
(image issue de L’Homme au Siècle des Lumières (2011)
de Florent Véniel ; éditions errance)
Vers 1771 ?
Naissance de Louis Larivière. Il est le fils de Jeanne Larivière qui est née dans les années 1730.
Ses parents sont au service du duc de Penthièvre, grand-amiral de France, qui les nomme concierges à l’Amirauté du Palais.

Le duc de Penthièvre sachant que Louis veut apprendre la pâtisserie dans toute la perfection possible, le fait recommander au chef d’office chez le Roi.
En 1785
Dès l’âge de quatorze ans, Louis est apprenti pâtissier chez le Roi même, à Versailles. Comme ses parents habitent Paris, il est à supposer que Louis loge dans le Grand Commun de Versailles.


Situation du Grand Commun par rapport au château lui-même

On peut supposer qu’il occupe une chambre dans les soupentes du dernier étage du bâtiment étant donné son jeune âge et son rang.







il est peut-être un hommage à l’office culinaire de Louis Larivière





de Florent Véniel ; éditions errance

Le 5 octobre 1789
Malgré la pluie, les Parisiens… ou plutôt les Parisiennes_elles sont 7 à 8000, les « 8000 Judith» évoquées par Camille Desmoulins, avec parmi elles des hommes déguisés en femmes_, sont sur le pied de guerre, afin de «marcher sur Versailles», pour empêcher le Roi de s’enfuir à Metz, comme le bruit commençait à se répandre depuis l’arrivée du régiment de Flandre. Elles sont conduites par le clerc d’huissier Maillard, l’un des vainqueurs de la Bastille.


Vers quatre heures de l’après-midi
Versailles voit arriver les premières femmes …

Voilà le cortège populaire que Louis voit arriver depuis le château en fin d’après-midi.

La route est longue de Paris à Versailles . Il s’agit d’une marche exaltée, irraisonnée qui mêle les mères de familles, les épouses à des mégères qui aiguisent leurs couteaux sur les bornes de la route en menaçant la vie de la Reine à laquelle on attribue les débordements du banquet des gardes du corps, d’être défavorable à la Révolution et de mal conseiller le Roi…



A leur arrivée à Versailles en fin d’après-midi. Une délégation de parisiennes est aussitôt accueillie dans la salle des séances où elles siègent parmi les députés.


Le Roi non plus n’est pas au château, il chasse dans les bois de Versailles, non loin de la porte de Châtillon. Il vient d’inscrire soixante-quatorze pièces à son tableau de chasse lorsqu’accourt un messager, M. de Cubières. Louis XVI lui ordonne d’aller prévenir la Reine, puis, sans attendre sa voiture, descend à bride rabattue les pentes de Meudon.

Déjà, les premières «dames» débouchent dans l’avenue.

Marie-Antoinette est au hameau de Son cher Trianon.



La foule investit la cité royale: des femmes envahissent l’Assemblée, d’autres tentent de se loger dans les auberges, mais la plupart des émeutiers s’installent sur la place d’Armes pour y passer la nuit.

Lorsque la foule hurle qu’elle vient chercher «Le boulanger, la boulangère … et le petit mitron !», Louis Larivière doit se sentir visé car n’est-il pas davantage mitron que le Dauphin?

… en réalité c’est une grille de côté qui est restée ouverte
Depuis le Grand Commun, Louis doit apercevoir cette horde de femmes parisiennes qui ont envahi les rues de Versailles et qui campent tant bien que mal en attendant le lendemain.

A minuit
La Fayette, parti de Paris à cinq heures de l’après-midi, est enfin annoncé : «Sire, j’ai pensé qu’il valait mieux venir ici, mourir aux pied de Votre Majesté, que de périr inutilement place de Grève.»
Et Marie-Antoinette de rétorquer : «Monsieur de La Fayette veut nous sauver, mais qui nous sauvera de Monsieur de La Fayette?»

Le 6 octobre 1789
Comme mus par un signal convenu, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se rassemblent en rangs serrés. Menaçante, la foule s’approche du château et un groupe s’engouffre dans la cour par la grille de la chapelle, restée mystérieusement ouverte.


Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.


Arrive La Fayette _ qu’il a fallu réveillé, ce qui lui vaudra le surnom de Général Morphée…_ qui conseille au Roi de se présenter au balcon.

La famille royale est ramenée de force à Paris.


La famille royale s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Les deux tiers du service royal sont supprimés. Louis Larivière perd alors sa charge de pâtissier royal et retourne à Paris au sein de sa famille. Son père, par la suppression de l’Amirauté, perd aussi, quelque temps après , son emploi ; mais comme son logement à la Conciergerie n’est ni commode, ni agréable, on ne songe pas à le lui retirer. Les croisées de ce logement, fermées d’énormes grillages, sont un deuxième et s’éclairent sur l’intérieur de la Conciergerie, grande cour du Préau.


Le concierge Richard venant un jour chez le père Larivière, aperçoit Louis dans un coi n de l’appartement, où faute d’occupation, il a les bras croisés.
« Que faites-vous de ce grand paresseux qui me paraît fort et robuste ? demande-t-il aux parents Larivière. S’il sait écrire comme je n’en doute pas, vous allez me le donner : j’ai besoin d’un bon guichetier, de confiance. Je lui serai bon maître ; et de cette manière, vous pourrez le voir souvent.»
Les Larivière acceptent bien volontiers les propositions de Richard, et Louis prends un emploi dans cette Conciergerie profonde, que, jusqu’alors il n’avait vu qu’à travers leurs barreaux.


Depuis la fin de 1789
Louis Larivière est porte-clefs de la Conciergerie.
Le 13 juillet 1793

Transfert de la prison de l’Abbaye à celle de la Conciergerie de la jeune Charlotte Corday (1768-1793) qui a assassiné Jean-Paul Marat (1743-1793).


On devine Larivière dans la pénombre de ce tableau…
Dans la nuit du 1er au 2 août 1793,
à deux heures quarante du matin
Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.

Louis Larivière est de service, au premier guichet de la Conciergerie. Assis dans le grand fauteuil de cuir, il dort, quoique étant de garde, lorsqu’il entend frapper à la porte, non avec le marteau, mais à grands coups de crosses de fusil. Il ouvre promptement la grille de fer, puis le guichet d’entrée. Il voit une grande et belle femme que plusieurs officiers et administrateurs amènent.

A peine est-elle éclairée par toutes les lumières du vestibule, que Louis reconnaît son ancienne maîtresse, la veuve du Roi de France. Elle est vêtue d’un long vêtement noir, qui donne encore plus d’éclat à sa blancheur extraordinaire. Il ne la trouve guère changée dans ce moment là, parce que le trouble qu’on vient de lui donner lui a rendu toutes ses couleurs.

Contrairement aux usages, c’est dans cette cellule que le guichetier Lui demande de décliner Son identité. Elle répond froidement : «Regardez-moi.»

Ceux qui conduisent Marie-Antoinette ont d’abord l’intention de l’écrouer au greffe de la prison, qui jouxte le vestibule d’entrée ; mais ils changent d’avis promptement, et, prenant à droite par le corridor noir, ils conduisent Sa Majesté dans sa chambre. Elle est accueillie par Madame Richard et sa cuisinière, Rosalie Lamorlière.

Le 2 août 1793
Au grand jour, vers les six heures du matin, le concierge prend Louis à part et lui demande d’aller trouver sa mère qu’il a résolu de placer auprès de la Reine, pour un petit nombre de jours. Quoique avancée en âge, sa mère a de la santé. Les administrateurs l’ont acceptée sur la peinture que Richard en a faite.

Louis va, à l’instant, porter les propositions à sa mère qui s’afflige en apprenant que la Reine de France est menacée d’un prochain jugement ; mais pour toutes sortes de raisons, elle ne balance point à descendre à la Conciergerie.
On nous présente généralement Jeanne Larivière comme une vieille femme de quatre-vingts ans passés. Elle devait avoir les cheveux blancs, d’où cette croyance ( certains la présentent même parfois comme la grand-mère de Louis … ), mais elle devait avoir une petite soixantaine d’années pour pouvoir coudre dans l’atmosphère obscure de la Conciergerie, et pour s’activer à la tâche comme on le lui demande alors… même si ce n’est que pour une durée limitée.

Placée auprès de Sa Majesté (nous sommes à l’époque de la Restauration lorsque Lafont d’Aussonne recueille le témoignage de Larivière), avant l’arrivée des deux gendarmes, madame Larivière a le temps de se faire connaître pour ce qu’elle est ; et comme elle est d’un bon esprit, et que, dès son bas âge, elle a vécu auprès des grands, elle dit à la Reine de ces paroles bien placées, qui la font estimer aussitôt et même considérer. Jeanne Larivière a été belle autrefois. Sa vieillesse n’est ni choquante ni désagréable ; Sa Majesté la traite beaucoup mieux qu’il ne lui est dû.
Madame Larivière apprend à la Reine que son fils a été à son service, et que, maintenant, il est réduit à servir dans cette prison.

Grâce à Michonis Marie-Antoinette obtient qu’on Lui envoie du Temple un colis de la part de Madame Élisabeth contenant des chemises, deux paires de bas de soie noire, une cape et une paire de chaussures à la «Saint-Huberty», dont Elle avait besoin d’urgence, car les Siennes étaient pourries par l’humidité…

Le 3 août 1793
Madame Larivière sort un instant de chez la Reine et charge son fils d’aller acheter une demi-aune de voile, ou d’étamine, pour rapiécer la robe de deuil de Sa Majesté, qui est rompue sous les deux bras et usée dans la partie inférieure, à cause du frottement continuel sur le pavé. Sa commission porte aussi d’acheter du fil de soie, du fil ordinaire, des aiguilles et de revenir promptement.
Louis se présente chez la Reine avec tous ces petits objets, et comme il les remet à sa mère, la Reine le remercie par un mouvement de tête gracieux.
————–
M. Emery est à son tour transféré à la Conciergerie, venant des Carmes ; tout de suite, il apprend la présence de Marie-Antoinette et ne tarde pas à pouvoir correspondre avec elle : s’il ne trouve pas le moyen de l’approcher, il parvient du moins à lui faire remettre un billet laconique, ainsi conçu :
« Préparez-vous à recevoir l’absolution ; aujourd’hui, à minuit, je serai devant votre porte et je prononcerai sur vous les paroles sacramentelles…»

À l’heure dite, en effet, le prêtre peut descendre de sa chambre, située à l’étage supérieur, s’approcher du cachot de la Reine et, à travers la porte, l’entendre soupirer, s’entretenir quelques instants avec elle, lui donner enfin l’absolution, — après quoi il s’éloigne, sans être inquiété.
Le 5 ou 6 août 1793
Le quatrième ou cinquième jour, les administrateurs disent à la mère Larivière que son emploi est trop pénible pour son âge, et l’on installe une jeune femme nommée Marie Harel.
Les rigueurs de la Conciergerie sont encore supportables. Les porte-clefs, au nombre de huit, servent sept jours consécutifs, et disposent librement du huitième.
Du temps de sa mère
Louis Larivière entre un jour au cachot vêtu en garde national, parce que, malgré son nouvel emploi, il se trouve inscrit pour ce service. La Reine dit à sa mère :
« Engagez, s’il vous plaît, votre fils, notre ancien serviteur, à ne plus mettre sous mes yeux cet uniforme, qui me rappelle le 6 octobre et tous les malheurs de ma famille.»

Quand sa mère le revoit dans leur demeure, elle lui en dit deux mots avec tristesse ; et pour obéir à Sa Majesté, Louis ne remettra plus son habit dans la prison.
Du temps de Richard
On emploie quelquefois Louis Larivière à la cuisine. Sachant qu’il peut faire quelque chose d’utile pour la Reine, il se charge de préférence des plats que Rosalie lui destine.
Vers le 25 août 1793
Monsieur Gilbert-des-Voisins, président du Parlement, prend Larivière dans un recoin, et lui dit :
« Larivière, j’ai cru reconnaître en toi un brave garçon. Il dépend de toi de faire ta fortune et de me sauver la vie, je ne puis t’expliquer ici mes intentions, mais après demain, c’est ton jour de sortie, mon valet de chambre ira te joindre chez toi. Je te supplie de ne pas rejeter les propositions que je l’ai chargé de te faire.»

Ils se séparent, de crainte d’être remarqués ; et le surlendemain, le valet de chambre du président vient joindre Louis, dans la petite chambre qu’il loue, pour sa liberté, sur le quai de l’Horloge. Il lui parle ainsi :
« Larivière, tous les biens immenses de monsieur Gilbert-des-Voisins sont saisis et séquestrés ; il y a des garde-scellés dans son hôtel ; on a juré sa mort, c’est un homme perdu si vous ne lui prêtez assistance. J’ai eu le bonheur de soustraire et de mettre en sûreté un somme de dix-huit mille francs en or. Mon maître me charge de vous l’offrir (en attendant mieux ), si vous consentez à le faire évader par le passage obscur de la chapelle, qui tombe sur le petit escalier tournant et aboutit à la cour extérieure de la Sinte Chapelle. »
Louis lui répond que tous les trésors du monde ne peuvent rendre possible l’évasion qu’il lui propose, attendu que les énormes verrous de toutes ces portes anciennes sont enchaînés pour les rendre immobiles ; et à moins de faire égorger la sentinelle du dehors, le moindre bruit dans l’intérieur décèlerait la tentative.

Peu de jours après, l’événement de la fleur a lieu chez la Princesse.
Le 28 août 1793
Déroulement de l’affaire de l’Œillet dans laquelle Louis Larivière ne joue pas un rôle essentiel…
Fouquier en est instruit, à sa visite ordinaire du soir.
Le 29 août 1793
Toutes les permissions sont annulées ; tous les guichetiers et employés sont consignés jusqu’à nouvel ordre.
Comme on sait que les gendarmes Lamarche et Prudhomme reçurent tous deux la communion de l’abbé Magnin lorsqu’il l’administra à la Reine, cela s’est passé après le 5 septembre, puisque c’est la date à laquelle ces deux gendarmes succédèrent à Gilbert et Dufresne.

Le 9 septembre 1793
Les gendarmes Gilbert et Dufresne quittent la cellule de Marie-Antoinette.
Le 11 septembre 1793
C’est au tour de Marie Harel de quitter la Reine. Elle aura été sa dernière femme de chambre et celle qui aura le plus longtemps connu son intimité. Marie-Antoinette est désormais totalement seule dans sa cellule, complètement mise au secret, jusqu’à l’ouverture de son procès.
Le couple Richard et leur fils, compromis dans l’affaire de l’Œillet, sont incarcérés.

Le 12 octobre 1793
à six heures du matin
Deux heures après le coucher de Marie-Antoinette, les juges du tribunal révolutionnaire viennent Lui faire subir le grand interrogatoire secret destiné à préparer l’audience devant débuter le surlendemain..


Le 14 octobre 1793
Marie-Antoinette comparaît devant le président Herman (1759-1795).


Une série de témoins défile sans apporter de preuves convaincantes de Sa culpabilité, et pour cause.

Fouquier-Tinville requiert alors la peine capitale.

Le 16 octobre 1793
De retour dans Sa cellule, Marie-Antoinette demande du papier, de l’encre et une bougie pour écrire une sublime lettre d’adieu à Madame Elisabeth qui ne la recevra jamais.
Puis Elle s’allonge toute habillée sur Son lit.
Au petit matin, Rosalie Lui apporte un bol de bouillon qu’Elle accepte de prendre par égard à l’attention qu’y a mise la petite servante.
Depuis sept heures
Trente mille hommes des gardes nationales sont sur pied et forment une double haie le long du parcours que doit emprunter la charrette. On a placé des canons aux extrémités des ponts, sur les places et aux carrefours.
A huit heures
Puis vient le moment où Elle désire changer de linge. On Lui a demandé de ne pas aller à la mort en deuil du Roi, ce qui serait provocateur… Alors, Elle sera en blanc, la couleur du deuil des Reines et revêtira le déshabillé qu’Elle porte habituellement le matin, une jupe blanche au dessus d’un jupon noir.
« Il lui a fallu recourir à la femme du geôlier pour avoir des vêtements un peu convenables, car ses abjects précurseurs, épuisant sur elle les raffinements de la haine et de la barbarie, n’oubliaient aucune persécution de détail. Elle est vêtue toute de blanc, un bonnet de mousseline ordinaire, une camisole de coton, un jupon de la même étoffe. »
Rosalie Lamorlière
Elle veut se changer sans témoin, mais le garde n’y consent pas : il doit avoir le regard sur tous Ses faits et gestes…. Alors Rosalie s’impose en paravent de la Reine pour Sa dernière toilette de représentation ultime. Marie-Antoinette quitte la chemise ensanglantée qu’Elle tente de dissimuler dans un recoin du mur qui jouxte le lit. Elle est prête.
Rosalie La quitte pour toujours….
A neuf heures
Arrive l’abbé Girard, un prêtre jureur, qui propose en vain ses services à la Reine.

Le concierge Bault commande à Louis Larivière d’aller l’attendre dans le cachot de la Reine, et d’enlever la vaisselle, s’il y en a. Selon Louis, Bault lui a donné cet ordre pour qu’il soit témoin de ce qui va alors se passer et pour qu’il puisse lui en rendre compte : ce qui eut lieu.
A dix heures
Ce sont d’abord les juges qui arrivent et lisent à la Reine la sentence, en présence de Louis Larivière, le porte-clefs de la Conciergerie.

On y aperçoit Louis Larivière

« –Cette lecture est inutile , je ne connais que trop cette sentence.
– Il n’importe, il faut qu’elle vous soit lue une seconde fois.»

Les pesantes formules n’en tombent pas moins de la bouche du greffier. Mais à peine a-t-Elle subi ce premier supplice d’un homme jeune et athlétique fait son entrée. C’est Henri Sanson, le fils de l’exécuteur qui, neuf mois plus tôt, a guillotiné Louis XVI. A lui revient aujourd’hui d’exercer l’office de bourreau. Il voudrait se montrer courtois, mais Hermann le rappelle à l’ordre : « Fais ton devoir !»
Il s’incline, demande à la condamnée de présenter ses mains.
« – Oh ! mon Dieu ! Voulez-vous les lier ? On ne les a point liées à mon mari…
– J’y suis obligé.»


Alors, comme elle esquisse une résistance, il lui saisit les deux bras qu’il attache fortement derrière le dos, à la hauteur des coudes. Il sert si fort que Marie-Antoinette ne peut réprimer Sa douleur. Puis il sort de gros ciseaux. Elle blêmit… Va-t-il L’achever ici dans la prison? Puis, Sanson qui domine Marie-Antoinette de sa haute taille Lui enlève brusquement Son bonnet qu’Elle a mis tant de soin à arranger et armé d’une grosse paire de ciseaux, taille à grands coups les cheveux devenus blancs, mais où se devinent encore des reflets blond cendré.


Elle passe devant le porte-clefs :
« Larivière, vous savez qu’on va me faire mourir? … Dites à votre respectable mère que je la remercie de ses soins, et que je la charge de prier Dieu pour moi. »



Le 30 octobre 1793
Condamnation à mort des girondins. Valazé préfère se suicider dans la salle du tribunal plutôt que d’affronter l’échafaud le lendemain.
Le 31 octobre 1793
Départ des girondins pour l’échafaud.

Le 2 novembre 1793
Le duc d’Orléans (1747-1793), cousin régicide de Louis XVI, est ramené à Paris après plusieurs mois prisonnier dans le Midi où il laisse ses deux plus jeunes fils : on l’enferme à la Conciergerie.
Dans la nuit du 2 au 3 novembre 1793
Olympe de Gouges passe son unique nuit à la Conciergerie, après son procès qui la condamne à mort.

Le 6 novembre 1793
Celui qui s’est fait appeler Philippe Egalité est guillotiné.

Le 28 novembre 1793
Après un procès de deux jours, Barnave est condamné à mort. Au moment de lui lier les mains, Barnave rappelle à Sanson que celles-ci furent les premières à signer la Déclaration des Droits de l’Homme…
Le 4 décembre 1793
Jeanne Bécu, comtesse du Barry (1743-1793) est transférée de la prison de Sainte-Pélagie à la Conciergerie

Le 7 décembre 1793
Jeanne du Barry est condamnée à la guillotine.

Le 8 Décembre 1793
Marie-Jeanne Bécu de Vaubernier, comtesse du Barry est guillotinée à Paris, place de la Révolution, anciennement place Louis XV.
« Elle est la seule femme, parmi tant de femmes que ces jours affreux ont vues périr, qui ne put avec fermeté soutenir l’aspect de l’échafaud ; elle cria, elle implora sa grâce de la foule atroce qui l’environnait, et cette foule s’émut au point que le bourreau se hâta de terminer le supplice.»
VIGEE LE BRUN Elisabeth, Souvenirs.
On imagine que la peur de madame du Barry devant la mort a impressionné Louis Larivière…

Le gendarme Gilbert, malgré les parents Larivière, se fait aimer de la sœur de Louis, Julie, qu’il épouse et rendra la plus malheureuse femme du monde étant le plus corrompu gendarme qui existe. Un jour, il ira jouer tout l’argent de sa compagnie, et puis se brûlera la cervelle de désespoir.
Le 24 mars 1794
Après un procès de trois jours, les hébertistes sont envoyés à la guillotine, Hébert hurlant de terreur.

Le 31 mars 1794
C’est au tour de Georges-Jacques Danton (1759-1794) et ses amis à être en état d’arrestation.

Après une mise au secret au Luxembourg, ils sont tous envoyés à la Conciergerie.

Le 5 avril 1794
Danton et ses amis sont guillotinés après trois jours de procès.

Le 9 mai 1794 au soir
On extirpe Madame Élisabeth du Temple, on la conduit à la Conciergerie où à son arrivée personne ne lui dit ce qu’il est advenu de la Reine.

Le 10 mai 1794
Exécution de Madame Élisabeth

Le 17 juin 1794
Michonis, que Larivière a fréquemment croisé à la Conciergerie, est dans la liste des cinquante-quatre condamnés portant la fameuse chemise rouge des «régicides», accusés d’avoir voulu assassiner Collot d’Herbois et Robespierre, mais aussi comme ennemis du peuple en général, conjurés avec l’étranger, trafiquants…
Le 12 juillet 1794
Transfert à la Conciergerie des seize carmélites de Compiègne.
Le 17 juillet 1794
Condamnation à mort des Carmélites.

Le 23 juillet 1794
Alexandre de Beauharnais est condamné à mort.
Le 28 juillet 1794, à onze heures du matin

Robespierre, blessé par balle au visage et gisant sur un brancard, rejoint ses compagnons à la Conciergerie emprisonnés dans la nuit ou en début de matinée.
Cinq cent détenus forment une haie, explosant de joie.
Le même jour, à une heure après midi
Les vingt-deux robespierristes comparaissent devant le tribunal révolutionnaire. Ils sont tous condamnés à mort, des mots mêmes de leurs compagnons, Fouquier-Tinville et Coffinhal, président.
à quatre heures et demie après midi
Les charrettes transportant les condamnés traversent la cour de Mai.
Il faut une heure et demi à celles-ci pour rejoindre la place de la Révolution où la guillotine a été spécialement ramenée tant la foule est dense et soulagée de savoir la fin du cauchemar. Il a fallu ménager les douleurs de certains condamnés : Robespierre n’en a plus pour longtemps, enveloppé de pansements, Couthon est quant à lui infirme et Robespierre le jeune, estropié après son suicide raté.

Le chagrin ou les souffrances des condamnés, Robespierre hurlant de douleur lorsque Sanson l’installe sur la planche, n’entame en rien l’allégresse de la foule.
![La mort de Robespierre. Cette gravure anglaise stigmatise Robespierre, représenté sans sa blessure à la mâchoire, comme un lâche hypocrite incapable de se conduire avec dignité lors de son exécution, « bête aux abois qui bloque son pied contre un montant de la machine et s'agrippe à la planche pour tenter avec l'énergie du désespoir de s'accrocher à la vie », note l'historien Michel Biard[1]. Estampe gravée par Giacomo Aliprandi d'après un dessin de Giacomo Beys, Paris, BnF, département des estampes, vers 1799.](https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/05/L%27execution_de_Maximilien_de_Robespierre_a_la_guillotine.jpg/660px-L%27execution_de_Maximilien_de_Robespierre_a_la_guillotine.jpg)

Le 28 mars 1795
S’ouvre enfin le procès de Fouquier-Tinville. Depuis le mois d’août dernier, il passe de prison en prison tant ses codétenus ne cachent pas leur envie de meurtre à son égard. Il revient enfin à la Conciergerie où il se considère chez lui.
Le procès dure trente-neuf jours !
On est loin des procédures expéditives mises en place par l’accusé lui-même !
Le 7 mai 1795
Fouquier-Tinville et quinze de ses acolytes du tribunal révolutionnaire, dont Herman, partent à la guillotine.
Le 31 mai 1795
Suppression du tribunal révolutionnaire.
On peut imaginer que cela libère Louis Larivière de ses obligations à la Conciergerie et qu’il en revient alors à ses premières amours culinaires.
Louis Larivière restera en relation avec Rosalie Lamorlière jusqu’à sa mort dont il reste l’ami fidèle. Certains lui attribuent la paternité de l’enfant de Rosalie.
Du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804
Bonaparte est Premier consul.

Du 18 mai 1804 au 11 avril 1814
Napoléon Ier règne sur la France en tant qu’empereur.
Le 2 décembre 1804
Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris et couronnement de Joséphine.

Le 6 avril 1814
Vaincu par les alliances étrangères, Napoléon abdique.
Louis-Stanislas, comte de Provence, est proclamé Roi sous le nom de Louis XVIII le Désiré.

Le 1er mars 1815
La Restauration ne dure pas.

Le 18 juin 1815
La défaite de Waterloo réinstalle Louis XVIII sur le trône de France.
En 1824
Louis Larivière est pâtissier à Saint-Mandé

Le 16 septembre 1824
Louis XVIII (1755-1824) meurt à Paris.

Charles X monte sur le trône et décide de renouer avec la tradition du sacre.


A l’inverse du lieutenant de Busne qu’on représente toujours fort jeune dans les reconstitutions, Louis Larivière est souvent vu comme un homme âgé.
J’ignore encore la date du décès de Louis Larivière … mais cet article, en devenir permanent, saura peut-être répondre à ces interrogations …
Sources :
- CASTELOT, André, Marie-Antoinette, Perrin, Paris, 1953, 588 p.
- LAFONT D’AUSSONNE, Gaspard-Louis, Mémoires secrets et universels des malheurs et de la mort de la reine de France, édition en ligne Gallica, Paris, 1824, 442 p. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k680395/f270.item#
- LENOTRE GOSSELIN, Louis Léon Théodore, Le Vrai Chevalier de Maison-Rouge, A.D.J. Gonzze de Rougeville (1761-1814), librairie académique Perrin, Paris, 1894, 331 p.
- https://histoire-image.org/etudes/halles-paris-travers-histoire
- MISEROLE, Ludovic, Rosalie Lamorlière : Dernière servante de Marie-Antoinette (2010) ; Les éditions du Préau
- SAPORI, Michelle, Rougeville de Marie-Antoinette à Alexandre Dumas, Le vrai chevalier de Maison-Rouge, éditions de la Bisquine, Paris, 2016, 383 p.