
Les petits appartements de la Reine :
- La chambre de la Reine ; Le serre-bijoux de Marie-Antoinette
- Le passage du Roi
- Le cabinet de toilette de la Reine
- L’appartement de la calotte du salon de la Paix
- La bibliothèque de la Reine ; Le supplément de bibliothèque
- Le cabinet du billard de la Reine
- Les pièces de service à l’attique de l’appartement de la Reine
- Le salon des buffets
- La salle-à-manger de l’attique
- Le boudoir de la Reine
- Le cabinet de la Méridienne ; Le brûle-parfum de Marie-Antoinette
- La garde-robe de la Reine
- Le cabinet des bains du soir
- La chambre intime de la Reine ; Les sièges de la chambre-à-coucher de la Reine
- Le cabinet doré ; Le mobilier de 1780 ; Le «musée» des Laques du Japon de Marie-Antoinette
- Le cabinet des Poètes
- La salle-des-bains de la Reine ; Le négligé du matin
- L’escalier dit «des porteurs d’eau»
- Le fauteuil pivotant de Marie-Antoinette
- L’appartement du Dauphin
L’univers de Marie-Antoinette ne se borne pas à Trianon, où Elle se rend certes quotidiennement, ou presque, mais où Elle ne séjournera que dix-neuf fois entre 1774 et 1789. Ainsi faut-il se glisser derrière les portes situées de part et d’autre de la tête de Son lit dans la chambre d’apparat du premier étage pour découvrir les lieux de Son quotidien.
La chambre de la Reine,
Le lieu de représentation des Reines de France
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

Cette chambre est la pièce la plus importante du grand appartement de la Reine. La souveraine y passe la majeure partie de Son temps : chaque matin, à Son lever, Elle y reçoit les dames de la Cour. Elle y accorde Ses audiences privées. Et surtout Elle y met au monde l’héritier du trône.

Deux Reines, Marie-Thérèse et Marie Leszczyńska, deux Dauphines, Marie-Anne de Bavière et Marie-Adélaïde de Savoie y sont mortes. Dix-huit enfants de France y sont nés dont Louis XV et Louis XVII.









Il ne subsiste rien du décor créé pour Marie-Thérèse. Le décor actuel est exécuté pour Marie Leszczyńska, de 1730 à 1735, sous la direction de Robert de Cotte et de Jacques Gabriel. Les boiseries sont de Verberckt.






Marie Leszczynska a souhaité avoir constamment sous les yeux les portraits de ses enfants, alors au nombre de cinq.
Le plafond, dont les divisions sont encore celles du temps de Marie-Thérèse, est orné de grisailles d’or au chiffre entrelacés du Roi et de la Reine.






Les stucs des angles sont refaits pour Marie-Antoinette en 1770. On y voit les armes de France et de Navarre alterner avec l’aigle du Saint Empire.
C’est également Marie-Antoinette qui fait placer au-dessus des miroirs les portraits de Sa mère, de Son frère et de Louis XVI.
La cheminée en griotte date de 1786.











Les pliants proviennent d’un ensemble de douze commandé aux Foliot en 1769 pour le salon des Jeux de la Reine (salon de la Paix) et la chambre-à-coucher de Marie-Antoinette à Versailles ; redoré par Chatard en 1786. Quatre pliants acquis par le musée national du château de Compiègne en 1960 par arrêt en douane. Dépôt du musée national du château de Compiègne à Versailles, 20 octobre 1978. D’un modèle proche de ceux commandés en 1773 pour la chambre de la comtesse d’ Artois à Versailles et acquis en 1966 par le musée du château de Versailles, présentés dans la chambre de la Reine.

Les deux fauteuils appartiennent à un ensemble originellement confectionné en 1777-1778 pour le comte de Gamache. Il fut revendu au Garde-Meuble de la Couronne en 1784 par les marchands Darnault pour meubler l’appartement préparé pour le Roi de Suède Gustave III à Versailles. Remployé et complété en 1785 pour le cabinet intérieur de Louis XVI au château de Compiègne, cet ensemble ne fut pas vendu sous la Révolution et se retrouva au château de Fontainebleau à partir du Premier Empire puis à l’Elysée sous le Second Empire.

Le canapé a été exécuté en 1771 pour la chambre de la comtesse de Provence à Versailles, alors logée au rez-de-chaussée du corps central, puis suivit la princesse lors de son emménagement en 1787 à l’extrémité de l’aile du Midi. Conservé sous la Révolution, il se retrouva sous le Premier Empire au château de Fontainebleau puis sous le Second Empire dans le cabinet de travail de l’Impératrice Eugénie au château de Saint-Cloud.









Le serre-bijoux de Marie-Antoinette,
Les vases manquant de la Manufacture de Sèvres
( texte et illustration de Christophe Duarte ; Versailles – passion )


Contrairement à une légende trop longtemps entretenue, ce meuble ne fut pas offert à Marie-Antoinette par la Ville de Paris, mais commandé et payé par Elle-même en 1787, par l’intermédiaire de Son garde-meuble particulier, sous la direction de Bonnefoy du Plan.
La conception d’ensemble du meuble est demandée à l’ornemaniste Jean Démosthèse Dugourc. L’ébénisterie est confiée à Schwerdfeger, auquel la souveraine accorde depuis peu une faveur nouvelle.
Le serre-bijoux associe des matériaux très divers : peintures décoratives sous verre dans le goût pompéien par Jean-Jacques Lagrenée le Jeune, camées peints par Jacques Joseph Degault, bronzes dorés par Boizot et ciselés par Thomire.

La Manufacture de Sèvres fournit le médaillon bleu et blanc placé au milieu de la ceinture, ainsi que deux vases bleu autrefois placés sur les entretoises du piétement et disparus en 1830.
Il est placé dans la chambre à Versailles en 1787. En 1807, on le retrouve dans l’appartement de l’Empereur à Saint-Cloud et en 1811 dans l’appartement de l’Impératrice à Compiègne. Il meuble la chambre de la duchesse d’Angoulême aux Tuileries sous la Restauration avant d’être déposé au Louvre dans le Musée des Souverains sous le Second Empire.


Déposé au Petit Trianon en 1867, il retrouve sa place dans la chambre à Versailles en 1933.
Si Trianon est un héritage qui a appartenu à madame du Barry (1743-1793), c’est de Marie Leszczyńska (1703-1768) que Marie-Antoinette tient ces petits appartements qui reflètent la politique intimiste du remaniement du château par Louis XV (1710-1774) en morcellement pour obtenir des espaces plus réduits, plus confinés et ainsi plus faciles à chauffer.









La porte de gauche donne accès à un célèbre passage :
En 1775
Entre la Chambre du Roi et celle de la Reine, Mercy suggère en 1775 , de créer ce passage afin de faciliter à Louis XVI les visites nocturnes à sa femme…
Le passage du Roi
Voici un plan du passage du Roi à l’entresol :

Louis XVI peut jouir de ce «passage secret» dès le retour de son sacre à Reims le 11 juin 1775, soit dix jours à peine après qu’il a été commandité!!!
C’est ce passage que Marie-Antoinette empruntera en toute hâte le matin du 6 octobre 1789 pour échapper à la furie de la foule venue de Paris pour L’assassiner.
C’est par la porte de droite qu’il faut passer pour rejoindre les pièces que l’on connaît si bien : la Méridienne, le Cabinet Doré, la Bibliothèque… contrairement à ce que laisse penser la scène d’arrivée à Versailles (en mai 1770) de Marie-Antoinette, interprétée par Kirsten Dunst, dans le film éponyme de Sofia Coppola (2006).






















De ce côté, l’on accède aussi au cabinet de toilette de la Reine.
Le Cabinet de toilette de la Reine
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

La pièce suivante marque la limite entre l’Appartement Intérieur de la Reine et celui du Roi. Cet espace apparemment modeste recèle un des plus anciens éléments décoratifs du palais : un plafond à compartiment, antérieur à 1683, unique vestige du petit appartement de Marie-Thérèse.
C’est une de ces pièces placées le long de la galerie des Glaces entre la chambre de la Reine et l’antichambre de l’Œil-de-bœuf. C’est cette proximité avec la chambre qui fait de ces espaces des lieux liés au service de la souveraine. Il s’agit d’espaces dans lesquels Marie-Antoinette n’est plus reine mais femme.







Le mobilier de Jacob datant de 1785 pour cette pièce, composé de quatre chaises et d’un canapé serait aujourd’hui au château de Chantilly.
L’appartement de la calotte du salon de la Paix
Cet appartement était occupé, sous Marie-Antoinette, par la femme de chambre de veille de nuit. Contrairement au Roi où cette personne dormait au pied du lit, la Reine disposait d’un cordon dans Sa chambre pour l’appeler. Comme du côté du salon de la Guerre, il ne reste aujourd’hui que la charpente et le dôme du plafond du salon de la Paix. Cet appartement comprenait un couloir, plusieurs débarras dont un servait de cabinet de chaise, une antichambre, une chambre avec alcôve et deux cabinets dont une garde-robe.




Une pièce sans ouverture extérieure, indépendante du logement de service, à côté du dernier cabinet mitoyen à la voussure de la grande galerie, correspondait au « magasin des Bâtiments » probablement un dépôt pour des glaces, trumeaux ou consoles fournies par ce service pour les appartements à meubler au château.


De 1779 à 1781
La bibliothèque (N°2)
La bibliothèque est aménagée pour la Reine par Son architecte Richard Mique. De hautes armoires vitrées règnent tout autour ; à l’intérieur de celles-ci, un système de crémaillères ingénieux permet un réglage aisé de la hauteur des étagères.


Marie-Antoinette dans Ses murs :
La bibliothèque de la Reine
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
« Hors quelques romans, la Reine n’a jamais ouvert un livre», selon le baron de Besenval. Pourtant, les commandes d’ouvrages attestent de l’intérêt de la Reine pour les traités de sciences humaines, de voyage et de politique. Cette bibliothèque occupe l’emplacement du «laboratoire» où Marie Leszczynska faisait de la peinture sous la direction de Jean-Baptiste Oudry.

Cette pièce est aménagée par Marie-Antoinette en 1772, lorsqu’Elle est encore Dauphine. On y retrouve Ses initiales. Marie-Antoinette rassemble là Son importante collection de livres. Tellement de livres qu’Elle doit se faire aménager un supplément de bibliothèque (N°3), dans la pièce adjacente !




Elle est aménagée dès 1772 pour Marie-Antoinette, encore Dauphine, et modifiées en 1779 lorsque Pierre-Dominique Bertholet dit Monsieur Campan, devient bibliothécaire de la Reine, suivant l’exemple de son père, titulaire de la fonction auprès de Marie Leszczynska.
Campan a la charge de gérer les fournitures et les achats de livres, en concertation avec le lecteur et ancien précepteur de Marie-Antoinette, l’Abbé de Vermond, qui est garant de la moralité des idées neuves.



On remarque, outre le décor traditionnel des portes en fausses reliures, les tablettes à crémaillère des armoires et les poignées des tiroirs en forme d’aigle impérial, rappelant la Maison d’Autriche.


La pièce est remaniée en 1779 lorsque Pierre-Dominique Bertholet (dit Monsieur Campan) devient bibliothécaire de la reine, suivant l’exemple de son père, titulaire de la fonction auprès Marie Leszczyńska. Il a la charge de gérer les fournitures et les achats des livres, en concertation avec le lecteur et ancien précepteur de Marie-Antoinette, l’abbé de Vermond qui est garant de la moralité des idées neuves.



– Le supplément de Bibliothèque (en bleu sur le plan) :

Le supplément de bibliothèque est une pièce utilitaire servant à compenser le manque de rangement de la bibliothèque principale. Il sert également de pièce de passage pour accéder au Cabinet Doré (l’espace était dévolu aux femmes de chambres de la Reine). C’est pourquoi son traitement est d’une grande sobriété, sans dorure, sans sculpture et à simple crémaillères en bois.
Ces deux pièces juxtaposées montrent clairement le principe de hiérarchie des espaces selon leur fonction et leur emplacement dans une résidence du XVIIIe siècle.










La Reine ne lit pas beaucoup, mais Ses lectrices ( madame Campan, puis mademoiselle Laborde ) Lui font la lecture en début d’après-midi. Sa bibliothèque est désorganisée. Rangée par taille de livres et non par thème, on ne s’y retrouve pas bien, et c’est surtout Louis XVI qui l’exploite. De cette époque, au second étage, la Reine dispose d’autres cabinets. L’un d’eux, dont les soieries ont été restituées et les canapés livrés par Georges Jacob (1739-1814) en 1785, sert de salle de billard.
Montons donc au deuxième étage, dans ce qu’on appelle l’attique du château…



Le cabinet du billard de la Reine (N°17)
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles passion )
Marie-Antoinette aime le jeu traditionnellement masculin du billard et en consacre partout la pratique. L’étiquette ne peut cependant permettre l’installation d’un billard dans le grand appartement d’une Reine de France.


Dès l’été 1776, Marie-Antoinette se fait aménager discrètement Son propre Cabinet du Billard à l’étage de Ses cabinets intérieurs. Le petit escalier qui en conserve la dénomination dessert les arrières de la pièce où Elle peut monter à tout moment pour défier quelques courtisans intrépides.



Les soieries du cabinet sont toutefois très féminines : un broché d’arabesques, de fleurs et de médaillons sur fond de satin blanc (restitué d’après un modèle conservé).
L’ambiance actuelle évoque plus un salon. C’est à cet usage que la Reine convertit le lieu en 1784, en prolongement de sa salle à manger. Le billard est transféré au Petit Trianon. A cette fin, Elle récupère le broché qui habillait depuis 1779 Son grand cabinet à l’étage du dessous.






Fabriqué par Charton à Lyon, sur l’ordre de Monsieur de Fontanieu, d’après un modèle exécuté par Jacques Gondoin, le meuble fut livré par le tapissier Capin en décembre 1779 pour le Cabinet intérieur de la Reine à Versailles. Il sera réutilisé en 1787 pour le Salon de Compagnie du Petit Appartement privé au second étage.






Le cabinet de Billard est restauré en 1994. Le mobilier comprend deux canapés que Georges Jacob livra en 1784.






C’est dans cette pièce que l’on trouve le bonheur–du-jour de Marie-Antoinette : c’est un coffret à bijoux réalisé par l’ébéniste Martin Carlin pour orner Ses appartements, à Versailles. Ce meuble se compose d’une table à pieds hauts et minces dont le plateau supporte une petite armoire rectangulaire posée en retrait. Il est constitué de gradins eux-mêmes remplis de tiroirs (et parfois de quelques cachettes), les femmes pouvaient y cacher du courrier qui était leur « bonheur du jour ». Il est petit et léger, facile à déplacer. La partie supérieure s’appelle les « gradins », c’est elle qui constitue toute l’âme du bonheur-du-jour. Marie-Antoinette le conserve dans le cabinet de la Méridienne, si l’on en croit Madame Campan. Elle y tient beaucoup et demandera qu’il Lui soit apporté aux Tuileries après le 6 octobre 1789…












Les pièces de service à l’Attique de l’Appartement de la Reine
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion )

Certains espaces de l’étage des cabinets intérieurs de la Reine sont affectés au service journalier des dames de la chambre. Il ne s’agit pas de logements de fonctions mais de lieux de repos où elles attendent les ordres de la Reine.
Un couloir de service (N°13) distribue les trois principaux : la pièce de jour de la Première femme de chambre (N°14), celle des femmes de chambre ordinaire (N°15) et celle de la femme de la garde-robe des atours (N°12), subalterne de la dame d’Atour, la comtesse d’Ossun.






La Surintendante de la Maison a le premier rang et reçoit les serments des Officiers de la Maison. Cet office, jugé trop important, fut supprimé entre 1741 et 1774.
La Dame d’Honneur occupe le second rang, elle supplée la Surintendante en son absence.
La Dame d’Atours a la charge de la garde-robe et des femmes de chambres.
Les Dames du palais sont, dans la Maison de la Reine, des dames de qualité chargées d’accompagner la Reine. Les offices de Dame du palais sont mis en place au XVIIe siècle, pour remplacer les Demoiselles d’honneur, jeunes filles non mariées placées auprès de la Reine (à la manière des ménines de la Cour d’Espagne). Ces différentes catégories de dames ont un rang supérieur aux femmes de chambre et de garde-robe, qui ne sont pas nobles.
Le rang des dames de la Maison de la Reine ne correspond pas toujours à une réelle proximité avec la Reine. Les diverses charges de la Maison de la Reine comportent des gages importants, encore augmentés par les faveurs éventuelles dont peut faire bénéficier la Reine.


La pièce des Dames d’Atours (N°5)
Cette dernière pièce ouvre sur la salle des Buffets (N°11), annexe facilitant le service de la salle-à-manger attenante mais aussi pièce commune des dames de chambre.





Le salon des Buffets (N°11)





Un escalier conduit à la salle-à-manger.
Dans l’intimité de Marie-Antoinette :
La salle-à-manger de l’Attique (N°2)
( Texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Elle est éclairée par une fenêtre sur la Cour de la Reine, quatre portes y donnent accès, l’une s’ouvre sur le couloir desservant les pièces de la Dame d’Honneur et la pièce des femmes de chambre. Une autre ferme le couloir du billard, quelques marches permettant d’y accéder.









Au fond de la salle-à-manger, la cheminée est encadrée par deux autres portes, l’une donne accès à un passage et aux lieux à l’anglaise, l’autre mène à la pièce de retraite de la Reine.




Les murs sont tendus de toile de Perse, comme le mobilier, encadrée de baguettes.

Le soir, Elle dîne le plus souvent chez la comtesse de Provence ou Ses amies de la Cour.
Marie-Antoinette abandonne le traditionnel petit couvert dans Sa chambre en se réservant le droit de choisir la compagnie qu’Elle souhaite convier à sa table.

Les élus sont introduits par l’escalier du premier vestibule des Cabinets Intérieurs. Le service est assuré par les officiers de la Bouche de la Reine qui font antichambre à l’Etage Noble tandis que les valets de Chambre s’occupent de monter les plats par l’escalier.Après le déjeuner, les dames passent dans la petite pièce suivante où l’on dresse le thé ou le café. Dans ce boudoir, elles prolongent leurs causeries jusqu’à une heure avancée de l’après-midi.

Dans le petit appartement de la Reine, se trouve au second étage une salle-à-manger. Y sont exposées des pièces du service en porcelaine de Sèvres dit «à frise riche en couleurs et riche en or ». Ce service de porcelaine commandé à l’époque par Marie-Antoinette a été livré par la manufacture de Sèvres en 1784. Il existe en fait deux jeux de ce service. En juin 1784, Louis XVI offre le premier, qui a été commandé initialement par Marie-Antoinette, au Roi de Suède Gustave III. La manufacture de Sèvres diligente un second service de même décor pour Marie-Antoinette et le Lui livre en août 1784.



La pendule en ivoire ajouré à colonnes et surmontée d’une cassolette a vraisemblablement été saisie au château de Bellevue, propriété des Mesdames Adélaïde et Victoire. Une pendule très proche qui avait été inventoriée parmi les pendules de Marie-Antoinette et correspond probablement à celle aujourd’hui conservée au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. L’une et l’autre passent pour avoir été tournées par Louis XV. Don de Mrs Charlotte Hunnewel Martin en 1955, à l’occasion de l’exposition du bicentenaire de Marie-Antoinette où la pendule a été exposée.





La table, au centre de la pièce, repose sur quatre pieds en gaine à sabots de bronze doré et se compose d’un plateau carré flanqué sur chacun des côtés d’un abattant à découpe circulaire entre lesquels viennent se positionner quatre petits abattants en quart de cercle, le tout permettant de transformer la table en une table à manger parfaitement circulaire. L’ingéniosité du dispositif et le soin apporté à sa mise en œuvre signalent la création d’un ébéniste particulièrement virtuose et habile : Jean-Henri Riesener dont l’estampille est parfaitement visible. En outre, la table porte à son revers la marque circulaire du Garde-Meuble de la Reine Marie-Antoinette. Ce meuble d’une forme rare et ingénieuse, pour ainsi dire unique, fut de toute évidence livré pour les appartements privés de la Reine sans que l’on puisse préciser davantage. Il pourrait s’agir des appartements de la Reine à Versailles ou d’autres résidences : Saint-Cloud, les Tuileries… Acquise en 2012 par l’Etablissement public du musée et du domaine de Versailles, cette table prend place dans les cabinets restitués de la Reine au second étage du château. On sait qu’il y avait là une petite salle-à-manger privée dans laquelle la table pourra trouver une place toute indiquée.

Commandé par le garde-meuble privé de la Reine Marie Leszczyńska pour son service ou celui du personnel de sa maison à Fontainebleau, l’écran de cheminée porte la marque du garde-meuble de la Reine Marie-Antoinette. Préempté le 12 décembre 2003.









Le boudoir de la Reine (N°2)
(texte et illustration de Christophe Duarte ; Versailles – passion )


Derrière la salle-à-manger se trouve une petite pièce également tendue de toile au Grand Ananas. Y sont présentées les pièces les plus précieuses de la collection. C’est également dans ce boudoir qu’est présenté un meuble d’une préciosité extrême. Il s’agit d’un serre- bijoux à plaques de porcelaine de Sèvres, réalisé par Martin Carlin et offert à Marie-Antoinette en 1770. Martin Carlin, ébéniste qui s’était notamment spécialisé dans la réalisation de meubles à plaques de porcelaine, est l’auteur des neufs exemplaires de ce type de serre- bijoux aujourd’hui connus dans le monde, tous datés entre 1770 et 1775. Le premier a été commandé pour Madame du Barry, puis un second pour Marie-Antoinette, ce qui ne manquera de susciter le désir chez les comtesses de Provence et d’Artois qui seront à leur tour satisfaites en 1773 et 1775.







Un charmant médaillon par François-Hubert Drouais représente Marie-Antoinette alors qu’elle était encore jeune dauphine, en 1772. La rareté de cette iconographie s’explique par la difficulté rencontrée à trouver un peintre en France qui sut figer sur toile les traits de la singulière beauté de la Dauphine.















En septembre 1781
Le cabinet de la Méridienne (N°5)
Un Cabinet pour la grossesse de la Reine


Richard Mique propose d’établir des pans coupés dans la pièce pour poser deux portières à l’aplomb d’une niche-sofa, ce qui permet de créer, derrière, un passage pour que les femmes de service puissent aller vers les autres salles des cabinets intérieurs sans déranger la Souveraine.
Le dessin des portes vitrées est confié au ciseleur-fondeur Forestier, qui les agrémentent de rosiers en fleur sur le pourtour et d’un aigle dont la massue est prise dans des branchages.

Au printemps 1781, la Reine est enceinte de Son deuxième enfant que tous espèrent être un mâle. On s’inquiète des chaleurs précoces. Agacée par cet affairement autour d’Elle, Marie-Antoinette cherche à s’en retrancher et fait aménager à cette fin le petit cabinet de repos à l’arrière de Sa chambre. Il est depuis lors connu sous le nom de Cabinet de la Méridienne.










Le décor de soierie bleue dans lequel on a longtemps connu la Méridienne, correspond au premier meuble de la pièce mis en place en mai 1781. Le «pékin violet violet brodé» installé dans la Méridienne depuis peu est le meuble de 1785.

Un mois avant la naissance du futur Dauphin est achevé le cabinet de la Méridienne. C’est une pièce minuscule de 14m2 qui se blottit derrière la chambre de parade de Marie-Antoinette, au premier étage du corps central du château.
Conçu par l’architecte Richard Mique et les sculpteurs Rousseau, créateurs attitrés de la Reine, ce lieu de retraite privé marque dans ses décors d’arabesques sculptées l’apogée du style « Marie-Antoinette ».










Les boiseries, exécutées par les frères Rousseau, et les bronzes de Pierre Gouthiere appliqués sur les glaces des portes, présentent des tiges de rosier, les emblèmes de l’amour conjugal avec des références à Héra, déesse grecque de la famille, et des dauphins qui font allusion à la naissance espérée de l’héritier du trône. Le Cabinet de la Méridienne est sans doute la pièce la plus attachante de l’Appartement Intérieur de la Reine qui se déploie autour de la cour du Dauphin, au premier étage du corps central du Château. Il est contigu au Sud à la chambre de la Reine et à l’Est à la bibliothèque de Marie-Antoinette.



















Le matin, Marie-Antoinette y choisit les quatre tenues pour la journée, en épinglant les morceaux d’étoffes, du cahier des Atours que Lui apporte la marquise d’Ossun (1751-1794). Les échantillons épinglés correspondent aux tenues qu’Elle souhaite porter le matin, le midi, l’après-midi, puis le soir.



Ce cabinet fait partie des espaces où la Reine peut mener une vie intime à l’abri du faste et de l’étiquette. Le nom de « Méridienne » est donné à cette pièce intime où la Reine aime à se retirer pour se reposer.



Les deux fauteuils ont été faits par Georges Jacob pour cette pièce ainsi que la console par les frères Rousseau.

















La garde-robe de la Reine ( N°6 )
La garde robe, près de la Méridienne, possède également une chaise d’affaires au temps de la Reine. La chaise de commodité de la Reine a disparu, vendue à la révolution.


Lors de l’arrivée en France de Marie-Antoinette, sur ordre de Sa Dame d’Honneur, Madame de Noailles, on installe une nouvelle garde-robe à chaise à moindres frais avec des lambris de réemplois. C’est en 1779, en même temps que les travaux entrepris pour la niche de glace du cabinet intérieur, que la garde robe prend sa physionomie actuelle avec l’apport d’une niche de menuiseries, environnée de placards et d’étagères.




La chaise percée épouse la forme de la niche, avec sur les côtés, des tablettes et étagères pour les bougeoirs, les eaux de senteurs et autres accessoires. Le vase de faïence est dissimulé dans une banquette de menuiserie avec des portes basses, qui permet à la femme chargée de la chaise d’affaire d’évacuer les pots de chambre.
Quelques années plus tard, le cabinet de chaise devient une garde robe à l’anglaise avec l’installation d’une banquette de commodité évoluée, avec bassin de porcelaine, assortie d’une réserve d’eau. Avec l’apport de l’eau courante, le service de la porte chaise d’affaire n’était plus nécessaire. Ce cabinet est alimenté en eau par un réservoir et relié à une fosse étanche de la cour du dauphin périodiquement vidangée.
Le cabinet des bains du soir(N°7)
( Texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles passion)


Les armoires murales pour le nécessaire de toilette, les produits cosmétiques, les flacons d’essences, de fragrances d’amande douce, d’eau de rose et de lavande qui servent à parfumer les bains.
Si la toilette reste attachée au service de la chambre, les pièces pour le bain jouxtant le Cabinet Doré sont un lieu de délassement et d’intimité. Le bain du soir devient une institution sous Marie-Antoinette. L’hiver, les cheminées apportent le confort nécessaire.







La pendule représentant «L’offrande à l’Amour» par l’horloger Robin a fait partie du mobilier du ministère des finances, et est aujourd’hui présumée provenir des collections de Marie-Antoinette, dans la mesure où elle est mentionnée dans l’inventaire des pendules de Marie-Antoinette dressé en 1793 par Robin lui-même sous le n°34. Restaurée en 2011, elle a été déposée par le Mobilier National au château de Versailles.
Son sujet est une prière à l’Amour, désigné par une femme dont l’attitude démontre la supplication qu’elle fait à l’Amour qui termine la pendule. Le cadran est orné de fleurs de lys entre les chiffres, ce qui paraît confirmer que cette pendule a appartenu à Marie-Antoinette.


Paire de vases couverts
Malgré l’aspect veiné et la brillance de la surface, ces vases ne sont pas en marbre mais en bois pétrifié. Extrait au XVIIIème siècle de gisements hongrois, le bois après une mongue macération dans la terre se fossilise et devient minéral tandis que les oxydes métalliques lui donnent sa couleur singulière. Il se sculpte alors comme un marbre ou une pierre dure. Marie-Antoinette a commandé cette paire pour décorer Son appartement des bains à Versailles. En forme d’œuf à gorge couvert sur piédouche, ils reposent sur un socle octogonal à tors de laurier. Les anses sont formées de serpents entrelacés en bronze doré d’une ciselure remarquable.

Déjà en décembre 1770, la Reine avait reçu un guéridon, exécuté à Vienne, dont le plateau était en bois pétrifié.
De plus, dans la salle-à-manger de l’appartement intérieur du Roi, est disposée une paire de vases, de même matériaux. Ils ont été légués à Louis XVI par l’Impératrice Marie-Thérèse, à sa mort en 1780. Justement inquiète de la tourmente révolutionnaire, Marie-Antoinette confiera à Son fournisseur Daguerre, dès le 10 octobre 1789, Ses collections d’objets précieux. Le 16 novembre 1793, après la mort de la Reine, ce dernier, en accord avec son associé Lignereux, remettra le tout aux représentants de la nation.
Mis en vente en 1798, sous le Directoire, ils réapparaissent en 1841 lors de la vente du Baron Roger avant de devenir un des fleurons de la collection de Moïse de Camondo.


La chambre de repos voisine est aussi utilisée comme Cabinet de la Garde-robe des bains. Dans cette pièce ornée de cinq scènes champêtres à l’atmosphère printanière, la Reine peut s’allonger pour se reposer des «fatigues du bain», comme L’y invitent les médecins.

Les scènes ont été commandées en 1749 par Marie Leszczynska à Jean-Baptiste Oudry. Elles représentent les sens, illustrés par cinq activités différentes aux cinq moments de la journée.
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin Louis-Joseph (1781-1789).


Le 2 mars 1782
Mort de Madame Sophie (1734-1782), tante du Roi. Marie-Antoinette récupère son logement sis au rez-de-chaussée du corps central qui donne dans la Cour de Marbre : Elle y installera Sa chambre (N°52)
« La création des « Petits Appartements » s’explique par l’ennui que pouvait ressentir Marie-Antoinette dans ses Cabinets sans air et sans lumière, éclairés sur d’étroites cours intérieures. C’était prendre possession de la partie la plus gaie du Château. Elle commença par y placer Madame Royale, peu après le départ de Madame de Guéméné et l’attribution à Madame de Polignac de la charge de gouvernante des Enfants de France. Celle-ci a gardé le Dauphin et Madame de Mackau, sous-gouvernante, est venue habiter avec Madame Royale le Petit Appartement de la Reine, qui a pu tenir ainsi tout auprès d’elle cette fille dont elle avait à cœur de surveiller l’éducation.»
Pierre de Nolhac



La chambre intime de Marie-Antoinette
La chambre est aménagée à l’emplacement de la salle-de-bain de Madame Sophie dans un délai très bref.

Le lit est un dépôt du Musée des Arts Décoratifs de Paris en 2016. Le lit original de cette pièce devait être très proche de ce modèle. Le «lit à colonnes formant archivoltes et coupole» était en acajou, dénommé par ailleurs «lit Étrusque». Il devait être orné de figures d’Égyptiennes en gaine que la Reine affectionne particulièrement.
Le 29 novembre 1783
On pose dans la chambre de Marie-Antoinette située au rez-de-chaussée une cheminée provisoire, en marbre brèche d’Alep.





Le mobilier de la chambre de la Reine est de bois d’acajou , le lit à palmettes livré par Georges Jacob (1739-1814) a disparu.
Les mois passent et la Reine dort de moins en moins à l’étage noble dans la chambre de Son grand appartement. Elle peut s’y rendre depuis Ses appartements situés au premier étage en empruntant l’escalier des porteurs d’eau.



A partir de la fin de l’année 1783, Marie-Antoinette ne dormira plus que dans cette chambre ( Sa chambre officielle ne servira plus que pour des occasions spéciales comme les accouchements…) car Elle a souffert d’un érysipèle suite à une chute de cheval (fin janvier 1782), qui est à l’origine de Sa mauvaise jambe, il Lui est alors plus aisé de loger au rez-de-chaussée.






Les sièges de la Chambre à Coucher de la Reine,
Le mobilier de Marie-Antoinette en 1788
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
C’est par des étiquettes «pour la Reine à Versailles, Chambre à Coucher», conservées au revers de la ceinture arrière de la bergère et de l’un des fauteuils, que Marguerite Jallut put identifier une partie de ce mobilier de Jacob que Versailles acquit en 1945.



En 1788, Marie-Antoinette fait renouveler complètement l’ameublement de Sa chambre dans un style plus moderne et c’est à Jacob que l’on confie l’élaboration du lit et des sièges en hêtre peint ornés d’un décor tout à fait nouveau de palmettes.




Comme nous l’apprend le procès-verbal des ventes révolutionnaires, le décor textile était en pou de soie bleu.








De l’autre côté du vestibule se trouve la salle de bain de Marie-Antoinette (n°53) … qui sera rénovée en 1788.


Le Cabinet Doré (N°9)
Créée pour Marie Leszczyńska en 1735, la pièce du Cabinet Doré est modifiée à plusieurs reprises par Marie-Antoinette. Son aspect actuel date de la dernière transformation que Richard Mique effectue pour la souveraine en 1784. Supprimant la soierie qui tendait jusqu’ici la pièce, Mique propose une décoration plus moderne de boiseries réalisées par les frères Rousseau et traitées dans le style antique mis à la mode, entre autres, par la récente découverte des vestiges de Pompéi et d’Herculanum.




«Des meubles charmants, grêles et fins, ornent cette retraite, où Marie-Antoinette passe la plus grande partie de son temps. Une harpe, un pupitre chargé de musique, un clavecin toujours ouvert de Taskin attestent son goût favori. Son fauteuil est entouré de chaises basses, pour ses corbeilles à ouvrage et ses sacs à laine de tapisserie. Les consoles, la cheminée de marbre rouge et une grande table en marquetterie s’encombrent de souvenirs, de chinoiseries, de menus objets d’art. Les miniatures sont de Siccardi, de Liotard, de Dumont ou de Campana ; la reine a réuni les portraits de sa famille, ses frères, ses sœurs et ses compagnes d’enfance, les princesses de Hesse-Darmstadt ; il y a aussi un coin réservé aux amies de France. Au milieu de ce musée féminin, un grand vase de Chine et beaucoup de petits vases de cristal de Sèvres ou de Venise sont remplis de fleurs toujours renouvelées. Marie-Antoinette aime tant les fleurs, qu’une de ses femmes a pour unique fonction de soignerer de celles de son appartement : elle en met partout, et surtout dans le grand cabinet.»
Pierre de Nolhac décrit le sublime cabinet Doré de Marie-Antoinette comme le plus riche de tous Ses appartements privés.




Le cabinet doré est redécoré par Antoine Rousseau (1743-1806).
Le cabinet doré – ainsi appelé en raison de la profusion des ors des boiseries, des bronzes, des sièges – s’ouvre par une petite porte située à gauche de la cheminée sur un petit cabinet dont la peinture de couleurs en vernis Martin date des années 1750.
Ce cabinet a d’abord été celui de Marie Leszczynska, aménagé à l’emplacement de la chambre de la duchesse de Bourgogne, mais son décor actuel date de 1783. C’est le seul témoignage original de la vogue que connaît alors ce procédé qui voulait imiter la laque de Chine.




Ses boiseries proviennent d’un arrière-cabinet de l’appartement de Marie-Josèphe de Saxe situé au rez-de-chaussée ; c’est Marie-Antoinette Elle-même qui fait remonter ce décor créé pour Sa belle-mère.








Le mobilier richement sculpté de Georges Jacob couvert de velours vert à passementerie d’or que Marie-Antoinette y avait rassemblé est en grande partie revenu dans la pièce.












La plupart des meubles et objets d’art qui se trouvent aujourd’hui dans le Cabinet Doré ont appartenu à Marie-Antoinette : la commode, une des plus belles créations de Riesener, livrée pour Sa chambre à Marly ou les vases de Sèvres « à la chinoise », qui la surmontent, provenant de Son appartement de Saint-Cloud.
C’est dans ce salon que Marie-Antoinette reçoit Ses enfants et Ses amis, fait de la musique avec Grétry et pose pour Elisabeth Vigée Le Brun.









Le mobilier de 1780
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles passion )
Livrée par Riesener le 9 décembre 1780, la commode est décrite de la façon suivante :
« Un secrétaire à dessus de marbre blanc veiné et cinq tiroirs dont deux grands et trois petits, fermants à clé la marqueterie composée de compartiments et panneaux. Le panneau du milieu représentant un trophée pastoral en forme de tableau coloré sur fond de satin bleu enrichie de bronze ciselé et doré ».

L’encoignure est beaucoup plus tardive. Elle est livrée le 12 février 1783.
Ce mobilier est envoyé à Marly le 2 décembre 1783 pour revenir le 21 décembre 1783 afin de meubler le nouvel appartement de la Reine au rez-de-chaussée, sur la Cour de Marbre.
Ce mobilier est aujourd’hui présenté à la Wallace Collection.













Le «musée» des Laques du Japon de Marie-Antoinette :
Du Cabinet Doré au Muséum Central des Arts.
( texte de Christophe Duarte – Versailles- passion ; photographies de la RMN )
Sa salle de bain, Son boudoir et Son Cabinet Doré sont agrémentés d’une quantité de petits objets d’art, notamment des vases en pierre dure et bois pétrifiés, des porcelaines d’Extrême-Orient, et surtout une importante collection de laques japonais.
Même si l’inventaire de Lignereux était très sommaire étant donné les circonstances révolutionnaires, il permet d’établir avec précision la manière dont Marie-Antoinette avait disposé sa collection dans tout l’appartement. Nous savons ainsi que tous les laques se trouvaient dans le Cabinet Doré.
L’Impératrice Marie-Thérèse, qui meurt en 1780, lègue à Marie-Antoinette sa collection de cinquante laques qui arrive à Versailles en mai 1781.













Tous les autres laques du Cabinet Doré étaient exposés dans une vitrine à neuf étagères, réalisée dès 1781 par Riesener à la demande de la Reine. Cette «cage aux laques» devait être mise aux enchères lors des ventes de 1793. Au début du XIXe siècle, certaines pièces seront transférées au Château de Saint-Cloud où elles orneront les Appartements de l’Impératrice Joséphine puis ceux de l’Impératrice Eugénie.










Toutes les laques réintègrent le Musée du Louvre durant la guerre de 1870 afin de les protéger des troupes allemandes. L’ensemble de la collection y demeura jusqu’au milieu du XXe siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, la collection est transférée au Musée Guimet à l’exception de cinq laques montés qui restèrent au Louvre.
La décision est prise en 1965 de confier une partie de la collection au Musée de Versailles sous la forme d’un dépôt. Au terme de presque deux siècles d’absence, de nombreuses pièces retrouvaient leur lieu initial d’exposition, les anciens appartements de la Reine à Versailles.
Source des photos des laques : RMN
Après avoir été exposées dans une vitrine dans le vestibule du Petit Appartement de la Reine, toutes ces pièces sont aujourd’hui en réserve dans l’attente d’une solution d’exposition.
La Reine commande à Jean Henri Riesener pour Son cabinet deux encoignures à étagères et une grande vitrine en laque et bronze doré afin d’exposer Sa collection, et en 1783, un secrétaire, une commode et une encoignure également en laque et en bronze doré.


Une table assortie complète en 1784 le nouvel aménagement de Son cabinet. L’élargissement de la collection s’est fait par les achats effectués par l’intermédiaire des marchands-merciers, Dominique Daguerre à qui la Reine confiera les laques après les journées d’octobre 1789. Pour les mettre en sécurité, il les inventoriera et les transportera à Paris



Le cabinet des Poètes,
De Marie-Josèphe de Saxe à Marie-Antoinette
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Cette toute petite pièce est coincée entre le Cabinet Doré de la Reine et la première antichambre du Roi. Il est éclairé par une seule fenêtre donnant sur la Cour de la Reine. Il s’agit de l’ancien Cabinet des Poètes de Marie Leszczynska car la Reine aimait s’y rendre pour sa lecture quotidienne. Marie-Antoinette y a fait remonter les charmantes boiseries peintes au naturel et ornées de scènes champêtres, qui proviennent des arrières-cabinets de sa belle-mère la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe au rez-de-chaussée du château.











Au cours de Son règne, ce charmant décor devient démodé et perd de son intérêt. la Reine le fait repeindre en blanc. Elle devient une simple pièce service communiquant avec l’Appartement de la Reine, par le Cabinet Doré, l’antichambre du Roi et le balcon qui entoure la Cour.
Ce n’est que sous Pierre de Nolhac qu’on découvrit ces peintures.
Automne 1788
La salle-des-bains de la Reine
(texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles Passion)
Supportant mal les contraintes de l’étiquette versaillaise (lever, toilette, audiences, et repas en public), Marie-Antoinette recherche une vie plus intime qu’Elle trouve dans ses appartements privés, situés sur plusieurs niveaux, dans le Corps Central du Château. Les cabinets intérieurs ne lui suffisant plus, Marie-Antoinette recherche de nouveaux espaces. Elle obtient de disposer d’un appartement privé au rez-de-chaussée du château, donnant directement sur la cour de marbre, clair et facile d’accès, près de Ses enfants logés à proximité, où Elle emménage en 1784.


Il Lui est attribué en 1782, à l’emplacement d’une partie de l’appartement de Madame Sophie, l’une des tantes de Louis XVI, décédée la même année, qui comportait alors trois pièces principales : une salle de bains, un cabinet du tour et une bibliothèque, et quelques petites pièces pour le service. Les travaux sont engagés dans la salle-de-bain après l’emménagement de la Reine en 1784, mais l’essentiel du programme est entrepris en 1788, lors d’un renouvellement complet de l’ameublement du petit appartement.
La salle est assez vaste pour servir également de chambre des bains : le lit, au décor de perles et ce coquilles, provient de la chambre des bains de Louis XVI à Fontainebleau.











Cette salle de bain se situe au rez-de-chaussée du château donnant dans la cour de marbre qui n’avait alors pas du tout l’aspect d’aujourd’hui, où on l’observe telle que Louis-Philippe l’a refaite dans l’idée de Louis XIV. Sous Louis XV et Louis XVI, Versailles comportait des «cours à l’anglaise» : un creux d’un mètre de large, devant les fenêtres de la salle de bains et de la chambre de la Reine au rez-de-chaussée, évitant ainsi aux curieux de voir ce qui s’y passait, car ces creusements sont agrémentés de plantations d’arbustes … un paravent végétal qui finit de garantir l’intimité de Marie-Antoinette.



En juin 1789, pendant le voyage de Marly, la pièce est réhaussée au niveau de la cour de Marbre, au détriment de l’entresol. Les boiseries et les croisées sont replacées. Marie-Antoinette ne verra jamais l’achèvement de ce travail, toujours en cours d’exécution au mois de janvier 1790.
Les ornements blancs qui se détachent sur le fond gris-bleu évoquent le monde aquatique : des cygnes s’abreuvent dans des bassins, posés sur des rinceaux agrémentés de coquillages, de roseaux, de chapelets de perles et de branches de corail.






Derrière le mur du fond se trouvent un cabinet de chaise et un poêle qui assure le chauffage de la salle de bains. Une baignoire en cuivre étamé des années 1780, agrémentée d’une paire de robinets sur un modèle de la fin du XVIIIe siècle a été réinstallée.

Marie-Antoinette prend plusieurs bains par semaine mais pas tous les jours. Ce qui est déjà une grande avancée hygiénique par rapport à la toilette sèche traditionnelle. Quand Elle ne se baigne pas entièrement, Elle se contente de bains de pieds. C’est la femme de garde-robe qui se charge de ces ablutions partielles.
Le bain est parfumé : « J’ai employé quatre onces d’amandes douces mondées, une livre d’Enula campana, une livre de pignons, quatre poignées de semences de lin, une once de racines de guimauve et une once d’oignons de lis. Je vous recommande ensuite de mettre à chauffer de l’eau de rivière, principalement de celle qui est passée sous la roue du moulin, suffisamment pour un bain, et lorsqu’elle est chaude à propos, de la jeter dans la cuve. La reine doit s’asseoir sur le grand sachet et servez-vous des deux autres, qui contiennent aussi du son, pour lui en frotter le corps.»
Extrait de Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette par Elisabeth de Feydeau







Le négligé du matin
Après le bain, la première femme de chambre tient devant la Reine un drap très élevé pour La séparer entièrement de la vue de ses femmes, et le jette sur Ses épaules.
Les baigneuses L’enveloppent et L’essuient complétement.
« A la sortie du bain, la Reine s’habille. Une femme de chambre s’agenouille et Lui passe une seconde paire de bas . Tous les vêtements et le linge, sont présentés par la femme de garde-robe des atours aux femmes de chambre.On L’habille ensuite du « grand négligé du matin » : les femmes de chambre La revêt de la seconde «chemise du jour», faite de batiste ou de linon et ornée de dentelle, puis d’un jupon ou plusieurs selon la saison et le type de la robe d’intérieur et enfin d’un manteau de lit et d’un négligé de taffetas blanc qui fait office de peignoir.»
Mémoires de Madame Campan


Vient alors le moment, pour la Reine, de s’allonger sur Son lit de repos, un livre ou son ouvrage de tapisserie en main.







Derrière le mur du fond se trouvaient un cabinet de chaise et un poêle qui assurait le chauffage de la salle-de-bains. Si le petit appartement de la Reine n’a pas conservé ses cuves, l’escalier des porteurs d’eau existe toujours :
L’escalier dit «des porteurs d’eau»
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Cet escalier apparaît à partir des années 1740. D’un style très simple, cet escalier de service permet de relier le rez-de-chaussée aux entresols situés au-dessus de l’actuelle salle de bains de Marie-Antoinette. Son nom lui vient des «porteurs d’eau» qui alimentaient les cuves fournissant l’eau de la salle de bains du rez-de-chaussée. Les cuves se situaient au-dessus de la salle de bains, dans un entresol. L’escalier que nous voyons aujourd’hui est une reconstitution des années 1970-80 lors de la recréations des espaces du rez-de-chaussée détruits sous Louis-Philippe.








Le fauteuil pivotant de Marie-Antoinette
1785 ; de Claude Sené
Chiffre de la Reine «Garde Meuble de la Reine»
Numéro d’inventaire : 467
(Source texte et photos : Hillwood Museum)
Ce fauteuil a été conçu comme une chaise de coiffeuse. Son dossier bas et son assise enveloppante facilite le poudrage des cheveux. La chaise porte la marque du fabricant Claude Sené, ainsi que le cachet du «Garde meuble de la Reine». La forme incurvée en forme de tonneau de cette chaise pivotante permet de combiner le dossier et les bras en une seule section.





« Plus tard, quand le Dauphin fut établi avec son gouverneur dans l’appartement quitté par Monsieur, la Reine resta davantage dans celui qui lui permettait d’être voisine de son fils, et c’est à ce moment qu’elle y fit établir sa nouvelle salle de bains, beaucoup plus grande que celle des Cabinets du premier étage.»
Pierre de Nolhac
En 1786
Lorsqu’il rentre dans sa septième année, Le Dauphin Louis-Joseph «passe aux hommes» pour recevoir une éducation de futur souverain dans laquelle il met toute son application malgré ses douleurs physique.

L’Appartement du Dauphin
( photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
En passant aux hommes, Louis-Joseph quitte les appartements de Madame de Polignac, mais au rez-de-chaussée, il se rapproche des petits appartements de sa mère, dont la salle-de-bain jouxte l’une des pièces de l’appartement du Dauphin. Marie-Antoinette peut donc rester attentive à Son petit garçon malade.

Ainsi, depuis le grand appartement officiel dévolu à la Reine au premier étage du château de Versailles, Marie-Antoinette a su creuser Son univers intime dans les cabinets qui évoluent autour de la Cour de la Reine. Au gré des appartements qui se libéraient, Elle a gagné le niveau de l’attique avec les pièces attenant au cabinet du billard. Et enfin, la mort de Madame Sophie Lui permit d’acquérir les pièces du rez-de-chaussée donnant dans la cour de marbre. Il est étonnant d’imaginer que les petits appartements de la Reine puissent évoluer à chaque niveau du château si bien qu’ici ou là, Elle pouvait se sentir « une femme comme les autres qui a le droit de jouir des plaisirs de la vie » comme Elle le voulait à Trianon.Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Ut elit tellus, luctus nec ullamcorper mattis, pulvinar dapibus leo.


«En 1789, elle y ordonnait encore des réparations importantes, ce qui semble indiquer qu’elle se disposait à l’habiter plus complètement.»
Pierre de Nolhac
Sources :
- Antoinetthologie
- Marie-Antoinette (1932) de Hilaire Belloc ( Payot, Paris)
- Marie-Antoinette (1940), de René Benjamin ; Les Editions de France
- Souvenirs d’un Page de la Cour de Louis XVI de Félix, comte de France d’Hézecques, présenté par Gérard Montfort (1983)
- L’âge d’Or des Cosmétiques, par Philippe Perrot ; L’Histoire N°64 , février 1984
- Une journée de Marie-Antoinette, par Charles Kunstler ; Historia N°150, mai 1959
- Les beaux jours de Marie-Antoinette (1885), d’Arthur-Léon-Georges Imbert de Saint-Amand ; chez Edouard Dentu,
- Château de Versailles, cabinets intérieurs et petits appartements de Marie-Antoinette de Marguerite Jallut
- Marie-Antoinette et ses peintres de Marguerite Jallut
- Marie-Antoinette L’impossible Bonheur (1970) de Marguerite Jallut et Philippe Huisman ; chez Edita, Lausanne
- La Vie Privée de MARIE-ANTOINETTE (1943) de Charles Kunstler ; chez HachetteMarie-Antoinette l’Affranchie – Portrait inédit d’une icone de mode (février 2020), de Sylvie Le Bras-Chauvot, chez Armand Colin.
- Marie-Antoinette (1991) d’Evelyne Lever; chez Fayard
- L’affaire du Collier (2004) d’Evelyne Lever
- Les coulisses de Versailles – Marie-Antoinette fait ses débuts de Reine de France (juillet 1958), par Jules Mazé, aux éditions L.E.P. (Monaco)
- Le Château de Versailles au temps de Marie-Antoinette (1889) de Pierre de Nolhac
- La Reine Marie-Antoinette (1889) de Pierre de Nolhac
- Autour de la Reine (1929) de Pierre de Nolhac
- Marie-Antoinette Reine de la Mode et du Goût (2018) de Françoise Ravelle ; Parigramme – Carnet de Style
- Rose Bertin : Ministre des modes de Marie-Antoinette (2003) de Michelle Sapori ; Paris, Institut français de la Mode et Éditions du Regard (distribution Seuil), 2003
- Rose Bertin, couturière de Marie Antoinette (2010) de Michelle Sapori ; chez Paris, Perrin (2010)
- Marie-Antoinette L’insoumise (2016) de Henri-Jean Servat et Mathieu Banq ; chez Larousse
- Marie-Antoinette Anthologie de Catriona Seth
- Les Adieux à la Reine (2002) de Chantal Thomas
- Les Favoris de la Reine. Dans l’intimité de Marie-Antoinette (mai 2019), c’Emmanuel de Valicourt , chez Taillandier
- La Mode de la Cour de Marie-Antoinette (2014), Versailles ( Château de) ; chez Gallimard
- Vive la Reine, treasure for your pleasure : Marie-Antoinette and more, blog très riche en images de films, de documentaires , de portraits
- Les Atours de Marie-Antoinette: De la toilette à la Garde-robe (2005) d’ Alexandra Kuril
-
- Portraits de femmes : Artistes et modèles à l’époque de Marie-Antoinette, d’Olivier Blanc
- Marie-Antoinette (1953) d’ André Castelot
- MARIE-ANTOINETTE (1989) d’André Castelot, album richement illustré
- Chère Marie-Antoinette (1988) de Jean Chalon
- Marie-Antoinette – Dans l’intimité d’une Reine, Château de Versailles (magazine) Hors série N°1, Novembre 2013
- Marie-Antoinette – Reine des Arts, Château de Versailles (magazine) Hors série N°25 ; avril 2017
- Marie-Antoinette (2013) d’Hélène Delalex
- Un Jour avec Marie-Antoinette (2015) d’Hélène Delalex ; Flammarion
- Versailles-passion, connaissances et curiosités du domaine de versailles, groupe FB de Christophe Duarte.
- Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette (2005) d’Elisabeth de Feydeau, Collection les métiers de Versailles, Editions Perrin.
Quel travail Benjamin ^^ jolie travail aussi de la part des artisans de l’époque.
J’ai une préférence pour le cabinet de la méridienne.