Le 23 juin 1703
Naissance de Maria Karolina Zofia Felicja (Marie Caroline Sophie Félicité) Leszczyńska (1703-1768), à Trzebnica en Silésie. Elle est la fille du Roi de Pologne Stanislas Leszczyński (1677-1766) et de Catherine Opalinska (1680-1747). Son père occupe alors le trône de Pologne de 1704 à 1709 où il a été placé par les armées de Charles XII de Suède. Il régnera à nouveau sur la Pologne de 1733 à 1736.
Le Tsar Pierre Ier de Russie (1672-1725) et le Roi Auguste II de Pologne (1670-1733) déclarent la guerre à la Suède, alors première puissance d’Europe du Nord. Mais Charles XII (1682-1718) réagit avec énergie, repousse les Russes et envahit la Pologne. Il fait élire Leszczyński le 12 juillet 1704. À la suite de la défaite d’une armée russo-saxonne à Fraustadt en 1706, Auguste II est obligé d’abdiquer le trône polonais et de reconnaître Stanisłas.
Marie reçoit pour parrain Alexandre Benoît Sobieski ( fils de Jean III Sobieski (1629-1696), Roi de Pologne de 1674 à sa mort) et pour marraine Edwige-Sophie de Suède (1681-1708), fille de Charles IX (1655-1697), Roi de Suède de 1660 à sa mort, duchesse douairière de Schleswig-Holstein-Gottorp.
En 1709
Charles XII est battu par Pierre Ier de Russie à Poltava. Blessé, Charles XII de Suède peut s’échapper du champ de bataille pour trouver refuge, avec l’aide des diplomates autrichiens et français, à la Cour du sultan ottoman Ahmet III (1673-1736).
Le 15 février 1710
Naissance de Louis (futur Louis XV) à Versailles, titré duc d’Anjou. Il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne (1682-1712), surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712).
En novembre 1710
Stanislas Ier est chassé du trône de Pologne. S’ouvre alors une longue période d’exil pour la famille de Marie Leszczyńska.
« Depuis sa naissance, la vie n’avait cessé de la ballotter par monts et par vaux, loin de sa terre natale, et l’avait coupée de ses racines. »
Elle confiera à Voltaire (1694-1778) qu’elle avait failli être oubliée par les femmes chargées de préparer la fuite du Roi, son père : au moment de partir, l’une d’elles avisa un tas de linges qui gisait dans la cour et alla le ramasser – c’était la petite Marie dans ses langes.
«Une autre fois, toujours sur le chemin de l’exil, un domestique la confie à une paysanne. Pour que l’enfant soit en sécurité tant que l’ennemi terrorise et fouille le village, elle la cache dans un four à pain».
Il faut fuir Varsovie. Marie n’est qu’une enfant, mais ses souvenirs diffus conserveront toujours l’angoisse de cette fuite et la peur viscérale des Cosaques qui fouillent rageusement la masure où Marie est cachée sous une pile de torchons.
Le 14 avril 1711
Mort de Louis, Grand Dauphin (né en 1661), au château de Meudon. Fils aîné de Louis XIV (1638-1715) et de Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683).
Le duc de Bourgogne devient Dauphin.
Le 12 février 1712
Mort de la duchesse de Bourgogne à vingt-sept ans, d’une rougeole épidémique.
Le 18 février 1712
Mort prématurée du duc de Bourgogne, emporté au château de Marly, par la rougeole qui avait tué son épouse six jours plus tôt (on croit à tort qu’il a été empoisonné).
Le 8 mars 1712
Mort de Louis, duc de Bretagne, frère aîné du futur Louis XV, qui à la mort de son père, était devenu héritier du trône de France. Il ne lui survit que peu de temps, emporté comme lui et sa mère par la rougeole.
Son frère Louis (futur Louis XV) lui succède comme Dauphin de France.
Le 1er septembre 1715
Mort de Louis XIV au château de Versailles.
Le Dauphin devient le Roi Louis XV.
Son cousin, Philippe d’Orléans (1674-1723), le Régent, dirige les affaires jusqu’en 1723.
En 1716
Marie suit son père dans ses exils après avoir connu les ors du trône de Pologne.
Exilée d’abord dans la principauté de Deux-Ponts (Zweibrücken) , propriété du Roi de Suède, puis dans la ville alsacienne de Wissembourg, dans le plus grand dénuement matériel.
Le 20 juin 1717
Décès de sa seule sœur aînée, Anne Leszczyńska (1699-1717), morte d’une pneumonie.
Ses parents reportent alors leur tendresse sur Marie, qui entre dans sa quinzième année et poursuit son éducation accomplie :
elle parle six langues (polonais et français, allemand, italien, anglais et elle maîtrise le latin), possède «des clartés sur tout», sachant danser avec grâce et se tenir à merveille.
À partir de 1720
Marie, qui est en âge de se marier, n’a pas de fortune, les prétendants se font rares. Stanislas passe ses journées en rédaction de lettres pour trouver un parti digne de sa fille, qui elle se sait paysanne dans son quotidien et n’attend pas de miracle.
A la suite de nombreuses tractations politiques, elle est d’abord pressentie pour épouser un jeune officier français. Mais, le prétendant n’étant pas au moins duc, le père de Marie refuse le mariage. On songe alors au prince de Schwarzenberg, noble de Bohême, mais celui-ci préfère une candidate plus argentée. La jeune femme est alors convoitée par le marquis de Courtanvaux (1718-1781), petit-fils de Louvois (1741-1791), mais le Roi Stanislas refuse à nouveau un prétendant qui n’est pas duc.
Le 9 janvier 1722
Arrivée en France de Marie-Anne-Victoire d’Espagne (1718-1781), fille de Philippe V, future Reine du Portugal, qui est fiancée à Louis XV.
Le 25 octobre 1722
Louis XV est sacré à Reims.
Le 2 décembre 1723
Mort du Régent, Philippe d’Orléans (1674-1723), à Versailles.
Un projet de mariage bien plus brillant pour l’ex-Roi Stanislas est enfin envisagé pour Marie Leszczyńska, avec le duc de Bourbon (1640-1710), prince du sang alors Premier ministre du royaume de France. Cette idée n’était pas du duc de Bourbon mais de sa maîtresse, la marquise de Prie (1698-1727). Ambitieuse, la jolie marquise pensait qu’une princesse sans influence ne lui porterait pas ombrage.
En 1725
Le duc de Bourbon rompt les fiançailles du Roi Louis XV (1710-1774) avec Marie-Anne-Victoire (1718-1781) qui retourne en Espagne. Elle épousera le 19 janvier 1729, Joseph Ier (1714-1777), Roi du Portugal. Ils seront tous deux la future marraine et le futur parrain de Marie-Antoinette.
La recherche d’une autre fiancée parmi les princesses d’Europe est dictée par la santé fragile du Roi, qui nécessite une rapide descendance.
Le duc de Bourbon prend alors conscience qu’en cas de décès du Roi, le trône échouerait au duc d’Orléans, son rival. Pour éviter un tel scénario, il est impératif de marier Louis XV au plus vite. Dans ce but, une liste de cent princesses d’Europe à marier est dressée entre le duc de Bourbon et sa maîtresse. Marie Leszczyńska qui remplit les conditions requises – catholique, en âge d’enfanter – figure en tête de liste. Contre toute attente, le Roi, orphelin à peine âgé de quinze ans, et son précepteur, le cardinal de Fleury pourtant rival du duc de Bourbon, acceptent cette alliance sans avantage avec une princesse âgée de vingt-deux ans, soit sept de plus que son futur mari !
Pour Stanislas et sa fille, il s’agit d’un miracle. A la Cour de Louis XV, au contraire, la consternation est générale. Non seulement, la princesse de Pologne n’appartient à aucune des grandes dynasties d’Occident, mais elle est polonaise et plus âgée que le Roi. Dès lors, les rumeurs les plus folles circulent : on dit la future Reine laide, épileptique, stérile…
Le 2 avril 1725
Le duc de Bourbon demande à Stanislas sa fille en mariage au nom de Louis XV.
Stanislas se tourne alors vers Marie et lui dit simplement :
« Ma fille, vous êtes reine de France.»
On devine l’émotion, la joie et probablement l’effroi qui étreignent la jeune fille.
Le dimanche 27 mai 1725
« Le Roi a déclaré après son dîner son mariage avec la princesse royale de Pologne, qui est la princesse Leszczyńska, fille du roi Stanislas. Ce mariage étonne tout le monde, il ne convient en effet en aucune façon au roi de France, d’autant que la maison de Leszczyński n’est pas une des quatre grandes noblesses de la Pologne ; cela fait de simples gentilshommes. C’est une fortune étonnante pour cette princesse.»
Journal de Barbier
Agnès de Prie livre à Marie une garde-robe digne de son futur statut. Bien que la princesse n’ait jamais manqué de rien, ses chemises étaient bien plus simples que celles qu’on lui ramène de Versailles.
En la cathédrale de Strasbourg, le duc d’Orléans, en sa qualité de premier prince de sang, épouse Marie, accompagnée de ses deux parents, par procuration. La Reine est revêtue du grand habit de cérémonie, une robe en brocart d’argent semé de pierreries. La longue traîne est portée par la comtesse de Linanges, hommage accordé à cette amie de la famille Leszczyński.
Dès le lendemain
Le cortège prend la direction de Fontainebleau. La longue file de carrosses et de voitures (ces dernières emportant trousseau, bijoux, tapisseries, meubles et objets précieux) s’étend sur plus d’une lieue. Elle est escortée par les Cent-Suisses et les garde du corps. A la sortie de Strasbourg, un régiment rend les honneurs. Par une délicate attention, on a choisi le Royal-Cavalerie cantonné à Wissembourg, qui est commandé par le marquis de Courtenvaux, celui-là même qui avait demandé la main de Marie deux mois plus tôt. Quand le carrosse de la Reine passe devant lui, le colonel marquis, de son épée, salue sa souveraine qui lui répond par un grand sourire.
L’ex-Roi de Pologne accompagne sa fille jusqu’au lieu dit « le saut du prince Charles» avant de retourner à Strasbourg. La pluie tombe sans cesse, il arrive que les voitures s’embourbent.
Le 4 septembre 1725
Après trois semaines d’un périple ralenti par l’état catastrophique des routes détrempées, Marie découvre enfin son royal époux.
Le 5 septembre 1725
Louis XV épouse Marie Leszczyńska.
Marie, parée d’un manteau de velours violet semé de fleurs de lys et de pierreries, embellie d’une traîne de près de dix mètres, porte une couronne sertie de diamants. Louis, vêtu d’un habit de brocart et d’un riche manteau, arbore un chapeau à plumes blanches agrémenté d’un imposant diamant.
Après une cérémonie de plusieurs heures…
…la journée se poursuit autour d’un festin ponctué par la représentation du « Médecin malgré lui » de Molière, et d’éblouissantes illuminations.
A dix heures
Un rhume négligé donne à Marie de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose. La Reine est veillée par sa première femme de chambre, Michèle Perrin.
Mi-juin 1768
Marie montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans…
« Mon plus grand désir pendant ma vie ayant été de faire du bien à ma Patrie et de donner des marques de ma tendresse aux enfants qu’il a plus à la Providence de me donner, Voilà mes sentiments que j’espère, par la grâce de Dieu, conserver jusqu’au dernier soupir de ma vie. »
Marie Leszczyńska
Le 24 juin 1768
A dix heures du soir
La Reine Marie Leszczyńska qui n’a plus quitté le lit depuis le mois de décembre, meurt de tuberculose ( Madame Adélaïde parle de «tumeur scorbutique» ) dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.
Pour sa piété et ses vertus, le Pape Benoit XIV lui décerne la rose d’or dont il honorait les reines méritantes.
Pendant une semaine
On voit le défilé incessant de petites gens venant prier pour elle :
« Voyez, comme elle est aimée … »
dit le Roi à ses filles.
« Mais si la voûte céleste s’ouvre infailliblement aux âmes pures, si la phalange des bienheureux se grossit de toutes les vertus de la terre, Marie Leszczyńska prit son vol vers le trône du Très-Haut le 24 juin, à dix heures du soir.
Jamais existence ne fut plus triste que celle de la reine ;
jamais un cœur plus candide, plus doux, ne fut abreuvé d’autant d’amertumes. Vieillie dans les privations, dans les chagrins de toute nature, n’ayant pour consolateur que son crucifix aux pieds duquel toutes ses calamités étaient déposées, l’épouse de Louis XV vit approcher la mort avec sérénité : c’était le terme d’une route couverte de ronces, le port entrevu après une longue tourmente.
On a trouvé les entrailles de la reine gangrenées : les médecins voient la cause de cette maladie dans l’usage immodéré des épices dont les cuisiniers polonais de Sa Majesté relevaient les ragoûts qu’ils lui servaient. Mais les ennemis de M. le duc de Choiseul ont saisi avec ardeur cette occasion pour renouveler les accusations portées contre lui à la mort de la Dauphine.»Les Chroniques de l’ Œil-de-Bœuf
Le cœur de Marie Leszczyńska est conservé dans l’Eglise Notre Dame de Bonsecours de Nancy.
Marie Leszczyńska, fille de Stanislas et reine de France, pour marquer son affection à Nancy, avait souhaité que son cœur repose à Nancy.
Elle décède le 24 juin 1768 et son cœur est transporté dans le caveau le 23 septembre de la même année. Sur demande de Louis XV le monument est commandé à Claude-Louis Vassé. Le monument de Marie Leszczyńska est de petite dimension, un médaillon de marbre blanc que découvrent deux génies en pleurs, dont l’un présente le cœur en sa main, donne le profil du visage de la reine. Texte traduit :
« Au Dieu très bon, très grand : Marie-Sophie épouse du roi Louis XV, fille de Stanislas (…) Versailles 24 juin 1768 »
Le «règne» de quarante-deux ans de Marie Leszczyńska aura été le plus long des reines de France.
Sources :
- Louis XV de Michel Antoine
- Les Reines de France au temps des Bourbons, de Simone Bertière : La Reine et la Favorite
- Mesdames de France de Bruno Cortequisse
- Reines et Favorites : le pouvoir des femmes de Benedetta Craveri
- Versailles passion, groupe FB de Christophe Duarte
- Louis XV de Jacques Levron
- Trois Sœurs pour un Roi de Jacques Levron
- Madame Louis XV de Jacques Levron
- Louis XV et Marie Leczinska de Pierre de Nolhac
- Louis XV de Jean-Christian Petitfils
- Comment Marie Leszczynska manqua le cœur de Louis XV de Plume d’Histoire
Pendant le supplice, selon un témoignage, on le «trouva disant l’office des morts et priant le bon Dieu pour le repos de l’âme de son assassin».
Certains courtisans, afin de se mettre en valeur, s’empressent de venir lui raconter tous les détails, mais ils ne sont pas bien accueillis…