

Vers 1751 (ou 1746?)
Naissance , à Pamiers en Gascogne, de Léonard-Alexis Autié (1751-1820) que l’Histoire connaîtra sous son seul prénom de Léonard. Il est le fils aîné d’Alexis Autié et de Catherine Fournier, tous deux domestiques.
En juillet 1753
Naissance de son frère Pierre Autié à Pamiers.
En 1758
Naissance de son frère Jean-François Autié (1758-1794).
En 1769
Léonard débute sa carrière à Bordeaux avant de gagner Paris. Il aurait intégré l’Académie de Coiffure du skieur Le Gros, auteur de L’Art de la Coiffure, qui officie auprès de Madame du Barry (1743-1793).

Il commence par coiffer Julie Niébert, actrice au Théâtre de Nicollet. Son style atypique et novateur attire immédiatement l’attention. Il entre ainsi rapidement au service de dames de la noblesse, dont Jeanne du Barry , alors arbitre des modes et des arts à la Cour, en digne favorite du Roi Louis XV qu’elle est.

Le 16 mai 1770
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.

En mai 1770
Le malheureux Le Gros meurt étouffé dans le mouvement de foule meurtrier lors du dramatique feu d’artifice donné place Louis XV à l’occasion du mariage du Dauphin avec Marie-Antoinette d’Autriche.
Ce décès ouvre les voies du succès au prometteur académicien qui prend sa relève.
Il fonde sa propre académie dans l’intention d’y former les valets et les femmes de chambres faisant office de coiffeur dans les grandes maisons.

Ses deux frères , Jean-François et Pierre, ainsi qu’un cousin maternel, , Jean-Pierre Villanoué, le rejoignent pour s’y former à leur tour.
En 1771
Léonard coiffe également la marquise de Langeac, dame de compagnie de la Dauphine Marie-Antoinette. Sa popularité décolle et il devient le coiffeur le plus prisé de la Cour de France.
Le coiffeur pour dames, un être essentiel (1772)
« Un Coëffeur de Dames est sans doute, Monsieur, un être essentiel ; mais il n’est peut-être pas de profession plus délicate & plus épineuse ; il est rare que le plus habile de ceux qui l’exercent réussisse à satisfaire ses pratiques, il se donne beaucoup de peine, &, pour l’ordinaire, le résultat de son industrie est de voir la mauvaise humeur enlaidir un front qu’il a pourtant embelli. Souvent les femmes elles-mêmes ne savent quelles frisures choisir, ou ne sont point instruites des modes nouvelles dans ce genre, & par conséquent, ne connoissent pas celles qui seroient les plus analogues à l’air de leur visage. Cette incertitude & cette ignorance doivent être sur-tout un sujet de désespoir pour les Dames de Province.»
L’Année littéraire ou Suite des lettres sur quelques écrits de ce temps (1772)
En 1772
Il coiffe la Dauphine en personne. Marie-Antoinette a déjà Son coiffeur officiel, Larseneur. Mais Elle lui préfère Léonard. Chaque jour, Larseneur vient solennellement s’acquitter de son office mais Marie-Antoinette n’aime pas la façon dont il coiffe. Elle ne lui dit pas et ne veut pas le congédier. Elle le laisse par conséquent terminer son pompeux travail et lorsqu’il se retire après les révérences d’usage, une demoiselle d’honneur introduit à la dérobée Léonard dans les appartements privés de la Reine. Celui-ci peut recommencer la coiffure et l’accommoder à Son goût.

En janvier 1774
A la demande de Marie-Antoinette, Léonard et la styliste Mademoiselle Bertin relancent la parution du magazine de mode intitulé le Journal des Dames. La Dauphine règle tous les frais de l’opération, et la baronne de Princen (1736-1812), dans une situation financière délicate, accepte de prêter son nom en tant que rédactrice en chef.
Le premier numéro met en avant les tenues et les coiffures de la Dauphine mais présente également une nouvelle coiffure créée par Mademoiselle Bertin (1747-1813), le ques-à-co, composée de trois plumes à l’arrière de la tête, formant comme un point d’interrogation.

Coiffure à la ques-à-co
Elle sera bientôt portée par toutes les dames de la cour, même par Madame du Barry. Bien que Léonard et Rose s’entendent « comme deux sœurs », il ne peut s’empêcher de ressentir un peu de jalousie.
En avril 1774
Léonard crée bientôt à son tour une nouvelle coiffure qu’il nomme le «pouf», porté pour la première fois par la duchesse de Chartres, avant d’être adopté par Marie-Antoinette, ce qui en lance la mode.

Véritables échafaudages de gaze posés sur la tête des dames, ils servent de support à d’excentriques créations représentant des jardins fleuris, les signes du zodiaque, des panières de fruits.

«Un nommé Léonard, excellent en cet art, avait l’emploi de coiffeur de la reine . On le voyait arriver en voiture à six chevaux à Versailles pour ses hautes fonctions.»
Comte de Saint-Priest, Mémoires
Léonard est alors accompagné du «Beau Julien», son élégant acolyte.

Paul Ahmarani est Léonard dans Marie-Antoinette (2006) de Francis Leclerc et Yves Simoneau

Louis XV adopte la poudre tout enfant ; plus tard, sa femme et ses maîtresses ne bouderont pas les nuages de poudre. Être frisé et poudré n’est cependant pas réservé aux coquettes. Tout médecin qui se respecte doit endosser l’habit qui convient à la pratique de son art. Dans ses mémoires, Stendhal ne manque pas de rapporter le fait que son grand-père maternel dut se coiffer d’une «perruque poudrée, ronde, à trois rangs de boucles», pour inspirer confiance à sa clientèle, en 1760. Être frisé et poudré est le comble du bon goût.

Le futur Louis XVI est, quant à lui, un Dauphin au naturel qui s’encombre peu des artifices chers à ses illustres aïeux. Il apparaît aux yeux de la femme de chambre de son épouse les cheveux, le plus souvent, « en désordre », ce qui crée un véritable contraste avec le milieu ambiant. Les «coiffures poudrées et embaumantes» sont toujours d’actualité à Versailles. Sa jeune épouse se poudre les cheveux avec discrétion. Madame Vigée Le Brun a une sainte horreur de la poudre. Pour lui complaire, il conviendra de changer ses habitudes et de faire parler sa nature avec le moins d’artifices possible. Viendra bientôt le temps des coiffures excentriques et des poudres d’iris de couleur orange qui donneront aux femmes l’air de «rousses», nous dit la baronne d’Oberkirch (1754-1803) dans ses mémoires.





Aux alentours de 1775

La coiffure féminine est très élégante et reste encore assez simple, agrémentée de multiples boucles en tire-bouchons s’étageant sur les côtés.

Dame coiffée à la Cérès par Charles Lepeintre (1735–1803)
On peut en voir deux exemples ci-dessous, dans le portrait de Marie-Antoinette et le buste de madame du Barry. Quand les cheveux sont relevés, ils dégagent la nuque et s’élèvent haut sur le front : c’est ce qu’on appelle la coiffure à physionomie élevée. Si les cheveux tombent sur les épaules, il s’agit des dragonnes.
On trouvait aussi la coiffure à la hérisson, où les cheveux sont relevés, crêpés et frisés à la pointe.
Puis vient la mode des coiffures compliquées, monumentales et excentriques, avec les poufs et les panaches.

« La femme française s’était livrée en ces années à une folie de coiffure sans exemple, et si générale qu’une déclaration, donnée le 18 août 1777, agrégeait six cents coiffeurs de femmes à la communauté des maîtres barbiers-perruquiers.»


Les coiffures sont également poudrées, afin de parfumer et donner une teinte aux cheveux, après les avoir crêpés et graissés, et de maintenir la coiffe.
Ces poudres sont constituées d’amidon, de farine ou de craie, puis colorées (blonde avec de l’ocre de Rome, rouge avec de l’orcanette ou de la poussière de bois de chêne vermoulu, ou de manière plus répandue, grise avec de la braise de bois blanc écrasée, aux nuances argentées). Elles sont alors parfumées, le plus souvent au jasmin, la rose, la jacinthe, la jonquille ou la fleur d’orange.

« La tête des élégantes était une mappemonde, une prairie, un combat naval. Elles allaient d’imaginations en imaginations et d’extravagances en extravagances, du porc-epic au berceau d’amour, du pouf à la puce au casque anglais, du chien couchant à la Circassienne, des baigneuses à la frivolité au bonnet à la candeur, de la queue en flambeau d’amour à la corne d’abondance. Et que de créations de couleurs pour les énormes choux de rubans, jusqu’à la nuance de soupirs étouffés et de plaintes amères !
La Reine se jette dans cette mode. Aussitôt les caricatures et les diatribes de passer par-dessus toutes les têtes, et de frapper sur la jolie coiffure aux mèches relevées et tortillées en queue de paon, dans laquelle elle s’est montrée aux Parisiens. La satire, qui permet tant de ridicules à la mode, est impitoyable pour le quesaco que la Reine montre aux courses de chevaux, pour les bonnets allégoriques que lui fait Beaulard, pour la coiffure de son lever, courant Paris sous le nom de Lever de la Reine.»
C’est Christian Gasc, le costumier du film, qui incarne Léonard
dans Les Adieux à la Reine (2012) de Benoît Jacquot
Les poufs désignent des gazes et faux cheveux insérés dans la chevelure, ornés ensuite de divers accessoires selon le goût de chacune. Ainsi, le Pouf à la Belle Poule, du nom d’une frégate, ou le pouf au sentiment, exposant bibelots, oiseaux, fleurs, poupées ou légumes.

On aperçoit Léonard et le «Beau Julien»(que l’on reconnaît au peigne dans leur cheveux).
Il préparent probablement la poudre qui viendra blanchir la coiffure de Marie-Antoinette.


Léonard-Alexis a un parcours tout à fait remarquable en raison de son talent, sa créativité, son ascension sociale fulgurante, mais également sa proximité incongrue avec la Reine de France.
![A portrait of Marie Antoinette by an unknown artist, 18th century. [credit: Azur Enchères Cannes/Pichon/Noudel-Deniau , via Auction.fr]](https://66.media.tumblr.com/87d9bccae3b2df33ee0523b14c1c504b/tumblr_opk6s1Vso21qatfdco1_500.jpg)
« Quand l’échafaudage de la coiffure était achevé, le coiffeur, armé de sa longue et grosse houppe de soie, rempli d’un noble enthousiasme, lançait de toute sa force la poudre la plus fine en l’air, contre le plafond. L’élégant, se plaçait de manière à recevoir sur sa tête cette poudre fine, lorsqu’elle retombait du plafond. L’artiste, animé par le succès, recommençait avec vigueur le jet de la poudre jusqu’à ce qu’il fût content de l’effet de cette neige blanche ou demi-blonde. Cela s’appelait, « poudré en frimats ». D’autres disaient, « poudré aux śufs ».»
Michelle Sapori


Dans l’histoire de la monarchie absolue en France, il est tout à fait exceptionnel de pouvoir approcher la personne royale, et encore plus de pouvoir s’introduire dans ses appartements privés. L’Étiquette réglemente strictement qui est autorisé à approcher la Reine, selon son rang et ses fonctions. Normalement, seuls les nobles ont ce privilège. Marie-Antoinette, en autorisant des roturiers tels que Léonard à entrer dans Ses appartements, va introduire des changements inédits.

dans Marie-Antoinette, Reine d’un seul Amour (1988)
de Caroline Huppert

Fort de ce succès, Léonard fonde une école de coiffure, baptisée l’Académie de coiffeur, située rue de la Chaussée-d’Antin. Il fait venir à lui ses frères Pierre et Jean-François pour s’associer à eux. Jean-François et leur cousin Villanou entrent dans la maison de la Reine comme coiffeurs, tandis que Pierre travaille pour la sœur du Roi, Madame Elisabeth (1764-1794). Profitant de la réputation de leur frère aîné, Pierre et Jean-François se font également appeler « Léonard », ce qui compliquera ultérieurement la tache des historiens.





Décrit comme un petit monsieur correct et propret, remuant, aux pommettes légèrement saillantes, au nez pointu et un peu retroussé ressemblant vaguement à Robespierre, Léonard jouissait, en 1785, à Paris, d’une vogue telle qu’elle l’avait fait surnommer « le Marquis » par le comte de Provence, pour le distinguer de son frère, le chevalier, dont l’emploi se bornait à couper les cheveux.



En été 1778
Il invente la coiffure à la Belle Poule, par allusion au combat du 17 juin 1778 consacrant la première victoire d’un navire français sur la marine anglaise au large de Brest. Marie-Antoinette se fait réaliser à cette occasion une perruque surmontée d’un navire, et toute la Cour suit.

Coiffure à la Belle Poule

Ces coiffures atteignent quatre-vingt-dix centimètres de hauteur et atteignent un poids de cinq kilogrammes. Selon les volumes et artifices employés, une perruque peut coûter 50 000 livres pièce (soit 65 000 €) pour les plus belles, et la Reine et les dames fortunées de la Cour en changent quasiment tous les jours.


Marie-Antoinette y est incarnée par Charlotte de Turckheim




Une autre coiffure fait fureur, le pouf «à la jardinière» : dans une serviette à liteaux rouges, Léonard dispose artichauts, carottes et betteraves.

Les femmes portent sur leurs têtes des montagnes enneigées, des vendangeurs au travail, un moulin à vent, un jardin à l’anglaise avec ses ruisseaux, une forêt de cygnes, une bergère conduisant son troupeau, des agneaux se désaltérant dans les ruisseaux, des animaux en bois peint, des prairies émaillées de fleurs. Cela peut donner le sage pouf «au parterre galant» (qui porte bien son nom..), ou «à la belle saison».

« La duchesse de Lauzun paraît un jour chez la marquise du Deffant avec un pouf délicieux ; il offrait tout un paysage en relief ; d’abord une mer agitée, des canard nageant sur ses bords, un chasseur à l’affût prêt à les coucher en joue ; sur le sommet un moulin dont la meunière se faisait courtiser par un abbé, et tout au bas de l’oreille, on voyait le meunier conduisant un âne.»

Les coiffures à la mode sont alors toujours plus hautes, plus complexes et plus monumentales. Elles sont garnies de fleurs, de fruits ou de légumes, et de plumes, telles de véritables œuvres d’art.
« C’était un très beau coup d’œil dans la galerie de Versailles que cette forêt de plumes qui ondoyait au moindre courant d’air.»

Coiffure à l’extrême
Le 19 décembre 1778
Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême.

« Marie-Antoinette per[d] des cheveux dans la zone frontale, un vrai handicap pour un front déjà un peu haut. Cet événement capillaire (…) sonn[e] brutalement le glas des édifices spectaculaires (…)»
Marie-Antoinette l’Affranchie (2020), Sylvie Le Bras-Chauvot, Armand Colin
Vers 1779
Léonard-Alexis Autié se marie à Paris à Marie-Louise Adélaïde Jacobie Malacrida, fille de Jacques Malacrida, officier de bouche du comte d’Artois (1756-1836).
Portrait présumé de Léonard Autié

Le comte de Vaublanc décrit lui aussi la mode vers 1780 :
« Au-dessus du front s’élèv(ent) des cheveux bien crêpés, bien raides, bien graissés et bien poudrés. Cette coiffure (est) à angles droits, saillants et rentrants, et (a) un air menaçant, comme une fortification. Pour accompagner ces bastions on m(et) des deux côtés, et sur le cou de grosses boucles bien roides, bien graissées et bien poudrées, bien tenues par des broches de fer, et qui (ont) le charme de salir sans cesse le cou.
Au-dessus des fortifications dont j’ai parlé on pla(ce)un coussin de taffetas noir, rempli de crin. Ce coussin, qui (perd) promptement sa propreté primitive, (est) attaché à la fortification par de longues épingles de fer qui (doivent) attacher le nombre immense des ornements qui (relèvent) toute cette coiffure, des rubans, des fleurs, des nattes en cheveux, des boudins en cheveux. Les cheveux de derrière, bien graissés aussi, et encore plus poudrés que le reste, (sont) relevés, tantôt en plusieurs nattes ou tresses, tantôt en un chignon volumineux qui (fait) peur à tous les meubles et à tous les habits qui s’en approch(ent). Comme tous ces cheveux du derrière de la tête (ont) une irrégularité choquante dans la partie d’en haut, on fourr(e), dans l’espace qui se trouv(e) entre le coussin et les cheveux, de grandes cocardes de crêpe ou de taffetas, pour cacher ce vilain commencement de nattes, de tresses et de chignon volumineux.
La poupée ainsi coiffée (a) du rouge sur les joues et quelques mouches. Le bon ton (veut) que le rouge (soit) très épais, qu’il touch(e) les paupières inférieures des yeux. Cela, dit-on, donn(e) du feu aux yeux. On (tient) tant à ce rouge que toutes les femmes (ont) dans leur poche une boîte plus ou moins riche, dans laquelle (sont) les mouches, le rouge, le pinceau, et surtout le miroir. Plusieurs dames renouv(èlent), sans façon, à leur aise, leurs belles joues rouges partout où elles se trouv(ent).
J’oubli(e) de dire qu’une mode impérieuse forc(e) bientôt toutes les femmes à substituer une poudre rousse à la poudre blanche ; elle produi(t) une saleté abominable sur le front, le cou et les épaules. Tout cet échafaudage (est) surmonté d’une touffe de plumes blanches plus ou moins élevées.
La mode vi(e)nt alors des voitures anglaises ; l’impérial intérieur (est) très bas, en sorte que les dames d’une taille élevée (sont) forcées de se mettre à genoux dans la voiture pour ne point briser leurs plumes. J’ai vu une dame qui non seulement était à genoux dans la voiture, mais encore passait la tête par la portière. Quand une femme ainsi panachée dans(e) dans un bal, elle (est) contrainte à une attention continuelle de se baisser lorsqu’elle pass(e) sous les lustres, ce qui lui donn(e) la plus mauvaise grâce qu’on puisse imaginer.»


dans Louis XVI, l’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
En juin 1780
« Il survint chez Marie-Antoinette une alopécie dont les chroniqueurs n’ont pas manqué de faire mention : « Depuis la couche de la Reine, écrit Bachaumont en juin 1780, les cheveux de Sa Majesté tombent et l’art est continuellement occupé à réparer les vides qui se forment sur sa tête auguste. Cette princesse, lasse de contrarier la nature, semble vouloir s’y abandonner entièrement. Elle n’a plus qu’un chignon plat, terminé par une boucle en boudin, à peu près comme les perruques d’abbé, et déjà différentes femmes de la cour, empressées de se conformer aux goûts de leur souveraine, ont sacrifié leur superbe chevelure. On appelle cette coiffure « à l’enfant« .»
Augustin Cabanès
Quelques recettes :
Huile parfumée aux fleurs pour les cheveux :
« L’huile d’Olive, celles d’Amandes douces et de Noisette sont les seules dont on se sert pour parfumer les cheveux aux fleurs. Pilez des Amandes à l’eau chaude, lorsqu’elles seront sèches, réduisez-les en poudre, passez-les par un gros sas, et faites un lit de poudre d’Amandes et un lit de fleurs dans une caisse ; après avoir continué de cette manière pour vous servir de ce que vous en voulez parfumer, et après avoir laissé les fleurs du matin au soir, vous passerez vos mêmes fleurs, alors vous les renouvellerez, en remettrez de fraîches et répéterez cette même opération pendant huit jours. Quand vos Amandes auront bien pris l’odeur de la fleur que vous aurez choisie, vous les mettrez dans des toiles neuves, et ferez des paquets pliés deux à deux, plis contre plis et exactement pressés, pour tirer l’huile qui sera parfumée de l’odeur de la fleur.»
Moyen de faire croître et revenir les cheveux :
« Prenez racines de vigne vierge, racines de chanvre et trognons de choux tendres, de chacun deux poignées ; faites-les sécher, puis brûler ; ensuite faites une lessive avec les cendres : avant de se laver la tête de cette lessive, il faut la frotter avec du miel, et continuer l’un et l’autre trois jours de suite.»
Pour empêcher les cheveux de tomber :
« Mettez en poudre de la graine de persil, poudrez-vous en la tête pendant trois soirs différents, vous recommencerez chaque année, et vos cheveux ne tomberont jamais.»
Eh pourtant il a fallu à Léonard inventer la Coiffure à l’Enfant…

la coiffure à l’Enfant est désordonnée de manière légère, non poudrée,
en mèches éparses autour du visage
« La Reine perd alors Ses cheveux dans la zone frontale, Léonard lance la mode de « la coiffure à l’enfant« , aux cheveux courts et bouclés. Il coupe alors la partie avant de la longue chevelure de Marie-Antoinette. Selon les périodes et les circonstances, il la travaille en auréole crantée, ondulée, mousseuse ou bouclée, qui tout en adoucissant l’ovale du visage habille avantageusement le haut du front. A l’arrière de la tête, les cheveux restés très longs permettent ses habituels exercices de style mixant grosses boucles en rouleaux, épaisses nattes ou longue mèche lissée. Cette création de Léonard est de loin la plus pérenne et surtout plus riche de conséquences car elle ouvre une nouvelle ère marquant la mode au sens large.»
Marie-Antoinette, l’Affranchie de Sylvie Le Bras-Chauvot

Et c’est la coiffure qui résume davantage Marie-Antoinette si l’on se réfère aux portraits d’Elisabeth Vigée Le Brun, Elle n’est coiffée d’un pouf que sur un seul, le premier qu’elle a peint d’Elle, sur tous les autres Elle apparaît coiffée à l’Enfant.
On imagine que les doigts d’or de Léonard se feront moins indispensables pour cette coiffure plus simple. Eh pourtant, la Reine ne saura se passer de lui pour crêper Sa chevelure lorsqu’en 1791, Elle choisit de lui confier une mission ( erreur fatale !) lors de l’évasion vers Montmédy qui devait s’achever à Varennes…
« Les parures de têtes s’adaptent , de larges chapeaux apparaissent ainsi que de volumineux poufs de gaze faisant écho aux transformations drastiques des lignes vestimentaires émergeant dans le même temps.»
Marie-Antoinette, l’Affranchie de Sylvie Le Bras-Chauvot

et dans L’Anglaise et le Duc (2002) d’Eric Rohmer
Au début des années 1780
Larseneur, le coiffeur officiel de Marie-Antoinette, prend sa retraite et la Reine fait appel à Léonard pour le remplacer. Elle sait qu’il est excentrique, orgueilleux, narcissique, capricieux- au point d’être appelé « le Marquis« -, mais Elle lui accorde tout de même Sa confiance en raison de son talent et de sa créativité inédite. Ses idées extravagantes savent séduire la Reine, dont il fait sa muse. Ses « poufs » séduisent toute la Cour.
Léonard se qualifie lui-même de physionomiste.
«Il métamorphose les têtes des femmes en monuments d’architecture. Sa personnalité, son imagination débordante et sa dextérité lui valent une notoriété sans précédent.»
Marie-Antoinette, l’Affranchie de Sylvie Le Bras-Chauvot
En juin 1780
« Il survint chez Marie-Antoinette une alopécie dont les chroniqueurs n’ont pas manqué de faire mention : « Depuis la couche de la Reine, les cheveux de Sa Majesté tombent et l’art est continuellement occupé à réparer les vides qui se forment sur sa tête auguste. Cette princesse, lasse de contrarier la nature, semble vouloir s’y abandonner entièrement. Elle n’a plus qu’un chignon plat, terminé par une boucle en boudin, à peu près comme les perruques d’abbé, et déjà différentes femmes de la cour, empressées de se conformer aux goûts de leur souveraine, ont sacrifié leur superbe chevelure. On appelle cette coiffure « à l’enfant ».»
Mémoires de Bachaumont
Vers 1780
« Au-dessus du front s’élevaient des cheveux bien crêpés, bien raides, bien graissés et bien poudrés. Cette coiffure était à angles droits, saillants et rentrants, et avait un air menaçant, comme une fortification. Pour accompagner ces bastions on mettait des deux côtés, et sur le cou de grosses boucles bien roides, bien graissées et bien poudrées, bien tenues par des broches de fer, et qui avaient le charme de salir sans cesse le cou.
Au-dessus des fortifications dont j’ai parlé on plaçait un coussin de taffetas noir, rempli de crin. Ce coussin, qui perdait promptement sa propreté primitive, était attaché à la fortification par de longues épingles de fer qui devaient attacher le nombre immense des ornements qui relevaient toute cette coiffure, des rubans, des fleurs, des nattes en cheveux, des boudins en cheveux. Les cheveux de derrière, bien graissés aussi, et encore plus poudrés que le reste, étaient relevés, tantôt en plusieurs nattes ou tresses, tantôt en un chignon volumineux qui faisait peur à tous les meubles et à tous les habits qui s’en approchaient. Comme tous ces cheveux du derrière de la tête avaient une irrégularité choquante dans la partie d’en haut, on fourrait, dans l’espace qui se trouvait entre le coussin et les cheveux, de grandes cocardes de crêpe ou de taffetas, pour cacher ce vilain commencement de nattes, de tresses et de chignon volumineux.»
« La poupée ainsi coiffée avait du rouge sur les joues et quelques mouches. Le bon ton voulait que le rouge fût très épais, qu’il touchât les paupières inférieures des yeux. Cela, disait-on, donnait du feu aux yeux. On tenait tant à ce rouge que toutes les femmes avaient dans leur poche une boîte plus ou moins riche, dans laquelle étaient les mouches, le rouge, le pinceau, et surtout le miroir. Plusieurs dames renouvelaient, sans façon, à leur aise, leurs belles joues rouges partout où elles se trouvaient.
J’oubliais de dire qu’une mode impérieuse força bientôt toutes les femmes à substituer une poudre rousse à la poudre blanche ; elle produisait une saleté abominable sur le front, le cou et les épaules. Tout cet échafaudage était surmonté d’une touffe de plumes blanches plus ou moins élevées.
La mode vint alors des voitures anglaises ; l’impérial intérieur était très bas, en sorte que les dames d’une taille élevée étaient forcées de se mettre à genoux dans la voiture pour ne point briser leurs plumes. J’ai vu une dame qui non seulement était à genoux dans la voiture, mais encore passait la tête par la portière. Quand une femme ainsi panachée dansait dans un bal, elle était contrainte à une attention continuelle de se baisser lorsqu’elle passait sous les lustres, ce qui lui donnait la plus mauvaise grâce qu’on puisse imaginer.»
Le comte de Vaublanc
En 1780
Léonard épouse à Buc Marie-Louise-AdéIaïde-Jacobie Malacrida, une artiste qui forme avec ses sœurs, un trio surnommé «les trois grâces». Ce sont les filles de Jacques Malacrida, officier de bouche du comte d’Artois et de Louise-Catherine Bernay.
Les coiffures sont également poudrées, afin de parfumer et donner une teinte aux cheveux, après les avoir crêpés et graissés, et de maintenir la coiffe.

Le 13 septembre 1781
Baptême de sa fille Marie-Anne Elisabeth Autié à l’église Saint-Eustache de Paris.
Le 22 octobre 1781

Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François premier Dauphin.
En 1782
« J’essayai pour la première fois une chose fort à la mode, mais assez gênante : de petites bouteilles plates et courbées dans la forme de la tête, contenant un peu d’eau, pour y tremper la queue des fleurs naturelles et les entretenir fraîches dans la coiffure. Cela ne réussissait pas toujours, mais lorsqu’on en venait à bout, c’était charmant. Le printemps sur la tête, au milieu de la neige poudrée, produisait un effet sans pareil (…). Madame la comtesse du Nord avait sur la tête un petit oiseau de pierreries qu’on ne pouvait pas regarder tant il était brillant. Il se balançait par un ressort, en battant des ailes, au-dessus d’une rose, au moindre de ses mouvements. La reine le trouva si joli qu’elle en voulut un pareil.»
La baronne d’Oberkich

Yolande de Polignac illustre la version naturelle de porter la coiffure à l’Enfant
sans poudre, à la mode de Trianon…
En mai 1782
« Madame la comtesse du Nord avait sur la tête un petit oiseau de pierreries qu’on ne pouvait pas regarder tant il était brillant. Il se balançait par un ressort, en battant des ailes, au-dessus d’une rose, au moindre de ses mouvements. La Reine le trouva si joli qu’elle en voulut un pareil.»
La baronne d’Oberkirch
En janvier 1786
Pierre Autié (1753-1814) épouse Marguerite-Rosalie Leguay, femme de chambre de Madame Elisabeth. Ils auront huit enfants.
Le 6 janvier 1786
Naissance de sa deuxième fille, Louise Françoise Alexandrine Autié. Elle est baptisée le 8 janvier avec pour parrain Jean-François Autié et pour marraine Louise Catherine Malacrida, sa grand-mère maternelle.


Le 24 août 1786
Marie-Antoinette ajoute des feuilles et fleurs de pomme de terre quand, enfin, les Français sont convaincus que cet étrange tubercule n’est pas un poison…
En 1787
Léonard-Alexis est à la tête d’une fortune qui le met à l’abri du besoin pour le reste de sa vie. N’ayant plus besoin de travailler, il reste néanmoins le Coiffeur de la Reine mais n’intervient plus que pour des occasions spéciales, telles que les bals et les galas. C’est son jeune frère Jean-François qui coiffe la Reine au quotidien et qui prend la direction de l’Académie de coiffure.

La coiffure à l’Enfant peut n’être qu’une sorte de chignons avec une partie de la chevelure,
le reste retombant en boucles éparpillées le long des épaules.
Grâce aux encouragements de Marie-Antoinette, Léonard devient imprésario. Ne disposant pas de fonds suffisants, il prend Mademoiselle Montansier (1730-1820) comme associée. Sous l’ancien régime, la charge de protecteur du théâtre est traditionnellement dévolue au plus âgé des frères du Roi, que l’on appelle «Monsieur». Or le comte de Provence (1755-1824) à qui revient cette charge n’est pas particulièrement intéressé par le théâtre ou l’opéra et ne finance aucune œuvre en ce sens. Il accepte cependant que l’on utilise son nom pour nommer le nouveau Théâtre de Monsieur.
Léonard et Mademoiselle Montansier sont rapidement en désaccord et se fâchent. Ambitieux, Léonard souhaite présenter quatre genres : l’opéra français, l’opéra italien, le théâtre français et du vaudeville. Mademoiselle Montansier veut, quant à elle, se concentrer sur l’opéra italien et créer une formation d’élite de chanteurs italiens. Elle accepte de se retirer contre le remboursement des 100 000 livres investies et le versement à vie d’une rente annuelle de 20 000 livres. Léonard se retourne vers le violoniste italien Giovanni Viotti (1755-1824), également au service de Marie-Antoinette. Viotti avance des fonds, mais ne dispose pas de la somme complète. Léonard et Viotti finissent par convaincre Mademoiselle Montansier d’accepter 40 000 livres et la rente. Elle ouvre plus tard son propre théâtre (le Théâtre du Palais-Royal) afin de concurrencer le Théâtre de Monsieur.
Le
Léonard se voit attribuer le privilège exclusif d’exploiter le théâtre pour une durée de trente ans.

Pour porter les bonnets gonflés de velours, garnis de voiles, la coiffure à l’Enfant doit être plus structurée,
elle est savamment crêpée de manière à soutenir la coiffe bien haut sur la tête.

Marie-Anne Lavoisier est ici coiffée à l’Enfant en boucles ordonnées. Il est probable que des postiches se mêlent à sa chevelure naturelle…
Le 28 mai 1788
Une société d’investissement est créée, avec un directoire composé de notaires et d’avocats.

Encore plus simple qu’à la Cour, la coiffure à l’Enfant, se résume à des mèches volantes autour du visage
et une seule boucles descendante qu’on aurait jadis appelée pleureuse…
La coiffure à l’Enfant de la Reine est ici structurée de manière solide pour aidée la toque emplumée à trôner haut sur le royal crâne
Vers 1789
Naissance de sa troisième fille, Fanny Autié.
Le 26 janvier 1789
Le Théâtre de Monsieur ouvre et attire un public nombreux. Il devient le premier théâtre français produisant des opéras italiens toute l’année. En dépit des succès d’audience, les dépenses dépassent régulièrement les recettes et les difficultés financières s’accumulent. L’entreprise prendra fin avec les événements liés à la Révolution française.
Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux.

Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.

Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future… pour cette cérémonie d’aurore de l’agonie de la royauté, la Reine n’a pu se passer des doigts de fée de Son cher Léonard pour apparaître dans toute Sa majesté aux yeux de ce peuple qui L’outrage rien que par le fait de cette réunion des trois ordres.


Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.


La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.

La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 5 octobre 1789
Des milliers de femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Le 27 novembre 1790
Naissance de son fils Auguste-Marie Autié.
Le 20 juin 1791, à une heure un quart de l’après-midi
Au moment de se mettre à table avec le Roi, Marie-Antoinette le fait appeler dans son appartement aux Tuileries, où il logeait en sa qualité de valet de chambre de Sa Majesté.
Marie-Antoinette convoque Son coiffeur Léonard (alias Jean-François Autier) dans Ses appartements et, grâce à la confiance qu’Elle lui témoigne, le charge d’un précieux message à transmettre au duc de Choiseul (1760-1838). Jean-François s’acquitte loyalement de cette mission. Le message indique que Jean-François doit obéir au duc comme à la Reine dans l’organisation de la fuite de la famille royale. Le duc montre au coiffeur le cabriolet qui attend dans la cour et lui dit : « on part ».


Jean-Claude Brialy et Marcello Mastroianni qui interprète Casanova


Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.

Choiseul entraîne Léonard stupéfait vers un cabriolet fermé dont il baisse les stores et qui part à grande allure sur la route de Bondy. Léonard se met à larmoyer, s’inquiétant de sa clef, de son cabriolet, d’une cliente laissée en plan, de son frère ne sachant ce qu’il sera devenu. Passé le relais de Meaux, l’émoi du coiffeur devient tel que Choiseul lui révèle enfin qu’il l’emmène à la frontière, où il doit remettre une lettre de la plus haute importance pour la Reine. Le duc le calme en lui certifiant que rien ne lui manquera car il geint :
« Mais comment reviendrai-je ? Vous le voyez je suis en bas et culotte de soie ; je n’ai ni linge, ni argent. Mon Dieu ! comment faire ? »
À Pont-de-Somme-Vesle, voyant croître l’anxiété de son compagnon, Choiseul croit utile de lui révéler que la famille royale a quitté les Tuileries à minuit et qu’ils seront là avant deux heures. Léonard commence par fondre en larmes avant de protester de son dévouement.
Xavier Aubert incarne Léonard dans L’Evasion de Louis XVI (2009) d’Arnaud Sélignac

Comme le Roi est maintenant en retard de trois heures et que les paysans, craignant une réquisition à main armée, Choiseul tente de calmer le jeu en éloignant la troupe non sans avoir auparavant chargé Léonard de prévenir les officiers des détachements de Sainte-Menehould et de Clermont du contretemps avec ce billet :
« Il n’y a pas d’apparence que le Trésor passe aujourd’hui… vous recevrez demain de nouveaux ordres. »
Le costumier de Jean Delannoy, Georges Benda, semble s’être inspiré de cette gravure pour créer la robe grise, le mantelet noir et le large chapeau d’où retombe un voile que porte Michèle Morgan dans l’épisode de Varennes de son film.
C’est cette coiffure que la Reine entendait faire retoucher par son talentueux Léonard une fois arrivée à Montmédy
Le 21 juin 1791

Le Roi, la Reine, leurs enfants, Madame Elisabeth et madame de Tourzel sont arrêtés à Varennes.

Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Le Roi est suspendu.
Après l’échec de la fuite et l’arrestation de la famille royale, Jean-François se réfugie à Bruxelles où il est rejoint par Léonard-Alexis. Il remet les bijoux de la Reine et de Madame Elisabeth à qui de droit.
En arrivant dans Ses appartements des Tuileries, Marie-Antoinette se décoiffe de Son chapeau et Elle découvre l’outrage des angoisses intenses vécues pendant le retour de Varennes : Ses cheveux «sont devenus blancs comme ceux d’une femme de soixante-dix ans.»

Au bout de trois mois
Léonard-Alexis rentre à Paris. Il retrouve la Reine aux Tuileries et La servira jusqu’au 10 août 1792.
Suite à l’enfermement de la famille royale au Temple, il obtient un emploi dans l’administration et vit discrètement rue de Satory à Versailles.

Si la vêture est une copie de la tenue de Madame de Polignac (1782) , cette version de la coiffure à l’Enfant est plus travaillée,
autour du visage les cheveux sont plus soigneusement bouclés, on ne travaille pas, là, le négligé paré cher à Elisabeth Vigée Le Brun
Sous la Terreur
Toute personne associée par le passé à la Reine se voit menacée.

La princesse Karoline von Liechtenstein porte ici une coiffure à l’Enfant très savamment négligée, comme retenue
par un foulard disposée à l’improviste sur la tête, à l’instar de la coiffure à la Fontange 110 ans plus tôt..
Probablement à la fin de l’année 1792
Léonard-Alexis doit à nouveau quitter la France, pour gagner la Russie.
Quand Léonard-Alexis émigre, sa femme refuse de le suivre.
En prison, Marie-Antoinette ( ici Ute Lemper, dans L’Autrichienne (1990) de Pierre Granier-Deferre)
entretient un semblant de coiffure à l’Enfant … grâce aux soins de Rosalie Lamorlière (Géraldine Danon).

Le 17 juillet 1794
Madame Autié, née Marie-Louise-AdéIaïde-Jacobie Malacrida, obtient le divorce.
Le 25 juillet 1794
Jean-François, entretemps rentré en France, est arrêté en raison de sa participation à la fuite à Varennes et guillotiné… trois jours seulement avant la chute de Robespierre.
En 1815
Léonard-Alexis ne regagne la France qu’en 1815, après la Restauration. Il habite un petit logement rue de Chartres.
Le 20 mars 1820
Léonard-Alexis Autié s’éteint à Paris.
Léonard-Alexis décède sans laisser de testament. Ses deux filles survivantes, Louise Françoise Alexandrine et Fanny, se partagent la somme héritée de 716 francs et quelques bijoux, notamment une broche représentant un oiseau de paradis, estimée à 3 francs, sans doute reçue pour ses services auprès de Marie-Antoinette.