Le 2 juin 1743
Naissance de Giuseppe Balsamo (1743-1795) à Palerme, en Sicile, près de l’église du Gesù, dans le réduit d’un modeste garde-magasin, il est le fils de Pietro Balsamo et Felicita Bracconieri, d’une famille catholique pauvre résidant à Albergheria, l’ancien quartier juif de Palerme.
Le 8 juin 1743
Giuseppe est baptisé avec les prénoms de « Josephus, Joannes Baptista, Vincenzo, Petrus, Antonius, Matthaeus ».
Si son véritable nom est Joseph Balsamo, il adoptera au cours de sa vie divers pseudonymes, notamment ceux de comte Pellegrini, Mélissa, Fenice, Hérat ou encore chevalier de la Sainte-Croix, et le nom avec lequel il est passé à la postérité est celui de « comte de Cagliostro », inspiré par le nom de sa marraine.
En 1756
A peine sorti de l’enfance, il entre au séminaire du couvent des Fatebenefratelli à Caltagirone, où il prend l’habit des frères de la Miséricorde, religieux soignants. Il y devient infirmier puis médecin.
En 1758
Il est chassé de sa communauté d’accueil pour indélicatesses et escroqueries, il retourne à Palerme.
De 1764 à 1767
Il est obligé de bonne heure de quitter sa patrie et parcourt sous différentes identités la Grèce, l’Egypte, l’Arabie, Malte, Naples, Rome, et presque toutes les villes de l’Europe. Il acquiert de ses voyages la connaissance de quelques secrets alchimiques et médicinaux, et se fait une grande réputation pour des cures merveilleuses. bourg.
On n’a jamais rien appris de certain sur les premières années de ce thaumaturge, et l’ouvrage qu’on a publié sous le titre d’Histoire de Cagliostro n’est qu’un pamphlet sans consistance. Il avait d’abord habité Paris sous le nom de comte Tischio ; il fut compromis dans les premières poursuites de M. du Châtel, héritier de Mme d’Urfé, contre l’italien Casanova, ce qui les força d’abandonner la France, et ce fut à l’époque de son retour d’Allemagne, au bout de quatre à cinq ans, qu’on entendit parler pour la première fois du comte de Cagliostro, qui venait de faire des libéralités magnifiques et d’opérer des guérisons merveilleuses à l’hôpital de Strasbourg
La marquise de Créquy
Le 21 avril 1768
Il épouse à Rome Lorenza Feliciani, alias Seraphina, qui l’aidera dans ses escroqueries en séduisant les grands personnages que le couple rencontrait, faisant de Cagliostro un proxénète.

En 1769
Il rencontre Casanova (1725-1798) à Aix-en-Provence.

De 1770 à 1776
Il voyage en Europe (Madrid, Lisbonne, Londres, Paris, Venise, Naples, Bruxelles, Allemagne) et en Afrique du Nord.
Le 12 avril 1777
A Londres, il est initié à la franc-maçonnerie dans une loge francophone, puis part pour Bruxelles.
De 1778 à 1783
Il voyage à Venise (deuxième rencontre avec Casanova), Paris, Strasbourg, Saint-Petersbourg, Varsovie, Bâle. Il prend le nom de comte de Cagliostro.
« Je crois que Cagliostro n’est point un charlatan, qu’il guérit non pas tout le monde, mais beaucoup, par ses connaissances chimiques et physiques, que cependant ce peut être un homme très dangereux et que certainement je ne me lierais pas avec lui quant au principe de ses connaissances. »
Le chevalier de Corberon, en Russie

En 1780
Il arrive en France et se fixe pendant quelque temps à Strasbourg, où il est reçu avec enthousiasme, puis se rend à Paris où il ne suscite pas moins l’admiration, devenant quelque temps à la mode dans la haute société. Il se présente au public aristocratique comme un thaumaturge et un initié, et se place sous le patronage d’un grand seigneur, le cardinal de Rohan (1734-1803), prince-évêque de Strasbourg, grand aumônier de France, spéculateur averti, qui pressent le parti qu’il pourrait tirer du « mage ». Lors de son passage à Strasbourg, il a guéri Louis Olivier de Langlais qui souffrait sans doute de dépression et s’est trouvé métamorphosé par ses soins. Il a vanté par la suite la générosité, le désintéressement de cet illustre étranger.
Il n’était pas absolument beau, mais jamais physionomie plus remarquable ne s’est offerte à mon observation. Il avait surtout un regard d’une profondeur presque surnaturelle; je ne saurais rendre l’expression de ses yeux : c’était en même temps de la flamme et de la glace; il attirait et il repoussait; il faisait peur et il inspirait une curiosité insurmontable. On tracerait de lui deux portraits différents, ressemblant tous les deux et aussi dissemblables que possible. Il portait à sa chemise, aux chaînes de ses montres, à ses doigts, des diamants d’une grosseur et d’une eau admirables; si ce n’était pas du strass, cela valait la rançon d’un roi. Il prétendait les fabriquer lui-même. Toute cette friperie sentait le charlatan d’une lieue.
La baronne d’Oberkirch
Le 2 juillet 1781
Le chevalier de Corberon note dans son Journal, que Cagliostro guérit à Pétersbourg la baronne de Strogonof, « qui a eu des accès de folie provenant des nerfs » .

De novembre 1783 à octobre 1784
Joseph Balsamo est à Bordeaux, logé chez le marquis de Canolle. Il tente sans succès d’y diffuser sa « science para-maçonnique ».
En 1784
A Lyon, il fonde la loge maçonnique « la sagesse triomphante ».

Cagliostro se prétend le disciple du comte de Saint-Germain (entre 1690 et 1710-1784), aventurier mystérieux, qui, à Versailles où il a brillé vers 1750-1760, se déclarait immortel. Il affirme aussi posséder une eau de jouvence, sérum de jeunesse éternelle qu’il vend aux crédules. Il vend très cher différents élixirs, des pilules, fait des tours de magie et de sorcelleries, et il prétend avoir le pouvoir de faire apparaître les morts. Il importe en France la franc-maçonnerie dite égyptienne (de Misraïm) dont le conseiller au Parlement Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil (1745-1794)et ses amis spéculateurs deviennent les zélateurs intéressés.
Cagliostro, était un homme assez mal tourné, mal habillé de taffetas bleu galonné d’argent sur toutes les tailles, et coiffé de la manière la plus ridiculement bizarre, avec des nattes poudrées qui étaient réunies en cadenettes. Il portait des bas chinés à coins d’or et des souliers de velours avec des boucles en pierreries ; il avait force diamants aux doigts, à la jabotière, aux chaînes des ses montres ; un chapeau garni de plumets blancs, qu’il ne manquait pas de remettre et de s’enfoncer sur la tête aussitôt qu’il voulait parler avec énergie : tout cela recouvert pendant huit mois de l’année d’une grande pelisse en renard bleu ; et quand je dis tout cela, ce n’est pas sans intention ni raison, car il avait à sa pelisse un capuchon de fourrure en forme de carapousse, et lorsque nos enfants l’entrevoyaient avec sa coiffure de renard à trois cornes, c’était à qui s’enfuirait le premier. Les traits de son visage étaient réguliers, sa peau vermeille et ses dents superbes. Je ne vous parlerai pas de sa physionomie, car il en avait douze ou quinze à sa disposition. On n’a jamais vu deux yeux comme les siens.
Il affectait de parler le plus mauvais français du monde, et surtout quand il avait affaire à des gens qu’il ne connaissait pas. Il était fort sensible à toutes les choses de bonne grâce et de bon goût, soit à l’extérieur des personnes ou dans leurs paroles. Il apercevait, il appréciait les nuances les plus subtiles de l’élégance et de la distinction dans les procédés sociaux, dans les manières, le langage, le style, et c’était avec une finesse étonnante. J’ai vu des écrits de Cagliostro que la plus spirituelle et la plus délicate personne du monde ne désavouerait certainement pas. Quand on avait le coup d’œil et l’oreille justes, on démêlait aisément que son extérieure bizarre et ses façons étranges étaient de la forfanterie, de la dérision malicieuse, un calcul établi sur l’étonnement du vulgaire ; et j’ai toujours pensé qu’il s’affublait et baragouinait de la sorte à l’effet d’en imposer aux imbéciles en affichant la plus grande originalité.
La marquise de Créquy
Selon la marquise de Créquy (1714-1803), il soutire quatre ou cinq cent mille francs à Madame d’Urfé pour une révélation sur le Grand Œuvre. Son succès prodigieux dans la bonne société parisienne s’explique par sa personnalité, par la mode de la franc-maçonnerie mais surtout parce qu’il a derrière lui une demi-douzaine de gentilshommes qui spéculent sur les effets que ses pouvoirs produisent sur une société aristocratique fortunée et blasée.
‘…) j’ai vu M. de Cagliostro, et je l’ai même reçu plusieurs fois, afin d’en avoir une idée plus exacte et de pouvoir en porter un jugement plus solide. Je ne sais ce que c’est que la bienfaisance philosophique, et je ne comprends que la charité évangélique. Ce n’est pas déjà trop des lumières célestes et du secours de la grâce d’en haut pour nous faire pratiquer l’amour du prochain, la plus difficile de toutes les vertus, à mon avis. Les chrétiens véritables ont bien de la peine à se dévouer au soulagement de l’humanité souffrante, et pourtant leur divin maître leur en a donné l’exemple avec le précepte ; comment voudrait-on que la philosophie hermétique, qui ne saurait fournir aucun précepte analogue à celui des chrétiens, eût l’autorité que ses adeptes ont entrepris de lui faire supposer ?
La marquise de Créquy au cardinal de Rohan

En 1785
La carrière de ce sorcier de salon est brisée par l’escroquerie connue sous le nom d’affaire du collier de la Reine dans laquelle il se trouve entraîné par le cardinal de Rohan.

Autrefois ambassadeur de France à Vienne, le cardinal de Rohan, par ses frasques scandaleuses, était détesté de Marie-Thérèse qui transmit ce sentiment à sa royale fille. Dans le but d’acquérir le collier fastueux conçu par les joailliers de la couronne (1 600 000 livres !) , Jeanne de La Motte (1756-1791), une descendante d’un bâtard de Henri II. se fait passer pour une Valois pour se rendre plus crédible aux yeux du prélat. Et elle lui promet de le réconcilier avec Marie-Antoinette, en lui offrant l’idée de L’aider à acquérir ce collier que la Reine a pourtant toujours rejeter , par goût, et par décence envers la France.

La comtesse se ménage la complicité de Cagliostro, dont le cardinal est fanatique (ils iront jusqu’à déclarer « Cagliostro est Dieu lui-même ! » ). Devant le cardinal, le mage fait annoncer par un enfant médium un oracle dévoilant les suites les plus fabuleuses pour le prélat s’il se prête à cette affaire : la reconnaissance de la Reine ne connaîtra plus de bornes, les faveurs pleuvront sur la tête du cardinal, la Reine le fera nommer par le Roi premier ministre.
L’amant de Mme de La Motte, Marc Rétaux de Villette (un ami de son mari), possédant un talent de faussaire, imite parfaitement l’écriture de la Reine. Il réalise pour sa maîtresse de fausses lettres signées « Marie-Antoinette de France » (alors qu’Elle ne signe, que Marie-Antoinette, les Reines de France ne signant que de leur prénom, Marie-Antoinette n’était d’ailleurs pas de France mais de Lorraine ou d’Autriche… ou même que d’un simple trait !). La comtesse entretient ainsi une fausse correspondance, dont elle est la messagère, entre la Reine et le cardinal dont le but affiché est de les réconcilier.

Or le comte de La Motte a découvert par l’entremise de Cagliostro qu’une prostituée, Nicole Leguay (que La Motte fait appeler baronne d’Oliva pour l’introduire dans son salon), opérant au Palais-Royal, s’était forgé une réputation due à sa ressemblance avec Marie-Antoinette. Mme de La Motte la reçoit et la convainc de bien vouloir, contre une somme de 15 000 livres, jouer le rôle de la Reine recevant en catimini un ami, dans le but de jouer un tour…
C’est ainsi que se trame l’entrevue du bosquet :
Dans la nuit du 11 août 1784
Entre 11 heures et minuit
Le cardinal se voit confirmer un rendez-vous au Bosquet de Vénus dans les jardins de Versailles à onze heures du soir. Là, Nicole Leguay, déguisée en Marie-Antoinette dans une robe de mousseline à pois, le visage enveloppé d’une gaze légère noire, l’accueille avec une rose et lui murmure un « Vous savez ce que cela signifie. Vous pouvez compter que le passé sera oublié ».
Avant que le cardinal puisse poursuivre la conversation, Mme de La Motte apparaît avec Rétaux de Villette en livrée de la Reine avertissant que les comtesses de Provence et d’Artois, belles-sœurs de la Reine, sont en train d’approcher. Ce contretemps, inventé par Mme de La Motte, abrège l’entretien.

Nicole Le Guay d’Oliva explique qu’elle ne savait pas qu’on lui faisait jouer le rôle de la Reine.
Joseph Balsamo
Le 13 août 1785
Après de longues concertations avec l’abbé de Vermond et Breteuil, le ministre de la Maison du Roi, il est décidé que ce dernier en parle au Roi, veille de l’Assomption, jour de fête de la Reine
Le 14 août 1785
Le Roi est prévenu de l’escroquerie .
Le 15 août 1785
Alors que le cardinal — qui est également grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du Roi en présence de la Reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi, Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « Reine ». Le Roi réagit :
« Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».
La Reine ajoute :
« Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».
Le cardinal tente de s’expliquer.
« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté. », lui dit le Roi. Le cardinal supplie le Roi de lui épargner cette humiliation, il invoque la dignité de l’Église, le souvenir de sa cousine la comtesse de Marsan qui a élevé Louis XVI.Le Roi se retourne vers le cardinal :
« Je fais ce que je dois, et comme Roi, et comme mari. Sortez. »
Au sortir des appartement du Roi, il est arrêté dans la Galerie des Glaces au milieu des courtisans médusés.
Le scandale éclate !
Du 16 août 1785 au 1er juin 1786
Le cardinal est emprisonné à la Bastille. Il commence immédiatement à rembourser les sommes dues, en vendant ses biens propres. La comtesse de La Motte est arrêtée, son mari s’enfuit à Londres (où il bénéficie du droit d’asile) avec les derniers diamants, Rétaux de Villette est déjà en Suisse.
En juin 1785
Il est incarcéré à la Bastille mais, soutenu par Jacques Duval d’Eprémesnil et défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier (1755-1818).

Le 31 mai 1786
La prétendue comtesse de La Motte est condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière, après avoir été fouettée et marquée au fer rouge sur les deux épaules du « V » de « voleuse » (elle se débattra tant que l’un des « V » sera finalement appliqué sur son sein).

Son mari est condamné aux galères à perpétuité par contumace, et Rétaux de Villette est banni. Cagliostro après avoir été embastillé puis soutenu par Jacques Duval d’Eprémesnil, défendu par le brillant avocat Jean-Charles Thilorier, est bientôt banni et expulsé de France (1786).
Le cardinal de Rohan est acquitté par 26 voix contre 22 …
Marie-Antoinette est au comble de l’humiliation. Elle prend l’acquittement du cardinal comme un camouflet.
En 1786
Cagliostro est libéré et expulsé de France. Il se retire en Angleterre, puis part en Suisse et enfin en Italie, où il erre dans diverses villes
En juin 1786
Cagliostro assigne en justice le Gouverneur de la Bastille et l’avocat Chenon pour non-restitution des biens et papiers mis sous scellés lors de son arrestation en juin 1785 ;
En juillet 1787
Obligé de se désister faute de preuves, Cagliostro est débouté de sa demande.
En 1789
Il est arrêté par la Sainte Inquisition en 1789 et emprisonné au château Saint-Ange comme suspect de pratiquer la franc-maçonnerie.
En 1791
Il y est jugé et condamné par la justice pontificale en 1791 à la peine de mort pour hérésie, sentence commuée en prison perpétuelle.
Le 20 avril 1791
Il est transféré « sans espoir de grâce et sous étroite surveillance » à la forteresse de San Leo dans la région des Marches, en Italie centrale.
Il y restera jusqu’à sa mort…
Il est d’abord installé dans la « cellule du trésor » la plus sûre, mais aussi la plus dégradée et la plus humide de la forteresse. Il est après « emmuré » vivant dans la cellule « il pozzetto » jugée encore plus sûre, sorte de puits où il pouvait être surveillé. En prison, Cagliostro fait la grève de la faim.
En 1794
Mort de sa femme Serafina au couvent de Sant’Apollonia à Rome.
Dans la nuit du 26 au 27 août 1795
Décès de Giuseppe Balsamo.
La fin de Cagliostro débute vers midi le 26 août 1795. Une crise d’apoplexie lui fait perdre connaissance. Un garde le découvre inanimé et donne l’alarme, mais les médecins et les prêtres présents ne réussissent pas à le réanimer. Il meurt dans la nuit.
Le 28 août 1795 à 23 heures
Cagliostro est officiellement enseveli à la pointe extrême du mont de San Leo, vers l’occident, à mi-chemin entre les deux édifices destinés aux sentinelles « Palazzetto » et « Casino. »
La sépulture de Cagliostro n’a pas été retrouvée.
En 1797
Un fait particulier se produit, lors de la prise de la Rocca de San Leo par un contingent polonais sous les ordres du général Jean-Henri Dombrowski (1755-1818). Le général remet les prisonniers restants en liberté. Ceux-ci accompagnés par divers soldats déterrent les restes de Cagliostro et prennent son crâne pour y trinquer à la liberté retrouvée.
Cet épisode macabre est rapporté par un témoin oculaire, Marco Perazzoni, décédé en 1882, à l’âge de 96 ans, au prélat Oreglia di S. Stefano.
« Quand le comte mourut, j’avais sept ans. Je me souviens très bien de son enterrement. Son corps, habillé, déposé sur un battant de porte en bois, fut transporté à épaule par quatre hommes, lesquels, une fois sortis de la forteresse, descendirent vers l’esplanade. Ceux-ci étaient fatigués et transpiraient beaucoup (c’était le mois d’août). Afin de se reposer, ils posèrent la dépouille sur le parapet d’un petit puits qui existe encore, et ils allèrent boire un verre de vin. Ensuite ils récupérèrent le cadavre et le conduisirent au lieu de la sépulture. Moi, tenu par la main par un de ma parenté, je suivais le triste et misérable convoi. Comme il n’y avait aucun curé, ce convoi avait un aspect diabolique. À sa vue, les rares passants s’enfuyaient en faisant le signe de croix. Une fois la fosse creusée, le cadavre fut descendu au fond. Sous sa tête, ils mirent un gros caillou, sur son visage un vieux mouchoir, ensuite ils couvrirent de terre. Quelques années après arrivèrent les Polonais qui prirent la forteresse. Ceux-ci remirent en liberté les condamnés qui aidés par des soldats se mirent à creuser la sépulture, s’emparèrent du crâne de Cagliostro et y burent du vin, ceci dans les cantines du comte Nardini de San Leo… ».