
Le 30 juillet 1751
Naissance de Maria Anna Walburga Ignatia (elle mourra le 29 octobre 1829). C’est le quatrième enfant de la famille Mozart. Elle sera communément appelée Marianne ou Nannerl. La petite fille a quatre ans à la naissance de Wolfgang, et elle montre déjà de réelles dispositions musicales. Elle devient très tôt une claveciniste et une pianiste au talent reconnu.

Le 27 janvier 1756

Naissance de Wolfgang Amadeus Mozart au numéro 9 de la Getreidegasse à Salzbourg , qui est alors la capitale d’une principauté ecclésiastique du Saint-Empire romain germanique (cercle de Bavière). Il est le fils du musicien (violoniste), compositeur et pédagogue (une méthode du violon), Léopold Mozart (1719-1787) , né et originaire d’Augsbourg, ville de Bavière, qui occupe alors la fonction de vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, et d’Anna Maria Pertl (1720-1778), son épouse.

En 1737, âgé de dix-huit ans, Léopold a quitté sa ville natale pour s’inscrire à la faculté de Salzbourg, où il a étudié successivement la théologie et le droit. Sans ressources, il entre vers 1740 au service de la famille Thurn Valsassina und Taxis à la fois comme valet de chambre et musicien, ce qui est courant à l’époque. Il publie dès 1740 sa première œuvre qu’il grave lui-même – six sonates d’église et de chambre pour deux violons et basse – dédiée au comte de Thurn. En 1743, il entre au service du prince-archevêque de la cour, Anton Firmian, comme quatrième violon à la Hofkapelle de Salzbourg. En 1744, il est nommé maître de violon. Leopold a une intense activité de compositeur, ce qui lui vaut d’être nommé en 1757 compositeur de la cour. Il devient vice-maître de chapelle en 1763.

Anna Maria sait à peine lire et écrire, alors que son époux est d’une grande curiosité intellectuelle, attiré par l’enseignement, les sciences et les arts.
Le 28 janvier 1756
Wolfgang est baptisé le lendemain de sa naissance dans une chapelle de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. Son acte de baptême porte les prénoms de Joannes Chrysost[omus] Wolfgangus Theophilus. Theophilus, signifiant « aimé de Dieu », a des équivalents allemands (Gottlieb, prénom que son père lui attribue un mois après sa naissance), italien et latin (Amedeo prénom adopté lors de son voyage en Italie en décembre 1769). Wolfgang se fera appeler généralement « Wolfgang Amadè Mozart » mais s’amuse tout au long de sa vie à déguiser et à déformer ses différents noms en de Mozartini, Gangflow (Wolfgang à l’envers), Trazom, etc. Mais on ne le voit jamais signer Amadeus si on dépouille la correspondance. Ce prénom ne sera employé qu’après sa mort.

Wolfgang est le cadet de sept enfants. En raison du manque d’hygiène de l’époque et de mauvaises conditions sanitaires, trois enfants sont morts en bas âge avant la naissance de sa sœur Nannerl, et deux autres sont encore morts entre la naissance de cette sœur aînée et la sienne.
Dès l’âge de trois ans, Mozart révèle des dons prodigieux pour la musique : il a l’oreille absolue et certainement une mémoire eidétique ( c’est la faculté de se souvenir d’une grande quantité d’images, de sons, ou d’objets dans leurs moindres détails) . Ses facultés déconcertent son entourage, et incitent son père à lui apprendre le clavecin dès sa cinquième année. Le jeune Mozart apprend par la suite le violon, l’orgue et la composition. Il sait déchiffrer une partition a prima vista (sa lecture de façon immédiate) et jouer en mesure avant même de savoir lire, écrire ou compter.

Octobre 1760
Mariage de l’Archiduc héritier Joseph (1741-1790) avec Isabelle de Bourbon-Parme (1741-1763), petite-fille du Roi de France Louis XV et premier mariage scellant l’alliance de 1756 entre les Bourbon et les Habsbourg.

L’artiste place aussi le jeune prodige Wolgang Gottlieb Mozart que l’on peut repérer dans la foule. Il n’était au moment des faits qu’un simple bambin de quatre ans parfaitement inconnu mais il est depuis devenu une célébrité internationale.

En 1762
À l’âge de six ans, Wolfgang compose déjà ses premières œuvres (menuets KV. 2, 4 et 5, allegro KV. 3 inscrits dans le Nannerl Notenbuch, « cahier de musique pour Nannerl »).

Entre 1762 et 1765
Le jeune Mozart entreprend le Grand Tour lors d’un long périple musical avec son père, employé par le prince-archevêque Schrattenbach, ainsi qu’avec sa sœur Nannerl. 984) .
Le 13 octobre 1762
Concert du jeune Wolgang Gottlieb Mozart, âgé de six ans devant la famille impériale dans un salon du château de Schönbrunn. L’enfant désireux de montrer toute sa fougue tombe sur le sol dans son élan sur son clavier. A cette occasion, la famille impériale aurait ri, sauf la plus jeune des archiduchesses, Antonia, qui l’aurait aidé à se relever. Il lui aurait répondu : «Je vois que vous êtes bien bonne. Plus tard je vous épouserai !»
L’anecdote est vraisemblablement apocryphe mais rien n’affirme le contraire non plus.




Plus assurément, le petit prodige n’a pas hésité à courir dans les bras de l’Impératrice.




Du 28 septembre au 15 novembre 1763
Séjour de la famille Mozart à Bruxelles.



Du 24 décembre 1763 au 8 janvier 1764
Le Noël de Mozart à la Cour de Versailles
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Dès son arrivée à Paris, Leopold Mozart, le père de Wolfgang, ne perd pas de temps pour établir des contacts.

Une de ses premières relations est le baron Friedrich Melchior Grimm, un allemand qui vit à Paris depuis 1749. Grimm, une connaissance de beaucoup d’encyclopédistes et éditeur de la Correspondance littéraire, organise plusieurs concerts où Wolfgang et Nannerl se produisent. Il organise même leur présentation à la Cour française.


Grimm devient le meilleur ami de la famille et son plus efficace éditeur. Dans sa Correspondance, qui circule sous forme de manuscrit parmi une petite élite d’abonnés de toute l’Europe, il loue ouvertement les succès et le talent des enfants de Leopold :
« Sa fille, âgée de onze ans, joue du clavecin de la façon la plus brillante, elle exécute les morceaux les plus longs et les plus difficiles avec une précision impressionnante. Son frère, qui aura sept ans en février prochain, est un phénomène tellement extraordinaire qu’il est difficile de croire ce que l’on voit avec ses propres yeux et que l’on écoute avec ses propres oreilles.»
Friedrich Melchior Grimm

La Veille de Noël, les Mozart s’installent à Versailles pendant deux semaines, une période assez longue pour qu’ils prennent goût à la vie à la Cour la plus célèbre d’Europe.

Comme on peut s’y attendre, Leopold se montre pragmatique et remarque surtout que toute chose est extrêmement chère. Toutefois, il trouve le temps de céder aux potins :
« Madame de Pompadour est encore une belle femme… Elle est extrêmement altière et a encore autorité sur tout.»

Le couple Royal invite les Mozart au dîner de la Cour pour le Jour de l’An et insiste pour que la famille restât debout derrière eux pendant le repas.
« Pour mon Wolfgang, ce fut un joli privilège de rester debout derrière la Reine, de lui parler constamment, de lui tenir compagnie et de lui baiser les mains plusieurs fois, parfois en partageant les plats qu’elle lui passait de la table» écrivit Leopold.
«J’étais tout à côté de lui et près du Roi… étaient ma femme et ma fille.» A cette occasion, Mozart joue en présence des souverains, Louis XV lui fait don d’une somme de cent vingt livres.


Le Cabinet de la Vaisselle d’Or

C’est dans ce cabinet que Madame Adélaïde prenait ses leçons d’italien avec Carlo Goldoni et de harpe avec Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais.

L’histoire veut que le petit Mozart, en décembre 1763, y joue du clavecin devant la famille Royale.

Le 10 avril 1764
La famille Mozart embarque à Calais pour Douvres. La traversée sur un bateau loué est fort désagréable. Les deux enfants ont le mal de mer.
Les Mozart restent en Angleterre jusqu’en juillet 1765

attribué à Giambettino Cignaroli
Le 1er août 1765
Le retour d’Angleterre, toujours par Douvres, est plus agréable.
« Nous avons eu un temps magnifique et un vent tellement favorable que nous sommes arrivés dans le port de Calais après une traversée de trois heures et demie. Nous nous rendîmes à Lille (le 5 août). Nous y avons découvert une ville bien construite, très peuplée, un commerce assez important et nous avons vu, à l’occasion du passage du duc de Choiseul, le 5e régiment faire ses exercices de belles manœuvres.»
Leopold Mozart, Correspondance

Wolfgang attrape un mauvais rhume et la convalescence du petit garçon oblige la famille, logée chez monsieur Cousin, à l’hôtel de Bourbon, sur la Grand-Place, à rester sur place pendant un mois.

Musée de l’hospice Comtesse : on y reconnaît, au centre, l’hôtel de Bourbon où logent les Mozart.
En 1765
Sur une invitation du prince d’Orange, Léopold Mozart et ses enfants se rendirent à La Haye, puis à Amsterdam, et de là se dirigent de nouveau sur Paris; puis, ayant traversé la Suisse, ils reviennent enfin à Salzbourg en novembre 1766, après une absence de plus de trois ans. Il est presque inutile d’ajouter que ces derniers séjours ont été marqués pour Wolfgang par de nouveaux triomphes.

Le temps est venu d’asseoir sur les bases d’une solide instruction technique les talents de l’enfant prodige, et Léopold Mozart prend soin de diriger sagement dans ce sens les études de son fils qui, entre temps, se livre à la composition.
En 1767
à l’âge de onze ans, Mozart compose son premier opéra, Apollo et Hyacinthus (K.38), une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée dépendant de l’université de Salzbourg. De retour en Autriche, il se rend régulièrement à Vienne.

En 1768
Wolfgang se fait derechef entendre à la Cour de Vienne, et compose, sur l’ordre de Joseph II (1741-1790), la musique d’un opéra-comique, la Finta Semplice, auquel succédent une Messe et un Offertoire.
Durant l’été 1768
Il compose deux autres opéras : Bastien et Bastienne et La finta semplice ; il n’a alors que douze ans. L’année suivante, le prince-archevêque le nomme maître de concert. Son père obtient un congé, sans solde, ce qui lui permet de faire découvrir l’Italie à son fils (Mozart s’y rendra régulièrement jusqu’e 1773) ; il y étudie l’opéra, forme musicale dans laquelle il excellera : les Noces de Figaro), Don Giovanni, Cosi fan Tutte (Ainsi font-elles toutes), La Flûte enchantée…) et grâce à son travail sur les harmonies vocales et sa maîtrise de la polyphonie, il apportera une touche personnelle de sensibilité à ce genre.
En décembre 1769
Son père ayant résolu de le faire voyager en Italie, tant pour le perfectionnement de ses connaissances musicales que pour l’extension de sa renommée, tous deux quittent Salzbourg pour commencer un voyage qui doit être plus glorieux encore que les précédents. Tous d’eux font escale à Roveredo, à Vérone, à Mantoue, à Milan, où Wolfgang est présenté au vieux Sammartini et où il est prié de composer un opéra pour la « saison » prochaine, à Lodi, à Bologne où le célèbre P. Martini, émerveillé de son savoir, le prit en affection; à Florence, qui doit voir la naissance de son amitié avec le jeune musicien Thomas Sinley; les voyageurs arrivent à Rome durant la semaine sainte.
Le 11 avril 1770
Selon de nombreuses lettres, en 1770, Mozart, âgé de quatorze ans, réussit à retranscrire de mémoire l’interprétation vaticane de l’œuvre, après seulement une ou deux écoutes. Alors qu’il visite Rome avec son père Leopold, il a la chance de pouvoir écouter le Miserere le mercredi de la Semaine sainte, le 11 avril. Le soir même, il retranscrit le morceau de mémoire. Il l’écoute encore une fois le vendredi qui suit pour pouvoir faire quelques modifications.
Le 14 avril 1770
Leopold Mozart écrit dans une lettre à son épouse Anna Maria Mozart :
« A Rome, on entend souvent parler du célèbre Miserere, tenu dans une considération telle que les musiciens de la chapelle ont l’interdiction, sous menace d’excommunication, d’en prendre même une partie, de la copier ou de la donner à qui que ce soit. Mais nous l’avons déjà, Wolfgang a retranscrit l’œuvre de mémoire et, si notre présence n’était pas nécessaire au moment de l’exécution, nous l’aurions déjà envoyée à Salzbourg. En fait, la manière de la chanter compte autant que la composition elle-même, et nous allons donc la prendre nous-même pour la ramener à la maison. ».
Léopold précise à son épouse dans une lettre du 19 mai suivante :
« Il n’y a pas la moindre raison d’être inquiet […] Tout Rome (et même le pape) sait qu’il l’a transcrite. Il n’y a absolument rien à craindre, au contraire, son travail lui a valu un grand crédit ».
Le 4 juillet 1770
Moins de trois mois après avoir entendu le psaume et l’avoir transcrit, Mozart est appelé à Rome par le pape Clément XIV, qui, loin de l’excommunier, salue son génie et ses grandes qualités musicales en lui décernant l’Ordre de l’Éperon d’or.

De Rome les deux Mozart passent à Naples, puis à Milan; c’est dans cette ville que le jeune compositeur. écrit et fait représenter son opéra de Mithridate (1770), qui lui vaut la demande d’un second opéra pour la saison suivante. Revenu à Milan après un court séjour à Salzbourg, Wolfgang compose en quinze jours cet opéra, sans parler de celui qu’il fait pour le mariage d’un Archiduc avec la princesse de Modène, et qui est représenté en même temps qu’un opéra de Hasse (1771). Dans cette même année et dans la suivante se succèdent, entre diverses pièces de circonstances, plusieurs symphonies et quatuors.
De 1773 à 1781
Mozart travaille au service du prince-archevêque Colloredo.

Le prince-archevêque Colloredo, à la différence de son prédécesseur, tolère moins les voyages de la famille Mozart. Mais le jeune musicien se résigne mal à rester dans sa ville natale. En outre, son nouvel employeur lui impose la forme des pièces qu’il doit composer pour les cérémonies religieuses. À dix-sept ans, il a du mal à accepter ces contraintes, et ses relations avec le prince-archevêque se dégradent au cours des trois années qui suivent.
C’est à cette époque qu’il fait la connaissance, à Vienne, de son illustre aîné Joseph Haydn (1732-1809), avec qui il entretiendra tout au long de sa vie une correspondance et une amitié teintée d’admiration, réciproque. Mozart lui donnera le surnom affectueux de « papa Haydn », resté aujourd’hui encore vivace. Joseph Haydn à Léopold Mozart qui le rapporte :
« Je vous le dis devant Dieu, en honnête homme, votre fils est le plus grand compositeur que je connaisse, en personne ou de nom, il a du goût, et en outre la plus grande science de la composition. »

Wolfgang Amadeus Mozart à propos de Joseph Haydn :
« Lui seul a le secret de me faire rire et de me toucher au plus profond de mon âme. »
Wolfang Amadeus utilise son art musical pour distraire ses amis. Ainsi, il compose, parmi tant d’autres pièces coquines, un canon intitulé Leck Mich im Arsch (qu’on peut traduire élégamment par « lèche-moi dans le cul »), chanté par six voix en trois actes. Magnifique !

En 1773
Wolfgang compose de nouvelles symphonies, un concerto pour deux violons, une messe, une sérénade, six quatuors, un quintette, un concerto pour piano.
En 1774
Mozart crée deux messes, quatre symphonies, deux sérénades, un concerto pour basson et d’autres compositions.
En 1775
Pendant un séjour à Munich, Mozart produit un opéra, la Finta Giardiniera, et deux messes, une cantate, il Re Pastore, cinq concertos pour violon, etc.
En 1776
Mozart qui a alors vingt ans, décide de quitter Salzbourg . Mais le prince-archevêque refuse de laisser partir son père et lui impose de démissionner de son poste de maître de concert.
En 1776 et une grande partie de 1777
Mozart se consacre presque entièrement à la composition; nous relevons sur une liste copieuse cinq messes, un offertoire, six sonates et trois concertos pour piano, dix-sept pièces pour orgue et plusieurs morceaux pour instruments à vent, entre autres un concerto pour hautbois. Tous ces travaux n’empêchent pas Mozart d’étudier assidûment les maîtres et de s’assimiler avec joie les beautés que plus que personne il est à même d’apprécier chez eux.
En 1777
Wolfgang se voit, d’accord avec son père, dans la nécessité de quitter Salzbourg où, faute de connaisseurs intelligents et de protecteurs éclairés, il ne peut que végéter péniblement. On en vient à un parti qui, sans doute, coûte bien des larmes à toute la famille : Léopold Mozart, que sa position force à demeurer dans la ville archiépiscopale, laisse partir Wolfgang, accompagné de sa mère.

Après de brèves visites à Munich et Augsbourg, la résolution est prise d’aller à Paris. Une juvénile passion pour Aloysia Weber (1760-1839), jeune et belle cantatrice, faillit déranger ce projet, mais le père de Wolfgang intervient, et son autorité remit tout en ordre.

Couvert de dettes, Mozart comprend qu’il doit reprendre ses recherches et part pour Paris, en mars 1778.
Le 14 mars 1778
Le jeune compositeur quitte Mannheim, après avoir enrichi son bagage musical de quelques nouvelles compositions.
Le nouveau séjour à Paris n’est pas suivi d’heureux résultats : la lutte entre les piccinistes et les gluckistes occupe alors toute l’attention des musiciens, et Mozart ne réussit guère à se faire entendre.
Le 3 juillet 1778
La mère de Mozart meurt à Paris, à l’auberge des Quatre fils Aymon située 8 rue du Gros Chenest (actuelle rue du Sentier) où elle est descendue avec son fils. Elle est enterrée dans le cimetière de la paroisse Saint-Eustache, situé à proximité. Cela lui fait souhaiter encore plus vivement de quitter une ville si peu hospitalière.
L’auberge des quatre fils Aymon devient ensuite une dépendance de l’hôtel particulier de Madame Vigée Le Brun, situé rue de Cléry. C’est aujourd’hui la « maison Mozart » :

Le 26 septembre 1778
Il lui dit définitivement adieu, et, après avoir traversé Nancy, Strasbourg, Mannheim et Munich où il retrouve Aloysia Weber qui l’a à peu près oublié.

Les portraits qu’on a de Mozart nous montrent que sa figure est agréable, sans rien de frappant, son teint est pâle. On sait aussi que sa stature est peu élevée. Quant à son caractère, il est gai, ouvert, bienveillant, son esprit fin et enclin à la plaisanterie. Nul homme au monde n’aime davantage ses amis et ne jouit plus franchement de leur société. Toujours prêt, en dépit de sa pauvreté, à payer de sa personne et de sa bourse, il est souvent la dupe d’aigrefins pour qui il est une proie facile. Mais ses mésaventures réitérées ne le corrigent pas et il pardonne toujours à ceux qui l’ont trompé, au grand profit de leurs imitateurs.
Dans son livre de mémoires Réminiscences, le ténor Michael Kelly décrit Mozart comme un homme de petite taille (1,52 mètre, sa croissance étant probablement freinée lors de sa tournée européenne exténuante qui le privait de sommeil et d’hormone de croissance sécrétée la nuit), pâle et maigre, la chevelure blonde, le visage grêlé par la petite vérole. Vêtu de manière élégante, il se révèle un grand séducteur.
Dans son livre Les confessions de Constanze Mozart, la romancière Isabelle Duquesnoy décrit Mozart comme blond (il a cessé de porter des perruques dès son arrivée à Vienne), aux yeux bleus, le regard doux, myope, gaucher et affublé d’une malformation congénitale à l’oreille .
Mozart est instruit en plusieurs sciences – principalement dans les mathématiques ; – il possède la langue latine, de même que l’anglais, l’italien, le français et l’allemand. Ses lettres, fort intéressantes, prouvent qu’il sait écrire et même penser, et faire souvent preuve d’un bon sens qui n’exclue ni l’observation ni le trait spirituel.
Le génial musicien est cependant notoirement scatophile et a un comportement farfelu. En 1983, une revue médicale britannique a publié un article imputant ses gesticulations et ses dérapages verbaux récurrents au syndrome de la Tourette ( c’est une maladie neurologique à composante génétique caractérisée par des tics involontaires, soudains, brefs et intermittents, se traduisant par des mouvements (tics moteurs) ou des vocalisations (tics sonores).
Le 31 juillet 1778
Lettre de Wolfgang à Aloisia, «Ce qui m’ennuie le plus, c’est que ces idiots de français croient que j’ai encore sept ans, parce qu’ils m’ont connu à cet âge-là. — C’est vrai, Madame d’Epinay me l’a dit très sérieusement. — On me traite comme un débutant — sauf les gens de musique qui, eux, pensent autrement ».
Trois jours plus tard, le baron de Grimm à Léopold Mozart :
« Il est trop confiant, peu actif, trop aisé à attraper, trop peu occupé des moyens qui peuvent conduire à la fortune. Ici, pour percer, il faut être retors, entreprenant, audacieux. Je lui voudrais, pour sa fortune, la moitié moins de talent et le double plus d’entregent, et je n’en serais pas embarrassé ».
« Le public est dans ce moment-ci ridiculement partagé entre Piccinni et Gluck, et tous les raisonnements qu’on entend sur la musique font pitié ; il est donc très difficile pour votre fils de réussir entre ces deux partis. »
On sait que la querelle Piccini contre Gluck embarrasse Marie-Antoinette. Alors un nouveau soutien à un musicien, de surcroît autrichien, est sans doute de trop.

En juin 1779
Il rentre dans sa ville natale, le cœur triste et fatigué, et peu disposé à remplir paisiblement les emplois de maître des concerts de la Cour et d’organiste de la cathédrale qui viennent de lui être confiés.

Jusqu’à la fin de 1780
Il demeure à Salzbourg , écrivant pendant ce laps de temps un opéra, Zayde, deux messes, un kyrie, deux symphonies, des sonates pour piano et pour orgue, etc. Il vient ensuite à Munich.
En 1781
Mozart, désormais débarrassé de l’autorité de son père et de son employeur, peut enfin composer plus librement.

Le 29 janvier 1781
Son opéra d’Idoménée, accueilli avec enthousiasme, inaugure la glorieuse série de ses œuvres dramatiques.
Malheureusement pour lui, l’archevêque de Salzbourg l’appelle brusquement à Vienne où ce prélat se trouve alors. Traité avec mépris et considéré comme un valet, Mozart ne demande qu’à quitter un maître aussi désagréable; à la suite de scènes scandaleuses dans lesquelles il se voit grossièrement insulté, il rompt tout commerce avec lui, et, sous la protection de l’Empereur, se remet à la composition.

Son opéra, l’Enlèvement au sérail (1782), est très favorablement reçu, et Prague le joue après Vienne.

En 1782
L’Empereur Joseph II lui commande un opéra. Ce sera Die Entführung aus dem Serail (L’Enlèvement au Sérail), en langue allemande, qui incitera Gluck (1714-1787), compositeur et directeur des concerts publics à Vienne, à féliciter Mozart.

Ce sera l’opéra de Mozart le plus joué à Vienne. Joseph II est enchanté, voilà l’opéra allemand dont il rêvait.

Le 4 août 1782

Amadeus Mozart épouse Constance Weber (1762-1842), sœur cadette de cette Aloysia qui a été l’objet de son premier amour, mariage heureux, en somme, si nous considérons comme secondaires les questions pécuniaires qui, certes, ont pourtant lieu d’embarrasser fréquemment le jeune ménage, puisque Mozart, soit en donnant des leçons, soit surtout en jouant dans des concerts, gagne à grand peine de quoi subvenir à l’existence commune.

Constance Weber l’aime profondément et est pour lui la compagne dévouée des bons et des mauvais jours. Elle sait mêler la tendresse maternelle à la tendresse conjugale dans l’amour qu’elle porte au grand enfant qu’est le grand artiste. Lui, de son côté, l’aime passionnément et la soigne avec le plus complet dévouement pendant le cours d’une longue maladie. On raconte que, lorsqu’il est forcé de quitter momentanément la malade endormie, il ne s’éloigne pas d’elle sans avoir écrit à son intention quelques mots affectueux qu’en se réveillant elle trouve à son côté. Ce ménage, si recommandable est malheureusement dépourvu de l’esprit d’ordre et d’économie si nécessaire, surtout lorsqu’on ne peut compter que sur un revenu annuel de 800 florins, et que ce défaut lui nuit considérablement dans l’esprit des Viennois éclairés. Peut-être est-il cause, chez beaucoup de bons esprits, de la retenue qu’ils imposent à leur générosité naturelle, celle-ci se trouvant quelque peu choquée de « faire gagner de l’argent » à un artiste qui en ignore si complètement la valeur.

« Constance n’était même pas une bonne ménagère ; elle n’était jamais prévoyante, et, au lieu de faciliter la vie et le travail de son époux en lui assurant un certain confort matériel, elle partageait inconsidérément son expérience bohème […] Elle était tout à fait inculte et n’avait aucun sens des convenances. »
Alfred Einstein, musicologue

« On trouve Constance… souffrant de l’insouciance d’un homme de génie qui demeura un enfant jusqu’à la fin de ses jours ».
Otto Jahn (Mozart, Leipzig 1856 ; 4e éd. 1907)
En 1783
Il fait exécuter une nouvelle messe à Salzbourg, puis à Vienne un opéra, lo Sposo deluso. Sur ces entrefaites, Léopold Mozart, qui n’a consenti qu’avec une répugnance marquée au mariage de son fils avec Constance Weber, consent enfin à voir sa bru, mais il ne la prit jamais en affection. Toutefois, la naissance d’un petit-fils réjouit le cœur du vieillard, qui vint passer deux mois à Vienne auprès de ses enfants (1785) et applaudit aux nouveaux succès de son fils en qui Joseph Haydn (1732-1809) vient de saluer « le plus grand compositeur qu’il connaît ». C’est leur dernière rencontre, et la maladie qui doit l’emporter deux ans plus tard commence à saisir Léopold Mozart dès son retour à Salzbourg.

L’Empereur Joseph II, qui aime par-dessus tout la musique italienne, laisse végéter Mozart dont les compositions ne lui plaisent qu’à demi. Cependant, sur les instances de la comtesse de Thun et du prince de Cobentzel, il fait représenter par les acteurs de la cour l’Enlèvement au sérail.

Après une des représentations, le monarque dit au compositeur :
« C’est trop beau pour nos oreilles, mon cher Mozart, il y a là dedans trop de notes !
_ Que Votre Majesté me pardonne, répond le musicien, il n’y en a pas une de trop ! »
Peut-être est-il permis, en ce qui concerne l’Enlèvement, de trouver que Joseph II n’a pas tout à fait tort! Mais rien ne saurait en tout cas excuser son manque de générosité à l’égard du grand homme qui illustre son règne, et qu’il laisse longtemps sans honoraires. Ceux-ci sont enfin fixés à 800 florins.

Un petit opéra, le Directeur de spectacle, représenté à Schoenbrunn en 1786, précède de peu l’apparition des Noces de Figaro.
Le librettiste Da Ponte, qui avait transformé le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1732-1799) en un livret d’opéra, s’avise de le confier à Mozart qu’il admire fort. Le musicien s’éprend de son poème et travaille avec une telle ardeur qu’au bout de six semaines la partition se trouve terminée. Da Ponte demande à l’Empereur l’autorisation de faire jouer les Noces, – et l’obtient non sans peine, Joseph Il croyant entrevoir des dangers dans une représentation publique de la célèbre comédie, – même métamorphosée.
Le 17 juin 1783
Naissance de Raimund Léopold Mozart mort à deux mois le 19 août 1783.
Le 19 août 1783
Décès de son fils, Raimund Léopold Mozart, à l’âge de deux mois.
Le 21 septembre 1784
Naissance de Karl Thomas Mozart (1784-1858).
Le 1er mai 1786
Le chef-d’œuvre est donné au public, et accueilli avec un indescriptible enthousiasme, en dépit des cabales qui ont conspiré sa chute. Prague, à son tour, veut entendre les Noces et leur fait un accueil encore meilleur. Mozart reçoit de cette ville de chaudes ovations, et deux concerts qu’il y donne attirent une foule considérable.
Le 18 octobre 1786
Naissance de leur fils Johann Léopold Mozart (1786 – Johann Léopold Mozart (18 octobre 1786 – 15 novembre 1786) mort à 1 mois.) mort à un mois.
Le 15 novembre 1786
Décès de leur fils Johann Léopold Mozart.
Le 28 mai 1787
Leopold Mozart meurt, à Salzbourg (aujourd’hui en Autriche) à l’âge de soixante-huit ans.

L’impresario Bondini lui « commande » un opéra pour la saison suivante. Le succès des Noces de Figaro ayant engagé Mozart à demander à Da Ponte un second livret, Don Juan est choisi, et écrit à l’intention de ces habitants de Prague qui ont si intelligemment fêté la partition précédente.
En septembre 1787
Le maître et sa femme viennent habiter la capitale de la Bohème.
Le 28 mai 1787
Décès de son père, Léopold Mozart. Il laisse environ cinq cent cinquante œuvres musicales, instrumentales et vocales, parfois marquées par une certaine originalité,
Le 29 octobre 1787
Une représentation extraordinaire des Noces de Figaro, donnée en l’honneur de l’Archiduchesse Marie-Thérèse, précède de peu de jours la première exécution de Don Giovanni qui a lieu . Le succès est complet, éclatant, inouï dans les annales musicales de Prague.
Le 27 décembre 1787
Naissance de leur fille Theresia Mozart (27 décembre 1787 – 29 juin 1788) qui ne vivra que six mois.
Le 29 juin 1788
Décès de leur fille Theresia Mozart à l’âge de six mois.
Le 7 mai 1788
L’œuvre est jouée à Vienne, mais dans des conditions bien différentes, tant au point de vue de l’interprétation qu’à celui de la compréhension du public.
Cependant la situation pécuniaire du maître ne s’améliorait guère, et lui causait de cuisants soucis dont sa santé ne manquait pas de se ressentir. Le travail était alors son grand consolateur, et il s’y livrait avec une ardeur indomptable.
En 1788
Il écrit ses trois dernières symphonies, sans parler d’assez nombreuses compositions inspirées par les œuvres de Jean-Sébastien Bach (685-1750) qu’il admire profondément. Il prend part comme chef d’orchestre à des exécutions des oratorios de Haendel (1685-1759) qui ont lieu de 1788 à 1790, par les soins du baron Van Swieten, riche et fervent amateur de la musique des vieux maîtres.
Dans l’espoir de se dégager un peu de ses embarras financiers, Mozart décide de suivre à Berlin son protecteur le prince de Lichnoswky. Après s’être arrêté à Dresde, puis à Leipzig où son talent d’exécutant excite le plus vif enthousiasme, il arrive à Berlin. Reparti immédiatement pour Potsdam, Mozart est présenté par le prince au Roi Frédéric-Guillaume II (1744-1797). Ce Roi aime la musique, est lui-même musicien et possède un bon orchestre. Comme il prie son hôte illustre de lui faire connaître son sentiment à l’égard des musiciens de la chapelle royale:
« Ces messieurs, répondit-il avec une naïve franchise, sont d’éminents virtuoses, mais s’ils jouaient ensemble, l’effet serait encore meilleur. »
Le monarque, le prenant au mot, le prie d’opérer cette amélioration en acceptant le poste de maître de chapelle avec 3000 thalers d’appointements. Mais Mozart ne peut se résoudre à « quitter son bon empereur ». On ne sait qu’admirer le plus, de la généreuse bonté du cœur de Mozart, ou de l’incroyable conduite du « bon empereur » qui, après avoir craint un moment que le grand musicien ne cède aux sollicitations du Roi de Prusse, et l’engage à rester à son propre service, continue de le traiter aussi chichement que par le passé!
Un concert donné à Leipzig, un autre à la cour de Berlin, une reprise dans cette ville de l’Enlèvement au sérail, n’améliorent pas beaucoup l’état des affaires de Mozart. Le Roi de Prusse, en lui demandant des quatuors, lui fait pourtant, à deux reprises, présent de 100 frédérics d’or. Outre ces deux quatuors, notons en 1789 une sonate pour clavecin, le quintette en la, des airs, des menuets et enfin un opéra bouffe : Cossi fan tutte, qui est représenté à Vienne le 26 janvier 1790.

Le 16 novembre 1789
Naissance de leur fille Anna Mozart qui ne vit pas.
Le 20 février 1790
Joseph ll meurt, et le pauvre Mozart, privé de son seul et bien insuffisant protecteur, se voit, pour toute ressource, pourvu de l’emploi de maître de chapelle adjoint à la cathédrale, poste qui ne lui donne droit à aucun genre d’appointements. La situation empire ; un nouveau voyage pour les frais duquel il a été forcé d’emprunter sur son argenterie ne lui a presque rien rapporté; un labeur plus acharné que jamais s’impose en dépit de l’affaiblissement évident de sa santé. Parmi les pièces qui datent de cette époque, citons le célèbre Ave verum.

En mars 1791
Schikaneder, impresario, auteur et acteur médiocre à qui ses entreprises ont jusque-là peu réussi, va trouver Mozart et le supplie de venir à son aide en écrivant un opéra pour son théâtre. Précisément Schikaneder a en portefeuille un livret de sa façon, la Flûte enchantée (ou magique), qui lui semble devoir, une fois accompagné de bonne musique, relever la fortune de son théâtre. Mozart, toujours disposé à secourir autrui, accède à la demande de l’impresario-poète sans réclamer un ducat, mais en stipulant qu’aucune copie ne sera donnée de sa partition, afin qu’en cas de réussite il puisse la vendre à d’autres théâtres. Schikaneder ne se fit pas scrupule de violer la promesse qu’il a faite dans ce sens, et de voler effrontément le bienfaisant musicien qui l’a tiré de la misère.
En juillet 1791
Pendant que Mozart travaille à sa partition, un étranger se présente chez lui pour lui demander de composer une messe de Requiem, de la part d’une personne qui désire demeurer inconnue. Mozart accepte et fixe à 100 ducats les honoraires qu’on lui dit d’arrêter lui-même. Le maître se met immédiatement à l’ouvrage, mais peu à peu de sombres pensées l’envahissent, d’autant plus aisément que ses forces déclinent de plus en plus :
« Je suis sûr, » dit-il à sa femme, « que c’est pour mes propres funérailles que j’écris ce Requiem. »
Cependant il est obligé d’en interrompre la composition pour obéir au vœu des États de Bohème qui lui demandent de composer un opéra à l’occasion du prochain couronnement de Léopold II (1747-1792). Il accepte, malgré la brièveté du délai qu’on lui accorde, et écrit, aidé par son élève Sussmayer, la musique de la Clémence de Titus, sur un poème de Métastase (1698-1782).
Au moment où il part pour Prague, l’inconnu qui a commandé le Requiem se présente inopinément et lui en demande des nouvelles.
Constance est accusée d’adultère, notamment avec un élève de Mozart (Süssmayer), qui l’accompagne en cure à Baden durant sa grossesse difficile …
Le 26 juillet 1791
Naissance de leur fils Franz Xaver Wolfgang Mozart (1791-1844).

Les rumeurs d’adultère de Constance cessent lorsque l’enfant se révèle porteur de la même malformation à l’oreille que Wolfgang.
Seuls deux des enfants, Karl Thomas et Franz Xaver Wolfgang, survivent passée la petite enfance. Ils meurent à l’âge adulte sans descendance et ne se sont jamais mariés. Constance est décrite comme fragile et affaiblie par ses grossesses, souvent confinée dans son lit. Il semble qu’elle souffrait d’ulcères variqueux dont ses jambes étaient percluses.
Le 6 septembre 1791
La Clémence de Titus est jouée, et peu après le maître, revenu à Vienne, se remet au travail pour terminer l’opéra promis à Schikaneder. La Flûte enchantée, achevée le 28 septembre 1791, est représentée deux jours plus tard, et le succès répond aux vœux du directeur. Schikaneder est sauvé, mais Mozart est mourant. Il veut tenir la parole donnée et terminer son Requiem, malgré l’état de prostration dans lequel il se trouve et que coupent de terribles accès. La maladie de poitrine qui le mine depuis si longtemps s’est compliquée d’une étrange affection nerveuse. Il s’imagine qu’un ennemi l’a empoisonné, – et on sait qu’Antonio Salieri (1750-1825) est soupçonné de ce crime, à tort. – Toujours est-il que l’idée de la mort hante irrémissiblement la pensée du maître.

Au milieu de novembre 1791
Wolfgang se sent mieux et peut même écrire une petite cantate pour la loge franc-maçonnique à laquelle il appartient. Mais cette éclaircie est de courte durée, et il retombe pour ne plus se relever, au moment où, par une cruelle ironie du sort, d’avantageuses propositions lui sont faites de divers côtés.
La Flûte enchantée continue sa brillante carrière, et le pauvre compositeur, suivant sur sa montre la marche du temps, assiste par la pensée aux différentes phases de la représentation. Puis le Requiem reprend possession du cerveau fiévreux que l’inflammation gagne rapidement. Mozart s’écrie, d’après un témoin de ses souffrances :
« Il faut donc mourir à l’heure où, délivré de ceux qui spéculaient sur mon travail, j’allais pouvoir travailler selon les inspirations de Dieu et de mon cœur ! Quitter ma famille, mes pauvres petits enfants, au moment où j’aurais pu pourvoir à leur bien-être! M’étais-je trompé en affirmant que c’est pour moi-même que j’écrivais ce Requiem? »

Le 4 décembre 1791
Il demande le partition et essaie d’en chanter un passage. Arrivé au Lacrymosa, il sent qu’il ne pourra pas en écrire la fin et se met à sangloter. Le soir même, il donne à son élève Sussmayer les indications nécessaires à l’achèvement de cette funèbre composition. Puis il dit à sa belle-sœur Sophie Weber :
« Je désire que vous passiez cette nuit auprès de moi pour me voir mourir. J’ai déjà le goût de la mort sur la langue. Restez, si vous partiez, qui donc assisterait ma Constance? »

Il donne aussi des instructions pour que sa place de maître de chapelle à l’église de Saint-Etienne soit dévolue à Albrechtsberger qui y a droit, et l’obtient en effet. Son Requiem le hante jusqu’à la fin, ses lèvres en s’entrouvrant laissent échapper quelques sons qui s’y rapportent. Un peu avant minuit, il se dresse sur son lit, les yeux fixes. Puis il retombe épuisé et quelques minutes plus tard il rend le dernier soupir.

Le corps du maître, revêtu de la robe noire des confrères de la mort, est exposé, visage découvert, sur une civière placée à coté de son clavecin. Il laisse à sa veuve et à ses deux enfants 200 florins environ. Les pièces du mobilier qui ne sont encore ni engagées ni vendues peuvent bien valoir 25 florins. Quant à cette foule d’admirables compositions qui doivent enrichir les éditeurs, ceux-ci ne songent nullement à en indemniser la veuve. Les dettes s’élèvent à 3000 florins. Le coût de ses obsèques, commandées par le baron Van Swieten, mais payées par Constance Mozart, est de 14 florins, 56 kreutzers.
Le 6 décembre 1791
A trois heures de l’après-midi, le convoi funèbre pénètre dans la cathédrale, où les dernières prières furent brièvement dites. Un petit nombre de fidèles sont présents : Salieri, qui veut protester par cette démarche contre l’accusation calomnieuse que nous avons rapportée, Sussmayer, le maître de chapelle Roser, Deiner, Orsler, Van Swieten, généreux jusqu’à la fin. Le temps est effroyable, le vent et la pluie font rage. Du seuil de l’église aux portes de la ville la tempête ne fait que s’accroître. Aussi, un par un , les assistants s’égrènent. Lorsque le corbillard arrive à l’entrée du cimetière, seuls les porteurs l’accompagnent.
Alors ils achèvent, en une hâtive indifférence, leur banale et lugubre besogne, et, sans une parole d’adieu, sans une larme, sans même la présence muette d’un unique ami, le corps de Wolfgang Amadeus Mozart, maître de chapelle de la cathédrale de Vienne, compositeur de la chambre impériale, le favori des souverains et l’orgueil de son pays, ce corps abandonné, est jeté à la fosse commune.

Le 5 décembre 1859
Moins de soixante-dix ans après sa mort, son pays reconnaissant élève à la mémoire du maître, par l’entremise de la ville de Vienne, un beau monument, à l’endroit où – peut-être – il a été inhumé.

Après la mort de Wolfgang Amadeus Mozart, Constance, apparemment douée pour les affaires (elle avait commencé à mettre de l’ordre dans les finances du ménage peu avant le décès de son mari), améliore considérablement sa situation au fil des années. Des amis du couple organisent des concerts et elle monte elle-même sur scène pour chanter les principales œuvres du répertoire mozartien, accompagnée de sa sœur Aloysia devenue dépressive. L’Empereur note dans ses carnets qu’il « applaudit les larmes aux yeux » le grand talent de cette cantatrice que l’on a oubliée. Elle réussit à rembourser à Johann Michael Puchberg, un marchand de textile autrichien, les sommes qu’il avait prêtées à Wolfgang.

Sources :
- http://www.cosmovisions.com/Mozart.htm