En 1763
Marguerite Laurent, la mère du valet Jean-Baptiste Cléry, est remarquée, alors qu’elle nourrit son enfant au milieu des prés, par Madame la Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), au cours d’une promenade en voiture. Charmée par cette scène bucolique, et par cette incarnation d’une telle beauté et de santé, l’auguste princesse lui propose la charge de nourrice pour son enfant à venir : Madame Elisabeth qui naîtra le 3 mai 1764.
Le 3 mai 1764
Naissance d’Élisabeth Philippe Marie Hélène de France, dite Madame Élisabeth (1764-1794) au château de Versailles.
Elle est la dernière des huit enfants du Dauphin Louis-Ferdinand (1729-1765) et de son épouse Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767).
La petite est baptisée Élisabeth-Philippine-Marie-Hélène de France le jour de sa naissance par l’archevêque de Reims Monseigneur de La Roche-Aymon dans la chapelle royale du château de Versailles, en présence de son grand-père le Roi Louis XV (1710-1774) – qui pleure encore la mort de sa favorite, la marquise de Pompadour décédée deux semaines plus tôt – de sa grand-mère la Reine Marie Leszczyńska (1703-1768) et de la famille royale. Jean-François Allart, curé de l’ église Notre-Dame de Versailles, paroisse où est situé la château rédige l’acte de baptême qui occupe une demi-page du registre et fait signer ses «très hauts et très illustres» paroissiens. Ironie du sort, l’acte suivant mentionne le baptême d’une pauvre enfant naturelle.
Le parrain de la princesse est son oncle par alliance Philippe Ier (1720-1765) , infant d’Espagne ( époux de Madame Elisabeth , fille de Louis XV) , duc de Parme, Plaisance et Guastalla, représenté par le duc de Berry, futur Louis XVI (1754-1793), et sa marraine est sa grand-tante Élisabeth Farnèse (1692-1766), princesse de Parme, Reine douairière d’Espagne, qui lui donne son prénom et est représentée par Madame Adélaïde (1732-1800) , fille de Louis XV.
A sa naissance, Madame Élisabeth est si délicate que pendant des mois son existence est une source d’inquiétude continuelle.
Le 11 août 1765
Le Dauphin Louis-Ferdinand, son père, fait une visite à l’abbaye de Royallieu et revient à Versailles sous la pluie. D’une santé déjà précaire, il est tuberculeux, et affublé d’un rhume, il est pris d’une violente fièvre. Il parvient à faire transporter la Cour au château de Fontainebleau pour changer d’air, mais rien n’y fait, son état empire au fil des mois.
Le 20 décembre 1765
Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin meurt, à l’âge de trente-six ans.
Le 23 février 1766
L’arrière-grand-père de Madame Élisabeth, Stanislas Leszczyński, Roi de Pologne détrôné placé sur le trône de Lorraine par son gendre Français meurt. La Lorraine perd alors son indépendance et devient une province Française.
En 1767
La princesse de Guéménée est nommée gouvernante des Enfants et petits-enfants de France, alors que Madame Élisabeth n’a que trois ans.
Le 8 mars 1767
Marie-Josèphe reçoit les derniers sacrements.
Le 9 mars 1767
Marie-Josèphe fait appeler ses trois fils.
« Elle leur donna sa bénédictions en versant des larmes. Son confesseur (l’abbé Soldini) s’acquittant en son nom de devoir que son attendrissement ne lui permettait pas de remplir, leur dit :
_Monseigneur, Madame la Dauphine m’ordonne de vous dire qu’elle vous donne sa bénédiction de tout son cœur et qu’elle prie le Seigneur de vous combler de toutes les siennes. Elle vous recommande de marcher devant Dieu dans la droiture de votre cœur, d’honorer le Roi et la Reine, de les consoler en retraçant à leurs yeux les vertus de votre auguste père ; de ne vous écarter jamais des sages avis que vous donnent les personnes qui sont chargées de votre éducation, et de vous souvenir de Dieu pour elle.»
L’abbé Soldini
Les trois enfants sortent en larmes d’auprès de leur mère.
Le 10 mars 1767
Dans l’après-midi, Marie-Josèphe fait ses adieux à ses deux petites filles Madame Clotilde et Madame Elisabeth qui aura trois ans au mois de mai.
Le 11 mai 1767
Elle revoit ses fils pour la dernière fois.
Le 13 mars 1767
Mort de Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).
Le couple delphinal laisse cinq enfants survivants dont l’aîné, le futur Louis XVI, a treize ans.
Le 24 juin 1768
La Reine Marie Leszczyńska, grand-mère de Madame Élisabeth, meurt à Versailles.
Le Roi qui vient de faire acheter la Corse à la république de Gênes pour affermir la présence française en Méditerranée, trouve également une nouvelle et somptueuse favorite, la comtesse du Barry (1743-1793).
Élisabeth de France fait donc ses premiers pas au sein d’une famille divisée et en deuil.
Sa première compagne de jeu est sa sœur de six ans son aînée Madame Clotilde ( 1759-1802), que son embonpoint fait méchamment surnommer par la Cour «gros-Madame», comportement indigne et indélicat de l’élite française envers une enfant de neuf ans.
Marie-Angélique de Fitte de Soucy, baronne de Mackau, veuve d’un ministre du Roi à Ratisbonne, vivait tout à fait modestement à Strasbourg, lorsque Louis XV, à l’instigation de Mme de Marsan et sur les témoignages rendus par les dames de Saint-Louis (elle avait été élevée à Saint-Cyr), laissant les meilleurs souvenirs l’appela près de ses petites-filles en qualité de sous-gouvernante.
«Mme de Marsan, a raconté Mme de Bombelles, reçut ma mère comme si elle eût eu à la remercier d’avoir accepté l’emploi qu’elle lui avait confié. Elle voulut me voir et me présenter à Mesdames. Madame Élisabeth me considéra avec l’intérêt qu’inspire à un enfant la vue d’un autre enfant de son âge.
Je n’avais que deux ans de plus qu’elle, et étant aussi portée qu’elle à m’amuser, les jeux furent bientôt établis entre nous et la connaissance fut bientôt faite. Ma mère, n’ayant point de fortune, pria Mme de Marsan de solliciter pour moi une place à Saint-Cyr. Elle l’obtint, et je m’attendais à être incessamment conduite dans une maison pour laquelle j’avais déjà un véritable attachement. Cependant Madame Élisabeth demandait sans cesse à me voir; j’étais la récompense de son application et de sa docilité; et Mme de Marsan, s’apercevant que ce moyen avait un grand succès, proposa au Roi que je devinsse la compagne de Madame Élisabeth, avec l’assurance que, lorsqu’il en serait temps, il voudrait bien me marier. Sa Majesté y consentit. Dès ce moment je partageai tous les soins qu’on prenait de l’instruction et de l’éducation de Madame Élisabeth. Cette infortunée et adorable princesse, pouvant s’entretenir avec moi de tous les sentiments qui remplissaient son cœur, trouvait dans le mien une reconnaissance, un attachement qui, à ses yeux, tinrent lieu des qualités de l’esprit; elle m’a conservé sans altération des bontés et une tendresse qui m’ont valu autant de bonheur que j’éprouve aujourd’hui de douleur et d’amertume…»Angélique de Mackau
Par cela même qu’elle est la compagne plus âgée de la princesse, dans ses jeux comme dans ses études, et compagne choisie non subie, Angélique doit exercer une utile influence, aider puissamment sa mère à faire triompher son programme de femme de haute piété et d’opiniâtre persévérance.
Là où Mme de Marsan, plus indolente, n’a pas pleinement réussi, Mme de Mackau est assez rapidement victorieuse. D’une enfant vaniteuse et personnelle elle ne tarde pas, avec l’aide de l’abbé de Montaigu, à faire une princesse éprise et respectueuse de ses devoirs.
Le 16 mai 1770
Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.
Elle a six ans lorsque son frère Louis-Auguste devenu Dauphin épouse l’Archiduchesse d’Autriche Marie-Antoinette, jeune fille pleine de charme qui sera sa grande sœur.
Confiée avec sa sœur Madame Clotilde aux soins de la comtesse de Marsan (1720-1800), Madame Élisabeth reçoit une excellente éducation. Elle se passionne pour les sciences.
Sous l’égide de son maître de mathématiques Antoine-René Mauduit , elle met au point une table préparatoire à l’étude des logarithmes dont la précision est telle qu’elle sera utilisée par les astronomes et les navigateurs.
Pour l’art, en particulier le dessin et alors qu’elle est encore enfant, sa gouvernante, la comtesse de Marsan, l’emmène avec sa sœur aînée, aux salons de peinture officiels. Par la suite, la princesse montrera de réelles dispositions pour le dessin et le musée de Versailles conserve quelques-unes de ses œuvres.
La princesse apprend à jouer de la harpe mais il faut avouer qu’elle chante extrêmement faux.
Connue pour sa grande piété, Madame Élisabeth subit l’influence de ses Mesdames Tantes, filles de Louis XV, qui lui inculquent une grande dévotion, sans altérer en elle une certaine liberté d’esprit, y compris à l’occasion dans le domaine de la religion, ce dont témoigne sa correspondance.
Le 10 septembre 1770
Cérémonie de la prise de voile de Madame Louise (1737-1787) au carmel de Saint Denis , afin de prier pour l’âme de son père, Louis XV.
Proche de sa jeune nièce sur laquelle elle aura une certaine influence, elle y mourra en 1787.
En 1771
Marie-Angélique de Mackau (1723-1801) est nommée sous-gouvernante des enfants de France que sont Elisabeth et Clotilde… Artois étant sous l’égide de son gouverneur, le duc de la Vauguyon ( 1706-1772). La baronne de Mackau est veuve depuis quatre ans ; sans fortune elle envisageait placer sa fille Angélique (1762-1800) dans la Maison de Saint-Cyr, pensionnat pour jeunes filles nobles sans fortune fondé par la marquise de Maintenon. Mais du fait de sa nomination, elle part à Versailles avec sa fille Angélique, qui est ainsi élevée avec Madame Elisabeth, sa cadette de deux ans. Une profonde amitié lie la petite Angélique à la princesse, qui se « l’attache ».
Le 14 février 1771
Mariage du comte de Provence, son frère, et de Marie-Joséphine de Savoie.
Le 8 septembre 1772
« Vous me reprochez, ma chère Christine, de ne pas t’avoir parlé de mes belles petites sœurs Clotilde et Elisabeth ; c’est vrai que je n’en ai pas eu l’occasion. Leur éducation n’est pas encore finie, elles sont confiées à une dame, Madame de Marsan, et en été, je les vois peu, alors que je les vois souvent quand elles sont à Versailles.
Madame, c’est-à-dire Clotilde, reste ce qu’elle était, une petite fille très gentille, souriante, ouverte, qui veut plaire à tout le monde et peut être aimée par tout le monde. À treize ans, elle est raisonnable comme si elle avait vingt ans. Elisabeth a huit ans et demande beaucoup d’attention à son éducation.
Clotilde a enchanté tout le monde à la fête [il s’agit d’une fête offerte par les deux sœurs] saluant toutes les dames avec un bisou sur la joue l’une après l’autre, alors qu’Elisabeth leur a offert sa main à embrasser.
Au revoir chère sœur, je vous embrasse sur les deux joues.»
Marie-Antoinette à Sa sœur Marie-Christine
On remarque l’attention que Marie-Antoinette porte à Elisabeth.
En juillet 1773
Mesdames Clotilde et Élisabeth découvrent Paris. A cette occasion, la gouvernante et sa fille, la princesse de Rohan-Guéménée, leur font présider dans les jardins des Tuileries une grande distribution de gâteaux aux petits Parisiens riches ou humbles. Pour les princesses, cette visite dans la capitale représente leur premier contact avec l’immensité bigarrée et tapageuse de la foule parisienne.
Le 16 novembre 1773
Mariage du comte d’Artois, frère du Dauphin et de Marie-Thérèse de Savoie, sœur de la comtesse de Provence.
Le 19 novembre 1773
Bal paré et feu d’artifices au château de Versailles.
Marie-Antoinette qui avait, depuis deux jours, une légère indisposition, assiste à ce divertissement d’une loge accompagnée de Madame Elisabeth.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt et Louis-Auguste, à l’âge de dix-neuf ans, devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Aussitôt après la mort de Louis XV
Le nouveau Roi Louis XVI désigne ses sœurs en leur disant : « Nous ne nous séparerons pas. Je vous tiendrai lieu de tout.»
La Cour se réfugie provisoirement au château de Choisy.
C’est à cette occasion que le nouveau Roi prend l’une de ses premières décisions : celle d’inoculer l’ensemble de la Famille Royale contre la variole.
Mai 1774
Séjour de la Cour au château de Compiègne.
L’éducation de Madame Élisabeth est alors confiée à la baronne de Mackau (1723-1801) qui, depuis trois ans, a su conquérir l’affection de la princesse et dont la fille Marie-Angélique de Mackau est l’amie la plus proche.
« La première éducation de la petite princesse ne s’était pas faite sans difficulté. Orpheline à trois ans , elle n’obéissait à personne. Les témoignages contemporains la montrent à l’âge de six ans comme une petite sauvage, avec un air déterminé et doux en même temps, avec je ne sais quoi d’entier et de rebelle qui ne se laissait pas aisément apprivoiser. Elle offrait des aspérités, des disparates bizarres de caractère; elle passait volontiers d’un extrême à l’autre: tantôt sensible et charmante, tantôt fière et hautaine. Ses inégalités rappelaient le duc de Bourgogne .
La comtesse de Marsan , gouvernante des Enfants de France, eut fort à faire pour mater cette nature indépendante. A l’encontre de Madame Clotilde, sa sœur, âgée de cinq ans, qui s’offrait très souple, désireuse d’apprendre et de se plier à ce qui lui était commandé, Madame Élisabeth se montrait entêtée dans ses caprices, opiniâtre dans ses révoltes, orgueilleuse et hautaine avec ceux qui la servaient; dans l’exagération de sa morgue princière elle ne souffrait pas non seulement qu’on lui tint tête, mais même qu’on pût tarder à exécuter ses désirs. A ses débutantes études, elle n’apportait ni grâce ni bon vouloir et, malgré l’exemple de sa sœur, toujours mis devant ses yeux,—à sa grande jalousie, d’ailleurs,—elle proclamait qu’elle n’avait besoin ni de se fatiguer, ni d’apprendre, «puisqu’il y avait toujours près des princes, des hommes qui étaient chargés de penser pour eux».
Une circonstance fortuite devait amener un premier changement dans l’humeur fantasque de l’enfant. Elle était tombée malade. Clotilde demanda avec instance à la soigner, obtint que son lit fût apporté dans la chambre de sa sœur. S’il ne lui fut pas permis de la veiller la nuit, du moins ne la quitta-t-elle pas dans le jour, et de cette intimité de chaque instant, de ces soins apportés avec touchante affection devaient naître de probants résultats. Clotilde donna d’excellents conseils à sa sœur et, de plus, se fit sa vraie première institutrice; bientôt Élisabeth, qui s’y était refusée jusqu’alors, consentit à épeler ses mots; au bout de peu de temps, elle prenait goût à la lecture.»
Le comte de Fleury
Madame Élisabeth est très jeune et totalement soumise à son frère Louis XVI et à sa belle-sœur Marie-Antoinette, qui décident de tout à sa place. Marie-Antoinette fera par exemple nommer le joli Coigny à la charge de premier écuyer de Madame Élisabeth alors qu’il était d’usage, dans le cas des jeunes princesses vierges et célibataires, de nommer des vieillards à ce type de charge.
Conversation entre Madame Clotilde et Madame Elisabeth, alors âgées de quinze et dix ans.
«Lors de la venue de l’envoyé du Pacha de Tripoli, les deux princesses se trouvent dans la Galerie des Glaces où passe l’ambassadeur qui va être reçu en audience. Elisabeth le suit des yeux, soupire et paraît troublée.
– A quoi pensez-vous ? s’informe Clotilde.
– Je pense à son âme.
Pour la fillette, la chrétienne, cet homme qui pratique la religion islamique ne peut-être qu’en danger de perdre son âme : c’est un «païen».
– La miséricorde de Dieu est infinie, répond Clotilde. Ce n’est pas à notre pensée à lui poser des limites. Prions pour cette âme, cela vaudra mieux.
– Vous avez raison, reprend Elisabeth après avoir réfléchi un instant. C’est aux chrétiens de prier pour ceux qui ne le sont pas, comme c’est aux riches de donner pour les pauvres.»
Extrait de Madame Elisabeth de Monique de Huertas
Du 17 juin au 1er août 1774
Séjour de la Cour au château de Marly.
Du 10 octobre au 10 novembre 1774
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.
Le 18 août 1775
Madame Elisabeth, accompagnée de la comtesse de Marsan, gouvernante des enfants de France, et de la princesse de Guéménée, gouvernante des enfants de France en survivance, se rend à la Chapelle, où elle fait sa première communion par les mains de Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis, premier aumônier du Roi.
La nappe est tenue par la comtesse de Marsan et la princesse de Guéménée.
Le 20 août 1775
Mariage de Madame Clotilde, Gros Madame, et du prince de Piémont, futur Charles-Emmanuel IV de Sardaigne, frère des comtesses de Provence et d’Artois.
Le 27 août 1775
La princesse Clotilde et la famille royale quittent Versailles pour le château de Choisy. Elle sera autorisée à venir de temps à autre jusqu’à Chambéry pour y recevoir des membres de sa famille. Elle aura l’occasion de revoir ses frères, mariés eux-mêmes à des princesses de Piémont, elle ne reverra jamais la jeune sœur dont elle avait protégé l’enfance et qui professait pour elle une si tendre et sincère affection.
Le 28 août 1775
C’est à Choisy, le lendemain, que Madame Clotilde quitte les siens pour prendre la route de Chambéry où doit avoir lieu la deuxième phase de son mariage et de nouvelles festivités. Le chroniqueur Bachaumont déclare que «Gros Madame» a beaucoup pleuré et se serait même évanouie !
A Choisy, Madame Elisabeth s’accroche tant à Madame Clotilde au moment du départ, que Marie-Antoinette doit doucement la séparer de sa sœur… L’âge du mariage ou d’un établissement conforme à son rang approche également pour Élisabeth.
Les onze ans de Madame Élisabeth n’ont pas encore la force de dissimuler ce qu’elle ressent amèrement: elle se laisse aller, se sentant orpheline pour la seconde fois, à la violence de son désespoir. L’éclat de cette douleur fait impression à la Cour où ce genre de manifestations s’éteint d’ordinaire sous les règles de l’étiquette et la banalité des conventions : devoirs ou plaisirs. Marie-Antoinette s’en attendrit et, sous l’empire de cette émotion, Elle écrit à l’Impératrice Marie-Thérèse :
«Depuis le départ de la princesse de Piémont, je connais beaucoup plus ma sœur Élisabeth, c’est une charmante enfant qui a de l’esprit, du caractère et beaucoup de grâce. Elle a montré au départ de sa sœur une sensibilité bien au-dessus de son âge.»
Du 9 octobre au 16 novembre 1775
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Victoire de Guéménée (1743-1807) est nommée au poste de gouvernante des enfants royaux quand sa tante, la comtesse de Marsan , décide de prendre sa retraite après le mariage de son élève préférée, la princesse Clotilde. À ce stade, Louis XVI et Marie-Antoinette n’ont pas encore d’enfants. La seule charge de Victoire est donc la jeune princesse Élisabeth.
Lillian C. Smythe a écrit :
« La gouvernante royale était la princesse de Guéménée, qui a reçu cette nomination en raison de sa relation avec Madame de Marsan, la fonction d’enseignement étant considérée comme dévolue à la famille de Rohan. Il ne faisait aucun doute que la princesse de Guéménée était capable de donner des instructions sur bien des sujets. Elle aimait beaucoup les petits chiens et apparaissait invariablement entourée d’une multitude d’entre eux. Elle leur a offert une espèce de culte et a fait semblant, par leur intermédiaire, de communiquer avec le monde des esprits.»
La princesse Elisabeth est plutôt consternée par le changement de gouvernantes. Madame de Marsan était stricte et plutôt désagréable et Élisabeth la détestait de tout cœur. Mais Victoire, qui n’était peut-être pas le meilleur choix, compte tenu de la nature paisible et vertueuse d’Élisabeth et de la façon de se soustraire à toute intrigue qui pourrait s’approcher d’elle, car la princesse de Guéménée est une héroïne dramatique, une Rohan typique, encline à avoir des relations amoureuses désordonnées, à gaspiller une fortune en friperies , laissant une traînée de dettes et elle aime aussi trop le jeu.
Madame Elisabeth qui a un très fort sens de la morale est bien consciente de la réputation capricieuse de sa nouvelle gouvernante et de son comportement extravagant et doit se préparer au pire.
Au final, elles semblent s’être assez bien entendues. Victoire est d’une nature affectueuse et amusante que les jeunes apprécient. Pour sa part, la Princesse trouve que sa tante, Madame de Marsan était trop stricte avec ses accusations et que Madame Élisabeth est trop modeste, pieuse et sérieuse. Ce dont elle a besoin, décide la princesse, c’est de s’amuser plus et elle encourage donc la jeune fille à assister à ses fêtes et à ses bals pour essayer de la rendre plus sophistiquée et frivole. Cela ne fonctionne pas vraiment car Élisabeth est également extrêmement têtue.
Une chose heureuse dans le nouvel arrangement est que Victoire emmène souvent Élisabeth dans sa nouvelle maison à Montreuil, près de Versailles. La princesse, qui préfère un style de vie plus simple à l’ostentation de Versailles, est enchantée par le château et en tombe follement amoureuse.
Margaret Trouncer l’a décrite:
« La maison, construite en 1776, était un bâtiment blanc, semi-circulaire, à deux étages, avec les écuries d’un côté et les bureaux de la cuisine de l’autre, assez loin de la salle à manger. Au rez-de-chaussée, une chapelle circulaire occupait le centre. Les pièces principales étaient le boudoir, avec des boiseries et un placard à décor d’arabesques, la bibliothèque avec des bibliothèques vitrées en verre clair, la chaufferie du buffet pavée de marbre blanc, la salle à manger, la salle de billard, la salle de musique, le salon et quelques antichambres. Certains des anciens planchers en petits parquets étaient toujours là. A l’étage, 21 chambres lambrissées. De l’autre côté, les portes-fenêtres donnaient sur un parc. On pouvait sortir directement du salon dans le jardin. A droite, l’allée de tilleuls en haut de la terrasse, dont le mur séparait le domaine de l’avenue de Paris. A gauche, caché par les arbres et assez loin, une orangerie, une laiterie, des étables, des bâtiments de ferme et la maison du jardinier. Il y avait aussi des potagers et des maisons chaudes. »
En 1776
Bonne Marie Félicité de Montmorency-Luxembourg (1739-1823), duchesse de Sérent par son mariage, sœur du chevalier de Luxembourg, alors favori de la Reine, est nommée dame d’atours de Madame Elisabeth.
Le 18 avril 1777
Visite de Joseph II en France. Il voyage en Europe sous le nom de comte de Falkenstein.
Pressentie pour épouser ce frère de Marie-Antoinette (deux fois veuf mais sans enfant et de vingt-trois ans son aîné), Élisabeth obtient de Louis XVI de pouvoir rester à Versailles, à l’instar de ses tantes.
« Nous attendons incessamment l’empereur ici. Reste à savoir quelles seront les suites de cette visite auguste. Le public veut que le mariage de Madame Élisabeth en soit le résultat mais les gens qui croient être dans la bouteille à l’encre assurent qu’il n’en sera rien et alors, son séjour ici ne peut faire qu’un mauvais effet pour cette aimable princesse dont on dira qu’il n’a pas voulu après l’avoir vue …»
Madame de Mackau à Marc de Bombelles
Faute de prince à lui faire épouser, le Roi lui proposa la charge de coadjutrice de la prestigieuse abbaye de Remiremont en succession de leur tante Christine de Saxe ( 1735-1782) mais elle se désintéressera de devenir abbesse, préférant les joies de la Cour et la compagnie de son médecin et ami de cœur, le docteur Dacy avec qui elle aurait vécu un amour platonique.
« Je ne puis épouser que le fils d’un roi et le fils d’un roi doit régner sur les Etats de son père (…) Je ne serais plus française et je ne veux pas cesser de l’être. Mieux vaut rester ici, au pied du trône de mon frère, que monter sur un autre.»
Madame Élisabeth à Dorothée de Wurtemberg, devenue Maria Féodorovna par son mariage
En mai 1777
Madame de Mackau dans la correspondance de sa fille et de son mari, le marquis de Bombelles :
« Je rentre à Versailles demain, où je débuterai la reprise de mon service par l’opéra qu’on donne à l’Empereur. Je voudrais bien pouvoir y céder ma place à votre petite femme qui est très affligée de ne pas y aller. Cela nous satisferait également.
Il faut pourtant, avant de finir, vous dire un mot de l’Empereur car il serait ridicule qu’une lettre partant de Versailles ne parlât pas d’un prince qui, dans ce moment-ci, y fixe toutes les attentions. Sa manière d’être, si peu communes aux personnes de son rang, étonne, mais cette simplicité ne voile pas la majesté, elle n’est qu’adoucie. Son honnêteté, sa bonté, son affabilité lui gagnent tous les cœurs. S’il n’était pas adoré dans son pays, j’en serais bien étonnée. Pour moi qui ai eu l’honneur de le voir chez Madame Élisabeth, j’en étais si contente que je formais en secret des vœux qui vraisemblablement ne seront point exaucés. Mais d’après l’attachement que vous me connaissez pour ma charmante petite princesse, vous pouvez juger qu’il fallait que je crusse voir sur la physionomie de l’Empereur qu’il était fait pour la rendre heureuse. Et, dans le vrai, il ne pourrait faire un choix plus convenable car il est impossible d’être plus aimable que cette jeune princesse. Mais, mon ami, les gens de ce haut parage ne se marient pas pour le bonheur, ils ne sont pas aussi heureux que nous, n’est-ce pas ? Plaignons-les sur cet article et réjouissons-nous de l’usage que nous allons faire de notre bon sens en préférant le bonheur aux grandeurs et à l’opulence.»
Angélique de Mackau :
« Madame Élisabeth me disait encore hier : » Dis bien au marquis que je te donnerai autant de congés qu’il voudra, que je sens le plaisir qu’il doit avoir de t’avoir par celui que j’éprouve. » Depuis que je suis établie dans ma petite chambre, elle vient me voir tous les matins, fait souvent apporter son déjeuner. Nous nous établissons à la fenêtre et nous déjeunons. Ce matin nous avons pris du lait qui était excellent.[…]
On me fait un habit d’amazone. Je monterai à cheval à Marly avec Madame Élisabeth, j’en suis folle de joie.[…]»
Le 23 janvier 1778
A Versailles, Marie-Angélique de Mackau (1762-1800), épouse par amour Marc-Marie, marquis de Bombelles (1744-1822), qui est ambassadeur de France auprès de la Diète impériale de Ratisbonne. La dot d’Angélique est constituée par la princesse Élisabeth, qui surnommera dès lors, affectueusement son amie «Bombe».
Le couple aura plusieurs enfants dont un fils, Charles-René de Bombelles qui épousera en 1834 Marie-Louise d’Autriche, duchesse de Parme et veuve de Napoléon Ier.
Elisabeth aime rendre de nombreuses visites aux Carmélites de Saint-Denis où s’est retirée Madame Louise, sa tante. Louis XVI lui fait des observations sur la fréquence de ces visites:
«Je ne demande pas mieux que vous alliez voir votre tante, mais à la condition que vous ne l’imiterez pas… j’ai besoin de vous.»
En mars 1778
Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.
Le 3 mai 1778
Madame Elisabeth a quatorze ans . Le changement de statut pour la jeune Elisabeth nécessite l’établissement d’une nouvelle maison princière dont voici la composition initiale : Sa dame d’honneur est la comtesse Diane de Polignac ; sa dame d’Atours est la marquise de Serent. Ses dames pour accompagner sont la marquise de Sorans, la vicomtesse de Bourdeilles, la marquise de Causans, la comtesse de Canillac, la marquise de Chaussincourt de Tilly, la comtesse de Melfort, la marquise de Bombelle, la vicomtesse d’Imecourt L’abbé Madier est son confesseur. Son chevalier d’Honneur est le comte de Coigny Son premier Ecuyer est le comte d’Adhémar Son secrétaire des commandements est Monsieur Mesnard de Chouzi, à Paris, rue de Grammont. M. Tourteau d’Orvilliers, en survivance, rue neuve des Petits-Champs, vis-à-vis du duc d’Orléans.
Source : Almanach royal 1779, BNF
Parallèlement, de nombreuses autres personnes sont au service de cette princesse. Ces serviteurs de second rang ne sont souvent connus que par quelques mentions d’archives lors de gratification ou versement de pension de retraite comme deux de ses premières femmes de chambres, Suzanne Charlotte Sylvestre et Marie Marguerite Soufflet, des femmes de chambres, Marie Barbe Bénard, Charlotte Jules Marin, Jeanne Thérèse Gœrmans , dame Malivoire, encore une femme de garde-robe, chargée du soin des atours Marguerite Frère.
Du côté hommes, on peut citer un valet de chambre ordinaire Jean de Coste, des valets de chambres dont Jean Bérenger, Charles Cluet, Certains comme Jean Rémi Le Guay cumule les charges d’écuyer, de valet de chambre et de coiffeur, un porte faix ou porte-effets de la chambre, Jean Colignon, le sieur Coquelin, coiffeur, Charles Misaldi dit Carle, feutier de l’appartement de Madame Elisabeth de France.
Source : Pensions sur le trésor royal, archives nationales
« L’éducation de Madame Élisabeth avait été très-soignée par sa gouvernante, la princesse de Marsan ; elle la perfectionnait encore elle-même tous les jours. Elle avait des talents pour la musique et la peinture, parlait l’italien, même un peu le latin, et savait les mathématiques à fond. Le professeur Le Blond, connu par plusieurs bons ouvrages, lui donnait des leçons, et il m’a souvent confirmé les connaissances de la princesse dans cette science, même dans ses branches les plus difficiles et les plus abstraites.»
Félix d’Hézecques
Le 19 décembre 1778
Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant est surnommée «Mousseline» par la Reine.
Il y a du changement, lorsque Victoire de Guéménée prend en charge la nouvelle petite princesse, Madame Royale, tandis que la détestable et cupide comtesse Diane de Polignac prend en charge Élisabeth…
En 1779
La princesse qui a quinze ans obtient l’autorisation d’avoir sa propre maison et des revenus en propre. Avec l’accord du Roi, elle nomme immédiatement Angélique de Bombelles première dame d’honneur. Consciente de son rang et de ses devoirs, pieuse, charitable et dépourvue de coquetterie tout en ayant un fort caractère, Madame Élisabeth s’entoure de personnes réputées pour leur moralité. Jamais les nombreux médisants ne pourront la prendre pour cible.
Le 8 août 1779
Un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées).
Il rétablit l’institution du Mont-de-piété.
En milieu d’août 1779
M. de Bombelles arrive en France dans le milieu d’août, passe deux mois avec sa femme.
En octobre 1779
Marc emmène Angélique dans un état de grossesse très avancée. Pendant ce séjour, il est question d’un mariage entre Jeanne-Renée de Bombelles et le marquis de Travanet, maître de camp de dragons. La comtesse Diane semble s’en occuper et triompher des hésitations de M. de Travanet en lui faisant promettre de l’avancement par le prince de Montbarrey. M. de Travanet est un homme charmant, maître d’une belle fortune, possesseur d’une terre à Viarmes près de Chantilly, mais c’est un joueur incorrigible, et il donnera de grands ennuis à sa femme. Le contrat est signé le 17 novembre 1779 ; le mariage a lieu le lendemain, en l’église Saint-Louis.
Une lettre de Madame Élisabeth du 27 novembre contient ces mots au sujet du mariage :
«Dis à Mme de Travanette que je meure d’envie de la voir. Mande-moi toutes les grimasses qu’a fait ta belle-sœur pendant le mariage et toutes les bêtises, qu’elle aura dit qui certainement t’ont beaucoup ennuyée si tu les a écoutées, et qui m’amuseront beaucoup en les lisant…Adieu, ma petite sœur Saint-Ange, il me paroit qu’il y a mille ans que je ne t’ai vue, je t’embrasse de tout mon cœur et suis de Votre Altesse,
«La très humble et très obéissante servante et sujette, «Élisabeth de France dite la Folle.»
En 1780
Marie-Joséphine de Provence désire l’installation d’une petite salle-à-manger et d’un salon en hémicycle contigu pour servir au jeu et au billard nécessaire aux soupers qu’elle offre chaque soir à la famille royale . Cette salle-à-manger destinée aux « soupers des petits cabinets »- soupers intimes sans domestiques dont a parlé Pierre de Nolhac dans ses ouvrages – est installée dans les anciennes pièces de service de la Dauphine détruites situées sous le cabinet doré de la Reine, là on a installé provisoirement un billard avant 1779. Cette salle-à-manger paraît bien étroite car toute la famille royale est conviée par la princesse : à savoir le Roi, la Reine, Monsieur, le comte et la comtesse d’Artois, les trois Mesdames tantes et Madame Elisabeth quand elle sera en âge. Cette petite pièce ouvrant par une fenêtre sur la cour intérieure de la Reine, appelée dès lors « cour de Monsieur », est donc prolongée sur l’appentis, pris sur l’ancien oratoire de la Dauphine, sous la terrasse du cabinet doré de la Reine.
Chacun, sauf le Roi, apporte son repas qui est placé par le service sur des plats posés sur une grande table ovale dressée dans la seconde chambre de Madame. Les serviteurs se retirent alors et chaque convive compose son repas en se servant soi-même et en prenant assiettes et argenterie qui ont été placées sur des servantes.
L’appartement de Madame Elisabeth
Le dernier refuge de la princesse de 1780 à 1789
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
En 1780, Madame Elisabeth quitte l’appartement qu’elle occupait dans l’actuel Pavillon de Provence, pour s’installer dans un appartement situé au premier étage à l’extrémité de l’Aile du Midi.
Cet appartement se trouve placé juste au dessus de l’appartement des Enfants de France où elle avait été logée depuis sa naissance.
Louis XVI en dessine lui-même la distribution :
« L’intention du Roi est que l’entrée de Madame Elisabeth soit en deçà de l’escalier. Le cabinet de Madame la duchesse de Chartres sera son antichambre, l’antichambre lui servira de cabinet particulier et les entresols au dessus de son grand cabinet et de sa chambre pour ses gens».
Pierre Verlet nous apprend que Madame Elisabeth sollicitera des remises au goût du jour. En juillet 1783, des changements de distributions dans l’étage entresolé au dessus des pièces principales. Cet appartement se compose de douze pièces principales et quinze en entresol. L’appartement de fonction de Diane de Polignac, sa dame d’Honneur, est intégré à celui de Madame Elisabeth.
Louis-Philippe fera raser totalement cet appartement pour y aménager l’actuelle salle de 1830.
Le 1er juin 1780
Le petit théâtre de Trianon est inauguré avec le Roi et le Fermier et La Gageure imprévue. Illuminations.
Joseph II , deux fois veuf pense à se remarier et il songe à Madame Elisabeth …
Le 5 janvier 1781
« Vienne, le 5 janvier 1781
Si l’on me marie en France comme ici, Madame Elisabeth doit avoir le cœur gros en regardant le calendrier et une petite distance de vingt-deux an. Vous savez comme on peut penser sur cet état quand on a mon âge et qu’on l’a connu; néanmoins, dites-moi, pour ma curiosité seulement, si elle a grandi beaucoup, engraissé à ce qu’on dit, et enfin si elle trempine toujours à la façon de la famille et ce qu’on dit de son esprit et agrément de société .»
Joseph II au comte de Mercy
Le 21 janvier 1781
« Paris, le 21 janvier 1781
Depuis que V. M. n’a vu Madame Elisabeth , il est survenu peu de changement dans son état physique; elle a grandi et a pris de l’embonpoint qui, sans être démesuré, pourrait faire craindre qu’il n’augmentât trop par la suite. Une fantaisie de cette princesse peut y avoir donné lieu; elle aime passionnément l’exercice du cheval; on lui a représenté qu’il en résulterait l’inconvénient d’engraisser, mais cette remarque ne la touche pas; elle n’a ni souci ni attention à sa figure qui incline à être bien; toute parure lui est égale et ne parait lui faire aucun plaisir; elle a maintenant une assiette plus ferme dans son maintien et a beaucoup perdu de l’habitude de trépigner. D’ailleurs bonne et douce envers ses alentours, un peu timide, mais affable envers ceux qui sont à portée de lui faire leur cour, on n’entend dire que du bien de ses qualités morales. L’éducation de celte princesse n’a pas été des mieux soignée et pourrait avoir laissé un vide du côté de la culture des agréments sociaux; cependant j’observe que, quand les ministres étrangers se présentent chez elle, elle a toujours quelque chose de gracieux et de bien placé à leur dire.»
L’ambassadeur Mercy à Joseph II
Été 1781
Seconde visite de Joseph II à Versailles.
Le 31 juillet 1781
L’Empereur écrit à Kaunitz, , au sujet de cet hypothétique éventualité de mariage :
« Bien des choses s’opposent encore dans mon âme à ce projet . La princesse Élisabeth n’est certes pas faite pour les combattre; elle est épaissie d’une façon dont vous ne pouvez pas vous faire une idée .»
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François.
Le 2 mars 1782
Mort de Madame Sophie, sa tante.
La religiosité de Madame Élisabeth, selon sa biographe Anne Bernet, trouverait son origine dans la mort de Madame Sophie, qui l’aurait beaucoup affectée. Elle en aurait conçu une sorte d’obsession de donner un sens à sa vie, à travers Dieu et la religion.
La naissance d’un Dauphin assoie Marier-Antoinette dans Sa position : Elle n’est plus seulement l’épouse du souverain, Elle est la mère de l’héritier du trône !
La hantise de Madame Élisabeth est de mourir comme Madame Sophie, dans l’indifférence générale.
En 1782
La banqueroute des Rohan-Guéménée est une faillite dont sont victimes en 1782, Henri Louis Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéménée et son épouse Victoire Armande Josèphe de Rohan, avec un passif de trente-trois millions de livres, et l’abandon de leurs charges à la Cour : madame de Rohan est démise de ses fonctions de gouvernante des Enfants de France et remplacée par la duchesse de Polignac.
Le 17 septembre 1782
« Imagine-toi que Madame Élisabeth, mercredi dernier, galopant à la chasse, est tombée de cheval. Son corps a roulé sous les pieds du cheval de M. de Menou et j’ai vu le moment où cette bête, en faisant le moindre mouvement, lui fracassait la tête ou quelque membre. Heureusement, j’en ai été quitte pour la peur, et elle ne s’est pas fait le moindre mal. Tu penses bien que j’ai eu subitement sauté à bas de mon cheval et volé à son secours. Lorsqu’elle a vu ma pâleur et mon effroi, elle m’a embrassée en m’assurant qu’elle n’éprouvait pas la plus petite douleur. Nous l’avons remise sur son cheval, j’ai remonté le mien et nous avons couru le reste de la chasse comme si de rien n’était.
Angélique de Bombelles à son mari
L’effort que j’ai fait pour surmonter mon tremblement, pour renfoncer mes larmes, m’a tellement bouleversée que, depuis ce moment-là, j’ai souffert des entrailles, de l’estomac, de la tête, tout ce qu’il est possible de souffrir. Cette petite maladie s’est terminée ce matin par une attaque de nerfs très forte, après laquelle j’ai été à la chasse, et il ne me reste, ce soir, qu’une si grande lassitude qu’après t’avoir écrit, je me coucherai … »
Le 3 mai 1783
Pour ses dix-neuf ans, le Roi achète à sœur le domaine de Montreuil, vendu par les Rohan-Guéménée, lors de leur banqueroute (1782) et situé dans le village de Montreuil non loin du château de Versailles.En juillet 1783 De retour d’une promenade, Marie-Antoinette l’offre à la princesse : « Si vous le voulez, arrêtons-nous un instant à Montreuil ; je sais que vous aimiez y venir avec votre sœur Clotilde. – Volontiers, répond la jeune fille. J’y ai passé de bien bons moments dans mon enfance. – Vous êtes ici chez vous, dit Marie-Antoinette en souriant, quand la voiture s’arrête devant le péristyle soutenu par quatre colonnes. Ce sera votre petit Trianon. Le roi se fait un plaisir de vous offrir ce cadeau, et moi de vous l’annoncer !» On imagine la joie d’Élisabeth ! Si son frère avait été là, elle lui aurait sauté au cou sans nul doute !
Monique de Huertas dans Madame Élisabeth
Montreuil,
Le domaine de Madame Elisabeth à Versailles
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )
Seigneurie dès le XIIe siècle, Montreuil est doté d’une forteresse en 1375. Entré dans le domaine royal, il est cédé aux Célestins de Paris par le roi Charles VI. Puis il est intégré au domaine de Versailles au temps de Louis XV. La source qui alimente à l’époque les étangs aujourd’hui asséchés, en fait un lieu à la mode où les proches de la Cour font construire de belles propriétés d’agrément.
En 1783, à la suite de la faillite retentissante des Guéménée, Louis XVI achète la demeure pour sa sœur cadette Élisabeth.
Le mobilier est commandé à l’ébéniste Jean-Baptiste-Claude Sené. Des pièces de ce mobilier sont conservées aujourd’hui au Musée du Louvre et au Musée Nissim de Camondo.
C’est ainsi qu’en 1772, le Prince de Rohan-Guéménée et son épouse acquièrent le domaine de Montreuil, qu’ils agrandissent pour former une propriété de huit hectares. Les transformations, tant de la maison que des jardins sont confiées à l’architecte Alexandre Louis Étable de La Brière.
De 1784 à 1789, les bâtiments sont mis au goût du jour, dans le style néo-classique, par l’architecte Jean-Jacques Huvé, futur Maire de Versailles. Celui-ci fait élever des corps de logis à deux niveaux (rez-de-chaussée et étage) en pierre de taille, striés de refends horizontaux et surmontés de combles brisés. L’ensemble comprenait notamment une chapelle sur plan circulaire et éclairage zénithal, ainsi qu’un boudoir turc.
1 – Portail donnant sur la rue Emard
2 – Cour des écuries
2b – Passage de la cour des écuries
3 – Cour des cuisines
4 – Chapelle
5 – Salle des gardes
6 – 1ère antichambre
7 – 2ème antichambre
8 – salle des buffets
9 – Salle à manger
10 – Salle de billard
11 – Salon de compagnie
12 – Salle du clavecin
13 – Salon turc
Le mur de clôture, le long de l’avenue de Paris, couronné d’une balustrade, servait de terrasse d’où l’on pouvait admirer le parc et le jardin aménagé par Huvé dans ce qu’on appelait le goût anglo-chinois (grotte factice, cours d’eau, cascade, pont, etc…).
Madame Élisabeth établit à Montreuil un petit dispensaire dans une pièce de la maison pour les pauvres des environs. Ceux-ci sont soignés par le médecin et botaniste Louis Guillaume Le Monnier, qui fait venir des plantes rares dans le potager du domaine. La Révolution met fin à ces occupations.
Ayant échappé au morcellement des propriétés lors de la Révolution française, la famille Clausse en devient propriétaire au début du XIXe siècle, Charles Louis Clausse, Maire de Versailles y décède le 10 septembre 1831.
Les bâtiments sont profondément transformés sous la Restauration pour donner la configuration que l’on connaît actuellement.
Entre les deux dernières guerres, des restaurations importantes sont réalisées par le propriétaire, Jean-Baptiste Chantrell. En 1955, sa fille Lydie vend la propriété à une société immobilière.
La maison de Madame Élisabeth appartient depuis 1984 au Conseil Général des Yvelines. L’Orangerie, acquise par le Département en 1997, sert de lieu d’expositions temporaires.
C’est Simon Coupoy, le jardinier en chef de Madame Elisabeth, qui entretient le parc de Montreuil.
La princesse consciente de son rang et voulant se protéger des médisants s’engage à n’y jamais passer la nuit avant sa majorité (vingt-cinq ans à l’époque) et ne s’entoure que de Dames de la plus haute moralité.
De mi-juin au 12 juillet 1783
Séjour de la Cour au château de La Muette.
Du 9 octobre au 24 novembre 1783
Long séjour de la Cour à Fontainebleau.
« Le goût de la campagne et de la solitude rendait le séjour de Fontainebleau très cher à Madame Elisabeth . Là, elle pouvait varier bien davantage ses longues promenades à cheval ou aller herboriser à pied avec le Dr Dassy. Elle aimait beaucoup le digne patricien. Avant de rentrer à Versailles, elle lui offrit son portrait et un livre de prières. » Je sais bien, lui dit-elle, que vous n’êtes pas dévot, mais recevez ce livre pour l’amour de moi… Si M. Le Monnier se retirait, – je ne puis pas l’en prier, il est si vieux-, vous pouvez être sûr que vous le remplaceriez . » ( * ) Quelques années plus tard, elle voulut acheter sur ses économies une petite maison à Fontainebleau. Elle en choisit l’emplacement. Dassy devait lui prêter son nom pour cette acquisition, et la Révolution seule empêcha de réaliser le marché . »
Albert Savines : Madame Elisabeth et ses amies (1904)
Il semble que Madame Élisabeth, tout comme Marie-Antoinette d’ailleurs, soit écœurée par les intrigues de Cour et assommée par l’Étiquette. Tout comme la Reine, elle a tendance à fuir dans son jardin secret. Elle aime plus que tout chevaucher pendant des heures, loin des hommes et de leurs mesquineries, leur préférant les promenades au grand air et la compagnie de ses chevaux qu’elle adore.
Le 23 juin 1784
Décollage de la montgolfière Marie-Antoinette de la cour des Ministres du château de Versailles, en présence de la famille royale.
Le 27 juin 1784
Le contrat de mariage du marquis de Raigecourt et de Mademoiselle de Causans, une de ses dames pour accompagner Madame Élisabeth, est signé par le Roi, la Reine et la famille royale. Pendant quatre ans, la princesse se prive des étrennes que le Roi lui donne afin que Mademoiselle de Causans, puisse constituer la dot nécessaire à son mariage.
Le 20 février 1785
Le Roi offre à Marie-Antoinette le château de Saint-Cloud qu’il a acheté au duc d’Orléans.
Le 27 Le mars 1785
A sept heures et demie du matin, naissance de Louis-Charles, duc de Normandie, Dauphin en 1789 et futur Louis XVII.
Le 17 septembre 1785
« Imagine-toi que Madame Élisabeth, mercredi dernier, galopant à la chasse, est tombée de cheval. Son corps a roulé sous les pieds du cheval de M. de Menou et j’ai vu le moment où cette bête, en faisant le moindre mouvement, lui fracassait la tête ou quelque membre. Heureusement, j’en ai été quitte pour la peur, et elle ne s’est pas fait le moindre mal. Tu penses bien que j’ai eu subitement sauté à bas de mon cheval et volé à son secours. Lorsqu’elle a vu ma pâleur et mon effroi, elle m’a embrassée en m’assurant qu’elle n’éprouvait pas la plus petite douleur. Nous l’avons remise sur son cheval, j’ai remonté le mien et nous avons couru le reste de la chasse comme si de rien n’était. L’effort que j’ai fait pour surmonter mon tremblement, pour renfoncer mes larmes, m’a tellement bouleversée que, depuis ce moment-là, j’ai souffert des entrailles, de l’estomac, de la tête, tout ce qu’il est possible de souffrir. Cette petite maladie s’est terminée ce matin par une attaque de nerfs très forte, après laquelle j’ai été à la chasse, et il ne me reste, ce soir, qu’une si grande lassitude qu’après t’avoir écrit, je me coucherai…»
Angélique de Bombelles à Marc
Le 18 mars 1786
Louis XVI convoque sa sœur, pour la convaincre d’accepter de succéder à Anne-Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont ( l’un des plus prestigieux bénéfices de Lorraine ). Il se heurte à un non ferme et définitif : Elisabeth ne veut pas de cet abbatiat . Elle explique longuement pourquoi, disant qu’elle « ne voulait chercher à avoir un état qui la rendît indépendante du roi et de la reine », insistant sur le relâchement du monastère, explicable puisque les chanoinesses n’étaient pas des religieuses mais des célibataires mises là faute de mieux.
« Lorsque j’arrivai à Versailles, madame Élisabeth avait vingt-deux ans. La fraîcheur de son teint, sa belle carnation et son embonpoint la faisaient remarquer, moins encore pour sa beauté que pour son air satisfait et la sérénité de son âme qui était imprimée sur sa figure. La force de sa constitution lui rendait l’exercice nécessaire. Elle aimait à jouer au billard, à monter à cheval ; elle se distinguait surtout dans ce dernier exercice par sa grâce, son bon air et sa hardiesse. Mais ces amusements frivoles, nécessaires à sa santé, ne l’empêchaient pas de se livrer aux différents exercices de la religion. Aux devoirs journaliers auxquels la famille royale tout entière se livrait, elle joignait la prière dans la retraite, l’observation de tous les précepte de l’Église et la fréquente réception des sacrements.»
Félix d’Hézecques
D’octobre 1786 jusqu’en avril 1788
Bombelles devient ambassadeur du Roi de France près la Cour du Portugal.
Le 9 juillet 1786
Naissance de la princesse Sophie-Hélène-Béatrix, dite Madame Sophie, dernier enfant de Marie-Antoinette.
En septembre 1786
« Je possède au monde deux amis, et ils sont tous les deux loin de moi. C’est trop douloureux; l’un de vous doit revenir positivement. Si vous ne revenez pas, j’irai à Saint-Cyr sans vous, et je me vengerai encore plus en épousant notre protégée sans vous. Mon cœur est plein du bonheur de cette pauvre fille qui pleure de joie – et toi pas là ! J’ai rendu visite à deux autres familles pauvres sans toi. Je prie Dieu sans toi. Mais je prie pour vous, car vous avez besoin de sa grâce, et j’ai besoin qu’il vous touche, vous qui m’abandonnez ! Je ne sais pas comment c’est, mais je t’aime quand même tendrement.»
Elisabeth de France à Angélique de Bombelles
En 1787, Madame Elisabeth reçoit un singe de la marquise de Bombelles. Les animaux exotiques étaient des animaux familiers communs à Versailles, mais la princesse n’a pas pu garder le singe.
En 1787
Depuis son déménagement, la comtesse de Provence dispose du palier du nouvel escalier de l’ancienne antichambre de la princesse de Lamballe devenue une première antichambre à une fenêtre où se tient sa sentinelle. La seconde salle est l’ancien petit salon où la princesse de Lamballe avait coutume de recevoir la Reine. C’est maintenant une seconde antichambre, plus grande a deux fenêtres, qui sert de salle-à- manger, où elle continue à convier la famille royale à souper «tous les soirs, à huit heures précises ». Les convives se régalent du traditionnel potage aux petits oiseaux, que la princesse prépare elle-même . Chaque membre de la famille fait apporter son dîner, auxquels on met la dernière main dans de petites cuisines à portée de l’appartement de Madame.
« Excepté les jours où il donnait à souper chez lui, le Roi n’y manquait pas un seul jour … »
Mémoires du comte d’Hézecques
Le 25 juin 1787
« Je suis désespérée du sacrifice que tu me fais de ton singe, et d’autant plus que je ne peux pas le garder; ma tante Victoire a peur de ces animaux et serait en colère si j’en avais un. Donc, mon cœur, malgré toutes ses grâces et la main qui me le donne, je dois y renoncer. Si vous le souhaitez, je vous le renverrai; sinon, je le donnerai à M. de Guéménée. Je suis dans le désespoir, je sens que c’est très grossier, que cela vous contrariera beaucoup, et je suis donc d’autant plus désolée. Ce qui me console, c’est que vous auriez dû vous en débarrasser rapidement à cause de vos enfants, car cela pourrait devenir dangereux.
Madame Élisabeth à Angélique de Bombelles
Demain je vais chasser à Rambouillet avec le Roi. La Reine y va souper…»
« À mon arrivée on ne parlait que du désir de madame Élisabeth d’entrer en religion et de prendre le voile à Saint-Cyr. Le roi, trop attaché à sa sœur pour pouvoir s’en séparer, n’y voulut jamais consentir avant sa majorité. Une voix secrète semblait lui révéler les secours qu’il en tirerait dans ses malheurs et l’engager à la conserver à sa famille comme un ange consolateur qui les aiderait à supporter leurs infortunes, et qui donnerait à sa fille le précepte et l’exemple de la piété.»
Félix d’Hézecques
« Madame Élisabeth se consolait de l’obstacle que Louis XVI apportait à sa profession religieuse en allant souvent à Saint-Cyr, où elle passait des journées entières au milieu des élèves et des dames de la communauté. Elle se livrait, les autres jours, à son goût pour la solitude, dans un joli jardin et une charmante habitation qu’elle avait dans l’avenue de Paris, près de la butte de Montboron. Là elle s’adonnait à des occupations champêtres et cultivait ses talents naturels pour certaines branches des connaissances humaines.»
Félix d’Hézecques
Saint-Cyr,
La Maison Royale Saint-Louis de Madame de Maintenon
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
L’origine de la Maison royale de Saint-Louis est fortement liée à la jeunesse de Madame de Maintenon. Issue elle-même d’une famille noble, mais ruinée, elle ne connut dans sa jeunesse qu’une instruction limitée, celle dispensée par les couvents qui assuraient l’instruction des jeunes filles nobles. On n’y enseignait qu’un minimum de connaissances en français, latin, calcul et travaux ménagers, l’accent était mis principalement sur la religion et la liturgie, et on n’y donnait aucune ouverture sur le monde réel.
En 1680, Madame de Maintenon remarqua deux religieuse, l’ancienne ursuline Madame de Brinon et sa parente Madame de Saint-Pierre, qui tenaient une petite école destinée aux jeunes filles pauvres afin de les placer comme domestiques.
Elle les établit à Rueil en 1681, dans une maison qu’elle avait louée et aménagée, où elle ajouta vingt filles de la noblesse pauvre aux élèves issues du peuple, qui recevaient une instruction différente. Le 3 février 1684, l’école des filles de la noblesse pauvre fut déplacée à Noisy-le-Roi, avec l’aide du Roi qui offrit le château de Noisy qu’il venait d’acquérir et d’aménager, pour accueillir plus de cent quatre-vingts pensionnaires.
Le 15 août 1684, en Grand Conseil, Louis XIV décréta la fondation «d’une maison et communauté où un nombre considérable de jeunes filles, issues de familles nobles et particulièrement des pères morts dans le service soient entretenues gratuitement et reçoivent toutes les instructions qui peuvent convenir à leur naissance et à leur sexe en sorte qu’après avoir été élevées dans cette communauté, celles qui en sortiront puissent porter dans toutes les provinces de notre royaume des exemples de modestie et de vertu».
Les salles de classe et les dortoirs des élèves étaient situés respectivement au premier et au deuxième étages, les dortoirs se trouvant juste au-dessus des salles de classe correspondantes. Chaque dortoir contenait quarante lits et était entouré de deux cellules destinées aux maîtresses. Chaque salle de classe était également juxtaposée d’un petit dortoir supplémentaire de vingt lits, bordé lui aussi de deux cellules pour les maîtresses. L’infirmerie était placée à l’écart des dortoirs, ce qui permettait d’assurer l’isolement des malades et donc d’éviter la propagation de maladies contagieuses.
Sous Louis XV, les idées novatrices de la Maison royale s’affaiblirent et l’éducation qui y était donnée fut critiquée, d’abord par Louis XV lui-même dans les années 1730, qui refuse d’envoyer ses filles à Saint-Cyr.
Les pièces réservées aux pensionnaires étaient situées à l’est des bâtiments, afin de les éloigner le plus possible de l’entrée des visiteurs, située à l’ouest au niveau de la Cour du dehors.
A la mort de Louis XIV en 1715, Madame de Maintenon se retira à Saint-Cyr jusqu’à sa mort le 15 avril 1719. Elle fut embaumée et enterrée dans la chapelle de l’école le 18 avril.
Dès octobre 1793, les bâtiments seront transformés en hôpital militaire et le resteront jusqu’en 1798. Plus tard, en 1808, Napoléon Ier y installera son Ecole Spéciale Militaire qui demeura sur place jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, les bâtiments de la Maison royale, restaurés, abritent le lycée militaire de Saint-Cyr.
Le 18 juin 1787
La mort de sa nièce, la petite Madame Sophie avant son premier anniversaire.
Le 22 juin 1787
Marie-Antoinette adresse cette lettre à Sa belle-sœur, Madame Élisabeth (1764-1794), au sujet de la mort de Son dernier enfant, la princesse Sophie-Hélène de France « … a été fort indisposé… hier et ce matin et m’a donné de l’inquiétude, voilà pourquoi mon cher cœur vous n’aviez pas eu de mon écriture que vous attendiez dans votre petit Trianon. Je veux absolument faire avec vous ma chère Élisabeth une visite au mien. Mettons si vous le voulez, cela au 24 juin est de … le roi …d’y venir, nous pleurons sur la mort de mon pauvre petit ange. Adieu mon cher cœur, vous savez combien je vous aime et j’ai besoin de tout votre cœur pour consoler le mien .»
Marie-Antoinette à Madame Élisabeth
Le 25 juin 1787
«… Tes parents t’auront dit que Sophie est morte le jour où je t’ai écrit. La pauvre petite avait mille raisons de mourir, et rien n’aurait pu la sauver… Ma nièce [Marie-Thérèse] était charmante; elle montrait une sensibilité extraordinaire pour son âge et était très naturelle.
Sa pauvre petite sœur est très heureuse, elle a échappé à tous les dangers [de la vie]. Je me suis bien occupé d’elle, espérant qu’elle prierait bien pour moi. Je compte beaucoup dessus. Si vous saviez comme elle était jolie quand elle est morte ! C’est incroyable. La veille, elle était blanche et de couleur rose, pas maigre ; enfin charmant. Si vous l’aviez vue, vous vous seriez attaché à elle. Pour ma part, même si je la connaissais peu, j’étais vraiment en colère et j’en suis presque touchée quand j’y pense.»
Madame Elisabeth à la marquise de Bombelles
A Montreuil, la princesse fait venir de Suisse la promise de son vacher qui se morfondait et fait célébrer leur mariage en l’ église Saint-Symphorien. C’est l’origine de la fameuse comptine «Pauvre Jacques».
Elle sait montrer sa compassion envers les pauvres, faisant donner du lait de ses vaches aux enfants.
Favorable à la variolisation qui permet de se prémunir contre la petite vérole, maladie contagieuse mortelle et fréquente qui touche indifféremment toutes les couches de la population laissant au mieux d’horribles cicatrice sur le visage, elle fait appeler son médecin. Celui-ci est surpris de la trouver entourée de ses dames mais aussi des paysans de ses terres qui peuvent ainsi bénéficier gracieusement des progrès de la médecine.
Été 1787
On réclame la convocation des États-Généraux…
Le 23 décembre 1787
Mort, au Carmel de Saint-Denis, de Madame Louise (née le 15 juillet 1737), tante de Madame Elisabeth, qui se nommait Sœur Thérèse de Saint-Augustin.
1788
Dès le début de l’année, on note une nette aggravation de la santé du Dauphin. Il a de la fièvre et des douleurs articulaires. Au fil des mois, son état empire encore.
Fin 1788
Parallèlement à l’état de cessation des paiements et de banqueroute du royaume, le climat de l’année 1788 est calamiteux : à un été pourri ravageant les récoltes, l’hiver glacial donne des températures de moins 20 °C qui paralysent les moulins, gèlent les fleuves et défoncent les routes. Le blé manque et le peuple a faim.
Au début de l’année 1789
La Maison de Savoie est occupée par le mariage de Victor-Emmanuel, duc d’Aoste (1759-1824). Pour marier son fils cadet, Victor-Amédée III a fixé son choix sur une Archiduchesse d’Autriche, Marie-Thérèse d’Autriche-Este (1773-1832), fille de Ferdinand d’Autriche-Este (1754-1806) et après les trois alliances françaises de la décennie 1770, le souverain opère un rapprochement avec la Maison de Habsbourg, démentant ainsi les rumeurs qui ont courues sur un projet d’union entre le prince Victor-Emmanuel et Madame Élisabeth. En effet, si cette idée avait peut-être germé dans l’esprit de la princesse Clotilde et des ambassadeurs de Sardaigne à Versailles, Madame Élisabeth marqua semble-t-il peu d’enthousiasme à cette éventualité et d’autre part la sœur de Clotilde n’aurait eut droit qu’à la seconde place à la Cour de Turin.
Le projet tomba à l’eau.
Le 5 mai 1789
Ouverture des États généraux.
Le 29 mai 1789
Madame Élisabeth écrit dans une lettre :
« Pour moi, j’ai juré de ne jamais abandonner mon frère, et je tiendrai mon serment.
Je ne dissimule point que la Monarchie ne pourrait reprendre son éclat que par un coup de vigueur ; mon frère ne le fera pas, et sûrement, je ne me permettrais pas de le lui conseiller. »
Le 4 juin 1789
Mort de son neveu le Dauphin Louis-Joseph, à Meudon.
Le Roi et la Reine se retirent à Marly pour le pleurer. Il est enterré avec un cérémonial réduit à Saint-Denis compte tenu le contexte économique difficile.
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.
Le 16 juillet 1789
Fuite en exil de Yolande de Polignac et sa famille, dont sa belle-sœur, la comtesse Diane de Polignac et du comte d’Artois, son bien aimé frère.
Le 17 juillet 1789
Réception de Louis XVI à l’Hôtel de Ville de Paris.
La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Le 17 septembre 1789
Sur la route de l’exil, Vaudreuil écrit à Artois :
« Vous avez de bien adorables sœurs et sûrement vous en sentez bien le prix . C’est un genre de sentiment bien doux que celui de la fraternité, quand on s’y livre avec abandon . C’est une ressource assurée pour toutes les circonstances de la vie et les épanchements du cœur entre frère et sœur sont d’un charme inexprimable . Les intérêts sont presque toujours les mêmes . La gloire des uns fait la gloire des autres . Même sang les anime et une tendre union entre frère et sœur les honore tous . Voyez toutes les marques de tendresse que vous avez reçues de Madame Elisabeth depuis vos malheurs, on voit que la vertu approuve toutes les impulsions de son âme, quand elle s’abandonne à sa tendresse pour vous et que cette âme aimante est enchantée de trouver à la fois son devoir réuni au charme d’aimer son frère . Telle sera pour vous Mme la princesse de Piémont ( Vaudreuil est à Turin ). Ses vertus et sa sensibilité vous en sont garants . Rappelez-vous, Monseigneur, ce que ma tendre amitié pour vous m’a inspiré cent fois de vous dire; que je vous répétais sans cesse que vous ne saviez pas jouir du bonheur d’avoir une sœur comme Madame Elisabeth . Le malheur a été pour vous une leçon plus sûre que le conseil d’un ami, et j’ai été témoin comme vous jouissez depuis votre départ de Versailles, des procédés touchants et de la tendresse de cette sœur adorable . Je voudrais bien qu’elle vous rejoignît et qu’elle fût dehors de cette terrible bagarre . Méditez sur mon éloge de l’amitié fraternelle et votre cœur en saisira les précieux avantages et en goûtera les divines ressources .»
Le 5 octobre 1789
Des milliers de femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.
« Cependant, résolu de me rendre utile, j’allai dans la salle des nobles avec l’intention d’y passer la nuit. Madame Elisabeth m’ayant aperçu, m’appela pour lui rendre compte de tout ce que j’avais vu et entendu dans le public, et me chargea de sortir encore pour si la grande clarté qu’on apercevait près de l’Assemblée nationale ne venait pas de sa maison de campagne [Montreuil] qu’elle croyait incendiée par les poissardes de Paris.»
Joseph Weber
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.
Madame Élisabeth est la dernière à s’éveiller à sept heures et demi du matin… Elle rejoint toute la famille royale réfugiée dans la chambre d’apparat de son frère.
La famille royale est ramenée de force à Paris.
Lorsque le convoi de la monarchie passe près de son domaine, alors que Madame Élisabeth le regarde, Louis XVI lui demande :
« Vous saluez Montreuil?»
et elle de lui répondre : « Sire, je lui dis Adieu.»
La famille royale s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.
Madame Elisabeth est au rez-de-chaussée du côté cour du pavillon de Flore. Mais pendant plusieurs jours, la multitude ne cesse d’encombrer les cours des Tuileries. Son indiscrétion atteint un tel point que plusieurs femmes des halles se permettent de sauter dans l’appartement de la princesse qui se voit contrainte de déménager au premier étage du même pavillon afin d’être à l’abri des regards importuns ou de l’invasion des poissardes.
En octobre 1789
Marc-Marie de Bombelles est nommé Ambassadeur à Venise.
Le 16 octobre 1789
« La Reine, qui a eu un courage incroyable, commence à être mieux vue par le peuple. J’espère qu’avec le temps et une conduite soutenue, nous pourrons regagner l’amour des Parisiens, qui n’ont été que trompés. Mais les gens de Versailles, monsieur ! avez-vous jamais vu une ingratitude plus affreuse? Non, je crois que le ciel, dans sa colère, a peuplé cette ville de monstres sortis des enfers. Qu’il faudra du temps pour leur faire sentir leurs torts! Et si j’étais roi, qu’il m’en faudrait pour croire à leur repentir! Que d’ingrats pour un honnête homme! Croiriez-vous bien, monsieur, que tous nos malheurs, loin de me ramener à Dieu, me donne un véritable dégoût pour tout ce qui est prière. Demandez au ciel pour moi la grâce de ne pas tout abandonner… Demandez aussi que tous les revers de la France fassent rentrer en eux-mêmes ceux qui pourraient y avoir contribué par leur irréligion.»
Madame Elisabeth à l’abbé de Lubersac
Madame Elisabeth ne pense alors pas si bien dire : c’est sous le nom d’Elisabeth Capet qu’elle paraîtra devant le tribunal : révolutionnaire quatre ans plus tard …
Marie-Antoinette et Madame Élisabeth continuent à avoir des frictions aux Tuileries, lorsque Madame Élisabeth entretient une correspondance secrète avec Artois, correspondance que Marie-Antoinette désapprouve (la Reine craint plus que tout, l’intervention des émigrés français).
Angélique de Bombelles est encore aux côtés de son amie. Son mari et elle n’émigreront qu’après la chute de la monarchie…
Le 27 juin 1790
« Je ne vous parlerai pas des décrets qui sortent quotidiennement, pas même de celui qui sort un certain samedi [abolition des titres de noblesse]. Elle n’afflige pas les personnes qu’elle attaque, mais elle afflige les malveillants et ceux qui l’ont émise, parce que dans toutes les sociétés elle a fait l’objet de beaucoup de détournements. Quant à moi, je compte m’appeler mademoiselle Capet, ou Hugues, ou Robert, car je ne crois pas qu’il me sera permis de prendre mon vrai nom, de France. Tout cela m’amuse beaucoup, et si ces messieurs ne faisaient que de pareils décrets, j’ajouterais de l’amour au profond respect que j’ai déjà pour eux.»
Madame Elisabeth à la marquise de Bombelles
Été 1790
La famille royale est autorisée à séjourner à Saint-Cloud.
Des bruits courrent selon lesquels elle projette de s’évader…
Le 12 juillet 1790
Constitution civile du clergé.
Le 13 juillet 1790
Les «fédérés», venus de tous les coins de France, sont invités à se rendre aux Tuileries :
« On les f(ait) défiler devant (le roi) et la famille royale au pied du grand escalier des Tuileries. Le roi demand(e) le nom de chaque députation et parl(e) à chacun de ses membres avec une bonté qui redoubl(e) encore leur attachement. La reine leur présent(e) ses enfants et leur dit quelques mots avec cette grâce qui ajout(e) un nouveau prix à tout ce qu’elle d(it). Transportés de joie, ils entr(ent) dans les Tuileries aux cris de « Vive le roi ! »»
Madame de Tourzel
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération sur le Champ-de-mars à Paris.
Le 13 octobre 1790
« Comme je viens, ma petite Bombe, de relire mon testament et de voir que j’y recommande aux bontés du Roi et que je te laisse mes chevaux, il faut bien que je te le dise encore une petite fois que je t’aime bien. Prie bien pour le comte d’Artois, convertis le pour le crédit que tu dois avoir avec le ciel, et contribues-y toi-même, si tu le peux. Tu donneras de mes chevaux à Raigecourt. Tu ne m’oublieras ni l’une ni l’autre, mais ne vas pas me regretter assez pour te rendre un peu malheureuse. Adieu, sais-tu bien que tes idées que tout cela laisse ne sont pas gaies ? il faudrait pourtant s’en occuper, surtout dans ce moment. Je t’embrasse de tout mon cœur. Adieu !»
Madame Elisabeth à la marquise de Bombelles
A partir du départ de la marquise de Raigecourt, le 10 octobre 1790, Madame Elisabeth s’emploie à faire partir ses amies sauf la marquise de Bombelles qui est déjà à Venise auprès de son époux qui est ambassadeur de France auprès de la République de Venise.
Courant novembre jusqu’au 8 décembre 1790
Séjour de la famille royale au château de Saint-Cloud.
Le 26 décembre 1790
Le Roi sanctionne le décret sur la Constitution civile du clergé.
A ce propos, la lucidité d’Elisabeth reste entière: à la différence de tant d’autres, elle a compris dès les prémices de la Révolution que ce mouvement s’opérait d’abord contre Dieu et l’Eglise, accessoirement contre la monarchie, dans la mesure où celle-ci se voudrait garante de la sûreté des autels.
Le 1er janvier 1791
Projet d’évasion de la famille royale (plan de Fersen, Bouillé et Breteuil) …
« J’ai parlé de son goût pour la peinture. Le dernier tableau à l’huile que je lui ai vu faire à Paris, était une grande toile représentant un paysage avec une grande chute d’eau.»
Félix d’Hézecques
Le 7 janvier 1791
A Madame de Raigecourt, Élisabeth écrit :
« … Je n’ai point de goût pour les martyres ; mais je sens que je serais heureuse d’avoir la certitude de le souffrir, plutôt que d’abandonner le moindre article de ma foi. J’espère que j’y suis destinée, Dieu m’en donnera la force. Il est si bon ! si bon ! C’est un Père si occupé du véritable bonheur de ses enfants, que nous devons avoir toute confiance en lui. As-tu été touchée, le jour des Rois, de la bonté de Dieu, qui appela les Gentils à Lui dans ce moment ? Les Gentils, c’étaient nous. Remercions-le donc bien ; soyons fidèles à notre foi ; ranimons-là ; ne perdons jamais de vue ce que nous lui devons et, sur tout le reste, abandonnons-nous avec une confiance vraiment filiale. »
Le Salon Vert du château de Fontainebleau
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )
Cette pièce est le second salon de madame de Lamballe en 1786 puis salon des Nobles de Madame Elisabeth en 1791. Le Cardinal Fesch en fera son Salon en 1804. C’est en 1810 qu’est installé le très riche ensemble en bois doré par le menuisier Pierre Brion, couvert de son velours vert.
Cet ensemble est complété par un guéridon en acajou de Jacob-Desmalter.
Le 20 février 1791
Départ de Mesdames Adélaïde et Victoire qui partent pour Rome.
Le Roi doit intervenir pour qu’elles soient autorisées à quitter le territoire français.
Le 13 mars 1791
Madame Élisabeth écrit à sa chère Bombelles:
« Au reste, mon cœur, j’ai cru voir par tes lettres et par d’autres que j’ai reçues, que l’on était étonné que je n’ai pas pris le même parti qu’Elles (ses tantes). Je n’ai pas cru voir mon devoir attaché à cette démarche. Voilà ce qui a dicté ma conduite. Mais crois que jamais je ne serai capable de trahir ni mes devoirs, ni ma Religion, ni mon sentiment pour les personnes qui le méritent seules, et avec qui je voudrais vivre, pour tout au monde. »
Le 17 mars 1791
Après le départ de l’abbé Madier, le 19 février 1791, avec Mesdames, qui la confessait depuis l’âge de neuf ans, Madame Elisabeth a choisi l’abbé Edgeworth de Firmont. Leur première rencontre pour une confession a lieu ce jour.
Le 3 avril 1791
« Ah ! mon cœur, tu n’as pas à te plaindre, ta grossesse t’a porté bien du bonheur en t’éloignant du schisme et de ces affreuses divisions. … Je ne demande pas mieux que d’être la marraine de votre petit. Si tu veux, je lui donnerai le nom d’Hélène ; et s’il vous plaît de l’accoucher à une heure du matin le 3 mai [anniversaire et heure d’Elisabeth], ce sera très bien, pourvu que cela lui donne un avenir plus heureux que le mien, où elle jamais entendu parler d’états généraux ou de schismes.»
Madame Elisabeth à la marquise de Raigecourt
Le 18 avril 1791
La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.
Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen (1755-1810).
Le 5 mai 1791
Madame Elisabeth écrit à la comtesse de Provence, sa belle-sœur :
« Vous este bien aimable ma chère sœur de m’avoir donné de vos nouvelles, et d’avoir toujours un peu d’amitiés pour moi; je ne puis pas croire ce que vous me mandés de votre santé, vous n’este pas encore d’âge a éprouver les incommodités de la vieillesse, j’espère que le printemps vous fera du bien, irez-vous à la campagne cette année, je ne sais si on nous permettra d’aller a St Cloud, étant fort soumis a nos maîtres il n’est pas possible de former de projet, l’abandon a la providence est la vertu la plus nécessaire dans ce moment-ci, elle seule peut prévoir la fin de la constitution, on la désir beaucoup espérant que chaque individus y trouvera le calme si heureux et la paix, devenue si rare.
Avignon appartient encore au pape, cela a été décidé hier, Mr de Clermont a pensé être pendu pour avoir bien parlés sur cela.
Adieu ma chère sœur, je n’ai pas le temps de vous écrire plus longuement, j’espère que vous ne jugerez pas de mes sentiments par la taille de cette épître »
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale. Le Roi part avec la Reine, le Dauphin, Madame Royale, Madame Élisabeth et madame de Tourzel. Madame Elisabeth est mise au courant au dernier moment tant on craint qu’elle fasse échouer le plan par son indiscrétion…
Départ de Monsieur et Madame ( le comte et la comtesse de Provence) qui prennent la route de Gand.
Le 21 juin 1791
Le Roi et la famille royale sont arrêtés à Varennes.
Les Provence passent la frontière.
Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Dans la berline, les voyageurs sont accompagnés de Barnave et de Pétion, qui pensera avoir séduit la sœur du Roi …
Madame Élisabeth refusera toujours, même après Varennes, d’émigrer, alors que l’Assemblée ne se serait sans doute pas opposée à son départ (à l’instar de ce qui s’est passé par Mesdames Tantes, autorisées à quitter le territoire).
Le 14 septembre 1791
Le Roi prête serment à la Constitution.
Le 20 septembre 1791
En fin d’après-midi, Louis XVI et Marie Antoinette, le Dauphin et Madame Elisabeth se rendent à l’Opéra, pour assister à la représentation de « Psyché » au théâtre de l’Académie royale de Musique. Ils sont accompagnés de la Famille Royale. Les acclamations sont unanimes et multiples.
Le 25 septembre 1791
Louis XVI et Marie Antoinette, Madame Royale et Madame Elisabeth se rendent à l’Opéra, pour assister à la représentation de « Psyché » au théâtre de l’Académie royale de Musique. Ils sont accompagnés de la Famille Royale. Les acclamations sont unanimes et multiples.
Le 26 septembre 1791
La famille royale paraît à la Comédie-Italienne. Partout Marie-Antoinette se montre gracieuse et affable ; mais l’humeur n’y est plus et madame de Staël, voyant bien souvent la pâleur de Son visage, ne peut s’empêcher de noter «Elle s’effor(ce) d’être aimable. Mais on s’aperçoit une profonde tristesse à travers son obligeant sourire.»
Le 9 novembre 1791
Le comte de Provence est sommé de rentrer en France.
Le 11 novembre 1791
Le Roi oppose son veto aux décrets des 31 octobre et 9 novembre.
Le 14 novembre 1791
Pétion est élu maire de Paris.
Le 29 novembre 1791
Décret faisant des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé des «suspects».
Le 19 décembre 1791
Le Roi oppose son veto au décret sur les prêtres insermentés.
En 1792
Malgré les événements, il est de rigueur pour la princesse d’être élégante , voici donc quelques pages de la gazette des atours de Madame Elisabeth : il contient des échantillons de tissus de ses robes…
La Gazette d’été de Madame Elisabeth permet d’imaginer dans quels tons ont été les dernières vêtures qu’elle a pu porter à la Cour …
Le 9 février 1792
Décret sur la confiscation des biens des émigrés.
Le 23 février 1792
Elle écrit au comte d’Artois :
« (La Reine) n’a pas les défauts qu’on lui reproche. Je crois qu’elle a pu écouter des conseils suspects, mais elle supporte les maux qui l’accablent, avec un courage fort, et il faut encore plus la plaindre que la blâmer, car elle a de bonnes intentions…
Je ne sais si Dieu voudra que je me trompe, mais je crains bien qu’elle ne soit une des premières victimes de tout ce qui se passe, et j’ai le cœur trop serré à ce pressentiment, pour avoir encore du blâme…
… Vous savez la différence d’habitudes et de sociétés que votre sœur a toujours eue avec la Reine. Malgré cela, on se sentirait du rapprochement pour elle quand on la voit injustement accusée et quand on regarde en face l’avenir. »
Le 27 mai 1792
Décret sur la déportation des prêtres réfractaires.
Le 29 mai 1792
Décret supprimant la garde constitutionnelle du Roi.
Le 8 juin 1792
Décret de formation d’un camp de fédérés à Paris.
Le 11 juin 1792
Louis XVI oppose son veto aux décrets des 27 mai et 8 juin.
Lui et la Reine sont désormais surnommés «Monsieur et Madame Veto».
Le 20 juin 1792
Le peuple des faubourgs, encadré par des gardes nationaux et ses représentants, comme le brasseur Santerre (10 à 20 000 manifestants selon Roederer), pénètre dans l’assemblée, où Huguenin lit une pétition. Puis elle envahit le palais des Tuileries.
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.
« Avec le courage passif qui est le sien », selon Michel Vovelle, le Roi subit sans faiblir pendant deux heures le défilé de la foule, accepte de coiffer le bonnet phrygien et boit à la santé de la Nation pour faire passer les paroles de Legendre :
« Monsieur, vous êtes un perfide, vous nous avez toujours trompés, vous nous trompez encore », mais refuse de retirer son veto comme de rappeler les ministres girondins, invoquant la loi et la constitution.
La Reine n’a pu parvenir jusqu’au Roi ; elle est dans la salle du conseil et on avait eu de même l’idée de la placer derrière la grande table, pour la garantir autant que possible de l’approche de ces barbares … les révolutionnaires passent devant Elle afin de L’observer :
« Elle avait attaché à sa tête une cocarde aux trois couleurs qu’un garde national lui avait donnée. Le pauvre petit dauphin était, ainsi que le roi, affublé d’un énorme bonnet rouge. La horde défila devant cette table ; les espèces d’étendards qu’elle portait étaient des symboles de la plus atroce barbarie. Il y en avait un qui représentait une potence à laquelle une méchante poupée était suspendue ; ces mots étaient écrits au bas : Marie Antoinette à la lanterne. Un autre était une planche sur laquelle on avait fixé un cœur de bœuf, autour duquel était écrit : cœur de Louis XVI. Enfin un troisième offrait les cornes d’un bœuf avec une légende obscène.
L’une des plus furieuses jacobines qui défilaient avec ces misérables s’arrêta pour vomir mille imprécations contre la reine.
Sa Majesté lui demanda si elle l’avait jamais vue : elle lui répondit que non ; si elle lui avait fait quelque mal personnel : sa réponse fut la même mais elle ajouta :
«c’est vous qui faites le malheur de la nation.
– On vous l’a dit, reprit la reine ; on vous a trompée. Épouse d’un roi de France, mère du dauphin, je suis française, jamais je ne reverrai mon pays, je ne puis être heureuse ou malheureuse qu’en France ; j’étais heureuse quand vous m’aimiez».
Cette mégère se mit à pleurer, à lui demander pardon, à lui dire : «c’est que je ne vous connaissais pas ; je vois que vous êtes bien bonne».
Mesdames de Lamballe, de Tarente, de La Roche-Aymon, de Mackau entourent alors la Reine, ainsi que Madame de Tourzel qui souligne dans ses Mémoires :
« La Reine était toujours dans la chambre du Roi, lorsqu’un valet de chambre de Mgr le Dauphin accourut tout hors de lui avertir cette princesse que la salle était prise, la garde désarmée, les portes de l’appartement forcées, cassées et enfoncées, et qu’on le suivait.
On se décida à faire entrer la Reine dans la salle du Conseil, par laquelle Santerre faisait défiler sa troupe pour lui faire quitter le château. Elle se présenta à ces factieux au milieu de ses enfants, avec ce courage et cette grandeur d’âme qu’elle avait montrés les 5 et 6 octobre, et qu’elle opposa toujours à leurs injures et à leurs violences.
Sa Majesté s’assit, ayant une table devant elle, Mgr le Dauphin à sa droite et Madame à sa gauche, entourée du bataillon des Filles-Saint-Thomas, qui ne cessa d’opposer un mur inébranlable au peuple rugissant, qui l’invectivait continuellement.
Plusieurs députés s’étaient aussi réunis auprès d’elle.
Santerre fait écarter les grenadiers qui masquaient la Reine, pour lui adresser ces paroles :
«On vous égare, on vous trompe, Madame, le peuple vous aime mieux que vous le pensez, ainsi que le Roi ; ne craignez rien .
– Je ne suis ni égarée ni trompée, répondit la Reine, avec cette dignité qu’on admirait si souvent dans sa personne, et je sais (montrant les grenadiers qui l’entouraient) que je n’ai rien à craindre au milieu de la garde nationale ».
Santerre continua de faire défiler sa horde en lui montrant la Reine. Une femme lui présente un bonnet de laine ; Sa Majesté l’accepte, mais sans en couvrir son auguste front. On le met sur la tête de Mgr le Dauphin, et Santerre, voyant qu’il l’étouffait, le lui fait ôter et porter à la main.
Des femmes armées adressent la parole à la Reine et lui présentent les sans-culottes ; d’autres la menacent, sans que son visage perde un moment de son calme et de sa dignité.
Les cris de «Vivent la Nation, les sans-culottes, la liberté ! à bas le veto ! » continuent.
Cette horde s’écoule enfin par les instances amicales et parfois assez brusques de Santerre, et le défilé ne finit qu’à huit heures du soir.
Madame Elisabeth, après avoir quitté le Roi, vint rejoindre la Reine, et lui donner de ses nouvelles.
Ce prince revint peu après dans sa chambre, et la Reine, qui en fut avertie, y entra immédiatement avec ses enfants.»
Vers dix heures du soir
Pétion et les officiers municipaux font évacuer le château.
Même s’il a subi une humiliation, Louis XVI a fait échouer la manifestation, par son obstination imprévue et sa fermeté tranquille, et il se tient désormais sur ses gardes. Surtout, elle renforce l’opposition royaliste, le déchaînement de la foule et le courage du Roi suscitant un courant d’opinion en sa faveur. Des départements parviennent à Paris adresses et pétitions pour dénoncer la manifestation, même si de nombreux clubs envoient des pétitions hostiles au Roi. Pétion est suspendu de ses fonctions de maire.
Louis XVI conserve sa détermination à défendre la Constitution en espérant un sursaut de l’opinion en sa faveur, ce qui se manifeste le 14 juillet, troisième fête de la fédération, étant l’objet de manifestations de sympathie.
« Ce fut à ce moment qu’un furieux voulut frapper la sœur du roi, en s’écriant : »Voilà l’Autrichienne qu’il faut tuer. » Un officier de la garde se hâta de la nommer. « Pourquoi, lui dit Madame Elisabeth, ne pas leur laisser croire que je suis la reine, vous auriez peut-être évité un plus grand crime.»
Joseph Weber
Le 11 juillet 1792
«La patrie en danger».
Le 25 juillet 1792
Signature du manifeste de Brunswick
Le 3 août 1792
Une majorité de sections de Paris demande la déchéance de Louis XVI.
Dans les jours précédents le 10 août 1792
Madame Elisabeth ne laisse paraître aucune crainte ; néanmoins elle est en proie aux plus vives alarmes. Elle a peur pour son frère, sa belle-sœur et les enfants.
Jeudi 9 août 1792
Marie-Antoinette va alternativement chez le Roi, et chez Ses enfants, accompagnée de Madame Elisabeth, et retourne dans le cabinet du Roi.
Le 10 août 1792
En pleine nuit, le tocsin sonne au couvent des Cordeliers. Danton lance alors les sections parisiennes à l’assaut de l’hôtel de Ville, met à la porte la municipalité légale et y installe sa «commune insurrectionnelle», qui s’effondrera le 9 thermidor avec Robespierre.
Le commandant de la garde Nationale, Galliot de Mandat, favorable à Louis XVI, est convoqué à l’hôtel de ville. C’est un piège. Dès qu’il y pénètre, il est assassiné. Son corps est jeté dans la seine, et sa tête, plantée sur une pique. Santerre, le roi des faubourgs, le remplace.
Les Tuileries constituent le dernier objectif. Pour défendre le palais, le Roi peut compter sur ses mille à mille deux cents gardes Suisses, sur trois cents chevaliers de Saint louis, sur une centaine de nobles et de gentilshommes qui lui sont restés fidèles. La Garde nationale est passée dans le camp adverse. Seul le bataillon royaliste des «filles de Saint Thomas» est demeuré fidèle au souverain.
On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide alors de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.
Roederer, le «procureur syndic du département» convainc le Roi de se réfugier à l’assemblée Nationale avec sa famille. Ceux qui ne font pas partie de la famille royale ne sont pas autorisés à les accompagner.
Traversant le jardin des Tuileries, et marchant sur des feuilles tombées des arbres, Louis XVI aurait dit : « L’hiver arrive vite, cette année ».
Dans ses mémoires, madame de Tourzel raconte ainsi la scène :
« Nous traversâmes tristement les Tuileries pour gagner l’Assemblée. MM. de Poix, d’Hervilly, de Fleurieu, de Bachmann, major des Suisses, le duc de Choiseul, mon fils et plusieurs autres se mirent à la suite de Sa Majesté mais on ne les laissa pas entrer ».
Louis XVI. en proie à la plus vive anxiété, se réfugie avec sa famille au sein de l’assemblée, où il entre en disant :
« Je suis venu ici pour éviter un grand crime qui allait se commettre. »
L’assemblée nationale fait entrer les membres de la famille royale dans la minuscule loge du logographe et continue les débats.
Le Roi est suspendu de ses fonctions.
Revenu dans le château, Bachmann demande un ordre précis du Roi, et cet ordre ne venant pas, il organise la défense des Gardes suisses qui font face à l’envahissement des émeutiers.
Le soir du 10 août 1792
La famille royale est logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles : quatre pièces du couvent seulement leur sont dédiées… pendant trois jours.
A une heure, Louis XVI et sa famille se rendent aux Feuillants où des chambres ont été préparées. Des commissaires de l’Assemblée nationale et un détachement de la garde nationale les accompagnent.
Toutes les chambres sont contigües : la première sert d’antichambre où veillent cinq gentilshommes qui ne veulent pas quitter le Roi (M. de Briges, le prince de Poix, le duc de Choiseul, le baron de Goguelat, M. de Saint-Pardoux et le baron d’Aubier) ; le Roi se trouve dans la seconde ; la Reine et les enfants dans la troisième ; Madame Elisabeth, la princesse de Lamballe et la marquise de Tourzel dans la dernière.
Pour dormir, Louis XVI a une serviette qui lui tient de bonnet de nuit, et à demi habillé. Le baron d’Aubier et la marquise de Tourzel dorment au pied du lit de Louis XVI.
Madame Elisabeth, la princesse de Lamballe et la marquise de Tourzel dorment sur des matelas à même le sol.
Madame Mertins, première femme de chambre de la princesse de Lamballe, qui a sa confiance absolue, parvient à entrer à l’Assemblée nationale, par l’appartement de M. de Villemotte. Elle couche dans la même chambre que la princesse de Lamballe, à ses pieds.
Vendredi 11 août 1792
La Famille Royale se trouve sans vêtements de rechange. M. Pascal, officier des cent suisses, qui a une corpulence comparable à celle de Louis XVI, lui offre des vêtements ; la duchesse de Gramont transmet du linge de corps à Marie Antoinette ; la comtesse Gover-Sutherland, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre, apporte des vêtements pour le prince royal.
Louis XVI apprenant l’envoi de linges que la duchesse de Gramont, sœur de feu le duc de Choiseul, vient de faire à la Reine, lui écrit le billet suivant, qui indique que la duchesse de Gramont ne borne pas ses offres à celle de quelques vêtements :
« Au sein de l’Assemblée nationale, le 11 août.
Nous acceptons, Madame, vos offres généreuses, l’horreur de notre position nous en fait sentir tout le prix, nous ne pourrons jamais reconnaître tant de loyauté que par la durée de nos plus tendres sentiments.
Louis. »
Louis XVI
Samedi 12 août 1792
Louis XVI et sa famille retournent, à dix heures, dans la loge du logographe.
Le soir, ils retournent aux Feuillants. Il espère y goûter un peu de repos et conserver avec lui les cinq gentilshommes qui l’avaient accompagné. Mais la garde est changée par des hommes jaloux et méchants. Le Roi passe, avec sa famille, dans la salle où l’on a préparé le souper. Ils sont servis, pour la dernière fois, par les cinq gentilshommes. La séparation prochaine rend ce repas triste et funèbre, car Louis XVI a appris qu’un décret ordonne de les faire arrêter. Louis XVI ne mange pas mais le prolonge autant qu’il le peut. Il ordonne aux cinq gentilshommes de le quitter, et leur fait embrasser ses enfants. Pendant ce temps, la garde monte pour se saisir d’eux mais ils arrivent à s’échapper par un escalier dérobé.
Le 13 août 1792
La Commune décide de transférer la famille royale au Temple… en passant par la place Louis XV qu’on a déjà rebaptisée Place de la Révolution, on montre au Roi comme la statue de son grand-père est en train d’être déboulonnée pour faire disparaître toutes les marques du régime qui devient dès lors ancien…
Il annonce à sa sœur que Marie Antoinette a demandé à leur mère qu’elle les rejoigne, et Louis XVI en a obtenu la permission de Pétion, maire de Paris.
Il vient donc la chercher pour la mener aux Feuillants ; elle y arrive à neuf heures.
Selon madame de Tourzel, la famille royale, accueillie par Santerre, voit d’abord la cour du palais illuminée de lampions comme s’ils étaient attendus pour une fête ; on retrouve l’ambiance des grands couverts qui rythmaient la vie de Cour à Versailles et aux Tuileries…
Après un splendide dîner servi dans l’ancien palais du comte d’Artois ( où la famille royale espère encore être logée) , la messe est dite dans un salon. Après avoir visité les lieux, Louis XVI commence à répartir les logements.
A onze heures du soir
Alors que le Dauphin est gagné par le sommeil et que madame de Tourzel est surprise d’être emmenée en direction de la Tour, le Roi comprend qu’il a été joué par la Commune.
Pétion, qui estimait que la grande Tour était en trop mauvais état, a résolu de loger la famille royale dans la petite en attendant la fin des travaux ordonnés pour isoler la prison du monde extérieur.
La Tour qui tant frémir Marie-Antoinette, autrefois, qu’Elle avait demandé à Son beau-frère qu’il la détruise. Était-ce un pressentiment de Sa part?
Quittant les magnifiques salons du comte d’Artois, la famille royale est emmenée dans la petite tour pour être logés dans les appartements de Jacques-Albert Berthélemy, ancien avocat archiviste de l’ordre de Malte, détenteur de cette charge depuis 1774. Il avait obtenu ce logement de fonction en 1782, où il vivait , en vieux célibataire et il n’y avait véritablement de la place chez lui que pour loger un seul maître de maison. Pour des raisons de sécurité, les domestiques héritent des pièces du bas, les plus confortables, tandis que la famille royale loge dans les parties hautes de la tour, dans des pièces à l’abandon depuis des années. Du mobilier est apporté du Garde-Meuble et du palais du Temple afin de compléter celui de l’archiviste.
« La famille royale occupa d’abord la petite tour; il n’y avait que deux chambres à chaque étage, et une petite qui servait de passage de l’une à l’autre. On y plaça la princesse de Lamballe, et la Reine occupa la seconde chambre, en face de celle de Mgr le Dauphin. Le Roi logea au-dessus de la Reine, et l’on établit un corps de garde dans la chambre à côté de la sienne. Madame Élisabeth fut établie dans une cuisine, qui donnait sur ce corps de garde et dont la saleté était affreuse. »
Le 20 août 1792
On vient chercher tous ceux qui n’appartiennent pas à la Famille Royale stricto sensu. Madame de Lamballe, madame de Tourzel et sa fille Pauline sont transférées dans l’affreuse prison de la Petite Force, les trois dames sont réunies dans une seule cellule assez spacieuse.
Le 25 août 1792
Le soir, Manuel apporte, à Madame Elisabeth, une lettre de Mesdames : c’est la dernière que Louis XVI et la famille royale recevront de l’extérieur.
Le 3 septembre 1792
Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.
Massacres dans les prisons.
Le 15 septembre 1792
Le duc d’Orléans, rebaptisé Philippe Égalité, cousin du Roi, est élu député à la Convention.
Le 20 septembre 1792
La bataille de Valmy est remportée par l’armée française commandée par Dumouriez et Kellermann sur l’armée coalisée commandée par le duc de Brunswick.
Fidèles au Roi Louis XVI, les Bombelles émigrent en Suisse après la bataille de Valmy. Il loge alors au château de Wartegg à Rorschach dans le canton de Saint-Gall, puis s’installent à Ratisbonne.
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.
C’est à ce moment que la famille de Bombelles choisit d’émigrer en Suisse…
Peu à peu la Famille Royale adopte un rythme de vie régulier :
6 h : lever du Roi. Prière. Le reste de la famille se lève un peu plus tard.
9 h : petit-déjeuner, assez copieux, du moins au début puis instruction des enfants
12 h : promenade sur le chemin de ronde
13 h : retour dans les appartements
14 h : déjeuner puis jeux du type échecs et broderie
16 h : sieste du Roi puis, de nouveau, instruction des enfants
20 h : dîner et coucher des enfants
21 h : dîner des adultes
Vers minuit : coucher
Le 11 décembre 1792
Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de Monsieur de Sèze et de Target. Celui-ci refuse. Monsieur de Malesherbes (1721-1794) se porte volontaire.
Le 26 décembre 1792
Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.
Au Temple, Madame Elisabeth réussit à cacher, dans une fissure du mur de la cheminée, la petite croix d’argent que sa mère, la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, lui avait léguée. Quand la porte est fermée aux verrous, elle s’agenouille devant la petite croix et prie Dieu.
La croix sera retrouvée dans les gravas de la Tour du Temple, en 1808, lorsque Napoléon Ier en demandera la destruction. Elle sera offerte à la cathédrale de Chartres.
Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.
Le 20 janvier 1793
Louis XVI passe la soirée avec sa femme, sa soeur et ses enfants pour leur dire adieu.
Le 21 janvier 1793
Dix heures vingt-deux minutes
Exécution de Louis XVI qui a pu prendre congé de sa famille la veille et être accompagné à l’échafaud par un prêtre insermenté, l’abbé Edgeworth de Firmont (1745-1807), recommandé par Madame Elisabeth.
Le 24 janvier 1793
Madame Royale est soignée par le Docteur Brunier :
En Mars 1793
Début de l’insurrection en Vendée.
Le 10 mars 1793
Formation du Tribunal révolutionnaire.
Le 20 mars 1793
Après l’exécution du Roi, Marie-Antoinette demeure au Temple avec ses deux enfants et sa belle-sœur Élisabeth. Quelques fidèles tentent de les faire évader.
Anne Letourneau (Madame Elisabeth) et Jane Seymour (Marie-Antoinette) dans Les Années Terribles (1989) de Richard Heffron
D’abord un officier municipal, nommé Toulan, Méridional au cœur chaud qui, muni d’un billet de la Reine, entre en rapport avec Jarjayes et lui soumet un plan hasardeux. Des habits d’officiers municipaux seront cachés dans la Tour, la Reine et Madame Élisabeth les revêtiront le jour où Toulan sera de garde avec son collègue Lepitre, comme lui royaliste de cœur.
Un faux lampiste viendra allumer les réverbères, les enfants déguisés lui seront remis, ils passeront pour les siens.
Tout paraît d’abord succéder.
Adroit, Toulan fait pénétrer au Temple Jarjayes qui, ayant parlé à la Reine, fournit les fonds nécessaires. On se procure des voitures et des passeports; les fugitifs doivent gagner la Normandie puis l’Angleterre.
Mais Toulan est dénoncé a la Commune et le projet avorte. Marie-Antoinette pourrait s’enfuir seule, Elle refuse, veut partager le sort de Ses enfants : «Nous avons fait un beau rêve, voilà tout… »
Le 6 avril 1793
Formation du Comité de Salut public.
Le 22 juin 1793
Le baron de Batz, singulier personnage au cerveau débordant d’idées, royaliste fougueux, financier sans vergogne, s’il n’a pu sauver Louis XVI le 21 janvier, n’a pas renoncé a sauver sa famille.
A son tour, ce diable d’homme, aidé de l’officier municipal Mîchonis et d’un épicier appelé Cortey, capitaine dans la garde nationale, s’introduit au Temple, le jour où Michonis est de service à la Tour.
Les princesses, revêtues de capotes d’uniforme, doivent sortir l’arme au bras avec le petit Roi dans une patrouille conduite par Cortey.
A onze heures du soir
Le moment parait venu.
Mais, avertie par une lettre anonyme (provenant sans doute des Tison, espions qu’elle a placés au Temple), la Commune envoie l’un de ses membres, le cordonnier Simon, inviter Michonis a lui remettre ses pouvoirs et a se rendre à l’Hôtel de ville.
Michonis ne peut qu’obéir, Batz s’enfuit; une fois de plus le complot a avorté.
Le 29 juin 1793
Prise de remords terribles, Madame Tison sombre bientôt dans la folie . Il faut la retirer de la tour du Temple.
Le 3 juillet 1793
Louis-Charles, Louis XVII, est enlevé à sa mère et confié au cordonnier Antoine Simon (1736-1794).
Pendant une heure, la Reine lutte pour convaincre les cinq municipaux de Lui laisser Son fils… en vain…
Ce n’est que lorsque les envoyés du Comité de salut public La menacent de s’en prendre à la vie de Ses enfants que Marie-Antoinette les laissent emmener Son Chou d’amour qui logera dans l’ancien «appartement» de Louis XVI, un étage en dessous…
Le 2 août 1793
à deux heures quarante du matin
Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.
Août 1793
Grâce à Michonis Marie-Antoinette obtient qu’on Lui envoie du Temple un colis de la part de Madame Élisabeth contenant des chemises, deux paires de bas de soie noire, une cape et une paire de chaussures à la «Saint-Huberty», dont Elle avait besoin d’urgence, car les Siennes étaient pourries par l’humidité…
Le 5 septembre 1793
La Terreur est mise à l’ordre du jour.
Le 17 septembre 1793
Loi des suspects
Le 3 octobre 1793
La Reine est déférée au Tribunal révolutionnaire.
Hébert prépare son ignoble accusation d’inceste. On fait signer un aveu au petit Louis-Charles, qui y révèle des choses affreuses , notamment que sa mère et sa tante le faisaient souvent coucher entre elles… Lorsqu’Élisabeth est confrontée à son neveu elle ne peut relâcher :
« Le petit monstre !!!»
Le 16 octobre 1793
Marie-Antoinette est condamnée à mort, en rentrant dans Sa cellule, Elle adresse à Madame Élisabeth cette ultime lettre qui ne lui parviendra jamais :
ce 16 8bre à 4 h ½ du matin
« C’est à vous, ma Sœur, que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère ; comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ces derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien, j’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants ; vous savez que je n’existais que pour eux, et vous, ma bonne et tendre Sœur : vous qui avez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous ; dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris par le plaidoyer même du procès que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre je ne sais même pas si celle-ci vous parviendra, recevez pour eux deux ici, ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous, et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer, que les principes, et l’exécution exacte de ses devoirs sont la première base de la vie ; que leur amitié et leur confiance mutuelle, en feront le bonheur ; que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère pour les conseils que [rature] l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur, tous les soins, les services que l’amitié peut inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union. Qu’ils prennent exemple de nous, combien dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolations, et dans le bonheur on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus cher que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger notre mort. J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant, doit vous avoir fait de la peine ; pardonnez-lui, ma chère Sœur ; pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire a[sic]un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas, un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais, outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche en a été si rapide, que je n’en aurais réellement pas eu le temps.
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celle de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée, n’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas s’il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop, si ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe. J’espère que dans sa bonté il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’il veuille bien recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté. Je demande pardon à tout ceux que je connais, et à vous, ma Sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aura pu vous causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes [rature] et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis, l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant, qu’ils sachent, du moins, que jusqu’à mon dernier moment, j’ai pensé à eux. Adieu, ma bonne et tendre Sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! pensez toujours à moi ; je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ces pauvres et chers enfants ; mon Dieu ! qu’il est déchirant de les quitter pour toujours. Adieu, adieu ! je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être, un prêtre, mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger.»
Marie-Thérèse rapportera que sa tante lui apprend alors à respecter une activité quotidienne en parcourant de long en large, ou en rond leur prison afin de ne pas perdre en énergie, ni en muscles.
Elle lui inculque également les préceptes de l’hygiène, lui faisant verser des seaux d’eau sur le sol et nettoyer au balai afin de garder un semblant de bienséance dans leur appartement du Temple.
Cela l’aidera dans sa prochaine solitude….
Hiver 1793-1794
Le Père Duchesne, à la fin de l’automne ou au début de l’hiver 1793, appelle à l’exécution de Madame Elisabeth :
« Pas de quartier à la racaille ! Quand il y a du mauvais sang, il faut le laisser faire. La Convention s’est couverte de gloire en se purgeant de la crasse tardive… Si les traîtres ne sont pas tous guillotinés, vous serez les prochains à tomber. Exigez, par l’enfer, que tout ce qui reste de la race Capet soit immolé, et surtout que la jeune Babet [Madame Elisabeth] soit envoyée rejoindre son prétendu Manuel. Ne lâchons pas prise tant que le dernier des Brissotines n’aura pas passé la tête par la fenêtre.
Le 9 mai 1794 au soir
« Au moment où nous allions nous coucher, les verrous furent retirés et quelqu’un frappa à notre porte. Ma tante a répondu qu’elle mettait sa robe; ils répondirent qu’elle ne devait pas être si longue, et ils frappèrent si fort qu’on crut que la porte allait s’enfoncer. Elle l’ouvrit en s’habillant. Ils lui dirent : « Citoyenne , tu veux bien descendre. »
Marie-Thérèse de France
« Et ma nièce ?
-Nous nous occuperons d’elle plus tard.»
Ma tante m’a embrassé et m’a dit de rester calme car elle reviendrait bientôt.
« Non, citoyenne, tu ne reviendras pas, lui dirent-ils ; Prends ta coiffe et descends.»
Ils l’accablèrent alors d’injures et de grossièretés ; elle supporta tout avec patience, prit son bonnet ; m’embrassa de nouveau, et me dit d’avoir du courage et de la fermeté, d’espérer toujours en Dieu, de pratiquer les bons principes de religion que m’avaient donnés mes parents, et de ne pas faillir aux dernières instructions que me donnaient mon père et ma mère .»
On extirpe Madame Élisabeth du Temple, on la conduit à la Conciergerie où à son arrivée personne ne lui dit ce qu’il est advenu de la Reine… elle pense être mise en cellule avec Elle, mais devant la gêne et le silence elle pense que Marie-Antoinette en tant que Reine déchue est mise au secret…
En fait, ce n’est que pour la présenter au Tribunal Révolutionnaire … D’ailleurs son procès est un bel exemple de mascarade révolutionnaire à son apogée … très certainement le procès de trop.
Ce fut la section du Panthéon français qui demanda officiellement son procès et sa mort…
« il est temps que la terre de la liberté cesse de nourrir ses plus mortels ennemis … »
en fait la terre de la liberté préférait s’arroser du sang de victimes innocentes…
Robespierre et le comité du salut public n’ont pas eu un rôle simple… D’une part satisfaire les exigences de la nation… et d’autre part trouver les moyens de discréditer la «sainte du Temple» comme dit Monique de Huertas. Rien ne peut être prouvé et articulé contre elle, d’autant que personne n’y croirait… Madame Élisabeth n’est pas Marie-Antoinette aux yeux des français.
Par contre, on lui fait un premier interrogatoire proche de celui de la Reine… elle réfute tout et surtout le vol des diamants de la Couronne intervenu alors qu’elle était en détention … et c’est Chauveau-Lagarde qui est nommé pour conseil pour Madame Élisabeth…
Chauveau-Lagarde ne peut s’entretenir avec elle… on lui avait menti sur les dates… et est surpris de retrouver le jour même Madame Élisabeth dans la salle du tribunal positionnée de façon à ce que l’on ne voit qu’elle… d’ailleurs sur vingt-cinq prévenus, l’attention du procès ne porte que sur elle. Une fille de France c’est rare dans ce temple de justice déraisonnable où les accusés ne peuvent même plus se défendre…
« Avez-vous conspiré avec feu Tyran contre la sécurité et la liberté du peuple français ?
-Je ne sais pas à qui vous donnez ce titre, mais je n’ai jamais désiré que le bien des Français.
– Avez-vous entretenu une correspondance avec les ennemis intérieurs et extérieurs de la République, notamment avec les frères de Capet et les vôtres, et ne leur avez-vous pas fourni du secours et des armes ?
– Je n’ai connu que les amis de la France. Je n’ai jamais envoyé de secours à mes frères, et depuis le mois d’août 1792 je n’ai plus de nouvelles d’eux et je ne leur ai pas donné de mes nouvelles.
– Ne leur avez-vous pas envoyé des diamants ?
-Non.
– Je dois vous faire observer que votre réponse n’est pas exacte sur cette question des diamants, car il est notoire que vous avez fait vendre vos diamants en Hollande et dans d’autres pays à l’étranger, et que vous avez envoyé les bénéfices par vos agents à vos Frères pour aider pour qu’ils poursuivent leur rébellion contre le peuple français.
-Je nie le fait parce que c’est faux.»
Comme Fouquier-Tinville la qualifie de «sœur du tyran» , elle a le front de lui rétorquer:
« Si mon frère avait été ce que vous dites, vous ne seriez pas là où vous êtes, ni moi, là où je suis !»
On parle de dépenses, de «mauvaise vie», de ses diamants qu’elle fit passer à l’étranger, des mauvais traitements sur Louis XVII, de son art elle aussi de dissimulation… bref on cherche avant tout à la supprimer.
Le procureur général :
«N’avez-vous pas pansé et pansé vous-même les assassins envoyés sur les Champs Élysées par votre frère contre les braves Marseillais ?»
Madame Elisabeth :
«Je n’ai jamais su que mon frère envoyait des assassins contre qui que ce soit, peu importe qui. Bien que j’aie secouru quelques blessés, l’humanité seule m’a déterminé à panser leurs blessures ; Je n’avais pas besoin de connaître la cause de leurs maux pour m’occuper de leur soulagement. Je n’en fais aucun mérite, et je ne peux pas imaginer qu’on puisse en faire un crime.»
Chauveau-Lagarde , au regard de cette mascarade de procès aura une superbe plaidoirie…
«Au lieu d’une défense je n’ai plus à présenter pour la citoyenne Elisabeth que son apologie»
… ce à quoi Dumas rétorque
«Vous corrompez la morale publique»
… on le voit juger et condamner Madame Élisabeth était très dangereux car il n’y avait rien à articuler contre elle.
Quoiqu’il en soit, elle est condamnée avec ses vingt-cinq compagnons de procès, parmi lesquels on compte Calixte de Montmorin (vingt-deux ans), madame de Montmorin sa mère, Charles de Lémonie, Charlotte de Lémonie, La marquise de l’Aigle, madame de Lamoignon, Georges Folappe, Marcel Letelliet . Elle impressionne par son calme, sa douceur…
On lui refuse le secours d’un prêtre :
Fouquier-Tinville a un geste de dérision en s’exclamant: «Bah! Bah! Elle mourra bien sans la bénédiction d’un capucin!»
D’après ce qu’il confiera à la princesse de Tarente, l’abbé Magnin, confesseur de Marie-Antoinette, put aussi donner à la princesse la dernière absolution. Une nouvelle fois, Elisabeth prie le concierge de bien vouloir présenter ses compliments à sa sœur. C’est alors qu’elle apprend enfin par une accusée le destin de Marie-Antoinette…
« Je vois que vous ignorez encore que Madame votre sœur a subi le sort que nous allons subir à notre tour.»
Le 10 mai 1794
Jour de l’exécution de Madame Élisabeth :
Elle encourage ses compagnons à la mort, à cette dure fatalité, elle rassure, elle écoute, elle conseille … en un mot elle est le pilier psychologique de cette fournée pour l’échafaud.
Un gardien nommé Geoffroy relate que tous, comme attirés par une force surnaturelle, viennent se grouper autour d’Elisabeth. A chacun elle dit un mot, une phrase, qui vient du plus profond de son cœur :
« Ayez confiance en Dieu, qui récompense tous les sacrifices maintenant accomplis… Je vous conjure d’offrir votre vie pour le salut de votre âme, et aussi pour celui de la France…»
Au comte Loménie de Brienne, ancien ministre de Louis XVI, qui gémit n’avoir cessé de faire le bien dans son domaine:
« Ah! Monsieur, s’il est beau de mériter l’estime de ses concitoyens, croyez qu’il est encore plus beau de mériter la clémence de Dieu. Vous avez montré à vos compatriotes comment faire le bien, vous leur montrerez comment on meurt quand on a la conscience en paix.»
Madame de Montmorin pleure, non pas sur elle, mais pour son fils, si jeune, qui tente en vain de la consoler : Je veux bien mourir, mais je ne puis le voir mourir, lui…
« Vous aimez votre fils et vous ne voulez pas qu’il vous accompagne! s’étonne Elisabeth. Vous allez trouver les félicités du Ciel, et vous voulez qu’il demeure sur cette terre où il n’y a aujourd’hui que tourments et douleurs !»
« Viens, viens, mon enfant, nous monterons ensemble!» s’exclame la malheureuse mère, transfigurée
propos recueillis par Marguerite, une domestique de Madame de Montmorin
Madame de Lamoignon offre sans regret ce qui lui reste de vie, ainsi que la marquise de Crussol d’Amboise, âgée de soixante-quatre ans.
« Voyez mes amis, il faut nous réjouir: on n’exige point de nous, comme des anciens martyrs, le sacrifice de nos croyances, on ne nous demande que l’abandon de notre misérable vie ! Faisons à Dieu ce faible sacrifice avec résignation.»
On vient procéder à la toilette funèbre des condamnés. Elisabeth sent sur son cou délicat la lame froide des ciseaux. La chevelure tombe à ses pieds… Elle sera vendue un bon prix avec toutes les autres. Un roulement sourd retentit dans la cour de Mai. Ce sont les charrettes, ces véhicules que Barère de Vieuzac appelle «les bières des vivants», qui viennent chercher ceux qui doivent mourir.
La princesse, peut-être en un dernier geste de coquetterie ou par respect des convenances, recouvre ses mèches inégales d’un grand mouchoir blanc.
Avant de partir, elle conjure la comtesse de Sérilly de faire l’aveu de sa grossesse.
« A quoi bon? répète la jeune veuve, pourquoi prolonger mes souffrances?»
Elisabeth la résonne, lui fait comprendre que c’est un devoir sacré envers l’enfant qu’elle porte et en souvenir de son mari. Madame Sérilly finit par s’incliner et sera sauvée par la chute de Robespierre. Le ciel est radieusement bleu en ce 20 floréal, an II de la République.
C’est son médecin et ami, Dassy, le compagnon des promenades à Fontainebleau, qui en la voyant dans la charrette parlera d’ange qu’on mène à l’échafaud … Le docteur Dassy se sent défaillir. Suffoqué de chagrin, il peut à peine se traîner vers son domicile et dire à son épouse: J’ai reçu un coup de mort. Il lui faudra plusieurs jours pour se remettre. Pour tout dire personne ne savait qu’elle allait mourir et un silence s’impose lorsque la charrette passe. Les gens qui crient, en reconnaissant la condamnée se taisent car ils sont consternés.
« le peuple l’admire et ne l’insulte point…comme si la vue de la martyre arrêtait sur ses lèvres tout blasphème et toute injure»
Moelle, membre de la Commune
L’abbé de Sambucy, devenu tourneur chez un quincaillier en face de la cour de Mai, accompagne longtemps du regard la fine silhouette blanche; avec son fichu de mousseline qui couvre ses épaules.
Moelle, qui a souvent vu Elisabeth au Temple, se trouve à la descente du Pont-Neuf, du côté du quai de l’Ecole. Il remarque à ce moment que le grand mouchoir blanc qui couvrait la tête de la princesse vient de glisser et tomber à ses pieds. Le bourreau, debout à ses côtés, propose de le lui replacer, et, sur le refus d’Elisabeth, il met le mouchoir dans sa poche. Le réflexe bien naturel de dissimuler l’horrible coupe de cheveux est dépassé et plutôt que d’être touchée par cet homme dont les mains ont été rougies par le sang des siens, elle préfère rester tête nue.
Madame Élisabeth récite à haute voix le De Profundis, Calixte de Montmorin criant «Vive le Roi» à chaque cris de Vive la république… suivi en cela par de jeunes co condamnés domestiques. Descendue du véhicule, elle s’assied sur un banc avec «sa cour», le dos à l’échafaud. Chaque condamné s’incline devant la princesse qui donne le baiser de paix à chacune des dames gravissant les marches fatales…
Fouquier-Tinville et Dumas, selon un usage cruellement raffiné, l’ont désignée comme la dernière à passer sous le couperet. Claude-Louise-Angélique Bersin, marquise de Crussol d’Amboise (1730-1794), appelée la première s’incline profondément devant la princesse et lui demande la grâce de pouvoir l’embrasser.
Elisabeth se souvient-elle de la petite fille qui refusait d’embrasser ceux qui n’appartenaient pas à sa famille? Elle sourit:
« Bien volontiers, et de tout mon cœur ».
Chez elle, ce n’est pas un vain mot. Toutes les femmes reçoivent ce baiser, baiser de paix, communion spirituelle avec elle.
Les hommes ploient le genou : « Elle préside ainsi, en vraie princesse du sang, sa dernière réception, entourée des égards, du respect et de l’amour de ses compagnons».
Chaque fois que le bourreau accomplit sa sinistre besogne, la foule hurle: «Vive la Nation! Vive la République!»
Acclamations auxquelles Calixte de Montmorin répond par un vibrant «Vive le Roi!» répété aussitôt par le brave Baptiste Dubois, domestique de son état, peut-être secrètement fier de se trouver en compagnie d’aussi beau monde pour mourir.
nfin l’abbé Chambertrand monte à son tour les marches raides. « Courage et foi en la miséricorde de Dieu », murmure Elisabeth en guise d’adieu.
La voici seule…
-Elisabeth Capet!
Elle se lève sans hésiter. D’un pas ferme, elle gravit les degrés.
Le capitaine Macé devant donner le signal exécution tombe paralysé et en transe… et le peuple quittera la place en silence…
La légende veut qu’une odeur de roses se dégageait après que le couperet avait séparé la tête du corps de Madame Élisabeth. Légende répandue sans nul doute pour que Madame Élisabeth soit classée rapidement parmi les Saintes Martyres de la Religion…
On note le silence de la foule durant sa montée des marches et sa mort… même pas de tambours le temps semble s’être arrêté… Tandis qu’on l’attache sur la planche , son fichu de mousseline glisse, découvrant ses épaules.
« Au nom de la pudeur, couvrez-moi., monsieur»
demande-t-elle au bourreau.
Avec douceur, le bourreau lui rajuste son fichu. Ce sont ses dernières paroles.
« Si j’étais peintre, a écrit Ernest Daudet, et si j’avais à fixer le portrait de cette boucherie sur la toile, je montrerais, au moment où la princesse reçoit le coup de mort, une blanche colombe s’élançant de son corps mutilé… Cette image de légende symboliserait une chose admirable: une âme de martyre allant au ciel, non pour lui demander vengeance contre ceux qui l’on fait périr, mais pour supplier de leur pardonner».
Comme saisie de stupeur, la foule s’écoule en silence.
« Au moment où j’ai aperçu la charrette sur laquelle on place les cadavres et les têtes des victimes, relate la femme Baudet, concierge de l’hospice de Devillars, rue du Regard, je suis partie comme le vent!»
« Elle est morte comme un héros, avec une telle patience et une telle tranquillité que sa mort a produit, même parmi les monstres qui l’ont égorgée, un tel étonnement que, le soir même du 10, il fut porté chez tous les imprimeurs et journalistes un ordre du Comité du salut public, qui défendait de parler d’aucun détail de cet événement».
Derrière la guillotine stationne un tombereau attelé de deux chevaux. A l’intérieur, deux paniers: l’un relativement grand pour les corps, l’autre plus petit pour les têtes des suppliciés. Escorté par la gendarmerie, le funèbre véhicule se met en marche en grinçant.
Quelques rares cris isolés de «Vive la République!» s’élèvent, poussés par des irréductibles.
Lentement, le convoi suit les rues de la Madeleine, de l’Arcade, de la Pologne, de Saint-Lazare et gravit la rue du Rocher. Nulle manifestation ne se produit sur le parcours, parfois, derrière la vitre d’une fenêtre, on devine un visage à demi dissimulé par les rideaux. Quelques passants se signent furtivement.
Au haut de la montée, la rue du Rocher dont le tracé est resté le même, prend alors le nom de rue des Errancis, un simple chemin de terre qui conduit à la barrière de Mousseau (aujourd’hui Monceau).
« Le soir du [jour de l’exécution de Madame Elisabeth] Robespierre entra, comme il le faisait souvent, dans la boutique de Maret le libraire, au Palais-Royal. … Maret [n’a pas pu] … contenir son indignation. «Ils murmurent, ils crient contre vous», a-t-il dit. « Qu’est-ce que Madame Elisabeth a fait ? Pourquoi avez-vous envoyé à l’échafaud cette femme innocente et vertueuse ?»
« Je vous assure, ma chère Maret, répondit Robespierre, que loin d’être responsable de la mort de Madame Elisabeth, j’ai essayé de la sauver. C’est Collot d’Herbois qui me l’a arrachée.»
Madame Elisabeth de France par Yvonne de la Vergne
Depuis deux mois, cet enclos, où l’on remarque encore des traces de culture, sert de cimetière, celui de la Madeleine n’ayant plus suffisamment de terre pour recouvrir les trépassés. Dans l’enclos, une tranchée de douze à quinze pieds a déjà été préparée.
Le corps de Madame Elisabeth est aisément reconnaissable. Exécutée en dernier, elle repose sur la pile de cadavres et, de ce fait, ses vêtements blancs sont à peine tâchés de sang. Celle dont les derniers mots ont été un appel à la pudeur est alors dépouillée de ses effets qui seront remis à l’Hôtel-Dieu, avec tous les autres. Les cadavres peut-être encore tièdes sont descendus et rangés dans la fosse, mais (détail atroce) les têtes sont mises au petit bonheur. De sorte que si le fossoyeur déclarera plus tard que la princesse a été couchée «face contre terre, dans le fond de la fosse, du côté le plus rapproché du mur», il ne put préciser où se trouvait la tête…
Le fond de la tombe une fois rempli, on recouvre de terres les suppliciés, et ainsi de suite jusqu’à la troisième rangée sur une hauteur de trois pieds de terre. Au 97 rue de Monceau, presque à l’angle que cette rue forme avec la rue du Rocher, on peut lire sur une plaque: «Emplacement de l’ancien cimetière des Errancis où furent inhumés, du 24 mars 1794 au mois de mai 1795, les corps de 1119 personnes guillotinées place de la Révolution».
Quand le commis de l’exécuteur, le citoyen Desmouret, fouille dans les poches de Madame Elisabeth, il trouve les précieux trésors qu’elle a voulu conserver jusqu’au dernier instant: un mini-crucifix enfermé dans un médaillon en verre cerclé d’or; un cachet en or en trois parties représentant les armes de France et de Navarre «de l’Ancien Régime», l’autre une colombe et la dernière une tête d’homme; une chaîne en or où se trouve attaché un cœur contenant des cheveux et une petite croix en or; une médaille d’argent représentant une immaculée conception de la ci-devant Vierge et une petite clé de portefeuille…
La statue de la Reine à la Chapelle Expiatoire inaugurée le 21 janvier 1815 par Louis XVIII, rend hommage à sa sœur aussi.
Marie-Antoinette semble abattue par la douleur et implore l’aide de la Religion. Cette dernière drapée et voilée soutient la Reine Lui montrant la croix a les traits de Madame Elisabeth, dont le corps, jamais retrouvé, fut jeté dans une fosse commune du cimetière Monceaux.
Rares images de broderie représentant la vie d’Elisabeth de France :
En 1953
Le pape Pie XII (1876-1958) reconnaît par décret le caractère héroïque des vertus de Madame Elisabeth simplement à cause de son martyre pendant la Révolution française. La princesse a été déclarée Servante de Dieu et la cause de béatification a été officiellement présentée le 23 décembre 1953 par le cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris.
En 2016
Le cardinal André Vingt-Trois (né en 1942), archevêque de Paris jusqu’en 2017, a réactivé la cause de sa béatification. Le Père Xavier Snoëk, alors curé de la paroisse de Sainte-Élisabeth-de-Hongrie, a été nommé postulateur de la cause. L’église Sainte-Élisabeth-de-Hongrie est située à quelques pas de l’ancienne prison du Temple, aujourd’hui un parc.
En mai 2017
Le cardinal André Vingt-Trois a reconnu le contenu du dossier présenté par une association de fidèles initiateurs qui se sont engagés dans cette canonisation comme valide.
Le 15 novembre 2017
Après consultation de la Conférence épiscopale française et après approbation totale, le cardinal Vingt-Trois a officiellement annoncé au soi-disant nihil obstat de la Congrégation pour les affaires des saints à Rome qu’il espère sincèrement que le processus engagé la canonisation de Madame Elisabeth.
Sources :
- Antoinetthologie
- DUARTE Christophe , Versailles-passion, groupe FB
- FLEURY, Maurice, Angélique de Mackau, Marquise de Bombelles, et la Cour de Madame Élisabeth, Hachette BNF, 1905
J’ai parcouru hier, avec grand intérêt, les pages sur Madame Clotilde et celles sur Madame Elisabeth particulièrement intéressantes par leur riche iconographie.
Un point cependant m’a fait sursauter : pour être exhaustif, sans doute, vous avez, à la fin du texte sur Madame Élisabeth, ajouté aux noms du cardinal Vingt-Trois et de l’abbé Snoëk leurs dates de naissance et de décès (ce qui n’apporte pas grand-chose) . Je suppose que vous les avez trouvées sur la page d’entrée de Google, et fait un copier-coller.
Un peu de réflexion, pourtant, aurait pu vous alerter : comment nommer postulateur en 2016 un abbé décédé en 1990 ? L’abbé Snoëk est bien vivant, curé d’une autre paroisse maintenant, mais il a un homonyme belge, scénariste de BD…
Quant au cardinal Vingt-Trois, il est bien né en 1942, mais 2005 correspond à la fin de son épiscopat à Tours pour passer à celui de Paris, il est octogénaire mais encore vivant.
J’espère que vous éliminerez rapidement ces regrettables coquilles qui font douter un instant du sérieux de votre site.
J’ai parcouru ce matin la bibliographie générale, qui m’a rassurée sur ce point. J’ai noté avec plaisir la présence des ouvrages des Girault de Coursac, bien oubliés aujourd’hui.
Je vous signale ceux, récents, de Dominique Sabourdin-Perrin : ses deux livres sur Madame Élisabeth et sur Madame Clotilde, et celui sur Les oubliés du Temple, des gens liés à la captivité de la famille royale mais quasi disparus de la mémoire, fait après un long et sérieux travail d’archives.
J’ai parcouru aussi Qui sommes-nous ?, et vous félicite tous trois pour vos parcours et la belle réalisation de ce site, que je consulterai à nouveau (toujours avec un regard critique…).