Marie Leszczyńska

Marie Leszczyńska par Benjamin Warlop

Le 23 juin 1703

Naissance de Maria Karolina Zofia Felicja (Marie Caroline Sophie Félicité) Leszczyńska (1703-1768), à Trzebnica en Silésie. Elle est la  fille du Roi de Pologne Stanislas Leszczyński (1677-1766) et de Catherine Opalinska (1680-1747). Son père occupe alors le trône de Pologne de 1704 à 1709 où il a été placé par les armées de Charles XII de Suède. Il régnera à nouveau sur la Pologne de 1733 à 1736.

Stanislas Leszczyński

 

Le Tsar Pierre Ier de Russie (1672-1725) et le Roi Auguste II de Pologne (1670-1733) déclarent la guerre à la Suède, alors première puissance d’Europe du Nord. Mais Charles XII (1682-1718) réagit avec énergie, repousse les Russes et envahit la Pologne. Il fait élire Leszczyński le 12 juillet 1704. À la suite de la défaite d’une armée russo-saxonne à Fraustadt en 1706, Auguste II est obligé d’abdiquer le trône polonais et de reconnaître Stanisłas.

Catherine Opalinska
Alexandre Benoît Sobieski par Rigaud

 

 

Marie reçoit pour parrain Alexandre Benoît Sobieski ( fils de Jean III Sobieski (1629-1696), Roi de Pologne de 1674 à sa mort) et pour marraine Edwige-Sophie de Suède (1681-1708), fille de Charles IX (1655-1697), Roi de Suède de 1660 à sa mort, duchesse douairière de Schleswig-Holstein-Gottorp.

Edwige-Sophie de Suède

En 1709

Charles XII est battu par Pierre Ier de Russie à Poltava. Blessé, Charles XII de Suède peut s’échapper du champ de bataille pour trouver refuge, avec l’aide des diplomates autrichiens et français, à la Cour du sultan ottoman Ahmet III (1673-1736).

Le 15 février 1710

Naissance de Louis (futur Louis XV) à Versailles, titré duc d’Anjou. Il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712), surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712).

En novembre 1710

Stanislas Ier est chassé du trône de Pologne. S’ouvre alors une longue période d’exil pour la famille de Marie Leszczyńska.

« Depuis sa naissance, la vie n’avait cessé de la ballotter par monts et par vaux, loin de sa terre natale, et l’avait coupée de ses racines. »

Stanislas Leszczyński

Elle confiera à Voltaire (1694-1778) qu’elle avait failli être oubliée par les femmes chargées de préparer la fuite du Roi, son père : au moment de partir, l’une d’elles avisa un tas de linges qui gisait dans la cour et alla le ramasser – c’était la petite Marie dans ses langes.

«Une autre fois, toujours sur le chemin de l’exil, un domestique la confie à une paysanne. Pour que l’enfant soit en sécurité tant que l’ennemi terrorise et fouille le village, elle la cache dans un four à pain».

Il faut fuir Varsovie. Marie n’est qu’une enfant, mais ses souvenirs diffus conserveront toujours l’angoisse de cette fuite et la peur viscérale des Cosaques qui fouillent rageusement la masure où Marie est cachée sous une pile de torchons.

Le 14 avril 1711

Mort de Louis, Grand Dauphin (né en 1661), au château de Meudon. Fils aîné de Louis XIV (1638-1715) et de Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683).

 Le duc de Bourgogne devient Dauphin.

Le 12 février 1712

Mort de la duchesse de Bourgogne à vingt-sept ans, d’une rougeole épidémique.

Le 18 février 1712

Mort prématurée du duc de Bourgogne, emporté au château de Marly, par la rougeole  qui avait tué son épouse six jours plus tôt (on croit à tort qu’il a été empoisonné).

Le 8 mars 1712

Mort de Louis, duc de Bretagne, frère aîné du futur Louis XV, qui à la mort de son père, était devenu  héritier du trône de France. Il ne lui survit que peu de temps, emporté comme lui et sa mère par la rougeole.

Son frère Louis (futur Louis XV) lui succède comme Dauphin de France.

Le 1er septembre 1715

Mort de Louis XIV au château de Versailles.

Le Dauphin devient le Roi Louis XV.

Son cousin, Philippe d’Orléans (1674-1723), le Régent, dirige les affaires jusqu’en 1723.

Marie Leszczyńska (1712) par Johan Starbus
Philippe d'Orléans et Louis XV

En 1716

Marie suit son père dans ses exils après avoir connu les ors du trône de Pologne.                                                                        

Exilée d’abord dans la principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken) , propriété du Roi de Suède, puis dans la ville alsacienne de Wissembourg, dans le plus grand dénuement matériel.

Louis XV, en 1716, accordant des lettres de noblesse à des échevins de la Ville de Paris, en présence de son cousin Philippe, duc d'Orléans, Régent de France, par Louis de Boulogne

Le 20 juin 1717

Décès de sa seule sœur aînée, Anne Leszczyńska (1699-1717), morte d’une pneumonie.

Ses parents reportent alors leur tendresse sur Marie, qui entre dans sa quinzième année et poursuit son éducation accomplie :
elle parle six langues (polonais et français, allemand, italien, anglais et elle maîtrise le latin), possède «des clartés sur tout», sachant danser avec grâce et se tenir à merveille.

À partir de 1720

Marie, qui est en âge de se marier, n’a pas de fortune, les prétendants se font rares. Stanislas passe ses journées en rédaction de lettres pour trouver un parti digne de sa fille, qui elle se sait paysanne dans son quotidien et n’attend pas de miracle.
A la suite de nombreuses tractations politiques, elle est d’abord pressentie pour épouser un jeune officier français. Mais, le prétendant n’étant pas au moins duc, le père de Marie refuse le mariage. On songe alors au prince de Schwarzenberg, noble de Bohême, mais celui-ci préfère une candidate plus argentée. La jeune femme est alors convoitée par le marquis de Courtanvaux (1718-1781), petit-fils de Louvois (1741-1791), mais le Roi Stanislas refuse à nouveau un prétendant qui n’est pas duc.

Anne Leszczyńska

Le 9 janvier 1722

Arrivée en France de Marie-Anne-Victoire d’Espagne (1718-1781), fille de Philippe V, future Reine du Portugal, qui est fiancée à Louis XV.

Louis XV contemplant le portrait de l'infante Marie-Anne

Le 25 octobre 1722

 Louis XV est sacré à Reims.

Louis XV, en costume royal, en 1721, par Rigaud


Le 2 décembre 1723

Mort du Régent, Philippe d’Orléans (1674-1723), à Versailles.

Un projet de mariage bien plus brillant pour l’ex-Roi Stanislas est enfin envisagé pour Marie Leszczyńska, avec le duc de Bourbon (1640-1710), prince du sang alors Premier ministre du royaume de France. Cette idée n’était pas du duc de Bourbon mais de sa maîtresse, la marquise de Prie (1698-1727). Ambitieuse, la jolie marquise pensait qu’une princesse sans influence ne lui porterait pas ombrage.

En 1725

Le duc de Bourbon rompt les fiançailles du Roi Louis XV (1710-1774) avec Marie-Anne-Victoire (1718-1781) qui retourne en Espagne. Elle épousera le 19 janvier 1729, Joseph Ier (1714-1777), Roi du Portugal. Ils seront tous deux la future marraine et le futur parrain de Marie-Antoinette.

La recherche d’une autre fiancée parmi les princesses d’Europe est dictée par la santé fragile du Roi, qui nécessite une rapide descendance.

Louis IV Henri de Bourbon-Condé, duc de Bourbon
Marie Anne Victoire de Bourbon
Jeanne-Agnès Berthelot de Pléneuf, marquise de Prie
Marie Leszczyńska- école française du XVIIIe siècle

Le duc de Bourbon prend alors conscience qu’en cas de décès du Roi, le trône échouerait au duc d’Orléans, son rival. Pour éviter un tel scénario, il est impératif de marier Louis XV au plus vite. Dans ce but, une liste de cent princesses d’Europe à marier est dressée entre le duc de Bourbon et sa maîtresse. Marie Leszczyńska qui remplit les conditions requises – catholique, en âge d’enfanter – figure en tête de liste. Contre toute attente, le Roi, orphelin à peine âgé de quinze ans, et son précepteur, le cardinal de Fleury pourtant rival du duc de Bourbon, acceptent cette alliance sans avantage avec une princesse âgée de vingt-deux ans, soit sept de plus que son futur mari !

Pour Stanislas et sa fille, il s’agit d’un miracle. A la Cour de Louis XV, au contraire, la consternation est générale. Non seulement, la princesse de Pologne n’appartient à aucune des grandes dynasties d’Occident, mais elle est polonaise et plus âgée que le Roi. Dès lors, les rumeurs les plus folles circulent : on dit la future Reine laide, épileptique, stérile…

Le 2 avril 1725

Le duc de Bourbon demande à Stanislas sa fille en mariage au nom de Louis XV.

Stanislas se tourne alors vers Marie et lui dit simplement :

« Ma fille, vous êtes reine de France.»

On devine l’émotion, la joie et probablement l’effroi qui étreignent la jeune fille.

Marie Leszczyńska par Carle Van Loo

 

Le dimanche 27 mai 1725

« Le Roi a déclaré après son dîner son mariage avec la princesse royale de Pologne, qui est la princesse Leszczyńska, fille du roi Stanislas. Ce mariage étonne tout le monde, il ne convient en effet en aucune façon au roi de France, d’autant que la maison de Leszczyński n’est pas une des quatre grandes noblesses de la Pologne ; cela fait de simples gentilshommes. C’est une fortune étonnante pour cette princesse

          Journal de Barbier

 

Agnès de Prie livre à Marie une garde-robe digne de son futur statut. Bien que la princesse n’ait jamais manqué de rien, ses chemises étaient bien plus simples que celles qu’on lui ramène de Versailles.

En la cathédrale de Strasbourg, le duc d’Orléans, en sa qualité de premier prince de sang, épouse Marie, accompagnée de ses deux parents, par procuration. La Reine est revêtue du grand habit de cérémonie, une robe en brocart d’argent semé de pierreries. La longue traîne est portée par la comtesse de Linanges, hommage accordé à cette amie de la famille Leszczyński.

Dès le lendemain

Le cortège prend la direction de Fontainebleau. La longue file de carrosses et de voitures (ces dernières emportant trousseau, bijoux, tapisseries, meubles et objets précieux) s’étend sur plus d’une lieue. Elle est escortée par les Cent-Suisses et les garde du corps. A la sortie de Strasbourg, un régiment rend les honneurs. Par une délicate attention, on a choisi le Royal-Cavalerie cantonné à Wissembourg, qui est commandé par le marquis de Courtenvaux, celui-là même qui avait demandé la main de Marie deux mois plus tôt. Quand le carrosse de la Reine passe devant lui, le colonel marquis, de son épée, salue sa souveraine qui lui répond par un grand sourire.

L’ex-Roi de Pologne accompagne sa fille jusqu’au lieu dit « le saut du prince Charles» avant de retourner à Strasbourg. La pluie tombe sans cesse, il arrive que les voitures s’embourbent.

Embourbement de carrosses

Le 4 septembre 1725

Après trois semaines d’un périple ralenti par l’état catastrophique des routes détrempées, Marie découvre enfin son royal époux.

Image de Louis XV, le soleil noir de Thierry Binisti
Le château de Fontainebleau

Le 5 septembre 1725

Louis XV épouse Marie Leszczyńska.

Louis XV, en 1727, par Jean-Baptiste Van Loo
Marie Leszczyńska par Jean-Baptiste van Loo, vers 1725

Marie, parée d’un manteau de velours violet semé de fleurs de lys et de pierreries, embellie d’une traîne de près de dix mètres, porte une couronne sertie de diamants. Louis, vêtu d’un habit de brocart et d’un riche manteau, arbore un chapeau à plumes blanches agrémenté d’un imposant diamant.

Après une cérémonie de plusieurs heures…

…la journée se poursuit autour d’un festin ponctué par la représentation du « Médecin malgré lui » de Molière, et d’éblouissantes illuminations.

Mariage de Louyis XV et Marie Leszczyńska

A dix heures

Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.

Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s'était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d'autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d'année entourés de leurs enfants et petits-enfants... composition de Benjamin Warlop

Mi-juin 1768

Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…

Agonie de la Reine, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »

            Marie Leszczyńska

Le 24 juin 1768
A dix heures du soir

La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.

Mort de Marie Leszczyńska dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti 

Pendant une semaine

On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :

« Voyez, comme elle est aimée … »

                                                                                     dit le Roi à ses filles.

« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir. 
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ; 
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente. 
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»

Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf

Tombe de Marie Leszczyńska

Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.

Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :

« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »

 

Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.

Sources :

  • Louis XV de Michel Antoine
  • Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite 
  • Mesdames de France de Bruno Cortequisse
  • Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
  • Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
  • Louis XV de Jacques Levron
  • Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
  • Madame Louis XV de Jacques Levron
  • Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
  • Louis XV de Jean-Christian Petitfils
  • Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire

Pendant le supplice, selon un témoignage, on le «trouva disant l’office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l’âme de son assassin».
Certains courtisans, afin de se mettre en valeur, s’empressent de venir lui raconter tous les détails, mais ils ne sont pas bien accueillis…

La partie de Cavagnole ; Modèles et costumes : L'Histoire Retrouvée , Corps Royal d'infanterie de Marine, Les Merciers de l'Histoire, Aurore Souleyras. Site : Château de Loyat

Le 9 octobre 1757

Naissance de Charles-Philippe, comte d’Artois, futur Charles X (1757-1836).

En 1758

La partie de cavagnole ; popularisé en France par Marie Leszczyńska, le cavagnole est sous Louis XV le jeu à la mode parmi les femmes de l’aristocratie, un jeu de hasard similaire au loto.

Le 23 septembre 1759

Naissance de Marie-Clotilde de France, qu’on appellera Madame Clotilde, ou plus trivialement Gros Madame, future Reine de Sardaigne.

 

Le 6 décembre 1759

Mort de Madame Elisabeth , duchesse de Parme.

Louise-Elisabeth, duchesse de Parme par Adélaïde Labille-Guiard
Le comte d'Artois et sa sœur Madame Clotilde par Drouais
Vincent Pérez dans le rôle de Louis XV dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour

Le jeudi 12 avril 1759 – Jeudi Saint

Mgr de Grasse, évêque d’Angers, ayant fait l’Absoute, et le Roi ayant entendu le sermon de la Cène de l’abbé Le Moine, Louis XV lave les pieds de douze pauvres, et les sert à table. Le prince de Condé, Grand Maître de la Maison du Roi, est à la tête des maîtres d’hôtel, et il précède le service, dont les plats sont portés par le Dauphin, le duc d’Orléans, le comte de Clermont, le prince de Conti, le comte de La Marche, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre, le prince de Lamballe, et par les principaux officiers du Roi.

Après la cérémonie, le Roi et la Reine, accompagnés de la Famille Royale, entendent la Grand’Messe et assistent à la procession.

La Reine entend le sermon de la Cène de l’abbé Le Normand. Mgr de Grasse, évêque de d’Angers, fait ensuite l’Absoute, après laquelle elle lave les pieds à douze pauvres filles, et les sert à table. Le marquis de Chalmazel, premier maître d’hôtel de la Reine, précède le service, dont les plats sont portés par Madame Infante, Madame, Madame Victoire, Madame Sophie, la princesse de Condé, la comtesse de La Marche, les dames du palais de la Reine et plusieurs dames de la Cour.

Dès le début des années 1760

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique. Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être Reine, Marie Leszczyńska aura opéré, à sa manière, une révolution discrète.

Le vase à rocailles,
Un cadeau de Louis XV à Marie Leszczyńska

Ce vase à rocaille était à l’origine accompagné d’un pendant qui n’est plus connu aujourd’hui. Tous deux sont achetés par Louis XV en décembre 1758, lors des ventes de la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres qui se déroulent dans son appartement intérieur.

De forme balustre, le vase repos sur une base polylobée, dotée de coquilles en relief d’un savant décor de rubans roses, bordés d’un filet d’or, noués entre eux, disposés très habillement sur plusieurs registres de taille décroissante. Entre les rubans s’inscrivent des bouquets de fleurs, également de taille décroissante, peints au naturel. La partie supérieure très échancrée se termine par deux volutes en forme d’oreilles. A l’intérieur du vase, on distingue des bouquets de fleurs peints à l’or.

Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

Le 30 juin 1760

La marquise de Pompadour fait l’acquisition du château et du marquisat de Menars.

Le château de Menars
Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

À la fin de sa vie, l’étiquette qui règle l’existence de Marie Leszczyńska s’assouplit. La Reine se trouve libérée de certaines obligations publiques, notamment les repas. Elle les prend en effet chez la duchesse de Luynes, sa dame d’honneur. A l’instar de Marie-Antoinette, plus tard, Marie Leszczyńska semble vouloir oublier sa couronne lorsqu’elle se rend chez sa dame d’honneur, comme l’écrit à plusieurs reprises le duc de Luynes :

« La Reine vint souper chez moi avant-hier mercredi. Depuis quelques temps elle nous fait cet honneur deux fois la semaine ; elle veut bien que l’on ne fasse point de préparatifs » ;

ou :

« Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est point reine. »

Le cérémonial de la Cour se trouve donc bouleversé par les nouvelles habitudes de la Reine :

« Depuis que Sa Majesté ne mange plus chez elle avec les dames, il est d’usage que d’avoir l’honneur de souper chez Madame de Luynes avec Sa Majesté est la même chose. »

Néanmoins, lorsque la duchesse reçoit la reine, l’étiquette n’est pas totalement oubliée puisque la reine et les dames sont assises à table, tandis que les hommes font leur cour debout et mangent dans une pièce voisine.
A l’inverse de Louis XV qui rappelle toujours à ses convives que le Roi est là lors des soupers de ses petits appartements, Marie Leszczyńska souhaite oublier sa couronne sur le seuil de l’appartement des Luynes :

«Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est plus reine».

Marie-Antoinette aura la même attitude, chez Elle, au Petit Trianon …

Marie Leszczyńska est interprétée par Nathalie Roussel dans la série Nicolas Le Floch

En 1761

Le cabinet de Marie Leszczyńska,
Le goût chinois de la Reine
(Texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion )

« Comme le changement à la Cour a toujours été de mode, je m’y suis mise aussi et vous trouverez mes cabinets changés, un du moins, car les autres sont de même».

                                                                                                        écrit Marie Leszczyńska à son ami Hénault, le 22 septembre 1758

En 1761

Marie Leszczyńska décide de remplacer son premier Cabinet chinois, installé en 1747, par un nouvel ensemble dit, cette fois, Cabinet des Chinois. Huit tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du Roi, Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost, Jeaurat, ainsi que par la Reine elle-même.

Plan préparatoire des travaux à mener dans le Cabinet

Au cœur de ses cabinets intérieurs, dans cet espace que Marie Leszczyńska appelle son «laboratoire», les toiles sont encastrées dans des lambris. A sa mort, le Cabinet des Chinois sera légué à sa Dame d’Honneur, la comtesse de Noailles. L’ensemble est alors remonté à l’hôtel de Noailles-Mouchy, puis, au milieu du XIXe siècle, au Château de Mouchy. C’est d’ailleurs probablement à cette époque que trois des tableaux connus par le Mémoire des peintres, sans doute trop endommagés pour être déplacés, sont remplacés par trois autres qui font désormais partie de l’ensemble : Le Passage de la rivière, La Marchande de fruits, La Pêche.

Dessus de porte gauche : La pêche
Dessus de porte droite : Le marchand de fruits

Ce cabinet révèle le goût chinois de la Souveraine, qui s’intéresse particulièrement aux missions d’Extrême-Orient et possède des porcelaines ornées de décors chinois. A la cour, cette inclination est largement partagée, notamment par Marie-Josèphe de Saxe et Madame de Pompadour, dont la prédilection pour les porcelaines et les ornements chinois est manifeste.

Des Chinois préparant le thé

Le Cabinet des Chinois décrit une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au Cathay. On y découvre notamment la préparation du thé, la rencontre d’un jésuite et d’un mandarin, une foire à Nankin. Architectures, costumes, paysages y sont représentés avec minutie.

Un Chinois s'inclinant devant un grand seigneur
Des marchands faisant des ballots, un jésuite et un mandarin conversant ensemble
Le passage de la rivière
Des esclaves descendant une barque de marchandises et plusieurs Chinois fumant et prenant le thé
La foire de la ville de Na

Le Cabinet est meublé de la manière suivante :
– Un canapé de damas vert,
– Un grand fauteuil de moire jaune, un autre de Perse et un de moire,
– Quatre chaises et un fauteuil de pékin,
– Deux rideaux des deux croisées en quatre parties de pékin,
– Un guéridon à deux étages façon de laque travaillé à la grecque,
– Un chiffonnière de laque,
– Une table de bois de palissandre couverte de maroquin vert.

L’espace de ce cabinet est actuellement occupé par la Bibliothèque de Marie-Antoinette.

Le 22 mars 1761

Mort de son petit-fils, Louis-Joseph.

Le Roi érige le marquisat de Menars en duché, ce qui permet à Madame de Pompadour d’accéder au titre de duchesse. Pendant son « règne » de vingt ans, elle aura maintenu des rapports cordiaux avec la Reine :

« Puisqu’il en faut une ; J’aime autant celle-ci qu’une autre».

Madame de Pompadour entretient aussi des relations avec les ministres qu’elle invite parfois dans ses appartements.

Dessin du duc de Bourgogne malade
Le duc de Bourgogne malade
Marie Brûlart de La Borde, duchesse de Luynes par Louis Tocqué

En 1762

Sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonne la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour supervise elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir « le Petit Trianon » et devait être sa future résidence à la Cour.

Le 11 septembre 1763

Décès de sa meilleure amie, Marie Brûlart de La Borde ( 1684 – 1763),  duchesse de Luynes.

Wolfgang Mozart au clavecin, entouré de son père Léopold et de sa sœur Marie-Anne

Au Nouvel An de 1764

Marie converse en allemand avec le jeune Mozart (1756-1791).

En 1764

Marie Leszczyńska aura attendu près de trente ans pour que la dorure de sa chambre, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Début  1764

 Madame de Pompadour contracte la tuberculose.

 

 

Le 15 avril 1764

La marquise de Pompadour meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de quarante-deux ans, à Versailles, ultime privilège, puisqu’il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le Roi et sa Cour.

Après la mort de la marquise de Pompadour, enfin, Louis revient à son épouse. « Après tant de chagrins, Dieu exauçait ses prières et lui offrait cette consolation

Marie, gouache peinte sur verre
Jeanne-Antoinette de Pompadour par Boucher

La Reine est très pieuse et a pour confesseur le capucin Ambroise de Lombez (1708-1778 et pour page et confident Raoul IV de La Barre de Nanteuil (1743-1833). Les capucins sont reçus à la Cour. Initiée à cette dévotion pour le Sacré-Cœur dans le couvent de la Visitation à Varsovie elle en répand la fête et les Offices dans toute la France. Elle fait ériger un autel du Sacré-Cœur dans la chapelle du château de Versailles.

« Tout le bien d’une mère n’appartient-il pas à ses enfants ? »

            Marie Leszczyńska à son trésorier, qui jugeait ses aumônes excessives

La petite Madame Babet avec son carlin, par Drouais, vers 1770

Le 3 mai 1764

Naissance de Madame Élisabeth, future martyre de la révolution.

Suppression de l’ordre des Jésuites en France.

Le 14 août 1765

La demande de Marie aux évêques de l’assemblée générale du clergé de France à Paris d’établir dans leurs diocèses la fête du Sacré-Cœur est approuvée par un courrier.

 

Le 20 décembre 1765

Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin, Louis-Ferdinand, son frère,  meurt, à l’âge de trente-six ans.

Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Le Dauphin Louis-Ferdinand par Roslin
Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Allégorie de la mort du Dauphin de Lagrenée l'Aîné (1766): le petit duc de Bourgogne, décédé en 1761, lui présente la couronne de l'immortalité. On le voit entouré dans ses derniers instants par son épouse, Marie-Josèphe de Saxe et par ses fils , le duc de Berry (futur Louis XVI, agenouillé), le comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d'Artois (futur Charles X).
Karine Pinoteau est Marie dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti

Marie se consacre alors aux enfants du Dauphin, petits orphelins qui égayent les vieux jours de la Reine.

Stanislas Leszczyński

Le 5 février 1766

Son père Stanislas Leszczyński trébuche, lorsque sa robe de chambre  que lui a offerte Marie, prend feu accidentellement, au moment où il veut raviver la braise et il tombe dans la cheminée de sa chambre du château de Lunéville. Grièvement brûlé, le duc de Lorraine de quatre-vingt-sept ans va souffrir une douloureuse agonie de dix-huit jours.

Le 23 février 1766

Décès de Stanislas Leszczyński.

Stanislas Leszczyński

Le lendemain, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l’église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu’à la Révolution. Son corps est inhumé à l’église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska par Maurice Quentin de La Tour

En 1766

La chapelle du Lycée Hoche,
Le couvent de Marie Leszczyńska
(  texte  et  photos de Christophe Duarte   –   Versailles Passion )

Marie Leszczyńska désire, à la mort de son père associer son nom à une fondation pieuse. Sans doute aussi pense-t-elle à s’aménager un lieu de retraite si elle doit connaître le veuvage. L’héritage de Stanislas lui en donne les moyens. Louis XV donne à la Reine une partie de l’ancien domaine que possédait madame de Montespan à Clagny, un quartier de Versailles. La Reine veut faire de ce couvent une maison d’éducation, et ce sont donc les chanoinesses de Saint-Augustin de la congrégation de Notre-Dame que la Reine appelle de Compiègne à Versailles. Depuis leur création un siècle plus tôt, ces religieuses se chargent de cette mission avec zèle et humilité dans une France où l’enseignement public n’existe pas encore.

Jusqu’à la Révolution, le couvent (actuel lycée Hoche) se consacre, selon les règles de la congrégation et la volonté de la fondatrice, à l’éducation des jeunes filles issues de la petite noblesse de cour. C’est donc un instrument de secours et de promotion sociale, qui doit éviter aux familles des serviteurs de la Cour de tomber dans la misère ou de connaître des destinées avilissantes.

La chapelle du Lycée Hoche

La chapelle forme le cœur de l’ancien couvent de la Reine. Cet ensemble monumental est construit sous la direction de l’architecte Richard Mique (1728-1794) de 1767 à 1772, alors que la Reine est morte depuis plusieurs années.

 

Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire.

La chapelle reçoit à l’exécution un soin extrême et est décorée avec beaucoup de prodigalité que seule explique sa fondation royale.

Un programme iconographique important est retranscrit à la fois en sculpture et en peinture. Ainsi, les reliefs sculptés sur les façades intérieures et extérieures, relatant la vie de la Sainte Famille (Marie et Joseph) sont confiés à Joseph Deschamps. 

Sur le dôme de la chapelle, la Reine Marie Leszczyńska est à genoux, sa couronne à ses pieds, en prière devant la vierge Marie qui lui montre la vie éternelle.

Le 13 mars 1767

Mort de sa bru, Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

Marie Leszczyńska par Maurice-Quentin de La Tour
Marie-Josèphe de Saxe

Durant l’automne 1767

Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.

Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s'était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d'autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d'année entourés de leurs enfants et petits-enfants... composition de Benjamin Warlop

Mi-juin 1768

Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…

Agonie de la Reine, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »

            Marie Leszczyńska

Le 24 juin 1768
A dix heures du soir

La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.

Mort de Marie Leszczyńska dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti 

Pendant une semaine

On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :

« Voyez, comme elle est aimée … »

                                                                                     dit le Roi à ses filles.

« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir. 
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ; 
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente. 
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»

Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf

Tombe de Marie Leszczyńska

Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.

Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :

« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »

 

Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.

Sources :

  • Louis XV de Michel Antoine
  • Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite 
  • Mesdames de France de Bruno Cortequisse
  • Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
  • Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
  • Louis XV de Jacques Levron
  • Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
  • Madame Louis XV de Jacques Levron
  • Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
  • Louis XV de Jean-Christian Petitfils
  • Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire

Procès de Robert-François Damiens (1715-1757) qui a quarante-deux ans et a servi plusieurs conseillers au Parlement, très critiques envers le Roi et la marquise de Pompadour. Ces critiques régulières sont montées à la tête de Damiens, au caractère influençable et exalté.

Le 28 mars 1757

Damiens est exécuté Place de Grève. Son supplice, à l’instar de celui de Ravaillac, compte de nombreuses tortures, avant qu’il soit écartelé et brûlé. Damiens s’est rendu coupable du crime suprême : celui de « parricide commis sur la personne du Roi » et donc de lèse-majesté.

Le supplice de Damiens

L’exécution a lieu devant une foule immense, pour laquelle c’est aussi un spectacle. Elle dure plus de deux heures et est effroyable au-delà de tout. Le Roi aurait sans doute au moins préféré qu’on appliquât une mort rapide et sans douleur, mais ce n’était pas lui qui décidait…

Pendant le supplice, selon un témoignage, on le «trouva disant l’office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l’âme de son assassin».
Certains courtisans, afin de se mettre en valeur, s’empressent de venir lui raconter tous les détails, mais ils ne sont pas bien accueillis…

La partie de Cavagnole ; Modèles et costumes : L'Histoire Retrouvée , Corps Royal d'infanterie de Marine, Les Merciers de l'Histoire, Aurore Souleyras. Site : Château de Loyat

Le 9 octobre 1757

Naissance de Charles-Philippe, comte d’Artois, futur Charles X (1757-1836).

En 1758

La partie de cavagnole ; popularisé en France par Marie Leszczyńska, le cavagnole est sous Louis XV le jeu à la mode parmi les femmes de l’aristocratie, un jeu de hasard similaire au loto.

Le 23 septembre 1759

Naissance de Marie-Clotilde de France, qu’on appellera Madame Clotilde, ou plus trivialement Gros Madame, future Reine de Sardaigne.

 

Le 6 décembre 1759

Mort de Madame Elisabeth , duchesse de Parme.

Louise-Elisabeth, duchesse de Parme par Adélaïde Labille-Guiard
Le comte d'Artois et sa sœur Madame Clotilde par Drouais
Vincent Pérez dans le rôle de Louis XV dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour

Le jeudi 12 avril 1759 – Jeudi Saint

Mgr de Grasse, évêque d’Angers, ayant fait l’Absoute, et le Roi ayant entendu le sermon de la Cène de l’abbé Le Moine, Louis XV lave les pieds de douze pauvres, et les sert à table. Le prince de Condé, Grand Maître de la Maison du Roi, est à la tête des maîtres d’hôtel, et il précède le service, dont les plats sont portés par le Dauphin, le duc d’Orléans, le comte de Clermont, le prince de Conti, le comte de La Marche, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre, le prince de Lamballe, et par les principaux officiers du Roi.

Après la cérémonie, le Roi et la Reine, accompagnés de la Famille Royale, entendent la Grand’Messe et assistent à la procession.


La Reine entend le sermon de la Cène de l’abbé Le Normand. Mgr de Grasse, évêque de d’Angers, fait ensuite l’Absoute, après laquelle elle lave les pieds à douze pauvres filles, et les sert à table. Le marquis de Chalmazel, premier maître d’hôtel de la Reine, précède le service, dont les plats sont portés par Madame Infante, Madame, Madame Victoire, Madame Sophie, la princesse de Condé, la comtesse de La Marche, les dames du palais de la Reine et plusieurs dames de la Cour.

Dès le début des années 1760

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique. Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être Reine, Marie Leszczyńska aura opéré, à sa manière, une révolution discrète.

Le vase à rocailles,
Un cadeau de Louis XV à Marie Leszczyńska

Ce vase à rocaille était à l’origine accompagné d’un pendant qui n’est plus connu aujourd’hui. Tous deux sont achetés par Louis XV en décembre 1758, lors des ventes de la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres qui se déroulent dans son appartement intérieur.

De forme balustre, le vase repos sur une base polylobée, dotée de coquilles en relief d’un savant décor de rubans roses, bordés d’un filet d’or, noués entre eux, disposés très habillement sur plusieurs registres de taille décroissante. Entre les rubans s’inscrivent des bouquets de fleurs, également de taille décroissante, peints au naturel. La partie supérieure très échancrée se termine par deux volutes en forme d’oreilles. A l’intérieur du vase, on distingue des bouquets de fleurs peints à l’or.

Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

Le 30 juin 1760

La marquise de Pompadour fait l’acquisition du château et du marquisat de Menars.

Le château de Menars
Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

À la fin de sa vie, l’étiquette qui règle l’existence de Marie Leszczyńska s’assouplit. La Reine se trouve libérée de certaines obligations publiques, notamment les repas. Elle les prend en effet chez la duchesse de Luynes, sa dame d’honneur. A l’instar de Marie-Antoinette, plus tard, Marie Leszczyńska semble vouloir oublier sa couronne lorsqu’elle se rend chez sa dame d’honneur, comme l’écrit à plusieurs reprises le duc de Luynes :

« La Reine vint souper chez moi avant-hier mercredi. Depuis quelques temps elle nous fait cet honneur deux fois la semaine ; elle veut bien que l’on ne fasse point de préparatifs » ;

ou :

« Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est point reine. »

Le cérémonial de la Cour se trouve donc bouleversé par les nouvelles habitudes de la Reine :

« Depuis que Sa Majesté ne mange plus chez elle avec les dames, il est d’usage que d’avoir l’honneur de souper chez Madame de Luynes avec Sa Majesté est la même chose. »

Néanmoins, lorsque la duchesse reçoit la reine, l’étiquette n’est pas totalement oubliée puisque la reine et les dames sont assises à table, tandis que les hommes font leur cour debout et mangent dans une pièce voisine.
A l’inverse de Louis XV qui rappelle toujours à ses convives que le Roi est là lors des soupers de ses petits appartements, Marie Leszczyńska souhaite oublier sa couronne sur le seuil de l’appartement des Luynes :

«Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est plus reine».

Marie-Antoinette aura la même attitude, chez Elle, au Petit Trianon …

Marie Leszczyńska est interprétée par Nathalie Roussel dans la série Nicolas Le Floch

En 1761

Le cabinet de Marie Leszczyńska,
Le goût chinois de la Reine
(Texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion )

« Comme le changement à la Cour a toujours été de mode, je m’y suis mise aussi et vous trouverez mes cabinets changés, un du moins, car les autres sont de même».

                                                                                                        écrit Marie Leszczyńska à son ami Hénault, le 22 septembre 1758

En 1761

Marie Leszczyńska décide de remplacer son premier Cabinet chinois, installé en 1747, par un nouvel ensemble dit, cette fois, Cabinet des Chinois. Huit tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du Roi, Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost, Jeaurat, ainsi que par la Reine elle-même.

Plan préparatoire des travaux à mener dans le Cabinet

Au cœur de ses cabinets intérieurs, dans cet espace que Marie Leszczyńska appelle son «laboratoire», les toiles sont encastrées dans des lambris. A sa mort, le Cabinet des Chinois sera légué à sa Dame d’Honneur, la comtesse de Noailles. L’ensemble est alors remonté à l’hôtel de Noailles-Mouchy, puis, au milieu du XIXe siècle, au Château de Mouchy. C’est d’ailleurs probablement à cette époque que trois des tableaux connus par le Mémoire des peintres, sans doute trop endommagés pour être déplacés, sont remplacés par trois autres qui font désormais partie de l’ensemble : Le Passage de la rivière, La Marchande de fruits, La Pêche.

Dessus de porte gauche : La pêche
Dessus de porte droite : Le marchand de fruits

Ce cabinet révèle le goût chinois de la Souveraine, qui s’intéresse particulièrement aux missions d’Extrême-Orient et possède des porcelaines ornées de décors chinois. A la cour, cette inclination est largement partagée, notamment par Marie-Josèphe de Saxe et Madame de Pompadour, dont la prédilection pour les porcelaines et les ornements chinois est manifeste.

Des Chinois préparant le thé

Le Cabinet des Chinois décrit une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au Cathay. On y découvre notamment la préparation du thé, la rencontre d’un jésuite et d’un mandarin, une foire à Nankin. Architectures, costumes, paysages y sont représentés avec minutie.

Un Chinois s'inclinant devant un grand seigneur
Des marchands faisant des ballots, un jésuite et un mandarin conversant ensemble
Le passage de la rivière
Des esclaves descendant une barque de marchandises et plusieurs Chinois fumant et prenant le thé
La foire de la ville de Na

Le Cabinet est meublé de la manière suivante :
– Un canapé de damas vert,
– Un grand fauteuil de moire jaune, un autre de Perse et un de moire,
– Quatre chaises et un fauteuil de pékin,
– Deux rideaux des deux croisées en quatre parties de pékin,
– Un guéridon à deux étages façon de laque travaillé à la grecque,
– Un chiffonnière de laque,
– Une table de bois de palissandre couverte de maroquin vert.

L’espace de ce cabinet est actuellement occupé par la Bibliothèque de Marie-Antoinette.

Le 22 mars 1761

Mort de son petit-fils, Louis-Joseph.

Le Roi érige le marquisat de Menars en duché, ce qui permet à Madame de Pompadour d’accéder au titre de duchesse. Pendant son « règne » de vingt ans, elle aura maintenu des rapports cordiaux avec la Reine :

« Puisqu’il en faut une ; J’aime autant celle-ci qu’une autre».

Madame de Pompadour entretient aussi des relations avec les ministres qu’elle invite parfois dans ses appartements.

Dessin du duc de Bourgogne malade
Le duc de Bourgogne malade
Marie Brûlart de La Borde, duchesse de Luynes par Louis Tocqué

En 1762

Sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonne la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour supervise elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir « le Petit Trianon » et devait être sa future résidence à la Cour.

Le 11 septembre 1763

Décès de sa meilleure amie, Marie Brûlart de La Borde ( 1684 – 1763),  duchesse de Luynes.

Wolfgang Mozart au clavecin, entouré de son père Léopold et de sa sœur Marie-Anne

Au Nouvel An de 1764

Marie converse en allemand avec le jeune Mozart (1756-1791).

En 1764

Marie Leszczyńska aura attendu près de trente ans pour que la dorure de sa chambre, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Début  1764

 Madame de Pompadour contracte la tuberculose.

 

 

Le 15 avril 1764

La marquise de Pompadour meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de quarante-deux ans, à Versailles, ultime privilège, puisqu’il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le Roi et sa Cour.

Après la mort de la marquise de Pompadour, enfin, Louis revient à son épouse. « Après tant de chagrins, Dieu exauçait ses prières et lui offrait cette consolation

Marie, gouache peinte sur verre
Jeanne-Antoinette de Pompadour par Boucher

La Reine est très pieuse et a pour confesseur le capucin Ambroise de Lombez (1708-1778 et pour page et confident Raoul IV de La Barre de Nanteuil (1743-1833). Les capucins sont reçus à la Cour. Initiée à cette dévotion pour le Sacré-Cœur dans le couvent de la Visitation à Varsovie elle en répand la fête et les Offices dans toute la France. Elle fait ériger un autel du Sacré-Cœur dans la chapelle du château de Versailles.

« Tout le bien d’une mère n’appartient-il pas à ses enfants ? »

            Marie Leszczyńska à son trésorier, qui jugeait ses aumônes excessives

La petite Madame Babet avec son carlin, par Drouais, vers 1770

Le 3 mai 1764

Naissance de Madame Élisabeth, future martyre de la révolution.

Suppression de l’ordre des Jésuites en France.

Le 14 août 1765

La demande de Marie aux évêques de l’assemblée générale du clergé de France à Paris d’établir dans leurs diocèses la fête du Sacré-Cœur est approuvée par un courrier.

 

Le 20 décembre 1765

Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin, Louis-Ferdinand, son frère,  meurt, à l’âge de trente-six ans.

Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Le Dauphin Louis-Ferdinand par Roslin
Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Allégorie de la mort du Dauphin de Lagrenée l'Aîné (1766): le petit duc de Bourgogne, décédé en 1761, lui présente la couronne de l'immortalité. On le voit entouré dans ses derniers instants par son épouse, Marie-Josèphe de Saxe et par ses fils , le duc de Berry (futur Louis XVI, agenouillé), le comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d'Artois (futur Charles X).
Karine Pinoteau est Marie dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti

Marie se consacre alors aux enfants du Dauphin, petits orphelins qui égayent les vieux jours de la Reine.

Stanislas Leszczyński

Le 5 février 1766

Son père Stanislas Leszczyński trébuche, lorsque sa robe de chambre  que lui a offerte Marie, prend feu accidentellement, au moment où il veut raviver la braise et il tombe dans la cheminée de sa chambre du château de Lunéville. Grièvement brûlé, le duc de Lorraine de quatre-vingt-sept ans va souffrir une douloureuse agonie de dix-huit jours.

Le 23 février 1766

Décès de Stanislas Leszczyński.

Stanislas Leszczyński

Le lendemain, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l’église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu’à la Révolution. Son corps est inhumé à l’église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska par Maurice Quentin de La Tour

En 1766

La chapelle du Lycée Hoche,
Le couvent de Marie Leszczyńska
(  texte  et  photos de Christophe Duarte   –   Versailles Passion )

Marie Leszczyńska désire, à la mort de son père associer son nom à une fondation pieuse. Sans doute aussi pense-t-elle à s’aménager un lieu de retraite si elle doit connaître le veuvage. L’héritage de Stanislas lui en donne les moyens. Louis XV donne à la Reine une partie de l’ancien domaine que possédait madame de Montespan à Clagny, un quartier de Versailles. La Reine veut faire de ce couvent une maison d’éducation, et ce sont donc les chanoinesses de Saint-Augustin de la congrégation de Notre-Dame que la Reine appelle de Compiègne à Versailles. Depuis leur création un siècle plus tôt, ces religieuses se chargent de cette mission avec zèle et humilité dans une France où l’enseignement public n’existe pas encore.

Jusqu’à la Révolution, le couvent (actuel lycée Hoche) se consacre, selon les règles de la congrégation et la volonté de la fondatrice, à l’éducation des jeunes filles issues de la petite noblesse de cour. C’est donc un instrument de secours et de promotion sociale, qui doit éviter aux familles des serviteurs de la Cour de tomber dans la misère ou de connaître des destinées avilissantes.

La chapelle du Lycée Hoche

La chapelle forme le cœur de l’ancien couvent de la Reine. Cet ensemble monumental est construit sous la direction de l’architecte Richard Mique (1728-1794) de 1767 à 1772, alors que la Reine est morte depuis plusieurs années.

 

Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire.

La chapelle reçoit à l’exécution un soin extrême et est décorée avec beaucoup de prodigalité que seule explique sa fondation royale.

Un programme iconographique important est retranscrit à la fois en sculpture et en peinture. Ainsi, les reliefs sculptés sur les façades intérieures et extérieures, relatant la vie de la Sainte Famille (Marie et Joseph) sont confiés à Joseph Deschamps. 

Sur le dôme de la chapelle, la Reine Marie Leszczyńska est à genoux, sa couronne à ses pieds, en prière devant la vierge Marie qui lui montre la vie éternelle.

Le 13 mars 1767

Mort de sa bru, Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

Marie Leszczyńska par Maurice-Quentin de La Tour
Marie-Josèphe de Saxe

Durant l’automne 1767

Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.

Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s'était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d'autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d'année entourés de leurs enfants et petits-enfants... composition de Benjamin Warlop

Mi-juin 1768

Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…

Agonie de la Reine, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »

            Marie Leszczyńska

Le 24 juin 1768
A dix heures du soir

La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.

Mort de Marie Leszczyńska dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti 

Pendant une semaine

On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :

« Voyez, comme elle est aimée … »

                                                                                     dit le Roi à ses filles.

« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir. 
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ; 
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente. 
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»

Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf

Tombe de Marie Leszczyńska

Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.

Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :

« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »

 

Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.

Sources :

  • Louis XV de Michel Antoine
  • Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite 
  • Mesdames de France de Bruno Cortequisse
  • Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
  • Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
  • Louis XV de Jacques Levron
  • Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
  • Madame Louis XV de Jacques Levron
  • Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
  • Louis XV de Jean-Christian Petitfils
  • Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire

Procès de Robert-François Damiens (1715-1757) qui a quarante-deux ans et a servi plusieurs conseillers au Parlement, très critiques envers le Roi et la marquise de Pompadour. Ces critiques régulières sont montées à la tête de Damiens, au caractère influençable et exalté.

Du 12 février au 26 mars 1757

Procès de Robert-François Damiens (1715-1757) qui a quarante-deux ans et a servi plusieurs conseillers au Parlement, très critiques envers le Roi et la marquise de Pompadour. Ces critiques régulières sont montées à la tête de Damiens, au caractère influençable et exalté.

Le 28 mars 1757

Damiens est exécuté Place de Grève. Son supplice, à l’instar de celui de Ravaillac, compte de nombreuses tortures, avant qu’il soit écartelé et brûlé. Damiens s’est rendu coupable du crime suprême : celui de « parricide commis sur la personne du Roi » et donc de lèse-majesté.

Le supplice de Damiens

L’exécution a lieu devant une foule immense, pour laquelle c’est aussi un spectacle. Elle dure plus de deux heures et est effroyable au-delà de tout. Le Roi aurait sans doute au moins préféré qu’on appliquât une mort rapide et sans douleur, mais ce n’était pas lui qui décidait…

Pendant le supplice, selon un témoignage, on le «trouva disant l’office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l’âme de son assassin».
Certains courtisans, afin de se mettre en valeur, s’empressent de venir lui raconter tous les détails, mais ils ne sont pas bien accueillis…

La partie de Cavagnole ; Modèles et costumes : L'Histoire Retrouvée , Corps Royal d'infanterie de Marine, Les Merciers de l'Histoire, Aurore Souleyras. Site : Château de Loyat

Le 9 octobre 1757

Naissance de Charles-Philippe, comte d’Artois, futur Charles X (1757-1836).

En 1758

La partie de cavagnole ; popularisé en France par Marie Leszczyńska, le cavagnole est sous Louis XV le jeu à la mode parmi les femmes de l’aristocratie, un jeu de hasard similaire au loto.

Le 23 septembre 1759

Naissance de Marie-Clotilde de France, qu’on appellera Madame Clotilde, ou plus trivialement Gros Madame, future Reine de Sardaigne.

 

Le 6 décembre 1759

Mort de Madame Elisabeth , duchesse de Parme.

Louise-Elisabeth, duchesse de Parme par Adélaïde Labille-Guiard
Le comte d'Artois et sa sœur Madame Clotilde par Drouais
Vincent Pérez dans le rôle de Louis XV dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour

Le jeudi 12 avril 1759 – Jeudi Saint

Mgr de Grasse, évêque d’Angers, ayant fait l’Absoute, et le Roi ayant entendu le sermon de la Cène de l’abbé Le Moine, Louis XV lave les pieds de douze pauvres, et les sert à table. Le prince de Condé, Grand Maître de la Maison du Roi, est à la tête des maîtres d’hôtel, et il précède le service, dont les plats sont portés par le Dauphin, le duc d’Orléans, le comte de Clermont, le prince de Conti, le comte de La Marche, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre, le prince de Lamballe, et par les principaux officiers du Roi.

Après la cérémonie, le Roi et la Reine, accompagnés de la Famille Royale, entendent la Grand’Messe et assistent à la procession.


La Reine entend le sermon de la Cène de l’abbé Le Normand. Mgr de Grasse, évêque de d’Angers, fait ensuite l’Absoute, après laquelle elle lave les pieds à douze pauvres filles, et les sert à table. Le marquis de Chalmazel, premier maître d’hôtel de la Reine, précède le service, dont les plats sont portés par Madame Infante, Madame, Madame Victoire, Madame Sophie, la princesse de Condé, la comtesse de La Marche, les dames du palais de la Reine et plusieurs dames de la Cour.

Dès le début des années 1760

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique. Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être Reine, Marie Leszczyńska aura opéré, à sa manière, une révolution discrète.

Le vase à rocailles,
Un cadeau de Louis XV à Marie Leszczyńska

Ce vase à rocaille était à l’origine accompagné d’un pendant qui n’est plus connu aujourd’hui. Tous deux sont achetés par Louis XV en décembre 1758, lors des ventes de la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres qui se déroulent dans son appartement intérieur.

De forme balustre, le vase repos sur une base polylobée, dotée de coquilles en relief d’un savant décor de rubans roses, bordés d’un filet d’or, noués entre eux, disposés très habillement sur plusieurs registres de taille décroissante. Entre les rubans s’inscrivent des bouquets de fleurs, également de taille décroissante, peints au naturel. La partie supérieure très échancrée se termine par deux volutes en forme d’oreilles. A l’intérieur du vase, on distingue des bouquets de fleurs peints à l’or.

Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

Le 30 juin 1760

La marquise de Pompadour fait l’acquisition du château et du marquisat de Menars.

Le château de Menars
Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

À la fin de sa vie, l’étiquette qui règle l’existence de Marie Leszczyńska s’assouplit. La Reine se trouve libérée de certaines obligations publiques, notamment les repas. Elle les prend en effet chez la duchesse de Luynes, sa dame d’honneur. A l’instar de Marie-Antoinette, plus tard, Marie Leszczyńska semble vouloir oublier sa couronne lorsqu’elle se rend chez sa dame d’honneur, comme l’écrit à plusieurs reprises le duc de Luynes :

« La Reine vint souper chez moi avant-hier mercredi. Depuis quelques temps elle nous fait cet honneur deux fois la semaine ; elle veut bien que l’on ne fasse point de préparatifs » ;

ou :

« Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est point reine. »

Le cérémonial de la Cour se trouve donc bouleversé par les nouvelles habitudes de la Reine :

« Depuis que Sa Majesté ne mange plus chez elle avec les dames, il est d’usage que d’avoir l’honneur de souper chez Madame de Luynes avec Sa Majesté est la même chose. »

Néanmoins, lorsque la duchesse reçoit la reine, l’étiquette n’est pas totalement oubliée puisque la reine et les dames sont assises à table, tandis que les hommes font leur cour debout et mangent dans une pièce voisine.
A l’inverse de Louis XV qui rappelle toujours à ses convives que le Roi est là lors des soupers de ses petits appartements, Marie Leszczyńska souhaite oublier sa couronne sur le seuil de l’appartement des Luynes :

«Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est plus reine».

Marie-Antoinette aura la même attitude, chez Elle, au Petit Trianon …

Marie Leszczyńska est interprétée par Nathalie Roussel dans la série Nicolas Le Floch

En 1761

Le cabinet de Marie Leszczyńska,
Le goût chinois de la Reine
(Texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion )

« Comme le changement à la Cour a toujours été de mode, je m’y suis mise aussi et vous trouverez mes cabinets changés, un du moins, car les autres sont de même».

                                                                                                        écrit Marie Leszczyńska à son ami Hénault, le 22 septembre 1758

En 1761

Marie Leszczyńska décide de remplacer son premier Cabinet chinois, installé en 1747, par un nouvel ensemble dit, cette fois, Cabinet des Chinois. Huit tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du Roi, Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost, Jeaurat, ainsi que par la Reine elle-même.

Plan préparatoire des travaux à mener dans le Cabinet

Au cœur de ses cabinets intérieurs, dans cet espace que Marie Leszczyńska appelle son «laboratoire», les toiles sont encastrées dans des lambris. A sa mort, le Cabinet des Chinois sera légué à sa Dame d’Honneur, la comtesse de Noailles. L’ensemble est alors remonté à l’hôtel de Noailles-Mouchy, puis, au milieu du XIXe siècle, au Château de Mouchy. C’est d’ailleurs probablement à cette époque que trois des tableaux connus par le Mémoire des peintres, sans doute trop endommagés pour être déplacés, sont remplacés par trois autres qui font désormais partie de l’ensemble : Le Passage de la rivière, La Marchande de fruits, La Pêche.

Dessus de porte gauche : La pêche
Dessus de porte droite : Le marchand de fruits

Ce cabinet révèle le goût chinois de la Souveraine, qui s’intéresse particulièrement aux missions d’Extrême-Orient et possède des porcelaines ornées de décors chinois. A la cour, cette inclination est largement partagée, notamment par Marie-Josèphe de Saxe et Madame de Pompadour, dont la prédilection pour les porcelaines et les ornements chinois est manifeste.

Des Chinois préparant le thé

Le Cabinet des Chinois décrit une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au Cathay. On y découvre notamment la préparation du thé, la rencontre d’un jésuite et d’un mandarin, une foire à Nankin. Architectures, costumes, paysages y sont représentés avec minutie.

Un Chinois s'inclinant devant un grand seigneur
Des marchands faisant des ballots, un jésuite et un mandarin conversant ensemble
Le passage de la rivière
Des esclaves descendant une barque de marchandises et plusieurs Chinois fumant et prenant le thé
La foire de la ville de Na

Le Cabinet est meublé de la manière suivante :
– Un canapé de damas vert,
– Un grand fauteuil de moire jaune, un autre de Perse et un de moire,
– Quatre chaises et un fauteuil de pékin,
– Deux rideaux des deux croisées en quatre parties de pékin,
– Un guéridon à deux étages façon de laque travaillé à la grecque,
– Un chiffonnière de laque,
– Une table de bois de palissandre couverte de maroquin vert.

L’espace de ce cabinet est actuellement occupé par la Bibliothèque de Marie-Antoinette.

Le 22 mars 1761

Mort de son petit-fils, Louis-Joseph.

Le Roi érige le marquisat de Menars en duché, ce qui permet à Madame de Pompadour d’accéder au titre de duchesse. Pendant son « règne » de vingt ans, elle aura maintenu des rapports cordiaux avec la Reine :

« Puisqu’il en faut une ; J’aime autant celle-ci qu’une autre».

Madame de Pompadour entretient aussi des relations avec les ministres qu’elle invite parfois dans ses appartements.

Dessin du duc de Bourgogne malade
Le duc de Bourgogne malade
Marie Brûlart de La Borde, duchesse de Luynes par Louis Tocqué

En 1762

Sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonne la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour supervise elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir « le Petit Trianon » et devait être sa future résidence à la Cour.

Le 11 septembre 1763

Décès de sa meilleure amie, Marie Brûlart de La Borde ( 1684 – 1763),  duchesse de Luynes.

Wolfgang Mozart au clavecin, entouré de son père Léopold et de sa sœur Marie-Anne

Au Nouvel An de 1764

Marie converse en allemand avec le jeune Mozart (1756-1791).

En 1764

Marie Leszczyńska aura attendu près de trente ans pour que la dorure de sa chambre, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Début  1764

 Madame de Pompadour contracte la tuberculose.

 

 

Le 15 avril 1764

La marquise de Pompadour meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de quarante-deux ans, à Versailles, ultime privilège, puisqu’il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le Roi et sa Cour.

Après la mort de la marquise de Pompadour, enfin, Louis revient à son épouse. « Après tant de chagrins, Dieu exauçait ses prières et lui offrait cette consolation

Marie, gouache peinte sur verre
Jeanne-Antoinette de Pompadour par Boucher

La Reine est très pieuse et a pour confesseur le capucin Ambroise de Lombez (1708-1778 et pour page et confident Raoul IV de La Barre de Nanteuil (1743-1833). Les capucins sont reçus à la Cour. Initiée à cette dévotion pour le Sacré-Cœur dans le couvent de la Visitation à Varsovie elle en répand la fête et les Offices dans toute la France. Elle fait ériger un autel du Sacré-Cœur dans la chapelle du château de Versailles.

« Tout le bien d’une mère n’appartient-il pas à ses enfants ? »

            Marie Leszczyńska à son trésorier, qui jugeait ses aumônes excessives

La petite Madame Babet avec son carlin, par Drouais, vers 1770

Le 3 mai 1764

Naissance de Madame Élisabeth, future martyre de la révolution.

Suppression de l’ordre des Jésuites en France.

Le 14 août 1765

La demande de Marie aux évêques de l’assemblée générale du clergé de France à Paris d’établir dans leurs diocèses la fête du Sacré-Cœur est approuvée par un courrier.

 

Le 20 décembre 1765

Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin, Louis-Ferdinand, son frère,  meurt, à l’âge de trente-six ans.

Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Le Dauphin Louis-Ferdinand par Roslin
Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Allégorie de la mort du Dauphin de Lagrenée l'Aîné (1766): le petit duc de Bourgogne, décédé en 1761, lui présente la couronne de l'immortalité. On le voit entouré dans ses derniers instants par son épouse, Marie-Josèphe de Saxe et par ses fils , le duc de Berry (futur Louis XVI, agenouillé), le comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d'Artois (futur Charles X).
Karine Pinoteau est Marie dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti

Marie se consacre alors aux enfants du Dauphin, petits orphelins qui égayent les vieux jours de la Reine.

Stanislas Leszczyński

Le 5 février 1766

Son père Stanislas Leszczyński trébuche, lorsque sa robe de chambre  que lui a offerte Marie, prend feu accidentellement, au moment où il veut raviver la braise et il tombe dans la cheminée de sa chambre du château de Lunéville. Grièvement brûlé, le duc de Lorraine de quatre-vingt-sept ans va souffrir une douloureuse agonie de dix-huit jours.

Le 23 février 1766

Décès de Stanislas Leszczyński.

Stanislas Leszczyński

Le lendemain, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l’église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu’à la Révolution. Son corps est inhumé à l’église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska par Maurice Quentin de La Tour

En 1766

La chapelle du Lycée Hoche,
Le couvent de Marie Leszczyńska
(  texte  et  photos de Christophe Duarte   –   Versailles Passion )

Marie Leszczyńska désire, à la mort de son père associer son nom à une fondation pieuse. Sans doute aussi pense-t-elle à s’aménager un lieu de retraite si elle doit connaître le veuvage. L’héritage de Stanislas lui en donne les moyens. Louis XV donne à la Reine une partie de l’ancien domaine que possédait madame de Montespan à Clagny, un quartier de Versailles. La Reine veut faire de ce couvent une maison d’éducation, et ce sont donc les chanoinesses de Saint-Augustin de la congrégation de Notre-Dame que la Reine appelle de Compiègne à Versailles. Depuis leur création un siècle plus tôt, ces religieuses se chargent de cette mission avec zèle et humilité dans une France où l’enseignement public n’existe pas encore.

Jusqu’à la Révolution, le couvent (actuel lycée Hoche) se consacre, selon les règles de la congrégation et la volonté de la fondatrice, à l’éducation des jeunes filles issues de la petite noblesse de cour. C’est donc un instrument de secours et de promotion sociale, qui doit éviter aux familles des serviteurs de la Cour de tomber dans la misère ou de connaître des destinées avilissantes.

La chapelle du Lycée Hoche

La chapelle forme le cœur de l’ancien couvent de la Reine. Cet ensemble monumental est construit sous la direction de l’architecte Richard Mique (1728-1794) de 1767 à 1772, alors que la Reine est morte depuis plusieurs années.

 

Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire.

La chapelle reçoit à l’exécution un soin extrême et est décorée avec beaucoup de prodigalité que seule explique sa fondation royale.

Un programme iconographique important est retranscrit à la fois en sculpture et en peinture. Ainsi, les reliefs sculptés sur les façades intérieures et extérieures, relatant la vie de la Sainte Famille (Marie et Joseph) sont confiés à Joseph Deschamps. 

Sur le dôme de la chapelle, la Reine Marie Leszczyńska est à genoux, sa couronne à ses pieds, en prière devant la vierge Marie qui lui montre la vie éternelle.

Le 13 mars 1767

Mort de sa bru, Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

Marie Leszczyńska par Maurice-Quentin de La Tour
Marie-Josèphe de Saxe

Durant l’automne 1767

Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.

Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s'était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d'autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d'année entourés de leurs enfants et petits-enfants... composition de Benjamin Warlop

Mi-juin 1768

Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…

Agonie de la Reine, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »

            Marie Leszczyńska

Le 24 juin 1768
A dix heures du soir

La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.

Mort de Marie Leszczyńska dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti 

Pendant une semaine

On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :

« Voyez, comme elle est aimée … »

                                                                                     dit le Roi à ses filles.

« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir. 
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ; 
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente. 
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»

Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf

Tombe de Marie Leszczyńska

Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.

Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :

« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »

 

Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.

Sources :

  • Louis XV de Michel Antoine
  • Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite 
  • Mesdames de France de Bruno Cortequisse
  • Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
  • Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
  • Louis XV de Jacques Levron
  • Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
  • Madame Louis XV de Jacques Levron
  • Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
  • Louis XV de Jean-Christian Petitfils
  • Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire

Lors de leur entretien quotidien du matin, Louis XV souhaite, afin de soulager son épouse souffrante, de souper chez elle le soir dans sa Chambre et donc avec un public réduit et non ouvert à tous. Il l’abstient aussi de porter le grand habit. C’est donc la duchesse de Luynes qui doit servir Leurs Majestés car la Bouche n’est pas de service dans la Chambre. C’est donc un souper en Petit Couvert. Sont présentes les dames qui ont droit aux entrées, dont la duchesse de Châteauroux, dame du palais.

On peut le concevoir devant cette maladresse de Louis XV qui a sûrement voulu faire preuve de délicatesse envers son épouse mais qui se retrouve quand même à passer la soirée avec sa maîtresse !

« La Reine était fatiguée de sa médecine, et ne parut pas de trop bonne humeur : cela a été remarqué.»

Mémoires du duc de Luynes

Le 16 février 1744

Encore un dimanche où le Roi part pour chasser à La Muette et la Reine qui se fait inviter chez sa dame d’honneur. C’est pourtant le dimanche avant le Carême et par conséquent important  du point de vue  liturgique mais aussi pour le Grand Couvert. Une fois de plus Marie Leszczyńska n’annule son souper prévu dans sa Chambre qu’à la dernière minute et réitère le lendemain pour se rendre en secret chez madame de Villars, sa dame d’atours. 

Le 2 avril 1744, Jeudi Saint

Jour de la Cène du Roi et de la Reine. A la table du Roi dans son antichambre sont installés treize jeunes garçons pauvres. 

Le comte de Charolais assure la charge de Grand Maître. Le Dauphin, le duc de Chartres, le prince de Dombes, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre portent les plats.  Chez la Reine sont attablées treize jeunes filles pauvres, Madame porte le pain, Madame Adélaïde le vin. La duchesse de Chartres et les dames du palais portent les autres plats. Ensuite, le Roi et la Reine, accompagnés de la famille royale et des plus hautes charges de la Cour se retrouvent dans la grande Salle des Gardes commune aux deux appartements royaux pour procéder au Lavement de Pieds des enfants qu’ils ont nourris. 

Le 10 avril 1744

De nouveau Marie Leszczyńska décommande son souper pour se rendre chez les Luynes. Elle prévient son chef de brigadier la veille au soir qu’elle soupera dans sa chambre le lendemain mais annule seulement le jour même à neuf heures du soir. Tous les soirs suivants elle soupe chez les Luynes ou d’autres amis.

Antichambre du Grand Couvert, château de Versailles
Lavement des pieds jeudi saint par Louis XVI joué par Laurent Laffite, Un peuple et son roi, par Pierre Schoeller, 2017

Mois de mai 1744

Durant l’absence du Roi parti combattre, Marie Leszczyńska préfère souper dans son intérieur entourée de ses dames, une dizaine environ, en y ajoutant les dames nommées auprès de la future Dauphine. Ces mêmes dames ont droit de monter en carrosse avec leur souveraine. Marie Leszczyńska joue de la vielle durant ses soirées. A cette occasion, le souper se déroule dans son Grand Cabinet, appelé plus tard Salon des Nobles. Ces soirées n’ont lieu que les jours gras. Pour les jours maigres (les vendredis), la Reine soupe seule dans sa Chambre.

Salon des nobles, château de Versailles, site Les Trésors de Versailles

Le 7 mai 1744

Une fois de plus, Marie Leszczyńska arrive sans s’annoncer chez ses amis Luynes, la table de son souper dans son appartement pourtant prête. Madame de Luynes n’était tellement pas prévenue qu’elle se déshabillait au moment de l’arrivée de la Reine. 

Le 25 mai 1744, Pentecôte

Après la grande messe, la Reine s’installe au Grand Couvert entourée de ses enfants. Elle seule s’assoit dans un fauteuil au milieu de la table. Le Dauphin s’installe au bout à droite, Madame au bout à gauche et Madame Adélaïde à la droite de leur mère. La gouvernante des Filles de France, madame de Tallard, se place derrière la plus jeune et madame de Luynes derrière la Reine. Le Dauphin a derrière lui un officier des gardes et son gouverneur monsieur de Châtillon. Les princesses et la Reine ont aussi un officier des gardes derrière chacune d’elles. La famille royale se réunit ensuite dans la Chambre de la Reine pour la conversation. La Cour est particulièrement nombreuse ce jour-là.

Remise de l'ordre du Saint-Esprit sous Louis XV dans la chapelle du château de Versailles, le 3 mai 1724, par Nicolas Lancret, musée du Louvre

Le 30 mai 1744

Comme c’est un dimanche, il y a normalement souper en Grand Couvert. Mais Marie Leszczynska préfère le prendre au dîner, afin de pouvoir se rendre à souper le soir chez des amis.

Le 5 juin 1744 

Au moment où la Reine passe à table dans sa Chambre après son cavagnole (il s’agit d’un vendredi donc souper maigre), elle reçoit une lettre de son époux lui donnant des nouvelles du front. De joie, elle peut à peine manger. 

Le 7 juin 1744

Mesdames de Châteauroux et de Lauraguais vivent retirées depuis le départ du Roi. Mais venues faire leur cour ce dimanche au jeu de la Reine, celle-ci les prie de la rejoindre à sa table. Ce que la Reine ne sait pas ou en tout cas ce que ces dames lui cachent, c’est qu’elles doivent rejoindre Louis XV à Lille le surlendemain. 

Le 9 juin 1744

Rassurée sur le sort des armes de son mari, Marie Leszczyńska décide de se rendre chez la  duchesse d’Orléans à la Madeleine de Traisnel, couvent huppé de la capitale. Est-ce par politesse pour son grand âge ou par réelle amitié ? Difficile de comprendre sachant que la Reine ne supporte pas les princesses du sang et que leur doyenne a toujours eu une réputation effroyable. Après une entrée pleine de réjouissances dans Paris, la Reine est reçue à souper au couvent avec la duchesse d’Orléans, sa fille la duchesse de Modène, sa petite-fille non officiellement présentée et treize  dames, de la suite de la Reine ou de la duchesse d’Orléans. Même pour une visite familiale dans un couvent, la Reine se déplace avec quatre carrosses et quinze dames, sans compter ses écuyers.

Madame de Modène ne se gêne pas à minuit, en plein jeu de la Reine après le souper, de prendre congé afin de partir pour la Flandre. L’étiquette veut pourtant qu’il n’y ait qu’à Versailles où l’on peut prendre congé de ses souverains et certainement pas lors d’une visite privée.
Marie Leszczyńska est ulcérée. Il faut dire qu’elle et sa sœur la princesse de Conti déjà sur place sont amies avec la favorite qui a rejoint Louis XV aux armées. Malgré sa colère, Marie ne rentre pour Versailles qu’à cinq heures du matin.

Le 14 juin 1744

Lorsque la Reine soupe chez un particulier, rien n’est simple ! Marie Leszczyńska souhaite souper chez son amie la comtesse d’Armagnac, née Noailles à Sèvres. Mais celle-ci lui fait comprendre qu’elle n’est pas assez riche pour donner un souper non seulement à Sa Majesté, mais aussi à toutes ses dames qui l’accompagnent. La situation est encore pire pour les officiers cochers, postillons…. de la suite de la Reine. Les dames du palais au nombre de quatre prient monsieur de Narbonne, chef de brigade d’aller commander un repas au cabaret le plus proche. Le repas arrive trop tard : Marie Leszczyńska est déjà repartie pour Versailles.

Couvent de la Madeleine de Traisnel, Paris, XIème, Site officiel de l’Office du Tourisme et des Congrès

Le 7 juillet 1744

Marie Leszczyńska soupe chez la comtesse de Toulouse à Luciennes (Louveciennes aujourd’hui), maison offerte par Louis XV à celle qu’il considère comme une tante adorée. Notons qu’il offrira le même bâtiment bien plus tard à sa dernière favorite la comtesse du Barry.

Le 8 juillet 1744

Marie Leszczyńska et la Cour doivent faire face à un sérieux problème à la fois d’étiquette et de sécurité. Le Roi étant parti avec l’essentiel de sa Maison, il n’y a plus assez de gardes pour elle et ses enfants. Pire : sa mère, la duchesse de Lorraine et reine de Pologne doit rendre visite à sa fille mais sans garde suffisante, la situation est très complexe. La Reine de France ne peut recevoir sa mère dignement à Versailles et la relègue à Saint-Cyr. La situation devient cocasse quand un des gardes tombe malade et du coup, à Trianon, durant le souper de la Reine et de ses enfants, ceux encore présents derrière chaque membre de la famille royale doivent se relayer pour ne laisser ni le Dauphin ni Mesdames seuls et en plus de souper en même temps avant la promenade prévue dans les jardins. Malgré ce manque d’effectifs, les gardes ne font pas attention pour autant : le même jour, un de sentinelle dans l’antichambre de Mesdames s’endort au balcon et tombe de la fenêtre. Il meurt sur le coup. 

Le Grand Trianon, côté jardins

Le 30 juillet 1744

Nouvelle visite de la Reine et pour la première fois de son fils à Dampierre chez ses amis Luynes. Comme d’habitude, promenades, souper, jeu… Avec deux tables : celle de la Reine et le Dauphin sur une petite chaise à sa droite avec une dizaine de dames et une table dans une pièce à côté pour les autres dames et les seigneurs.

Le château de Dampierre, département des Yvelines, photographie de Lionel Allorge

Début août 1744

La Reine soupe et joue presque tous les soirs au château de Meudon.

En août-septembre 1744


Tombé malade à Metz, Louis XV renvoie Madame de Châteauroux dans un accès de dévotion, mais il renoue avec elle une fois rétabli et c’est Maurepas qui est chargé de lui apporter la lettre du Roi qui le lui annonce. La duchesse se propose de le faire renvoyer sans tarder, mais elle n’en a pas le loisir car elle meurt peu après, le 8 décembre 1744 , coïncidence qui amène certains à parler — quoique ce soit bien invraisemblable — de poison.

Charlotte de Turckheim est Marie dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour (2006)

Du 1er au 7 septembre 1744, Metz

Après la maladie du Roi, la vie de cour reprend ses droits. Il n’y a pas possibilité de Grand Couvert car les dames et la Reine, parties en urgence à l’annonce de l’état de Louis XV, ont oublié leurs grands habits. La Bouche du Roi sert tous les jours entre vingt-cinq et trente tables, dont celles des dames d’honneur et d’atours de Marie Leszczyńska mais celle-ci est obligée de manger seule. Louis XV mange de meilleur appétit mais toujours au lit. 

Le Roi malade à Metz dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti

Le lendemain par contre, elle n’a pas d’autre choix que de la laisser l’accompagner lors du souper du Roi. Celui-ci ne semble pas la remarquer : il est vrai que madame de Flavacourt n’est pas en bonne amitié avec ses sœurs. Mais beaucoup désapprouvent la Reine d’avoir laissé madame de Flavacourt la suivre.

Le 28 septembre 1744 , Fontevraud

Mort de Thérèse-Félicité, Madame Sixième.

Le 1er octobre 1744, Lunéville

Louis XV toujours en campagne sur les marches est de son royaume rejoint sa famille chez le duc de Lorraine, Stanislas Leszczynski, père de la Reine et ancien Roi de Pologne. Ce n’est pas une villégiature pour la famille royale et ce n’est que présentations, réceptions…. Mais aussi Petits Couverts pour les soupers. Les dames titrées présentées la veille ou dans la journée y apparaissent au souper du Roi en grand habit mais repartent au bout d’un seul quart d’heure. Elles n’ont pas le droit de s’asseoir. Marie Leszczyńska peut manger avec sa mère, Catherine Opalińska, entourées de leurs dames mais pas avec son père Stanislas Leszczynski qui s’assoit à une table dans une autre pièce avec les seigneurs. 
La princesse de Modène a rejoint le couple royal à Lunéville. Elle mange donc avec la Reine et cela occasionne des soucis d’étiquette car les dames des deux reines doivent par conséquent aussi se mettre à table afin d’équilibrer la table. Les dames de la Reine n’ont toujours pas leur grand habit. 

 

Reconstitution d'une table de la Reine Marie-Thérèse et ses dames au château de Meudon, travail de Franck Devedjan

Le 2 octobre 1744

Catherine Opalińska étant incommodée d’un asthme, les deux rois dînent avec Marie et les dames des deux reines. Louis XV est de bonne humeur, fait la conversation, prend des nouvelles de sa belle-mère et fait durer le repas afin de laisser le temps aux autres tables dans les pièces voisines de finir leur propre dîner. A midi passé, Louis XV se met en route avec ses officiers et ses troupes pour repartir en campagne. S’il embrasse longuement le roi de Pologne, il ne prend pas la peine de se rendre auprès de sa belle-mère, choquée d’un tel manque de considération.
Marie doit rejoindre Versailles quelques jours après malgré ses supplications de suivre son époux jusqu’à Strasbourg. Louis XV donne ses derniers ordres, à savoir quelles dames de la noblesse lorraine et alsacienne nouvellement présentées ont droit de souper avec la Reine.

Château de Meudon, revue des troupes sur la terrasse au milieu du XVIIIème siècle, d'après une miniature de l'époque
Portrait de Stanislas Leszczyński, par Jean-Baptiste Van Loo, 1727-28, huile sur toile, château de Versailles
Catherine Opalińska, Reine de Pologne et duchesse de Lorraine, par Louis-Michel Van Loo

Le 3 octobre 1744, Lunéville

En visite chez ses parents, la Reine Marie apprend le décès de sa fille. Elle annule ses dîner et souper publics. Son père l’exhorte à se promener, visiter les beaux jardins de son château mais si elle obéit, elle préfère ensuite s’enfermer. Marie Leszczyńska n’avait pas vu sa fille depuis six ans. Tout le monde dit que la princesse est celle qui ressemblait le plus au Roi de Pologne son grand-père.

Karine Pinoteau est Marie Leszczyńska dans Louis XV le soleil noir (2009) de Thierry Binisti

Le 5 octobre 1744

La Reine reprend sa vie publique, autorise la comédie sans s’y rendre et le jeu qu’elle adore. Les trompettes sont jouées durant son dîner mais aucune musique n’est admise au souper. 

Le 13 octobre 1744 

Retour à Versailles. 

Le 2 novembre 1744

La comtesse de Toulouse et le duc de Penthièvre demandent la permission à la Reine pour le mariage de ce dernier avec mademoiselle de Modène.

Le 3 novembre 1744

La duchesse de Modène demande l’autorisation à son tour pour le mariage de sa fille. Marie Leszczyńska les noces.

Le 14 novembre 1744

Marie Leszczyńska vient dîner aux Tuileries dans la chambre de la Reine donnant sur les jardins. Malgré l’étroitesse des lieux, toute la cour s’y presse, ambassadeurs compris, en attente de l’arrivée prochaine du Roi en guerre depuis plusieurs mois. 

Château des Tuileries vers 1757 par Nicolas Jean-Baptiste Raguenet, musée Carnavalet, Paris

Ses enfants la rejoignent après leur propre dîner à Versailles. A neuf et quart du soir, la famille royale en son entier s’installe dans l’antichambre de l’appartement du Roi, bien plus spacieux, après l’arrivée de Louis XV à sept heures et le jeu dans la galerie.

L'appartement du Roi est celui en jaune, celui de la Reine à cette date correspond à ce qui deviendra l'appartement privé de Louis XVI et de ses enfants, Marie-Antoinette préférant finalement s'installer au rez-de-chaussée, juste en dessous.

 « On ne peut pas se représenter la foule excessive qui était dans la galerie et la salle où le Roi mange.»

Mémoires du duc de Luynes

Les vingt-quatre violons jouent plus d’une demi-heure. Le Dauphin a perdu son gouverneur le duc de Châtillon en disgrâce après Metz, néanmoins un sous-gouverneur reste derrière lui. Après le repas, la famille royale se réunit seule une demi-heure.

Nuit du 14 au 15 novembre 1744

Louis XV fait une tentative de gratter à la porte de la chambre de son épouse. Les femmes de chambre de la Reine la préviennent mais celle-ci pense, en tout cas affirme, qu’il s’agit d’un mauvais bruit. 

Le 5 décembre 1744

ouis XV ne se montre pas au Grand Couvert : il a appris que madame de Châteauroux est au plus mal et s’est faite saigner.

« Il était d’un changement et d’un abattement extrêmes.»

Mémoires du duc de Luynes

Marie Leszczyńska refuse l’invitation faite par son ami le duc de Luynes à venir passer la soirée dans son appartement auprès de son épouse, dame d’honneur de la Reine, comme presque tous les soirs. En effet, elle ne veut pas montrer au public qu’elle se fait un plaisir du chagrin du Roi et reste enfermée afin de montrer sa solidarité avec son époux. 

Le 28 décembre 1744

Grand Couvert pour le mariage du duc de Penthièvre avec mademoiselle de Modène. 

Louis Jean Marie de Bourbon, duc de Penthièvre, par Nattier
Marie-Thérèse Félicité d'Este, princesse de Modène et duchesse de Penthièvre, anonyme, château de Bizy

La cérémonie suit celle à peu de choses près ce qui s’est passé pour le mariage du duc et de la duchesse de Chartres.  Le duc de Charolais fait fonction de grand maître, aidé par le maître d’hôtel de quartier.

Il y a les mêmes princesses à table que la dernière fois, en plus de la famille royale, en y ajoutant désormais la nouvelle duchesse de Penthièvre. Madame Henriette est absente à cause d’une dent à arracher. Les princes du sang ne peuvent se mettre à table auprès de la Reine et de ses filles, marié compris. La foule, surtout populaire, est importante et des barrières doivent être installées dans l’Antichambre et la salle des gardes de la Reine. Mais aucune barrière ne doit être placée dans la grande salle des gardes, dite magasin. Le Dauphin et Madame Adélaïde ne suivent pas leurs parents et les princes et princesses pour le couchers des mariés dans l’appartement du comte et de la comtesse de Toulouse.  C’est la Reine qui donne la chemise à la mariée.

Début 1745

Débarrassée de la favorite du Roi, la duchesse de Châteauroux, la famille royale retrouve avec bonheur Louis XV plus assidu aux Grands Couverts et surtout prêt à reprendre la conversation qui les termine chez la comtesse de Toulouse.

Le 7 février 1745

Le Roi impose un bal masqué chez ses filles. Le Dauphin et Madame Henriette n’aiment pas danser mais Louis XV estime «que cela ne faisait rien, qu’à leur âge, on aimait toujours à danser.» Quelques jours auparavant, le Roi est parti à un bal masqué  dans Versailles où la rumeur raconte qu’il y retrouva une dame qu’il ne quitta pas. C’est sûrement la raison pour laquelle il veut ce bal. Le Roi aime être costumé afin de pouvoir passer une soirée incognito. Son épouse vient aussi au bal de leurs enfants, jusqu’à quatre heures du matin mais estime qu’elle ne doit plus porter de masque à son âge. Louis XV fait réellement preuve de maladresse quand il s’agit de ses maîtresses vis-à-vis de sa famille. 

Le château de Sceaux

Le 14 février 1745

Nouveau bal masqué chez Mesdames. Le Roi est costumé en paysan mais celui à genoux auprès de la Reine toute la nuit fait certainement diversion pour laisser Sa Majesté incognito. 

Le 22 février 1745, Sceaux

Dîner de la famille royale, de dix-huit couverts : le Roi, le Dauphin à sa droite, la Dauphine à la gauche de la Reine, Madame Henriette à la droite de son frère, Madame Adélaïde à la gauche de la Dauphine, six princesses du sang et madame de Penthièvre, puis madame de Tallard, madame de Luynes et madame de Brancas (dame d’honneur de la Dauphine) et enfin une dame du palais de la Reine et une dame pour accompagner de la Dauphine à la place des deux dames d’atours qui ont refusé l’honneur du Grand Couvert. 

Le 23  février 1745

Le Dauphin Louis-Ferdinand épouse au château de Versailles  sa cousine l’infante Marie-Thérèse Raphaëlle, deuxième fille de Philippe V et sœur de l’infant Philippe qui avait épousé en 1739 Louise-Élisabeth (1727-1759), sa sœur aînée.

Dans l’après-midi, après la cérémonie religieuse

Grand Couvert dans le grand cabinet de Madame la Dauphine entre le Dauphin, son épouse et Mesdames, les quatre assis dans un fauteuil. Le Roi offre à cette occasion par l’intermédiaire du duc de Richelieu, premier gentilhomme de la Chambre, des médailles célébrant le mariage.

A cinq heures de l’après-midi

Louis XV vient chercher la Dauphine, accompagnée de son époux et de ses belles-sœurs, afin de la mener au manège assister au ballet La princesse de Navarre, musique de Rameau et livret de Voltaire.

Marie-Thérèse-Raphaëlle de Bourbon, infante d'Espagne, Dauphine de France en 1745, par Daniel Klein, huile sur toile, château de Versailles

Le château de Versailles ne dispose pas de salle de spectacle digne de ce nom et doit se contenter soit d’un théâtre dans le passage des Princes, soit pour de plus grandes festivités le manège de la Grande Ecurie. La famille royale se rend à l’écurie dans un carrosse de la Reine : le Roi, la Reine, le Dauphin, la Dauphine, Mesdames. Un deuxième carrosse de la Reine transporte six princesses du sang, un troisième les hautes charges féminines des maisons royales. Deux carrosses de la Dauphine conduisent les dames pour accompagner quand les dames du palais ont déjà utilisé un carrosse de la Reine avant l’arrivée de la famille royale. La presse est telle qu’on entend «Bourrez !». Louis XV ne réussit à s’installer qu’à sept heures du soir. Le ballet ne finit qu’à dix heures du soir. Si la musique et le spectacle dansé sont hautement appréciés, ce n’est pas le cas de la pièce, l’histoire étant jugée trop en la faveur de la France, au détriment de l’Espagne. L’Amour qui écrase les Pyrénées est jugé ridicule.

Après le ballet

Grand Couvert dans l’Antichambre de la Reine. 

Antichambre du Grand Couvert, château de Versailles, photographie RMN/Jean-Marc Manaï

Le souper dure jusqu’à minuit et ensuite le Roi passe chez Monsieur le Dauphin et la Reine chez Madame la Dauphine afin de procéder au coucher.  Le Roi donne la chemise à son fils, présentée par le duc de Chartres ; la Reine à sa belle-fille et la chemise présentée par la duchesse de Chartres. 

Louis XV a donné ordre pour cette soirée et les deux suivantes d’illuminer toutes les façades du château à l’aide de terrines. Les ailes des ministres et les écuries sont également éclairées. 

Le 24 février 1745
à six heures du soir

Bal paré au manège. L’arrangement pour les carrosses est le même que la veille.  L’orchestre de cent cinquante musiciens joue sur la scène. Le Roi et la Reine sont du côté de la porte, les danseuses devant des deux côtés, les danseurs en face du Roi. C’est le Roi qui nomme les couples. Pendant une heure ce sont des menuets puis des contredanses. Le bal se termine avant dix heures pour le Grand Couvert.

Dix heures du soir

Grand Couvert dans l’Antichambre de la Reine. Il n’y a rien de prévu pour le reste de la soirée.

Le 25 février 1745

C’est au cours des festivités du mariage que le Roi prend comme maîtresse Madame Lenormant d’Étiolles (qu’il fait bientôt marquise de Pompadour) qu’il découvre dans le costume de Diane chasseresse.

A sept heures du soir

Appartement dans la grande galerie. 

Comme à l’accoutumé, il y a «soirée d’appartement» chez le Roi. Exceptionnellement, elle a lieu dans la Grande Galerie, où l’on a disposé, outre une grande quantité de tables de jeux diverses et variées, une grande table rectangulaire destinée à la partie de lansquenet du Roi dans le centre de la Galerie et une autre table, ronde plus petite, devant la porte du Salon de la Paix, réservée au cavagnole de la Reine.

Bal paré donné à Versailles pour la mariage du Dauphin en 1745, par Charles Nicolas Cochin, Musée du Louvre, Département des Arts graphiques
Antichambre du Grand Couvert, château de Versailles, la Tribune de l'Art

Dans le Salon de la Guerre joue un orchestre d’une cinquantaine de musiciens, avec trompettes, timbales, tambourins…

A neuf heures du soir

Le Grand Couvert a lieu comme les autres soirs. Puis chacun se retire chez soi afin de se préparer pour un bal masqué qui doit se dérouler toute la nuit.

Durant cet intermède, les services des Menus Plaisirs et du Garde meuble font disparaître les tables de jeux de la Galerie afin de la préparer pour le bal.

Le Bal des Ifs, le jour madame de Pompadour officialise son entrée à la Cour de Versailles
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion)

Aucune invitation n’a été lancée : «On y entre, nous dit Barbier, sans distinction, en habit de masque à la main». Néanmoins, il a été prévu des filtrages aux deux entrées de ce bal : une à l’escalier de Marbre et l’autre à celui de l’Escalier du salon d’Hercule. Des huissiers demandent qu’une personne des groupes qui rentrent se démasque, se nomma et nommait les autres personnes. La foule devient telle et la bousculade si forte que les huissiers abandonnent et laissent tout le monde entrer. Il y a quatre grands buffets garnis de rafraîchissements de toutes sortes de vins, du saumon frais, des pâtés de truites, des poissons au bleu, des filets de sole et tout ce que l’on pouvait souhaiter la nuit d’un vendredi maigre. Les quantités sont si abondantes qu’on prétend que certains en fourrent plein leurs poches pour les revendre le lendemain au marché. Peu avant minuit, la Reine apparaît, sans masque revêtue d’une robe constellée de bouquets de perles avec sur sa tête, le Sancy et le Régent, les deux plus beaux diamants de la Couronne. Elle accompagne le couple de mariés, le Dauphin costumé en jardinier et la Dauphine en marchande de fleurs. Un quadrille débute le bal avec le Dauphin, non masqué menant la Dauphine, le Duc et la Duchesse de Chartres, Madame d’Andlau et Monsieur de Ségur, tous costumés en bergers et bergères, en robes à paniers enguirlandées de fleurs, une corbeille fleurie à la main, puis on va s’asseoir sur une estrade préparée à leur intention afin de s’amuser à regarder les masques. Mais Louis XV n’est toujours pas là. La Dauphine, surprise par la liberté et l’aisance des manières de la Cour, accepte de danser avec un bel inconnu masqué, qui se déclare espagnol. Visiblement, il a l’allure d’un Grand d’Espagne et est au fait de tous les secrets de la Cour. Intriguée, elle veut savoir qui est le personnage, mais son danseur ne laisse rien paraître et disparaît brusquement. On apprend le lendemain qu’il ne s’agit que du simple cuisinier espagnol de Monsieur de Tessé. Tout Versailles fait les gorges chaudes et la Dauphine, qui ne sut pas tenir sa langue, est assez mortifiée.

Bal des Ifs, encre noire et aquarelle de Charles-Nicolas Cochin, 1745, musée du Louvre

Un autre incident intervient au souper quand la princesse de Conti, fatiguée d’être restée debout, voulue s’asseoir sans trouver de sièges libres. Discrètement, elle se démasque, persuadée qu’en dévoilant son identité, elle trouvera aussitôt un siège mais personne ne se lève, feignant de ne pas reconnaître une princesse du sang. Furieuse, elle quitte le salon en déclarant haut et fort que de «sa vie qui est longue, elle n’avait vu des gens si malhonnêtes, il faut qu’on soit ici de bien mauvaise compagnie». C’est au moment où la princesse quitte l’Œil-de-Bœuf que l’on peut assister à un surprenant spectacle : sept ifs exactement identiques, taillés en topiaires, s’avancent à la queue leu leu, tandis que la foule s’écarte pour les laisser passer. On a immédiatement deviné que le Roi se trouve parmi ces ifs. C’est Louis XV qui, semble-t-il, a eu cette idée originale de déguisement, persuadé que personne ne pourrait le reconnaître.

Jeanne-Antoinette de Pompadour par Boucher

Beaucoup d’indiscrétions ont couru sur les liaisons du Roi avec une mystérieuse inconnue et l’on sait que «le mouchoir» va être jeté ce soir-là. Beaucoup de dames meurent d’envie d’être la maîtresse du Roi et ce bal est une chance inespérée pour toutes les prétendantes à la succession de la duchesse de Châteauroux. Madame d’Etiolles, costumée en Diane chasseresse, parle à un if : le règne de Madame de Pompadour (1721-1764)  débute.

                                                                                           Ce fameux bal ne devait s’achever que le lendemain vers les huit heures du matin.

Le 28 février 1745

Au cours du bal offert à l’Hôtel-de-ville de Paris par le corps municipal, une nouvelle rencontre entre Madame d’Étiolles et Louis XV confirme l’intérêt que lui porte le Roi.

                                                     Jeanne-Antoinette devient une visiteuse régulière à Versailles.

« C’est une chose sotte que d’être reine ! Pour peu que les troubles continuent, on nous dépouillera bientôt de cette incommodité. »

Marie Leszczyńska

Le 10 septembre 1745

Louis XV installe Madame d’Étiolles au château de Versailles dans un appartement situé juste au-dessus du sien, relié par un escalier secret.

Le 24 juin 1745

Le Roi fait don à Madame d’Étiolles du domaine de Pompadour.

                                                          « Je n’ai pas besoin de robes quand les pauvres n’ont pas de chemises.»

                                                                                                                                                                                Marie Leszczyńska

Parmi les peintres favoris de Marie figure sans conteste Jean-Marc Nattier, qui la portraiture en 1748 en «habit de ville ». Mais celui qu’elle distingue entre tous est Charles-Antoine Coypel. Ce dernier exécute pas moins de trente-quatre tableaux religieux pour les cabinets privés de la souveraine. Ils révèlent la dévotion de Marie Leszczyńska pour les saintes martyres des premiers temps de la chrétienté, comme sainte Thaïs. Elle voue encore un culte aux saints jésuites, tel François-Xavier. Une commande à Joseph-Marie Vien en témoigne.

La Reine et ses filles Mesdames Henriette et Adélaïde dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour (2006)

 Le 14 septembre 1745

La présentation officielle de la nouvelle favorite a lieu à Versailles. Cela nécessite une princesse de sang. Pour cette cérémonie très protocolaire, la princesse de Conti accepte d’être la marraine de Jeanne-Antoinette, en échange de l’extinction de ses dettes. Madame de Pompadour (1721-1764) s’efforcera d’être pour le Roi une amie et une thérapeute, une présence aimante, toujours enjouée (en apparence) et consolatrice qui lui offre le délassement, l’oubli de ses problèmes.
Mais la marquise de Pompadour est détestée par le jeune Dauphin qui, avec ses sœurs, l’appelle par ironie et irrévérence Maman Putain.

Charlotte de Turckheim incarne Marie Leszczyńska dans Jeanne Poisson, marquise de Pompadour (2006) de Robin Davis
La marquise de Pompadour par François Boucher (1756)

Le 22 juillet 1746

La Dauphine meurt, à Versailles. Son époux en éprouve un chagrin extrême. L’influence politique de Madame de Pompadour croît au point qu’elle favorise le mariage hautement diplomatique entre Marie-Josèphe de Saxe et le Dauphin Louis-Ferdinand.


Marie Leszczyńska éprouve une attirance particulière pour la Chine. En 1747, elle installe un Cabinet chinois dans son « laboratoire », au cœur de son appartement intérieur. Elle décide, dès 1761, de le remplacer par un ensemble de toiles dit Cabinet des Chinois. Les tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du roi : Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost et Jeaurat, ainsi que par la reine elle-même. Ces toiles montrent une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au pays de Cathay. Préparation du thé, évangélisation des Chinois par les Jésuites, foire à Nankin… sont autant de thèmes abordés par ces représentations. Architectures, costumes et paysages y sont décrits avec minutie ; la perspective à vue d’oiseau s’inspire de la peinture chinoise.

La foire de la ville de Nankin

Sur cette toile peinte en 1747 la Reine arbore, suspendu à son collier, le célèbre diamant « Le Sancy ».

Marie Leszczyńska par Van Loo (1747)
Détail de Marie Leszczyńska par Charles André Van Loo
Copie du célèbre diamant « Le Sancy »

« Marie Leczinska n’était pas jolie; mais elle avait de la finesse dans l’esprit et dans les traits et ses manières simples étaient relevées par les grâces des dames polonaises.»

Mémoires de madame Campan

Le 9 février 1747

Le Dauphin Louis-Ferdinand de France épouse à Versailles Marie-Josèphe de Saxe.

Le Dauphin Louis-Ferdinand par Anne-Baptiste Nivelon, 1764
Marie-Josèphe de Saxe

Le 19 mars 1747

Décès de sa mère, Catherine Opalińska (1680-1747) à Lunéville. Elle est inhumée à Nancy.

En mars 1748

Madame Victoire revient à la Cour.

Très proche de leur mère, la Reine Marie Leszczyńska, le Dauphin Louis-Ferdinand et ses sœurs souffrent avec elle des adultères du Roi, de la rigidité du protocole, de la bassesse des courtisans.

L’ascension sociale de la marquise de Pompadour lui vaut d’être critiquée par des pamphlets injurieux, appelés « poissonnades ».

En 1749

Maurepas (1701-1781), secrétaire d’Etat à la Marine, est disgracié en 1749 et exilé à quarante lieues (environ 160 km) de Paris pour avoir répété les libelles répandus contre la marquise de Pompadour.

Madame Victoire par Jean-Marc Nattier

Très proche de leur mère, la Reine Marie Leszczyńska, le Dauphin Louis-Ferdinand et ses sœurs souffrent avec elle des adultères du Roi, de la rigidité du protocole, de la bassesse des courtisans.

Après avoir réalisé des portraits très réussis des plus jeunes filles de Louis XV et Marie Leszczyńska, alors élevées à l’abbaye de Fontevraud, Jean-Marc Nattier (1685-1766) est rappelé à Versailles des années plus tard pour le même travail.

Intraitable, le peintre refuse de travailler avec des prêts et veut toujours que ses modèles posent. Séances accordées. Cependant l’artiste renonce rapidement, exaspéré par la volatilité des jeunes filles, peu assidues à se présenter aux séances de pose et incapable de rester en place. Il se dispense d’achever les portraits, remplacé par Franz Bernard Frey (1716-1806).

Peu rancunière, la Reine Marie Leszczyńska lui demande un jour de bien vouloir revenir pour la peindre. L’artiste accepte à condition de ne pas être dérangé pendant la séance de pose. La souveraine accepte de lui accorder le temps qu’il désire. Le jour dit, la souveraine s’installe, prête à demeurer immobile pendant plusieurs heures. À peine Nattier a-t-il le temps d’attraper son pinceau que Louis XV ouvre la porte.

On raconte que, furieux d’être ainsi interrompu, le peintre colérique remballe ses affaires et quitte la pièce !

Vêtue d’une robe rouge brodée d’hermine et rehaussée par des manchettes en dentelle, Marie Leszczyńska est assise dans un fauteuil dont le tissu brodé de fleurs de lis rappelle discrètement le statut du modèle. La Reine porte un bonnet de dentelle blanche retenu par une mantille de dentelle noire, symbole d’une félicité domestique étrangère à un portrait d’apparat.

Marie Leszczyńska, reine de France, lisant la Bible par Jean-Marc Nattier, huile sur toile, 1748, château de Versailles

Les regalia habituels, éléments indispensables au portrait d’une reine, ne sont pas présents. Seule la draperie bleue tendue derrière la reine confère une majesté certaine à l’arrière-plan, rythmé par des pilastres doriques ; d’autres objets discrets, tels les bijoux (boucles d’oreilles, collier en pierres précieuses orné d’une miniature représentant saint Jean Népomucène, le saint favori de la Reine), apportent de l’élégance et de la grâce au modèle. Marie Leszczyńska semble être tirée de sa lecture des évangiles par l’arrivée d’un de ses proches ; le sourire qu’elle esquisse à son approche détermine une certaine intimité et laisse apparaître le portrait d’une femme charmante.

Dernier tableau pour lequel Marie Leszczyńska accepte de poser et qui est présenté au Salon de 1748, l’œuvre reçut des critiques enthousiastes tant pour la ressemblance du portrait que pour la « noble simplicité » qui émane de la figure.

Charlotte de Turckheim incarne Marie Leszczyńska dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour (2006), de Robin Davis

La Reine et le Dauphin, appuyés par les milieux dévots, pressent le Roi de faire cesser cette relation adultérine notoire et finissent par le faire céder après de nombreuses années de résistance. Cependant, bien que la marquise de Pompadour cesse de partager l’intimité du roi, sa carrière connaît une nouvelle promotion : elle obtient le privilège royal de loger dans l’appartement du duc et de la duchesse de Penthièvre au rez-de-chaussée du corps central du château de Versailles alors que Mesdames les filles du Roi le convoitent.

 

 

Le 5 mars 1749

Marie Leszczyńska demande au Roi de lui permettre, en son absence, d’assister à la messe en robe de chambre et non en grand habit, puisqu’elle se place alors dans la tribune et non au rez-de-chaussée de la Chapelle. Le Roi accepte, la Reine assiste bien à la messe dans la tribune.

Le costume de cour entre alors dans un cycle tourmenté entre le costume de représentation et le costume citadin à la mode. Plus confortable, témoin du goût du moment. Le remplacement du grand habit par la robe de chambre est particulièrement prisé lors des déplacements de la Cour de Versailles vers les autres résidences royales.

Tribune royale de la chapelle de Versailles

Les concerts chez Marie Leszczyńska

Les concerts de Marie Leszczyńska représentent la plus importante des activités musicales de la Cour. Les séances commencent dès l’arrivée de la Reine à Versailles en 1725 et se maintiennent tout au long de son règne. A la différence de soirées d’appartement, qui se déroulaient de novembre à mars uniquement, les concerts de la Reine ont lieu tout au long de l’année. Il y a deux concerts par semaine, composés de deux actes d’opéra et d’une cantate. La séance dure environ une heure. Ces petits concerts lui permettent de se faire entendre et d’inviter les meilleurs musiciens parisiens.

Mesdames Sophie, Victoire et Louise, cette dernière étant alors déjà retirée au Carmel

La Reine arrive au salon à six heures. La musique commence. Pendant que les musiciens jouent, on ne prend pas congé. A Versailles comme à Fontainebleau, la Reine entend souvent les concerts depuis sa chambre car, si elle était dans la même pièce ou se fait la musique, il faudrait qu’elle soit en grand habit. D’autres lieux sont utilisés pour les concerts, comme le Salon d’Hercule. L’été, le parc et ses bosquets servent à des «impromptus».

Concert de Mesdames de France dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour

Les plus grands musiciens devront se tourner désormais vers les reines et les favorites pour trouver une oreille attentive et un soutien. La vielle à roue de Marie Leszczyńska est bien souvent le dernier instrument à retentir le soir dans le château dans les années 1720. Ses filles trouvent dans l’apprentissage de la viole et du violon le moyen de se désennuyer.

Madame Henriette jouant de la basse de viole par Jean-Marc Nattier (1754)
Madame Victoire jouant de la harpe par Etienne Aubry
Orgue de Madame Adélaïde
Clavecin du salon de musique de Madame Victoire

Après 1750

Si les relations entre le Roi et sa favorite prennent un tour platonique, voire simplement amical, Jeanne-Antoinette ne quitte pas la cour pour autant et reste dans l’entourage immédiat de la famille royale, ce qui explique qu’après avoir été pendant cinq ans sa maîtresse, elle reste la favorite en titre.

Le 13 septembre 1751

Naissance de son petit-fils, Louis-Joseph-Xavier, duc de Bourgogne à Versailles.

Le 10 février 1752

Décès de Madame Henriette, sa douce fille, à l’âge de vingt-quatre ans.

            Madame Henriette (1727-1752) par Jean-Marc Nattier

Le Roi, dont Henriette était la fille préférée, est anéanti comme toute la famille royale. Le peuple maugrée que le décès de la jeune princesse est une punition divine.

Mademoiselle d'Avenart, jouant au concert de la Reine par Carmontelle
Image de Jeanne Poisson, marquise de Pompadour (2006) de Robin Davis
Les quatre Eléments (1751) par Jean-Marc Nattier : La Terre  a les traits de Madame Elisabeth, l'Air ceux de Madame Adélaïde, le Feu  ceux de Madame Henriette et L'Eau ceux de Madame Victoire 
Image de Jeanne Poisson, marquise de Pompadour : Charlotte de Turckheim est Marie et Vincent Pérez Louis XV

Dès le mois de mai 1752

Le Conseil du Roi reconnaît « l’utilité de l’Encyclopédie pour les Sciences et les Arts », Madame de Pompadour et quelques ministres peuvent ainsi solliciter d’Alembert et Diderot de se redonner au travail de l’Encyclopédie.

Durant les quinze dernières années de son règne, se développe en France un nouveau courant artistique, connu dès le XVIIIe siècle sous le nom de goût « à la grecque ». Ce courant qui constitue la première phase du mouvement néoclassique se fonde sur le rejet des formes de la rocaille jugées démodées, sur un retour affiché à la simplicité de l’antique et sur l’usage d’un répertoire décoratif et de thèmes puisés dans l’art grec. La Reine participe à sa manière à ce mouvement.

Louis XV, miniature de Rouquet
Marie Leszczyńska (1753) par Jean-Marc Nattier
Marie Leszczyńska (1753) par Jean-Marc Nattier
Marie Leszczyńska , Reine de France

En 1753

Marie commande à celui qui doit devenir le chef de file de ce style dans le domaine de la peinture, Joseph Marie Vien (1716-1809), un dessus-de-porte pour son cabinet, représentant Saint François-Xavier arrivant en Chine.

Résultat de recherche d'images pour
Le président Hénault. D’après Gabriel-Jacques de Saint-Aubin

Charles-Jean-François Hénault d’Armorezan (1685-1770), dit le « président Hénault » exerce, de 1753 à 1768, la charge de surintendant de la Maison de la Reine Marie Leszczyńska, qui a pour lui une particulière amitié et contribue à le tourner vers la religion dont une grave maladie, contractée vers 1735, l’avait déjà rapproché. Il se convertit en 1765 et fait une confession générale, déclarant :

« On n’est jamais si riche que quand on déménage ».

Sa dévotion lui vaut des traits satiriques de Madame du Deffand et de Voltaire qui lui reproche sa passion de plaire à tout le monde, dans laquelle il voit la cause de ses palinodies, et le juge désormais « l’esprit faible et le cœur dur ».

Lettre de Marie Leszczyńska au duc de Penthièvre. à 2 heures [1754?]. Cachet armorié de la reine sur cire rouge.

« Je sais toute l’horreur de ce que je fais, il est affreux pour moi d’adjouter a votre peine mais je ne puis faire autrement, on m’a priée de demander au Roy le Pavillion des thuilleries bien entendu si vous ne voulez pas le garder. je devais vous en faire la question, mais j’étais trop ocuppée de votre malheur je puis meme dire du mien, je l’ay oubliée, et comme d’auttres pourrait le demander je ne veux pas leur en laisser le temps. Ne vous tourmentez pas a me faire d’autre reponse que oui ou non, ce que je vous demande c’est de compter pour ma vie sur ma tendre amitié pour vous ».

Signature de Marie Leszczyńska
Louis-Auguste par Frédou

Le 23 août 1754

Naissance de son petit-fils, Louis-Auguste, futur Louis XVI.

 

Le 17 novembre 1755

Naissance de son petit-fils, Louis-Stanislas Xavier de France, comte de Provence, futur Louis XVIII.

Louis-Stanislas de Provence par Maurice Quentin de La Tour (1763)
Stanislas Leszczyński par Girardet
La place Stanislas de Nancy
La place Stanislas de Nancy
Statue de Stanislas Leszczyński sur la place Stanislas à Nancy

Les princesses vont parfois prendre les eaux à Plombières dans le Duché de Lorraine sur lequel règne à titre nominal et viager leur grand-père Stanislas Leszczyński (1677-1766) qu’elles peuvent ainsi visiter.

Le samedi 7 février 1756


Le Roi annonce la nomination de Madame de Pompadour, Dame du palais de la Reine.

Le dimanche 8 février 1756

La présentation de Madame de Pompadour en tant que Dame du palais de la Reine a lieu, après les vêpres.

Image de Jeanne Poisson, marquise de Pompadour

De 1756 à 1763

La Guerre de Sept Ans

La guerre de Sept Ans, que les Anglais dénomment « French and Indian War » (la guerre contre les Français et les Indiens), est la principale guerre du XVIIIe siècle. C’est aussi, d’une certaine manière, la première guerre mondiale ! Elle oppose la Prusse (alliée du Royaume-Uni ) à une coalition formée par la France, l’Autriche, la Russie, la Saxe, la Suède, la Pologne. La guerre se déroule surtout en Allemagne et en Bohême. Cette guerre est due à la volonté de Marie-Thérèse d’Autriche de récupérer la Silésie, qu’elle avait dû céder au Roi de Prusse Frédéric II en 1748, à la fin de la guerre de Succession d’Autriche.

« La miséricorde des rois est de rendre la justice, mais la justice des reines est d’exercer la miséricorde. »

          Marie Leszczyńska à Louis XV, pour demander la grâce d’un déserteur

Le 5 janvier 1757

Attentat de Damiens contre le Roi.

En ce 5 janvier 1757, un carrosse attend le Roi dans le passage couvert qui va de la cour royale au parterre nord. Vers six heures du soir, le souverain descend son escalier intérieur et traverse la salle des gardes du corps. Il est accompagné du Dauphin, du capitaine des Gardes du roi, des Grand et Petit écuyers et du colonel des Gardes suisses. Il fait nuit. Au sortir de la pièce, éclairée par des torches, le Roi est assailli par un individu qui le frappe violemment. Ayant conservé son chapeau, le forcené est maîtrisé, car il aurait dû se découvrir devant le Roi.

Image de Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

Portant la main au côté droit, le Roi pense qu’on lui a donné un coup de coude ou de poing, selon les sources. Mais sa main est ensanglantée. Le couteau a pénétré entre la quatrième et la cinquième côte, causant une blessure longue, mais superficielle. On transporte Louis XV dans sa chambre. Il saigne abondamment. Choqué, il finit par s’évanouir. Revenu à lui, il croit qu’il va mourir. Il réclame un prêtre, confie le royaume au Dauphin et demande pardon à la Reine des peines qu’il lui a infligées.

Louise Conte de la Comédie Française est la Reine Marie dans la  fiction télévisée Madame Quinze (1973) de Jean Roger Cadet

Depuis le début, le Roi sait qu’il s’agit d’un acte isolé. Quoique remis de sa blessure au bout de huit jours, il est toujours commotionné. L’attentat a laissé des séquelles. Devant l’émoi général, Louis XV entend changer d’attitude. Il veut regagner la confiance de ses sujets, renoncer à ses maîtresses et préparer le Dauphin à sa succession. Sages décisions… qui ne dureront qu’un temps : Madame de Pompadour, un temps inquiétée, reprend bien vite sa place et régnera sur l’esprit du Roi jusqu’à sa mort…

Robert-François Damiens

Du 12 février au 26 mars 1757

Procès de Robert-François Damiens (1715-1757) qui a quarante-deux ans et a servi plusieurs conseillers au Parlement, très critiques envers le Roi et la marquise de Pompadour. Ces critiques régulières sont montées à la tête de Damiens, au caractère influençable et exalté.

Du 12 février au 26 mars 1757

Procès de Robert-François Damiens (1715-1757) qui a quarante-deux ans et a servi plusieurs conseillers au Parlement, très critiques envers le Roi et la marquise de Pompadour. Ces critiques régulières sont montées à la tête de Damiens, au caractère influençable et exalté.

Le 28 mars 1757

Damiens est exécuté Place de Grève. Son supplice, à l’instar de celui de Ravaillac, compte de nombreuses tortures, avant qu’il soit écartelé et brûlé. Damiens s’est rendu coupable du crime suprême : celui de « parricide commis sur la personne du Roi » et donc de lèse-majesté.

Le supplice de Damiens

L’exécution a lieu devant une foule immense, pour laquelle c’est aussi un spectacle. Elle dure plus de deux heures et est effroyable au-delà de tout. Le Roi aurait sans doute au moins préféré qu’on appliquât une mort rapide et sans douleur, mais ce n’était pas lui qui décidait…

Pendant le supplice, selon un témoignage, on le «trouva disant l’office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l’âme de son assassin».
Certains courtisans, afin de se mettre en valeur, s’empressent de venir lui raconter tous les détails, mais ils ne sont pas bien accueillis…

La partie de Cavagnole ; Modèles et costumes : L'Histoire Retrouvée , Corps Royal d'infanterie de Marine, Les Merciers de l'Histoire, Aurore Souleyras. Site : Château de Loyat

Le 9 octobre 1757

Naissance de Charles-Philippe, comte d’Artois, futur Charles X (1757-1836).

En 1758

La partie de cavagnole ; popularisé en France par Marie Leszczyńska, le cavagnole est sous Louis XV le jeu à la mode parmi les femmes de l’aristocratie, un jeu de hasard similaire au loto.

Le 23 septembre 1759

Naissance de Marie-Clotilde de France, qu’on appellera Madame Clotilde, ou plus trivialement Gros Madame, future Reine de Sardaigne.

 

Le 6 décembre 1759

Mort de Madame Elisabeth , duchesse de Parme.

Louise-Elisabeth, duchesse de Parme par Adélaïde Labille-Guiard
Le comte d'Artois et sa sœur Madame Clotilde par Drouais
Vincent Pérez dans le rôle de Louis XV dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour

Le jeudi 12 avril 1759 – Jeudi Saint

Mgr de Grasse, évêque d’Angers, ayant fait l’Absoute, et le Roi ayant entendu le sermon de la Cène de l’abbé Le Moine, Louis XV lave les pieds de douze pauvres, et les sert à table. Le prince de Condé, Grand Maître de la Maison du Roi, est à la tête des maîtres d’hôtel, et il précède le service, dont les plats sont portés par le Dauphin, le duc d’Orléans, le comte de Clermont, le prince de Conti, le comte de La Marche, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre, le prince de Lamballe, et par les principaux officiers du Roi.

Après la cérémonie, le Roi et la Reine, accompagnés de la Famille Royale, entendent la Grand’Messe et assistent à la procession.


La Reine entend le sermon de la Cène de l’abbé Le Normand. Mgr de Grasse, évêque de d’Angers, fait ensuite l’Absoute, après laquelle elle lave les pieds à douze pauvres filles, et les sert à table. Le marquis de Chalmazel, premier maître d’hôtel de la Reine, précède le service, dont les plats sont portés par Madame Infante, Madame, Madame Victoire, Madame Sophie, la princesse de Condé, la comtesse de La Marche, les dames du palais de la Reine et plusieurs dames de la Cour.

Dès le début des années 1760

La manufacture royale de porcelaine de Sèvres adopte le nouveau style dans le domaine des pièces de service comme dans celui des vases et de la sculpture. Étienne- Maurice Falconet (1716-1791), responsable de l’atelier de sculpture de 1757 jusqu’en 1766, donne de très nombreux modèles de biscuits et de vases, d’allure néoclassique. Par ses aménagements architecturaux, ses goûts et par dessus tout sa façon d’être Reine, Marie Leszczyńska aura opéré, à sa manière, une révolution discrète.

Le vase à rocailles,
Un cadeau de Louis XV à Marie Leszczyńska

Ce vase à rocaille était à l’origine accompagné d’un pendant qui n’est plus connu aujourd’hui. Tous deux sont achetés par Louis XV en décembre 1758, lors des ventes de la Manufacture Royale de porcelaine de Sèvres qui se déroulent dans son appartement intérieur.

De forme balustre, le vase repos sur une base polylobée, dotée de coquilles en relief d’un savant décor de rubans roses, bordés d’un filet d’or, noués entre eux, disposés très habillement sur plusieurs registres de taille décroissante. Entre les rubans s’inscrivent des bouquets de fleurs, également de taille décroissante, peints au naturel. La partie supérieure très échancrée se termine par deux volutes en forme d’oreilles. A l’intérieur du vase, on distingue des bouquets de fleurs peints à l’or.

Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

Le 30 juin 1760

La marquise de Pompadour fait l’acquisition du château et du marquisat de Menars.

Le château de Menars
Tania Fédor est Marie Leszczyńska dans Si Versailles m'était conté (1954), de Sacha Guitry

À la fin de sa vie, l’étiquette qui règle l’existence de Marie Leszczyńska s’assouplit. La Reine se trouve libérée de certaines obligations publiques, notamment les repas. Elle les prend en effet chez la duchesse de Luynes, sa dame d’honneur. A l’instar de Marie-Antoinette, plus tard, Marie Leszczyńska semble vouloir oublier sa couronne lorsqu’elle se rend chez sa dame d’honneur, comme l’écrit à plusieurs reprises le duc de Luynes :

« La Reine vint souper chez moi avant-hier mercredi. Depuis quelques temps elle nous fait cet honneur deux fois la semaine ; elle veut bien que l’on ne fasse point de préparatifs » ;

ou :

« Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est point reine. »

Le cérémonial de la Cour se trouve donc bouleversé par les nouvelles habitudes de la Reine :

« Depuis que Sa Majesté ne mange plus chez elle avec les dames, il est d’usage que d’avoir l’honneur de souper chez Madame de Luynes avec Sa Majesté est la même chose. »

Néanmoins, lorsque la duchesse reçoit la reine, l’étiquette n’est pas totalement oubliée puisque la reine et les dames sont assises à table, tandis que les hommes font leur cour debout et mangent dans une pièce voisine.
A l’inverse de Louis XV qui rappelle toujours à ses convives que le Roi est là lors des soupers de ses petits appartements, Marie Leszczyńska souhaite oublier sa couronne sur le seuil de l’appartement des Luynes :

«Elle a la bonté de nous dire souvent que dans ce moment elle n’est plus reine».

Marie-Antoinette aura la même attitude, chez Elle, au Petit Trianon …

Marie Leszczyńska est interprétée par Nathalie Roussel dans la série Nicolas Le Floch

En 1761

Le cabinet de Marie Leszczyńska,
Le goût chinois de la Reine
(Texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion )

« Comme le changement à la Cour a toujours été de mode, je m’y suis mise aussi et vous trouverez mes cabinets changés, un du moins, car les autres sont de même».

                                                                                                        écrit Marie Leszczyńska à son ami Hénault, le 22 septembre 1758

En 1761

Marie Leszczyńska décide de remplacer son premier Cabinet chinois, installé en 1747, par un nouvel ensemble dit, cette fois, Cabinet des Chinois. Huit tableaux sont exécutés par cinq peintres du Cabinet du Roi, Coqueret, Frédou, de La Roche, Prévost, Jeaurat, ainsi que par la Reine elle-même.

Plan préparatoire des travaux à mener dans le Cabinet

Au cœur de ses cabinets intérieurs, dans cet espace que Marie Leszczyńska appelle son «laboratoire», les toiles sont encastrées dans des lambris. A sa mort, le Cabinet des Chinois sera légué à sa Dame d’Honneur, la comtesse de Noailles. L’ensemble est alors remonté à l’hôtel de Noailles-Mouchy, puis, au milieu du XIXe siècle, au Château de Mouchy. C’est d’ailleurs probablement à cette époque que trois des tableaux connus par le Mémoire des peintres, sans doute trop endommagés pour être déplacés, sont remplacés par trois autres qui font désormais partie de l’ensemble : Le Passage de la rivière, La Marchande de fruits, La Pêche.

Dessus de porte gauche : La pêche
Dessus de porte droite : Le marchand de fruits

Ce cabinet révèle le goût chinois de la Souveraine, qui s’intéresse particulièrement aux missions d’Extrême-Orient et possède des porcelaines ornées de décors chinois. A la cour, cette inclination est largement partagée, notamment par Marie-Josèphe de Saxe et Madame de Pompadour, dont la prédilection pour les porcelaines et les ornements chinois est manifeste.

Des Chinois préparant le thé

Le Cabinet des Chinois décrit une Chine pittoresque, inspirée des recueils de voyageurs au Cathay. On y découvre notamment la préparation du thé, la rencontre d’un jésuite et d’un mandarin, une foire à Nankin. Architectures, costumes, paysages y sont représentés avec minutie.

Un Chinois s'inclinant devant un grand seigneur
Des marchands faisant des ballots, un jésuite et un mandarin conversant ensemble
Le passage de la rivière
Des esclaves descendant une barque de marchandises et plusieurs Chinois fumant et prenant le thé
La foire de la ville de Na

Le Cabinet est meublé de la manière suivante :
– Un canapé de damas vert,
– Un grand fauteuil de moire jaune, un autre de Perse et un de moire,
– Quatre chaises et un fauteuil de pékin,
– Deux rideaux des deux croisées en quatre parties de pékin,
– Un guéridon à deux étages façon de laque travaillé à la grecque,
– Un chiffonnière de laque,
– Une table de bois de palissandre couverte de maroquin vert.

L’espace de ce cabinet est actuellement occupé par la Bibliothèque de Marie-Antoinette.

Le 22 mars 1761

Mort de son petit-fils, Louis-Joseph.

Le Roi érige le marquisat de Menars en duché, ce qui permet à Madame de Pompadour d’accéder au titre de duchesse. Pendant son « règne » de vingt ans, elle aura maintenu des rapports cordiaux avec la Reine :

« Puisqu’il en faut une ; J’aime autant celle-ci qu’une autre».

Madame de Pompadour entretient aussi des relations avec les ministres qu’elle invite parfois dans ses appartements.

Dessin du duc de Bourgogne malade
Le duc de Bourgogne malade
Marie Brûlart de La Borde, duchesse de Luynes par Louis Tocqué

En 1762

Sous l’impulsion de la marquise, Louis XV ordonne la construction d’un nouveau Trianon dans le parc de Versailles. Madame de Pompadour supervise elle-même les plans et la construction de ce qui allait devenir « le Petit Trianon » et devait être sa future résidence à la Cour.

Le 11 septembre 1763

Décès de sa meilleure amie, Marie Brûlart de La Borde ( 1684 – 1763),  duchesse de Luynes.

Wolfgang Mozart au clavecin, entouré de son père Léopold et de sa sœur Marie-Anne

Au Nouvel An de 1764

Marie converse en allemand avec le jeune Mozart (1756-1791).

En 1764

Marie Leszczyńska aura attendu près de trente ans pour que la dorure de sa chambre, si fanée, soit restaurée sous la direction de François Vernet.

Début  1764

 Madame de Pompadour contracte la tuberculose.

 

 

Le 15 avril 1764

La marquise de Pompadour meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de quarante-deux ans, à Versailles, ultime privilège, puisqu’il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le Roi et sa Cour.

Après la mort de la marquise de Pompadour, enfin, Louis revient à son épouse. « Après tant de chagrins, Dieu exauçait ses prières et lui offrait cette consolation

Marie, gouache peinte sur verre
Jeanne-Antoinette de Pompadour par Boucher

La Reine est très pieuse et a pour confesseur le capucin Ambroise de Lombez (1708-1778 et pour page et confident Raoul IV de La Barre de Nanteuil (1743-1833). Les capucins sont reçus à la Cour. Initiée à cette dévotion pour le Sacré-Cœur dans le couvent de la Visitation à Varsovie elle en répand la fête et les Offices dans toute la France. Elle fait ériger un autel du Sacré-Cœur dans la chapelle du château de Versailles.

« Tout le bien d’une mère n’appartient-il pas à ses enfants ? »

            Marie Leszczyńska à son trésorier, qui jugeait ses aumônes excessives

La petite Madame Babet avec son carlin, par Drouais, vers 1770

Le 3 mai 1764

Naissance de Madame Élisabeth, future martyre de la révolution.

Suppression de l’ordre des Jésuites en France.

Le 14 août 1765

La demande de Marie aux évêques de l’assemblée générale du clergé de France à Paris d’établir dans leurs diocèses la fête du Sacré-Cœur est approuvée par un courrier.

 

Le 20 décembre 1765

Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin, Louis-Ferdinand, son frère,  meurt, à l’âge de trente-six ans.

Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Le Dauphin Louis-Ferdinand par Roslin
Agonie du Dauphin, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti
Allégorie de la mort du Dauphin de Lagrenée l'Aîné (1766): le petit duc de Bourgogne, décédé en 1761, lui présente la couronne de l'immortalité. On le voit entouré dans ses derniers instants par son épouse, Marie-Josèphe de Saxe et par ses fils , le duc de Berry (futur Louis XVI, agenouillé), le comte de Provence (futur Louis XVIII) et le comte d'Artois (futur Charles X).
Karine Pinoteau est Marie dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti

Marie se consacre alors aux enfants du Dauphin, petits orphelins qui égayent les vieux jours de la Reine.

Stanislas Leszczyński

Le 5 février 1766

Son père Stanislas Leszczyński trébuche, lorsque sa robe de chambre  que lui a offerte Marie, prend feu accidentellement, au moment où il veut raviver la braise et il tombe dans la cheminée de sa chambre du château de Lunéville. Grièvement brûlé, le duc de Lorraine de quatre-vingt-sept ans va souffrir une douloureuse agonie de dix-huit jours.

Le 23 février 1766

Décès de Stanislas Leszczyński.

Stanislas Leszczyński

Le lendemain, on embaume le corps. Conformément à son vœu, ses entrailles et son cœur sont aussitôt transportés en un cénotaphe de l’église Saint-Jacques de Lunéville où ils reposent jusqu’à la Révolution. Son corps est inhumé à l’église Notre-Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska par Maurice Quentin de La Tour

En 1766

La chapelle du Lycée Hoche,
Le couvent de Marie Leszczyńska
(  texte  et  photos de Christophe Duarte   –   Versailles Passion )

Marie Leszczyńska désire, à la mort de son père associer son nom à une fondation pieuse. Sans doute aussi pense-t-elle à s’aménager un lieu de retraite si elle doit connaître le veuvage. L’héritage de Stanislas lui en donne les moyens. Louis XV donne à la Reine une partie de l’ancien domaine que possédait madame de Montespan à Clagny, un quartier de Versailles. La Reine veut faire de ce couvent une maison d’éducation, et ce sont donc les chanoinesses de Saint-Augustin de la congrégation de Notre-Dame que la Reine appelle de Compiègne à Versailles. Depuis leur création un siècle plus tôt, ces religieuses se chargent de cette mission avec zèle et humilité dans une France où l’enseignement public n’existe pas encore.

Jusqu’à la Révolution, le couvent (actuel lycée Hoche) se consacre, selon les règles de la congrégation et la volonté de la fondatrice, à l’éducation des jeunes filles issues de la petite noblesse de cour. C’est donc un instrument de secours et de promotion sociale, qui doit éviter aux familles des serviteurs de la Cour de tomber dans la misère ou de connaître des destinées avilissantes.

La chapelle du Lycée Hoche

La chapelle forme le cœur de l’ancien couvent de la Reine. Cet ensemble monumental est construit sous la direction de l’architecte Richard Mique (1728-1794) de 1767 à 1772, alors que la Reine est morte depuis plusieurs années.

 

Le plan choisi pour la chapelle du couvent est celui d’une croix grecque, inscrite dans un carré précédé d’un portail d’entrée, orné d’un péristyle à colonnes ioniques, surmonté d’un fronton triangulaire.

La chapelle reçoit à l’exécution un soin extrême et est décorée avec beaucoup de prodigalité que seule explique sa fondation royale.

Un programme iconographique important est retranscrit à la fois en sculpture et en peinture. Ainsi, les reliefs sculptés sur les façades intérieures et extérieures, relatant la vie de la Sainte Famille (Marie et Joseph) sont confiés à Joseph Deschamps. 

Sur le dôme de la chapelle, la Reine Marie Leszczyńska est à genoux, sa couronne à ses pieds, en prière devant la vierge Marie qui lui montre la vie éternelle.

Le 13 mars 1767

Mort de sa bru, Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

Marie Leszczyńska par Maurice-Quentin de La Tour
Marie-Josèphe de Saxe

Durant l’automne 1767

Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.

Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s'était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d'autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d'année entourés de leurs enfants et petits-enfants... composition de Benjamin Warlop

Mi-juin 1768

Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…

Agonie de la Reine, dans Louis XV, le Soleil noir de Thierry Binisti

« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »

            Marie Leszczyńska

Le 24 juin 1768
A dix heures du soir

La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.

Mort de Marie Leszczyńska dans Louis XV, le Soleil Noir (2009) de Thierry Binisti 

Pendant une semaine

On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :

« Voyez, comme elle est aimée … »

                                                                                     dit le Roi à ses filles.

« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir. 
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ; 
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente. 
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»

Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf

Tombe de Marie Leszczyńska

Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.

Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.

Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :

« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »

 

Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.

Sources :

  • Louis XV de Michel Antoine
  • Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite 
  • Mesdames de France de Bruno Cortequisse
  • Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
  • Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
  • Louis XV de Jacques Levron
  • Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
  • Madame Louis XV de Jacques Levron
  • Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
  • Louis XV de Jean-Christian Petitfils
  • Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire

Ce mariage est un véritable calvaire pour cette princesse qui a longtemps cru possible pouvoir épouser le duc de Chartres lui aussi amoureux de la fille du Roi.
Petite-fille de Louis XIV par sa mère Mademoiselle de Nantes, elle est la mère de la mariée. Ces deux dernières sont deux sœurs de la princesse de Conti. Elles n’ont guère été mieux élevées que leurs cousines d’Orléans et prêtent tout autant au scandale. De qui tiendra la mariée !

Toutes ces princesses d’âge mûr ne sont guère des exemples pour Mesdames et Marie Leszczyńska ne les supportent que par politesse. Le marquis de Livry est le Premier Maître d’Hôtel du Roi qui assure sa charge durant les grandes circonstances, ici un mariage princier. Il se tient à la gauche du fauteuil du Roi et ordonne au service. On constate, selon la règle immuable qu’aucun homme hors de la famille royale ne peut manger avec la Reine et les Filles de France, l’absence du marié à la table de ses noces ! Celui-ci soupe dans son appartement, en compagnie de son père, son beau-frère et tous les autres princes du sang et légitimés. À la fin du Grand Couvert, ces princes se rendent à l’Antichambre afin de venir chercher le Roi et la Reine pour prendre part à la cérémonie du coucher des jeunes mariés. 

Le 3 février 1744

Marie Leszczyńska annule son souper prévu afin de manger chez le cardinal de Rohan. Son projet est prévu depuis la veille mais tient à ce qu’il reste secret.  Elle y rejoint plusieurs dames de ses amies et les hommes, dont le cardinal, soupent dans une autre pièce.

Louise-Elisabeth de Bourbon-Condé, princesse de Conti par Pierre Gobert
Louise-Alexandrine de Bourbon-Condé dite Mademoiselle de Sens, d'après Jean-Marc Nattier
Louise-Adélaïde de Bourbon-Conti, dite Mademoiselle de La Roche-Sur-Yon par Pierre-Gobert

Le 9 février 1744

Louis XV se plie habituellement au Grand Couvert chaque dimanche. Mais ce jour-là il préfère l’annuler pour retrouver mesdames de Châteauroux et de Lauraguais dans ses petits appartements. C’est un véritable camouflet pour la famille royale et la Cour. 

Le 12 février 1744

La Reine ayant pris médecine, annule le Grand Couvert du mercredi.

Le 13 février 1744

Lors de leur entretien quotidien du matin, Louis XV souhaite, afin de soulager son épouse souffrante, de souper chez elle le soir dans sa Chambre et donc avec un public réduit et non ouvert à tous. Il l’abstient aussi de porter le grand habit. C’est donc la duchesse de Luynes qui doit servir Leurs Majestés car la Bouche n’est pas de service dans la Chambre. C’est donc un souper en Petit Couvert. Sont présentes les dames qui ont droit aux entrées, dont la duchesse de Châteauroux, dame du palais.

On peut le concevoir devant cette maladresse de Louis XV qui a sûrement voulu faire preuve de délicatesse envers son épouse mais qui se retrouve quand même à passer la soirée avec sa maîtresse !

« La Reine était fatiguée de sa médecine, et ne parut pas de trop bonne humeur : cela a été remarqué.»

Mémoires du duc de Luynes

Le 16 février 1744

Encore un dimanche où le Roi part pour chasser à La Muette et la Reine qui se fait inviter chez sa dame d’honneur. C’est pourtant le dimanche avant le Carême et par conséquent important  du point de vue  liturgique mais aussi pour le Grand Couvert. Une fois de plus Marie Leszczyńska n’annule son souper prévu dans sa Chambre qu’à la dernière minute et réitère le lendemain pour se rendre en secret chez madame de Villars, sa dame d’atours. 

Le 2 avril 1744, Jeudi Saint

Jour de la Cène du Roi et de la Reine. A la table du Roi dans son antichambre sont installés treize jeunes garçons pauvres. 

Le comte de Charolais assure la charge de Grand Maître. Le Dauphin, le duc de Chartres, le prince de Dombes, le comte d’Eu, le duc de Penthièvre portent les plats.  Chez la Reine sont attablées treize jeunes filles pauvres, Madame porte le pain, Madame Adélaïde le vin. La duchesse de Chartres et les dames du palais portent les autres plats. Ensuite, le Roi et la Reine, accompagnés de la famille royale et des plus hautes charges de la Cour se retrouvent dans la grande Salle des Gardes commune aux deux appartements royaux pour procéder au Lavement de Pieds des enfants qu’ils ont nourris. 


Le 10 avril 1744

De nouveau Marie Leszczyńska décommande son souper pour se rendre chez les Luynes. Elle prévient son chef de brigadier la veille au soir qu’elle soupera dans sa chambre le lendemain mais annule seulement le jour même à neuf heures du soir. Tous les soirs suivants elle soupe chez les Luynes ou d’autres amis.

Antichambre du Grand Couvert, château de Versailles
Lavement des pieds jeudi saint par Louis XVI joué par Laurent Laffite, Un peuple et son roi, par Pierre Schoeller, 2017

Mois de mai 1744

Durant l’absence du Roi parti combattre, Marie Leszczyńska préfère souper dans son intérieur entourée de ses dames, une dizaine environ, en y ajoutant les dames nommées auprès de la future Dauphine. Ces mêmes dames ont droit de monter en carrosse avec leur souveraine. Marie Leszczyńska joue de la vielle durant ses soirées. A cette occasion, le souper se déroule dans son Grand Cabinet, appelé plus tard Salon des Nobles. Ces soirées n’ont lieu que les jours gras. Pour les jours maigres (les vendredis), la Reine soupe seule dans sa Chambre.

Salon des nobles, château de Versailles, site Les Trésors de Versailles

Le 7 mai 1744

Une fois de plus, Marie Leszczyńska arrive sans s’annoncer chez ses amis Luynes, la table de son souper dans son appartement pourtant prête. Madame de Luynes n’était tellement pas prévenue qu’elle se déshabillait au moment de l’arrivée de la Reine. 

Le 25 mai 1744, Pentecôte

Après la grande messe, la Reine s’installe au Grand Couvert entourée de ses enfants. Elle seule s’assoit dans un fauteuil au milieu de la table. Le Dauphin s’installe au bout à droite, Madame au bout à gauche et Madame Adélaïde à la droite de leur mère. La gouvernante des Filles de France, madame de Tallard, se place derrière la plus jeune et madame de Luynes derrière la Reine. Le Dauphin a derrière lui un officier des gardes et son gouverneur monsieur de Châtillon. Les princesses et la Reine ont aussi un officier des gardes derrière chacune d’elles. La famille royale se réunit ensuite dans la Chambre de la Reine pour la conversation. La Cour est particulièrement nombreuse ce jour-là.

Remise de l'ordre du Saint-Esprit sous Louis XV dans la chapelle du château de Versailles, le 3 mai 1724, par Nicolas Lancret, musée du Louvre

Le 30 mai 1744

Comme c’est un dimanche, il y a normalement souper en Grand Couvert. Mais Marie Leszczynska préfère le prendre au dîner, afin de pouvoir se rendre à souper le soir chez des amis.

Le 5 juin 1744 

Au moment où la Reine passe à table dans sa Chambre après son cavagnole (il s’agit d’un vendredi donc souper maigre), elle reçoit une lettre de son époux lui donnant des nouvelles du front. De joie, elle peut à peine manger. 

Le 7 juin 1744

Mesdames de Châteauroux et de Lauraguais vivent retirées depuis le départ du Roi. Mais venues faire leur cour ce dimanche au jeu de la Reine, celle-ci les prie de la rejoindre à sa table. Ce que la Reine ne sait pas ou en tout cas ce que ces dames lui cachent, c’est qu’elles doivent rejoindre Louis XV à Lille le surlendemain. 

Le 9 juin 1744

Rassurée sur le sort des armes de son mari, Marie Leszczyńska décide de se rendre chez la  duchesse d’Orléans à la Madeleine de Traisnel, couvent huppé de la capitale. Est-ce par politesse pour son grand âge ou par réelle amitié ? Difficile de comprendre sachant que la Reine ne supporte pas les princesses du sang et que leur doyenne a toujours eu une réputation effroyable. Après une entrée pleine de réjouissances dans Paris, la Reine est reçue à souper au couvent avec la duchesse d’Orléans, sa fille la duchesse de Modène, sa petite-fille non officiellement présentée et treize  dames, de la suite de la Reine ou de la duchesse d’Orléans. Même pour une visite familiale dans un couvent, la Reine se déplace avec quatre carrosses et quinze dames, sans compter ses écuyers.

Madame de Modène ne se gêne pas à minuit, en plein jeu de la Reine après le souper, de prendre congé afin de partir pour la Flandre. L’étiquette veut pourtant qu’il n’y ait qu’à Versailles où l’on peut prendre congé de ses souverains et certainement pas lors d’une visite privée.
Marie Leszczyńska est ulcérée. Il faut dire qu’elle et sa sœur la princesse de Conti déjà sur place sont amies avec la favorite qui a rejoint Louis XV aux armées. Malgré sa colère, Marie ne rentre pour Versailles qu’à cinq heures du matin.

Le 14 juin 1744

Lorsque la Reine soupe chez un particulier, rien n’est simple ! Marie Leszczyńska souhaite souper chez son amie la comtesse d’Armagnac, née Noailles à Sèvres. Mais celle-ci lui fait comprendre qu’elle n’est pas assez riche pour donner un souper non seulement à Sa Majesté, mais aussi à toutes ses dames qui l’accompagnent. La situation est encore pire pour les officiers cochers, postillons…. de la suite de la Reine. Les dames du palais au nombre de quatre prient monsieur de Narbonne, chef de brigade d’aller commander un repas au cabaret le plus proche. Le repas arrive trop tard : Marie Leszczyńska est déjà repartie pour Versailles.

Couvent de la Madeleine de Traisnel, Paris, XIème, Site officiel de l’Office du Tourisme et des Congrès

Le 7 juillet 1744

Marie Leszczyńska soupe chez la comtesse de Toulouse à Luciennes (Louveciennes aujourd’hui), maison offerte par Louis XV à celle qu’il considère comme une tante adorée. Notons qu’il offrira le même bâtiment bien plus tard à sa dernière favorite la comtesse du Barry.

Le 8 juillet 1744

Marie Leszczyńska et la Cour doivent faire face à un sérieux problème à la fois d’étiquette et de sécurité. Le Roi étant parti avec l’essentiel de sa Maison, il n’y a plus assez de gardes pour elle et ses enfants. Pire : sa mère, la duchesse de Lorraine et reine de Pologne doit rendre visite à sa fille mais sans garde suffisante, la situation est très complexe. La Reine de France ne peut recevoir sa mère dignement à Versailles et la relègue à Saint-Cyr. La situation devient cocasse quand un des gardes tombe malade et du coup, à Trianon, durant le souper de la Reine et de ses enfants, ceux encore présents derrière chaque membre de la famille royale doivent se relayer pour ne laisser ni le Dauphin ni Mesdames seuls et en plus de souper en même temps avant la promenade prévue dans les jardins. Malgré ce manque d’effectifs, les gardes ne font pas attention pour autant : le même jour, un de sentinelle dans l’antichambre de Mesdames s’endort au balcon et tombe de la fenêtre. Il meurt sur le coup. 

Le Grand Trianon, côté jardins

Le 30 juillet 1744

Nouvelle visite de la Reine et pour la première fois de son fils à Dampierre chez ses amis Luynes. Comme d’habitude, promenades, souper, jeu… Avec deux tables : celle de la Reine et le Dauphin sur une petite chaise à sa droite avec une dizaine de dames et une table dans une pièce à côté pour les autres dames et les seigneurs.

Le château de Dampierre, département des Yvelines, photographie de Lionel Allorge

Début août 1744

La Reine soupe et joue presque tous les soirs au château de Meudon.

En août-septembre 1744


Tombé malade à Metz, Louis XV renvoie Madame de Châteauroux dans un accès de dévotion, mais il renoue avec elle une fois rétabli et c’est Maurepas qui est chargé de lui apporter la lettre du Roi qui le lui annonce. La duchesse se propose de le faire renvoyer sans tarder, mais elle n’en a pas le loisir car elle meurt peu après, le 8 décembre 1744 , coïncidence qui amène certains à parler — quoique ce soit bien invraisemblable — de poison.

Charlotte de Turckheim est Marie dans Jeanne Poisson, Marquise de Pompadour (2006)

Du 1er au 7 septembre 1744, Metz

Après la maladie du Roi, la vie de cour reprend ses droits. Il n’y a pas possibilité de Grand Couvert car les dames et la Reine, parties en urgence à l’annonce de l’état de Louis XV, ont oublié leurs grands habits. La Bouche du Roi sert tous les jours entre vingt-cinq et trente tables, dont celles des dames d’honneur et d’atours de Marie Leszczyńska mais celle-ci est obligée de manger seule. Louis XV mange de meilleur appétit mais toujours au lit. 

Louis XV au milieu de sa maladie a dû renvoyer sa favorite la duchesse de Châteauroux et sa sœur madame de Lauraguais, toutes deux dames du palais de la Reine. M