Cet été (2022) nous avons appris avec stupéfaction la sortie prochaine de cette biographie qualifiée d’inédite, par Florence Mothe qui s’est intéressée à Louis XVI depuis près de quarante années. Florence Mothe est surtout connue pour ses romans sentimentaux se déroulant au XVIIIe siècle et ses conférences sur la franc-maçonnerie dans son château de Mongenan en Gironde.
Le livre est sorti ce premier trimestre 2023 et nous l’avons enfin en main en ce mois d’avril.
Cette critique du livre de Florence Mothe est un monologue d’Olivia Legrand qui s’est penchée sur cet ouvrage après que l’auteure nous a laissé un commentaire assez désobligeant (pour elle) car sa critique (un détail quant à la fuite des Provence en juin 1791) ne reflettait en rien ce que nous avions écrit… Tant pis pour Florence Mothe, cela nous a fait nous pencher sur son écrit plus que farfelu.
J’apprécie beaucoup la couverture qui montre Louis XVI marionnettiste même si la personne dans l’ombre derrière lui me laisse dubitative (mais nous y reviendrons sûrement plus tard). La quatrième de couverture est aussi très alléchante :
La bibliographie est très détaillée, ce qui fait plaisir. On s’étonnera pourtant de ne pas y voir l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils sur Louis XVI mais à l’inverse la présence de plusieurs romans historiques.
J’ai tout autant été ravie de l’avant-propos. J’aime tout particulièrement ce passage :
«Aussi, la Révolution française reste-t-elle souvent un rébus pour ceux qui, à plus de deux siècles de distance, peinent encore à en comprendre les tenants et les aboutissants.
Pour la rendre lisible, les historiens ont simplifié à l’extrême (…). »
Tellement pertinent !
Je suis donc particulièrement ravie de découvrir une nouvelle biographie de ce Roi tellement énigmatique et qui ne cache pas ce qu’elle doit à Aurore Chéry ou aux Girault de Coursac.
Chapitre 1 : L’enfant chargé de chaînes(1754-1770)
Dates rétablies par mes soins car inexistantes dans cette biographie.
Où l’on découvre que mon a priori sympathique s’envole très vite…
Tout s’écroule dès la troisième phrase de ce chapitre, p. 11 :
«Le dauphin du Viennois, ainsi nommé de son titre exact car Humbert III vendit en 1349 sa seigneurie du Dauphiné de Viennois à Philippe VI de Valois, le dauphin du Viennois donc, naquit le 4 septembre 1729 à Versailles, de l’unique fils de Louis XV qui eut neuf enfants de Marie Leczinska.»
Le Dauphin fils de Louis XV naît donc du fils de Louis XV ! Mais aussi que Louis XV serait grand-père à 19 ans ! C’est extraordinaire. Mais ce n’est pas tout. Louis XV n’a pas neuf enfants, mais dix et non pas un fils unique, mais deux. Le second est Philippe, duc d’Anjou (1730-1733). C’est quand même une connaissance minimale pour tous ceux s’intéressant un tant soit peu à la famille royale du XVIIIe siècle ! Admirons aussi l’orthographe saccagé du nom de la Reine de France. Plus personne depuis plus d’une trentaine d’années n’écrit Leczinska. C’est peut-être long et fastidieux mais on doit écrire Marie Leszczyńska. Règle enregistrée de mes années d’études et qui se retrouve dans n’importe quel ouvrage un peu moderne ou sur Internet.
Enfin s’il est intéressant d’expliquer ce titre de Dauphin qui n’est certainement pas clair pour tout le monde, il est dommage de digresser de la sorte non seulement au risque de se mélanger les pinceaux pour le sens de la phrase : «Le dauphin du Viennois, (…) naquit le 4 septembre 1729 à Versailles, de l’unique fils de Louis XV (…).» mais aussi de sacrément limiter son propos lorsque l’on dispose de seulement 287 pages pour raconter la vie de Louis XVI de manière inédite !
La description de la vie de cour et de la famille royale sous Louis XV est extrêmement simplifiée et surtout repose sur un roman La chambre des dupes de Camille Pascal. Je n’en nie pas la qualité littéraire bien que je ne l’ai jamais lu, c’est sûrement très plaisant à lire. Néanmoins, cela ne constitue pas une source historique ! Si l’on souhaite connaître la description des repas familiaux, il suffit de reprendre les nombreuses mémoires des témoins du temps, notamment du duc de Luynes. Ce dernier, dont l’épouse est la meilleure amie de Marie Leszczyńska, nous décrit aussi cette dernière comme une reine qui aimait s’amuser, rire, jouer aux jeux de hasard et qui sortait très régulièrement de Versailles au point de découcher afin de visiter ses amis. On est loin de celle décrite dans cette biographie, à passer son temps dans les prières et à se consumer de dolorisme pour le salut de son époux volage.
Page 13, on nous dit que la première épouse du Dauphin, Marie-Thérèse-Raphaëlle serait la tante de son époux. Madame Florence Mothe ne semble pas s’être encombrée du moindre arbre généalogique de la famille des Bourbons. Philippe V d’Espagne, son père, est le frère du duc de Bourgogne donc l’oncle de Louis XV. Ce qui fait de l’infante future Dauphine la cousine germaine de Louis XV. Mais non pas la tante de son mari !
On ne comprend pas trop ensuite la digression sur la bataille de Fontenoy. Alors certes, cette bataille fut sûrement très importante dans la construction du futur Louis XVI qui a dû voir son grand-père, son père et son grand-oncle comme des héros, mais cela n’y est pas du tout évoqué. Florence Mothe préfère s’étendre sur les problèmes de santé du maréchal de Saxe à la veille de la bataille, comme si cela constituait un élément primordial pour la connaissance du sujet (qui je rappelle ne dispose que de 287 pages). La victoire remportée permet néanmoins au maréchal d’imposer sa nièce comme future Dauphine. La vie de couple entre Louis-Ferdinand et Marie-Josèphe de Saxe est ensuite très vite expédiée, ce qui est dommage car certainement plus fondamentale pour le futur Louis XVI que l’oedème pulmonaire du maréchal de Saxe. Dix-huit ans de mariage résumés à un couple confit en dévotion mais qui réussit quand même à donner plusieurs héritiers à la Couronne.
Françoise Mothe parle de la triste Pépa. Pourquoi ne pas en avoir profité pour dire que ce surnom vient de Louis XV qui appréciait beaucoup sa belle-fille ? Qu’il la logera ensuite lors de son veuvage au-dessus de ses propres appartements ? Un logement qui deviendra hautement symbolique pour le futur Louis XVI ! Louis XVI n’a certainement pas eu des parents des plus aimants mais ils auront un rôle primordial dans l’éducation de leurs enfants et donc du futur Roi. Et surtout Louis XV va laisser carte blanche à son fils et à sa belle-fille devenue veuve de leur éducation. Le Roi de France estime que c’est aux parents d’éduquer leurs enfants et à lui et son épouse de se contenter du rôle de grands-parents. Une digression sur l’évolution de l’éducation des enfants en ce milieu du XVIIIe siècle, sur le nouveau rôle des parents et grands-parents auraient été la bienvenue ! Non, madame Mothe préfère résumer au plus simple ce qui devrait être essentiel à expliquer (l’éducation d’un futur Roi, ses liens avec ses parents, ses frères, ses grands-parents !) et digresser sur des informations qui n’ont que de très lointains rapports avec le futur Louis XVI.
Nous pouvons être d’accord avec madame Mothe sur la triste enfance du futur Louis XVI mais il ne faut pas non plus exagérer sur sa solitude. Il a beaucoup partager avec ses frères, aussi bien en mal qu’en bien (eh oui la vie est subtile !), le duc de Bourgogne avant sa maladie, et les comtes de Provence et d’Artois avec qui il avait peu de différence, surtout le premier. Il est ensuite entouré d’une très grande domesticité dans laquelle il trouvera affection, notamment avec Antoine Thierry. Son personnel d’éducation est aussi très important et parmi celui-ci des hommes à qui il accordera confiance.
Quant au présage néfaste de sa naissance, le piqueur tombé en chemin et mort sur le coup afin de prévenir Louis XV du travail de la Dauphine, les Girault de Coursac ont prouvé qu’il s’est au contraire porté comme un charme après sa chute, qu’il a obtenu une pension royale et qu’il s’agit tout simplement d’une légende forgée au XIXème siècle afin de montrer sous quels terribles auspices est arrivé le futur Louis XVI.
Florence Mothe reprend ensuite l’anecdote selon laquelle Madame Adélaïde aurait réclamé de son neveu (et filleul) qu’il s’excite, casse tout ce qui passait entre ses mains, dans son appartement afin d’être comme n’importe quel enfant. Seulement il aurait été judicieux de citer la source d’où cette anecdote provient. On a surtout l’impression ici de lire ce qui a été vu à plusieurs reprises dans de nombreuses biographies de Louis XVI mais en plus réécrit puisque clairement nous n’avons pas accès au texte original.
Nous avons encore droit page 15 à la preuve d’une méconnaissance flagrante de la vie de cour : le duc de La Vauguyon n’est pas précepteur mais gouverneur des Enfants de France. Les enfants royaux disposent des deux et le précepteur, en général un membre du haut-clergé (on pense à Bossuet, Fénelon…), est subordonné au gouverneur. Celui du futur Louis XVI se nomme Jean-Gilles de Coëtlosquet, évêque de Limoges. Un détail insignifiant, on l’a bien compris, pour Florence Mothe. A l’un (le précepteur), la partie évidemment religieuse mais aussi le latin, les matières scolaires telles qu’on pouvait les retrouver dans les collèges du temps, et à l’autre (le gouverneur) la connaissance du militaire, du pouvoir, de l’étiquette. Madame Florence Mothe qui cite pourtant plusieurs ouvrages des Girault de Coursac en a oublié un pourtant essentiel : L’Education d’un Roi. Un peu plus loin dans son livre, elle explique que leurs recherches sont certes immenses et importantes pour la connaissance renouvelée de Louis XVI mais que leur parti-pris flagrant d’en faire un saint les discrédite quelque peu. Nous sommes d’accord. Elle explique cependant aussi que :
«Le mérite du couple est d’avoir déniché des milliers de documents inconnus ou négligés dans les archives étrangères, à Vienne, à Londres, à Madrid et dans des archives françaises privées où ils sommeillaient depuis plus de deux siècles. La profusion de cette documentation rend la lecture de l’oeuvre touffue, tant les auteurs veulent tout citer, tout justifier, jusqu’à se laisser ligoter totalement par cette multitude de sources.»
Page 33
Ce qui est l’aveu formel de ne pas comprendre grand chose de tout ce que ce couple a apporté pour la connaissance de Louis XVI. Je veux bien la croire puisqu’il manque à madame Mothe quelques bases, notamment l’arbre généalogique des Bourbons. Mais surtout si elle omet de lire le livre issu d’une thèse de Pierrette Girault de Coursac qui sera le fondement de toutes ses recherches ultérieures, il est normal qu’elle s’y sente complètement perdue !
De La Vauguyon, dont le portrait est toujours aussi noir, mais laissons-là, nous passons à Maurepas. Pour lui aussi, il n’y a pas de mots assez durs. Je ne reviendrai pas là-dessus non plus. C’est plutôt la digression qui s’en suit qui me dérange (une fois de plus !). Lorsque le duc de Berry passe entre les mains de son gouverneur, Maurepas n’est plus ministre depuis plus de onze ans (d’où l’intérêt de baliser son récit historique de dates). Son influence est donc réduite. Alors certes, il a eu son mot à dire car encore aux commandes quand il a fallu réfléchir à la future Maison des Enfants de France lorsque le Dauphin s’est marié. Il a placé des hommes à lui, en particulier en lien avec la Marine qui était son département. Néanmoins, passer trois pages entières sur son réseau d’espionnage et ses méchancetés n’a pas lieu d’être, surtout lorsque le nombre de pages est aussi limité ! Que vient faire ici sa chanson obscène sur le vaginisme de madame de Pompadour datant de 1749 ? Louis XVI n’est pas encore né ! Mais madame Mothe ne s’encombre pas plus d’indiquer la date de naissance du personnage auquel elle dédie une biographie. Quel intérêt comparé à une chanson obscène ? Quel rapport entre cette chanson avec l’éducation du futur Louis XVI ? Par contre de son programme scolaire, son personnel d’éducation, ses résultats plus que performants, son appétence pour le savoir, ses écrits d’adolescent sur sa vision du pouvoir, rien.
Le renversement des alliances est ensuite rapidement expédié. Or et nous sommes bien d’accord c’est pourtant de là que tout repose (bien plus que les troubles gynécologiques de madame de Pompadour), en particulier si on suit la thèse de ce livre qui reprend celle d’Aurore Chéry : le futur Louis XVI ne veut pas de cette alliance, il ne veut pas plus de ce mariage qui lui sera imposé. D’où la Révolution.
Page 20 Le Dauphin semble s’être concerté avec son cousin l’Infant de Parme quant à leur attitude froide envers leurs épouses respectives (au départ madame Mothe parle de l’archiduchesse Marie-Caroline mais heureusement se ravise plus loin pour Marie-Amélie). Les attitudes se ressemblent peut-être mais comment affirmer que les deux cousins se soient concertés ? Déjà ils ne se sont jamais vus de leur vie. Ensuite, aucune correspondance entre les deux n’est arrivée jusqu’à nous. Elle a peut-être été détruite mais on ne peut pas reposer ses affirmations sur l’absence de sources. Nous savons par contre que Louis XV écrivait à ce petit-fils. Or en aucun cas il ne l’a encouragé à être froid avec son épouse et n’aurait certainement pas apprécié d’apprendre que ses deux petits-fils aient eu un plan concerté dans son dos afin de détruire l’alliance à laquelle il tenait.
Nous arrivons ensuite au portrait de Marie-Antoinette. Comment dire… A côté, celui des Girault de Coursac est celui d’une sainte ! Marie-Antoinette ne voit pas son fiancé, son grand-père et les princes et princesses du sang au même moment (page 20). Elle connaîtra l’ensemble de la famille royale puis les cousins au fur et à mesure, pas en même temps. Jusqu’à la petite Madame Elisabeth, six ans, la dernière soeur de son époux au moment de la préparation au mariage. Accompagnée de son grand-père. Dommage une fois de plus d’avoir occulté cet aspect charmant de Louis XV. On peut se demander à juste titre si madame Florence Mothe n’a pas servi de conseillère aux scénaristes de la série consacrée à Marie-Antoinette sur Canal +.
«D’ailleurs, Marie-Antoinette lui semblait encore une enfant.»
Ce qu’elle est bien en effet puisque réglée depuis février et dont les règles ne sont pas encore réapparues. Elle ne fait pas du tout ses quatorze ans. Ce qui aurait certainement été judicieux à développer montrant que le futur Louis XVI n’avait ni l’âme d’un violeur ni celle d’un pédophile et peut expliquer grandement son refus de se jeter sur sa jeune épouse. Mais non, Florence Mothe réserve pour plus tard sa théorie à ce sujet.
«Malgré les efforts du maître de ballet Noverre et du coiffeur Larseneur pour lui donner une apparence française, elle était selon les mots de Louis XV, «grosse, rousse et tétonnière.»»
Nous aimerions bien savoir d’où Florence Mothe tire ces mots attribués à Louis XV. A cette date, et comme l’a elle-même précisé Florence Mothe, Marie-Antoinette n’est pas formée et n’a donc aucune poitrine. L’expression tétonnière lui sera donnée à la fin des années 1780 quand Marie-Antoinette aura connu plusieurs grossesses et que sa silhouette fine s’empâtera quelque peu, à l’instar de sa mère. Mais non, Florence Mothe ne voit pas l’intérêt de justifier cette citation issue d’on ne sait où. Voilà pour le portrait physique peu ragoûtant de la jeune Dauphine. N’en déplaise, Noverre a parfaitement réussi pour la danse et si Larseneur lui concocte une coiffure un peu vieillotte dont elle se libérera une fois adulte, Marie-Antoinette est surtout considérée à cette date comme menue et tout à fait charmante et agréable à regarder.
Florence Mothe s’attaque ensuite au portrait intellectuel et moral de la jeune fille. Alors oui son instruction est déplorable. De quoi effrayer l’intellectuel qu’est le Dauphin. Elle a pourtant des connaissances, notamment la maîtrise de plusieurs langues, indispensable dans les terres hétéroclites de sa mère, et une excellente mémoire. Elle mettra du temps, mais sa maîtrise du français écrit deviendra excellent (il suffit de la lire !) et prouvera qu’elle est largement capable de supporter des matières intellectuelles poussées. Mais c’est tellement plus simple de brosser un portrait à gros traits. Florence Mothe qui souhaite donner un portrait inédit de Louis XVI tombe dans le piège de ses nombreux biographes, les Girault de Coursac en tête, à en faire une cruche. C’est tellement plus simple pour tenter de comprendre la suite !
Son analyse de ses deux mentors Vermond (ainsi que le veut l’orthographe classique) et Mercy-Argenteau est tout à fait satisfaisante et une petite digression dans les milieux financiers où apparemment traînait l’ambassadeur très intéressante. De cette ambiance malsaine, de ce mariage forcé et malheureux pour les deux, incontestables, il ne peut en découler que des conséquences désastreuses. Faut-il encore tenter d’analyser plus finement la relation de ce couple.
Chapitre 2 : Le corps du roi
Où l’on découvre que Florence Mothe n’a plus aucune digue, quitte à passer pour ce qu’elle est à la base : une romancière
Le début de ce nouveau chapitre, pages 25-26 est des plus prometteurs, sur l’analyse du corps du Roi et en particulier celui de Louis XVI dont la sexualité n’a cessé d’interroger :
Malheureusement très vite, les travers déjà vus dans le chapitre précédent se retrouvent désormais amplifiés. La description des difficiles relations conjugales du jeune couple est pourtant assez bien résumée (nous pouvons reprendre espoir !) mais l’on comprend rapidement que Florence Mothe ne s’étendra pas plus loin sur la question, privilégiant ce qui l’intéresse vraiment.
Page 30 Lorsqu’est évoquée l’homosexualité du comte de Provence, Florence Mothe indique :
«Quand il prendra femme, il veillera à ce qu’elle soit lesbienne.»
Depuis quand un prince de quinze ans choisit-il son épouse ? Même Louis XIV à vingt-deux ans n’a pu le faire ! Le comte de Provence n’a pas eu son mot à dire quant à la décision prise par son grand-père et ce n’est seulement que le pur hasard qui fait du couple Provence en quelque sorte un couple «assorti». Il est peu probable que les envoyés français venus négocier le mariage au royaume de Piémont-Sardaigne aient su la chose concernant la jeune princesse et envoyé discrètement l’information à Louis XV qui se serait dit qu’elle convenait donc parfaitement à son petit-fils. Non, elle était l’aînée des princesses savoyardes et donc la première d’entre elles à pouvoir épouser un prince français. C’est tout. On se demande aussi comment justifier l’idée que le Dauphin n’ait pas eu le choix de sa fiancée et son cadet oui ?
Puis suit un passage de tentative de viol de Provence accompagné de ses amis sur la personne du Dauphin :
«Il imagina donc de convertir son frère aîné à l’homosexualité ou, tout le moins, de lui faire découvrir sa vraie nature. Avec quelques amis, il organisa un guet-apens dans un couloir de Versailles, au cours duquel ils bloquèrent le dauphin et parvinrent à lui infliger quelques gestes obscènes. Le futur Louis XVI en restera profondément marqué et en ressentira longtemps, selon ses propres termes, «humeur, horreur et chagrin»».
Evidemment aucune source étayant ce propos des plus graves ! Je comprends mieux dès lors le concept d’inédit dont se targue Florence Mothe. De cette manière, c’est évidemment très facile. Oui, Florence Mothe a bien été conseillère sur la série sur Canal +, comment en douter après une telle lecture ?
Suivent sept pages consacrées à la masturbation. Que Louis XVI s’y soit adonné, notamment adolescent et jeune (mal)marié, cela semble tomber sous le sens. Rien d’affolant. Aurore Chéry a largement dépeint la situation et la mentalité de l’époque sur le sujet, ce que reprend en détails Florence Mothe. Pour les médecins du XVIIIe siècle, pratiquer la masturbation ne rendait non pas sourd mais carrément fou, tel le Roi du Danemark contemporain de Louis XVI. Très bien. Seulement, il est difficile en lisant Florence Mothe de savoir si elle dénonce cet état d’esprit médical du temps ou si elle y adhère. On ne voit pas en quoi si le Dauphin puis Roi se masturbait (très) régulièrement, cela l’aurait rendu fou. Pour les gens du XVIIIe siècle, d’accord, pas pour nous. Et de citer le sexologue Gilbert Tordjman, non pas un médecin du XVIIIe siècle mais du XXème :
«La masturbation, selon le docteur Tordjman, sexologue, renforce l’égocentrisme et la fuite devant la réalité. Immature, le masturbateur révèle une carence affective et une inadaptation aux contraintes quotidiennes qui peuvent parfois entraîner des inhibitions qui rendent difficiles le coït et les relations du couple.»
Page 31
Pour un sexologue célèbre en son temps pour sa modernité, nous ne pouvons tout de même que saluer la grande avancée à ce sujet depuis une cinquantaine d’années ! Car pour le coup, le docteur Gilbert Tordjman est plus proche d’un médecin du XVIIIe siècle que des sexologues de 2023. Mais le pire c’est d’oser citer un tel homme :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gilbert_Tordjman
Florence Mothe prend pour référence concernant la sexualité de Louis XVI un prédateur sexuel ! Pourquoi pas Strauss-Kahn ou Weinstein tant qu’on y est ? «Ah vraiment, quel abruti ce Louis XVI de préférer se masturber plutôt que de violer sa femme-enfant ou de sauter sur toutes les femmes de la cour !». On se doute que d’autres ne se seraient pas gênés. Mais au lieu de respecter un homme qui considère un minimum la gente féminine, (et en plus un homme de pouvoir, c’est dire !), on préfère le prendre pour un fou, comme pouvaient le penser nos aïeux. Florence Mothe dit reprendre Aurore Chéry sur la question, or faut-il encore l’avoir lue correctement ! En effet, Aurore Chéry dénonce la mentalité du XVIIIème sur ce sujet. Au contraire, Florence Mothe se conforme à cette mentalité. On pourrait se dire que nous avons désormais touché le fond et qu’on peut difficilement aller plus loin. Eh bien non.
«Louis XVI était donc convaincu du crime de masturbation. Poursuivra-t-il ces pratiques durant toute sa vie ? Peut-être, car il conserva l’habitude de s’enfermer longuement dans ce qu’on appelle pudiquement, à Versailles, le cabinet de la cassette, pièce richement décorée qui était, en fait, ses luxueuses toilettes où il restait seul, prétendument occupé à vérifier les comptes de ses collaborateurs qu’il accueillait parfois en ces lieux, le lorgnon sur le nez. Il prendra également l’habitude de se livrer à des ablutions répétées, d’abord dans la salle de bains de Louis XV qui se trouvait au premier étage du palais, et ce, trois fois par jour au moins, faisant déborder sa baignoire jusqu’à détériorer totalement les plafonds peints du rez-de-chaussée, avant de faire transporter cette salle de bains à l’étage inférieur où il continua à prendre au moins trois bains par jour, même quand il ne chassait pas. Ces troubles obsessionnels compulsifs ne seraient-ils pas consécutifs à des séances de masturbation qu’il ressentait comme polluantes ?»
Page 32
On est consterné devant une telle lecture ! Louis XVI se masturbe tellement qu’il en arrive à abîmer le plafond de sa salle de bain ! Florence Mothe s’est-elle au moins relue ? Elle n’a pas été seulement conseillère sur la série de Canal+ :
Madame Mothe nous montre aussi sa méconnaissance des petits appartements du Roi. Nous avons en effet droit à une confusion entre le cabinet de la cassette, le cabinet de la garde-robe et la salle de bains de Louis XV. Le cabinet de la cassette et la salle de bains de Louis XV sont tout simplement la même pièce, Louis XVI décidant en 1777 d’en modifier l’utilisation. Ses luxueuses toilettes c’est le cabinet de la garde-robe.
Non, le cabinet de la cassette ne servait ni de toilettes ni de lieu où Louis XVI pouvait se masturber tranquillement. Quand on connaît un minimum Louis XVI et ses réels troubles obsessionnels, on sait qu’il notait tout. Ses comptes, ceux de son épouse et de sa soeur, étaient parfaitement tenus. Et il notait aussi la moindre de ses sorties ou médecines. Ainsi que les relevés météorologiques. Rien n’interdit de penser qu’il pouvait profiter de sa solitude momentanée. Pourquoi pas. Mais ce n’est certainement pas l’objet premier de cette pièce. Sa nouvelle salle de bains sera carrelée et laisse voir l’emplacement de deux baignoires. On n’ose imaginer les conclusions que pourraient en tirer Florence Mothe. C’est vrai qu’un coup d’éponge sur du carrelage laisse moins de traces que sur des précieuses boiseries. Mais Florence Mothe sait-elle au moins à quoi ressemble cette nouvelle salle de bains ? Si elle se contrefiche de l’arbre généalogique des Bourbons, de la date de naissance du personnage à qui elle consacre une biographie, à quoi bon connaître son lieu de vie ?
Si Louis XVI se masturbait, eh bien tant mieux pour lui et j’en souhaite tout autant pour Marie-Antoinette ! Rien de plus sain, rien de plus normal. Pas besoin d’y passer sept pages tout en dénonçant des troubles obsessionnels compulsifs chez les autres ! Malheureusement, Florence Mothe se complait dans le sordide et explique que les médecins de Louis XVI n’ont rien trouvé de mieux pour le soigner de ses masturbations que de le pousser à boire. Et nous retrouvons ensuite tous les poncifs révolutionnaires montrant un Louis XVI aviné, intempérant, addictif… Expliquant ainsi son surpoids ultérieur. Et c’est à ce moment page 33 que Florence Mothe décide de montrer combien elle vaut mieux que les Girault de Coursac. Or non seulement elle avoue dans son texte qu’elle n’a pas tout compris de leur travail considérable, mais sa bibliographie prouve aussi qu’elle ne les a lus que très partiellement. Il est regrettable pour elle de ne pas avoir lu Louis XVI, un visage retrouvé, ce qui aurait paru essentiel compte tenu du sujet de la présente biographie. Et malheureusement pour elle, malgré les reproches que je peux faire aux Girault de Coursac, ils m’ont bien plus convaincue qu’elle dans cet ouvrage sur son ivrognerie supposée. Par exemple, Florence Mothe reprend le témoignage de l’abbé de Véri en 1776 :
«Le vin le surprit à une partie de chasse l’année dernière. L’officier qui le suivait eut la prudence de le faire remonter en voiture de manière à ce que personne ne s’en aperçût. On n’en osa parler ; ce goût est personnel à lui et la quantité journalière qu’il se permet au-delà de ce qui est ordinaire.»
Page 32
Comparons cette version à celle publiée par Gallica :
«Un trait physique, de nulle valeur s’il est sans suite, peut avoir des conséquences fâcheuses s’il se renouvelle souvent. Le vin le surprit à une partie de chasse, l’année dernière. L’officier qui le suivait eut la prudence de ]e faire remonter en voiture, de manière que personne ne s’en aperçut ou n’en osa parler. Quelques étincelles pareilles s’étaient montrées dans le commencement de son règne et ce n’était pas comme on dit comme bon compagnon dans une partie de jeunes gens. Ce goût est personnel à lui quand il est seul, et la quantité journalière qu’il se permet est au delà de ce qui est ordinaire à son âge.»
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k119184g/f540.item
Lorsqu’on se pique d’Histoire, il est recommandé de citer correctement ses sources et de ne pas les tronquer. La version de Gallica n’est certes pas l’original manuscrit qui serait du coup une source incontestable mais elle est bien plus complète que celle présentée par Florence Mothe. Or, je préfère me fier à Gallica qu’à cette dernière. Je me demande bien pour quoi. En outre, l’abbé de Véri écrit de ses mémoires ceci :
«Un second défaut qu’on pourra me reprocher c’est de ne pas suivre toujours les événements déjà entamés et de me contredire quelquefois dans les idées que je peux donner des personnages. Voici ma réponse sur ce reproche. Je ne fais pas une histoire longtemps après l’événement lorsqu’on a devant les yeux le passé, le présent et le futur, c’est-à-dire les principes des événements et les effets qui en ont résulté. (…) Ainsi les personnages, dont je raconte les faits, peuvent s’être contredits, comme moi je puis me contredire dans mes jugements prononcés à différentes époques. Je ne suis pas d’ailleurs habituellement dans le secret du cabinet. Je ne vois que de temps à autre ceux qui en sont instruits par leur place, je voyage souvent hors de Paris et, pour lors, je n’ai que les gazettes et les lettres pour savoir les résultats. Les détails de la conduite ministérielle ne se disent que dans la conversation journalière de confidences. Cela doit expliquer et produire plusieurs défectuosités dans ma narration. Si quelqu’un plus habile et plus assidu en fait une meilleure que la mienne, le lecteur fera bien de la choisir et de jeter la mienne au feu.»
Il recommande donc lui-même au lecteur de ne pas prendre toujours pour argent comptant ce qu’il écrit ! Si dans le second extrait, il explique bien qu’il n’est pas témoin de tout, loin de là, le premier est explicite : il n’a pas vu lui-même la scène déplorable d’un Louis XVI abruti d’alcool car son officier l’a discrètement écarté des yeux du public. Et ce n’est donc sûrement pas ce dernier qui l’aurait ensuite raconté à l’ensemble de la cour ! Mieux encore, l’abbé de Véri avoue que Louis XVI s’adonne à l’alcool quand il est seul. Donc qui le voit ? Certainement pas lui. Florence Mothe se contente donc de rumeurs colportées ici par un abbé de cour qui s’est toujours cru plus fin que tout le monde et qui cherche à se donner un rôle qu’il n’a jamais eu. La Reine de France a des galants pendant que le Roi boit en cachette. Magnifique tableau ! Il est juste regrettable de voir des pseudo-historiens d’aujourd’hui entretenir les fake news de l’époque.
Quant aux autres témoins évoquant l’ivrognerie de Louis XVI (que curieusement Florence Mothe ne cite pas, on se demande bien pourquoi), nous avons Desmoulins et Hébert qui l’écrivent dans leurs journaux, des journaux dont l’objectif principal est de dénigrer et insulter le Roi ! Donc, selon la leçon apprise des Girault de Coursac dans mes années d’études (mais qu’ils n’ont pas toujours appliquée eux-mêmes), il est vivement recommandé non pas de nier les témoignages négatifs, mais de les confronter avec d’autres et de connaître leur provenance et les buts de ces écrits. C’est la base de tout travail d’historien.
Toujours à propos des Girault de Coursac, nous apprécions aussi tout particulièrement ce passage :
«leur haine de Marie-Antoinette éclate à chaque page»
Ce qui n’est certes pas faux mais qui paraît bien ironique de la part de quelqu’un qui n’a fait pour l’instant que descendre l’épouse de Louis XVI, lui-même ayant des défauts plus que rédhibitoires. Reprenons le fil du texte, en me permettant s’il vous-plaît de passer outre la suite sur la masturbation. J’y ai déjà passé suffisamment de temps. Donc, pour Florence Mothe Louis XVI est définitivement fou car ses détracteurs (membres de sa famille jaloux, courtisans en mal de reconnaissance ou révolutionnaires des plus acharnés) le pensaient et surtout parce qu’il se masturbait tout en s’adonnant à la boisson. Sa folie se traduit par autre chose également, pointée du doigt par ses courtisans choqués de cette façon d’être. A savoir son amour pour le peuple. Là encore, impossible de savoir si Florence Mothe dénonce cette morgue aristocratique caractéristique de l’Ancien Régime ou bien si elle partage ce point de vue :
«Mais il est parfaitement exact que le comportement de Louis XVI interpellait. Matinal, il se rendait à pied, et de bon matin, chez les familles les plus pauvres de Versailles et leur distribuait des secours. Il entretenait une kyrielle de nobles sans fortune. Durant l’hiver 1783-1784, qui fut particulièrement rigoureux, ce radin pathologique, qui recomptait les mémoires de ses ministres au centime près et faisait recoller ses porcelaines ébréchées, distribua aux pauvres trois millions de livres. Les libéralités de sa soeur, Madame Elisabeth, lui coûta plus cher que le train de vie de Marie-Antoinette. Il est vrai que Louis XVI aimait le peuple. A la folie…»
Page 36
On apprécie… Quel affreux type ce Louis XVI qui dépensait des millions pour les pauvres !
Page 37 Nous voilà de retour dans la très complexe analyse des relations conjugales du couple royal mais qu’évidemment Florence Mothe simplifie à l’extrême malgré son avant-propos. Si Vie conjugale, vie politique des Girault de Coursac apparaît bien dans sa bibliographie, permettez-moi de douter de l’avoir vraiment lu. Non pas que pour ma part j’y adhère pleinement, mais il y a longtemps que je sais que ce sujet est beaucoup plus compliqué que ce que Florence Mothe croit en savoir. Déjà parce qu’autant Louis XVI que Marie-Antoinette sont des personnes complexes qu’on ne peut résumer à ce qu’en dit Florence Mothe (et combien d’autres pseudo-historiens !) et qu’il est évident que leurs relations à quatorze et quinze ans n’ont plus rien à voir avec ce qu’elles furent à leurs vingt ans puis à leurs trente ans passés. C’est l’évidence même et juste la nature qui parle. Et qu’il y a aussi des bases, à savoir les sources ! Admirons :
«Etait-ce surtout parce que Marie-Antoinette multipliait les maladresses, « se troussant comme une comédienne », selon les mots de l’Impératrice Marie-Thérèse, ce qui ne pouvait que l’inhiber chaque jour un peu plus ?»
Quels mots de l’Impératrice ? D’où Florence Mothe les sort-elle ? De sa propre imagination, tout simplement ! Alors oui Marie-Thérèse s’est plainte plus d’une fois des coiffures de sa fille, ses sorties au bal de l’Opéra, son jeu, ses dépenses, mais jamais elle n’a employé ces mots ! Nous voilà ensuite page 37 dans une nouvelle tentative de comparaison entre Louis XVI et son cousin de Parme qui lui aussi ne sut/voulut honorer son épouse pendant longtemps. Jusqu’à nettoyage d’un phimosis dû à une saleté repoussante. Et non, les deux cousins ne se sont pas concertés, cela est impossible. Il aurait été aussi honnête de préciser que l’archiduchesse Marie-Amélie avait été la seule des filles de l’Impératrice à s’opposer publiquement à son mariage forcé. Par conséquent, on se doute que ce ne sont pas des conditions idéales pour des relations conjugales épanouies. Or s’il n’y a pas plus eu de concertation entre les deux soeurs qui ne se sont jamais réellement appréciées, il est évident aussi que Marie-Antoinette jeune Dauphine s’est sentie sacrifiée par sa famille pour assurer cette alliance dont elle était le gage le plus important. Pas de quoi non plus, outre son physique de très jeune fille, l’emballer pour accepter ce qu’on attendait d’elle dans son lit. Florence Mothe néglige totalement la psychologie de Marie-Antoinette à ce sujet comme si cela n’avait aucun intérêt. Or dans un couple, nous sommes deux.
Enfin vient le cas du duc de Choiseul. Pour les Girault de Coursac, pour des raisons pas vraiment très bien expliquées, c’est à cause de lui que Marie-Antoinette se serait refusée au départ à son mari, le considérant comme l’ennemi de celui à qui elle doit sa nouvelle position. Pour Jean-Pierre Fiquet (dont l’essai manque à la bibliographie du présent livre), Aurore Chéry et maintenant Florence Mothe, c’est parce qu’elle est perçue comme la créature de Choiseul, que le Dauphin puis Louis XVI refuse de l’honorer, dans l’idée de pouvoir annuler ce mariage dont il ne veut pas. Ce qui semble un peu plus crédible que la thèse précédente. En tout cas, nous ne sommes plus dans l’impuissance, le phimosis, l’apathie, etc, du Dauphin qui avaient été précédemment les raisons envisagées. Ce qui néanmoins semble perdurer chez une large part du public.
En tout état de cause, la vérité, concernant leur adolescence, et j’insiste sur ce point, doit se trouver dans une zone se situant entre le rejet mutuel entre ces deux enfants, liés à une psychologie complexe, sensibilité et pudeur très importantes. Il ne faut pas oublier que pour tous les deux, savoir que leurs draps seront examinés par l’Europe entière, les place dans une situation extrêmement insupportable. Il faut aussi distinguer leur réalité intime (la leur personnelle et dans leur couple) différente de ce qui est attendu d’eux, leur devoir de consommer et de donner un héritier. Ils le savent, et ont donc cette pression en plus.
Une chose est sûre : personne, malgré les kilomètres écrits sur la question n’aura un jour la réponse de leurs relations. Personne ne peut se dire «je sais». Les témoins n’y comprenaient rien, allant chacun de leurs théories, de nombreux chercheurs sérieux ou beaucoup moins ont tenté aussi leurs explications mais personne n’a été dans leur lit. Eux mêmes ne devaient pas savoir ce qui leur arrivait.
Pages 39-40 La visite de Joseph II au printemps 1777 débloque apparemment la situation compliquée du couple royal, mais pour Florence Mothe, ce n’est pas suffisant. Elle nous apprend que Marie-Antoinette a sollicité les conseils de madame de Lameth, mère de quatre fils qui se rendront célèbres durant la guerre d’Indépendance puis à la Révolution :
«Elle rapporta avoir été très loin dans ses conseils techniques, apprenant à la reine comment donner du plaisir à coup sûr, comment utiliser diverses positions et comment conserver le sperme en elle pour faciliter la fécondation.»
On pourrait s’attendre avec un tel inédit d’avoir une source digne de ce nom ! Mais non, madame Mothe nous sort cela comme provenant de ses archives privées, notes de son ancêtre Antoine de Lessart. La moindre honnêteté intellectuelle aurait été de montrer cette source in extenso, si possible par une photographie du manuscrit. Nous sommes donc obligés de suivre les yeux fermés de telles assertions qui ne reposent sur rien de réellement concret. Et qui n’est certainement pas recevable comme preuve historique.
Mais Florence Mothe nous confirme juste après sa conception personnelle des sources historiques en prêtant à Mesdames ces paroles suite à la naissance de Madame Royale :
«En quoi, Madame, il est bien temps. Dans une situation qui est la vôtre, vous avez bien tardé. Pourtant, vous devriez savoir qu’une princesse précautionneuse ne manque jamais d’héritiers.»
Une note ? A quoi bon aux yeux de Florence Mothe. Il est en effet difficile pour elle d’expliquer à ses lecteurs non avertis qu’il s’agit évidemment de propos tirés de pamphlets.
Page 41 :
«Stérilité ou impuissance, adultères croisés, la vie conjugale de Louis XVI et Marie-Antoinette s’était invitée dans le règne. Elle allait continuer à le polluer jusqu’à la guillotine, la seule chose que ce couple bizarre ait finalement partagée…»
Ou comment Florence Mothe fait l’aveu de n’avoir strictement rien compris à son sujet ! Evidemment que leur vie conjugale a un impact sur le règne. C’est la raison d’être d’un mariage royal ! Florence Mothe ignore-t-elle par exemple les conséquences remarquables sur son règne du mariage de Louis XIV avec l’infante d’Espagne ? Et affirmer que ce couple, évidemment bizarre à ses yeux, ne partagera finalement que la guillotine, c’est vraiment très mal les connaître. Et d’une méchanceté gratuite. Malgré tout ce qui les séparait, Louis XVI et Marie-Antoinette ont su se trouver de nombreux points communs. Il suffit de plonger un peu dans ces deux personnages pour s’en rendre compte. Mais Florence Mothe prouve qu’elle n’a fait que survoler son sujet.
Chapitre 3 : Au service secret de Sa Majesté
Ou comment à vouloir à tout prix prouver une chose, on en prouve le contraire.
Page 43 Florence Mothe continue à analyser les relations conjugales du couple suite à la naissance de leur premier enfant Marie-Thérèse Charlotte (qu’elle veut bien reconnaître de Louis XVI, on ne sait par quel miracle) mais évidemment simplifiées à l’extrême. Elle place ici le don du Petit Trianon. Peu lui importe la moindre chronologie ! Marie-Antoinette reçoit le Petit Trianon des mains de son époux dès l’été 1774 ! Par contre, c’est après la naissance de sa fille que Marie-Antoinette se voit accorder le droit d’y dormir. Ses lacunes historiques et architecturales persistent car nous pouvons lire :
«Mme de Montespan ayant été la dédicataire du Trianon de porcelaine que le pavillon de Gabriel avait remplacé au profit de Mme de Pompadour.»
Comment ignorer que c’est le Grand Trianon qui remplace le Trianon de porcelaine une fois les amours de Louis XIV pour sa favorite estompées ? C’est impressionnant de méconnaissance pourtant aisée à corriger !
Nous avons ensuite droit à un nouveau portrait grossier de Marie-Antoinette avec tous les poncifs de «la tête à vents». Elle qui disait des Girault de Coursac :
«leur haine de Marie-Antoinette éclate à chaque page»
n’hésite pas à écrire page 44 :
«La rage des réjouissances qui l’entraînait la poussait à régner sur les Menus Plaisirs qui étaient un véritable ministère de la culture sous l’ancien régime. Il y avait chez Marie-Antoinette une réelle ivresse de pouvoirs multiples, d’abord sur le théâtre -on la voit à la Comédie française, à la Comédie italienne, à l’Opéra-. Elle y paraît dans les tenues extravagantes que lui trousse Mlle Bertin, qu’elle vient de rencontrer et le coiffeur Léonard-Alexis Autié, qui l’attife de manière ridicule.»
On est confondu par le nombre de mots péjoratifs employés rien que sur ce court extrait, ainsi que par l’étalage une fois de plus d’une grande ignorance. Non, Marie-Antoinette ne rencontre pas mlle Bertin suite à la naissance de Madame Royale mais depuis, une fois de plus, l’été 1774 ! Non, Marie-Antoinette n’a pas la mainmise sur les Menus-Plaisirs, qui est un département de la Maison du Roi, dirigés par un intendant et dont les charges théâtrales dépendent avant tout des premiers gentilshommes de la chambre choisis par le Roi. Il est aussi tout à fait normal que la Reine de France préside aux spectacles de la cour et donc de la ville, Marie Leszczyńska gérant de son temps la musique. D’autant s’il n’y a pas de favorite. Chacune ses domaines de prédilection. La cour de France est un lieu de culture. Tant mieux si Marie-Antoinette a pleinement intégrée ce rôle que son mari lui a attribué. Et elle a été douée en la matière, qui pourrait dire le contraire ? Il en va de même pour la mode. Non, Marie-Antoinette n’était pas ridicule ainsi coiffée et habillée. Toutes les dames de France, d’Europe, et même d’Amérique jusqu’en Russie, ont tenté de l’imiter, il n’y a qu’à voir la presse de mode de l’époque. Pourquoi Marie-Antoinette fait-elle encore si rêvée aujourd’hui dans le milieu du spectacle, des arts ou de la mode ? C’est à la Reine de France de donner le ton, comme le lui rappelait sa mère, et elle l’a parfaitement compris.
Et Florence Mothe parle de ridicule…
Je passe son analyse des entours de la Reine pages 44-45. Aucun intérêt et trop résumé pour y apprendre quelque chose si ce n’est que Marie-Antoinette aime le souffre. Page 46 Nous échappons de justesse à la théorie de Sophie Herfort qui veut que Madame Royale soit la fille du comte d’Artois, trop libertin et trop proche de sa belle-soeur. En tout cas cette possibilité aurait été envisagée par Mesdames :
«Pourtant, il semble avéré qu’autant elles s’indignaient à l’extérieur, autant elles auraient pu admettre que soit trouvée par ce biais une solution convenable au problème dynastique et soit donné un héritier au trône qui aurait été le fils de Marie-Antoinette et du comte d’Artois, en cas d’impossibilité avérée de Louis XVI. «Ne pas sortir de la famille» avec l’omerta que cela sous-entend, aurait certainement représenté une issue à leurs yeux.»
Et de telles assertions proviennent évidemment des notes fantômes d’Antoine de Lessart. C’est si commode ! Continuons :
«Louis XVI n’était pas impuissant, mais un être extraordinairement entêté, buté comme seuls savent l’être les autistes ou les enfants.»
On apprécie la cruauté des mots. Et nous revoilà donc plongée dans la théorie de Jean-Pierre Fiquet ou d’Aurore Chéry. Louis XVI ne veut pas de l’alliance autrichienne, donc il ne veut pas de sa femme. Ce qui ne l’a pas empêché de lui faire au moins deux enfants pour des raisons que ni les uns ni les autres n’ont véritablement correctement expliquées. Forcément puisque les complexes relations conjugales du couple royal ne peuvent se résumer si simplement ! Je reprends cet extrait de l’avant-propos :
«Aussi, la Révolution française reste-t-elle souvent un rébus pour ceux qui, à plus de deux siècles de distance, peinent encore à en comprendre les tenants et les aboutissants.
Pour la rendre lisible, les historiens ont simplifié à l’extrême (…). »
Florence Mothe ne fait que dénoncer chez les autres ses propres travers !
Je me délecte du passage suivant :
«si l’on ne peut douter, sauf à être d’un extrême parti pris, depuis l’analyse scientifique de leurs lettres que Fersen ait été le père des deux derniers enfants de Marie-Antoinette, ce dont les contemporains n’ont d’ailleurs jamais douté et que la famille de Bourbon-Parme a reconnu implicitement en acceptant seulement la confrontation de l’ADN de la mère avec les restes supposés de l’enfant du Temple (…)»
Fantastique, fabuleux ! Je ne pourrais rêver mieux ! Bien que plus loin, Florence Mothe exagère encore plus sur ce thème et me donne encore de merveilleux cadeaux.
Florence Mothe a-t-elle lu ces lettres ? Il est évident que non. Dans laquelle ou lesquelles de ces lettres (tant cela semble à ses yeux évident à leur lecture) est-il écrit explicitement que Louis-Charles et Sophie soient de Fersen ? Dans aucune ! Et ce n’est pas du tout un extrême parti pris d’affirmer le contraire ! Madame Mothe n’a pas plus lu ces lettres que l’ouvrage de madame Aristide-Astir des Archives nationales en charge du décryptage scientifique de ces lettres, ce qui est bien malheureux quand on ose ensuite les placarder comme preuves sur la paternité des deux derniers Enfants de France.
«En réalité, il n’y a qu’une seule personne à qui Marie-Antoinette peut faire confiance, malgré les mises à l’épreuve générées par leur séparation, et c’est bien Axel de Fersen, son conseiller, son ami de coeur et pour certains son amant. Aussi, sous la pression d’événements terrifiants, écrit-elle des mots dont on ne sait pas s’ils ont un jour été exprimés à haute voix, révélant son sentiment amoureux et son jeu politique mais, surtout, son âme sincère de femme aimante, avec ses espoirs, ses peurs et ses attentes.»
ARISTIDE-HASTIR (Isabelle), Marie-Antoinette et Axel de Fersen Correspondance secrète, Neuilly, édition Michel Lafont, 2021, page 47
La véritable spécialiste incontestable de ces lettres écrit noir sur blanc que rien n’indique à leur lecture qu’ils aient pu être amants. Cela reste une supposition pour certains. Ce n’est visiblement pas la sienne. Alors d’en tirer la conclusion de la paternité des enfants par ces lettres au caractère avant tout politique relève carrément de la fraude ! Contredire Isabelle Aristide-Hastir sur ce point est une grave insulte, une dame avec un immense bagage scientifique et historique, vous qui ne cessez de prouver tout le long de cet ouvrage l’exact contraire ! Mais je comprends bien que si l’on avoue n’avoir pas réussi à lire les Girault de Coursac, combien il peut être difficile de comprendre cette publication des Archives nationales.
Si vous vous êtes fiée aux dires d’Aurore Chéry _qui elle a des connaissances monumentales_ sur la question, sachez qu’elle n’a pu faire autrement que de s’appuyer sur le livre d’Evelyn Farr sorti en 2015, le seul pouvant un tant soit peu soutenir sa théorie malheureusement bancale. Or il n’y a rien, mais alors rien de scientifique dans la démarche d’Evelyn Farr. Elle est à la base une spécialiste de romans érotiques du XVIIIème siècle à qui il manque les plus élémentaires connaissances sur Louis XVI et Marie-Antoinette et qui prend ses rêves pour la réalité :
Mais je me doute que vous ne pouvez qu’estimer une telle personne. La réciproque me semble cependant impossible, tant elle a à coeur de se donner un véritable crédit historique, malheureusement difficilement atteignable. Elle ne peut donc en aucun cas cautionner votre travail. Ce qui forcément décrédibilise encore plus le sien. Quant à Aurore Chéry, largement consciente des manques d’Evelyn Farr, c’est vraiment par dépit qu’elle a dû s’appuyer sur celle-ci car il n’existe rien d’autre pour étayer sa thèse. Et là encore, l’autrice anglaise peut difficilement s’enorgueillir d’avoir pu être prise en référence dans l’Intrigant. On a les appuis qu’on mérite.
Les témoins contemporains ? Lesquels ? On retrouvera le même genre de témoins que ceux accusant Louis XVI d’ivrognerie. C’est-à-dire ses ennemis ou ceux de Marie-Antoinette. On comprend dès lors que vous n’en citiez aucun. Forcément.
Poursuivons avec la famille de Bourbon-Parme et leur ADN. Avez-vous lu Amélie de Bourbon-Parme et son très beau Sacre de Louis XVII ? Apparemment pas. Dommage ! Cela vous aurait évité d’écrire une bêtise supplémentaire :
« Tout à coup, sans être plus grand, un titre m’apparut néanmoins plus important que tous les autres : « L’ADN rend sa couronne à Louis XVII. » Je reposai le journal. En un instant, cette phrase m’avait trouvée à l’endroit précis où j’étais, assise à ma table ronde: elle s’adressait à moi personnellement, comme un message particulier, une petite annonce publiée, sans m’avertir et à ma seule intention. Car ce que j’avais devant mes yeux, sur une page indifférente, c’était, en quelque sorte, la clé de ma mémoire héréditaire. Quelques mots avaient suffi à me défaire et à me projeter vers l’intérieur de ma chair, au coeur même de chaque cellule, vers ce monde de bases nucléiques et d’acides aminés où je cessais d’être une personne. À cette échelle moléculaire, j’étais dissoute et entraînée bien avant moi-même, vers un autrefois habité par un Père immense derrière lequel je distinguais une multitude d’autres pères. En lisant les premières lignes de cet article, je remontais une vie, non la mienne, mais celle d’un inconnu qui était mon fil d’Ariane, un petit garçon dont l’existence était issue d’une même Loi ancestrale, un être qui partageait ma singularité familiale, ma façon d’être « unique à plusieurs » sur une seule lignée. »
Fiche Babelio https://www.babelio.com/livres/Bourbon-Parme-Le-sacre-de-Louis-XVII/44634
Dans cet ADN analysé, Amélie de Bourbon-Parme retrouve le Père et une multitude d’autres pères qu’elle partage avec Louis XVII, pas les mères ! Les découvertes scientifiques rend enfin sa couronne au petit roi. Lui accorderait-elle sa couronne s’il était fils de Fersen ? Réfléchissez deux secondes ! C’est bien la loi salique qui est ici célébrée. Nous savions dès le début de cette biographie que vous ne saviez pas lire un arbre généalogique des Bourbons, vous le confirmez une fois de plus ! Ne vous mêlez donc pas d’un domaine que vous ne maîtrisez pas du tout.
Vos références scientifiques sont aussi plus que limitées. Vous semblez ignorer que l’analyse ADN du coeur de l’enfant du Temple n’a pu se faire que par l’ADN mitochondrial qui provient des gènes de la mère. Ce n’est donc en aucun cas la preuve d’une généalogie paternelle remise en question mais une nécessité scientifique ! Et que n’a jamais niée la famille Bourbon-Parme. Il n’a pas suffi d’avoir écourté la vie de Louis XVII, certains veulent maintenant lui voler sa naissance. Mais on l’a vu, Florence Mothe ne cache pas sa méchanceté, que ce soit pour les handicapés ou les enfants.
Page 47 Nous passons ensuite à la relation supposée de Louis XVI avec Marie-Philippine Lambriquet, épouse d’un valet de chambre du comte de Provence (qui apparemment a laissé tomber son souhait d’entraîner son frère dans l’homosexualité…). Pourquoi pas, je n’ai rien contre l’idée d’un Louis XVI pouvant chercher ailleurs que dans le lit de son épouse un peu de plaisir. Je l’ai évoquée depuis longtemps. Seulement vous vous appuyez sur deux ouvrages franchement douteux. Premièrement, celui de Robert Ambelain, Crimes et secrets d’Etat 1785-1830, un amas de pseudo-connaissances historiques qui tente de faire passer des légendes pour de l’Histoire. Deuxièmement avec L’Essai historique sur la vie de Marie-Antoinette d’Autriche, un libelle de 1789, qui fait parler Marie-Antoinette à la première personne et qui raconte au contraire de ce que vous affirmez qu’aucun de ses quatre enfants ne sont du Roi. Le passage que vous en citez est écrit soi-disant par Marie-Antoinette (ce que vous omettez de préciser à vos lecteurs, preuve une fois de plus de votre malhonnêteté !), la reine scélérate si bien décrite par Chantal Thomas et qui rirait ainsi des difficultés sexuelles de son époux ! Si des journalistes de l’époque l’ont écrit, n’est-ce pas, ce ne peut donc qu’être vrai. Je vous rappelle qu’Eric Zemmour aussi est journaliste.
«Dans la minute, on lui procura une femme de chambre de Madame, aussi jolie que bête, et faire à tous égards pour le sale physique de notre monarque. Elle reçut ses attouchements avec respect. On entra comme la chose étant faite et on trouva Sa Majesté renouant sa braguette et riant de tout son coeur de l’entorse qu’il venait de donner au sacrement.»
Et moi qui pensais qu’avec Sophie Herfort, on avait atteint le maximum dans l’ignominie. Mais non ! Vous vous appuyez donc sur un écrit rédigé par les ennemis de Marie-Antoinette (et de Louis XVI !), comme cette autrice des plus ridicules. Si les Girault de Coursac ont de la haine à chaque page pour Marie-Antoinette, qu’en est-il de vous qui vous retrouvez à citer comme source des écrits visant à la rendre odieuse aux yeux du peuple ? Au train où cela va, j’imagine que vous ne remettez pas non plus en doute les accusations d’Hébert (que vous prenez comme témoin pour l’ivrognerie de Louis XVI) lors du procès de la Reine ! Par honnêteté que vous refusez à vos lecteurs, voici un autre extrait de ce libelle qui prouve ce qu’il en est vraiment :
«Reine barbare , épouse adultère , femme sans mœurs, souillée de crimes & de débauches , voilà les titres qui me décorent ; ils ne me sont point prodigues par la méchanceté, l’équité me les décerne. Sans doute ils orneront un jour mon buste, & placé au temple de l’immortalité, l’univers apprendra par lui quel étoit le monstre infâme qui désola la France au dix-huitième siècle. Et la révélation de mes fureurs atroces, attestées par la vérité, saura le convaincre de la possibilité de mon horrible existence.»
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k97374301/f8.item.texteImage
Vous et Sophie Herfort, voilà vos origines, voilà de qui vous êtes les dignes héritières !!! Et vous vous en vantez ! Plus de deux cents ans d’écrits abominables contre Marie-Antoinette et Louis XVI, la pire littérature de caniveau et cela continue ! Evelyn Farr s’était insurgée en 2015 quand je l’ai comparée à cette littérature. Je ne m’étais absolument pas trompée, sinon vous n’en feriez pas votre référence indirecte. Mais elle a au moins la sincérité de croire ce qu’elle écrit, persuadée de sa supériorité historique. Vous même pas. Vous raclez les pires horreurs contre le couple royal, sachant très bien que c’est cela qui va fonctionner auprès d’un large public friand des pires bassesses.
Page 48 Vous voilà bien obligée d’accorder à Louis XVI la paternité de Madame Royale puis vous passez directement à celle du futur Louis XVII. Du premier Dauphin, rien. Effectivement, qu’il lui fasse un enfant, contraint et forcé, passe encore. Un second devient tout de suite plus difficilement explicable. On imagine bien que vous n’avez pas connaissance de la fausse couche tout à fait officielle de Marie-Antoinette de 1780. Comme Fersen est alors en Amérique, comment l’expliquer ? Donc nous avons un Louis XVI qui hait sa femme, qui refuse de la toucher mais qui lui fait trois enfants en trois ans. Autant ne rien dire, c’est en effet plus pratique.
Donc Louis-Charles naît neuf mois pile après la réception au Petit Trianon donnée au roi de Suède et sa suite :
«au cours de laquelle la reine et Fersen s’étaient isolés dans leur (!!!) fameuse grotte durant plusieurs heures.»
Rien de moins ! En quoi la grotte du Petit Trianon aurait été autant celle de Fersen que celle de Marie-Antoinette ? Avez-vous oublié, ou plutôt sciemment occulté ce détail gênant, que c’est Louis XVI qui finance le Petit Trianon et qu’il a évidemment le dernier mot concernant ces lieux ? Louis XVI l’a offert à son épouse pour l’y retrouver dans un cadre agréable éloigné de la vie de représentation qu’ils détestaient tous deux (eh oui ils ont d’autres points communs que la guillotine !), celle-ci l’attendant pour des dîners et soupers, souvent accompagnés de ses frères, et lui procurant des moments privés comme le théâtre, plaisir dont il raffolait et où elle s’ingéniait à se mettre en scène parce qu’elle savait que cela lui faisait plaisir. Le Petit Trianon est le lieu par excellence où Louis XVI y retrouve une épouse docile, bien à lui. C’est aussi tout à fait normal qu’elle y organise des réceptions d’Etat qui se veulent un peu moins compassées que celles du château de Versailles. Louis XVI ne doute pas du charme et des grands talents diplomatiques de son épouse. Cette réception a donné lieu au don de la France à la Suède de l’île de Saint-Barthélémy pour son aide durant la guerre d’Indépendance. A laquelle a participé Fersen mais aussi d’autres Suédois. Il est donc tout à fait naturel de les accueillir du mieux possible. Nous sommes par conséquent dans un contexte hautement politique, or la plupart des gens veulent y voir une simple soirée mondaine, voire libertine. Est-il si difficile de comprendre que Louis XVI ait pu se réjouir de voir sa femme si douée en diplomatie ? Et d’expliquer ainsi la naissance de leur troisième enfant (mais cinquième grossesse de la Reine, toutes notées par le Roi) ? Non, Florence Mothe, comme de nombreux autres auteurs préfèrent le sensationnel, tellement plus vendeur que des considérations politiques évidemment moins attirantes.
Comment ignorer aussi que les fabriques du Jardin anglais, notamment le Grotte et le Temple de l’Amour ont été pensées, conçues et édifiées à une période (été 1774-été 1778) où Marie-Antoinette ne pouvait en aucun cas savoir qu’elle reverrait un jour Fersen ? Lui-même d’ailleurs ignore complètement qu’il remettra les pieds en France. Lisez-le ! Ce ne peut donc être «leur fameuse grotte». Mais évidemment, comme les pamphlétaires de l’époque le pensaient, à quoi bon se faire construire ce lieu discret si Marie-Antoinette ne s’y retirait pas en galante compagnie ? Florence Mothe, à qui pourtant je ne peux contester ses connaissances maçonniques, ignore qu’il était alors de bon ton dans tout jardin digne de ce nom d’y ériger une grotte. Je m’étonne que vous ne reprenez pas d’autres pamphlets décrivant cette grotte comme constellée de diamants. Tant qu’on y est ! Ah si page 107, vous y faites référence, en rapport avec l’affaire du collier ! Comment peut-on rationnellement établir un tel lien ?
«Plusieurs heures.» Même Evelyn Farr n’avait pas osé ! Elle s’était suffisamment contentée de remarquer que Fersen se trouvait derrière Marie-Antoinette pendant la représentation théâtrale et d’en conclure ces fameux neuf mois. Mais pourquoi ne pas aller encore plus loin dans l’absurde ? Tout le monde aurait apparemment trouvé normal de voir la Reine de France disparaître si longtemps alors qu’elle était l’hôtesse de la soirée.
«L’enfant fut titré duc de Normandie, titre de la Maison des Valois et non de la Maison de Bourbon.»
Oui et donc ? Louis XVI a été titré duc de Berry, qui est aussi un titre Valois. Et les comtes de Provence et d’Artois ? Ces titres n’ont plus existé depuis la période capétienne. Que faut-il en conclure ? Que Louis XV avait des doutes concernant sa belle-fille Marie-Josèphe de Saxe ? Il est dommage qu’après avoir ouvert cette biographie par l’explication du titre de Dauphin, d’ignorer que le premier qui l’a détenu, le futur Charles V, fut aussi duc de Normandie. Or ce roi, dit le Sage, était le héros historique de Louis XVI. Mais c’est vrai que vous n’avez pas lu L’Education d’un Roi. Il sait d’ailleurs qu’il se rendra en visite prochainement dans cette province, il est donc normal de l’en remercier.
«Jamais Louis XVI ne dit «mon fils», à la différence de l’expression qu’il employait pour son aîné.»
Finalement Louis-Joseph existe ? Ah oui, là il est utile. Florence Mothe ne craint pas les raccourcis généralisés. Vous vous appuyez bien évidemment sur la fameuse mention dans son journal au baptême faisant suite à la naissance du 27 mars 1785 :
«Tout s’est passé de même qu’à mon fils.»
Et qui a fait couler beaucoup d’encre. Qu’attendre à ce sujet de la part de quelqu’un qui n’a rien, mais alors rien, compris à la généalogie des Bourbons et la loi salique ? Dans la monarchie française, seul l’aîné compte. Ce n’est quand même pas difficile à comprendre. Quand Louis XV écrit à l’infant de Parme et parle de son petit-fils, c’est du Dauphin futur Louis XVI qu’il s’agit :
«Mon petit-fils est très bien avec sa femme, mais pas encore, je crois, comme je voudrais, car je ne lui en parle pas encore, n’ayant rien de pressé sur cela.»
Louis XV au duc de Parme, le 11 juin 1770
Or il en a deux autres en France et il s’adresse justement à un autre de ses petits-fils. Sont-ils pour autant tous illégitimes ? Quand Louis XVI parle de sa tante, c’est l’aînée d’entre elles, Madame Adélaïde, quand il parle de sa soeur, c’est Madame Clotilde puis à son départ en 1775, Madame Elisabeth. Et j’apprécie tout autant la mention de jamais. Florence Mothe ne s’est même pas pris la peine de lire le testament de Louis XVI (à quoi bon ?) où les mentions de mon fils sont nombreuses.
L’autrice tente ensuite comme elle peut de nous donner des informations architecturales mais nous l’avons vu, elle n’y connaît absolument rien, en tout cas concernant le château de Versailles :
«L’année 1786 fut glaciale pour les relations du couple. En outre, nous disposons depuis toujours, aux Archives nationales, de factures pour les travaux réalisés à Versailles entre l’étage supérieur et la chambre de la reine, où furent installés des chambres et un escalier secret. »
Quel escalier secret ? Les petits cabinets et appartements du Roi et de la Reine sont reliés par de très nombreux escaliers de service, à la disposition de la famille royale, de leurs plus proches et de leurs domestiques. Certains sont partagés avec des courtisans qui logent alentours, d’autres sont strictement familiaux. Louis XVI y a même installé une rampe à hauteur d’enfants. Leur connaissance relève du labyrinthe, j’en conviens, tant ils sont nombreux et disséminés un peu partout dans le corps central du château. Ne pas réussir à les inventorier n’en fait pas pour autant des escaliers secrets ! C’est juste l’aveu de votre ignorance. L’abbé de Vermond utilise ces escaliers pour amener discrètement Joseph II à sa soeur lors de sa visite en avril 1777. Ce n’est donc pas à l’usage des amants. L’interpréter ainsi c’est reprendre le leitmotiv contre la Reine avant et pendant la Révolution : si la Reine se cache c’est parce qu’elle reçoit ses amants (et maîtresses tant qu’on y est). C’est contribuer à la longue campagne de diffamation contre elle et son mari. A l’instar de la grotte du Petit Trianon.
Marie-Antoinette dispose de petits cabinets, derrière son appartement officiel comme à l’étage supérieur, qui lui sont dévolus comme y avait droit également Marie Leszczyńska. Elle installe à ce second étage de 1774 à la Révolution, des chambres en effet (notamment pour ses dames de service), mais aussi une salle à manger, un billard… Inutile d’y voir autre chose. Sinon, autant en accuser aussi la feue Reine. Mais Florence Mothe ne dispose même pas de ces connaissances basiques. Ce qui est dommage par contre c’est d’ignorer que Marie-Antoinette se fait aménager à cette date un appartement dont une chambre privée, au rez-de-chaussée (qui l’éloigne grandement des pièces dites de Fersen !) et qui se trouve, à un escalier près, juste en-dessous de la chambre de Louis XVI ! Ce qui est tout de même curieux pour un couple qui se haïrait. Vous ne connaissez rien au sujet de l’aménagement des petits cabinets de Marie-Antoinette. Alors évitez de vous ridiculiser à essayer de prouver l’improuvable.
«Ces chambres furent visitées par hasard en 1789 par le baron de Besenval, qui s’avoua sidéré de découvrir ces appartements inconnus.»
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Vous et votre manie de mal citer les sources ! Le baron de Besenval ne visite ces lieux ni par hasard, ni en 1789 ! C’est la Reine qui l’invite à s’entretenir discrètement avec elle suite au duel du comte d’Artois et du duc de Bourbon. L’affaire est grave et délicate car concerne le frère du Roi et un prince du sang. Louis XVI et Marie-Antoinette ont besoin de conseils pour faire entendre raison au jeune prince dont le baron est proche. Ce n’est donc pas du hasard ! Et surtout, nous ne sommes pas en 1789 mais en février 1778, à un moment où Fersen est coincé en Suède et dans l’incapacité de concevoir qu’il remettra les pieds en France à la fin de cette même année (il suffit de le lire lui-même). Incroyable d’à ce point se tromper de dates ! Mais il est vrai que votre récit n’aurait plus de sens, car pourquoi Marie-Antoinette se serait-elle fait aménager douillettement ces pièces à une période où Fersen ne peut absolument pas être dans ses pensées ? Besenval est donc reçu chez la Reine, discrètement, et avec l’aval du Roi («le mari est dans la confidence») :
«Je m’y rendis, et Campan m’introduisit, par une issue détournée, dans une chambre où il y avait un billard que je connaissais, pour y avoir souvent joué avec la reine ; ensuite dans une autre que je ne connaissais point, simplement mais commodément meublée. Je fus étonné, non pas que la reine eût désiré tant de facilités, mais qu’elle eût osé se les procurer.»
Mémoires du baron de Besenval, édition Mercure de France, 1987, pages 302-303.
Afin d’éviter toute erreur d’interprétation à laquelle nous sommes habitués de votre part, surtout en lisant la suite, monsieur Campan ici présent est le beau-père de la première femme de chambre, secrétaire de la Reine et en qui Marie-Antoinette a une confiance absolue. Notons aussi que le mot chambre sous l’Ancien Régime, comme on le voit bien dans cet extrait, a autant le sens de notre chambre actuelle, que d’une quelconque autre pièce. Ce n’est pas forcément un lieu où dormir. Ni pour y faire des galipettes. Le baron de Besenval est «sidéré», oui en effet. Non pas qu’elle «eût désiré tant de facilités, mais qu’elle eût osé se les procurer». La Reine de France a bien droit à disposer de pièces confortables et douillettes, il en bénéficie lui-même lorsqu’il est invité à jouer au billard chez elle. C’est comment elle se les est procurées qui l’étonne. Pourquoi ? Parce que ces pièces jusqu’au début du règne étaient réservées au premier valet de chambre du Roi. Cela vous permet aussi de situer la proximité de l’appartement de celui-ci et qu’il est donc peu recommandé d’y recevoir un amant ! Antoine Thierry bénéficiant de la moitié de l’ancien appartement de madame du Barry, considéré comme le plus beau du château, Louis XVI pouvait gracieusement offrir de nouvelles pièces à son épouse. Dont ne doutons pas, il ne pouvait être que le premier bénéficiaire, tout comme au Petit Trianon. Certainement pas Fersen, il suffit de connaître les dates.
«Dans la première mouture des Mémoires de Mme Campan, quand elle raconte la nuit du 5 au 6 octobre 1789 et parle du temps que Marie-Antoinette mit à répondre aux cris du garde du corps, M. de Miomandre de Sainte-Marie : «Sauvez la reine, on en veut à ses jours», la lectrice de Marie-Antoinette écrit d’abord : «La reine n’était pas seule». Cette phrase disparaît avec la silhouette de Fersen dans la version définitive.»
Pages 48-49
Vous êtes bien chanceuse de disposer de la version manuscrite des mémoires de madame Campan ! Dommage de ne pas nous en faire réellement bénéficier à l’aide d’une photographie afin de nous permettre d’établir de nos yeux la différence entre les deux versions. Je vous assure que c’est très utile quand on veut appuyer ses dires. Trêve de plaisanterie. Soit vous nous prouvez encore votre ignorance la plus entière, aveuglée par de nombreux écrits qui n’y connaissent rien ou bien tout simplement malhonnêtes (vous n’êtes pas la seule malheureusement !), soit vous ne cachez plus vos mensonges.
Vous présentez ici une Marie-Antoinette dans les bras de Fersen tandis que son garde du corps se fait massacrer. Magnifique ! Vous ne donnez pas une meilleure image non plus de Fersen qui laisserait ici d’autres hommes protéger la femme qu’il aime tandis qu’il se cache. On croit rêver ! Je rappelle qu’au même moment Louis XVI court chercher sa femme et que c’est bien vers lui qu’elle se rend pour échapper au danger. Pas auprès de son amant supposé. Je n’avais pas lu pire depuis Evelyn Farr.
Evelyn Farr dans ses propos ridicules sur la question a au moins eu la décence d’éviter de se fier à un écrit relativement connu (malgré la tentation qui était très forte !), et qui prouve justement l’inverse de ce qui est souhaité tant il est fallacieux :
Vous n’avez même pas eu l’honnêteté de le citer directement tant sa bêtise est flagrante. En effet, pour les partisans d’un seul et grand amour (telle que Farr), ceux qui adhèrent à ce texte sont bien obligés d’admettre le duc de Coigny comme amant de Marie-Antoinette. Ayant accepté que Madame Royale était bien la fille de Louis XVI, vous ne pouvez sans tout remettre en cause, le classer comme amant. Or les rumeurs sur sa paternité du premier enfant de Marie-Antoinette sont bien plus importantes que celle de Fersen vis-à-vis des deux derniers. C’est dire le poids de votre théorie. Rappelons que ces mots sont de lord Holland qui dit les détenir de Talleyrand, lui-même de madame Campan. Votre notion de témoins me paraît dès lors très curieuse.
Si l’on suit ses mémoires publiées, donc concrètes, et non une supposition d’autrice en mal de sensationnel, madame Campan n’était pas de service ce jour-là :
«A cette époque, je n’étais pas de service auprès de la reine. M. Campan resta près d’elle jusqu’à deux heures du matin. »
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2050404/f78.item.r=m%C3%A9moires%20de%20campan
Vous devez sûrement l’ignorer mais Marie-Antoinette disposait de deux premières femmes de chambre qui se partageaient le service : madame Campan et madame de Misery. Le 5 octobre, madame Campan est en pause dans sa résidence de campagne près de Versailles. C’est la moindre des choses car elle fête le 6 son anniversaire. M. Campan passe une grande partie de la nuit auprès de Marie-Antoinette, ce qui ne prête guère aux galanteries, surtout dans ce contexte. Le vieux secrétaire rentre ensuite chez lui et Marie-Antoinette lui demande justement de rassurer sa belle-fille. Mais madame Campan dispose d’un autre témoin, sa soeur, en poste cette nuit-là, madame Auguié, femme de chambre ordinaire :
«La reine se coucha à deux heures du matin, et s’endormit, fatiguée par une journée aussi pénible. Elle avait ordonné à ses deux femmes de se mettre au lit, pensant toujours qu’il n’y avait rien à craindre, du moins pour cette nuit ; mais l’infortunée princesse dut la vie au sentiment d’attachement qui les empêcha de lui obéir. Ma sœur, qui était l’une.de ces deux dames, m’apprit le lendemain tout ce que
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2050404/f81.item.r=m%C3%A9moires%20de%20campan
je vais en citer. Au sortir de la chambre de. la reine, ces dames appelèrent leurs femmes de chambre, et se réunirent toutes quatre, assises contre la porte de la chambre à coucher de Sa Majesté. Vers quatre heures et demie du matin, elles entendirent des cris horribles et quelques coups de fusil ; l’une d’elles entra chez la reine pour la réveiller, et la faire sortir de son lit; ma sœur vola vers l’endroit où lui paraissait être le tumulte; elle ouvrit la porte de l’antichambre qui donne dans la grande salle des gardes, et vit un garde du corps, tenant son fusil en travers de la porte, et qui était assailli par une multitude qui lui portait des coups ; son visage était déjà couvert de sang ; il se retourna et lui cria «Madame sauvez la reine, on vient pour l’assassiner.» Elle ferma soudain la porte sur cette malheureuse victime de son devoir poussa le grand verrou, et prit la même précaution en sortant de la pièce suivante, et, après être arrivée à la chambre de la reine elle lui cria «Sortez du lit Madame; ne vous habillez pas, sauvez-vous chez le
roi.»La reine épouvantée se jette hors du lit, on lui passe un jupon sans le nouer, et ses deux dames
la conduisent vers l’œil-de-bœuf. »
On se demande à cette lecture à quel moment madame Campan aurait pu glisser la mention de Fersen. Et d’où vous est venue l’idée saugrenue que Marie-Antoinette amoureusement lovée dans les bras de son amant aurait mis du temps à réagir ?
Mais plutôt évoquer l’air de rien un texte ordurier, preuve de tout ce que ce sujet peut entraîner de mensonger. C’est encore pire.
«L’affaire étant entendue, et ce, dès l’époque, cherchons à entrer dans l’intimité de ce couple mythique.»
Page 49
Cela, c’est vous qui le dites ! L’affaire est entendue ! Question de foi, si ce n’est de malhonnêteté la plus assumée ! Et si dès l’époque, on le disait, alors évidemment, comment la remettre en cause ? Venant de quelqu’un qui répète les pires rumeurs de l’époque, on se demande pourquoi ne pas en avoir répéter d’autres ? Pourquoi celles concernant Fersen seraient-elles plus vraies que celles concernant Coigny, Artois, mesdames de Lamballe et Polignac… Son propre fils ? Vous avez la prétention de pouvoir entrer dans l’intimité de Marie-Antoinette et Fersen ? Par quel miracle ? Personne ne peut y prétendre ! Ni Farr, (qui pourtant y croit) ni Arisitide-Hastir (qui l’admet par honnêteté historique et scientifique) ne le peuvent. Et surtout pas de votre part, quand on n’a jamais lu leurs lettres ou le journal de Fersen ! Couple mythique… Tout dépend du sens en effet !
Je vous accorde que vous avez au moins compris ce qui concerne le poids majeur des relations franco-suédoises à cette époque, pour vous rendre compte d’une évidence, niée notamment par Evelyn Farr toute à ses rêves de romance :
«De là à supposer que Fersen, diplomate professionnel, ait été, au départ, en service commandé, il n’y a qu’un pas que les contemporains n’hésitèrent pas à franchir.»
Page 49
Hé oui, cela coule de source ! Si vous pouviez me donner le nom de ces contemporains, je vous pardonnerai tout le reste tant cela m’intéresse. Néanmoins, du coup, vous faites encore de Marie-Antoinette une pauvre cruche qui tombe dans les bras du plus grand séducteur d’Europe à l’ambition diplomatique démesurée. Une Marie-Antoinette en mal de jalousie vis-à-vis de son mari qui n’a pas trouvé mieux de jeter son dévolu sur un homme qui ne compte plus ses maîtresses ! Et un homme qui la plupart du temps vit très éloigné d’elle. On a fait mieux pour une histoire d’amour ! Vous affirmez ensuite page 50, que c’est lors de son départ pour l’Amérique que Marie-Antoinette se lie avec madame de Polignac ! Mais enfin quand même ! Il n’est quand même pas si difficile de ranger les événements historiques dans leur ordre chronologique ! Vous assurez ensuite que le couple royal ne connaît plus aucune relation conjugale au grand désespoir de l’Impératrice qui évidemment rêve d’un Dauphin qu’elle ne connaîtra jamais. C’est très mal lire ces échanges entre la mère et la fille :
Le roi vit avec moi dans une parfaite intimité à tous égards. Je ne suis pourtant pas encore grosse, dont je m’impatiente beaucoup.
Lettre de Marie-Antoinette à sa mère, du 14 octobre 1779
Ma bonne santé, celle du roi, et la manière dont nous vivons me donne toujours espérance.
Lettre de Marie-Antoinette à sa mère, du 30 novembre 1779
Vous comprenez bien ce que cela signifie, non ?
«Je compte reprendre du fer dans le mois prochain. Vermond (l’accoucheur) et Lassone croient que je pourrai devenir grosse plus facilement après.»
Lettre de Marie-Antoinette à sa mère, du 17 janvier 1780
Ce qui signifie évidemment que le couple royal effectue régulièrement son devoir conjugal car sinon comment pourrait-elle penser tomber enceinte ?
«Il me paraît que Lassone a raison de vous donner du fer, qui a fait merveille auprès de la reine de Naples, et une saignée ne vous fera du mal.»
Lettre de Marie-Thérèse à sa fille, du 1er février 1780
Effectivement, la reine de Naples a eu dix-huit enfants ! Il va donc de soi que les rapports conjugaux ne sont pas à remettre en cause, mais un problème de fer, toujours recommandé aujourd’hui pour les femmes souhaitant tomber enceintes.
Contrairement à ce qu’en disent les rumeurs, le couple royal passe au contraire beaucoup de temps ensemble :
«Le roi se retire de bonne heure et se lève de même, la reine fait le contraire : comment peut-on espérer du mieux ?»
Lettre de Marie-Thérèse à sa fille, du 2 août 1780
«J’ai bien peu veillé depuis trois mois, et quand cela est arrivé, c’était toujours avec le roi, soit à Saint-Hubert, où l’on va souper les jours de chasse, soit à Trianon.»
Lettre de Marie-Antoinette à sa mère, du 15 août 1780
Mais peut-être préférez-vous suivre les ragots plutôt que Marie-Antoinette elle-même ? Elle est quand même mieux placée que vous ou sa mère à des milliers de lieues de distance pour savoir ce qu’il en est de son intimité avec son mari.
Mais plus explicite encore :
Le roi paraît s’y plaire beaucoup (Trianon); il y vient souper tous les jours, et vient me voir le matin, comme dans mon appartement à Versailles.
Lettre de Marie-Antoinette à sa mère, du 19 septembre 1780
Vous croyez que Louis XVI fait quoi auprès de son épouse le matin ?
Les sources, les sources, rien que les sources !!!
Passe encore qu’Evelyn Farr, anglophone, n’en comprenne pas le sens, mais vous ? Mais évidemment, vous n’avez rien lu de la correspondance entre la mère et la fille. Vous vous êtes contentés de réécrire à votre manière ce que vous avez lu ici ou là dans quelques biographies. Et vous continuez en affirmant que c’est sur ordre de son frère Joseph II que Marie-Antoinette consent à se rapprocher de son époux, d’où la naissance de Louis-Joseph. Oui mais d’un autre côté, vous soutenez, à l’instar d’Aurore Chéry, que c’est Louis XVI qui refuse de toucher son épouse. Pourquoi alors aurait-il cédé ? C’est donc totalement incohérent si l’on suit votre théorie ! Et pour rappel, lors de la visite de l’Empereur en 1781, Marie-Antoinette est déjà enceinte. Son frère ne lui a donc donné aucun ordre en ce sens. Munissez-vous d’un calendrier, s’il-vous-plaît !
Les âneries à ce sujet continuent de plus belle. Par quels moyens réussissez-vous à caler une date pour la première nuit entre Fersen et Marie-Antoinette ? Même Evelyn Farr n’a pas osé ! Selon vous, le 12 juillet 1783. C’est comme ça, gratuit, sorti d’on ne sait d’où. Puis continuons :
«Immédiatement, un appartement communiquant avec celui de la reine lui fut aménagé (33).»
Et votre note : Marie-France Boyer, François Halard, les Lieux de la Reine, Thames et Hudson, 1995
Or la seule mention dans leur livre de Fersen est celle-ci :
Où avez-vous lu qu’un appartement fut attribué à Fersen aussitôt leur première nuit d’amour ? Ce n’est pas du tout ce qui y est écrit !!! Nous avons juste droit à un :
«Les petits appartements étaient aussi l’objet de visites fréquentes, peut-être nocturnes, de son chevalier servant, Axel de Fersen.»
D’un peut-être, vous avez livré votre propre interprétation totalement délirante et frauduleuse ! Un comble pour quelqu’un qui dénonce les troubles obsessionnels compulsifs chez les autres. Vous conviendrez également qu’aussi charmant soit ce livre, très agréable à feuilleter, nous ne sommes pas du tout face à un ouvrage de référence en histoire de l’art. Si vous vouliez de la qualité en la matière, vous auriez dû consulter l’ouvrage de Marguerite Jallut, L’Impossible Bonheur. Mais c’est très probablement trop difficile d’accès pour vous. Dommage car la conservatrice vous aurait apporté de l’eau à votre moulin. Mais comme à chaque fois sur ce sujet, tout en ne prouvant pas ses dires (vous n’êtes hélas pas la seule !).
Concernant les relations de Marie-Antoinette et Fersen, Florence Mothe m’offre le plus magnifique feu d’artifice qui soit des pires bêtises jamais lues sur la question. Je n’aurais jamais pu rêver mieux. Je l’en remercie. Je plains par contre Evelyn Farr et plus encore Aurore Chéry de se retrouver mêlées à ça.
Page 51 Florence Mothe reprend la thèse principale d’Aurore Chéry : la relation amoureuse entre Louis XVI et Françoise Boze. Je l’ai dit précédemment, je n’ai strictement rien contre l’idée d’un Louis XVI prenant maîtresse, je l’ai prouvée depuis longtemps. Seulement, Aurore Chéry ne m’a guère convaincue car je n’ai rien trouvé de substantiel pour me le permettre. Florence Mothe ne fait ensuite que reprendre les propres trouvailles d’Aurore Chéry, pour lesquelles j’ai du mal à déterminer ce qui relève de faits réels concernant cette dame ou ce qui relève de l’imagination de l’historienne (titre que j’accorde à Aurore Chéry, certainement pas à Florence Mothe). Je suis certaine que Françoise Boze devait être une femme des plus intéressantes mais rien de rien ne me dit que Louis XVI l’ait jugée ainsi au point d’en tomber amoureux. Vous vous permettez encore des raccourcis qu’Aurore Chéry ne commet pas, comme l’affirmation que la passion de Louis XVI pour l’horlogerie provient du fait qu’il s’agissait du métier du père de Françoise. Et d’ajouter pour ses courses de chasse répétées :
«Parbleu, messieurs, il est bien singulier que je ne puisse aller en bonne fortune sans que tout le monde le sache.»
Source ? Aucune évidemment !
Là où je sais avec certitude qu’Aurore Chéry s’est trompée et que vous reprenez sans aucune réflexion, à votre habitude, page 52, c’est d’indiquer que Françoise Boze récupèrera au château de Versailles l’appartement des princes de Conti en 1787. Quand on sait la bombe que fut l’accaparement de l’appartement du duc de Penthièvre par madame de Pompadour, on se demande comment une telle information serait restée aussi discrète jusqu’en 2020 ! Je me doute que vous n’ayez jamais pu lire L’Espace du Roi de William R. Newton. La femme d’un simple peintre qui récupère l’appartement d’un prince du sang, soyons sérieux ! Effectivement, madame Boze va bien loger dans cet appartement, mais à la Restauration. Il suffit de lire Laffont d’Aussonne. A un moment où d’anciens serviteurs de la Couronne sont ainsi récompensés, dans de vieux appartements qui avaient nettement perdus de leur valeur, ne serait-ce que symbolique. C’est, vous en conviendrez, nettement moins prestigieux ! Le comte de La Marche (dernier des Conti, je précise tant vous ne connaissez rien aux Bourbons) gardera son appartement jusqu’au 18 juillet 1789, et on ne voit pas pourquoi il aurait cédé devant une femme d’artisan ! D’autant que cet appartement est tout au bout de l’aile du Nord, touchant l’Opéra. Pas vraiment pratique pour le Roi s’il rend visite à sa maîtresse.
«C’est une vraie femme, non une gravure de mode. L’anti-Marie-Antoinette en quelque sorte.»
Page 52
Parce que Marie-Antoinette n’est pas une vraie femme ? Que vous faut-il ? Elle est la féminité incarnée ! En plus vous vous contredisez vous-même car vous dites juste avant que sur son portrait, elle lit une partition musicale. C’est bien un détail qui la rapprocherait davantage de Marie-Antoinette que de Louis XVI !
«Une femme sur la poitrine de laquelle on a envie de se reposer, des bras dans lesquels on a envie de se blottir, une femme sans doute compréhensive et maternelle.»
Ce qui n’est apparemment pas le cas de Marie-Antoinette selon vous. Pour rappel, si Marie-Antoinette n’était pas tétonnière à quatorze ans, elle se rattrapera nettement ! L’argument des gros seins n’est certainement pas ce qui a nourri le désir de Louis XVI envers Françoise Boze au détriment de son épouse. Ah si, elle est intelligente et cultivée, elle. La preuve elle lit une partition musicale. Tout pour plaire à Louis XVI en effet ! De son côté, Marie-Antoinette se fait tailler un short, car évidemment elle n’est ni compréhensive, ni maternelle. Je vous recommande donc de la lire, ce serait mieux pour votre connaissance du personnage.
Nous voilà ensuite dans les fameuses lettres qu’Aurore Chéry prétend être la correspondance amoureuse de Louis XVI et Françoise Boze. Ce qui est bien pratique, c’est que ces lettres sont archivées sous le nom de la comtesse du Pont de La Mothe, mais chez qui l’historienne veut absolument voir son égérie Françoise Boze. Il faut savoir qu’Aurore Chéry a tenté de lui donner tous les avatars possibles, dès qu’une femme un peu mystérieuse pointe le bout de son nez dans tous les écrits concernant le règne de Louis XVI, jusqu’à la monarchie de Juillet, en passant par l’épopée napoléonienne. Tout le monde ignore qui est cette comtesse ? C’est donc Françoise Boze. Hop, c’est facile !
A ceux qui s’étonnent de ne pas du tout reconnaître l’écriture de Louis XVI dans ces lettres, un autre subterfuge est mis en place :
«Ces lettres sont recopiées par Françoise Boze, le roi lui demandant de renvoyer ses lettres par mesure de précaution avec leur réponse qu’elle leur apportait.»
Page 52
Comme c’est pratique ! Et pour ajouter encore plus de crédit, cette comtesse se fait passer pour Allemande. Du coup, les lettres sont ponctuées de germanismes, histoire d’être sûr que des lecteurs indiscrets ne les reconnaissent pas. Franchement ! Et nous nous étonnons d’autant plus, que si Louis XVI fuit son épouse, si fière de rester Allemande, pourquoi demanderait-il à sa maîtresse de se faire passer pour telle ? C’est complètement incohérent !
Mais outre l’écriture, il y a le style totalement différent de celui de Louis XVI, c’est même difficile de faire plus. Louis XVI est reconnaissable entre mille pour son style concis. C’est même un maître en la matière. Lisez-le aussi !
Ou bien encore :
Or ici, nous pouvons lire :
«Oh ! si je savais que la jouissance que tu as éprouvée de me faire espérer pour demain pût diminuer mon amour extrême, si je ne la regardais pas comme le feu sacré qui enflammera éternellement mon amour et le tien, ah ! mon amie, comme toi, je n’y consentirai jamais. »
C’est d’une lourdeur ! Qui peut y reconnaître Louis XVI ? Lorsque j’interrogeais Aurore Chéry sur ce point, elle qui pourtant maîtrise à la perfection le style de Louis XVI, elle me répondit que c’était l’amour qui le faisait changer ainsi. L’argument me paraît plus que léger…
Mais surtout :
«Le maudit facteur de Paris est si accoutumé à envoyer mes lettres à Versailles que ton paquet y est retourné et je ne le recevrai que ce soir.»
CHERY ( Aurore), Louis XVI, l’intrigant, Flammarion, 2020, page 527 (version Kindle).
Louis XVI, le Roi de France, attend le facteur ! Quelle crédibilité à tout ceci ? Cette correspondance amoureuse, très lyrique, c’est le moins que l’on puisse dire, gardera le secret sur ses auteurs. Certainement des personnes de la cour ou approchant. Mais pas le Roi de France. Aurore Chéry a voulu y voir la concrétisation de ses rêves mais elle a fait fausse route. Je suis désolée pour vous, mais si Aurore Chéry ne m’a pas convaincue sur la question, vous êtes bien loin de pouvoir faire la différence. Au contraire, vous renforcez ma conviction qu’il s’agit d’une erreur.
Page 54 Que Louis XVI soit un homme secret qu’il aime pratiquer, c’est une certitude. C’est normal, c’est un roi. Quel chef d’état ne le serait pas ? Le contraire serait plutôt gênant. Pas besoin de rappeler que Louis XVI aime s’enfermer pour autre chose que gérer discrètement les affaires politiques en cours.
Les pages suivantes ne sont pas inintéressantes, concernant les mécanismes économiques et réseaux d’espionnage, pour qui j’admets avoir une grande méconnaissance. Malheureusement, si vous vous y connaissez visiblement bien mieux que moi, je ne peux m’empêcher de mettre en doutes vos dires. Chat échaudé craint l’eau froide ! Car vous avez prouvé à travers tout ce qui a précédé votre grande ignorance. Il m’est donc légitime de me méfier du reste. Surtout que vous vous appuyez sur les écrits de votre ancêtre Antoine de Lessart mais sans nous en montrer les versions manuscrites. Il faudrait donc vous faire confiance les yeux fermés. Ce qui n’est évidemment pas possible tant j’ai montré à quel point vous citiez mal vos autres sources, cette fois-ci connues.
Par contre, je corrobore tout à fait ce passage :
«La Révolution française a été le fruit d’un changement d’état d’esprit profond de la société, changement que Louis XVI avait souhaité, accompagné mais pas anticipé, de circonstances économiques dont certaines n’étaient pas prévisibles et d’autres, d’ordre météorologique, donc inattendues. Mais la Révolution est surtout le fruit d’un incroyable entassement de pressions et de manipulations venues de toute l’Europe et réalisées par des princes qui représentaient les différents pays auxquels le rayonnement de la France faisait de l’ombre. Si bien que le grand sujet débattu ne semble pas avoir été le bonheur des aristocrates ni celui du peuple que tous les partis méprisaient et manipulaient, mais la lutte pour la domination d’un continent, l’Europe, qui s’estimait à l’époque le seul qui vaille au monde.»
Page 55
C’est en effet parfaitement résumé. Attention cependant à ne pas tomber dans le piège du complotisme dans lequel la pauvre Aurore Chéry ne se sort plus. Surtout que vous affirmez vous y opposer dès l’ouverture de votre livre. Vous n’êtes pas à une contradiction près. Mais continuons à éplucher vos erreurs qui continuent à être nombreuses même si le thème abordé m’est moins familier :
«Il aurait voulu se rapprocher de la Prusse, se sentant finalement, par sa généalogie même, plus allemand que français, estimant qu’il n’était pas de grand pays sans grande armée.»
Page 56
Que Louis XVI se sente plus proche de la Prusse que de l’Autriche, pourquoi pas mais cela reste encore à prouver. Qu’il ait voulu une grande armée sur le modèle prussien, c’est un fait, il suffit de voir combien Napoléon a profité de l’énorme travail de rénovation de l’armée par Louis XVI. Mais d’où sortez-vous que Louis XVI est plus proche généalogiquement de la Prusse ? Mais enfin, faites un effort ! Allemand à l’époque n’a pas le sens d’aujourd’hui. Marie-Antoinette, sa mère, Mozart se disent Allemands, pas Autrichiens. Cette distinction n’apparaîtra qu’au XIXème siècle, au grand dépit de l’empereur François-Joseph qui se sentait évidemment allemand mais que va lui contester Bismarck. On en connaît malheureusement les conséquences. Revenons à la généalogie de Louis XVI. Il a, ne vous en déplaise, des origines autrichiennes. La mère de Marie-Josèphe de Saxe est une archiduchesse, cousine germaine de Marie-Thérèse. La Saxe est évidemment allemande, mais certainement pas proche de la Prusse à cette date. C’est encore un raccourci de votre part. Ignorez-vous que Frédéric II a envahi Dresde au grand désespoir de la Dauphine, mère de Louis XVI ? Cela l’a forcément marqué dans son enfance (plus que les maladies gynécologiques de madame de Pompadour…).
Et comment vous permettez-vous d’estimer que Louis XVI se sente plus allemand que français ? D’où le sortez-vous ? Ce sont des analyses pseudo-historiques venant d’un temps où le patriotisme français voulait voir des Allemands (donc des vilains) partout ! Avez-vous lu de la main de Louis XVI cette idée ? Et vraiment de sa main. Pas recopié par on ne sait qui. Tout Roi de France a sa mère d’origine étrangère sauf rare exception. Louis XIV se sentait-il plus espagnol que français ? J’en doute. Louis XV plus italien que français ? Qu’ils aient pu marquer un sentiment d’affection pour ces langues ou ces régions, rien de plus normal, ce sont les origines de leurs mères. Mais un Roi de France se sent avant tout plus français que n’importe qui ! Lisez aussi Marie-Thérèse de France ! Les révolutionnaires veulent l’envoyer en Autriche chez sa mère, or elle ne se sent, mais alors pas du tout, autrichienne et se revendiquera française toute sa vie. Mais nous avions compris depuis le début que vous n’avez jamais lu d’arbre généalogique des Bourbons. Enfin pour rappel, en France, depuis Louis X le Hutin, la nationalité française de n’importe qui vient du sol, pas du sang.
Vous dressez ensuite un état des lieux des différents réseaux d’espionnage, s’ignorant les uns les autres et certains même en opposition. C’est très instructif. Je vous remercie aussi pour votre portrait de Necker et tout ce qui concerne la Suisse. On aurait juste voulu plus de détails et surtout des points précis pour étayer tout cela. Forcément je ne peux que m’interroger sur vos sources. La fin de ce chapitre mérite de s’y arrêter :
«On comprend que l’animation de ces réseaux et le recueil de leurs informations aient davantage passionné Louis XVI que le jeu de biribi de Marie-Antoinette. Mais la découverte de ces multiples ramifications laisse à l’historien une impression de malaise, tant, d’avancée en avancée, de document en document, on ne peut que se rendre à cette évidence : Louis XVI, cet inconnu, menait une double, si ce n’est une triple vie…»
Page 67
Non Louis XVI est juste un roi, le chef d’état de la plus grande puissance d’alors. Il est donc tout à fait naturel qu’il ait sous ses ordres des réseaux d’espionnage, liés au monde de la finance. Et je vous l’accorde, il aimait le mystère, pensant que c’était comme cela qu’il agirait au mieux politiquement. Néanmoins, ne cherchez pas à comprendre ces ramifications, encore moins la personnalité de Louis XVI. Vos tentatives sont pour certaines très intéressantes mais vous ne pouvez pas croire avoir tout compris à ce sujet. C’est impossible. Tout le monde s’y est cassé les dents, Marie-Antoinette la première. Aurore Chéry s’y est complètement perdue au point d’y laisser sa santé. Or, vous n’avez pas du tout ses compétences. J’espère que lorsque vous parlez d’historien, vous n’avez pas la prétention de vous y classer. J’apprécie le tacle l’air de rien contre Marie-Antoinette que vous faites passer une fois de plus pour la pauvre cruche qui n’a que la mode et le jeu en tête. Or vous dites justement précédemment qu’elle aussi dispose de son propre réseau d’espionnage. Et je peux vous assurer qu’elle avait tout à fait conscience de ce que menaient les choiseulistes en son nom, sans forcément y adhérer. Sinon, Marie-Antoinette ne jouait pas au biribi mais au pharaon. Bravo, une fois de plus vous étalez votre ignorance, tout en étant persuadée de faire preuve d’esprit.
Je vous remercie donc pour ce fabuleux chapitre où tout ce que vous affirmez se trouve être finalement un véritable plaidoyer pour le contraire.
Chapitre 4 : Modern style
Où l’on découvre que ce qui aurait pu être passionnant est vivement expédié.
A la vue de ce titre, j’avais espéré que vous évoquiez le mode de vie effectivement tout à fait moderne, pour ne pas dire révolutionnaire de Louis XVI, et évidemment de Marie-Antoinette. Sur quoi les deux se retrouvaient parfaitement, contrairement à votre formule cruelle : «la guillotine, la seule chose que ce couple bizarre ait finalement partagée…». Par exemple, leur vision de l’éducation, de la famille. Mais aussi leur choix de vivre le plus possible dans un cadre privé, tout en acceptant d’assurer la représentation de cour, forcément différente de ce que Louis XIV avait mis en place un siècle plus tôt. Je vous conseille à ce sujet la lecture de plusieurs ouvrages d’Hélène Becquet. Mais outre la vie personnelle de Louis XVI, il y a surtout ses avancées politiques. Pêle-mêle , je vous citerai la suppression de la torture, l’abolition de la peine de mort pour les déserteurs et le droit pour les femmes d’ouvrir un compte en banque… Mais évidemment, vous ne vous êtes pas pris la peine de lire Louis XVI a la parole des Girault de Coursac. Vous avez préféré vous focaliser sur d’autres thèmes bien plus raccoleurs.
J’applaudis les pages 69-72. Voilà enfin Louis XVI ! Mais encore une fois, dommage de ne pas donner suffisamment de détails et de sources. Avec 287 pages, nous avons compris que pour vous l’essentiel n’est pas là. Pour les pages 73-74, vous affirmez malheureusement trop de choses, inédites pour la plupart, sans citer aucune source. La seule, votre note 50 appartient encore à vos sources privées. Comment voulez-vous que ce soit crédible ? Surtout lorsqu’on ose comparer Louis XVI à Henry VIII ! La page 75 aurait pu être passionnante, montrer concrètement les balbutiements de la représentation nationale souhaitée par Louis XVI, mais vous transformez l’ensemble en légende familiale, la vôtre. Sincèrement, je pense que vous auriez réalisé un bien meilleur travail si vous aviez décidé d’écrire la biographie d’Antoine de Lessart, un ministre français hélas trop oublié. Evidemment, cela aurait été moins vendeur. Mais au moins vous auriez maîtrisé votre sujet. Et parler quand même de Louis XVI si cela vous tenait si à coeur puisque votre ancêtre travaillait pour lui. Pages 76-79 nous avons de belles pages sur les impôts du temps et les débuts du capitalisme en France. C’est un très bon résumé. Vous avez su rendre abordable ce qui est d’habitude extrêmement compliqué. Je vous en remercie. Pour le retour des Parlements page 80, je vous conseille la lecture de cet article qui vous montre que sa décision, en effet malheureuse, a été bien plus compliquée que deux pauvres petits paragraphes dans votre ouvrage :
Chapitre 5 : Aux couleurs de l’été indien
Où Florence Mothe persiste et signe à refuser d’étayer ses propos, transformant la guerre d’Indépendance en complot franc-maçon.
Ce nouveau chapitre s’ouvre ainsi :
««La France est la seule nation capable de faire la guerre pour une idée», déclara Louis XVI quand il accepta de soutenir les Insurgents.»
Page 81
Or comme à votre habitude, il n’y a pas de source. C’est une bien jolie phrase, mais sortie d’on ne sait où. Je ne sais pas ce qui est le pire chez vous : ne rien citer ou mal citer ? Louis XVI est surtout le seul roi à ma connaissance dont les deux seules guerres ont servi à établir la démocratie ailleurs mais aussi chez lui. Ce n’est pas rien et mérite amplement de s’y attarder. Mais vous avez préféré ensuite vous plonger dans des considérations que je pense toutes personnelles de votre part.
En effet, la suite ne fait que concerner la franc-maçonnerie pour laquelle j’avoue ne pas connaître grand chose. Je vous laisse donc le bénéfice du doute estimant que vous maîtrisez certainement mieux ce sujet que ma propre personne. Je vous ai juste fait la remarque plus haut que pour une personne censée être spécialiste des jardins maçonniques, il est tout de même dommage de s’être trompée à ce point sur la grotte du Petit Trianon. J’espère juste que votre connaissance de la franc-maçonnerie est bien plus réelle que votre connaissance de Louis XVI, de son épouse, des Bourbons ou du château de Versailles. Parce que sinon, ce ne sera pas moi qui vous tombera dessus sur cette question mais de vrais spécialistes. Je ne vais donc pas m’appesantir dessus. Que la franc-maçonnerie ait eu un rôle dans cette guerre, mais aussi dans la Révolution, c’est incontestable et une évidence. Il ne faut pas pour autant tomber dans l’excès inverse qui finit par faire le jeu du complotisme que pourtant vous dénonciez en ouverture de votre livre.
Par contre page 85, je ne peux pas vous laisser écrire cela sans réagir :
«Est-ce parce qu’il était, comme Provence et Artois ou encore le musicien Kreutzer, membre de la loge des Trois Frères inséparables que Louis XVI s’engagea dans cette aventure ? Cet atelier, créé à l’Orient de Versailles le 7 septembre 1775, était une loge royale et militaire dont nous possédons les documents internes jusqu’en 1789. Il appartenait au Grand Orient de France qui avait remplacé depuis deux ans la Grande Loge, grâce à l’action du prince de Montmorency-Luxembourg.»
Vous vous doutez bien qu’une telle assertion mérite un minimum de références ! Je n’ai rien contre l’idée d’un Louis XVI franc-maçon, tout le monde l’était. Le père, les frères de Marie-Antoinette notamment. La princesse de Lamballe, bien évidemment, le duc d’Orléans… Mais vous comprenez qu’on ne peut déclarer que Louis XVI ait pu l’être sans précautions ! Rien, pas une source. Vous posséderiez les documents internes mais vous ne les montrez pas ? Où est l’honnêteté ?
«Bien qu’il observe dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres une extrême discrétion, Louis XVI semble avoir partagé l’idéal maçonnique et même celui des Quakers qui proclamaient «la crainte de Dieu et l’amour du prochain.»»
Page 85
Louis XVI étant très discret, il est facile de lui attribuer tout ce qu’on veut, même les pires extrémités, de la masturbation compulsionnelle jusqu’au quakerisme. Bah voyons ! Si Louis XVI aime le peuple, pas besoin d’y voir de la folie ou l’adhésion à une secte.
Le nouveau Louis XVI selon Florence Mothe
«La société qu’il voulait aider à instaurer aux Etats-Unis s’inspirait, certes, de Montesquieu, mais on peut observer qu’elle s’inspirait aussi de la Confédération suisse qui semble une république idéale aux yeux de Louis XVI, en ce sens qu’elle était à la fois libérale et étrangère à toute querelle religieuse.»
Page 85
Pourquoi pas. Néanmoins, une interrogation s’impose. Louis XVI se serait-il fait dans son âme protestant par amour pour Françoise Boze ou c’est parce qu’il l’aurait déjà été qu’il en serait tombé amoureux ? Devenu en cachette protestant juste dans l’unique objectif de divorcer, à l’instar d’Henry VIII. Ni vous, ni Aurore Chéry n’avez su y répondre clairement. Forcément puisque vous faites fausse route. Mais bon pour vous, Louis XVI était prêt à mettre en place une république théocratique. Je comprends mieux que vous le voyiez comme un fou.
La suite concerne votre vision de la guerre d’Indépendance. Peut-être juste mais je pense surtout limitée. Comme cela ne vous était pas arrivé depuis quelques pages, il vous faut de nouveau placer une petite pique à l’encontre de Marie-Antoinette :
«La Fayette avait été blessé assez sérieusement à la jambe dès le début des hostilités, le 19 septembre 1777. Il s’en ressentira encore à son retour à Versailles et Marie-Antoinette, en veine d’amabilités, aura à coeur de placer régulièrement elle-même un tabouret sous sa jambe endolorie.»
Page 86
Marie-Antoinette est aimable ? Mais non, cela ne vous convient pas. Et encore une fois, pas de source.
«Ses meilleurs amis, tels Jefferson, quitteront la France en 1789.»
Pages 86-87
D’où cela sort-il ? Où avez-vous pêché l’idée que Jefferson a été l’un des meilleurs amis de Louis XVI ?
«Fou de franc-maçonnerie _ et de toutes les formes de franc-maçonnerie, de la plus rationnelle, la franc-maçonnerie militaire, à l’illuminisme le plus échevelé _ puisqu’il avait fondé avec Lessart et l’avocat Bergasse, les loges de l’Harmonie universelle destinées à promouvoir et à franchiser les travaux du docteur Messmer _ La Fayette entrevoyait déjà une Déclaration des droits de l’homme avec ses frères de la loge de la Candeur. Les Lameth, Montesquiou, Moreton de Chabrillan, Custine, Laclos, La Touche, Sillery, de Genlis, le duc d’Aiguillon et le docteur Guillotin se retrouvaient aux tenues de la Candeur (57).»
Page 87
Note 57 : Tableau des frères composant la Loge régulière de Saint-Jean-de-la-Candeur à l’Orient de Paris à l’époque du vingt-quatrième jour du quatrième mois de l’an de la vraie lumière 5777. Fond maçonnique, archives privées, château de Mongenan.
Allez hop, on mélange tout ce beau monde, on résume à gros traits et on continue en affirmant que tout ceci va donner naissance au futur club des Jacobins ! J’adore votre note. Encore une fois, il faudrait vous faire une confiance absolue pour vous suivre, alors que vous avez prouvé à maintes reprises que ce n’est franchement pas possible. Nous ne sommes guère rassurés lorsque vous dénoncez l’illuminisme le plus échevelé. Avez-vous relu votre date ?
«Madame de Bombelles, l’amie de Marie-Antoinette.»
Page 88
Non, Angélique de Mackau n’est pas l’amie de Marie-Antoinette mais de madame Elisabeth. La Reine appréciait cette jeune femme et son époux, sans aucun doute, mais ils n’étaient pas de ses intimes. Lisez la correspondance du couple, le journal de Bombelles ou peut-être plus facile d’accès pour vous la série de littérature de jeunesse Elisabeth, princesse à Versailles d’Annie Jay. Sa qualité historique est nettement meilleure que ce que je lis chez vous.
Page 89 Finalement quelle est votre différence avec l’abbé Barruel puisque vous reprenez exactement ses propos ? Si lui dénonce la franc-maçonnerie comme le mal incarné, transformant Louis XVI en jacobin, vous dites exactement la même chose sauf que vous, vous défendez la franc-maçonnerie. Il n’y a qu’à voir votre page Wikipédia pour s’apercevoir que vous êtes loin d’être neutre sur le sujet. Or quel que soit le parti pris, pour ou contre la franc-maçonnerie, je suis certaine qu’il est possible d’aborder sereinement ce règne sans tomber dans un tel piège. Celui du complotisme.
Nous revoilà dans les méandres de la finance avec Necker où j’avoue humblement ne pas y comprendre grand chose. Malheureusement, je réussis encore à repérer chez vous des erreurs grossières :
«Jusqu’en 1780, le roi, le premier ministre et le ministre des finances (…)»
Page 90
Quel premier ministre ? Louis XVI n’acceptera jamais de premier ministre avant la nomination de Loménie de Brienne en 1787. Si vous pensiez à Maurepas, il n’en a jamais eu le titre. D’ailleurs Necker n’a jamais eu non plus le titre de ministre des Finances qui n’existait pas alors. C’est une simplification de l’extrême complexité des finances de l’Ancien Régime. Je vous accorde que vous n’en êtes pas seule responsable. Puis nous voilà à la chute de Necker en 1781 avec une interprétation qui vous êtes toute personnelle et due encore à votre fond privé. C’est quand même dommage de ne pas étayer plus correctement vos propos ! Vous nous dressez ensuite un bref portrait de Calonne que vous faites un ami des Polignac et donc de Marie-Antoinette, page 92. Mais évidemment que non ! Marie-Antoinette détestera Calonne et ce sera justement un point de divergence profond avec ses amis Polignac. Vous n’avez donc pas encore compris que madame de Polignac travaillait pour Louis XVI avant d’être l’amie de Marie-Antoinette ? Que la politique est très importante dans le couple royal et dans leurs relations amicales ? Il est vrai qu’il est plus simple de voir cette dernière comme une jolie bécasse qui passe son temps dans les fanfreluches.
Chapitre 6 : Les diamants de Cagliostro
Où Florence Mothe avoue s’inspirer d’Alexandre Dumas et d’aller bien plus loin que le romancier en nous donnant une version cauchemardesque.
«Si l’on en croit la version officielle, l’affaire du collier de la reine est une simple escroquerie que l’inconséquence de Marie-Antoinette et la maladresse de Louis XVI ont transformé en affaire d’Etat.»
Page 93
Cela commence bien… Premièrement, cette affaire n’a jamais été celle du collier de la reine. Marie-Antoinette n’en a jamais voulu, ne l’a jamais porté, encore moins acheté ou fait acheter. Il a été conçu pour madame du Barry. Ecrire cela c’est revendiquer la fausseté de ses propos. Deuxièmement, «si l’on en croit la version officielle… ». Que doit-on interpréter en lisant cela ? Que votre version officieuse sera meilleure ? Excusez-moi d’en douter compte tenu de votre niveau lamentable sur ce règne ! Que de nombreuses zones d’ombres n’aient pas encore été établies, c’est un fait. Malheureusement quand je lis de tels mots, je ne peux m’empêcher de penser à du Zemmour ou du complotisme.
La suite montre de nouveau votre détestation flagrante pour Marie-Antoinette :
«Les joailliers Bohemer et Bassange conservent le joyau pendant sept ans et espèrent le refiler à Louis XVI pour Marie-Antoinette. Mais celle-ci, prise d’une étrange pudeur, refuse le présent, au grand désespoir des joailliers qui ont cependant bientôt la surprise de voir débarquer la comtesse de La Motte-Valois qui se prétend une amie de la reine.»
Page 93
Prise d’une étrange pudeur ? Il ne vous est pas possible d’envisager qu’elle ait pu trouver ce collier trop imposant, voire écrasant ?
Ce n’est pas parce qu’il est fait de diamants que Marie-Antoinette doit obligatoirement l’apprécier. Elle est une femme de goût, pas une croqueuse de diamants ! Même les Girault de Coursac l’ont admis ! Vous auriez dû pour le coup suivre madame Campan sur ce point, certainement mieux placée que vous sur ce sujet. Sans être encore officiellement première femme de chambre avant 1788, elle en avait les prérogatives depuis longtemps. Or parmi celles-ci, il y a la gestion des bijoux de la Reine. Pourquoi croyez-vous donc que les joailliers se tournent vers elle quand ils ne reçoivent aucune nouvelle de la vente de leur collier ? Madame Campan explique que Marie-Antoinette préfère dépenser une telle fortune pour équiper un bateau de guerre. Eh oui, pour rappel c’est la guerre puisque nous sommes en 1778 quand les joailliers en désespoir de cause montrent le collier à la Reine de France, après être passés dans toutes les cours d’Europe pour n’y recevoir que des refus. Or, Marie-Antoinette est consciente de son rôle, ce n’est pas que la jolie tête à vents ! J’adore : «qui ont cependant bientôt la surprise». Entre la mort de Louis XV (1774) et l’entrée en scène de Jeanne de Lamotte, il y a dix ans ! Six entre 1778 et le début de l’escroquerie mise en place dès 1784. Votre notion de bientôt m’échappe !
Il y a quand même un détail qui semble avoir échappé à nombre de personnes qui se sont consacrées à cette histoire mais à qui il est difficile d’accorder le titre d’historien :
«La comtesse leur explique que Sa Majesté a réfléchi et désire finalement acheter le collier sans que le roi le sache.»
Page 93
Si Marie-Antoinette l’achète en cachette de son époux, cela signifie qu’elle ne pourra donc jamais le porter ! Quel intérêt alors ? Car même si elle a de fréquents moment sans son mari, il y aura forcément suffisamment de témoins pour s’interroger sur l’incroyable collier porté par la Reine. Et donc de revenir aux oreilles du Roi ! A partir de là, il est évident que la question d’un achat secret est impossible. Ou alors c’est penser que Marie-Antoinette faisait ce qu’elle voulait de son époux. Il n’y a rien de plus faux.
Qu’est-ce que c’est que cette version officielle que vous nous dégoter ?
«Pour ce faire, elle (la Reine) a fait appel à un ami très sûr, le cardinal de Rohan, auquel le joyau sera livré. En échange du collier, plusieurs traites seront remises aux vendeurs. Selon les dires de Mme de La Motte, le cardinal aurait consenti cette avance à la reine pour rentrer en grâce auprès d’elle car, ancien ambassadeur à Vienne, il avait impatienté la cour d’Autriche par son luxe et par son inconduite.»
Pages 93-94
Ce n’est pas la version officielle mais celle établie par la comtesse de Lamotte ! Or personne ne l’a jamais prise au sérieux, hormis les pires détracteurs de Marie-Antoinette. Evidemment, si votre objectif est de prouver que celle-ci est fausse, cela ne risque pas d’être très compliqué.
La suite est totalement incompréhensible :
«Pourquoi, dans ces conditions (l’état économique du pays), cet homme (Louis XVI) qui n’avait aucune raison, à ce moment-là, de faire un cadeau de ce prix à sa femme, dont le dévergondage était notoire, aurait-il décidé d’acquérir un collier dont elle n’avait ni envie ni besoin ?»
Page 94
En effet, on se le demande ! «Dont le dévergondage était notoire » : oui dans les pamphlets. Certainement pas dans la réalité. Encore moins en 1785.
«Comment le cardinal de Rohan, habitué de Versailles, proche de la famille royale, n’était-il pas au courant de tous les ragots qui couraient les gazettes sur la mésentente du couple royal et qu’il avait d’ailleurs lui-même rapportés à Joseph II ?»
Page 94
«Proche de la famille royale» : que le cardinal de Rohan soit l’ecclésiastique le plus élevé de la cour par sa charge de Grand Aumônier de France n’en fait certainement pas un proche de la famille royale ! Louis XVI n’a pas vraiment eu le choix de lui accorder ce titre, attribué à plusieurs reprises aux Rohan. Le Roi devait passer son temps à équilibrer les hautes charges de la cour entre les Rohan et les Noailles, d’où sa volonté peu à peu de placer d’autres familles comme les Polignac. Louis XVI ne lui a jamais témoigné d’amitié, juste de la politesse qu’il devait à son ancienne gouvernante madame de Marsan. Quant à Marie-Antoinette, il est notoire (et avéré !) qu’elle ne lui a jamais adressé la parole depuis son retour de Vienne. Bref, drôle de proche ! Il est évident que le cardinal était au courant des ragots des gazettes mais celles-ci n’évoquent pas pour autant la mésentente du couple royal. Elles décrivent une reine dépravée qui manipule à sa guise son époux impuissant, ivrogne et quasiment débile. Je doute que le cardinal de Rohan y prêtait entièrement foi mais suffisamment pour croire ce qui l’arrangeait. Il se rêvait en effet premier ministre, par le biais de la Reine, tout le monde pensant qu’elle influençait son époux. Ce que Louis de Rohan va rapporter à Joseph II, ce sont les difficultés du couple delphinal qui ont effectivement existé, pas du couple royal puisque Rohan sera rappelé au début du nouveau règne. Aucune gazette du temps de Louis XV n’en parlait. Par contre, en 1785, je cherche encore les difficultés conjugales : six grossesses en sept ans, deux coup sur coup cette même année (!) un couple qui aime plus que tout sa vie familiale et l’éducation de ses enfants et qui très prochainement va rapprocher leurs chambres privées.
«Comment pouvait-il supposer que Marie-Antoinette, qui peinait à régler ses dépenses courantes, pouvait s’offrir, même à terme, un bijou de ce prix ?»
Page 94
Là encore, vous n’avez pas réussi à lire les Girault de Coursac qui ont remarquablement démontré que les célèbres dépenses de Marie-Antoinette ne sont qu’un mythe. Et l’on parle de personnes qui comme vous le dites, haïssent Marie-Antoinette ! Oui Marie-Antoinette s’est retrouvée très endettée au début du règne, avec son jeu d’enfer et des achats de bijoux. Elle a alors vingt ans ! Le tout remboursé par son mari (lisez ses comptes !). Après 1776, il n’y aura plus de folles dépenses et au contraire Marie-Antoinette saura largement épargner. Sa fille héritera d’une très belle fortune que Marie-Antoinette envoya judicieusement (heureusement quand on connaît la suite !) dans des banques belges. Si ses dépenses auprès de mademoiselle Bertin ou d’autres modistes seront toujours conséquentes _il faut bien qu’elle assure son rôle de représentation_, elles seront moindre que celles de Mesdames Tantes. Lisez le journal de madame Eloff ! Pas besoin non plus de parler d’avarice comme vous le faites plus loin, vous contredisant totalement pages 104-105 avec ce que vous dites ici ou de supposer un petit magot de sa part en cas de répudiation. Nous l’avons bien compris, à vos yeux, plus encore qu’à ceux des Girault de Coursac, Marie-Antoinette a tous les défauts du monde. Elle est pour vous à la fois dépensière et avare, un comble ! Elle ne pouvait d’ailleurs épargner ainsi sans l’aval de son époux puisque pour rappel il s’occupe de ses comptes.
«Pourquoi Breteuil décida-t-il, contre l’avis de Miromesnil, et semble-t-il celui même de Louis XVI, de faire arrêter le cardinal en pleine cérémonie ?»
Page 94
Donc sans preuve apparente, à votre habitude, vous supposez que le ministre de la Maison du Roi fait arrêter le cardinal contre l’avis même de Louis XVI ? C’est quand même fort ! Je vous laisse la lecture de ce document éloquent :
Je ne vois pas en quoi Louis XVI aurait eu des scrupules à faire arrêter le cardinal en pleine Galerie des Glaces, avant la cérémonie religieuse qu’il devait célébrer. Sortant de son Cabinet, cela va de soi que la scène se déroule dans la Galerie.
«Tout cela mérite donc l’analyse et la réflexion.»
Page 94
Permettez-moi de rire à cette phrase ! Surtout avec cette suite qui est un ramassis incroyable des pires pamphlets du temps :
«Pour les contemporains, la version proposée de l’affaire fut rendue vraisemblable par les habitudes de Marie-Antoinette qui rentrait à Versailles à quatre heures du matin, qui passait des nuits blanches à Marly pour admirer avec ses amis, après de fiévreuses soirées de jeu, «la lueur de l’aurore», à l’occasion desquelles des orchestres jouaient dans les feuillages où elle se cachait en compagnie du comte d’Artois et de Mme de Polignac, tant et si bien que Vienne ne cessait de s’émouvoir de la conduite d’une femme «qui s’ornait de plumes et de pompons, fréquentait n’importe qui et se moquait de tout.»»
Pages 94-95
Je suis sidérée ! Avez-vous lu Chantal Thomas et sa Reine scélérate ? Il est évident que non. Dommage pour vous et surtout pour vos malheureux lecteurs ! Vous mélangez le célèbre pamphlet Le Lever de l’aurore qui d’un innocent souhait de voir le lever du soleil (en quoi est-ce condamnable ?) a été transformé en orgie, les soirées de jeu à Marly en début de règne et les plaintes de Mercy qui voyait d’un très mauvais oeil les soirées d’été sur les terrasses du château de Versailles pourtant irréprochables et qui ont quatre ans d’écart avec les nuits blanches de Marly (les dates, les dates !). Marie-Antoinette s’y promenait en compagnie de ses belles-soeurs les comtesses de Provence et d’Artois, gentiment assises sur un banc à écouter de la musique, ce que confirme l’ambassadeur. Ce sont les ennemis de la Reine qui ont voulu la voir courir les bosquets en compagnie de Coigny et d’en faire ainsi le père de Madame Royale. Vous êtes quand même incroyable : d’un côté vous réfutez certaines des accusations les plus importantes faites contre Marie-Antoinette mais vous n’avez aucun scrupule à en reprendre d’autres, les mélanger, voire à en inventer. Votre vision de Marie-Antoinette s’est-elle limitée au film de Sofia Coppola ?
Je reprends juste deux points : Marie Leszczyńska aussi passait des nuits blanches hors de Versailles (lisez le duc de Luynes !) et le comte d’Artois s’est en effet caché un soir non pas derrière des feuillages mais derrière un buste de Louis XIV et lui prêtant sa voix, afin de faire rire l’assistance (lisez le prince de Ligne !). Enfin d’où sort votre dernière citation ? Encore une fois, de votre propre imagination ou d’une source certainement peu avouable !
Nous avons ensuite votre vision toute particulière de l’affaire Cahouët de Villers pages 95-96. Vous n’hésitez pas un instant à ridiculiser Marie-Antoinette d’un bout à l’autre de cette histoire.
Vous poursuivez ensuite dans cette veine pages 96-97 en affirmant que Louis XVI réussit à faire entrer Françoise Boze, sous un faux nom, dans l’intimité de son épouse afin de l’espionner ! Rien de moins ! Mais alors la suite est d’un délirant ! Ce n’est quand même pas possible d’aller si loin ! Et sans la moindre preuve en plus ! Tout va bien. Déjà concernant les fameux gardes malades au Petit Trianon durant la rougeole de Marie-Antoinette en 1779. Et non, contrairement à ce que vous écrivez, ni Vaudreuil, ni Dillon ne sont de ces happy few. Ce sont les duc de Coigny, le baron de Besenval, le duc de Guines et le comte Esterhazy. A ces quatre messieurs désignés par le Roi, il faut y ajouter ses beaux-frères, la comtesse de Provence et la princesse de Lamballe qui se trouvent auprès d’elle. Il n’y a donc aucun scandale. Seul Mercy se plaint car il considère son accès à la Reine et celui de Vermond des plus restreints (pourtant très relatif !) :
(…) le Roi y pensa le premier et consentit à ce que les quatre personnages susdits restassent comme gardes de malade auprès de son auguste épouse. Dès ce moment ils s’emparèrent de la chambre de la Reine, et depuis sept heures du matin jusqu’à onze heures du soir, ils n’en sortirent que pour le temps de leurs repas. Nous saisissions, l’abbé de Vermond et moi, ces deux ou trois heures de la journée pour voir la Reine seule. Madame, Monsieur, le comte d’Artois et la princesse de Lamballe restaient aussi presque tout le temps chez la Reine.
Lettre de l’ambassadeur Mercy à Marie-Thérèse du 15 avril 1779
Lisez les sources ! Plutôt que de partir dans vos propres délires ! Ce qui est difficilement compréhensible c’est d’évoquer cet épisode datant du printemps 1779 pour en faire un préalable à la suite de votre récit qui se déroule en 1782. Je ne comprends vraiment pas votre logique des dates. Mais il est vrai que vous ne donnez pas celle de la rougeole. Forcément. Donc selon vous, Louis XVI demande (trois ans plus tard) à Françoise Boze, évidemment sous un faux nom (comme c’est pratique !), de voler le cachet de la Reine, afin de la neutraliser politiquement (il était temps !). De fureur légitime, Marie-Antoinette la fait enfermer à la Bastille. Sait-elle à ce moment que cette dame serait la maîtresse de son époux ? Vous n’en dites mot. C’est quand même plus qu’intéressant à savoir ! Si l’arrestation de la comtesse de Walburg-Frohberg ne semble pas contestable (selon votre source 63), rien n’indique cependant qu’il s’agit de Françoise Boze sous un autre de ses avatars. Qui d’ailleurs serait entrée dans l’intimité de Marie-Antoinette sous le nom de la comtesse du Pont de La Motte et l’aurait donc volée sous cette identité. Avouez que cela fait beaucoup ! Et Louis XVI de laisser la femme aimée trois mois et demi en prison !Il est vrai que pour elle, il en arrive à attendre le facteur… Il se retrouve obligé de solliciter Catherine II de Russie car cette comtesse de Walburg-Frohberg est présentée à Marie-Antoinette comme une de ses sujettes. Le Roi doit envoyer un courrier jusqu’à Moscou, attendre une réponse positive (il a eu de la chance !) de la tsarine qui a dû halluciner devant un tel service demandé qui se retrouve ensuite à accepter d’écrire à Marie-Antoinette pour lui demander la libération d’une dame qu’elle ne connaît même pas ! Catherine II a dû prendre la famille royale française pour des malades mentaux ! Sans compter les chevaux qui ont dû vraiment galoper très vite pour parcourir une telle distance, aller et retour, en trois mois et demi. Louis XVI n’aurait pas pu trouver un souverain plus complaisant un peu plus près ? Qui peut croire un tel délire ?
Je vous conseille cette lecture qui montre ce qu’il en est vraiment des rapports franco-russes justement en 1782 :
Un peu de sérieux voyons !
«Marie-Antoinette ne put que s’y résoudre mais exigea que Mme Boze soit jetée dans un couvent.»
Page 98
Source ? Aucune. Il aurait été bon aussi de préciser si c’est bien de madame Boze dont l’on parle ou de la comtesse de Walburg-Frohberg. Car sinon pourquoi Marie-Antoinette aurait-elle cédé devant la lettre de la tsarine puisque madame Boze est française ? Donc ensuite cette énigmatique comtesse part se réfugier à Bruxelles et se retrouve à la tête de banques chargées de répartir les pots-de-vin auprès des Britanniques prêt à se faire corrompre par la France. Des preuves pour des assertions pareilles ? Evidemment que non ! Madame Mothe ou devrais-je dire plutôt Aurore Chéry font de la maîtresse de Louis XVI celle qui dirige l’espionnage français au sein des parlementaires britanniques. La moindre des choses aurait été de donner quelques références. Mais non, pas besoin pour madame Mothe. Alors, qu’une madame Frohberg ait bien réalisé ce dont vous parlez pourquoi pas. Mais qu’est-ce qui prouve qu’elle ne fait qu’une avec Françoise Boze ? D’autre part, cette agente secrète avérée, ayant apparemment des accointances jusqu’en Russie et volant le cachet de la Reine de France (sous une, voire deux fausses identités), avait de quoi en effet se retrouver en prison !
Hop, nous voilà de nouveau embarqués dans les méandres des finances parallèles de Necker dans lesquelles évidemment la prétendue Françoise Boze rêvée par vous et Aurore Chéry est mêlée. De Belgique, cette dame pourtant bien occupée, réussit selon Aurore Chéry à donner une fille à Louis XVI. Page 99, nous avons droit à une nouvelle citation de sources à votre sauce :
«L’affaire du collier, dont Marie-Antoinette prétendait qu’«elle avait tout combiné avec le roi, seule, avec lui, à Trianon, éclata donc dans ce contexte troublé.»»
Page 99
Et voici maintenant la version originale :
«Tout avait été concerté entre le roi et moi. »
Lettre de Marie-Antoinette à Joseph II du 22 août 1785
Bravo… Où avez-vous lu que Marie-Antoinette prétend que ce se soit passé à Trianon ? A la rigueur pourquoi pas, et alors ? Il est normal que le couple royal en parle ensemble discrètement, avant de faire arrêter l’un des plus grands noms du royaume, non ? Peut-être même dans leur grotte ! Vous admettrez aussi que quelle soit la version, la vôtre ou l’originale, que le couple royal a l’air bien rapproché alors que vous leur attribuez à chacun un enfant illégitime au même moment. Mais vous estimez que Marie-Antoinette prétend. Vous êtes apparemment dans le secret des dieux et savez mieux que Marie-Antoinette ce qu’il en est de son couple.
«Celle-ci (la comtesse de Lamotte-Valois) se trouvait à Bar-sur-Aube, en compagnie de son jeune amant, Jacques-Claude Beugnot, le futur ministre de l’Intérieur de Louis XVIII. «Je vous dis que c’est du Cagliostro tout pur», s’écria-t-elle et elle se mit fiévreusement à brûler, avec l’aide de Beugnot, une malle de documents.»
Page 99
Où donc avez-vous trouvé cette phrase de Jeanne de Lamotte ? En tout cas, pas chez Funck-Brentano, seule référence concernant cette affaire de votre bibliographie alors que vous y consacrez un chapitre entier. Nous la trouvons dans les mémoires de Beugnot mais pas du tout dans le contexte que vous décrivez :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k37337f/f85.item
Encore une fois, vous citez mal vos sources et réécrivez à votre sauce. En plus, elle ne brûle pas «fiévreusement» ses papiers mais au contraire «fort lentement». C’est Beugnot qui l’exhorte à tout brûler ! Enfin, avant d’être son amant (qu’il n’est plus à cette date car remplacé par Rétaux de Villette), il est surtout son avocat. Dans ce genre d’affaires, c’est quand même un détail qui compte.
Nous voilà ensuite partis dans votre description de Cagliostro. Je peux vous suivre sans problème tout le long de votre page 100. Mais alors après… Aucune note, si ce n’est la 66 mais qui finalement n’a rien à voir avec ce que vous tentez de prouver : selon vous, Cagliostro aurait été financé par l’Angleterre ou par la Suède, Gustave III lui demandant de mettre en place une internationale Illuministe… Pour un minimum de crédibilité, il serait bon que vous déterminiez si c’est l’Angleterre ou la Suède. Que l’Angleterre soit ennemie de la France, c’est un évidence. Par contre pour Gustave III, toute sa politique internationale est tournée vers elle. Il en a un besoin absolu. Donc supposer le financement d’un de ces deux pays à la politique diamétralement opposée rend votre théorie plus que bancale. Evidemment vous ne tranchez pas. Il est aisé de savoir pour quoi.
La suite relève de vos propres fantasmes :
«Pourquoi Louis XVI n’aurait-il pas eu l’idée de manipuler à son profit l’engouement des notables pour la franc-maçonnerie internationale en poursuivant plusieurs objectifs : contrebalancer dans son propre pays l’influence du duc d’Orléans, dont l’Obédience, le Grand Orient de France née en 1773 sur les décombres de la première version de la Grande Loge de France et en particulier la structure maçonnique du comte de Clermont, n’a jamais par ailleurs pu être reconnue sur la scène internationale, lutter contre le parti lorrain en s’opposant à la Stricte Observance templière de von Hund, qui avait essentiellement pour but de créer des liens entre les différentes principautés allemandes, en opposition aux Illuminés de Bavière qui, à travers la mouvance de l’Aufklarüng, se sont affichés comme résolument révolutionnaires, avant d’en constater les résultats lors de la Terreur, sous la Convention.»
Pages 101-102
D’hypothèses, vous en faites des certitudes. L’ensemble pourrait être très intéressant s’il y avait ne serait-ce qu’une preuve ou deux. Mais non, rien ! Vous foncez tête baissée sans rien apporter de concret ou du moins un minimum de rationnalité. Donc Cagliostro n’est plus seulement l’agent de l’Angleterre et/ou de la Suède, mais aussi de Louis XVI. Il faudrait faire un choix. Seulement vous êtes complètement perdue et du coup vos lecteurs aussi. Tout ceci aurait mérité d’être développé. Vous nous bombardez d’informations sans que l’on puisse en déterminer les liens. Vous nous évoquez pour la première fois le parti lorrain. Il aurait été bon que vous nous signaliez précédemment que c’est le nom donné par les Girault de Coursac au parti de Marie-Antoinette. Là, comment voulez-vous que vos lecteurs voient le rapport ? D’autant que vous mettez ce parti en opposition avec ce qui donnera plus tard la Terreur. Encore une fois, quel rapport ? Vous croyez que nous sommes nombreux à comprendre les termes obédience, grand orient, grande loge, stricte observance, Aufklarüng ? C’est pour vous certainement naturel. Or cela ne l’est pas chez la grande majorité des gens. Quand je pense que vous vous permettez de dénoncer chez Louis XVI sa soi-disant folie !
Continuons dans ce domaine complètement nébuleux :
«Cette hypothèse pourrait expliquer la proximité de Cagliostro avec le cardinal de Rohan, prince du Saint-Empire Romain Germanique. Louis XVI avait-il cherché à travers la franc-maçonnerie, à se livrer de manière élégante (?), à une vaste entreprise de corruption, ce qui aurait bien été dans ses manières, en faisant distribuer de vrais diamants qu’il aurait fourni à son agent et que celui-ci aurait prétendu avoir fabriqués pour en dissimuler la provenance ?»
Nous n’avons droit qu’à des phrases interrogatives que vous nous donnez ensuite comme des affirmations. C’est quand même plus que tarabiscoté ! Je suis certaine que Louis XVI avait des moyens plus simples pour corrompre ceux dont il avait besoin. Mais il est vrai qu’il n’a apparemment pas d’autre choix aussi que de faire appel à la tsarine afin de libérer sa maîtresse (pourtant emprisonnée en France !). Au point où l’on en est… Pour vous, c’est élégant de voler un bijou précieux, de le dépecer, d’en faire porter le chapeau à un cardinal, d’éclabousser sa femme au passage et de corrompre ensuite de nombreuses personnes. Chacun sa vision de l’élégance. Un postulat franchement difficile à privilégier, ne vous en déplaise, mais bon à la rigueur pourquoi pas. Ce n’est certainement pas votre démonstration qui nous permettrait de l’accepter mais plutôt l’idée qu’à l’instar de son grand-père, Louis XVI ait pu prendre des agents secrets pour le moins peu discret et à la vie sulfureuse (le comte de Saint-Germain, Casanova, le chevalier d’Eon, Beaumarchais…).
Vous nous parlez ensuite d’une amie de Cagliostro pages 102-103, l’agente secrète madame de Thilorier qui s’avère aussi maîtresse de Duval d’Eprémesnil. Alors espérons que vous en faites sa maîtresse sur ordre de Louis XVI et non par choix (on a déjà de la chance que ce ne soit pas Françoise Boze encore déguisée !) Car ce membre turbulent du Parlement est certainement un des pires ennemis du Roi (voir ci-haut ses rapports avec le Parlement). Malheureusement vous ne nous le précisez pas, dommage. Tout changerait sur ce que nous pourrions déduire du rôle de cette dame si c’était le cas. Nous sommes heureux d’apprendre qu’elle reçoit chez elle le Grand Cophte à Bordeaux. Je vous assure que peu de gens, y compris des francs-maçons, comprennent ce titre, si ce n’est d’y voir celui d’un gourou de secte. On ne peut qu’une fois de plus constater votre vie personnelle étalée dans une biographie consacrée normalement à Louis XVI.
Non, Antoine Thierry de Ville d’Avray n’est pas devenu premier valet du Roi en 1784. Il l’est depuis l’avènement de Louis XVI. Cette charge n’a rien à voir avec celle d’intendant du Garde-Meuble qu’il obtiendra en effet en 1784. Mais elles ne peuvent être confondues. Pourquoi ne pas l’avoir présenté aussi comme maire de Versailles ? Vous n’êtes pas à cinq ans près !
Pour la suite pages 103-106 , j’avoue être presque séduite par votre théorie reprenant en (très) grande partie celle d’Aurore Chéry. Je n’y ai rien à redire et cela paraît tout à fait cohérent. Ainsi que lorsqu’elle me l’avait racontée. Seulement, hormis cette historienne, vous ne donnez aucune autre référence. Or s’il y a une chose de sûre pour Aurore Chéry, c’est que malgré une maîtrise parfaite de cette période, une grande puissance de déduction et d’analyse, qualités que vous ne possédez aucunement, elle se retrouve piégée par ses convictions qu’elle veut à tout pris voir partout. Vous n’avez fait que renforcer les pires incohérences de ses théories précédemment vues. C’est, j’en ai peur, le cas ici aussi pour l’affaire du collier que j’avoue nettement moins maîtriser (surtout mêlé à l’internationale franc-maçonne, protestante et banquière). D’autant que vous-même vous vous contredisez. Peu avant vous nous dites que Marie-Antoinette «peinait à régler ses dépenses courantes» pour revenir ensuite à la démonstration des Girault de Coursac. Je vous rappelle aussi que vous dénonciez aussi le fait que le Roi et la Reine avaient tout combiné ensemble. Ou alors Louis XVI a abominablement piégé son épouse alors qu’elle pense voir en lui un allié. Le tout en emprisonnant sans scrupules, selon vous ou Aurore Chéry, des innocents, ou du moins des crédules. Et vous nous reparlez ensuite d’élégance…
Qu’il y ait piège, qu’il y ait certainement complot entre de nombreuses personnes que vous évoquez et d’autres qui resteront peut-être toujours anonymes, que Louis XVI soit plus au courant qu’il en a l’air, je veux bien. Les pistes sont, je suis sûre, encore nombreuses, pour certaines peu connues et d’autres mal interprétées. Ni la version de Jeanne de Lamotte, ni celle communément admise, ni celle d’Aurore Chéry, ni la vôtre n’ont réussi à rejoindre la vérité et elle sera certainement impossible à atteindre. Mais vous et Aurore Chéry faites de Louis XVI le pire des salopards, prêt à toutes les ignominies les plus tortueuses pour se débarrasser de sa femme et dominer l’Europe en imposant sa vision spirituelle à tous. Vous le transformez en tordu malsain. On comprend à ce stade que l’éliminer devient une nécessité absolue tant vous, comme Aurore Chéry, en faites un type dangereux. C’est là encore reprendre les pires libelles contre le couple royal, en faire des monstres à abattre pour le salut public… Aurore Chéry admirait, respectait profondément Louis XVI. En défrichant des sources inédites, en faisant tout pour les relier malgré l’évidence de leur non-lien pour beaucoup afin de réussir à édifier ses théories, elle est tombée gravement malade, plongée dans ses très sérieuses incohérences, sans malheureusement espoir de guérison. Or, vous n’en avez pas le génie et encore plus qu’Aurore Chéry, vos obsessions transparaissent à chaque page.
Vous concluez ce chapitre par une lettre pages 107-108 pour le moins prémonitoire de Cagliostro que vous voyez comme «les désirs les plus secrets» du Roi puisqu’écrite par son agent injustement incarcéré (et un prisonnier de plus sans que Louis XVI ait eu son mot à dire !). Très bien. Vous nous dites qu’elle a été publiée par toutes les gazettes de l’Europe. Très bien encore. Mais rien, pas un seul nom de gazette nous permettant de retrouver cette lettre. Et encore moins la preuve qu’il s’agit des espoirs cachés de Louis XVI !
Chapitre 7 : Et si le 14 juillet 1789 n’était rien ?
Où Florence Mothe persiste et signe dans ses erreurs les plus criantes, prouvant ainsi le contraire de ce qu’elle souhaite démontrer
Page 111 Vous décrivez le quartier de Saint-Antoine où se trouve le château de la Bastille et écrivez :
«artères qu’empruntait régulièrement le duc d’Orléans quand il se rendait à Chantilly pour assister aux courses de chevaux dont il avait lancé la mode en France.»
Florence Mothe
Pour quelle raison le duc d’Orléans se serait-il rendu à Chantilly pour des courses de chevaux ? Les Condé et les Orléans ne se sont jamais appréciés mais toujours jalousés. Et d’autant à cette période où la soeur du duc d’Orléans et le fils du prince de Condé, la duchesse et le duc de Bourbon, s’étaient séparés, au grand scandale de la famille royale et collatérale ! Ignorez-vous aussi que le château de Chantilly appartenait à la famille des Condé ? Il n’a jamais été aux Orléans, sauf pour son dernier propriétaire, le duc d’Aumale qui hérita au XIXème siècle de la grande fortune des Condé sans descendance. Soit vous ne saviez pas tout cela, soit vous trompez vos lecteurs. Dans les deux cas, c’est grave. Que ce soit arrivé à l’occasion pourquoi pas, ils devaient forcément s’inviter mutuellement de temps à autre. Mais là vous en faites une habitude avec votre régulièrement. Or, ce n’est pas possible.
Enfin, d’où vous est venue l’idée de courses hippiques à Chantilly ? Elles datent de 1834 !!! Renseignez-vous ! Vous devez confondre avec les plaines de Sablons où effectivement le duc d’Orléans, alors duc de Chartres et le comte d’Artois ont importé d’Angleterre les premières courses hippiques en mars 1775. Nous sommes dans le bois de Boulogne, à l’ouest de Paris alors que le quartier Saint-Antoine est à l’est. C’est donc encore une fois la démonstration éclatante de vos anachronismes, votre ignorance sidérante sur les Bourbons et votre méconnaissance de la géographie parisienne et francilienne la plus élémentaire. Et pas besoin d’y vivre pour le savoir. Il suffit de lire une carte.
Selon vous, le duc d’Orléans et Choderlos de Laclos préfèrent à leurs habitudes aristocratiques bien triviales qui frôlent la caricature prendre une bonne bière chez le brasseur Santerre. Ils deviennent ainsi copains comme cochons avec les commerçants du quartier, ayant pignon sur rue et qui deviendront célèbres à la Révolution. Le tout venant, nous ne pouvons penser autrement, de votre imagination. Alors certes vous placez enfin une note (71 mais que vous avez renvoyée à la 72) mais qui concerne seulement la confection de la bière à l’anglaise. Quel rapport avec le duc d’Orléans ? D’autant que vous faites reposer ce début d’amitié entre lui et ces futures célébrités sur des erreurs : non le duc d’Orléans ne se rend pas à Chantilly en passant par le quartier Saint-Antoine pour des courses hippiques qui n’existent que dans votre imagination.
«En avril 1789, un bruit courut dans le quartier que deux patrons de fabriques, le salpêtrier Henriot et le tontissier Réveillon, qui employaient chacun quatre cent ouvriers, « avaient mal parlé au peuple et voulaient abaisser les salaires. »»
Florence Mothe, page 112
Un bruit ? Vous croyez vraiment que la proposition de Réveillon de réduire les salaires de ses employés persuadé d’ainsi réduire le chômage dû à la crise conséquence des importations anglaises, a été seulement un bruit ? Vous, à qui j’accorde au moins des réelles connaissances sur l’économie du temps, réduisez cet événement déclencheur de la première journée révolutionnaire à un bruit ! Ces deux riches entrepreneurs ont à eux deux près de huit cent employés selon vos dires, vivant presque tous dans le quartier Saint-Antoine. Vous parlez d’un bruit ! Mais il est facile de trouver votre source à ce propos, qui n’est rien d’autre que l’article de wikipédia à ce sujet :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_R%C3%A9veillon
Vous n’avez fait que copier-coller cet article, c’est affligeant ! Mais alors la suite ! Là vraiment, ce n’est plus du mépris que je peux vous porter pour vos erreurs grossières, c’est bien au-delà tant cela touche au pire :
«Sur ces entrefaites, les Etats généraux s’ouvrirent à Versailles le 4 mai 1789. Le 5, le dauphin succomba à la tuberculose osseuse qui le rongeait. Louis XVI, que cette mort plaçait devant un problème dynastique insoluble, en ressentit une douleur si vive qu’il décida de prendre le deuil à Marly où il séjourna pendant sept semaines en prétendant se consacrer tous les jours à la chasse, sans s’occuper des difficultés qui surgissaient à la réunion des Etats généraux qui s’enlisaient, sans avoir pu élire de président et où aucune décision n’était prise sur la représentativité du tiers état, malgré les efforts déployés par Antoine de Lessart, nommé conciliateur des trois ordres. Lessart s’était rendu à plusieurs reprises à Marly pour supplier le roi de revenir à Versailles. Sans succès.»
Florence Mothe, pages 112-113
Louis-Joseph meurt le 4 juin 1789, à une heure du matin. Un mois après ce que vous écrivez ! Comment est-ce possible de se tromper à ce point ? Evidemment, comme vous n’avez presque jamais écrit de dates, en particulier la naissance de Louis XVI, quel intérêt d’avoir celle exacte du décès de son fils ? Par contre «la première fois» entre Fersen et Marie-Antoinette inventée par vos soins, pas de problème. C’est immonde. Mais ce n’est pas suffisant dans l’horreur. Votre manque de respect continue de plus belle. Pour vous le chagrin de Louis XVI se résume au fait qu’il n’a plus d’héritier. Votre théorie (et celle d’Aurore Chéry que vous mettez définitivement à mal) manque vraiment de cohérence car comment Louis XVI n’aurait-il pas pu penser à avoir des héritiers de secours ? C’est un fondement de la monarchie. A laquelle, nous n’avons cessé de le constater, vous ne comprenez rien. Alors évidemment quand on répète tout le long qu’il ne supporte pas de toucher sa femme, la seule qui peut lui donner des enfants légitimes, vous vous retrouvez coincée. Et faites de votre Louis XVI un imbécile à qui il manque les bases de son propre statut (puisque vous ne les avez pas) : pour rappel, il est le troisième fils de sa fratrie, il sait donc qu’il a besoin de plusieurs fils. Louis XV de même ! Encore une fois, vous ne savez pas lire un arbre généalogique !
Louis XVI pleure car il a perdu son enfant. C’est un père. Il n’a aucun problème dynastique puisqu’il a un second fils. Que je sache, personne n’a remis en question dès la mort de Louis-Joseph le fait que Louis-Charles devienne le nouveau Dauphin. Personne ne lui a jamais contesté ce titre, à part vous, Aurore Chéry (malade de s’être noyée dans ses théories impossibles) et Evelyn Farr dont la crédibilité est plus que douteuse. Louis XVI pleure, mais Marie-Antoinette aussi. Or rien, pas un mot à ce sujet. On l’a bien compris, Marie-Antoinette ne mérite pas à vos yeux la moindre compassion. On se demande aussi pourquoi se seraient-ils tous rendus en famille à Marly, à pleurer leur fils, leur frère, leur neveu, si Louis XVI en avait autant voulu à son épouse qui, si l’on suit vos délires, serait cause du problème dynastique. Curieuse attitude de se retrouver en famille si on l’a en horreur, surtout dans un tel moment ! Aucun respect pour le chagrin de Louis XVI et de Marie-Antoinette, ni aucun respect pour deux petits garçons au destin tragique. Vous êtes effrayante.
Comme vous avez occulté un mois à ce printemps si crucial de 1789 _on croit rêver compte tenu de l’objet de cette biographie_ vous ne pouvez que raconter n’importe quoi sur les débuts des Etats généraux. Puis vous rajoutez une couche à votre incapacité à lire un calendrier ! Louis XVI ne reste pas enfermer sept semaines à Marly mais sept jours ! Précisément du 14 au 21 juin. Comment est-il possible de se tromper à ce point ?
Malgré ce que vous en dites, Louis XVI passe aussi beaucoup de temps à réfléchir sur le contexte politique. Se retirer de Versailles, outre son deuil et se sentir plus proche de sa famille, est aussi un moyen de s’éloigner de l’hôtel des Menus-Plaisirs qu’il arrive de moins en moins à maîtriser. Des mesures militaires sont envisagées, notamment avec ses frères de plus en plus inquiets, chacun à sa manière, de la tournure des événements. Vous n’hésitez pas un instant non plus à exagérer le rôle de votre ancêtre. Car forcément ses allers et retours entre Versailles et Marly se retrouvent nettement plus réduits en une semaine plutôt que la cinquantaine de jours que vous nous donnez en mystificatrice assumée !
Louis XVI est en droit en ce moment de douleur de refuser l’accès aux députés. Vous n’avez même pas eu l’empathie de citer cette phrase de sa part : «N’y a-t-il pas un père parmi ces gens-là ? Ne saisissez-vous pas ce sentiment bien naturel d’harcèlement qu’a pu ressentir Louis XVI ? Apparemment cela est trop difficile pour vous. Et vous poursuivez dans vos erreurs grossières, pourtant faciles à corriger, certaines rien qu’en prenant la peine de vous relire :
«L’astronome Bailly présidait les Etats, en tant que doyen d’âge et tentait vainement de trouver un appui auprès du premier ministre Necker, qui refusait de se mêler au débat et faisait recevoir l’infortuné Bailly par sa femme qui, pour toute réponse, offrait au doyen une tasse de thé et des conversations sur le mode badin.»
Florence Mothe page 113
Dans le paragraphe juste avant, vous nous dites qu’il n’y a pas de président et là vous écrivez que Bailly présidait ! C’est fort ! Il a bien été élu, et avant la mort du Dauphin, le 3 juin. Donc tout ce que vous dites à propos de Louis XVI comme absent suite à son deuil et la situation politique bloquée ne tient pas. Mais il est vrai que pour vous les dates en Histoire ne servent strictement à rien. «Doyen d’âge»… Alors outre le pléonasme (!), vous n’avez même pas effectué la moindre petite recherche pour savoir que des députés, Bailly n’était pas du tout le plus âgé. Ce n’est quand même pas compliqué. Il est né en 1736. Beaucoup sont nés avant lui. Je ne vais pas vous en établir la liste, je pense déjà faire suffisamment le travail que vous n’avez pas jugé nécessaire d’effectuer. Précédemment également vous nous décrivez le salon de madame Necker comme un lieu majeur pour ce qui va s’y préparer. Or là, elle se contente d’offrir une tasse de thé à son invité ! Non mais vraiment ! Dans le même paragraphe, il aurait suffi de vous relire pour éviter trois erreurs ! Et de trouver la liste des députés des Etats généraux, ce qui n’est quand même pas trop compliqué !
«En rentrant enfin à Versailles, le 8 juillet, après cette si longue absence, Louis XVI interrogea le comte de Provence, qui l’alerta sur la gravité de la situation politique et l’étrange comportement de Necker.»
Florence Mothe page 113
Une absence d’une semaine et non de sept ! Louis XVI rentre le 21 juin. Flagrant délit de désinformation ! Vous ne dites rien du coup d’état des membres du Tiers Etat qui s’autoproclament représentants de la nation, ni du Serment du Jeu de Paume. C’est quand même incroyable ! Nous sommes dans une biographie de Louis XVI ! Comme je vous l’ai dit ci-haut, Louis XVI n’a pas besoin d’être à Versailles pour avoir conscience de la situation que lui connaît, contrairement à vous, et en discuter avec ses frères qui l’ont suivi à Marly. Louis XVI a eu le temps de réfléchir à comment au mieux renvoyer Necker complice des rebelles et de mettre en place un nouveau ministère. Ce n’est pas le coup de tête que vous décrivez. Pas besoin non plus de voir des lettres entre madame de Staël et le journaliste Gorsas pour voir la nouvelle se répandre dans Paris. Un ministre populaire renvoyé, ça se sait ! Vous nous donnez ensuite vos anecdotes sur le petit peuple en révolte, sans aucune source, bien évidemment. Je ne vais pas y passer trop de temps, cela ne sert à rien. Je préfère me référer ailleurs :
Je tiens quand même à vous rappeler l’orthographe du gouverneur de la Bastille :
Launay, pas Launey. Ce n’est pas moi qui l’écrit, c’est Louis XVI. Et là c’est sûr. Pas ce que vous, vous lui faites dire. Car autant, peu m’importe à la rigueur les événements de la prise de la Bastille, mais alors quand cela concerne directement Louis XVI, Marie-Antoinette ou leurs enfants, mon sang ne fait qu’un tour. Et il y a de quoi, tant vous nous offrez une fois de plus du grand n’importe quoi :
«A Versailles, Louis XVI avait soupé d’un saladier de fraises. Il s’était endormi calmement et rêvait à la proposition que Necker lui avait faite d’offrir sa fortune, qui était immense, comme caution des marchés passés avec l’Etat pour la fourniture des grains. Il se félicitait aussi de la manière élégante dont le ministre s’était éloigné du pouvoir alors qu’il lui aurait été si facile et agréable à son amour-propre, de faire scandale.»
Florence Mothe page 118
Mais d’où sortez-vous tout ça ? De votre ancêtre ? La moindre des choses serait au moins de le citer, non ? D’où connaissez-vous le menu de Louis XVI ? Quelle trace ? D’où connaissez-vous ses rêves secrets ? Une fois de plus, vous vous contredisez encore puisque vous évoquez le départ sans scandale du ministre. Je ne sais pas ce qu’il vous faut, devant les conséquences de son renvoi qui restera quelque peu dans les annales ! C’est même l’émeute la plus célèbre de l’Histoire de France ! Vous qui attribuez en plus la tournure des événements à madame de Staël. Elle devait bien avoir averti son père qu’elle en parlerait à la presse, non ? Vous continuez dans l’introspection supposée de Louis XVI, preuve de votre prétention insupportable, comme s’il était possible de connaître les pensées des gens, surtout à deux cent trente-quatre ans d’intervalle :
«Le roi rêvait que la reine était responsable de tout, qu’elle lassait les tièdes comme les fidèles, qu’elle décourageait les monarchistes, exaspérait les révolutionnaires et qu’elle n’avait qu’une idée : se pousser au gouvernement sans en avoir la compétence, la force et la grandeur.»
Florence Mothe, page 119
Bah voyons ! Ce n’est pas ce que pense Louis XVI mais vous, nuance. Nous avons compris depuis longtemps en vous lisant que Marie-Antoinette avait tous les défauts du monde. Que savez-vous de la compétence, de la force et de la grandeur de Marie-Antoinette ? D’une part, n’ayant jamais eu le temps de gouverner, comment savoir ce qu’elle aurait fait ? Connaissez-vous Anne d’Autriche ? J’en doute. Sa compétence ? Lisez-la ! Dès son adolescence elle prouve dans ses lettres qu’elle comprend bien mieux la politique qu’on le pense habituellement. Et évidemment, sa compétence politique ne fera que s’accentuer avec l’âge et la situation. Croyez-vous que des hommes comme Mirabeau ou Barnave ont souhaité devenir ses conseillers politiques s’ils avaient été face à une imbécile ? Elle aura certainement commis des erreurs, accorder sa confiance à des personnes qui ne le méritait pas, il n’empêche. Elle savait de quoi elle parlait. Et que dire venant de quelqu’un qui prouve tout le long son manque de compétence ? Sa force ? Sa grandeur ? Mais enfin que vous faut-il ? Lisez le procès-verbal de son procès !!! Elle ne s’est pas révélée forte et grande juste les derniers mois de sa vie. Elle le fut à ce moment car elle l’a toujours été ! Evidemment avec la maturité naturelle qui se développe entre quatorze et trente-sept ans. Je peux vous assurer qu’en la lisant elle et en vous lisant vous, je sais qui a la compétence, la force et la grandeur ! Et qui ne l’a pas ! Je ne vais pas trop me mouiller en affirmant que Marie-Antoinette connaissait mieux les pensées de son mari que vous. Car évidemment, en cette nuit du 14 au 15 juillet, vous savez qu’ :
«Il rêvait à la phrase qu’avait écrite Rivarol : «La populace ne goûte de la liberté comme des liqueurs fortes, que pour s’enivrer et devenir furieuse.»»
Florence Mothe, page 119
Etes-vous télépathe ? Surtout avec un tel écart temporel ! Chapeau ! Vous inventez ensuite de toutes pièces un dialogue ou plutôt développez à votre sauce le dialogue bien connu entre le Roi et La Rochefoucauld, et évidemment, comme d’habitude, sans source aucune. Puis vous évoquez les jours suivants à votre manière, à la fois très expéditive et plus qu’approximative. Sans parler un instant de la cour qui se vide et du début de l’émigration pour plusieurs de ses proches et ceux de Marie-Antoinette. Vous êtes la seule personne affirmant que Louis XVI visite les décombres de la Bastille le 17 juillet, toujours avec des pensées que vous lui prêtez on ne sait par quel miracle. J’espère que vous ne pensez pas que le quartier saint-Antoine est sur la route entre Versailles et l’Hôtel de Ville. Mais après tout, avec vous, pourquoi pas. Quant aux pleurs de la Reine, quelle importance ? Suit une description qui vous est toute personnelle de sa soi-disant négligence de son carnet de chasse ces derniers jours. Le document original montre une fois de plus que vous inventez n’importe quoi :
Pour rappel le Rien indique que Louis XVI n’est ni allé chasser ni pris voiture. En aucun cas qu’il estime que la situation ne mérite pas de commentaires. Qu’aurait-on dit si on avait découvert que Louis XVI serait allé à la chasse ce jour-là ? Et vous remarquerez que Louis XVI semble lui-même ignorer être allé sur le chantier de la Bastille le 17.
«Durant sa visite de l’hôtel de ville, Louis XVI avait découvert une foule de gens armés de fusils, de piques, de bâtons qui ressemblaient à des brigands, non à ce peuple de France qu’il affectionnait. Il s’était interrogé sur la provenance de ces armes antiques et plus encore de la vêture de ces malheureux, des hardes qu’ils portaient, parfois avec les pieds nus.»
Florence Mothe, page 120-121
Parce qu’évidemment ce naïf de Louis XVI ne connaissait du peuple que des gens bien nourris et bien habillés ! Il passait des jours et des jours à faire la charité (et vous l’admettez vous-même !) à quelle partie de la population ? A ceux qui n’en avaient pas besoin ? Donc non, il ne s’interroge pas sur leur vêture, ni sur leur mine patibulaire. Il n’a pas eu qu’à fréquenter les pauvres bien lavés, bien habillés, tout doux et gentillets à qui il lave les pieds le jeudi saint. Il sait que le peuple peut être violent. Il a des grandes connaissances historiques (lui !) et connaît toutes les révoltes de l’Histoire de France. Il a connu les guerres des farines en 1775 et il n’a pas considéré l’affaire Réveillon comme un bruit. Les alentours du Parlement sont en émeute presque constante depuis 1787. Et il ne s’interroge pas sur la provenance des armes : il sait forcément qu’elles proviennent de l’hôtel des Invalides et du Garde-Meuble de la Couronne. Il reçoit des rapports constants des autorités parisiennes depuis le 12. Ne lui supposez pas des interrogations qui ne sont que le fruit de votre ignorance !
Page 121 Vous prêtez encore des pensées et des lectures à Louis XVI qu’il a sûrement eues à propos de l’inutilité de la Bastille mais que vous ne pouvez affirmer comme telles, par manque de connaissances ou excès de prétention. Au choix. Vous accordez une fois de plus à votre ancêtre un rôle qu’il a peut-être eu mais sans en donner les preuves. Nous sommes habitués depuis le temps. Malesherbes (et non Malherbes, même votre éditeur ne vous a pas relue !!!) a certainement tout fait pour le convaincre de l’inutilité de la lettre de cachet mais Louis XVI sait aussi qu’il s’agit du meilleur moyen d’enfermer discrètement les fous dangereux, surtout dans des familles illustres qui ont besoin de la justice directe du Roi. Je vous conseille de lire la page 146 de L’Education d’un Roi de Pierrette Girault de Coursac. Pour rappel d’ailleurs la lettre de cachet existe toujours dans notre république. Evidemment sous un autre nom : l’internement d’office. Louis XVI jugeait qu’il valait mieux enfermer ces gens ailleurs, comme le marquis de Sade que vous qualifiez de divin. Chacun ses goûts. Nous parlons d’un violeur et d’un pédophile. Nous sommes par contre d’accord pour dire que cette prise de la Bastille n’a pas été jugée par Louis XVI comme une catastrophe puisque le bâtiment ne servait quasiment à rien sauf pour des malheureux soldats invalides. Mais vous ne pouvez pas vous empêcher d’y replacer francs-maçons et rose-croix.
Vous citez ensuite la lettre de rappel de Louis XVI à Necker :
«J’ai été trompé, Monsieur, sur votre compte. On a fait violence à mon caractère. Venez, Monsieur, sans délai, reprendre vos droits à ma confiance qui vous est acquise à jamais. Mon coeur vous est connu. Je vous attends avec toute ma nation. Je partage bien sincèrement son impatience.»
Florence Mothe, page 123
Source ? Aucune, évidemment. Vous nous dites que cette lettre est curieuse, en effet, mais vous la citez d’on ne sait où. Et surtout quel est son intérêt puisque vous omettez de développer d’autres moments nettement plus importants ? Vous passez ensuite à la fuite des courtisans qui s’est déroulée précédemment, mais peu importe la chronologie pour vous. Et hop, nous terminons ce chapitre page 124 avec à peine une phrase pour la nuit du 4 août. Sidérant. Si vous estimez que ce 14 juillet n’est rien, pourquoi lui avoir consacré un chapitre entier et ne rien dire par contre de l’abolition des privilèges et de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, actes majeurs de notre Histoire ? Quelle logique y a-t-il dans vos propos ?
Chapitre 8 : la nuit de Varennes
Où l’on découvre que Florence Mothe ne sait rien, mais alors rien de rien de la Révolution (et du reste !)
On aurait pu croire qu’après avoir consacré quatorze pages à un événement que vous jugez complètement inutile, vous aurez consacré un peu plus de temps à la suite des épisodes de la Révolution. Mais non. Vous préférez une fois de plus affirmer ce que Louis XVI pouvait bien avoir dans sa tête durant la Révolution :
«Le roi est un grand magicien. Il exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets.»
Montesquieu, Florence Mothe page 125
Il va de soi que Louis XVI a lu Montesquieu, mais pourquoi aurait-il plus pensé à cette phrase à ce moment précis de sa vie qu’à d’autres ? Il est roi depuis 1774, il y pense forcément depuis un bon bout de temps ! Pour vous, vous appuyant sur Aurore Chéry, il voulait offrir la démocratie à son peuple (et au reste du monde). Je veux bien adhérer à cette idée, mais encore faut-il l’étayer ! Au lieu de cela vous nous verser encore un échange entre le Roi et votre ancêtre, sans preuve aucune. Cela va sans dire ! Vous confondez l’Histoire et les romans historiques. De mauvaise qualité. Certes Louis XVI peut être fier de son bilan, mais vous n’en avez rien dit précédemment. Comment vos lecteurs peuvent-ils vous suivre ?
Page 125 Vous racontez un épisode qui se serait passé le 6 août 1789 : le peuple après l’abolition des privilèges se serait jeté dans le parc de Versailles pour tout y saccager au nom du droit de la chasse nouvellement acquis. D’où sortez-vous cela ? Quant à Marie-Antoinette, nous avons droit une fois de plus à votre description toute particulière, directement issue des pires pamphlets du temps, mais évidemment sans citer les sources exactes, remontées à votre sauce. La page suivante vaut le coup d’être citée en partie :
«Il avait fait fondre sa vaisselle d’argent, ce qui avait rapporté cent vingt-sept mille neuf cents livres (3 506 616,02 euros), après les journées d’octobre qu’il savait avoir été fomentée par son cousin le duc d’Orléans.»
Florence Mothe page 126
Voilà pour les journées d’octobre. C’est tout. Rien de rien le 5 à propos de Louis XVI alors à la chasse, courant à bride abattue à cheval rejoindre Versailles à l’annonce de l’arrivée des Parisiennes, les tractations pour un possible départ pour Rambouillet (ah oui, au fait pas un seul mot non plus dans les chapitres précédents sur ce château pourtant important pour Louis XVI, surtout si l’on se fie à Aurore Chéry !), son accueil des Parisiennes déléguées dans son Cabinet, ses ordres pour approvisionner Paris en pain… Et le lendemain matin, pas besoin d’en parler non plus ! Marie-Antoinette qui risque sa vie, quelle importance ? Nous nous rappelons malheureusement trop bien que pour vous la Reine a passé la nuit avec Fersen, à laisser ses gardes se faire massacrer en attendant de sortir langoureusement des bras de son amant. En vous appuyant sur rien du tout, comme toujours ! Non, selon toutes les sources existantes et crédibles, elle fuit dès son réveil, en sursaut, le danger. Vers qui ? Son mari ! D’où votre choix d’éviter cet épisode qui aurait eu du mal à coller avec la haine que vous supposez dans le couple royal. Et à quoi bon évoquer le courage du couple royal au balcon face à une foule assassine ? Quel intérêt ?
Je tiens aussi depuis un moment à vous rappeler, selon tous les livres historiques sérieux que j’ai lus, l’extrême difficulté d’avoir une idée précise de la valeur de la monnaie d’alors. Vous ne pouvez ignorer notre monnaie fluctue et celle sous Louis XVI bien plus encore. La livre en 1774 et celle de 1789 n’ont plus du tout la même valeur, d’où en partie la Révolution. Or toutes ces pages, nous avons droit à des équivalences livres/euros de votre part, sans nous donner une seul fois l’opération qui vous permet d’y parvenir. Quel est donc votre secret ? Certainement le même qui vous fait citer vos archives privées. Votre imagination.
«Il s’était installé aux Tuileries sans rechigner, dans le grand vaisseau envahi de fâcheux et d’artistes qui, fort heureusement, avait été partiellement remis en état les années précédentes.»
Florence Mothe, page 126
Et merci qui ? Marie-Antoinette ! C’est parce qu’elle passait du temps à Paris, notamment pour les fameux bals de l’Opéra, qu’elle s’est fait aménagée un pied-à-terre aux Tuileries. Je vous accorde bien volontiers que votre sujet n’est pas Marie-Antoinette. Mais alors évitez un «fort heureusement» qui devrait lui revenir de plein droit. Ce serait la moindre des honnêtetés. Je suis sûre qu’au soir du 6 octobre, Louis XVI ne regrettait plus du tout les dépenses que son épouses y avaient faites.
«Quand il sortait du palais, le peuple de Paris, étonné, criait «Vive le roi !», ce qui lui permettait de croire qu’après tout, rien encore n’était perdu.»
Florence Mothe, page 126
Vous seriez certainement vous aussi étonnée d’apprendre que Marie-Antoinette recevait également des «Vive la Reine !». Car oui, la Révolution, comme la vie conjugale du couple royal, est plus complexe qu’elle en a l’air. Vous êtes censée le savoir, mais vous nous prouvez à chaque ligne le contraire.
«Il était satisfait que son cousin Orléans ait fui à Londres quand son jeu, durant les journées d’octobre, avait été découvert par Gorsas qui l’avait reconnu, déguisé en femme, ce qui avait obligé son secrétaire, Choderlos de Laclos, à venir mendier aux Tuileries un simulacre de mission diplomatique en Angleterre pour masquer un départ précipité qu’on aurait pu prendre pour une émigration (81).»
Florence Mothe, page 126
81 : Exposé de la conduite de M. le duc d’Orléans dans la Révolution française, rédigé par lui-même à Londres, de l’imprimerie de la veuve d’Houry et Debure, s. d. (juin 1790), fonds maçonnique, archives privées, château de Mongenan
Et allez, c’est reparti pour vos archives privées ! De toute façon, quoi que disent celles-ci (qui nous restent invisibles), il y a peu de chance que le duc d’Orléans y avoue sa contribution aux journées d’octobre. Et surtout de s’être déguisé en femme ! Pourquoi n’avez-vous pas ajouté qu’ainsi accoutré, posté dans l’escalier de la Reine, il désignait à la foule en furie l’appartement de celle-ci ? Pas assez crédible ? Nous sommes d’accord. Mais c’est vous qui affirmez une partie de la rumeur. Pourquoi donc ne pas aller jusqu’au bout ? Assumez ! Au lieu de cela, vous nous trouvez encore comme témoin un des pires acharnés du début de la Révolution, un meneur de ces journées d’octobre. Il va de soi qu’il enfonce le duc d’Orléans pour se défausser. C’est une évidence. Je ne dis pas non plus que le duc d’Orléans n’a rien fait du tout. Il est évident que c’est le cas. Je doute juste qu’il ait eu besoin de se déguiser en femme. Une grosse fortune suffit pour mener les gens où l’on veut, notamment de nombreux hommes de main effectivement déguisés en femmes. Ceux qui veulent voir le duc d’Orléans aller lui-même si loin dans le ridicule sont les mêmes qui dénoncent à tour de bras les francs-maçons. Des complotistes. Louis XVI savait son cousin (en partie) responsable. Nul besoin d’un Gorsas. C’est Louis XVI qui lui a vivement suggéré d’aller faire à tour à Londres. C’est une manière, cette fois-ci réellement élégante, de lui faire éviter la prison.
«Louis XVI pensait que le roi n’aurait jamais dû quitter Paris, même si le séjour à Versailles lui avait été agréable.»
Florence Mothe, page 126
D’où tenez-vous que Louis XVI ait pu penser ainsi ? A quel moment aurait-il dit ou écrit que Louis XIV s’est trompé avec sa décision de 1682 d’installer la cour définitivement à Versailles ? Il n’existe rien à ce sujet. De plus, son appartements des Tuileries aménagé en est la preuve, c’est Marie-Antoinette qui multipliait les séjours dans la capitale. Pas Louis XVI ! De surcroît, de nombreuses archives l’attestant, Louis XVI était convaincu d’un retour possible à Versailles puisqu’il y a commandé de nombreux travaux en 1790. Comme pour Compiègne d’ailleurs. Pour lui le séjour aux Tuileries n’est que provisoire.
«Il détestait la vie de cour, la fréquentation des amis de la reine qu’il méprisait.»
Florence Mothe, page 126
Encore la preuve de votre méconnaissance totale sur le couple royal ! Vous êtes pourtant censée avoir lu Vie conjugale, vie politique des Girault de Coursac ! Madame de Polignac est autant l’amie de la Reine que du Roi. Il lui écrit autant que Marie-Antoinette lorsqu’elle émigre. Tous ces dons, ces cadeaux, ces charges honorifiques offerts aux Polignac, qui les a permis ? Madame de Polignac est la nièce de Maurepas ! C’est Louis XVI qui a choisi et imposé les fréquentations de sa femme. Je vous rappelle l’épisode de la convalescence de la rougeole. Notamment. Mais le pire c’est que vous faites un amalgame entre ces amis et la vie de cour à laquelle vous ne connaissez rien non plus. Marie-Antoinette ne la supportait pas plus que son mari. Comment pouvez-vous croire le contraire ? Elle comme lui faisaient tout pour y échapper, cultiver une vie privée éloignée des contraintes curiales et de l’étiquette. C’est parce qu’ils se sont choisis des amis hors des grandes familles habituelles (Noailles et Rohan par exemple), que celles-ci ont rejeté le couple royal. C’est parce qu’ils se retiraient au Petit Trianon, uniquement avec leurs plus proches, que les courtisans se sont dits qu’il n’y avait plus besoin de se présenter à Versailles et que la vie parisienne était du coup bien plus attractive. Sur ce point, Louis XVI et Marie-Antoinette voyaient les choses exactement de la même manière. Comprenant malheureusement trop tard leurs erreurs à ce sujet, ils vont du coup rétablir une vie curiale importante aux Tuileries. Or pour le coup, ce ne sera en aucun cas pour les amis de Marie-Antoinette. Forcément.
Et vous continuez à attribuer à Louis XVI des idées totalement inédites (pour ne pas dire révolutionnaires !) issues bien évidemment d’on ne sait où (à moins d’être médium) :
«Il aurait voulu pouvoir se rendre au café Zoppi, le Procope, rue de l’Ancienne-Comédie et se glisser, pourquoi pas ? aux réunions du Club breton qu’avait fondé l’avocat Le Chapelier au café Amaury, au 7 de la place des Victoires. On lui avait rapporté que cette «société de pensée» comme il la nommait, avait réclamé le vote par sénéchaussée, sans représentation du bas clergé, ce qui lui semblait juste.»
Florence Mothe, page 126
Comme il la nommait : mais d’où ? Apportez-nous donc la preuve d’une telle assertion ! Ce n’est quand même pas rien d’affirmer que Louis XVI rêvait de fréquenter les jacobins ! Je vous rappelle en outre que la café Amaury se trouve à Versailles, pas à Paris. A moins d’ignorer que la place des Victoires soit à Paris ! Ce n’est quand même pas possible d’écrire autant de bêtises en si peu de lignes ! Mais il y a un moment que nous y sommes habitués de votre part. J’espère d’ailleurs que Louis XVI n’a jamais vraiment eu l’envie de fréquenter Le Chapelier qui pour le coup est vraiment un homme politique très éloigné des aspirations du peuple et du droit des travailleurs à se réunir ou de faire grève. Sinon toute votre théorie d’un Louis XVI aux idées de gauche et dont la priorité est de faire le bonheur des plus pauvres en prendrait un sacré coup. Mais nous sommes également habitués à vos sérieuses contradictions.
«Avant la réunion des Etats, ces Bretons se rencontraient tous les deux ans. Il trouvait que c’était normal, comme il appréciait l’idée émise par Le Chapelier que les écrivains touchent le fruit de leurs oeuvres et celle de Jacques Defermon de faire publier le Voyage autour du monde de M. de la Pérouse.»
Florence Mothe, page 126
Parce que Louis XVI a eu besoin de ces messieurs pour y penser ? Cela étant effectivement tout à fait normal, nul besoin d’en parler. Au risque pour vous de vous perdre, d’émettre de nouvelles erreurs, et d’encore plus vous enfoncer. Le droit d’auteur ? Mais cela vient de Beaumarchais, depuis 1777 ! Et comme vous l’avez-vous même déclaré plusieurs fois tout le long de ces lignes, Beaumarchais est un agent de Louis XVI. Donc évidemment Louis XVI le soutient dans cette reconnaissance des droits des auteurs. La loi de 1791 ne fait que confirmer un fait acquis depuis quatorze ans. Ensuite, croyez-vous vraiment qu’il ait attendu un député pour s’inquiéter de la disparition de l’expédition de La Pérouse ? Expédition à laquelle vous ne consacrez que ces quelques mots alors qu’il s’agit d’un de ses projets politiques majeurs. Tant mieux si un député breton ait voulu faire comprendre à ses collègues qu’il y avait urgence de s’en préoccuper. Mais je suis sûre que Louis XVI devait certainement plus ronger son poing depuis tout ce temps sans nouvelle et de voir enfin les députés daigner y penser. Cela ne servira d’ailleurs pas à grand chose. Mais évidemment avec votre manie de n’indiquer aucune date, on croirait que l’idée de M. Le Chapelier et celle de M. Defermon arrive juste après les journées d’octobre. Or il faut attendre 1791. Deux années où Louis XVI était loin d’être sur son petit nuage, tout heureux selon vous de sa vie parisienne et jacobine. Au contraire. Pourquoi à la place, au lieu de parler pour ne rien dire, ne pas avoir listé toutes les lois de la constituante et de la législative auxquelles Louis XVI pouvait en effet entièrement adhérer, puisque nombreuses venant de lui ? Et pourquoi ne pas lister aussi celles qu’il rejetait ou du moins en émettre quelques réserves ? Ce serait autrement plus intéressant ! Mais non. Vous nous en sortez deux qui aux yeux de Louis XVI était forcément la moindre des choses. Les députés de la Constituante s’arrogent des réformes qui viennent de Louis XVI. C’est bien cela qu’il est important de dénoncer. Pas faire de ces députés, _des notables éloignés des préoccupations populaires_, des amis du Roi. Ils lui volent ce qu’il a déjà établi.
«Peut-être avait-il, avant tout, avec ce Club breton, la mer en partage.»
Florence Mothe, page 126
Il faut donc attendre chez vous, entre fin 1789 et 1791 (tant il est difficile de se repérer chronologiquement !), enfin la description d’un Louis XVI marin. Il était temps ! Son rare espace de liberté depuis son enfance studieuse nous permet de mieux comprendre sa psychologie, ses aspirations. Mais pour vous, tout cela n’a d’autre intérêt que d’y voir son rapprochement avec le club breton. C’est dire votre légèreté dans votre tentative de nous montrer un Louis XVI original.
«S’il n’avait pas été roi, il aurait voulu être marin, lui qui ne connaissait de la mer que le grand canal de Versailles et avait à peine aperçu l’océan le 23 juin 1786 à Cherbourg, lors de son unique voyage en province.»
Florence Mothe, page 126-127
Décidément votre sens de l’orientation laisse vraiment à désirer ! L’océan à Cherbourg ? Le minimum quand on s’intéresse à Louis XVI c’est de savoir lire une carte. Le contraire est une grave insulte à son égard. C’est du niveau CE1 :
Idarvol
La Manche est bien un bras de l’océan Atlantique mais sa géologie est différente. Et croyez-moi que Louis XVI en connaissait la distinction. Pas vous apparemment. Il l’avait en effet «à peine aperçu» puisque pas vu. On rit d’autant en lisant la suite :
«Une bonne occasion d’utiliser la géniale invention de Berthoud, son maître en horlogerie, la montre marine, un passionné du temps et de l’espace (…).»
Florence Mothe, page 127
Des compétences que vous n’avez pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Puis vous continuez avec les protestants, il y avait longtemps, et l’état d’esprit supposé de Louis XVI apparemment content de la situation, au contraire de sa femme qui d’après vous se sentait «en ménagerie». D’où sortez-vous ce terme ? Dans quelle lettre de sa main ? Les mentions de ce terme proviennent de pamphlets et de caricatures ! Voilà vos sources :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k40911x/f2.item.texteImage
Même si à la longue nous y sommes habitués, cela reste choquant à chaque fois. Et comme si cela ne suffisait pas, vous faites encore des anachronismes puisque nous sommes censés être entre octobre 1789 et le 20 juin 1791 et vous nous donner des sources concernant les années 1792-1793 ! Vous êtes vraiment douée dans l’incompétence !
Il y avait longtemps que Marie-Antoinette n’en avait pas pris pour son grade, qu’à cela ne tienne lorsque vous évoquez le château de Saint-Cloud, page 127. Non, ce n’est pas un caprice. Là encore vous ignorez plusieurs éléments d’importance. En premier, le couple royal sait que le château de Versailles doit connaître de vastes travaux afin de se mette au goût du jour. Nous sommes fin XVIIIème siècle. La résidence royale ne peut plus ressembler à un château du XVIIème. C’est douloureux, certains pensent même qu’heureusement la Révolution a eu lieu pour éviter un tel désastre, etc. Mais Louis XVI et Marie-Antoinette étaient totalement dans leur droit. Et si la monarchie avait perduré, personne n’y aurait trouvé à redire, il est évident que les châteaux évoluent au fur et à mesure des règnes. Or, en attendant, il leur fallait bien une autre résidence. La seule, suffisamment proche à la fois de Versailles et Paris et pouvant concurrencer Versailles est Saint-Cloud. Voilà pour le premier point. Le deuxième est que Marie-Antoinette attend en 1785 un nouvel enfant qui s’avérera être un garçon, donc un cadet de la famille royale. Il faut bien que ce prince devenu adulte ait une résidence digne de son rang. En construire une nouvelle serait bien plus coûteux. Donc il va de soi de récupérer une résidence offerte par Louis XIV à son frère Philippe d’Orléans dont la descendance s’éloigne de plus en plus de la branche royale. On peut penser que Rambouillet serait revenu à madame Sophie si elle avait été un garçon. Ou si un autre serait arrivé. Et même pourquoi pas en tant que fille. Comme Madame Royale a eu Marne-la-Coquette, Madame Elisabeth Montreuil, la comtesse de Provence une autre partie de Montreuil, Mesdames Bellevue. Il est normal de caser la famille royale directe, et tant pis si c’est au détriment des princes du sang. C’est la loi de la monarchie. Enfin, Marie-Antoinette peut tout à fait prétendre à cet héritage car le frère de Louis XIV est son arrière-grand-père. Il n’y a donc rien de choquant que ce soit elle qui offre ce palais à son second fils. Et pourquoi est-ce Marie-Antoinette qui le récupère et non Louis XVI ? Pour les mêmes raisons qui concernent le Petit Trianon. Il sait que sa femme fera des merveilles en aménagement, qu’il a lui de son côté d’autres chats à fouetter, et qu’il sera le premier à en bénéficier. C’est le Petit Trianon à une plus vaste échelle. Le De par la Reine est peut-être une maladresse mais surtout la preuve de la misogynie ambiante. Il semble que vous pensez comme nos ancêtres pour qui une reine n’a d’autre rôle que de prier et pondre.
La suite n’est guère mieux de votre part :
«Après avoir fait bouleverser totalement par Mique la demeure de la princesse Palatine, qui n’en avait aucun besoin, Marie-Antoinette avait extorqué au roi la promesse qu’elle pourrait séjourner chaque année six semaines au château.»
Florence Mothe, page 127
Rassurez-moi : vous qui vivez dans le château de vos ancêtres, vous n’allez quand même pas me faire croire que vous n’y avez rien modernisé depuis le temps de votre arrière-grand-mère ? Qui, s’installant dans une nouvelle résidence, n’y fait pas quelques travaux afin de s’y sentir chez soi ? Les Orléans en quittant les lieux sont partis avec meubles et décorations, cela va de soi. Il faut donc bien remplacer tout cela ! Mais bon, évidemment, quand on veut absolument tout voir en noir chez Marie-Antoinette, on en conteste les plus simples évidences. Et si Marie-Antoinette est une des personnes les plus douées de notre Histoire en terme d’aménagement intérieur ou de jardins pourquoi autant de touristes dans les jardins du Petit Trianon ?), pourquoi le lui reprocher ? Pourquoi sinon autant de touristes dans les jardins du Petit Trianon ?Je vous rassure, pour payer tout cela, c’est Louis XVI. Vous êtes tellement partiale que vous utilisez des termes comme «extorqué» ! C’est quand même incroyable ! Et comme par hasard, vous omettez le fait que la Reine et son architecte profitent de faire construire un hôpital et sa chapelle, qui existent toujours près du château disparu ! Votre mauvaise foi est confondante !
Marie-Antoinette extorque à son mari des séjours dont il bénéficie lui-même et qu’il finance ! Et puis je vous rappelle que le couple royal ne s’y rend pas en 1788 ou 1789 pour s’y amuser. Leur fils aîné se meurt dans le château voisin de Meudon. Eh oui, encore une raison de cet achat ! Car si Meudon revient au Dauphin, Louis XVI et Marie-Antoinette trouvait tout à fait normal que leur fils cadet soit son voisin, comme Bellevue serait revenu en toute logique à Madame Royale. Dès qu’elle le peut, Marie-Antoinette vient à Saint-Cloud pour y voir son fils malade, accompagnée quand cela lui est possible par son mari et dînent régulièrement chez Mesdames qui les invitent chez elles. La suite du Dauphin est si importante qu’il lui faut son propre château. Marie-Antoinette n’a jamais pu le loger au Petit Trianon. Il allait au Grand, accompagné de sa soeur jusqu’à son passage aux hommes. Mais évidemment comment pourriez-vous savoir cela, vous qui étalez votre ignorance à chaque ligne ? Au lieu de cela :
«Les fêtes y succédaient aux fêtes, si bien que peuple s’y pressait le dimanche au grand déplaisir de la reine.»
Florence Mothe, page 127
Quand donc Marie-Antoinette y organisait fêtes sur fêtes ? Il n’en existe qu’une, durant l’automne 1785, sorte de pendaison de crémaillère. Sinon ? Durant la maladie de son fils, entre 1788 et 1789 ? En pleine Révolution, l’été 1790 ?Comme nous n’avons aucune date, avec vous tout est possible ! Or les réels séjours ne peuvent concerner que ces périodes. Auparavant ce n’est juste que de brèves passages, avec oui quelques événements dans les jardins, mais rares et ponctuels ! Le tout est en travaux. Vous établissez donc des fêtes lorsque cela est complètement impossible !
«Il faut dire que ce n’était pas le peuple des beaux quartiers, mais comme le racontait Louis-Sébastien Mercier, «de petites demoiselles endimanchées, montrant d’abord leurs jambes, escaladant la voiture à jouir, rangées comme une marchandise à vendre et pressées, dès que le charretier jureur donnait le premier coup de fouet, de balloter leur jolie tête, de jeter leur bonnet, leur fichu, de se laisser aller aux petites licences et aux gros mots du charretier qui semblent présider au tour du jour.»»
Florence Mothe, pages 127-128
Mais bien sûr ! Pourquoi ne pas faire de Marie-Antoinette une maquerelle tant que vous y êtes ? Et comme d’habitude, vous faites preuve d’anachronisme : Les Tableaux de Paris datent de 1781 ! Quel est donc le rapport avec Marie-Antoinette qui n’acquière ce château qu’en 1785 ? Sidérant ! Marie-Antoinette y reçoit selon vous dans «le plus grand secret» le député Charles Chabroud afin d’y établir la culpabilité du duc d’Orléans et de Mirabeau quant aux journées d’octobre. Marie-Antoinette a toujours voulu y mettre la plus grande lumière sur ces journées. Donc elle reçoit ouvertement, à Saint-Cloud comme aux Tuileries, tous ceux pouvant lui donner les noms des responsables. Il est d’autant plus curieux que c’est bien lors de cet été 1790 qu’elle reçoit le comte de Mirabeau justement à Saint-Cloud et là dans «le plus grand secret» . Mais vous n’en dites rien ! Vous nous donnez une visite secrète dont personne n’a jamais entendu parler, jamais lu dans aucune biographie de Marie-Antoinette et omettez celle attestée et connue ! Et vous continuez en assurant que Louis XVI, évidemment opposé aux démarches de sa femme, «a ri aux larmes» devant la caricature de ce Chabroud. Comment le savez-vous ?
Lorsqu’on constate l’approximation frauduleuse de cette auteure, on ne peut que s’étonner voire s’offusquer (ou s’amuser, parce que c’est plutôt flatteur de déplaire à une telle personne) de sa critique de notre article sur le futur Louis XVIII :
Il est bien regrettable que certaines erreurs figurent dans cette interessante biographie. Comment peut-on écrire que le comte et la comtesse de Provence sont partis en exil ensemble alors que l’un est parti avec d’Avaray et l’autre avec Mme de Gourbillon ? L’histoire commet un rand péché en vouant moraliser les faits. Pas question non plus des compliots montés par Provence contre son frère. L’affaire Favras n’aurait-elle jamais existé ?
Florence Mothe
Ce à quoi nous avons eu plaisir de répondre ainsi :
Je n’ai pas écrit que les Provence avaient fui ensemble : « Marie-Joséphine et Madame de Gourbillon émigrent toutes deux en Allemagne puis dans plusieurs pays d’Europe. Elles restent huit ans ensemble à parcourir le continent.»
Benjamin Warlop
Qu’entendez-vous par le fait de moraliser l’Histoire? Je ne pense pas du tout être dans cette mouvance.
Quant aux complots, je ne les nie pas… je me méfie seulement de ceux qu’on attribue à Monsieur à mauvais escient. Puisque vous évoquez l’affaire Favras, je me permets de vous rétorquer : « Vous avez fait, Madame, trois fautes d’orthographe ». Mais je vais regarder cela.
Merci pour votre critique constructive.
C’est ainsi que nous nous sommes penchés sur le cas de sa production … Madame Mothe aurait donc probablement dû s’abstenir de donner une leçon, vue sa condition d’arnaqueuse de l’Histoire !
Tant pis pour elle !!!