779

Marie-Antoinette a une entrevue avec le général La Fayette dans son hôtel de Noailles.

Liselotte Pulver est Marie-Antoinette dans La Fayette (1962) de Jean Dréville

Le 28 avril 1779 

Lancement à Rochefort de la frégate l’Hermione, célèbre pour avoir conduit le marquis de La Fayette à Boston le 28 avril 1780, un an tout juste après sa mise à l’eau.

Le 15 juillet 1779

Prise de Stony Point par les insurgés d’Antoine Wayre.

Le 17 août 1779

Auguste-Louis de Rossel conte les actions de la Junon et de la Gentille devant Plymouth, qu’il représentera aussi :

« Pendant que l’armée combinée de France et d’Espagne surveille l’entrée de la Manche, la frégate française la Junon navigue jusqu’à Plymouth. Elle rencontre la vaisseau anglais HMS Ardent le 17 août 1779 et engage le combat. Le capitaine Bernard de Marigny, commandant la Junon, observant que les sabords du vaisseau anglais ne sont ouverts que d’un seul côté, attaque l’autre bord en supposant qu’il n’est pas armé. La Junon est ensuite ralliée par la Gentille, et le HMS Ardent ne résiste pas longtemps.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Junon et la Gentille contre l’Ardent (1791)

De la Minerve à la Dominique, l’engagement de l’escadre de La Motte-Picquet en vue de Fort-Royal de la Martinique.

En septembre 1779

Bombardement de Savannah par la flotte du comte d’Estaing (1729-1794), celui-là même qui sera cité comme témoin au procès de Marie-Antoinette en octobre 1793.

Le 6 octobre 1779

« Le 4 octobre 1779, la frégate française de 32 canons la Surveillante, commandée par M. du Couëdic de Kergoualer, et le côtre de 10 canons l’Expédition appareillent de Brest pour observer les mouvements de la flotte anglaise.
Le 6 octobre , au large d’Ouessant, ils aperçoivent la frégate anglaise de 36 canons HMS Québec, commandée par Georges Farmer, ainsi que le cutter de 10 canons HMS Rambler.
Un combat s’engage entre les quatre bâtiments. Totalement démâtées, les deux frégates s’abordent. Le HMS Québec prend feu, mais la Surveillante arrive à se dégager avant que la frégate anglaise explose. L’Expédition et le HMS Rambler cessent le combat pour secourir les hommes à la mer. La Surveillante prise en remorque, rentre à Brest le 8 octobre au matin. Le tableau représente la fin du combat : la frégate anglaise, à gauche de la composition, est en train d’exploser, tandis qu’à droite la frégate française, démâtée, tente de s’éloigner. Au premier plan une chaloupe recueille les naufragés.
»

Auguste-Louis de Rossel

Le 18 décembre 1779

« Le 18 décembre 1779, le comte de la Motte-Piquet appareille de Port-Royal à la Martinique, à la tête de trois vaisseaux. Il va couvrir l’entrée d’un convoi français poursuivi par une escadre anglaise dans le canal de Sainte-Lucie. Après un rude combat, La Motte-Piquet remporte une magnifique victoire sur les treize vaisseaux anglais de l’Amiral Hyde Parker.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de La Surveillante contre le Québec (1789), 6 octobre 1779, par Rossel
Le Combat dans la rade de Fort Royal de la Martinique (1788) de Rossel

Le 24 décembre 1779

Naissance de Georges Washington de La Fayette,  Georges-Louis-Gilbert Dumotier de La Fayette à l’état civil (1779-1749). Son parrain est George Washington.

En avril 1780

La Fayette arrive à Boston sur la frégate L’Hermione.

L'Hermione reprend vie en 2015

L’Hermione (1779) est construite d’après les plans de l’ingénieur Henri Chevillard. Il s’agit d’une frégate dite de 12, car sa batterie principale est armée de 26 canons de 12, à quoi s’ajoutent 6 canons de 6 sur le pont supérieur. En tout 32 canons. La longueur de sa coque est de 44,2 mètres (comme sa réplique de 2014). Son équipage compte environ 300 hommes.

Le 7 août 1780

Gilbert prend le commandement d’une unité d’élite de l’infanterie légère, les « riflemen ».

Le 12 mai 1780

Prise de Charleston. Henry Clinton peut contrôler la Caroline du Sud et la Georgie. Les partisans de Marion, Sumter et Pickers mènent la guérilla contre l’occupant.

Le 29 février 1780

Monsieur de la Fayette vient prendre congé du Roi avant de partir pour l’Amérique,  où il allait mettre son épée au service des insurgés.

Le 1er mars 1780

Le duc de Lauzun est nommé Brigadier de Dragons,  sous les ordres de Rochambeau (1725-1807). Il rencontre alors Axel de Fersen ( 1755-1810) dont il va devenir une référence militaire.

Le comte de Rochambeau
Réplique de l'Hermione à son arrivée à son port d’attache historique de Rochefort en 2019

Le 23 mars 1780  

Axel de Fersen part enfin pour les Amériques , où il participe à la guerre d’Indépendance américaine sous les ordres du comte de Rochambeau.

En 1780

En militaire avisé et fin diplomate, La Fayette obtient de Louis XVI l’envoi d’un corps expéditionnaire aux États-Unis.

Les courbes de baux à bord de l’Hermione, prévues pour renforcer la liaison entre les barrots horizontaux du pont et les membrures verticales.
Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick
Réplique de l'Hermione

En avril 1780

« Le 13 avril 1780, le comte de Guichen prend le commandement des forces navales françaises aux Antilles. Il appareille avec vingt-deux vaisseaux et six frégates pour couvrir un convoi qui se rend à Saint-Domingue.
Le 16 avril au matin, alors que l’escadre de Guichen atteint le canal de La Dominique, vingt-et-un vaisseaux anglais sont signalés au sud-est. Le 17 avril , un combat de ligne est engagé entre la flotte française et la flotte anglaise commandée par l’Amiral Rodney.
Profitant d’une manœuvre des Français pour rectifier leur ligne, les Anglais reprennent leur route.
Le combat prend fin sans que l’on puisse déterminer laquelle des deux forces navales est victorieuse.
»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Dominique du 17 avril 1780 (1789), par le chevalier de Rossel

Le 16 mai 1780  

Fersen, à bord du Jason depuis plusieurs semaines, part avec la flotte française pour l’Amérique.

En juillet 1780

Rochambeau débarque dans le Rhode Island avec six mille Français, parmi lesquels on compte le Suédois Axel de Fersen qui est nommé interprète du général, maîtrisant aussi bien le français que l’anglais. Fersen se fait apprécier de Rochambeau qui l’appelle son « premier aide de camp», se lie avec le duc de Lauzun qui lui promet le brevet de colonel commandant sa légion, et le marquis de Ségur, qui lui promet également de le nommer colonel en second. Fersen se conduit brillamment au siège de Yorktown en Virginie.

L'Hermione

Le 16 août 1780

Rawdon et Cornwallis battent Gates à Camden.

Le 7 octobre 1780

Victoire des patriotes sur les Anglais au Mont du Roi.

Fin 1780

La Hollande déclare la guerre à l’Angleterre.

En décembre 1780

Morgan bat les Anglais de Tarleton à Cowpers.

Nathanael Greene (1742-1786) est chargé par Washington de commander dans le Sud.

En 1781

Nathanael Greene est vainqueur de Cornwallis à Guilford Court House.

Nathanael Greene

Les Anglais se replient sur Charleston et les Carolines sont reprises.

Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Le 16 avril 1781

« Faisant route vers les Indes, l’escadre française commandée par Suffren décide de ravitailler aux îles du Cap Vert.  Le 16 avril 1781, cherchant à gagner le mouillage de la Praya, l’Artésien est envoyé en reconnaissance. Il signale une escadre anglaise au mouillage. Suffren engage le combat avec deux de ses vaisseaux, le Héros et l’Annibal. Ce dernier démâté est pris en remorque par le Sphinx ; Suffren rompt le combat en reprenant sa route vers le Cap de Bonne Espérance.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Praya par le chevalier de Rossel (1786)

En été 1781

Le marquis de Grasse Tilly (1722-1788) est vainqueur de Hood dans la Chesepeake : toute fuite est désormais interdite à Charles Cornwallis (1738-1805). Les troupes françaises de Rochambeau  attaquent sur la gauche, tandis que La Fayette et Washington sont à droite. Les options de Cornwallis s’épuisent, il tente d’envoyer des nègres atteints de la variole pour contaminer les troupes ennemies.

La réplique de l'Hermione construite à Rochefort en 2014
Le comte de Rochambeau par Augustin de Saint-Aubin

Le 21 juillet 1781

L’Hermione se distingue particulièrement lors du combat de Louisbourg durant lequel l’Hermione (commandée par Latouche-Tréville) et une autre frégate nommée l’Astrée (commandée par La Pérouse) attaquent seules un important convoi anglais. Elles capturent trois navires de guerre et deux marchands après un violent combat.

Réarmée au début des guerres de la Révolution, l’Hermione s’échouera sur des rochers au large du Croisic et sombrera le 20 septembre 1793.

La réplique de l'Hermione construite à Rochefort en 2014
Le combat de Louisbourg (1788), du 21 juillet 1781, par Rossel

Le 5 septembre 1781

Combat de Chesepeake.

Le Combat naval devant la baie Chesapeake par Théodore Gudin   RMN-Grand Palais (Château de Versailles)/ Daniel Arnaudet/ Gérard Blot

Le 17 octobre 1781

Lorsqu’il retourne en Amérique à bord de l’Hermione, La Fayette, commandant d’une division légère de cavalerie, participe aux côtés des armées de Rochambeau (corps expéditionnaire Français), de Washington, et de la flotte française sous les ordres de De Grasse, à la capitulation des anglais à Yorktown.

Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville (1961)

Le 19 octobre 1781

Cornwallis signe finalement la reddition :

Reddition de Cornwallis face à Washington

A partir du 28 septembre 1781

Washington et Rochambeau, soutenus par l’escadre de de Grasse, viennent aider La Fayette à assiéger Cornwallis dans Yorktown.

Le 19 octobre 1781

La ville capitule.

La bataille de Yorktown
La bataille de Yorktown: on y voit le général Rochambeau avec George Washington d’un côté et son aide de camp de l’autre. qui n’était autre qu’Axel de Fersen.

Revenu en France fin 1781, La Fayette est considéré comme un héros, mais ses opinions politiques l’éloignent de toutes responsabilités nationales.

Lambert Wilson incarne La Fayette dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette ( at the Florence Gould Theater in NYC)

Le 5 décembre 1781

La Fayette est nommé maréchal de camp dans l’armée française, à dater de la capitulation de Yorktown.

Les époux La Fayette

En 1782

Négociations secrètes entre Benjamin Franklin et lord Shelburne (1737-1805), sous-secrétaire d’Etat aux colonies.

« En janvier 1782, le comte de Grasse décide de s’emparer de Saint-Christophe avant de tenter une grande attaque sur la Jamaïque.
Le 11 janvier, il fait débarquer 6000 hommes dans l’île. L’escadre anglaise commandée par Hood arrive de la Barbade et réussit à attirer l’escadre française au large : virant de bord, elle vient ensuite occuper le mouillage que les français viennent de quitter.
Malgré tout, les troupes débarquées maintiennent leur position et assurent la possession de l’île à la France.
»

En février 1782

Le ministère de lord North est remplacé par celui de lord Ruckingham.

Le 12 avril 1782

Le marquis de Grasse est vaincu à la batailles des Saintes.

William Petty FitzMaurice , comte de Shelburne

Le 8 juin 1782

Bal donné pour Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord qui sont en séjour à Versailles.

Vers six heures un quart

Marie-Antoinette arrive, Elle est habillée dans le costume de Gabrielle d’Estrées ; un chapeau noir avec des plumes blanches, une masse de plumes de héron, rattachées par quatre diamants et une ganse de diamants, ayant pour bouton le diamant « Pitt », valant deux millions de livres ; un devant de corps tout en diamants, une ceinture de diamants sur une robe de gaze d’argent, blanche, semé de paillettes, avec des bouillons en or rattachés par des diamants.

Puis, on commence une seconde contredanse. Marie-Antoinette en dansera quatre, dont deux avec le marquis de La Fayette et des américains à qui Louis XVI parle très souvent, et que Marie-Antoinette traite avec une bonté et une préférence marquées.

Bal au XVIIIe siècle

Le 6 juillet 1782

« Pendant la guerre d’Indépendance américaine, une escadre française est envoyée dans l’Océan Indien pour récupérer les comptoirs perdus au cours de la guerre de Sept Ans. L’un des objectifs du Bailly de Suffren, chef de l’escadre, est de prendre Négapatam : la plus importante colonie hollandaise sur la côte de Coromandel.
Profitant d’un séjour de l’escadre à Gondelour, Suffren s’allie au sultan Hyder Alî – l’un des principaux opposants à l’installation du pouvoir britannique en Inde – afin d’augmenter son effectif.
Le 5 juillet 1782, l’escadre arrive en face de la rade de Négapatam où est mouillée l’escadre anglaise sous le commandement de l’amiral Hugues. Le 6 juillet au matin, les anglais sortent de la rade et engagent le combat.
Le Bailly de Suffren échoue, en partie à cause de l’indiscipline de ses troupes

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de Negapatam (1791) par le chevalier de Rossel

En août 1782

Daniel Boone (1734-1820) est vainqueur des Natifs à la bataille des lue Licks.

Le 30 novembre 1782

Traité préliminaire anglo-américain.

Le 17 février 1783

« Le 17 février 1783, les frégates la Nymphe de 36 canons et l’Amphitrite de 32 canons, sorties de la Guadeloupe pour croiser au large des îles, aperçoivent le vaisseau anglais HMS Argo de 50 canons, qu’elles prennent en chasse. Après plusieurs heures de combat, le HMS Argo doit amener son pavillon. Les frégates françaises conduisent leur prise vers la Martinique.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat du Scipion contre le London (1788) par Rossel
Le Combat de la Nymphe et l’Amphitrite contre l’Argo (1790) par Rossel

Le 19 avril 1783

Washington proclame la guerre terminée et licencie l’armée.

La Fayette et Washington (statue en bronze de Bartholdi réalisée en 1892, érigée place des États-Unis à Paris en 1895)

Le 20 juin 1783

« Il s’agit du cinquième et dernier combat de Suffren aux Indes, livré le 20 juin 1783. Après une courte et violente bataille, Suffren met en fuite l’escadre anglaise de l’Amiral Hughes et délivre Gondelour. Quelques jours plus tard, les préliminaires de paix ayant été signés, Suffren quitte l’Océan Indien à destination de la France.»

Auguste-Louis de Rossel

Le bailli Pierre-André de Suffren (1722-1788) en grand uniforme d’officier général de la Marine par Pompeo Batoni
Le Combat de Gondelour (1791) par le chevalier de Rossel

Le 30 novembre 1782

L’indépendance des États-Unis est reconnue par l’Angleterre.

En 1783

De retour en France, il apprend la reconnaissance de l’indépendance américaine par les anglais.

Image de Louis XVI, L'Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
La Fayette par Francesco Giuseppe Casanova

Le 2 août 1783

Gilbert écrit à Georgiana, duchesse de Devonshire:

« Auvergne le 2 août 1783.
Madame la duchesse
Depuis longtemps paré du titre de votre chevalier, j’ai saisi la circonstance actuelle pour bien renouveler mon hommage. En servant la liberté, j’aimais à penser qu’elle vous est chère, et la plus belle cause peut croire être embellie par votre intérêt . Celui qui m’attache à vous, Madame la duchesse, vous répond de la part que je prends à tout ce qui vous regarde, en vous en offrant l’assurance . Permettez-moi d’ajouter que votre gravure est mon plus précieux trésor, et que rien n’égale mon empressement à vous aller rappeler une ancienne promesse.  Plein de reconnaissance pour les bontés que Mme de Coigny m’a témoignées de votre part, je me sens encouragé à vous en demander la continuation, et j’ose croire inutile d’assurer Votre Grâce de l’attachement, du dévouement et  du respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Madame la duchesse,
votre très humble
 et obéissant serviteur
 La Fayette

Permettez-vous, Madame la duchesse, que milady Spencer et Madame votre sœur trouvent ici l’hommage de mon respect, et que je présente tous mes compliments à Monsieur le duc de Devonshire.»

Liselotte Pulver (Marie-Antoinette) et Albert Rémy : (Louis XVI) dans "La Fayette", réalisé par Jean Dréville en 1962. C'est un film historique et biographique qui s'attache à la participation que prit La Fayette à la Guerre d'Indépendance Américaine et à son activité politique.

Le 3 septembre 1783

Traité de paix définitif de Versailles. L’Indépendance des Etats-Unis est reconnue.

Le candélabre dit de l’Indépendance américaine Louis XVI commande en 1784 ce très riche candélabre de 70 cm de hauteur. Commandé au bronzier Pierre-Philippe Thomire en 1784, il est livré en 1785 et installé dans le Cabinet intérieur du Roi au château de Versailles

Au cours de l’été 1784

Arrivée à Paris de Thomas Jefferson (1743-1726), comme ambassadeur et le restera jusqu’en novembre 1789.

Thomas Jefferson a toujours défendu l’idée d’une république : dans la Déclaration d’Indépendance de 1776, il affirme que le pouvoir royal est tyrannique. En fréquentant la Cour de Versailles, il critique la monarchie absolue de Louis XVI.

Charlotte de Turckheim et Michael Lonsdale sont Marie-Antoinette et Louis XVI dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory

Il soutient les valeurs de liberté et d’égalité dans ses œuvres et dans sa correspondance. Jefferson veut limiter les pouvoirs du président : en 1787, il souhaite restreindre son mandat à sept ans non renouvelables.

Nick Nolte est Thomas Jefferson dans le film d’Ivory. Gwyneth Paltrow est sa fille, Patsy

Il est opposé à tout faste cérémonial qui rappellerait la monarchie : lorsqu’il sera président, il refusera toujours de prononcer en personne le message annuel au Congrès, parce que cela lui rappellerait le discours du trône du Roi d’Angleterre.

Nick Nolte (Thomas Jefferson) et Lambert Wilson ( Gilbert de La Fayette ) dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Thomas Jefferson

En 1801, Jefferson sera élu troisième président des Etats-Unis d’Amérique.

Rencontre entre La Fayette et Washington à Mount Vernon en 1784

En 1784

Il accepte l’invitation de Washington à lui rendre visite. Ce sera un voyage triomphal dont les échos renforceront sa popularité en France.

« Quel est donc cet homme qu’une révolution n’a pu grandir, que le malheur n’empêche point d’être mépri­sable ?
Parcourons rapidement les traits de ce héros sans masque et sans échasses, et faisons-le descendre à sa vraie dimension. En vain j’étendrais le tableau, l’homme se raccourcirait toujours ; mais qu’on me pardonne quelques détails. Il ne faut souvent qu’un trait pour peindre les grands hommes, il en faut une infinité pour peindre les petits.
Quand La Fayette paraissant faire un usage héroïque de son nom, de sa fortune et de sa jeunesse, partit pour l’Amérique, il emporta avec lui cette espèce d’intérêt vulgaire qu’on accorde aux nouveautés.
De retour en France, La Fayette trouva une réputation toute faite et il en prit l’investiture. Il eut pour lui les femmes, qui cherchent si souvent la gloire dans le bruit, la profondeur dans le silence, la bravoure dans le maintien, et la raison de tout dans la mode.
Il cachait depuis quatre ans sa sourde ambition sous l’hypocrite éclat de quelques galanteries, lorsque les embarras du gouvernement lui donnèrent les plus grandes espérances. On assembla les notables ; mais, ô douleur ! La Fayette fut oublié. Aussitôt le ministre est entouré des manœuvres de l’intrigue et des supplications de la beauté. Plus occupé des personnes que des choses, M. de Calonne ne résista pas, et répara malheureusement la faute qu’il n’avait pas faite. On sait comment M. de La Fayette se fit aussitôt une vertu de l’ingratitude et s’arma contre le crédule ministre de toute la force des circonstances.
L’archevêque de Sens ayant rapidement conduit la France au bord des états-généraux, La Fayette brigua l’honneur de représenter un coin du royaume, et offrit de le sauver tout entier. Une foule de jeunes gens que son exemple avait attirés en Amérique, et qui en avaient apporté comme lui l’inoculation de la démocratie, entrèrent aussi aux états-généraux, ayant tous des idées neuves, tous certains de régénérer la nation, en guettant comme lui l’occasion de semer la république en France. 
Les états-généraux s’assemblent ; le roi peint en peu de mots la détresse des finances ; M. Necker parle longuement de la vertu et l’Assemblée perd en un jour l’espoir d’être corrompue et la crainte d’être réprimée…
Si La Fayette eût reçu de la nature un cœur droit ou du moins un esprit un peu vaste, il aurait songé d’abord à ralentir et à diriger la violente marche de l’insurrection ; mais, au contraire, il l’excite, il la justifie, que dis-je ? il la sanctifie en prononçant avec emphase cette maxime qui sera sa sentence : « L’insurrection est le plus saint des devoirs. »
Tel est en effet le caractère de La Fayette : dans ses principes le côté faux lui paraît toujours le côté neuf ; dans ses actions, il croit saisir le coin de grandeur, quand il a saisi le côté atroce. Ce qui le prouve, c’est l’horrible sang-froid avec lequel il contemple le long martyre de Foulon, et sa dernière parole en voyant l’infortuné Berthier sous la garde de huit soldats au travers de vingt mille assassins : « Ne faites pas, disait-il, de violence au peuple. »
Partout il justifie la force quand il pourrait fortifier la justice.
De jour en jour, il adule plus bassement le peuple. Il dit et écrit aux portefaix de Paris : « Exécuter vos ordres, mourir s’il le faut pour obéir à vos volontés, tel est le devoir sacré de celui que vous avez daigné nommer votre commandant général. »
… À la suite des mesures de contrainte prises envers le roi après la fuite à Varennes, l’Europe s’indigne et l’Assemblée s’effraie ; elle sent la nécessité de sauver le monarque, et le danger de pousser le peuple. Il est temps de donner une base et un terme à ses travaux ; elle arrête elle-même sa marche triomphale ; on décrète que le chef-d’œuvre de la Constitution sera présenté au roi, qu’il le signera sous peine du trône et de la vie.
La Fayette est assuré d’avoir dégoûté Louis XVI d’un nouveau départ ; et, voulant rester le maître du roi et de la Constitution, embrasse aussitôt le parti dominant dans l’Assemblée Nationale. Mais ce nouvel esprit de nos législateurs ne se communique pas, même à la dixième partie des fauteurs de la révolution ; la grande majorité murmure, elle se plaint qu’on l’ait poussée depuis plus de deux ans à la démocratie par tant de harangues, d’arguments et de crimes, pour tomber enfin dans une espèce de monarchie. L’anniversaire de la Fédération arrive, et cette époque ajoute aux moyens des mécontents et aux perplexités de l’Assemblée nationale ; car déjà le peuple est au Champ de Mars, il y est tout entier, il étend déjà la main sur l’autel de la Patrie ; il prête et reçoit des serments. À quels signes faudra-t-il donc reconnaître la souveraineté ? Lorsque au mois de juillet 1789 son insurrection contre le roi fut légitimée, avait-elle un si grand caractère ? L’Assemblée délibère, entre la souveraineté de ce peuple et la Constitution ; elle ose se décider pour son ouvrage contre ses souverains (car il faut ici parler son langage) ; la loi martiale est décrétée et La Fayette est chargé de ce périlleux ministère. Il hésite, il avance, il recule entre deux abîmes ; le premier coup de fusil parti sans son ordre a semé au Champ de Mars les dents du dragon. Ici commence un nouvel ordre de choses.
Le Corps législatif a perdu l’idolâtrie des peuples ; effrayé d’avoir enfanté ce qu’il n’a pas conçu, il précipite sa fin et brise, avant de se dissoudre, le sceptre de général dans les mains de La Fayette.
Ce que l’Assemblée n’a pas conçu et qu’elle a pourtant enfanté, c’est la secte dominante des Jacobins. Déjà les tribunes fourmillent et règnent partout sur les assemblées, comme les clubs sur les municipalités et le directoire, comme les bonnets sur les chapeaux. Déjà les piques se dressent fièrement entre les armes de ligne et les fusils de la milice bourgeoise. La nation subit la dernière métamorphose, et l’esprit de la révolution l’emporte d’un bout de la France à l’autre sur la lettre de la Constitution… (La Fayette) s’est caché dans ses terres, non pour jouir en paix du spectacle de cette liberté et de cette égalité qui lui ont coûté tant de crimes, mais pour échapper aux jacobins de Paris, pour briguer les voix des provinces, et se tendre encore redoutable ; aussi, dès qu’on songe à la guerre, obtient-il une armée. Il va camper aux frontières du Nord, où ce général n’expose que sa réputation et ses amis.
Enfin les jacobins, soit satiété, soit ennui des malheurs de la monarchie, se font les instruments de la Providence. Ils demandent à grands cris la tête de tous les députés constitutionnels et mettent un prix à celle de La Fayette. La nouvelle Assemblée décrète leur sentence.
Ce général, qui n’avait pas quitté son armée quand elle immolait Foulon, Berthier et les gardes du corps, quand elle menaçait les jours de Leurs Majestés, la quitte quand il est menacé lui-même ; il fuit. Il disparaît de la scène de la révolution, comme un héros de théâtre qui tombe et finit avant la pièce, se faisant un bouclier de ce nom d’émigré, dont il a fait un crime capital à tant de malheureux français.»

Antoine de Rivarol extrait de«La vie publique, de la fuite et de la captivité de M. de La Fayette».

Elsa Zylberstein est Adrienne de La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory
Adrienne de La Fayette

En 1785

La Fayette, de retour de la guerre d’Indépendance américaine, milite en faveur de « l’émancipation » des protestants français. Il entre en contact avec le nouveau député général des Églises du Désert, le pasteur Rabaut Saint-Étienne, qui, par son intermédiaire, rencontre le ministre d’État Malesherbes, favorable de longue date à l’idée d’un mariage civil pour les protestants.

La comtesse de Simiane, dame pour accompagner de la comtesse de Provence. Elle fut la maîtresse de La Fayette.

En 1786

Le général La Fayette devient le marquis de Langeac après l’achat de ses terres. Chaque année à la fin du mois de juillet, la ville de Langeac retrouve l’ambiance d’une citée du XVIIIe siècle lors de la « belle journée ».

Le château de Langeac

Le 8 août 1788

Louis XVI convoque les États-Généraux pour le 1er mai 1789.

Le 11 février 1789

Au n°177 passage de Valois s’ouvre un nouveau club. L’abbé Sieyès (1748-1836) a rassemblé dix amis qui, de leur côté, en ont choisi dix autres, ce qui élève à cent le nombre des membres de cette société. On en prévoit le double pour la prochaine réunion. Il réunit, pour débattre des questions du jour, des représentants de la noblesse libérale et de la grande bourgeoisie parmi lesquels on remarque La Fayette, Talleyrand, les frères de Lameth, Chamfort et Condorcet.

Le 17 avril 1789

La Fayette se fait élire -de justesse tant ses propos effraient ses pairs- député de la noblesse d’Auvergne aux Etats généraux. Mais il est furieux d’être soumis au mandat impératif , attaché à son ordre , de maintenir le principe du vote par ordre.

Il a dû crier bien fort car voilà qu’on l’accuse de prêcher la révolte.

« Il faut être bien abominable, s’écrie-t-il, pour dire qu’à la veille des Etats généraux, celui qui le premier les a demandés a l’infâme projet de bouleverser le royaume et d’y mettre le feu.»

Attaqué de toutes parts, La Fayette n’obtient guère de réconfort auprès de ses amis américains : Jefferson lui écrit qu’il commence à être «très inquiet» pour lui. Quant à Gouveneur Morris (1752-1816) , qui se dit «opposé à la démocratie par amour de la liberté», il estime que les projets de La Fayette sont «incompatibles avec les éléments qui composent la nation française»…

Le marquis serait-il plus démocrate que ses amis républicains?

« La Fayette est en ce moment aussi envié, aussi haï qu’il n’a jamais pu le désirer.»

Morris à Washington 

Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux à Versailles.

Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.

Lambert Wilson est La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)
Ouverture des Etats Généraux

Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…

Jean-François Balmer est Louis XVI dans Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Sam Neill y est La Fayette

Gilbert de La Fayette est le député de la noblesse de Riom.

Sam Neil est La Fayette dans Les Années Lumière de Robert Enrico

Le 20 juin 1789

Serment du Jeu de paume

Tableau de Jacques-Louis David

Le 23 juin 1789

Mirabeau fait une réponse au marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, venu apporter l’ordre de dissolution de l’Assemblée constituante signé par Louis XVI :

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes».

Peter Ustinov est Mirabeau dans Les Années Lumière de Robert Enrico

Le 27 juin 1789

A Versailles, la nouvelle de l’acceptation par le Roi de la réunion des Trois Ordres en Assemblée nationale amène le peuple fou de joie, à envahir les cours du château où, sur la terrasse de Midi la Reine présente le nouveau Dauphin, Louis-Charles.

Le 11 juillet 1789

Renvoi de Necker

Le 13 juillet 1789

La Fayette est élu vice-président de l’Assemblée.

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

La prise de la Bastille dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Réveillé dans la nuit par le duc de la Rochefoucault  qui l’informe de la situation, le Roi interroge :

«C’est une révolte?
_Non, sire! C’est une révolution !»

Jean-François Balmer en Louis XVI et Yves-Marie Maurin en duc de La Rochefoucauld-Liancourt (La Révolution française, Les Années Lumière de Robert Enrico, 1989)

Le 15 juillet 1789

Rappel de Necker sous la pression populaire.

La Fayette est nommé général de la Garde Nationale, milice bourgeoise qui vient d’être créée et fait adopter la cocarde tricolore…

La Fayette est nommé commandant de la Garde Nationale
La Fayette, chef de la garde nationale, inaugure la cocarde tricolore et déclare : "Cette Cocarde fera le tour du monde." Illustration de Jacques Onfroy de Bréville publiée dans Les mots historiques du pays de France, par E. Trogan (1896)
Lambert Wilson dans Jefferson à Paris (1995) on loue en chantant la prise de la Bastille chez les La Fayette
La France soutenue par messieurs Bailly et La Fayette sort glorieuse du tombeau creusé par le despotisme ministériel
Le marquis de La Fayette par Joseph-Désiré Court

Le 17 juillet 1789

Craignant de ne pas revenir , Louis XVI a nommé Monsieur lieutenant général du royaume avant de quitter Versailles.

Réception de Louis XVI à l’Hôtel de Ville de Paris. A son arrivée, Bailly lui a remis une cocarde tricolore, le nouveau signe de ralliement des Français imaginé par La Fayette. Très ému, le Roi le fixe sans mot dire à son chapeau avant de pénétrer dans l’édifice. 

Louis XVI à l'hôtel-de-ville de Paris. Peinture monumentale de Jean-Paul Laurens (vers 1887)

A son arrivée, Bailly lui remet une cocarde tricolore, le nouveau signe de ralliement des Français imaginé par La Fayette. Très ému, le Roi le fixe sans mot dire à son chapeau avant de pénétrer dans l’édifice.

Xavier Beauvois est Louis XVI dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Louis XVI (Jean-François Balmer) et La Fayette (Sam Neill) dans Les Années Lumières
Image de l'Eté de la Révolution
Sam Neill est La Fayette dans Les Années Lumières (1989) de Robert Enrico

La nuit du 4 août 1789

Abolition des privilèges.

La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Sam Neill dans Les Années Lumières (1989)

À partir de 1789, La Fayette signe ses courriers « Lafayette » en un seul mot, en réaction contre le système nobiliaire abattu par la révolution. C’est cette graphie qui est utilisée par ses contemporains jusqu’à sa mort.

Le 19 août 1789

Sous la présidence de Stanislas de Clermont-Tonnerre, l’Assemblée nationale constituante examine rapidement les projets de Déclaration des droits qui lui ont été précédemment présentés : les projets de La Fayette et de l’abbé Sieyès récoltent des voix, mais c’est le projet qui avait « paru sous le nom de sixième bureau » qui l’emporte. La discussion de ce projet commence dès le lendemain et se termine le 26 août : six jours de discours, de réflexions, de suggestions qui allaient aboutir à un texte fondamental, dans lequel Michelet reconnaît « le vrai génie de la Révolution » et dont l’influence nationale et internationale n’est contestée par aucun historien.

Le 26 août 1789

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Elsa Zylbertein interprète Adrienne de La Fayette dans Jefferson à Paris (1995)

Le 1er octobre 1789

Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.

Image des Années Lumière (1988) de Robert Enrico

Le peuple croit à une orgie antidémocratique…

L’air «Ô Richard, ô mon Roi, l’univers t’abandonne», tiré d’un opéra de Grétry, est chanté par les soldats. Il devient un signe de ralliement royaliste.

Le 5 octobre 1789

Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…

Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

La nuit tombe. On apporte au Roi de graves nouvelles : La Fayette (1757-1834) marche sur Versailles avec 30 000 gardes nationaux. Du coup, M. de Saint-Priest (1735-1821), ministre-secrétaire d’État de la Maison du Roi, revient à la charge et supplie le Roi de suivre ses conseils, de partir pour Rambouillet… Mais il est déjà trop tard : la grille des grandes écuries vient d’être forcée et la foule s’est jetée sur les voitures, coupant les harnais et s’emparant des chevaux.

A minuit

La Fayette, parti de Paris à cinq heures de l’après-midi, est enfin annoncé : «Sire, j’ai pensé qu’il valait mieux venir ici, mourir aux pied de Votre Majesté, que de périr inutilement place de Grève.» 
  Et Marie-Antoinette de rétorquer : «Monsieur de La Fayette veut nous sauver, mais qui nous sauvera de Monsieur de La Fayette?»

Le général se présente seul avec les deux commissaires de la commune à la grille cadenassée du château. On finit par lui ouvrir et, tandis qu’il traversait l’Œil-de-bœuf, un courtisan s’écrie : « Voilà Cromwell ! — Monsieur, lui répondit La Fayette, Cromwell ne serait pas entré seul ! »

Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
Image de l'Enfant-Roi de Jean Kemm

Après une entrevue assez pénible avec le souverain, il rentre, épuisé de fatigue, à son hôtel de Noailles et passe sa nuit à préparer l’action de ses troupes pour la journée du lendemain. Pendant ce travail, il se livre aux mains de son valet de chambre, afin que celui-ci répare le désordre de sa coiffure. Toujours le marquis républicain.

A deux heures du matin

«La Reine me fit dire à deux heures du matin qu’elle allait se coucher et qu’elle me conseillait d’en faire autant.»

Madame de Tourzel

Image des Années Lumière de Robert Enrico

Tout le monde décide d’aller se coucher… Le château s’assoupit pour quelques heures…

Le 6 octobre 1789

Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée.

Bravoure des femmes parisiennes aux journées des 5 et 6 octobre 1789 à Versailles - Musée Carnavalet
Assaut du château par l’escalier de la Reine dans Les Années Lumières (1989)
Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

Les assassins n’ont plus que deux pièces à traverser  pour atteindre la chambre de la Reine: la Salle des Gardes et le Salon où l’on dresse habituellement le grand couvert, celui de la Reine.

Les femmes de la suite de la Reine, Mesdames de Jarjayes,  Thiebault et Auguié ( la sœur de Madame Campan), qui ont veillé toute la nuit, ferment à double tour les portes de la Salle des Gardes et des deux Antichambres, avant de réveiller la Reine. qu’elles arrachent à demi-vêtue (Madame Thiebault Lui passe une jupe et Elle se trouve dans l’appartement du Roi en tenue du matin très modeste… Elle se changera pour partir vers Paris) . et Lui font emprunter, en toute hâte, le passage secret à la tête du lit de Sa chambre officielle qui conduit chez le Roi.

Jane Seymour est Marie-Antoinette dans Les Années Lumières de R. Enrico (1989)
Le matin du 6 octobre 1789 par Benjamin Warlop

A sept heures du matin

Toute la Famille Royale finit enfin par se retrouver dans la chambre de parade du Roi, qui donne sur la cour de marbre envahie par la populace…

Arrive La Fayette _ qu’il a fallu réveillé, ce qui lui vaudra le surnom de Général Morphée…_ qui conseille au Roi de se présenter au balcon.

Arrivée de la garde nationale et de La Fayette dans Les Années Lumière (1989)
Sam Neill est La Fayette dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Sans hésiter, alors que quelques balles viennent encore de frapper, Louis XVI fait ouvrir les fenêtres et se montre. Il est acclamé mais perçoit des cris : «A Paris! A Paris! » La consigne semble venir de Marat qui fait partie de la foule… 

Image de Louis XVI, L'Homme qui ne voulait être Roi (2011) de Thierry Binisti

Le Roi est contraint d’accepter et il rentre.

On perçoit le duc d’Orléans, en frac gris, cocarde tricolore au chapeau, il se promène sur la place d’Armes en compagnie de son ami le duc de Lauzun devenu depuis peu duc de Biron mais resté un des héros d’Amérique.

Image de Louis XVI, l’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
François Dunoyer est La Fayette dans Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc

Soudain une clameur s’écrit «La Reine au balcon! »… la rumeur de Sa fuite envahit la populace… Marie-Antoinette prend le Dauphin dans Ses bras et Sa fille par la main, et majestueuse , Elle s’avance devant l’adversité …

Un cri jaillit : «Point d’enfants!», d’un geste Elle repousse Louis-Charles et Marie-Thérèse…

Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
Andrée Lionel est Marie-Antoinette dans l'Enfant-Roi (1923)

Elle voit se braquer les fusils. Imperturbable, Elle plonge en une révérence dont Elle a le secret…

Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

 On La tire vers l’intérieur, La Fayette, qu’Elle n’aime guère _ et c’est réciproque_ ose La questionner :

« Quelle est l’intention de Votre Majesté?                              
-Je sais le sort qui m’attend, mais mon devoir est de mourir au pied du Roi, et dans les bras de mes enfants.    
– Eh bien, Madame, venez avec moi.                                        
-Dussé-je aller au supplice, j’y vais.»

La fille des Césars se retrouve sur la scène que forme le balcon avec Gilles César qui apostrophe la foule :

« La Reine reconnaît qu’Elle a été trompée, mais déclare qu’Elle ne le sera plus, qu’Elle aimera Son peuple et lui sera attachée comme Jésus-Christ à son Église.»

Guy Tréjean est La Fayette dans Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

En signe de probation la Reine lève deux fois la main… mais ne lui pardonnera jamais!

A madame Necker, Elle confie : 

« Ils vont nous forcer, le Roi et moi, à nous rendre à Paris  avec la tête de nos gardes du corps portées au bout de leurs piques!»

Madame Necker et la Reine dans Louis XVI, l'homme qui ne voulait pas être Roi de Thierry Binisti

A nouveau les hurlements s’élèvent : «A Paris! A Paris!»  

Louis XVI se montre au peuple, l’apaise de la main et d’une voix ferme :

« Mes amis, j’irai à Paris avec ma femme et mes enfants: c’est à l’amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j’ai de plus précieux.   »

La famille royale et La Fayette au balcon de la chambre du Roi à Versailles, le 6 octobre 1789 (film Marie-Antoinette par Jean Delannoy, 1956)
La famille royale au balcon de la cour de marbre le matin du 6 octobre 1789 dans L'Enfant-Roi de Jean Kemm

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Départ du Roi de Versailles, par Joseph Navlet
Image de Jefferson à Paris (1996) de James Ivory
Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

L'arrivée de la famille royale à Paris le soir du 6 octobre 1789
Les Tuileries dans Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

Après les journées d’octobre 1789

La Fayette devient commandant des troupes de Paris. Partisan d’une révolution modérée, soucieux du respect de l’ordre, fidèle au Roi, mais promoteur d’une monarchie constitutionnelle.

Le 19 octobre 1789

A regret, la Reine renonce à un projet de fuite que Lui proposait Son secrétaire des commandements, Augeard, marquis de Buzancy (1732-1805). Déguisée en gouvernante, Elle devait gagner l’Autriche avec Ses deux enfants pour demander asile à Son frère. Mais le plan prévoyant que Louis XVI ne serait pas averti de Sa fuite, la Reine ne peut y consentir.

«Mon devoir, a-t-Elle tristement déclaré à Augeard, est de mourir aux pieds du Roi

Louis XVI par Charles-Gabriel Lemmonier (1743-1824)

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) verra-t-il La Fayette comme «le plus précoce, le plus intrépide et le plus honnête assaillant de l’Ancien Régime.» La duchesse d’Angoulême, Madame Royale dira pourtant : 

« Si ma mère eût pu vaincre ses préventions contre Monsieur de La Fayette, si on lui eût accordé plus de confiance, mes malheureux parents vivraient encore.»

Les Tuileries

Pendant près de trois ans, le château va servir de cadre quotidien à Louis XVI et à sa famille. Pour assurer la sécurité, le château est constamment gardé par un bataillon de six cents gardes nationaux commandé par le marquis de La Fayette.

L’étiquette se relâche rapidement, quelque peu rythmée par la cérémonie du grand lever, la messe publique et le grand couvert organisé dans la Galerie de Diane le mardi et le dimanche. Mais aucun concert ni spectacle ne se déroule au château et la vie de cour ne rappelle en rien celle que les souverains ont connue à Versailles avant la révolution. Les protocole est simplifié. Louis XVI et Marie-Antoinette se retranchent sur une vie familiale plutôt bourgeoise.

Au moment de l’installation de la famille royale, il est décidé que seules les personnes possédant une carte pourront pénétrer dans les jardins. Le voyageur anglais Arthur Young raconte que « Le Roi se promenait avec six grenadiers de la milice bourgeoise, un officier ou deux de sa maison et un page. Les portes du jardin étaient tenues fermées par respect pour lui, afin d’exclure toute personne autre que les députés et ceux qui avaient des cartes d’entrée ».

Afin de permettre au Dauphin et à sa soeur de promener en plein aire en toute sécurité, un enclos est installé sur la terrasse des feuillants. Il est doté d’une volière, d’un bassin et d’un petit pavillon abritant un billard.

Gilbert du Motier, marquis de La Fayette

Le 13 octobre 1789

Madame Elisabeth  écrit à la marquise de Bombelles, son amie : 

« Il n’y a à Paris que le Roi, la Reine, Monsieur, Madame, les enfants et moi. Mes Tantes sont à Bellevue. Mon appartement donne dans la cour. Le mercredi, il s’assembla beaucoup de monde sous mes fenêtres, qui demandèrent le Roi et la Reine. Je les fis chercher. La Reine parla parla avec toute la grâce que vous lui connaissez. Cette matinée fut très bien pour elle. Toute la journée, il fallut se montrer aux fenêtres ; la cour et le jardin ne se désemplissait pas. A présent, il y a moins de monde ; la garde nationale y a mis ordre. Le jeudi, il y eut un peu de bruit au Mont-de-Piété, parce que l’on avait mis dans les papiers publics que la Reine avait dit qu’elle payerait tout ce qui serait au-dessous d’un louis. C’était l’affaire de trois millions. Vous jugez dans quelle intention ce bruit avait été répandu. Il est impossible de mettre plus de grâce et de courage que la Reine n’en a mis depuis huit jours. Tout est tranquille ici. Je m’y plais bien plus qu’avec les gens de Versailles. M. de La Fayette s’est parfaitement conduit ; la garde nationale aussi. Tout est tranquille. Le pain est en abondance. La cour est établie presque comme autrefois : on voit du monde tous les jours. Il y a eu jeu dimanche, mardi et jeudi ; dîners en public dimanche et jeudi, et peut-être grand couvert dimanche.»

Novembre 1789

C’est souvent un petit bourgeois, et moins encore, qui occupe près du Roi les fonctions de capitaine des gardes :

Service de la garde nationale au château des Tuileries auprès de la Famille Royale

Le Roi est toujours suivi, lorsqu’il sort, même pour aller à la Chapelle, d’un chef de division de la garde nationale. La Reine et le Dauphin sont suivis aussi, chacun, par un commandant de bataillon ; Madame Royale et Madame Elisabeth par des capitaines. Devant les portes des chambres du Roi et de la Reine, les gardes nationaux, qui veillent la nuit comme le jour, mettent des matelas pour y passer la nuit.

Service au château des Tuileries

Chaque bataillon de la garde nationale de Paris monte la garde aux Tuileries pendant vingt-quatre heures. Chaque commandant de service, auprès du Roi, de la Reine et du Dauphin, vient prendre l’ordre en arrivant, dans le cas où ils voudraient sortir. Les capitaines en font de même auprès des autres membres de la Famille Royale.

La présence de La Fayette et de ses troupes aux Tuileries est étouffante pour la famille royale.

En décembre 1789
 
On craint que le défaut d’exercice ne devienne nuisible à Louis XVI. On souhaite pour la conversation de sa santé qu’il reprenne l’habitude de la chasse. Le marquis de La Fayette renouvelle, au Roi, d’aller chasser au bois de Boulogne. Mais, Louis XVI ne veut pas déranger un si grand nombre de personnes et fait le sacrifice de sa santé. En effet, le Roi serait escorté, pour assurer sa sécurité, du marquis de La Fayette avec l’élite des troupes nationales.

Le 12 décembre 1789

Jean-Paul Marat (1743-1793) est arrêté pour les appels à la violence qu’il publie, mais il est relâché grâce à la protection de La Fayette.

Le général La Fayette
Image de Marie-Antoinette (1956) de Guy-André Lefranc
Buste de La Fayette (1757-1834) d’après Jean-Antoine Houdon ; moulage en plâtre, 1790

Début 1790

Le marquis de La Fayette souhaite voir le comte d’Esterházy qui vient de s’installer à Paris en ce début d’année 1790. Ce dernier y consent après avoir obtenu l’agrément du Roi et de la Reine. L’entrevue a lieu chez madame du Châtelet. Le marquis de La Fayette cherche à justifier sa conduite et assure le comte d’Esterházy de son attachement à Louis XVI et à Marie Antoinette. il l’assure également de son désir de voir l’ordre établi. A la fin de l’entretien, le marquis de La Fayette donne rendez-vous au lendemain au comte d’Esterházy. A l’issu de l’entretien, le jour même, le comte d’Esterházy se rend au château des Tuileries et rend compte à Louis XVI qui l’approuve et lui ordonne de retourner le lendemain au nouveau rendez-vous.

Le lendemain, le comte d’Esterházy se rend au rendez-vous où le marquis de La Fayette présente un document dans lequel figure plusieurs dispositions pour le partage de l’autorité entre le Roi et la nation. Le marquis de La Fayette désire que le Roi en soit informé et y met son consentement. Le comte d’Esterházy remet au Roi le document. Le Roi le trouve trop vague ; il veut un document plus précis.

Valentin d'Esterházy par Benjamin Warlop

Deux jours plus tard, après avoir connu la volonté du Roi, le marquis de La Fayette veut avoir une conversation avec Marie-Antoinette ; il sera averti par un billet du comte d’Esterházy de son acceptation. Louis XVI assiste à l’échange, mais ne veut pas signer son approbation au bas du document. Néanmoins, il s’engage aux rappels que l’Assemblée nationale, par ses décrets, confirmerait les propositions que fait le marquis de La Fayette, mais non auparavant.

Mardi 9 février 1790

Le Roi, la Reine et le Dauphin sont venus à la cathédrale, sans gardes et sans aucune suite. Ils sont descendus de voiture à la porte de l’église. Louis XVI et Marie Antoinette tiennent la main de M. le Dauphin. Le peuple, attendri et plein de joie, répète mille fois : « Vive le Roi, vive la Reine, vive M. le Dauphin. » Louis XVI contemple son peuple, et des larmes se sont échappées. Le peuple crie une seconde fois : « vive la Reine ». Alors  le Dauphin se met à claquer des mains. Le Roi et la Reine entendent ensuite la messe à l’autel de la vierge.
Après la messe, le Roi, la Reine et le Dauphin se sont rendus aux Enfants Trouvés ; ils se sont ensuite retirés, à douze heures, accompagnés de Monsieur Bailly et du marquis de La Fayette.

La Fayette refuse alors de devenir le commandant de toutes les gardes nationales du Royaume.

A la fin mars 1790

Il y a chez le duc de Liancourt, Grand Maître de la Garde-Robe du Roi et député à l’Assemblée nationale, une réunion de cinquante-deux personnes pour aviser au moyen de sauver l’Etat. Ils sont tombés d’accord sur la nécessité de nommer un Lieutenant Général du Royaume. Quelques voix sont allées à Monsieur frère du Roi, le plus grand nombre au duc d’Orléans et au marquis de La Fayette, pas une au comte d’Artois.

Été 1790

La famille royale est autorisée à séjourner à Saint-Cloud.

Le 11 juin 1790

La Cour s’installe au château de Saint-Cloud, chacun occupe son logement ordinaire: les Enfants de France et la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, au rez de chaussée du corps central donnant sur le jardin de l’orangerie; Madame Elisabeth, au rez de chaussée donnant sur le jardin, à proximité du vestibule; Louis XVI, au premier étage, donnant sur le bassin du fer à cheval; et Marie Antoinette, au premier étage, donnant sur la cour d’honneur.

Le marquis de La Fayette dispose aussi d’un logement, mais ne l’occupe pas et retourne coucher chaque soir à Paris.

Des bruits courent selon lesquels Elle projette de s’évader…

Le château de Saint-Cloud

Durant le séjour de Saint-Cloud

Louis XVI, Marie Antoinette et les Enfants de France vont régulièrement chercher des fraises dans les bois, et ne rentrent qu’à huit ou neuf heures du soir. De son côté, pour ce séjour à Saint-Cloud, Louis XVI obtient de sortir sans garde et d’être seulement accompagné d’un aide de camps de Monsieur de La Fayette.

Louis XVI décide de ne plus souper seul avec sa famille. Il y aura donc chaque jour une table de vingt à vingt-six couverts. Ces soupers ont lieu dans la salle du grand couvert, et en public. Mesdames et quelques courtisans sont scandalisés.

La marquise de La Fayette par Adélaïde Labille-Guiard, 1790

Le 19 juin 1790

Les députés décrètent la suppression de noblesse héréditaire. Les titres et les armoiries ne pourront plus être transmis de père en fils.

« Ne reconnaissons d’autres distinctions que celles des vertus. Dit-on le marquis Franklin? Le comte Washington?»

Le vicomte de Noailles

Le dimanche 20 juin 1790

La Cour quitte le château de Saint-Cloud pour les Tuileries.

A partir du 1er juillet 1790

Les travaux de la première fête nationale ne commencent que le 1er juillet 1790, avec 1 200 ouvriers. Il faut terrasser et transformer en un vaste cirque le Champs-de-Mars qui, à l’époque, n’est qu’un terrain de manœuvres au milieux des champs, servant à l’Ecole militaire.  Ils sont nourris, mais mal payés et, quand on leur reproche leur lenteur, ils menacent de quitter le chantier.  On fait alors appel à la bonne volonté des Parisiens. Ils répondent en masse, la légende veut même que tout Paris dans sa diversité sociale est présent. Même Louis XVI vient de Saint-Cloud donner un coup de pioche.

Le 3 juillet 1790

Dans les jardins du château de Saint-Cloud, Marie-Antoinette rencontre le marquis de Mirabeau qui Lui expose son plan pour sauver la monarchie.

Le 12 juillet 1790

Constitution civile du clergé.

Préparatifs de la fête de la Fédération dans Les Années Lumière de Robert Enrico

Le 14 juillet 1790

Fête de la Fédération

Le 14 juillet, tout est prêt, y compris un Autel de la Patrie et un arc de Triomphe construit pour l’occasion à l’emplacement actuel de la Tour Eiffel. Les fédérés de toutes la France défilent dessous avec leurs tambours et leurs drapeaux ; ils étaient 100 000 (selon les syndicats et 50 000 selon la police – on trouve les deux chiffres dans les sources). La foule des Parisiens prirent place sur les talus que l’on avait élevés autour de l’esplanade. Louis XVI prit place dans le pavillon dressé devant l’École militaire.

La Fayette est alors le premier à prêter serment, au nom des gardes nationales fédérées :

« Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l’intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu’elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité. ».

La Fayette devient le personnage le plus considéré de France (la fête de la fédération marque le zénith de sa carrière politique).

Puis c’est au tour du président de l’Assemblée de prêter serment au nom des députés et des électeurs.

 Le Roi, la Reine et le Dauphin prêtent à leur tour le serment de fidélité aux lois nouvelles.

Et enfin, c’est au tour du reste des participants et de la foule de le prononcer « à l’heure de midi, de concert et au même instant par tous les habitants et dans toutes les parties du royaume ».

C’est bien plus tard, le 6 juillet 1880, que le 14 juillet deviendra officiellement jour de la Fête nationale française, sur proposition du député Benjamin Raspail.

Georges Washington de La Fayette à onze ans, peint sur Le serment de La Fayette à la fête de la Fédération (14 juillet 1790).

Le 31 août 1790

Bouillé réprime une révolte de la garnison contre les officiers à Nancy.

En novembre 1790

La Fayette, qui rêve d’une monarchie constitutionnelle, cherche à se débarrasser de Marie-Antoinette, qu’il considère comme un fardeau, du fait de Son impopularité en France. Une fois Marie-Antoinette envolée, rêve-t-il, la monarchie constitutionnelle aura de beaux jours devant elle…

Tabatière figurant Louis XVI et le marquis de La Fayette

La Fayette va ainsi jusqu’à échafauder le projet de faire divorcer Louis XVI et Marie-Antoinette. Afin d’intimider la Reine et La forcer à accepter de divorcer, La Fayette use de chantage et La menace de La « rechercher en adultère ». Cela pourrait avoir la conséquence d’enfermer la Reine dans un couvent , après L’avoir tondue… à l’instar de la Reine Marguerite de Bourgogne (1290-1315), prise en flagrant délit d’adultère dans la Tour de Nesle, elle fut enfermée dans la forteresse de château-Gaillard.

S’il amuse le général de menacer la Reine, il pourrait être pris à son propre jeu et être traité comme le furent les frères d’Aunay au XIVe siècle, si l’on doit croire les rumeurs et les pamphlets :

Le 9 novembre 1790

« Il (La Fayette) a employé les moyens les plus odieux pour jeter le trouble dans son âme et il a été jusqu’à lui dire que, pour obtenir le divorce, on la rechercherait en adultère. La reine a répondu avec la dignité, la fermeté et le courage que vous lui connaissez…»

Extrait d’une correspondance de Lamarck à Mercy-Argenteau 

Caricature sur les amours prétendues de la Reine et de La Fayette
Cette brochure présente La Fayette comme l'amant de la Reine....

Il semble donc judicieux au général d’oublier ce projet. Rappelons ce que fut le supplice des amants de la Reine Marguerite et de sa sœur :

 « Les « deux jeunes et beaux chevaliers » furent roués vifs, écorchés vifs, émasculés, épandus de plomb soufré en ébullition, puis décapités, traînés à travers rues, et pendus au gibet y pourrissant durant des semaines. Leurs sexes, instruments du crime, sont jetés aux chiens. « Jamais corps n’auront autant souffert. »

La Chronique

Si la Reine avait fauté, selon les pamphlets, il n’y aurait pas été étranger … à lire ce souvenir de 1314, il avait de quoi modérer ses propos.

Courant novembre jusqu’au 8 décembre 1790

Séjour de la famille royale au château de Saint-Cloud.

Le château de Saint-Cloud

Le 26 décembre 1790

Le Roi sanctionne le décret sur la Constitution civile du clergé.

Le 1er janvier 1791

Projet d’évasion de la famille royale (plan de Fersen, Bouillé et Breteuil) …

 Le 28 février 1791

La Fayette repousse à Vincennes des émeutiers et sauve ainsi de la destruction, le donjon du château

Le marquis de La Fayette (1790) par Joseph Boze

Le 28 mars 1791

Mirabeau tombe malade…

Le 31 mars 1791

La Fayette est appelé au chevet de Mirabeau qui agonise…

Peter Ustinov (Mirabeau) et Klaus-Maria Brandauer (Danton) dans Les Années Lumières
Sam Neill (La Fayette) dans Les Années Lumière

Le 2 avril 1791

Mort de Mirabeau (né le 9 mars 1749) ; il est inhumé au Panthéon.

Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau par Joseph Boze

On ne découvre que plus tard qu’il avait entretenu des liens avec le Roi et la Reine. Il sera alors dépanthéonisé…

Le 18 avril 1791

La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud. Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen. Il faut en tout premier éviter La Fayette et ses gardes nationaux de surveillance aux Tuileries.

Départ de Louis XVI pour Saint-Cloud par Joseph Navlet

Le 21 avril 1791

Après l’affaire du 18 avril et l’empêchement au Roi de se rendre à Saint-Cloud, La Fayette démissionne de son poste de chef de la Garde nationale

Le 23 avril 1791

La Fayette accepte de reprendre le commandement de la Garde nationale.

La date de départ du Roi vers Montmédy prévue initialement est modifiée à cause d’une femme de chambre de la Reine maîtresse d’un aide du camp de La Fayette qui se doute de la préparation d’un voyage secret.

Le 4 mai 1791

Grand bal organisé pour le président George Washington au Old Exchange

Le 20 juin 1791

Évasion de la famille royale.

Patrice Juiff incarne La Fayette dans L'Evasion de Louis XVI (2009) d'Arnaud Sélignac

 

L’absence de la famille royale est constatée à huit heures du matin lorsque le valet du Roi procède à son lever.

A La Fayette qui disait répondre du Roi sur sa tête, les autorités révolutionnaires, en l’occurrence Danton , réclament le Roi… ou bien sa tête.

Le général envoie à la poursuite du Roi Jean-Louis Romeuf (1766-1812) qui saura interpeller la perspicacité du maître de Poste de Sainte-Menehould, Jean-Baptiste Drouet qui reconnaît Louis XVI grâce à son effigie sur un assignat.

Le 21 juin 1791

 Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Chez l'épicier Sauce à Varennes, par Prieur

Le 22 juin 1791

A sept heures du matin

Arrivée à Varennes des gardes françaises venus de Paris, , Bayon et Romeuf, porteurs d’un décret d’arrestation concernant le Roi.

Arrivée de Bayon et Romeuf chez Sauce dans La Nuit de Varennes (1982) d'Ettore Scola
Romeuf face au Roi dans Marie-Antoinette de Jean Delannoy

En voyant Romeuf, Marie-Antoinette reconnaît Son ancien écuyer : « Vous, Romeuf ? Je ne l’aurais pas cru ! »

La Reine apostrophe Romeuf comme un traitre dans Marie-Antoinette de Jean Delannoy

« Epris de bonne foi des chimères constitutionnelles de son général, enthousiaste de lui et comme lui, le jeune Romeuf avait cependant conservé la candeur de son âge et la pureté d’un heureux naturel. Il répondit à la reine qu’il n’avait jamais cru l’atteindre, et que ç’avait été le premier mot que lui avait adressé M. de La Fayette en lui donnant l’ordre d’aller à la découverte ; mais que, dans tous les cas, ils avaient pensé, l’un et l’autre, qu’il serait moins douloureux pour la reine de voir auprès d’elle un homme sur le respect de qui elle devait compter. Il chercha ensuite à justifier son général, observant que, loin d’avoir été l’auteur de la catastrophe actuelle, M. de La Fayette avait été au moment de s’en trouver la victime ; que la fureur populaire l’avait rendu responsable de l’évasion du roi ; et que sur la place de Grève on avait descendu la lanterne fatale pour l’y attacher.»

M. de Fontanges 

Le Roi soupire : «Il n’y a plus de roi en France».

Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.

Le passage de la berline royale devant l'Hôtel de ville de Châlons , par Joseph Navlet

Au retour aux Tuileries, quand La Fayette demande au Roi quels sont ses ordres, celui-ci répond avec un triste sourire :

« Il me semble que je suis plus à vos ordres que vous ne l’êtes aux miens.»

Le Roi est suspendu.

Afin d’éviter tout débordement de la part de la foule, La Fayette fait placardé dans la capitale : «Celui qui applaudira le Roi sera bâtonné, celui qui l’insultera sera pendu.» La Fayette est accusé par les plus extrémistes de la révolution d’avoir aidé la famille royale à fuir.

Dans les premiers jours après Varennes

« La reine était obligée de se coucher, de se lever et de s’habiller devant ses gardes ; ils passaient à la lettres les nuits dans sa chambre. Ensuite, soit que M. de La Fayette sentit de lui-même l’indécence de ses ordres, ou qu’il eût en effet travaillé à calmer les têtes de sa garde, soit que le roi lui en a parlé, il adoucit la sévérité de ses dispositions, mais voici comment. Les gardes restaient dans la chambre de la reine tant qu’elle était levée ; mais lorsqu’elle jugeait à propos de se coucher, et pour tout le temps qu’elle restait dans son lit, les gardes se retiraient. Alors, l’un d’eux s’établissait dans cette espèce de tambour que formaient les deux portes de la chambre dans l’épaisseur du mur, de manière cependant que, la porte qui donnait dans la chambre restant toujours entr’ouverte, il pût voir ce qui se passait. Ce tempérament était un peu moins choquant, mais il ne mettait pas la reine à l’abri de la familiarité insultant de ses gardes. Un jour qu’étant couchée, elle ne pouvait pas dormir, elle allume une bougie à une lampe de nuit qui était à côté d’elle, et se mit à lire. Son garde qui s’en aperçut entre dans la chambre, ouvre les rideaux et s’assied familièrement sur son lit en disant : « Je vois que vous ne pouvez pas dormir, causons ensemble, cela vous vaudra mieux que de lire.» La reine contint son indignation et lui fit comprendre avec douceur qu’il devait la laisser tranquille.»

M. de Fontanges 

Sam Neill est La Fayette dans Les Années Lumières (1989)

Juillet 1791
 
Quelques jours après son interrogatoire, le marquis de La Fayette fait dire à la marquise de Tourzel qu’elle peut voir des parents et des amis. Elle use sobrement de cette permission. Elle les reçoit dans le cabinet du Dauphin. Ses gardiens se retirent, et elle laisse la porte entre ouverte.
 

Le 16 juillet 1791

Le club des Jacobins dont fait partie La Fayette se scinde en deux. Les plus modérés dont il fait parti forment le club des Feuillants.

Ils sont partisans d’un roi constitutionnel tandis que leurs adversaires parlent désormais de république.

Le 17 juillet 1791

Fusillade du Champ-de-Mars, rebaptisé Champ-de-la-Fédération.

La fusillade du Champ-de-Mars

Bailly, maire de Paris et La Fayette, commandant de la garde nationale, répriment dans le sang l’émeute. Ils perdent ce jour-là leur popularité.

Le 27 juillet 1791

La Fayette est brûlé en effigie…

Le 14 septembre 1791

Le Roi prête serment à la Constitution.

Louis XVI, roi de France en roi citoyen (1791),  par  Jean-Baptiste-François  Carteaux  (1751 - 1813)

Le 1er octobre 1791

Première séance de l’Assemblée législative.

Le 8 octobre 1791

Après avoir fait accepter l’amnistie proposée par Louis XVI, La Fayette se démet de son commandement, et prend congé de la Garde nationale par une lettre où il expose les principes qui ont dirigé sa conduite. Lorsque la première coalition s’est formée contre la France, il est désigné pour commander une des trois armées destinées à repousser cette agression. Son premier soin, après l‘avoir rejoint, est d’y rétablir la discipline. Il bat l‘ennemi à Philippeville, à Maubeuge et à Florennes ; malgré ces succès, il se voit bientôt en butte aux accusations des Jacobins.

Le 31 octobre 1791

Décret contre les émigrés, invités à revenir en France sous peine de confiscation de leurs biens.

Le 9 novembre 1791

Le comte de Provence est sommé de rentrer en France.

Le 11 novembre 1791

Le Roi oppose son veto aux décrets des 31 octobre et 9 novembre.

Le 14 novembre 1791

Pétion est élu maire de Paris avec 63% des voix. La Fayette s’était présenté contre lui… Bailly aurait aimé le voir prendre sa succession pour qu’il assure la continuité de l’ordre bourgeois.

Le 29 novembre 1791

Décret faisant des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé des «suspects”.

Le 14 décembre 1791

La Fayette devient commandant de l’armée du Centre.

Le 19 décembre 1791

Le Roi oppose son veto au décret sur les prêtres insermentés.

Le 9 février 1792

Décret sur la confiscation des biens des émigrés.

Le 1er mars 1792

Léopold II, le frère de Marie-Antoinette, meurt.

Avènement de Son neveu François II, qui sera couronné empereur le 19 juillet.

Le 13 février 1792

Visite clandestine de Fersen aux Tuileries : il rencontre le Roi et la Reine.

Le 25 mars 1792

Ultimatum de la France sur l’Autriche.

Le 20 avril 1792

Déclaration de guerre au Roi de Bohême et de Hongrie, François II.

En avril 1792

La Fayette marche sur Dinant .

 Il atteint Bouvignes, à quelques kilomètres au nord de Dinant le 30 avril 1792 mais doit se replier sur Philippeville en mai puis sur Maubeuge où il constitue un camp retranché le 7 juin 1792.

Le 27 mai 1792

Décret sur la déportation des prêtres réfractaires.

Le 29 mai 1792

Décret supprimant la garde constitutionnelle du Roi.

Le 8 juin 1792

Décret de formation d’un camp de fédérés à Paris.

Le 11 juin 1792

Louis XVI oppose son veto aux décrets des 27 mai et 8 juin.

Louis XVI et la Reine sont désormais surnommés «Monsieur et Madame Veto».

Le 14 juin 1792

Danton propose que Louis XVI répudie Marie-Antoinette afin de mettre fin à la soi-disant influence autrichienne.

Le 16 juin 1792

La Fayette écrit de son camp de Maubeuge, une longue lettre à l’Assemblée législative, où il dénonce avec énergie la faction jacobine comme responsable de tous les désordres dont souffre le pays. Il s’applique ensuite à prévenir toute inculpation personnelle en parlant noblement, de lui-même, de son intervention dans la guerre de l’Indépendance, de son zèle à défendre la liberté et la souveraineté des peuples et rappelle la Déclaration des droits dont il a été le promoteur. Il adjure enfin l’assemblée de rétablir l’égalité civile et la liberté religieuse sur leurs véritables bases, de faire respecter l’intégrité du pouvoir royal, et d’anéantir le régime des organisateurs des clubs et des sociétés secrètes. La lecture de cette lettre, dont La Fayette a adressé une copie au Roi, provoque dans l’assemblée de vives réactions.

La droite seule l’approuve et en fait décréter l’impression. Les Girondins s’efforcent d’alarmer leurs collègues sur les dangers que font courir à la liberté de pareilles remontrances, adressées à une assemblée délibérante par un chef militaire, et affectent des doutes hypocrites sur l’authenticité de sa signature ; ils demandent que la lettre soit renvoyée à un comité, afin que l’assemblée puisse venger le général du lâche qui a osé se couvrir de son nom. Cette proposition est adoptée et quelques voix réclament sans succès l’envoi de ce manifeste aux départements. Mais peu de jours après, soixante-quinze administrations départementales adhèrent formellement aux considérations développées par le général.

Cette lettre est mal reçue de la majorité.

Quelques jours après

L’ effigie de La Fayette est brûlée au Palais-Royal .

Le 20 juin 1792

La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Le Roi refuse.

Escalier monumental des Tuileries (juste avant sa destruction)
Le peuple de Paris pénétrant dans le palais des Tuileries le 20 juin 1792 par Jan Bulthuis, vers 1800
Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine, elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.

Le 28 juin 1792

La Fayette, qui a quitté son armée de Metz sans prévenir, se présente à l’Assemblée pour réclamer la mise hors la loi des clubs.

Le 11 juillet 1792

«La patrie en danger».

Le 25 juillet 1792

Signature du manifeste de Brunswick, une mise en demeure de la France, sommée de respecter la famille royale. Les Parisiens sont outrés par le ton belliqueux du texte lorsqu’il est connu en France quelques jours plus tard.

Le 28 juillet 1792

Malgré les avis timorés, La Fayette quitte son armée, il est alors convoqué à la barre de l’Assemblée. Il avoue hautement la lettre qui a été lue en son nom, et déclare qu’il a été chargé, par tous les corps de son armée, d’improuver les insultes faites au Roi et de demander la destruction de cette secte qui envahit la souveraineté, et dont les projets sont connus. L’allocution de La Fayette est accueillie avec enthousiasme par la droite, et par un morne silence à gauche.

En quittant l’assemblée La Fayette se rend chez le Roi, qui l’accueille avec bienveillance, mais avec réserve. Madame Elisabeth, présente à cette entrevue, conseille à son frère de s’en remettre à lui ; mais la Reine s’est déjà prononcée contre toute tentative d’évasion à laquelle le général pourrait prendre part ; Elle déclare qu’Elle aime mieux mourir que de lui devoir Sa délivrance.

Le 3 août 1792

Une majorité de sections de Paris demande la déchéance de Louis XVI.

Le 10 août 1792

Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.

Image d'Un peuple et son Roi (2018) de Pierre Schoeller
Le cortège funèbre de la monarchie commence par une haie d'honneur des chevaliers de Saint-Louis qui lèvent leurs épées dans Un peuple et son Roi
L'Assemblée Nationale dans Les Années Lumière de Robert Enrico
La famille royale à l'Assemblée nationale dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Traversant le jardin des Tuileries, Louis XVI et sa famille sont conduits jusque dans la loge grillagée du greffier de l’Assemblée nationale (ou loge du logotachygraphe) , où ils restent toute la journée.

La famille royale dans la loge du logographe par Gérard

Le 10 août 1792, le dernier acte de Louis XVI, Roi des Français, est l’ordre donné aux Suisses “de déposer à l’instant leurs armes“.

La prise des Tuileries le 10 août 1792

La position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent. La note du Roi est alors exécutée et l’on ordonne aux défenseurs de se désengager. Le Roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.

Le Roi est suspendu de ses fonctions.

Images d'Un Peuple et Son Roi (2018)

Des 950 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l’ordre du roi de rendre les armes en plein combat.

Le 13 août 1792

La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles. Quatre pièces du couvent leur avaient été assignées pendant trois jours.

La famille royale amenée au Temple le 13 août 1792 dans Les Années Terribles (1989)
La Tour du Temple

Le 19 août 1792

La Fayette commande l’armée du centre, mais prenant la cause du Roi, il menace de conduire ses troupes contre les révolutionnaires parisiens. Déclaré comme traître à la nation, et pour éviter sa condamnation, il quitte la France en passant par Liège.  

Le 20 août 1792

A son entrée à Rochefort, le général et ses compagnons au nombre de vingt-deux, tombent dans un poste autrichien qui refuse de les laisser passer. La Fayette ayant été reconnu, il n‘en faut pas davantage pour qu‘on les arrête. Avec trois de ses compagnons, anciens membres de l‘Assemblée constituante, il est envoyé à Wezel comme prisonnier d’état. Transféré à Magdebourg, il y reste un an, enfermé dans un souterrain humide et obscur, puis passe dans les cachots de Glatz, de Neiss, et enfin d’Olmütz (où le rejoindront sa femme et ses deux filles) , où l‘Autriche le fait traiter avec une grande rigueur. On le dépouille de ce que les Prussiens lui ont laissé, et on confisque jusqu’aux livres qu’il a avec lui.

Le 3 septembre 1792

Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Massacre de la princesse de Lamballe

Massacres dans les prisons.

Le 20 septembre 1792

Victoire de Valmy, considérée comme l’acte de naissance de la République.

Le 21 septembre 1792

Abolition de la royauté.

Le 6 novembre 1792

Victoire de Jemappes.

Le 14 novembre 1792

Les troupe françaises entrent à Bruxelles.

Le 20 novembre 1792

Découverte de l’ «armoire de fer” aux Tuileries.

Le 3 décembre 1792

Pétion renforce la décision de faire juger Louis XVI par la Convention.

Le 11 décembre 1792

Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. M. de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.

Le 26 décembre 1792

Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.

Du 16 au 18 janvier 1793

La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.

Les adieux de Louis XVI par Benjamin Warlop

Le lundi 21 janvier 1793
A 10 heures 22 minutes

Louis XVI est exécuté sur la place de la révolution.

Le 16 octobre 1793

Exécution de Marie-Antoinette.

De janvier à juin 1794

La Fayette est captif en Prusse, dans la citadelle de Wesel. Il tombe malade et est transféré à Magdebourg où il passe un an dans un appartement souterrain et humide, en butte à la surveillance la plus inhumaine, et réduit à recourir à un cure-dent trempé dans de la suie délayée pour correspondre secrètement avec quelques amis.

Un médecin hanovrien, nommé Bollman, et un jeune américain, nommé Huger, entreprennent de le délivrer, et profitant d‘une des promenades qu‘on lui fait faire régulièrement à cause du délabrement de sa santé, parviennent à l’enlever ; mais divers accidents font échouer leur entreprise. La Fayette est rattrapé à huit lieues d’Olmütz ; et ses deux amis également arrêtés, expient dans les prisons leur courageux dévouement.

Transféré à Neisse, en Silésie, La Fayette y est traité un peu moins rigoureusement.

Le 22 juillet 1794

La grand-mère de sa femme, Catherine de Cossé-Brissac duchesse de Noailles, sa mère, Henriette-Anne-Louise d’Arguesseau, duchesse d’Ayen (1737-1794) et sa sœur, Anne Jeanne Baptiste Louise vicomtesse d’Ayen, sont guillotinées.

Le 28 juillet 1794

Exécution de Robespierre.

En février 1795

Georges Washington de La Fayette est envoyé à son parrain George Washington, par sa mère, pendant que cette femme, accompagnée de ses deux filles, se dévoue à partager dans les cachots d’Olmutz la captivité de son mari. La passion que lui voue Adrienne l’entraîne, en effet, à se faire enfermer dans la citadelle morave où Gilbert est prisonnier de l’Empereur d’Autriche, quitte à y laisser sa santé…

Adrienne de La Fayette

 

En mai 1795

Suite du traité de paix conclu entre la France et la Prusse, La Fayette, Bureau de Pusy et Latour-Maubourg sont rendus aux Autrichiens et conduits dans la forteresse d’Olomouc en Moravie, où ils sont séparés et privés de toute communication avec le dehors; il y subit toutes les tortures pendant deux ans. Tandis que La Fayette est retenu captif dans des conditions sévères, la faction qui domine alors en France n’omet aucune persécution propre à se venger d’une retraite qui a dérobé sa tête à l’échafaud. Après la révolution, La Fayette décide de signer tous ses courriers d’un «Lafayette» en un seul mot, en réaction contre le système nobiliaire. C’est aussi la graphie utilisée par ses contemporains jusqu’à sa mort. 

Adrienne de La Fayette
Louis XVII agonisant

Le 8 juin 1795

L’annonce de la mort en prison du fils du défunt Roi Louis XVI âgé de dix ans, Louis XVII pour les royalistes, permet au comte de Provence de devenir le dépositaire légitime de la couronne de France et de se proclamer Roi sous le nom de Louis XVIII. Pour ses partisans, il est le légitime Roi de France.

Louis XVIII

Le 19 décembre 1795

Marie-Thérèse, l’Orpheline du Temple, quitte sa prison escortée d’un détachement de cavalerie afin de se rendre à Bâle, où elle est remise aux envoyés de l’Empereur François II.

En octobre 1797

Bonaparte, à qui ses succès en Italie donnent une si grande influence, est chargé par le Directoire de négocier la délivrance des prisonniers d’Olmütz. Ce n’est pourtant qu‘après cinq mois de pourparlers réitérés qu’il obtient leur mise en liberté. Bonaparte, sur les instigations de Carnot, fait de la libération de La Fayette une des clauses du traité de Campo-Formio (18 octobre 1797). Mais le futur Empereur se méfie de cet homme, dont la popularité risque de contrebalancer la sienne, et il ajoute une note stipulant que le général ne peut rentrer en France.

Les Lafaillette sont donc libérés mais condamnés à l’exil, ils ne rejoindront la France qu’en 1799.

Au bout de deux ans et demi de séjour à Mount Vernon, leur fils Georges revient en France et embrasse le métier des armes. Il obtiendra, à l’époque de la bataille de Marengo (en 1800) , une sous-lieutenance de hussards.

Fin novembre 1799

Rentré d’exil, Gilbert se retire dans sa propriété de La Grange-Bleneau, diminué physiquement, il reste éloigné du pouvoir et de Napoléon (1769-1821) dont il condamne les excès.

Du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804

Bonaparte est Premier consul.

Bonaparte Premier consul par Jean-Auguste-Dominique Ingres

La prise de pouvoir par Bonaparte lors du coup d’État du 18 brumaire an VIII rouvre à Lafayette les portes de la patrie.

Louis XVIII entre en négociations avec Napoléon Bonaparte en vue du rétablissement de la monarchie.

Le 14 juin 1802

De retour en France, Lafayette vit éloigné du théâtre des affaires publiques, et c’est seulement après la bataille de Marengo (14 juin 1800) qu‘il a occasion de voir Bonaparte. Il est accueilli très amicalement par le Premier Consul avec qui il passe trois jours à la campagne chez son frère Joseph. Cependant toutes les instances qui lui sont faites ne peuvent le décider à accepter une place de sénateur.

En 1802

Lorsque le consulat à vie est proposé à la sanction du peuple, La Fayette déclare qu‘il ne peut voter pour une pareille magistrature jusqu’à ce que la liberté publique soit suffisamment garantie ; ajoutant qu’alors il donnerait sa voix à Napoléon Bonaparte.

Le vainqueur de I‘Europe s’étonne de trouver un homme qui ose lui résister avec tant d‘obstination. « Tout le monde en France, dit-il, est corrigé des idées extrêmes de liberté ; il n‘y a qu‘un homme qui ne le soit pas, et cet homme c‘est Lafayette. Vous le voyez tranquille ! Eh bien, s’il y avait une occasion de servir ses chimères, il reparaîtrait plus ardent que jamais. »

De 1802 à 1805

Napoléon Ier est aussi président de la République italienne

Bonaparte au Pont d'Arcole par Antoine-Jean Gros (1801)

En 1803

Lafayette se fracture le col du fémur dont il restera toujours boiteux.

Du 18 mai 1804 au 11 avril 1814

Napoléon Ier règne sur la France en tant qu’Empereur.

Le 2 décembre 1804

Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris et couronnement de Joséphine.

Sacre de Napoléon Ier par Jacques-Louis David

En 1807

La santé d’Adrienne de Lafayette s’altère : elle est atteinte de maladies chroniques après son emprisonnement, souffrant de douleurs à l’estomac, de cloques, de plaies et d’abcès.

Fin 1807

Lors d’un voyage en Auvergne , Adrienne tombe malade

Le 24 décembre 1807

Mort de sa femme Adrienne (née le 2 novembre 1759) en leur habitation au 24 rue d’Anjou à Paris. Elle était délirante mais s’est suffisamment rétablie la veille de Noël pour rassembler la famille autour de son lit; ses derniers mots à Lafayette ont été:

«Je suis toute à vous».

« Pendant les trente-quatre années d’une union où sa tendresse, sa bonté, l’élévation, la délicatesse, la générosité de son âme, charmaient, embellissaient, honoraient ma vie, je me sentais si habitué à tout ce qu’elle était pour moi que je ne la distinguais pas de ma propre existence.»

Gilbert du Motier de La Fayette

Le 6 avril 1814

Vaincu par les alliances étrangères, Napoléon abdique.

Louis-Stanislas, comte de Provence, est proclamé Roi sous le nom de Louis XVIII le Désiré.

Louis XVIII par François Gérard

Lors de la première restauration

La Fayette se présente chez le Roi et chez Monsieur : mais quoiqu’il soit bien accueilli par ces princes, il ne reparaît plus à la Cour.

Rapidement déçu par Louis XVIII (1755-1824) , La Fayette reprend le chemin de sa propriété.

Monsieur, comte d'Artois

Le 1er mars 1815

La Restauration ne dure pas.

Napoléon quitte son exil de l’île d’Elbe et débarque à Golfe-Juan.

Lors des Cent jours

Pendant les Cent-Jours Gilbert refuse la pairie, et proteste contre les articles des constitutions de l’Empire et de l’acte additionnel qui peuvent attenter à la souveraineté nationale. Il est élu par le département de Seine-et-Marne membre de la Chambre des représentants.

Toutefois, il s’oppose à Napoléon, et comme député de Seine-et-Marne devient l’un des chefs de l’opposition.

Le 19 mars 1815

Napoléon est aux portes de Paris.Louis XVIII et sa cour prennent la fuite pour Gand.

Le 18 juin 1815

La défaite de Waterloo réinstalle Louis XVIII sur le trône de France.

La bataille de Waterloo

Lorsque Bonaparte, effrayé des dispositions de la Chambre, se décide à abdiquer, Lafayette, exclu par une intrigue du gouvernement provisoire, est un des commissaires envoyés près des puissances alliées pour demander une suspension d‘armes. Ses démarches et celles de ses collègues n‘ayant aucun résultat, il revient à Paris, où déjà les armées étrangères sont entrées par suite d‘une capitulation.

À l’annonce du désastre de Waterloo, Lafayette participe aux négociations de paix avec les alliés. Membre de l’opposition libérale sous la seconde restauration, il commet l’erreur politique de rejoindre la conspiration de la Charbonnerie, mais il est un des rares à ne pas être arrêté à la découverte du complot.

Louis XVIII
Le marquis de Lafayette
Hubert Noël est Lafayette dans Les Misérables (1982) de Robert Hossein

En 1818

Gilbert de Lafayette est à nouveau élu par le département de la Sarthe membre de la Chambre des députés, il s’y signale par une opposition dans laquelle il sait allier l’inflexible énergie des principes révolutionnaires à des formes exemptes d’aigreur et de violence.

La prédiction de Bonaparte s‘accomplit. En reparaissant sur la scène politique, Lafayette s‘y montre l‘ardent apôtre des doctrines les plus absolues de souveraineté du peuple et d‘insurrection, et il les développe à la tribune avec une conviction qui se fortifie des souvenirs de deux révolutions auxquelles il a pris une part active. Ses souffrances d’Olmütz n’ont en rien modifié ses principes. Le vieux député de 1820 parle comme le jeune volontaire de 1777, et on pourrait dire de lui ce qu‘on disait des émigrés, qu‘il n’a rien oublié, ni rien appris.

Lafayette

En 1821

Lafayette est affilié à la Charbonnerie (mouvement initiatique et secret, à forte connotation politique, qui a contribué au processus de l’unification de l’Italie). dont il devient l’un des chefs, ce qui est une erreur politique , mais il est un des rares à ne pas être arrêtés à la découverte du complot.

En 1822

Lafayette doit une fois de plus se retirer à La Grange tout en conservant des liens avec la politique comme député de Meaux ).

En 1824

Politicien actif, Lafayette est malgré tout battu aux élections de 1824. Ce faisant, il accepte l’invitation du président des États-Unis pour un séjour en Amérique.

Le 13 juillet 1824

Lafayette s‘embarque au Havre sur le Cadmus : ce quatrième voyage sera le dernier ; ce séjour d’un an est une véritable apothéose qui lui rend tout son prestige. Il est doté d’immenses territoires en Louisiane.

Lafayette en 1824
Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Le 16 septembre 1824

Louis XVIII (1755-1824) meurt à Paris.

Charles X monte sur le trône et décide de renouer avec la tradition du sacre.

Charles X en costume de sacre par François Gérard

Lafayette s’oppose à Charles X à qui il reproche de vouloir restaurer l’Absolutisme.

En 1825

Revenu aux Etats-Unis en 1825, Lafayette dit en Loge, devant ses Frères américains :

« Après que je fus entré dans la maçonnerie américaine, le Général Washington sembla avoir reçu une illumination. Depuis ce moment, je n’eus plus jamais l’occasion de douter de son entière confiance. Et peu après je reçus un commandement en chef fort important » .

Le 29 mai 1825

Le sacre de Charles X se tient en la cathédrale de Reims et marque le retour d’une cérémonie caractéristique de la logique d’Ancien Régime, ce qui peut être perçu comme une volonté d’ignorer les changements de la société française depuis la révolution française et l’empire napoléonien.

La cérémonie de l’intronisation lors du sacre de Charles X par François Gérard

Le règne de Charles X  débute par quelques mesures libérales comme l’abolition de la censure des journaux, mais le Roi ne tarde pas à se jeter dans les bras des ultraroyalistes, et il s’aliène l’opinion par la loi sur le sacrilège, la concession d’indemnités aux émigrés, le licenciement de la garde nationale, le rétablissement de la censure (1825-1827).

Son catholicisme dévot indispose une partie du peuple de Paris, volontiers anticlérical sinon anticatholique. 

Gilbert Motier, marquis de Lafayette, par Thomas Sully, 1825-1826

Lafayette refuse le titre de Roi des Belges et exhorte ces derniers à se trouver un représentant belge. Il est alors partisan d’une république de type fédérale pour la Belgique.

En 1827

Lafayette est réélu député.

Le 26 juillet 1830

Quand le trône de Charles X s‘écroule en 1830, il voit sans étonnement ce mouvement populaire et se remet à l‘œuvre, comme en 1789. Après avoir repoussé toutes les propositions du frère de Louis XVI, en déclarant qu’il était trop tard, son influence contribue à rattacher à la dynastie de Louis-Philippe les hommes les plus exaltés du parti libéral. Le duc d’Orléans, adroit et fin, a compris le parti qu’il peut tirer de ce vieillard symbolique. Fort habilement, il sait l’entreprendre, se présente à lui comme un ancien garde national venant rendre visite à son général, exalte les États-Unis et arriva ainsi à le gagner à sa cause. Le mot fameux : «c’est la meilleure des républiques», qu’il prononce selon les uns, et qu‘on lui attribue faussement selon les autres, répété dans toute la France, est jeté comme un cri de ralliement à l’opinion.

Les 27, 28 et 29 juillet 1830

Lafayette mène l’insurrection contre Charles X.

Les opposants aux ordonnances de Saint-Cloud soulèvent Paris : ce sont les Trois Glorieuses de 1830, ou « révolution de Juillet », qui renversent finalement Charles X.

La Liberté guidant le Peuple d'Eugène Delacroix (1830)

Le 30 juillet 1830

 Louis-Philippe duc d’Orléans, est nommé lieutenant général du Royaume par les députés insurgés.

Lafayette franchit les barricades dressées par la révolution de Juillet pour se rendre à l'Hôtel de Ville où le rejoint Louis-Philippe.
Louis-Philippe Ier , Roi des Français

Le 31 juillet 1830

Louis-Philippe accepte ce poste. Il s’enveloppe alors d’un drapeau tricolore avec La Fayette et paraît ainsi à son balcon.

Le 2 août 1830

Charles X, retiré à Rambouillet, abdique et convainc son fils aîné le Dauphin Louis-Antoine de contresigner l’abdication.

Charles X présentant le comte de Chambord après son abdication

Il confie à son cousin le duc d’Orléans la tâche d’annoncer que son abdication se fait au profit de son petit-fils Henri, duc de Bordeaux, âgé de neuf ans, faisant du duc d’Orléans le régent.

En 1830

Paris nomme du vivant de La Fayette, en 1830, une rue Lafayette dans les 9e et 10e arrondissements. Au début de cette rue se trouvent les Galeries Lafayette, grand magasin aux succursales multiples.

En 1830

De retour, réélu député de Meaux, Lafayette participe activement à l’insurrection de Juillet 1830, mais il refuse la création d’une république dont on lui offre la présidence. Il rejoint le parti des orléanistes et contribue à l’accession au trône de Louis-Philippe. En remerciement, il est nommé général de la Garde Nationale. Cependant il s’oppose rapidement au Roi, et rompt avec lui.

Homme politique autant adulé que contesté, voire détesté, il n’en reste pas moins, l’homme de la Liberté.

En se faisant l‘auxiliaire de la royauté, Lafayette est loin d‘avoir renoncé aux théories de sa jeunesse. Comme au temps où il conseillait Louis XVI, il prétend allier deux choses incompatibles : la monarchie et les institutions républicaines. Mais Louis-Philippe recule devant cette carrière de concessions que lui ouvre le vétéran de la Révolution française, et dont il craint que le terme ne soit une catastrophe. Bientôt Lafayette s‘aperçoit que d’autres avis que les siens sont écoutés.

Malgré l'âge et la blessure à la jambe, Lafayette conservera jusqu'au bout sa charge de député.

En décembre 1830

Investi dans les premiers jours de la révolution de Juillet, du commandement en chef des gardes nationales de France, Lafayette doit renoncer à ce titre par suite de l’amendement du 24 décembre introduit par un député dans la loi relative à la milice citoyenne. Lafayette doit donner sa démission. Dès lors sa scission avec le pouvoir devient de jour en jour plus profonde, et il voit se rallier autour de lui une opposition composée de républicains ardents, dont il tâche de calmer les impatiences.

Jacques Herlin interprète Lafayette en fin de vie dans Il ne Faut Jurer de Rien (2004) d'Eric Civanyan d'après Alfred de Musset

En 1832

La marche de la royauté nouvelle afflige Lafayette, mais sans altérer sa confiance ; il attend du temps bien plus que de la violence un retour aux principes qu’il professe, et sur la fin de sa vie il croit fermement à un dernier triomphe de la révolution dont il ne lui sera pas donné d’être le chef ni même le témoin.

Début février 1834

Malgré son grand âge, Lafayette désire suivre à pied le convoi du malheureux Dulong (1792-1834) — député de l’Eure tué dans un duel avec le général Bugeaud, qu’il avait offensé à la Chambre des députés —, la fatigue que lui causa cet effort et la pneumonie qu’il y contracte, altèrent sa santé. Après une convalescence apparente, il éprouve une rechute qui bientôt ne laisse plus d‘espoir.

Le 20 mai 1834

Quelques instants avant de rendre son dernier soupir, Lafayette ouvre les yeux et les fixe avec un regard affectueux sur ses enfants qui entourent son lit, comme pour les bénir et leur dire un éternel adieu.

«Il me serra convulsivement la main, éprouva une légère contraction du front et des sourcils, et inspira une profonde et longue inspiration, qui fut immédiatement suivie d’un dernier soupir. »

John Quincy Adams

Gilbert du Motier de Lafayette meurt dans le Ier arrondissement de Paris, il y est enterré au cimetière de Picpus où il repose aux côtés de son épouse décédée en 1807. On recouvre sa tombe de terre rapportée d’Amérique.

Lafayette sur son lit de mort
Tombe de La Fayette, au cimetière de Picpus, au côté de sa femme

« Monsieur de La Fayette, il faut le dire, doit être considéré comme un véritable républicain ; aucune des vanités de sa classe n’est jamais entré dans sa tête … Il a sacrifié toute sa fortune à ses opinions avec la plus généreuse indifférence … C’est un homme dont la façon de voir et de se conduire est parfaitement directe. »

Œuvres posthumes de Madame la baronne de Staël-Holstein, Madame de Staël, éditions Firmin Didot frères, 1844 

En Amérique, le deuil est national.

La Fayette est surnommé « le Héros des deux Mondes ».

Aux États-Unis  : Son nom y est synonyme d’estime et de reconnaissance . « L’enfant chéri de l’Amérique » est un héros venu au secours des « insurgents » américains. Il bénéficie du rare privilège d’être « citoyen d’honneur des États-Unis d’Amérique ».
En hommage ce sont plus de quarante villes et comtés qui portent son nom (Lafayette, Fayetteville , etc.) sans compter les multiples monuments et autre témoignages.

La France est le premier pays à avoir reconnu l’existence d’une nouvelle nation, les Etats-Unis d’Amérique. Il semble que la gratitude américaine allait principalement à La Fayette qui s’y est grandement illustré…

Car le 4 juillet 1917

Le général Pershing (1860-1924) et le colonel Stanton (1858-1933) ont rendu hommage au général La Fayette, au cimetière de Picpus, où il est enterré . John Pershing improvise un discours. Le jeune journaliste du Petit Parisien, Aristide Véran, résume l’événement en cette phrase qui restera célèbre bien qu’elle n’a pas forcément été prononcée par le général lui-même… :

Le général Pershing débarquant en France

« La Fayettenous voici !

Cette phrase : LAFAYETTE NOUS VOICI !  reste dans les mémoires comme l’hommage des soldats américains qui, à deux reprises en vingt-cinq ans, nous aiderons à retrouver notre Liberté.

Portrait du marquis de La Fayette par Louis-Léopold Boilly

Sources :

  • Antoinetthologie
  • BERTIERE, Simone, Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 4 : Marie-Antoinette L’insoumise, éditions de Fallois, Paris, 2002, 735 p. + 32 p. de planches illustrées
  • BOIS, Jean-Pierre, La Fayette, Perrin, Paris 2015, 496 p.
  • BOURDIN, Philippe, WEIL, François, BOYER, Fabrice, La Fayette, entre deux mondes, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2009,
  • https://books.google.fr/books?id=6ZJqqh6L5hkC&printsec=frontcover#v=onepage&q&f=false
  • CAMPAN, Henriette, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre, suivis de souvenirs et anecdotes historiques sur les règnes de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, 3 volumes, deuxième édition, Bauduin frères, Paris, 1823, 402 p. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2050396.texteImage
  • CASTELOT, André, Marie-Antoinette, Perrin, Paris, 1953, 588 p.
  • CHALON, Jean, Chère Marie-Antoinette, librairie académique Perrin, Paris, 1988, 475 p.
  • LA FAYETTE MOTIER, Gilbert marquis de, papiers personnels aux Archives nationales, cote 252AP
  • LEVER, Evelyne, Marie-Antoinette, Fayard, Paris, 1991, 746 p.

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