Du 5 avril au 17 septembre 2023
Le musée des Arts décoratifs présente une exposition consacrée aux cheveux et aux poils dans le monde occidental. Ce projet original dont le commissariat est assuré par Denis Bruna, conservateur en chef au département mode et textile, poursuit l’exploration de la mode et de la représentation du corps. Après « La mécanique des dessous » (2013), « Tenue correcte exigée ! » (2017) et « Marche et démarche » (2019), « Des cheveux et des poils » montre comment la coiffure et l’agencement des poils humains participent depuis des siècles à la construction des apparences.


L’exposition explore à travers plus de six cents œuvres, du XVe siècle à nos jours, les thèmes inhérents à l’histoire de la coiffure, mais également les questions liées à la pilosité faciale et corporelle.


Le musée des Arts décoratifs interroge donc nos pratiques, tout en mettant en lumière les nombreux professionnels et artistes liés à nos cheveux et nos poils. Coiffeurs, barbiers, perruquiers, esthéticiennes… Parmi eux, on retient de véritables stars, qui se sont occupées de la tête et du corps des grandes figures de notre Histoire.

Les métiers et les savoir-faire d’hier et d’aujourd’hui sont mis en avant avec leurs figures emblématiques : Léonard Autier (coiffeur favori de Marie-Antoinette), Monsieur Antoine, les sœurs Carita, Alexandre de Paris et plus récemment les coiffeurs studio.

Les cheveux sont toujours changeants : ils poussent, se font couper, repoussent (la plupart du temps), peuvent changer de couleur, de forme, peuvent être décorés, habillés, cachés… Les poils aussi sont soumis à ces règles évolutives : tour à tour célébrés, détestés, montrés, retirés, ils en disent beaucoup sur notre société. Ces attributs naturels servent à montrer notre pouvoir, notre richesse, renforcent nos critères de genre ou sont utilisés comme symbole de contestation.

La pilosité est une caractéristique que l’homme partage avec presque tous les mammifères, et cette proximité n’est pas sans engendrer une certaine gêne. Le seul moyen pour échapper à cet état animal est d’apprivoiser, de dresser, de dompter le cheveu et le poil.


Certains noms de coiffures, du XVIIe au XXe siècle – à la Fontange, à la Titus, à la garçonne, à l’iroquoise – révèlent que les cheveux sont l’objet de phénomènes de mode importants, mettant en valeur des codes sociaux et culturels.

Consacrer une exposition aux cheveux et aux poils s’inscrit pleinement dans nos préoccupations centrées sur des phénomènes de mode et sur les relations qu’entretiennent le corps et sa représentation avec les pratiques sociales. L’idée apparaissait même comme un défi : faire une exposition de mode – et un livre qui l’accompagne et la prolonge – sans pour autant présenter de vêtements et montrer que le corps lui-même, notamment par les cheveux et les poils qu’il produit, participe pleinement à la construction d’une apparence, d’une silhouette, d’une identité. En effet, le cheveu, matériau corporel de loin le plus convertible – il peut en effet être étiré, coupé, tressé, frisé, complété, coloré, orné, caché ou exhibé –, est un médium essentiel de la mise en scène de soi.


Une marotte






Marie-Antoinette a toute sa place dans cette exposition. En effet, coiffée par Larseneur à son arrivée en France en mai 1770, sa coiffure dite à la Dauphine est conçue dans l’idée d’en faire un modèle. Ce sera pourtant difficilement le cas, madame du Barry ayant à cette date bien plus d’influence sur la mode qu’une jeune fille de quatorze ans qui ne fait que suivre les prescriptions de sa mère puis de ses dames d’atours en la matière.
Portrait
Il faudra attendre 1774. Marie-Antoinette est non seulement devenue entretemps Reine de France et sans aucune rivale à l’horizon, mais aussi et surtout une jeune femme de dix-huit ans ravie de devenir le modèle pour toutes les dames de son temps. Ses poufs, d’une hauteur démesurée réalisés par Léonard Autié sont copiés partout, en France mais aussi bien dans la lointaine Amérique jusqu’en Russie. Plus tard dans le règne, Marie-Antoinette et son coiffeur assagiront la coiffure pour dames par celle dite à l’enfant, née de sa perte de cheveux suite à sa seconde maternité.
Une très intéressante vidéo nous montre trois coiffures, un pouf de 1775, la coiffure à la mode des années 1830 et enfin une perruque masculine du milieu du XVIIIème siècle :
Des souvenirs fabriqués en cheveux nous sont montrés dans une petite salle : bagues, bracelets, médaillons, petites boîtes… Marie-Antoinette ne manquera pas non plus cette mode de conserver près de soi les mèches de cheveux des êtres chers.

Il est juste dommage de ne pas en montrer lui ayant appartenus car certains sont encore conservés. Soit elle les offrait à ses amis ou serviteurs fidèles, soit elle en a gardé jusqu’à la fin de sa vie comme souvenirs de ceux qui lui étaient le plus cher.


Rétablis dans les contextes qui ont présidé à leur création, les coiffures féminines, masculines, enfantines, mais aussi les barbes, les moustaches et l’agencement des autres poils corporels – visage, torse, aisselles, jambes, pubis – dévoilent des codes sociaux et culturels que les contemporains savaient décrypter et que nous avons tenté de comprendre et d’éclaircir. S’ils permettent d’afficher l’adhésion à une mode, les cheveux et les poils peuvent incarner une conviction, allant parfois jusqu’à la contestation, et sont porteurs de significations multiples, telle la féminité, la virilité, la force, la négligence ou encore la séduction









Des coiffures d’Elisabeth d’Autriche, Sissi






Des créateurs comme Jean-Paul Gaultier, Alexander McQueen ou Martin Margiela prouvent également que le cheveu peut se transformer en œuvre d’art, en présentant des créations insolites et étonnantes.

De grands noms de la mode contemporaine tels Alexander McQueen, Martin Margiela ou Josephus Thimister sont présents avec leurs réalisations spectaculaires faites à partir de ce matériau singulier qu’est le cheveu. L’exposition est présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen Schwarzman, dans une scénographie confiée à David Lebreton de l’agence Designers Unit.


Très drôle, pleine de surprises et riche de plusieurs centaines de sculptures, tableaux, objets anciens, publicités ou documents d’époque, cette exposition nous captive à chaque chapitre.

Musée des Arts décoratifs
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Jusqu’au 17 septembre 2023
Nous regrettons seulement le catalogue. D’une part les informations concernant la période qui nous intéresse sont vraiment légères. D’autre part la qualité du papier et des photos est vraiment très médiocre. Cela ne vaut vraiment pas à nos yeux son prix élevé.