
Jean-Baptiste Cant Hanet dit Cléry par le peintre Henri-Pierre Danloux
Le 11 mai 1759
Naissance de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry (1759-1809).
Il est le fils de Benjamin Cant Hanet (1736-1788) et de Marguerite Laurent (1737-1801).
Son père loue la la ferme du Jardy à Vaucresson et est receveur des vingtièmes, dans la banlieue de Paris, depuis 1757, date à laquelle il a quitté son emploi à Trianon ( le grand actuel, le seul de l’époque…). E n effet, Benjamin, le jardinier du Trianon, a été accusé à tort d’avoir enlevé la fille de son collègue. Bien que son innocence a été prouvée, il a perdu son emploi. Grand amateur de jardinage, il crée à Jardy un si beau jardin qu’il fait l’admiration de tous, mais le destin voulut que sa famille revienne à la Cour de Versailles.
Il est valet de chambre de Madame de Guéménée.
En 1760
Naissance de son frère Pierre-Louis Hanet (1760-1834).
En 1763
Marguerite Laurent est remarquée, alors qu’elle nourrit son enfant au milieu des prés, par Madame la Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), au cours d’une promenade en voiture. Charmée par cette scène bucolique, et par cette incarnation d’une telle beauté et de santé, l’auguste princesse lui propose la charge de nourrice pour son enfant à venir : Madame Elisabeth qui naîtra le 3 mai 1764.

Marie-Josèphe «en marmotte» par Jean-Marc Nattier
Marguerite offre à la princesse de se promener dans son jardin et Benjamin, qui connaît bien la famille royale, s’empresse de présenter ses plus belles fleurs et ses meilleurs fruits.
Dès le lendemain de cette visite inattendue
On vient chercher Marguerite de la part de Madame de Marsan, alors gouvernante des enfants de France.
Malheureusement une chute, au cours de laquelle elle se casse deux dents, l’empêche d’exercer cette charge. L’étiquette stricte lui interdit d’allaiter un enfant de France. La nourrice d’une petite-fille de France à la brillante cour de Louis XV ne peut être édentée. Elle n’en est pas moins remarquée par la princesse de Guéménée (1743-1807), qui l’emploie comme nourrice de son fils Charles-Alain-Gabriel de Rohan (1764-1836), le duc de Montbazon.
Vers 1763
L’instruction de Jean-Baptiste est prise en charge par Madame de Guéménée qui l’envoie, ainsi que certains de ses frères, dans la maison d’éducation de Monsieur Guiné. C’est à cette époque que Jean-Baptiste Cant, use du surnom de Cléry pour être distingué de son frère Pierre Louis Hanet.
« Cette princesse, qui voulait que ses protégés lui fissent honneur, avait mis dans les mains de mon frère un manuscrit contenant les diverses ordonnances de Louis XIV sur l’institution des charges et offices à la cour, et fixant leurs devoirs et leurs attributions. Alors Mme de Polignac fit mander mon frère, qui lui procura le manuscrit en question, appartenant à la bibliothèque royale ».
Pierre-Louis Hanet
Après avoir terminé son apprentissage, Cléry devient le valet de chambre de Madame de Guéménée et est installé à l’Hôtel de Soubise, à Paris, où il continue ses études.
Le 16 mai 1770
Le Dauphin Louis-Auguste (1754-1793) épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche (1755-1793).

Marie-Antoinette par Ducreux

Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers quatre heures de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Le 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.
Louis XVI à Reims
« Cléry, d’un naturel posé et studieux, sut bien mieux que moi profiter de l’éducation et des soins qu’on nous prodiguait ; appliqué, réfléchi, il ne cherchait de délassement que dans la lecture ; le genre élevé, tragique même, était toujours ce qui le flattait davantage, et souvent on l’entendait déclamer des tirades de nos meilleurs auteurs ; il aimait surtout répéter le fameux ‘Qu’il mourût !’ ». Cette citation de l’«Horace» de Corneille nous fait penser à une réflexion faite par Cléry dans « Le Journal du Temple », p.62, à propos de la sieste du roi qui est pour lui comme une prémonition du sommeil éternel de son maître ; « Le plus grand silence régnait pendant ce sommeil. Quel spectacle ! [….] Son Épouse, ses Enfants, sa Sœur, contemplant avec respect ses traits augustes, dont le malheur semblait encore augmenter la sérénité, et sur lesquels on pouvait lire d’avance le bonheur dont il jouit aujourd’hui !…..Non ! Ce spectacle ne s’effacera jamais de mon souvenir. » Hanet poursuit plus loin dans ses Mémoires, en parlant de Cléry : « Sa conduite dans la prison du Temple a prouvé qu’il était encore l’homme dont le caractère sublime est si bien peint dans Horace ». Quant au portrait physique « Cléry, sorti de l’adolescence, avait cinq pieds six pouces, et je puis dire, en empruntant le langage des beaux-arts, qu’il offrait une coupe de visage à ‘l’antique’. Son œil étincelant annonçait une âme de feu ; ses sourcils, ses cheveux noirs décoraient le plus beau front ; la denture la plus riche et la plus régulière se faisait remarquer à la faveur d’un aimable sourire ; son maintien modeste, mais assuré promettait un caractère égal. »
Portrait de Cléry par son frère Pierre-Louis Hanet

En 1778
Adonné comme il l’est aux études sérieuses, Cléry est bientôt remarqué; l’empressement, le zèle et l’intelligence dont il fait preuve dans son service lui méritent toute la bienveillance de Madame de Guéménée : c’est à tel point que, dans un voyage en Hollande et aux eaux de Spa, elle en fait son secrétaire particulier, puis son bibliothécaire.
En 1781
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François premier Dauphin.

A la naissance du Dauphin Louis-Joseph (1781-1789), Madame de Guéménée réserve à Cléry une place de valet de chambre mais continue à le garder à son service.

En 1782
Les Guéménée font banqueroute, abandonnent leurs charges, tombent en disgrâce et doivent s’exiler.
Les places vacantes de la domesticité du Dauphin sont pourvues et Cléry, qui vient de se marier avec Marie-Elisabeth Duverger, fille de la harpiste Madame de Beaumont, elle-même musicienne au service de la Reine, et «admise depuis l’âge de quatorze ans aux concerts particuliers de la Reine, puis musicienne de la Chambre du Roi, puis musicienne des concerts spirituels de la Cour», se retrouve alors sans emploi. Elle est plus probablement répétitrice de la Reine, comme harpiste, et elle est aussi connue comme claveciniste. Marie-Elisabeth est la fille d’un garçon de la Musique du Roi.
Avertie de la situation, la Reine le fait nommer comme valet de chambre-barbier de Louis XVI et lui réserve le poste de valet de chambre du prochain enfant royal à naître.

Le 27 mars 1785
Naissance de Louis-Charles, duc de Normandie, Dauphin en 1789 et déclaré Roi de France en 1793 par les princes émigrés sous le nom de Louis XVII.

Louis-Charles, duc de Normandie par Élisabeth Vigée Le Brun
En mai 1785
Dans ses mémoires Jean-Baptiste Cléry Hanet rapporte un épisode survenu en 1785 (quand Madame Royale n’avait pas encore sept ans) et qui jette une lumière différente sur la relation entre la Reine et Sa fille. En effet, dans plusieurs mémoires, on lit que la Reine est très sévère avec l’enfant qui a un caractère difficile. Madame Royale a souvent une attitude irrévérencieuse et insolente envers sa mère. Il ressort plutôt de l’épisode que la Reine comme toutes les mamans ne sait pas toujours dire non à Sa fille.
Cléry écrit :
« Toutes les années, le 1er mai, avait lieu à Versailles une foire brillante où les commerçants de la capitale exposaient ce qu’ils avaient de plus cher et de plus curieux ; toute la cour y participait et y faisait des achats pour encourager l’industrie et le commerce. Le jour même de l’ouverture de la foire, de bon matin, je m’amusais à regarder les bancs au fur et à mesure qu’ils étaient installés, lorsque j’ai vu une grande poupée d’une magnifique facture que des concierges installaient. J’ai tout de suite pensé qu’elle pourrait faire plaisir à la petite princesse, et je me suis renseigné sur le prix, faisant connaissance avec le commerçant car j’espérais pouvoir la faire acheter, lui recommandant de ne pas la vendre avant mon retour s’il avait pris un autre acheteur.
Je suis allé directement voir les sous-gouvernantes pour les faire participer à ma découverte et la femme de chambre de la princesse lui a demandé d’aller voir la poupée aussi. Elles s’y rendirent avec Madame Royale; mais elles la trouvèrent trop chère et estimèrent ne pas pouvoir l’acheter, malgré le désir exposé de l’auguste enfant. Au moment où elles sont rentrées, elles ont trouvé la reine dans les appartements de sa fille. Elle la vit en larmes et lui demanda ce qui l’affectait ainsi :
« Ah maman – répondit-elle – nous sommes allées voir à la foire une belle poupée que Hanet a découvert, et ces dames n’ont pas voulu l’acheter. «« Ah – reprit la reine – si Hanet était là, il l’a sûrement prise. »
Je n’avais pas besoin d’en entendre plus. Rapide comme un éclair, je vole, attrape la poupée, et l’apporte triomphante à la princesse, à qui je l’ai présente sous le nom pompeux de Madame la comtesse de Miranda. La surprise et la joie de la princesse furent telles qu’elle ne savait pas comment les exprimer. Malheureusement, le souvenir de cette circonstance, toujours si doux pour moi, laissa sans doute peu de traces dans la mémoire de Madame la Dauphine ; mais si ce livre venait un jour sous ses yeux, elle ne pourra pas oublier les jours heureux de son enfance. »
Jean-Baptiste Cléry
Le 9 juillet 1786
Naissance de la princesse Sophie-Hélène-Béatrix, dite Madame Sophie, dernier enfant de Marie-Antoinette.

Sophie-Hélène-Béatrix de France par Élisabeth Vigée Le Brun
Le 18 juin 1787
Mort de Madame Sophie avant son premier anniversaire.

En 1788
Hanet, le premier au chevet de son père mourant, promet de s’occuper de sa mère et de ses frères et sœurs ; il devient, avec l’accord de ceux-ci, et par un acte notarié, propriétaire des biens familiaux pour pouvoir remplir cette promesse.
En 1789
Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux.

Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Mort du Dauphin dans les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Le duc de Normandie devient Dauphin.
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Tableau de Jacques-Louis David
Le 11 juillet 1789
Renvoi de Necker
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.


La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.
La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 5 octobre 1789
Des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Cléry et sa famille suivent la Cour.
En 1792
Le 20 juin 1792

Escalier monumental des Tuileries (avant sa destruction)
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine,
elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.
Le Roi refuse.
Le 10 août 1792
Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.

Traversant le jardin des Tuileries, Louis XVI et sa famille sont conduits jusque dans la loge grillagée du greffier de l’Assemblée nationale (ou loge du logotachygraphe) , où ils restent toute la journée.


Le 10 août 1792, le dernier acte de Louis XVI, Roi des Français, est l’ordre donné aux Suisses «de déposer à l’instant leurs armes».

La position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent. La note du Roi est alors exécutée et l’on ordonne aux défenseurs de se désengager. Le Roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.

Des 950 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l’ordre du roi de rendre les armes en plein combat.

Cléry réussit à s’enfuir et à échapper à l’arrestation en sautant d’une fenêtre du palais à l’initiative de son frère Hanet. Les autres domestiques ayant préféré se cacher sont massacrés par la populace.

Le Roi est suspendu de ses fonctions.
Le 13 août 1792
La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles. Quatre pièces du couvent leur avaient été assignées pendant trois jours.


Cléry doit solliciter une faveur de Pétion pour être admis à servir au Temple, et cela l’a fait passer très brièvement pour un agent des révolutionnaires. Mais il n’avait vraiment pas d’autre choix pour être auprès de ses princes…
Le 26 août 1792
Cléry entre au service du Roi au Temple. Il l’assistera jusqu’à son exécution, le 21 janvier 1793.
« Peu de temps après son arrivée au Temple, alors qu’il n’est pas encore tombé sous le « charme » de Louis XVI, Cléry dénonce Hue pour « sa conduite incivique, entre autres d’avoir siffler devant le Roi l’air : ô Richard, ô mon Roi ».»

Lors de l’emprisonnement de la famille royale, Cléry obtient de rester auprès d’elle et il mettra , pendant ses cinq mois de présence, tous ses soins à adoucir ses conditions de détentions.
« Mon père demanda qu’il (Cléry) revînt, les municipaux l’assurèrent qu’il ne reviendrait pas : cependant il fut de retour à minuit. Il demanda au Roi pardon de sa conduite passée, dont les manières de mon père, les exhortations de ma tante et les souffrances de mes parents le firent changer; il fut depuis très fidèle.»
Madame Royale
Or des créatures des révolutionnaires, il y en avait déjà pour servir la Famille royale : le couple Tison, qui avait pour mission d’espionner les augustes prisonniers. Cléry, arrivé peu de temps après eux, a donc pu être sur le moment considéré par Marie-Thérèse comme investi du même rôle.

Madame Cléry loue deux chambres près du jardin de la Tour du Temple et elle joue de la musique quand la Reine se promène dans ce jardin. Mais la police fait cesser ces concerts. Elle paye également un crieur des rues qui annonce les nouvelles importantes et les délibérations de la Convention, ce qui permet à Cléry de tenir le Roi informé des nouvelles.

Le 3 septembre 1792
Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) à la prison de la Force.

Gabrielle Lazure est la princesse de Lamballe dans Les Années Terribles de Richard Heffron
Massacre de la princesse de Lamballe
La tête de la princesse , fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Marie-Antoinette est représentée évanouie devant la découverte du sort de Son amie.
Elle est secourue par Madame Elisabeth et Cléry (tout à droite).
Massacres dans les prisons.
Échappés de peu au massacre et fuyant ensemble, Hanet et Cléry se concertent sur leur devenir :
« Cléry me dit :
Pierre-Louis Hanet
-« Mon cher Hanet, je suis résolu à tout entreprendre pour me rapprocher de nos maîtres et leur consacrer mon existence ; mais je ne puis le faire sans ton secours, et sans être rassuré sur le sort de ma femme et de mes enfants ; il faut que tu me jures, mon ami, de me remplacer auprès d’eux, et de ne jamais les abandonner. »
J’allais le lui promettre, lorsqu’il reprit :
-« Hanet, souviens-toi du serment que tu as prononcé au lit de mort de notre père,(….). Tu ne t’appartiens plus, Hanet, et tu ne peux trahir ni le serment fait à un père mourant, ni la confiance du monarque. A ces deux liens qui t’enchaînent, j’en ajoute un de plus en réclamant tous les soins pour ceux que je vais laisser après moi ; va, mon ami, c’est encore être agréable et utile à nos malheureux princes que d’aider un serviteur fidèle à leur consacrer ses services, et, s’il le faut, jusqu’à la dernière goutte de son sang. Enfin, ajouta-t-il en prenant ce ton grave et imposant qui lui allait si bien, je suis ton aîné, je représente ici notre père, et j’exige de toi ce sacrifice. »
Je lui fis ce serment qu’il réclamait. Dieu sait si je l’ai regardé comme sacré, si je l’ai toujours rempli fidèlement. »
Les membres de la famille de Cléry sont : son épouse, Marie-Elisabeth, sa fille aînée, Bénédicte, sa seconde fille, Hubertine, son fils, Charles. Madame Cléry et ces trois enfants sont liés à des degrés divers à la Famille Royale. Cléry et son épouse eurent aussi deux autres garçons, morts en bas âge.
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.
Repas de la Famille Royale au Temple dans le film de Jean Delannoy

Et en 1976 dans la série de Guy-André Lefranc

Reconstitution d’une chambre du Temple avec du mobilier provenant de chacune, au musée Carnavalet. Paris

Peu à peu la Famille Royale adopte un rythme de vie régulier :
6 h : lever du Roi. Prière. Le reste de la famille se lève un peu plus tard.
9 h : petit-déjeuner, assez copieux, du moins au début puis instruction des enfants
12 h : promenade sur le chemin de ronde
13 h : retour dans les appartements
14 h : déjeuner puis jeux du type échecs et broderie
16 h : sieste du Roi puis, de nouveau, instruction des enfants
20 h : dîner et coucher des enfants
21 h : dîner des adultes
Vers minuit : coucher

Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
![Louis XVI and his family in the Temple, after a painting by Edward Ward. 19th century.
[credit: AKG Images]](https://66.media.tumblr.com/5bfc6e6321ff2b11917c47e955dbac39/tumblr_nknwn76unx1qatfdco1_500.jpg)
Louis XVI et sa famille à la prison du Temple par Edward Ward
Jean-Baptiste Cléry essaie d’adoucir le sort de son maître. Il essaie aussi de l’empêcher de penser à sa mort et à l’avenir incertain de sa famille.
« Valet de chambre aux Tuileries, Cléry était un ami au Temple… ».
Alcide de Beauchesne
Joseph Falcucci est Cléry dans Marie-Antoinette (1976) de Guy-André Lefranc
Le 3 décembre 1792
Pétion renforce la décision de faire juger Louis XVI par la Convention.
En le rasant, Cléry informe le Roi de ce qui se passe dans le pays … Image des Années Terribles (1989)
Le 11 décembre 1792
Louis comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. M. de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.

Billet autographe signé, daté du 20 décembre 1792, écrit depuis la Tour du Temple et
réclamant pour Marie-Antoinette plusieurs effets laissés aux Tuileries
Le 26 décembre 1792
Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.


Louis XVI pendant son procès… on lui refuse l’usage du rasoir …

En 1793
Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.


Cléry est souvent représenté assistant le Roi et la famille royale dans ces pénibles moments d’adieu …


François Dyrek et Geneviève Casile (1976)

Ici, Cléry est intégré dans l’émotion du cercle de la famille royale
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L’abbé Edgeworth de Firmont épaule la famille royale quand Cléry dissimule sa compassion sur le côté


Le lundi 21 janvier 1793
Le jour de l’exécution du Roi, Cléry passe la nuit dans la chambre du condamné et le réveille à cinq heures. Après l’avoir assisté dans sa toilette, il sert la messe célébrée par l’abbé Henri Edgeworth de Firmont (1745-1807).

À sept heures
Louis XVI confie ses dernières volontés à l’abbé.

Il transmet à Cléry son cachet aux armes de France pour le Dauphin et son alliance pour la Reine ; à propos de l’anneau, il confie à son valet à l’intention de la Reine :
« Dites-lui bien que je le quitte avec peine. »
Il conserve au doigt l’anneau du sacre.
Avant de mourir Louis XVI lui dit :
« Plus de courage, Cléry, ceux qui m’aiment ne doivent-ils pas souhaiter la fin d’une si longue agonie ? »
Cléry lui répond :
« Ah ! mon maître, si mon zèle a pu vous être agréable, donnez-moi votre bénédiction ».
Le Roi serre alors Jean-Baptiste Cléry contre lui. Louis XVI part alors pour l’échafaud.

À neuf heures
Le bruit augmente, les portes s’ouvrent avec fracas, Santerre, accompagné de sept à huit municipaux, entre à la tête de dix gendarmes et les range sur deux lignes. À ce mouvement le Roi sort de son cabinet : « Vous venez me chercher ? dit-il à Santerre.
– Oui.»
Le Roi tenait à la main son testament et s’adressant à un municipal nommé Jacques Roux, prêtre jureur :
« Je vous prie de remettre ce papier à la reine, à ma femme.
– Cela ne me regarde point, répondit ce prêtre en refusant de prendre l’écrit. »
Sa Majesté s’adressant ensuite à Gobeau, autre municipal : « Remettez ce papier, je vous prie, à ma femme ; vous pouvez en prendre lecture, il y a des dispositions que je désire que la commune connaisse. »…
Puis regardant Santerre : « Partons »
Cléry reste seul dans la chambre, navré de douleur et presque sans sentiment. Les tambours et les trompettes annoncent que Sa Majesté a quitté la tour…
A dix heures vingt-deux minutes

Louis XVI est exécuté place de la Révolution.
Des salves d’artillerie, des cris de vive la nation ! se font entendre… Le meilleur des rois n’est plus !…

Dans Les Années Terribles de Richard Heffron, Cléry assiste à l’exécution de Louis XVI
Cléry n’est pas libéré car son dévouement au Roi lui vaut quelques semaines de détention supplémentaires au Temple.
Dans la nuit du 2 au 3 août 1793

Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie. Elle y est traitée avec une certaine bienveillance par une partie du personnel de la prison, dont surtout Rosalie Lamorlière (1768-1848).


Du 25 septembre 1793 au 9 août 1794
Sa fidélité à la famille royale vaut à Cléry d’être incarcéré à la Force après le départ de la Reine pour la Conciergerie. Il est emprisonné jusqu’à la chute de Robespierre en 1794.
Le 4 octobre 1793
Marie-Antoinette est entendue par Fouquier-Tinville et les représentants du tribunal révolutionnaire en vue de Son prochain procès qui se déroulera les 14 et 15 octobre…

Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette.

En 1794
Cléry part pour Strasbourg où il rejoint son frère et où il rédigera son Journal.
Il réussit à émigrer et à entrer en contact avec Madame Royale dont son frère avait d’ailleurs été valet de chambre avant la révolution.

Portrait de Jean-Baptiste Cléry dans sa prison à la Force
Le 27 juillet 1794
Chute de Maximilien de Robespierre (1758-1794).

Maximilien de Robespierre
Le 28 juillet 1794
Mort de Maximilien de Robespierre qui est guillotiné place de la Révolution.

Le 9 août 1794
Libération de Cléry. Sans ressources, il trouve un emploi dans les bureaux des subsistances de la ville de Paris mais la modicité du salaire et la dévaluation de l’assignat l’obligent à vendre ses biens.
Il gagne ensuite Vienne où il tente de publier son livre, sans en obtenir l’autorisation.
C’est au cours d’une mission à Londres qu’il parvient à le faire imprimer, et l’ouvrage rencontre immédiatement une audience considérable.
Présentation :
La mort de Louis XVI, la captivité de la famille royale au Temple, le mystère Louis XVII : cette suite d’événements où l’histoire touche au mythe est par elle-même légendaire. Pour les connaître dans leur réalité quotidienne, il faut retourner aux rares pièces authentiques.
Voici donc rassemblés ici trois témoignages majeurs : ceux de Cléry, le valet de chambre du Roi, d’Edgeworth de Firmont, le confesseur du roi, enfin de la fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, seule survivante du drame qui fit périr sa famille.
Grâce à ces textes, nous pouvons revivre heure par heure, et comme si nous y étions, l’un des épisodes les plus émouvants de l’histoire de France.
Le 8 juin 1795

L’annonce de la mort en prison du fils du défunt Roi Louis XVI âgé de dix ans, Louis XVII pour les royalistes, permet au comte de Provence de devenir le dépositaire légitime de la couronne de France et de se proclamer Roi sous le nom de Louis XVIII. Pour ses partisans, il est le légitime Roi de France.

L’été 1794
Des admirateurs anonymes louent un appartement au quatrième étage de la rotonde qui fait face à la tour du Temple. Là, profitant de ce que les bruits portent facilement, ils organisent de petits concerts de musique de chambre, toutes fenâtes ouvertes, pour en faire profiter l’illustre prisonnière. Parmi les habitués de ces petits concerts, la police identifie les anciens valets de Louis XVI, Hue et Cléry, et leurs épouses, ainsi que Madame de Tourzel et ses filles. Ces dernières qui se doutent de la situation de la princesse, s’offrent pour lui tenir compagnie.
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines

Le 18 décembre 1795
Le 19 décembre 1795
Marie-Thérèse, l’Orpheline du Temple, quitte sa prison escortée d’un détachement de cavalerie afin de se rendre à Bâle, où elle est remise aux envoyés de l’Empereur François II.
Cléry cherche à approcher la princesse en vain.
Hanet avait promis à son frère de satisfaire aux besoins de sa famille :
« Si tu as fait le serment de ne jamais abandonner nos maîtres, moi j’ai fait celui de l’accomplir, en t’aidant aujourd’hui à aller rejoindre Madame Royale »
Pierre-Louis Hanet
Il rejoint son frère à Strasbourg où il trouve un emploi d’inspecteur de l’agence des subsistances.
Puis il quitte la France et ne rejoint Madame Royale qu’en Autriche où il entreprend la rédaction de son Journal.
Jean-Baptiste rejoint ensuite puis le le comte de Provence (1755-1824) à Vérone. Ce dernier lui confie plusieurs missions.
Portrait de Jean-Baptiste Cléry signé Danloux/ 1798
Fin 1795
Cléry réside à Strasbourg chez son frère qui a établi une maison de
commerce dans cette ville. Il y écrit la forme définitive de son « Journal ».
«Je déclare, moi, que c’est en France même, à Strasbourg, et sous mes yeux, que mon frère a écrit ses Mémoires, et qu’il n’a été aidé que par la personne que je lui avais donnée, laquelle n’a jamais fait que de tenir la plume ».
Pierre-Louis Hanet
« Pendant son séjour à Strasbourg mon frère avait été admis dans une réunion secrète de vrais amis de la monarchie ; ils se rassemblaient chez un gros négociant, surnommé Furet ; l’introducteur de Cléry, l’adjudant-général Badonville, était désigné sous le nom de Coco.»
Le 31 mai 1798
L’auteur dédicace son livre à tous les grands de l’époque, celui-ci porte un envoi autographe signé à l’empereur d’Autriche François II.

François II (1768-1835), Empereur du Saint Empire romain germanique de 1792 à 1806, puis Empereur d’Autriche sous le nom de François Ier de 1804 à 1835.
Il est directement concerné par l’histoire de l’emprisonnement de la famille royale française puisqu’il est le neveu de Marie-Antoinette.

François II
Le futur Louis XVIII nomme Cléry premier valet de la Chambre du Roi et le fait chevalier de l’Ordre royal et militaire de Saint-Louis. Le (futur) Roi lui adresse d’ailleurs ces mots :
Mittau 11 juillet 1798
« Si quelque chose, mon cher Clery, pouvait augmenter en moi le sentiment que les malheurs de ma famille y excitent, votre ouvrage [Journal de ce qui s’est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI] que je viens de recevoir, eût produit cet effet.
Il y a longtemps que je cherche, non le moyen de vous récompenser, des services comme les vôtres trouvent leur récompense en eux-mêmes, mais de me satisfaire en vous donnant une marque d’honneur qui puisse attester à la fois votre courageuse fidélité et ma reconnaissance, je crois l’avoir trouvé.
La devise de l’ordre de St Louis fait assez connaître que Louis XIV l’institua pour être le prix de la valeur ; s’il ne se destina qu’aux services militaires, c’est que les preuves les plus éclatantes de la vertu qu’il voulait honorer, semblaient réservées à la profession des armes. Mais pouvait-il prévoir le sort qui attendait ses descendants ?
… Vous avez montré non moins de courage dans la prison du Temple, que le guerrier qui brave la mort au champ de l’honneur et en vous accordant la décoration qui lui sert de récompense, je ne blesse point l’esprit de cette noble institution.
Je regretterais de ne pouvoir vous armer Chevalier de ma propre main, si je ne croyais augmenter le prix d’un don qui vous sera transmis par celle de Monsieur ; et Louis XVI du séjour où ses vertus l’ont placé, applaudira au sentiment de ses deux frères réunis pour honorer de concert celui de ses sujets qui lui a donné jusqu’aux derniers moments des marques d’un dévouement à toute épreuve »…

Ordre de Saint Louis, croix de chevalier
Le 9 juin 1799
La fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Marie-Thérèse , épouse son cousin, Louis-Antoine, duc d’Angoulême (1775-1844), fils du comte d’Artois, en présence du comte de Provence et de son épouse. La cérémonie est célébrée par l’évêque de Metz, grand aumônier de France.

Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême, dauphin de France

Marie-Thérèse et Louis-Antoine d’Angoulême
A partir de la fin de l’année 1799
Napoléon Bonaparte (1769-1821) dirige la France.
Du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804
Bonaparte est Premier consul.

Bonaparte Premier consul par Jean-Auguste-Dominique Ingres
En 1801
Cléry est autorisé à rentrer en France en 1801, il ne revient qu’en 1803.
En 1802
Hanet, lors d’une promenade sur la grande Terrasse à Saint-Germain, rencontre Madame Campan, entourée de ses élèves. Celle-ci reconnaît Hanet et l’invite tout de suite à dîner le lendemain afin, dit-elle, de « faire connaître à mes jeunes élèves le frère du bon « Cléry ». A ce nom toutes jetèrent les yeux sur moi, et l’une d’elles s’écria :
Pierre-Louis Hanet
-« Quoi, maman, monsieur est le frère du fidèle Cléry, dont les mémoires nous ont fait verser tant de larmes?
– Oui, ma chère Hortense, et M. Hanet a servi à la cour, comme moi et comme son frère »
En 1803
Il rentre en France auprès de sa femme et de ses trois enfants encore en vie. C’est sans doute à ce moment qu’il rencontre Chateaubriand qui en fait part en 1822, dans ses Mémoires d’Outre-Tombe :
« Nous assistâmes ensemble (avec Fontanes) à une scène digne de ces temps d’amertume : Cléry, dernièrement débarqué, nous lut ses Mémoires manuscrits. Qu’on juge de l’émotion d’un auditoire d’exilés, écoutant le valet de chambre de Louis XVI, raconter, témoin oculaire, les souffrances et la mort du prisonnier du Temple».
Chateaubriand
Napoléon Bonaparte qui cherche à s’attacher d’anciens serviteurs de la Couronne, lui fait proposer par Madame Campan (1752-1822) le poste de premier chambellan de Joséphine de Beauharnais (1763-1814), mais Cléry refuse et s’exile. Il rejoint Marie-Thérèse devenue duchesse d’Angoulême à Varsovie puis à Vienne.
Fin 1803
Départ précipité de Cléry. Auparavant, Hanet, se rend à l’hôtel où il espérait retrouver son frère, est accueilli par sa belle-sœur, Madame Cléry, qui aurait bien voulu partir avec son mari. Voici ce qu’elle lui dit à propos de ce fameux départ de Cléry :
« Le lendemain de l’arrestation de Cadoudal, un inconnu se présenta pour parler à ton frère ; Cléry le fit passer avec lui dans ce cabinet ; après une demi-heure de conversation, l’étranger se retira, et Cléry, sans me rendre compte de ce qui s’était passé, me dit qu’étant obligé de partir sur-le-champ, il me priait de faire préparer sa voiture tandis qu’il allait sortir pour quelques instants ; il revint, la voiture était prête, il y monta et partit sans que j’aie pu savoir à quoi attribuer ce départ imprévu ; il avait pourtant un passeport bien en règle et un permis de séjour pour trois mois, et les deux premiers ne sont pas encore écoulés ; des ennemis l’auraient-ils dénoncé et compromis dans l’affaire de Georges ou de Pichegru ? Tu devines bien, mon cher Hanet, l’impatience avec laquelle j’attends de ses nouvelles. »
Pierre-Louis Hanet
Cléry a-t-il conspiré, ou alors devons-nous ne pas extrapoler sur ce point ?
Pichegru, emprisonné dans la Tour du Temple, sera retrouvé étranglé ; Madame Cléry ne devait plus revoir son mari ; enfin, le frère aîné du futur mari (Edouard de Gaillard) de la première fille de Cléry « périt avec Georges Cadoudal » et Edouard de Gaillard lui-même servit «successivement sous les ordres des généraux Mallet et Georges Cadoudal ».
Marie-Elisabeth souffrit certainement de l’émigration de ses trois enfants aînés demandée par leur père, et finit ses jours, en 1811, dans un certain dénuement, comme le révèle l’inventaire après-décès la concernant.
Du 18 mai 1804 au 11 avril 1814
Napoléon Ier règne sur la France en tant qu’empereur.
Le 2 décembre 1804
Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris.

Sacre de Napoléon Ier par Jacques David
Cléry repart en Pologne, puis en Autriche.
En automne 1808
Jean-Baptiste Cléry est frappé d’apoplexie.
Le 27 mai 1809
Décès de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry, à Vienne.
Il est enterré dans le cimetière de Hietzing ( Vienne ), sous l’épitaphe : Ci-gît le fidèle Cléry:

En 1847
La duchesse d’Angoulême en rendant hommage à son ancien serviteur, fait élever, sur la tombe de celui-ci, une stèle portant l’inscription :
« Au Fidèle Cléry ».
Cet hommage royal s’adresse aussi à toute la famille de Cléry, qui lui a permis de réaliser sa volonté la plus profonde, et absolue : servir son Souverain et Sa Famille.
Sources :
- https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/
- BERNOT Jacques, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
- Journal de ce qui s’est passé à la Tour du Temple pendant la Captivité de Louis XVI, Roi de France, par Cléry valet de chambre du Roi
– Mémoires de P.L. Hanet-Cléry, ancien valet de Chambre de Madame Royale, aujourd’hui Dauphine, et frère de Cléry, dernier valet de chambre de Louis XVI ; munitionnaire général des armées, agent général des hôpitaux militaires à Saint-Domingue, conservateur des forêts dans l’île de Corse