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Le château de MarlyLes théâtres de la vie de Marie-Antoinette

Le château de Marly

Château De Marly | Dessin architecture, L'architecture française ...
La façade du château de Marly
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Maquette du château de Marly

Pour comprendre le Marly de Louis XVI et de Marie Antoinette, il convient de remonter un peu depuis la splendeur de Louis XIV, aux aménagements de Louis XV, à l’état du château et du parc en 1774… et bien sûr au devenir d’une des plus belles réalisations en terme de jardins et d’architecture…

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Reconstitution du château et des jardins de Marly 
Marly - Juillet 1789: Dernier séjour à Marly Andrel11

« A la fin, le Roi, lassé du beau et de la foule, se persuada qu’il voulait quelquefois du petit et de la solitude. Il chercha autour de Versailles de quoi satisfaire ce nouveau goût. Il visita plusieurs endroits ; il parcourut les coteaux qui découvrent Saint-Germain et cette vaste plaine qui est au bas, où la Seine serpente et arrose tant de gros lieux et de richesses en quittant Paris».
Telles furent, selon Saint-Simon, les origines de Marly, né d’un royal désir de se ménager le plus retiré des ermitages.»

Gérard Mabille et Stéphane Castelluccio
Une vue de Marly de Martin le Jeune en 1724

« Madame de Maintenon et madame de Caylus se promenaient autour de la pièce d’eau de Marly. L’eau était très transparente, et on y voyait des carpes dont les mouvements étaient lents, et qui paraissaient aussi tristes qu’elles étaient maigres. Madame de Caylus le fit remarquer à madame de Maintenon, qui répondit: «Elles sont comme moi; elles regrettent leur bourbe.».

Chamfort
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Maquette du château de MarlyL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Reconstitution-du-pavillon-central-du-Domaine-royal-de-Marly.jpg.
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Plan du pavillon central, celui du Roi

Les dispositions architecturales du Pavillon Royal, oeuvre de Mansart, avec son plan rigoureusement centré, évoque le villa Rotonda de Palladio. Pour l’isoler de l’humidité du vallon, l’architecte le disposa sur une terrasse surélevée de quelques marches, ce qui accentuait son caractère dominant.

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Au rez-de-chaussée, quatre vestibules identiques, placés dans les axes, convergeaient vers le salon central, de forme octogonale, qui occupait toute la hauteur du pavillon. Le toit en dôme ne dépassait pas la hauteur des frontons et les cheminées s’arrêtaient au niveau des balustrades. Pour éviter que des gouttières ne défigurent les façades, la pente des toits était dirigée vers l’intérieur et les eaux de pluie ruisselaient vers la terrasse courant à l’étage du salon.

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Coupe du Pavillon royal du château de Marly dans l’axe est-ouest, 1711-1714. Paris, Archives nationales

Les quatre appartements du rez-de-chaussée, tous semblables, étaient composés de trois pièces : antichambre, chambre et cabinet. Louis XIV s’était réservé celui du nord-est, donnant sur la Grande pièces d’eau. La seule chose qui les différenciait était la couleur de leur ameublement.

Celui du Roi était rouge, celui de Marie-Thérèse était vert. En 1694, il fut attribué à Madame de Maintenon. Les appartements bleu et aurore allèrent à Monsieur, frère du Roi et à son épouse.

Cependant, Monsieur abandonna son appartement en 1696 et il fut affecté trois ans plus tard au Dauphin, le duc de Bourgogne.

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Un des douze pavillons du château de Marly

Le grand salon de Marly

Maquette du pavillon Royal au musée du domaine royal de Marly. Le Grand salon
Le grand salon restitué en 3D par Aristeas. Le décor était blanc.

Le grand salon du pavillon royal de Marly était le centre de la vie de cour lors des séjours de Louis XIV dans sa résidence de plaisance. De plan octogonal, d’un diamètre de près de quinze mètres et d’une hauteur de seize mètres, cette pièce de prestige accueillait bals, jeux, concerts…

Le Roi y fait installer quatre cheminées de marbre surmontées de grands miroirs. C’est dans ce salon qu’étaient accrochés les quatre tableaux commandés par le roi sur le thème des saisons : L’Automne, de Charles de la Fosse, L’Hiver, de Jean Jouvenet, Le Printemps, d’Antoine Coypel, et L’été, de Louis de Boulogne le Jeune.

Exposition "Les Saisons du Roi-Soleil" - Les tableaux du Grand ...
Le Printemps de Coypel
Jean Jouvenet | L'Hiver, représenté par un vieillard auprès d'un ...
L’Hiver de Jouvenet
The Falling Gods: Charles de La Fosse's Allegory of Autumn as ...
L’Automne de Charles de La Fosse
Charles de la Fosse
L’Été de Louis de Boulogne le jeune
Le pavillon royal

La Machine de Marly

Risques industriels - La machine de Marly - Presses universitaires de Rennes
Vue de la machine de Marly

« Le problème de l‘approvisionnement en eau s’est posé dès la construction du château et du parc de Versailles. Le site choisi par Louis XIV sur un ancien pavillon de chasse de Louis XIII était loin de toute rivière et en hauteur.

L’idée d’amener l’eau de la Seine jusqu’à Versailles était déjà dans l’air. Mais plus que la distance – le fleuve se situe à près de dix km du château – se pose le problème du dénivelé à franchir, près de cent cinquante mètres».

Vue de la machine de Marly

Depuis 1670

Colbert s’est ainsi opposé à plusieurs projets, dont celui de Jacques de Manse (1628-1699), tant pour des raisons de faisabilité que de coût.

« Mais Arnold de Ville (1653-1722), un jeune et ambitieux bourgeois de Huy dans le pays de Liège, qui a déjà fait construire une pompe à Saint-Maur, réussit à présenter au Roi son projet pour pomper les eaux de la Seine pour le château du Val en forêt de Saint-Germain, en assurant pouvoir faire de même pour alimenter Versailles. Cette machine, sorte de modèle réduit de ce que peut être la machine de Marly, ayant été mise en œuvre avec succès, le Roi accepte alors de lui confier la réalisation d’une machine sur la Seine pour approvisionner les jardins de Versailles, mais aussi ceux du château de Marly alors en construction.»

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Maquette de la machine de Marly
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« Pour concevoir et construire cette machine, Arnold de Ville, qui n’a pas les compétences techniques, fait appel à deux Liégeois, le maître charpentier et mécanicien Rennequin Sualem (1645-1708) et son frère Paulus. Il a déjà travaillé avec eux pour une pompe au château de Modave et Rennequin Sualem est le concepteur de la pompe du château du Val.» L’ensemble des travaux, chenal et digues sur la Seine, construction de la machine et du réseau d’aqueducs et de bassins, va durer six ans.

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« Assez loin en amont, Colbert fait canaliser une partie de la Seine en reliant les îles par des digues depuis l’île de Bezons et séparant ainsi le fleuve en deux bras, un bras occidental laissé à la navigation et un bras oriental destiné à alimenter la machine en créant un rétrécissement et une chute artificielle d’un à deux mètres pour entraîner les quatorze roues à aubes de la machine.

La construction mobilise mille huit cents ouvriers et nécessite plus de cent mille tonnes de bois, dix-sept mille tonnes de fer et huit cents tonnes de plomb et autant de fonte.»

Coupe de la machine de Marly à l'endroit de la prise d'eau dans la Seine, et vue aérienne
Vue rapprochée de la première machine de Marly

Actionnées à trois révolutions par minute par le courant de la Seine et la chute d’eau artificielle créée, quatorze grandes roues à aubes de douze mètres de diamètre entraînent des pistons refoulant. Par un système de balancier et de chaînes, chaque roue actionne ainsi en continu huit pompes immergées dans la Seine et une série de pompes situées aux niveaux supérieurs sur les 700 mètres du coteau. La dénivellation est trop forte, plus de 150 mètres, pour faire monter l’eau d’un seul jet jusqu’à l’aqueduc. Les cuirs des pistons ne résisteraient pas à la pression de quinze bars, si bien qu’il est nécessaire de diviser la montée en trois paliers de 50 mètres avec deux puisards qui seront creusés à 48 mètres et 99 mètres au-dessus du fleuve et deux bassins intermédiaires, eux-mêmes munis de pompes. Chaque roue à aube est munie d’un varlet qui, pivotant autour d’un axe vertical, transforme le mouvement parallèle au fleuve des roues en un mouvement perpendiculaire. Celui-ci actionne alors des doubles tringles en fer maintenues par des balanciers, eux-mêmes fixés sur un chemin de bois continu comprenant des chevalets, innovation principale de la machine et qui actionnent les pompes intermédiaires sur le coteau.

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Cette machine est souvent considérée comme « la plus complexe du XVIIe siècle ». En plus des artisans wallons, plus d’une soixantaine d’ouvriers assurent jour et nuit son fonctionnement et entretien. Il y a des charpentiers, des menuisiers, des plombiers ou de simples poseurs de tuyaux, des forgerons mais également des gardes. Les frères Sualem restent chargés du bon fonctionnement des pompes, tringles et autres mécanismes jusqu’à leur mort, Paulus en 1685 et Rennequin en 1708 .

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En juin 1681

Le chantier commence par la canalisation de la Seine.

La machine de Marly

A la fin de 1681

La construction de la machine commence.

En 1682

La fameuse machine de Marly est terminée. Elle fait monter en masse les eaux du fleuve, ces eaux qui vont retomber en jaillissements féériques dans les bassins de Versailles et de Marly.

Le 14 juin 1682

Une démonstration réussie se déroule en présence du Roi. L’eau peut être acheminée en haut du coteau.

Le 13 juin 1684

La machine est inaugurée par Louis XIV et sa Cour.

La machine de Marly construite sur un bras de la Seine. Estampe réalisée vers 1690 et vendue À La Belle Image, chez N. de Poilly, rue Saint-Jacques à Paris. Collection du Château de Modave
La Machine de Marly par Pierre-Denis Martin, 1723.
Au premier plan, l’île Gauthier ou île de la Machine du Roi, territoire royal. A droite en arrière plan,
l’aqueduc de Louveciennes et sa tour du Levant dans laquelle arrivait l’eau pompée.

En 1685

L’aqueduc de Louveciennes est achevé et l’ensemble des travaux, trois ans plus tard, en 1688.

Aqueduc de Louveciennes : 2020 Ce qu'il faut savoir pour votre visite -  Tripadvisor
L’aqueduc de LouveciennesFichier:Machines de Marly. Pont aqueduc de Louveciennes.jpg — Wikipédia

« Le coût total du chantier est de cinq millions et demie de livres tournois. Il comprend les travaux de construction de la machine proprement dite (3,859,583 livres), des bâtiments, des aqueducs et bassins, la fourniture des matériaux, les salaires des ouvriers et artisans (Rennequin Sualem était le mieux payé avec 1800 livres par an).
Après la fin des travaux et la démonstration réussie, Rennequin Sualem est nommé Premier ingénieur du Roy par Louis XIV et anobli. »

Arnold de Ville

« Arnold de Ville gagne beaucoup d’argent dans la réussite de cette machine et en profite pour se hisser dans l’aristocratie.»

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On arrêtera finalement de l’entretenir dans le courant du XVIIIe siècle, accélérant sa dégradation. Son rendement continuera de baisser, passant de 640 m3 par jour en 1798 à 240 m3 par jour en 1803.

Sous la Révolution

On envisage de détruire la machine de Marly.

Néanmoins, la machine de Marly fonctionnera durant 133 ans. Elle sera détruite en 1817 et remplacée par une machine provisoire.

La partie amont des transmissions s’arrêtant à la station intermédiaire dite de mi-côte était appelée transmission des petits chevalets. La partie d’aval montant jusqu’à la station intermédiaire supérieure s’appelle transmission des grands chevalets. Elle actionne aussi au passage un ensemble de pompes à la station de mi-côte. La machine compte au total plus de 250 pompes. La puissance théorique de la machine est de 700 chevaux environ et son débit théorique maximal de 6 000 m3 (six millions de litres) par jour.

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Tour du Levant de l’aqueduc de Louveciennes.
Un réservoir à son sommet recueille l’eau des pompes de Marly

L’eau effectue sa dernière remontée dans la tour du Levant, haute de vingt-trois mètres et construite par Mansart (1598-1666) au sommet du coteau de Louveciennes.

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Mardi 23 juillet 1686

Le Roi va se promener à Marly.

Jeudi Ier septembre 1687

Le Roi, Monseigneur et Madame vont l’après dînée courir le cerf.

Le pavillon du Roi, le cœur de Marly

( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Coupe du pavillon royal

Louis XIV et les membres de sa famille y logent lors des séjours dits les «Marly». Les quelques courtisans ayant eu le privilège d’accompagner le Roi sont, eux, accueillis dans les douze pavillons des invités bordant la pièce d’eau du Grand miroir.

La Reine Marie-Thérèse, morte avant les premiers voyages à Marly, ne l’habita jamais. Louis XIV destine alors cet appartement à Monseigneur qui l’échange, le 1er septembre 1694, avec celui de Madame de Maintenon logée à l’attique. Les travaux d’aménagement de ces deux logements commencent en 1693.

Le grand salon restitué en 3D par Aristeas

Situé au milieu du pavillon royal, le grand salon octogonal, d’une hauteur de seize mètres, est le centre de la vie de Cour. Le Roi voulant que l’on s’amuse toujours dans sa résidence de plaisance, son château abrite fêtes, bals, mascarades, loteries, concerts, jeux d’argent (et on joue gros), parties de billard… L’étiquette est d’ailleurs beaucoup moins stricte qu’à Versailles et le Roi lui-même semble plus détendu.

Élévation du château du côté de Saint-Germain-en-Laye
On joue beaucoup à Marly
Vestibule sud du pavillon royal

Le 2 novembre 1689

La marquise de Montespan et Mademoiselle de Blois vont prendre le duc du Maine (1670-1736) à Paris, et l’amènent à Marly. Louis XIV les retient à souper.

Il y a jeu de portiques avant et après le souper, et musique comme à l’ordinaire.

Marly - 02 novembre 1689: Château de Marly 3d507312
Le duc du Maine

«Monseigneur joue à la bête», avec Madame de Mortemart et le marquis de Dangeau.

Pour la Palatine, les jardins de Marly sont l’œuvre des fées

La princesse Palatine fait partie des voyages à Marly. Elle partage avec Louis XIV l’amour de la chasse mais aussi des jardins, et aime particulièrement ceux de Marly.

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Dans une lettre datée du 6 juillet 1702, elle confie, encore enchantée :

« Ce matin, je suis allée me promener avec le roi. On dirait que ce sont des fées qui travaillent ici, car là où j’avais laissé un grand étang, j’ai trouvé un bois ou un bosquet ; là où j’avais laissé une grande place et une escarpolette, j’ai trouvé un réservoir plein d’eau, dans lequel on jettera ce soir cent et quelques poissons de diverses espèces et trente grandes carpes admirablement belles. »

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Point de fées, bien sûr, mais une armée de jardiniers, qui œuvrent en permanence à l’entretien et à l’embellissement des jardins du Roi. Le plus beau jardin du monde.

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« A Marly, une grande cascade descendait de la colline, à l’arrière du pavillon central, pour mourir sur l’arc du fer à cheval. Le domaine, qui comprenait également les quatre bassins des Carpes, est antérieur au château de Versailles. Il contribuera à l’épanouissement du style rocaille de la première moitié du XVIIIème siècle, avant d’être progressivement délaissé.»

La grande cascade de Marly, que l’on appelait la Rivière, restituée par le peintre Thierry Bosquet

Le 9 juin 1701

Monsieur, Philippe d’Orléans, meurt d’un accident vasculaire cérébral au à Saint-Cloud. Auparavant, il a eu une vive dispute avec son frère au château de Marly au sujet de la conduite de son fils, qui est également le gendre de Louis XIV. Il ne laisse que des dettes, et Liselotte, sa femme, renonce sagement à leur bien commun.

Le 3 juillet 1702

Ordonnance de Marly portant déclaration de guerre contre l’Empereur, l’Angleterre, la Hollande et leurs alliés.

Portrait de Charlotte-Élisabeth de Bavière — Wikipédia
Élisabeth-Charlotte, princesse palatine du Rhin, Madame, duchesse d’Orléans, par Rigaud

Pour la princesse Élisabeth-Charlotte, la Palatine (1652-1722), les jardins de Marly sont l’œuvre des fées. La belle-sœur du Grand Roi, Madame, la célèbre princesse Palatine, fait partie des voyages à Marly. Elle partage avec Louis XIV l’amour de la chasse mais aussi des jardins, et aime particulièrement ceux de Marly.

Un des quatre vestibules avec un billard

Dans une lettre datée du 6 juillet 1702, elle confie, encore enchantée :

« Ce matin, je suis allée me promener avec le roi. On dirait que ce sont des fées qui travaillent ici, car là où j’avais laissé un grand étang, j’ai trouvé un bois ou un bosquet ; là où j’avais laissé une grande place et une escarpolette, j’ai trouvé un réservoir plein d’eau, dans lequel on jettera ce soir cent et quelques poissons de diverses espèces et trente grandes carpes admirablement belles. »

Gouache de Thierry Bosquet

Point de fées, bien sûr, mais une armée de jardiniers, qui œuvrent en permanence à l’entretien et à l’embellissement des jardins du Roi. Le plus beau jardin du monde. Toujours depuis Marly, le 9 août 1702, Madame écrit encore :

« Hier nous avons été avec le roi au jardin, avant et après le dîner, pour voir mettre en place de fort belles statues : elles coûtent cent mille franc les deux. L’une est la Renommée : elle est assise sur un coursier ailé ; le tout est d’un seul bloc de marbre blanc ; l’autre est un Hercule à cheval aussi. On ne peut rien voir de plus beau. Je ne crois pas que dans le monde entier il soit possible de trouver un plus beau jardin que celui d’ici. »

Pardonnons à Madame son erreur, il ne s’agit pas d’un Hercule mais de Mercure. Les deux groupes équestres dont elle nous parle sont évidemment la « Renommée » et « Mercure », chacun chevauchant Pégase, œuvres d’Antoine Coysevox installées, à l’époque, de part et d’autre de la balustrade surplombant l’Abreuvoir. Pour finir, laissons notre imagination vagabonder dans ces merveilleux jardins disparus, où nous croiserons peut-être, un soir d’été, des fées aux mains vertes. Et avec Madame (lettre du 24 août 1709 à Marly), disons :

« Je voudrais que vous pussiez être ici avec nous pour voir comment les jardins sont beaux. »

Gouache de Thierry Bosquet

Le 19 juillet 1703

Louis XIV va, l’après-midi, se promener à Marly, où il fait faire encore quelques changements dans les jardins entre la chapelle et le château.

Marly - 19 juillet 1703: Louis XIV va, l’après-midi, se promener à Marly D_1clv14

« Sire, Marly !»

Alors que le courtisan est placé en situation de demandeur, il doit solliciter la faveur d’être invité à « un Marly »

Cette faveur de Louis XIV est des plus recherchées…

Où il est question de chiens, de chambre, de vestibule, de toilette et d’eau courante

– Pour son antichambre à Marly, Louis XIV commande à Alexandre-françois Desportes des tableaux de trois de ses chiennes Zette, Tane et Folle.

Zette, chienne de Louis XIV
Tane, chienne de Louis XIV
Folle, chienne de Louis XIV

– Une aquarelle de Guillaumot nous montre la chambre de Madame de Maintenon à Marly, une autre du même peintre nous montre le vestibule sud du pavillon royal.

Chambre de Madame de Maintenon

– Des fouilles archéologiques dans le domaine de Marly ont mis au jour des éléments de toilettes au chiffre de Marly.

– Sur son trajet pour Versailles l’eau de la Seine, après la machine de Marly et l’aqueduc de Louveciennes, fournissait le domaine…

Le 28 mai 1707

Avant que le Roi parte pour la chasse, à Marly, on apprend que la marquise de Montespan (1640-1707) est morte la veille.

Françoise-Athénaïs de Montespan, la favorite des favorites - Les Favorites  Royales
Françoise-Athénaïs de Rochechouart, marquise de Montespan
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Après avoir couru le cerf, Louis XIV se promène, seul, dans les jardins jusqu’à la nuit.

Le 5 mai 1710

Louis XIV prend médecine au château de Marly par pure précaution, comme il la prend tous les mois.

Le 3 mai 1715

Le Roi est à Marly et c’est depuis le parc qu’il observe le phénomène extraordinaire de l’éclipse, occultant l’astre à près de 90 % en France et plongeant Londres dans le noir total pendant de longues minutes. Assis près d’une lunette astronomiq

Il mourra quatre mois plus tard…

Marly par Jacques Rigaud

Le 10 août 1715

Louis XIV se promène le matin dans ses jardins de Marly et revient à Versailles à six heures du soir. C’est la dernière fois que Louis XIV a vu Marly.

Après-dîner, Louis XIV ressent des douleurs plus fortes qu’à l’accoutumée dans sa jambe gauche. Son médecin, Fagon (1638-1718), diagnostique une sciatique (qu’il essaie de soigner avec du quinquina et du lait d’ânesse) ; il souffre en fait de gangrène…

Sous Louis XV

Les appartements du rez-de-chaussée furent systématiquement entresolés dans les années 1740, puis un étage d’attiques fut aménagé en 1750.

Une vue du pavillon royal, derrière on distingue la grande cascade de marbre (dite la Rivière), une des merveilles de Marly

Les chevaux de Marly

( Texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Les Chevaux de Marly (au Louvre : dans la cour de Marly)
Les Chevaux de Marly

Les Chevaux de Marly sont commandés en 1739 par Louis XV au sculpteur Guillaume Coustou pour orner l’Abreuvoir de Marly afin de remplacer deux groupes sculptés. Ceux-ci, Mercure à Cheval sur Pégase et La Renommée à Cheval sur Pégase d’Antoine Coysevox, avaient en effet été déplacés en 1719 dans les jardins des Tuileries. Les modèles sont choisis par le Roi en 1743 et sont installés à Marly en 1745 après seulement deux ans de travail.

Les Chevaux de Marly (au Louvre)
Les Chevaux de Marly

Les Chevaux de Marly, ou Chevaux retenus par des palefreniers représentent un vrai coup de force technique, dans le travail de blocs monolithes de marbre de Carrare sculptés en seulement deux ans. Le thème choisi s’éloigne de toute référence allégorique ou mythologique, à la différence des deux groupes sculptés par Coysevox. Coustou met simplement en scène deux chevaux fougueux aux prises avec leurs palefreniers, nus et musculeux (des esclaves amérindiens, avec leur carquois), leurs corps tendus par l’effort. Le sculpteur rend avec vitalisme la lutte des forces sauvages et contraires. Les chevaux sont cabrés, leur crinière est ébouriffée, leurs naseaux et leurs yeux dilatés, et les deux animaux se débattent avec fureur dans un combat impétueux face à leurs maîtres.

L’abreuvoir de Marly
L’abreuvoir de Marly
L’abreuvoir de Marly
Les Chevaux de Marly (au Louvre)
Les Chevaux de Marly

En 1794, ils seront transférés Place de la Concorde. Ils seront restaurés en 1840 par Louis-Denis Caillouette.

En Janvier 1746

« Choiseul est à Marly, dans une chaise portée par les gardes royaux puisqu’il a eu une jambe cassée.  Il croise la Dauphine, fait arrêter ses porteurs pour saluer, mais pas plus.  La Dauphine est indignée.    Louis XV tranche cependant en faveur du soldat blessé :
A Marly, déclare-t-il, on ne plie le genou que devant le roi .»

Le duc de Luynes

Le 25 juin 1768

Suite à la mort de la Reine Marie Leszczynska survenu le 24 juin 1768, Louis XV et la Cour quittent Versailles pour Marly le 25 juin, et y resteront jusqu’au 06 juillet 1768.

Du 27 juin au 7 juillet 1770

Séjour de Marie-Antoinette à Marly dans l’appartement que Marie Leszczynska occupa jusqu’à sa mort en 1768, n’y apportant d’autre modification que l’entresolement de son antichambre en 1746. Comme les autres appartements du rez-de-chaussée, il se compose de trois pièces : une antichambre, une chambre et un cabinet. On pénètre dans la première antichambre par le Vestibule Nord.

La pièce d’angle avait servi de chambre au Grand Dauphin, puis de grand cabinet à Madame de Maintenon. Marie Leszczynska y a déplacé sa chambre en 1731, fonction qu’elle conserve jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Du 6 au 20 juin 1771

Séjour de Marie-Antoinette à Marly.

Les 25 et 26 janvier 1772

Séjour de Marie-Antoinette à Marly.

En 1774

Louis XVI et Marie Antoinette en montant sur le trône de France « héritent » de Marly et malgré les restrictions budgétaires obligatoires parviennent tout de même à entretenir le domaine comme il faut (rénovation des perrons, curage de l’abreuvoir dont le dernier datait de … 1768 !!! ) mais aussi à y réaliser des aménagements.

En effet, en héritant du Domaine, Louis XVI hérite aussi de son «passé» , c’est à dire d’un palais et d’un parc dans un état déplorable… Pourtant Marly est connu dans l’Europe entière, il est une référence en architecture mais aussi en Jardin… Personne n’ose détruire ou modifier l’œuvre de Louis XIV… une restauration à l’identique coûterait une fortune, c’est cet argument qui a obligé à une grande réflexion quant à l’avenir des jardins de Marly.

Marly - Juillet 1789: Dernier séjour à Marly Andrel12
Maquette des jardins de Marly

Dès 1774

Louis XVI décide de pallier à cette négligence d’entretien dans le Parc mais la tâche est rude car déjà à Versailles a lieu la replantation… 

Marly plans en relief L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Marly-plan-en-relief-2.jpg.

Marly attendra… mais déjà beaucoup d’idées éclosent quand à la restauration du somptueux parc de Marly… outre la coupe des arbres, on propose de supprimer les portiques et de les remplacer par des tilleuls taillés en arcades… de même pour les ormes en boule que l’on veut remplacer par des plates bandes de plantes vivaces…

Concernant l’architecture même des bâtiments… le palais et les constructions de Louis XIV sont quasiment voués à disparaître. La riche polychromie des façades est un lointain souvenir car sous Louis XVI et Marie Antoinette tout est quasiment effacé. La décision prise est de conserver les éléments construits en les entretenant… histoire d’éviter leur ruine rapide !

Marie-Antoinette vient souvent à Marly assister à un lever de soleil ou se promener dans les bosquets. 

Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia CoppolaL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Marly-2-1024x768.jpg.
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Du 17 juin au 1er août 1774

Séjour de Marie-Antoinette à Marly.

Hubert Robert et la fabrique des jardins – Le Magazine de Proantic
Le parc de Marly par Hubert Robert

De 1774 à 1781

La Cour séjourne chaque année à Marly.

C’est d’ailleurs encore à Marie-Antoinette que nous devons les derniers grands aménagements du château. Partout où la Reine réside, c’est plus fort qu’Elle, il faut qu’Elle y laisse Son empreinte.

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Décoration de Cheminée de la chambre de la Reine en 1774

Le 28 juillet 1775

Chasse au sanglier avec la Reine, dans la forêt de Marly. Dîné à quatre heures à Marly. La Reine a chassé et soupé

Une vue du Bosquet des Muses à Marly vers 1775

Du 8 juin au 11 juillet 1776

Séjour de Marie-Antoinette à Marly.

« Un matin, à Marly, j’ai rencontré la reine Marie-Antoinette qui se promenait avec plusieurs dames de sa Cour. Toutes étaient en robes blanches, et si jeunes, si jolies, qu’elles me firent l’effet d’une apparition .»

Mémoires d’Elisabeth Vigée Le Brun

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Marie-Antoinette croquée par Elisabeth Vigée Le Brun

Le 27 mai 1777

La Reine participe à la chasse au sanglier du Roi dans la forêt de Marly. 

Les aménagements intérieurs sous Louis XVI et Marie-Antoinette

En rouge : l’Appartement de la Reine

Les Aménagements dictés par la Reine  : l’appartement de la Reine est, depuis Louis XIV, l’appartement dans l’angle Nord-Ouest du Pavillon Royal.

En 1778

De nouveaux corps d’armoires sont installés dans l’appartement de la Reine.

Aménagement d’une salle de spectacle démontable dans l’ancien bosquet de Bacchus (bâtie en charpente et habillée d’un décor de verdure). C’est pour cette salle que sera créé le décor de « diamants » qui sera utilisé plus tard au Petit Trianon. Cette salle disparaîtra en 1786.

Du 7 au 28 octobre 1778

Séjour de la Cour au château de Marly où ont lieu de nombreuses fêtes offertes par Louis XVI pour la grossesse de la Reine.

Marly - 17 mai 1778: Marly 180px-14

Pendant ce séjour, un rouleau de louis faux a été substitué à un rouleau de louis véritable lors du jeu. Quelques dames de la Cour sont soupçonnées. Madame dit aux deux banquiers de la Reine, Messieurs de Chalabre et Poinsot, qu’on les « friponne ». Ils lui répondent qu’ils ne s’en sont pas aperçus, alors que ce n’est pas le cas mais ils n’osent pas le manifester.

Marly - 07 octobre 1778: Fêtes au château de Marly 32742710
Marie-Joséphine de Savoie, comtesse de Provence, Madame

En novembre 1778

« On a commis dernièrement dans les jardins de Marly une atrocité impardonnable. Sept des superbes statues antiques de marbre blanc, admirées de tous les connaisseurs, ont été abîmées à coups de hache .
Les soupçons induisent un attentat anglais … Il n’en est rien ! On a arrêté un des coupables, qui a déclaré et dénoncé deux complices . Ces trois malheureux sont des ouvriers travaillant habituellement dans ces jardins, et qui étaient ivres lorsqu’ils ont commis ce délit . On croit qu’il en sera fait justice exemplaire .
Ce ne sera pas le cas . Louis XVI a l’esprit bien trop occupé par les couches très prochaines de Marie-Antoinette pour songer aux statues de Marly …
»

Du 25 avril au 22 mai 1779

Séjour de la Cour à Marly.

Plan en relief du pavillon de Marly

Les dames de la Cour sont jalouses de la duchesse de Villequier (1732-1799) : Marie-Antoinette n’ayant pu manger deux fois avec Louis XVI, pour occuper la place de cette dernière à côté de lui, il a nommé la duchesse de Villequier.

Marly - 25 avril 1779: Marly Actu11
Préville, pseudonyme de Pierre-Louis Dubus

Louis XVI, dans un divertissement, ayant désiré voir le sieur Préville (1721-1799), comédien à la Comédie Française, celui-ci qui n’est pas dans cette habitude, a fait des efforts extraordinaires et s’est fait une entorse.

Reconstitution en 3D du pavillon de Marly

Du 17 au 19 mai 1779

Fêtes de la Cour à Marly.

Le 27 mai 1779

La Reine participe à la chasse au sanglier du Roi dans la forêt de Marly.

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Du 15 au 31 octobre 1779

Séjour de la Cour à Marly.

Le pavillon de Marly : vestibule Est (Photos 3D © Aristeas)

A l’automne 1780

Création de nouveaux entresols au dessus de la Chambre de la Reine.
Modification d’un escalier.
Pose de deux cheminées.

Cette dernière modification d’entresolement de la chambre de la Reine est réalisée pour la création de deux cabinets. Contrairement aux grandes résidences royales, c’est le Garde-meuble de la couronne qui meuble les cabinets de la Reine. Les travaux commencent à la fin de l’année 1780, mais se prolongent jusqu’en mai 1781.

Plan du rez-de-chaussée du Pavillon de Marly.
En rouge : l’Appartement de la Reine

La Chambre de Marie-Antoinette :

La pièce d’angle à quatre fenêtres abrite la chambre de la Reine depuis 1731. Elle est accessible par la porte de l’antichambre. Une autre porte donne accès au cabinet bas.

En 1780, Marie-Antoinette fait disparaître le décor Louis XIV pour aménager des petits cabinets.

La chambre était tendue d’étoffe sur les murs. La cheminée de brèche violette de 1699 semble avoir été conservée, alors que les marbres griotte, bleu turquin avaient la faveur.

Le Sommeil de Nicolas-René Jollain (Wallace Collection)

Le Sommeil de Jollain et Le Réveil de Taraval, représentés par des enfants, prennent place au-dessus des portes.

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Le Réveil de Jean-Jacques Taraval (Wallace Collection)

Pour son meuble en 1782, Capin livre trois pièces de tapisserie, un lit à la duchesse, deux portières, deux fauteuils, douze ployants, un paravent, un écran. En mars, Riesener livre deux commodes. Elles restent en place jusqu’à la Révolution.

Le cabinet bas :

Le cabinet bas est la dernière pièce de l’appartement. Il est uniquement accessible par la chambre et les pièces de service situées derrières.

Encoignure de Riesener pour le cabinet bas (Aujourd’hui à la Wallace Collection)
Secrétaire de Riesener pour le cabinet-bas (aujourd’hui à la Wallace Collection)
Marly - Le domaine et château de Marly - Page 4 Dcbca710
Table à écrire de Riesener pour le cabinet bas (aujourd’hui au Museum of Art de Philadelphie)Marly - Le domaine et château de Marly - Page 4 48f62610

L’aménagement et la décoration datent de 1768. Cette pièce a été divisée pour Madame de Maintenon en une chambre, un petit cabinet et un escalier pour monter aux entresols.

Marie Leszczynska en avait fait son cabinet, avec un cabinet de chaise et un oratoire. Marie-Antoinette conserve le décor de 1769.

Commode de Joubert pour le cabinet bas (Collection privée)

Les Cabinets entresolés :

L’appartement de la Reine est le premier à avoir été entresolé. La pièce au-dessus du cabinet-bas en 1694 est divisée en deux cabinets avant 1738, éclairé chacun par le faut d’une fenêtre du rez-de-chaussée.

Jusqu’en 1769, ils sont uniquement accessible par l’escalier du Cabinet-bas, la pièce la plus intime de l’Appartement.

Chiffonnier le second cabinet de l’entresol par Riesener (aujourd’hui à Scone Palace en Écosse)

Les Aménagements pour l’appartement du Roi Louis XVI  

L’antichambre du Roi (Photos 3D © Aristeas)
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Commode réalisée par Riesener, en 1782,
aujourd’hui dans le cabinet doré de la Reine, à Versailles.

A la suite de ces travaux, les cabinets sont ainsi disposés : on y accède par l’escalier à l’arrière de l’antichambre. Une porte ouvre sur une petite pièce qui précède un premier cabinet à niche éclairé par trois fenêtres. Enfin, la porte près des fenêtres dessert le cabinet aménagé en 1769 au-dessus de l’antichambre. A gauche, se trouve un cabinet de chaise suivi d’une pièce éclairée par une vitre située au fond de la niche.

Du 13 au 31 octobre 1780

Séjour de la Cour à Marly.

Marly - 13 octobre 1780: La Cour se rend à Marly 31950410

Le comte de Maurepas, chef du conseil royal des finances, étant fort tourmenté par la goutte, n’est pas du voyage de Marly ; son séjour à Paris y conduit quelques fois Louis XVI.

De 1781 à 1789

Louis XVI et Marie Antoinette délaissent Marly… mais c’est surtout parce que l’administration de la couronne travaille à sa restauration… jusqu’en 1788 on restaure le parc bas et on allait s’attaquer au reste. Les façades sans couleurs ne sont cependant pas abandonnées car on les entretient… 

Marly est donc un palais sans cesse en travaux et pas assez accueillant. Alors que Louis XVI a acheté Rambouillet et son riche domaine de chasse et Marie Antoinette est plus à l’aise à Saint Cloud.

La Mongolfière à Marly par Louis Nicolas van Blarenberghe

Le 4 avril 1781

Promenade à Marly de Marie-Antoinette en compagnie de Madame Elisabeth pour se rendre compte de l’état d’avancement des travaux de ses appartements.

Du 22 avril au 20 mai 1781

Séjour de la Cour à Marly.

La salle de banquet et de bal pour la fête donnée à Marly
pour la naissance du Dauphin Louis Joseph en 1781
(texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

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La fête offerte à la cour dans les jardins de Marly ne fait l’objet d’aucune relation. Seuls les dessins de Pâris conservent le souvenir. Alain-Charles Gruber proposait en 1972 de situer cette fête peu avant la naissance du Dauphin pour féliciter Marie-Antoinette de sa nouvelle grossesse. Les festivités pouvaient avoir été données en juillet 1781, lors du séjour de Joseph II à la cour.

Dessinateur de la Chambre et du Cabinet du Roi, Pierre Adrien Pâris est naturellement chargé de fournir les projets des architectures éphémères. À en juger par les dessins conservés à Besançon, il apporte un soin extrême à l’élaboration de la salle de bal et de banquet installée entre la pièce d’eau des Gerbes et la grande pièce d’eau, et à celle du portique qui était destiné à masquer le feu d’artifice et épousait la courbe du bassin à l’extrémité de la grande pièce d’eau.

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Chacune des constructions est extrêmement légère. La salle de bal et de banquet se caractérise par l’omniprésence de la verdure utilisée pour son décor. Le pavillon circulaire d’ordre ionique qui en constituait le centre disparaît sous les treillages feuillagés, les charmilles taillées et les fleurs. L’entrée en est soulignée par un grand arc enrichi de rideaux cramoisis et or.

À l’intérieur, le plan ménage de nombreux effets de surprise. Les loges en estrade permettent au public de prendre place. Pour le banquet, donné pendant la journée, le décor d’architecture ainsi que les absides latérales avaient été dissimulés par des treillages dorés de feuillages donnant au plafond l’aspect d’un bosquet de charmille. Chacune des loges était tendue de draperies cramoisies et or.

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La nuit venue, pour le bal, tous les treillages étaient ôtés afin de laisser apparaître l’ordre corinthien rythmant de colonnes et de pilastres tout le pourtour de la salle, et les niches garnies de statues-torchères. Des buffets avaient été dressés dans l’hémicycle et des vasques agrémentées de jets d’eau avaient pris place dans les deux absides. Le plafond présentait un décor de ciel et, sur sa corniche, des figures allégoriques et des draperies.

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Enfin au bout de la grande pièce d’eau, le portique en hémicycle formait nymphée avec fontaine, obélisque, parements à l’imitation des rochers et statues de dieux et de déesses aquatiques.

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En 1782

Installation d’une girouette sur la cheminée de la chambre dite «du tour»

Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 Img-510
Charles-Armand Vitry, Plan de Marly, 1784, estampe aquarellée

Du 3 au 6 mars 1782

Séjour à Marly de Mesdames Tantes, en deuil de leur sœur, Madame Sophie.

La famille royale vient régulièrement leur rendre visite.

Vue du pavillon et des jardins l’entourant

Le 6 octobre 1782

La Cour n’ira pas point à Marly, les médecins ayant trouvé ce séjour trop humide dans cette saison.

Le 28 mai 1784

Chasse au sanglier avec la Reine, dans la forêt de Marly. Dîné à quatre heures.    La Reine a chassé et soupé.

En 1785

  • Remplacement du « Meuble » de l’appartement du Roi.
  • Aménagement de deux fausses portes dans le cabinet du conseil et remplacement des dessus de porte, en l’occurrence de Mignard par les quatre tableaux de Madeleine Boulogne provenant de l’appartement de la Reine.

LA MODIFICATION DU PROTOCOLE: MARLY UN PALAIS EN LIBRE ACCÈS

Contrairement à Louis XIV, le couple royal entend faire profiter tout le monde du Palais de Marly et de ses jardins. Comme l’on s’en doute, il n’y a pas assez de places pour une Cour si nombreuse. Beaucoup de plaintes et surtout beaucoup de scandales. Les grands seigneurs et courtisans demandent la construction de logements ou communs …. on leur répond que faute d’argent il n’y aura pas de suite… les écuries sont trop petites… et tout le monde a accès au parc et au palais, la condition étant d’être habillé décemment … Madame Campan informe à ce sujet que lors du jeu de la Reine à Marly, des joueurs vêtus avec décence mais des joueurs chevronnés et des escrocs se mêlent à l’assistance. On le comprend Marly devient rapidement un lieu «infréquentable» .

Table à écrire par Riesener (aujourd’hui dans la collection Gulbenkian à Lisbonne)
Commode placée dans le Cabinet intérieur de la Reine
livrée en 1782 pour la chambre de Marie-Antoinette à Marly puis transportée en 1783 dans le petit appartement de la Reine au rez-de-chaussée à Versailles / à deux grands tiroirs avec anneaux- La façade à ressaut central en forme de trapèze avec au centre un médaillon en marqueterie présentant une chute d’instruments champêtre- Marqueterie en placage de mosaïques de losanges et de fleurons sur champ d’amarante; filets de bois noir- Riche décor de guirlandes et chute de fleurs en bronze ciselé et doré (bronzier non identifié)- Cul de lampe en bronze ciselé et doré formé de deux cornes d’abondances liées par un nœud de fleurs- Pieds à culots de feuillages en bronze ciselé et doré- Dessus en marbre blanc

Ainsi les clefs, meubles et même rideaux et courtepointes de damas disparaissent et sont volés !!!! Pire, il n’y a qu’un seul garde-bosquet pour l’ensemble des jardins !!!! A ce rythme le parc est sans cesse abîmé, pillé. On mutile les statues, on brise les vases, on vole les cuivres et les plans, on met à terre les treillis…

Devant l’«urgence», Louis XVI décide le transport vers Paris des plus belles œuvres… un premier dispersement des œuvres du palais à l’aube de la Révolution… un Domaine qui malheureusement en verra d’autres!!!

Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 Znavle10
Les Globes de Louis XIV , œuvres de Coronelli
Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 4f2bac10
Les globes de Coronelli ou globes de Marly, aujourd’hui conservés à la BnF
Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 Corone11
Les globes, aujourd’hui exposés à la Bnf, ne possèdent pas leur socle car le sol de la bibliothèque ne peut supporter leur poids :
chaque globe avec son socle pèse 23 tonnes soit 46 pour les deux

En 1785

D’ailleurs Marie-Antoinette apprécie Marly et y fait servir le déjeuner anglais , ancêtre du café, idée qu’Elle reprend en 1785 lorsqu’Elle devient « Reine » de Saint Cloud. Ainsi, avant Saint Cloud, Marly constitue une sorte d’ «observatoire» pour Marie-Antoinette.

Le 1er juin 1785

Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 Books?id=x1JPEptEMCIC&hl=fr&hl=fr&pg=PA568&img=1&zoom=3&sig=ACfU3U22PF79NDtnml_XRKEOwhLVT0pmkw&ci=171%2C342%2C777%2C231&edge=0

Soient trois mille lits fournis pour un lieu aussi exigu … Et pour chaque séjour .

Le 26 avril 1786

Le Roi est allé à la forêt de Marly voir les animaux enfermés au lieu d’aller chasser le chevreuil.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

En 1788

Le jardin bas est restauré tel qu’il était sous Louis XIV… la Révolution arrêtera cet effort…

En 1789 

Marly, grâce à Louis XVI et Marie Antoinette, retrouve ses lignes voulues par Louis XIV (moins les destructions opérées par Louis XV bien sûr). 

En 1789 le mobilier de Marly représente une valeur de 1 250 000 livres… les peintures sont exclues de ce chiffre. Marly possède beaucoup de meubles disparates, allant de Louis XIV à Louis XVI ce qui explique la richesse de l’inventaire .

On livre à Marly cette Paire de bras de lumière dite «petits bras à enfants», de Dominique Daguerre pour le Second Cabinet de Marie-Antoinette :

Cognacq-Jay : La Fabrique du luxe. Les marchands-merciers

Il s’agit de deux bobèches reposant sur un plateau à galerie soutenu par un enfant, en bronze patiné, se tenant sur une console à décor de feuillages avec cordelettes macaron à marguerite et amortissement de pampres.

Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais -

Le 4 juin 1789

Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Mort du Dauphin dans les Années Lumières (1989) de Robert Enrico 

Du 14 au 21 juin 1789

Le Roi et la Reine se retirent à Marly pour le pleurer. Il est enterré avec un cérémonial réduit à Saint-Denis compte tenu le contexte économique difficile. C’est le dernier séjour de la famille royale au château de Marly, toute à son deuil. Mesdames Tantes sont présentes.

Marly - Le domaine et château de Marly - Page 3 87667d10

« Le lendemain des funérailles [du dauphin Louis-Joseph], le roi et la reine quittent Versailles et se rendent à Marly. Ce fut leur dernier séjour dans ce château. Après leur immense chagrin il leur est doux, loin de la cour et loin des États-Généraux, de goûter quelques instants de vrai repos. Les nobles perspectives des bosquets et des eaux, l’horizon calme et bleu qu’on découvre de la terrasse, la demi-solitude, les appartements plus intimes conviennent mieux que l’imposant Versailles à une grande tristesse.
M. d’Angivilliers, présageant que Louis XVI irait peut-être à Marly, a, dès les derniers jours d’avril, fait mettre en état les bâtiments.
Les réparations, qui s’élèvent à 24000 livres, furent peu nombreuses et localisées au corps du château, la chapelle et les pavillons ayant été tout récemment remis à neuf, ainsi que les corps de garde et les écuries. Aussi se borne-t-on en juin à réparer les fourneaux de la cuisine-bouche, les tables, les planches, les porte-manteaux et le jeu des croisées. Le Garde-Meuble remplace les tabourets et les banquettes qui ont été apportés à Versailles.
On sable le jardin, mais, hélas ! les grandes eaux ne pourront pas fonctionner avant la Pentecôte, car il n’y a plus que cinq pieds d’eau dans le grand réservoir. Le duc du Châtelet ordonne d’aménager avec soin les chambres des officiers de la garde du roi, ces messieurs étant fort difficiles. Enfin, on entoure d’un palis à lapins les bosquets de Marly et de Luciennes. M. Thierry de Ville-d’Avray depuis quinze jours prépare les logements.
Deux ameublements complets destinés à Madame, fille du roi, et au duc de Normandie sont arrivés de Saint-Cloud le 18 mai. Le 21, le Garde-Meuble apporte soixante-quatorze tables à écrire, vingt-trois commodes de bois de noyer, six chaises d’affaire “en pot à l’œil” et deux coffres garnis de flambeaux d’argent. On tend aux fenêtres de la chambre de la reine et de la chambre du roi des rideaux de vitrage en mousseline brodée et on déploie, au-dessus des lits, d’immenses moustiquaires.
De nombreux sièges sont tapissés de damas cramoisi ou bleu. On accroche dans la chambre de Mme d’Artois quatre portières de rideaux en gros de Tours cramoisi à galon d’or, et l’on recouvre de drap vert Sedan les tables de jeux.
Le prince de Poix fait nettoyer les lanternes à réverbère qui éclairent les cours, les escaliers, les corridors, les avenues, les bosquets et les grilles. On prévoit également la dépense journalière de quatre-vingt-quatorze bougies pour illuminer les escaliers intérieurs, les entresols du cabinet des tours et du cabinet chinois, le salon de jeux et la salle à manger et enfin trente-deux bougies pour les quatre girandoles de la table et les flambeaux ambulants.
Dernier détail, les lingères préparent les draps qui sont seulement fournis aux invités à l’occasion des petits séjours de Leurs Majestés. Chaque chose sera à leur place pour l’arrivée du roi et de la reine. Le voyage, à cause du deuil, sera très simple, la suite de Leurs Majestés très restreinte ; elle comprend : un écuyer cavaldacour, deux écuyers de main, les officiers des cent suisses, le porte-manteau, le porte-malle, un contrôleur ordinaire, le premier médecin, le premier valet de chambre de Louis XVI, les dames d’honneur et les femmes de Marie-Antoinette.
La famille royale se réunira pour souper. Seuls, le dauphin et Madame, fille du roi, prendront leurs repas dans leurs appartements. Une table de huit à dix couverts sera préparée pour les dames d’honneurs « sans aucune division dans les chambres sous quelque prétexte que ce soit ».
Ces recommandations impérieuses n’empêchent pas les courtisans de laisser leurs serviteurs faire la cuisine dans les antichambres boisées des pavillons, au grand désespoir du sieur Boutherone-Desmarais, inspecteur du domaine de Marly, qui, après en avoir rendu compte au prince de Poix, écrit, le 17 juin, au directeur général des bâtiments que « les menuiseries sont à présent si engraissées qu’il faut les gratter et les imprimer à l’huile pour les rendre habitables ». Le dommage est si grand que le gouverneur de Marly décide même d’écrire au concierge du domaine une lettre bien motivée et ostensible afin que de pareils dégâts ne se renouvellent pas.
Ces quelques jours de repos passent rapidement. Le 15, Sa Majesté va chasser le cerf à Port-Royal. Plusieurs fois, le roi retourne à Versailles. La reine, toute à sa douleur, fait célébrer en dix jours soixante-dix messes pour le repos de l’âme du premier dauphin.
On imagine les promenades des courtisans dans le parc que l’été rend si beau et dans le grand salon, après souper, le cercle autour de la reine. Peu à peu, le souverain reprend son insouciance. Écartant de sa pensée tous les ennuis du pouvoir, il dit souvent, en parlant des membres des États-Généraux : « Qu’ils me laissent ce qu’ils veulent : je ne désire que de les rendre heureux. ».
Bientôt les parties de cartes interrompues reprennent. Le 15 juin, Sa Majesté joue avec le comte de Luxembourg, le marquis de Belsunce, le prince de Vaudémont, le comte de Lorges, le marquis de Cinas et Monsieur. A la lumière des bougies, les louis d’or brillent sur le tapis vert de la table. La soirée se termine par un reversi.
 (…) »

Vicomte Fleury, Les derniers jours de Versailles
, 1929

Le 23 juin 1789

Louis XVI quitte Marly pour ne plus jamais revenir séjourner en ce domaine qui sera tout de même inscrit dans la dotation de la Couronne au titre de Résidence Royale par la nouvelle Constitution.

La période est agitée et Marly se trouve quelque peu abandonné… des heures sombres s’annoncent et le parc est livré au pillage.

En 1790

Ce sont surtout les bois qui font l’objet de convoitises tant et si bien qu’il est décidé de couper l’ensemble des bois taillis et de ne conserver que les futaies et arbres autours des pièces d’eau pour maintenir un semblant de décoration du parc jadis admiré par l’Europe entière ; sans oublier les bois au niveau de l’abreuvoir qui deviennent pâture. Les temps ne sont plus à la fête mais à la « subsistance ».

Le 17 mai 1790

Au matin, Louis XVI va se promener à Marly. Il n’est accompagné que de cinq seigneurs de la Cour et de quelques officiers supérieurs de la Garde Nationale.

Au lendemain du 10 août 1792

Marly comme les autres résidences de la liste civile est mis sous séquestre.

Le château souffre de dégradations, une partie des œuvres d’art est préservée et visible au « Musée du Domaine Royal de Marly » :

Les tableaux de François-Albert Stiemart, « l’été » et « l’automne » de l’appartement du Dauphin à Marly, les commodes de François Mondon de l’appartement des filles de Louis XV à Marly.

L’Automne de François-Albert Stiemart
L’Eté de François-Albert Stiemart

La statuaire est transférée à Paris , les « Chevaux de Marly » de Guillaume Coustou vers la place de la Concorde, « Mercure » et « La Renommée » d’Antoine Coysevox vers les jardins des Tuileries.

Le 10 juin 1793

Un décret ordonne la vente des meubles et immeubles de l’ancienne liste civile, Marly reste pour ainsi dire sauvé. Mais la Révolution suit son œuvre destructrice et Marly va être victime plus qu’ailleurs d’un certain zèle, lors de la levée des scellés, le «peuple» découvre avec horreur la présence de signes ostentatoires et surtout attentatoires à sa vue… trop de couronnes, de lys… Marly n’est pas encore « inventorié » que l’on va s’acharner à faire disparaître les ornements royaux disséminés sur l’ensemble du domaine. Tout ce qui se rattache à la royauté doit disparaître… on enlève même les doubles « L » des balustres.

Pour le moment c’est la joie et les habitants de Marly ne voient pas encore, occupés qu’ils sont à se distraire devant un brasier où est brûlé un portrait de Louis XIV, que la perte artistique qu’ils applaudissent sera la perte de leur « richesse ».

Du 6 octobre 1793 au 3 janvier 1794

La vente du mobilier de Marly, représentant 5901 lots (là aussi comme ailleurs un numéro de lot contient souvent plusieurs éléments) pour un total décevant de 435 493 livres… soit un tiersde sa valeur réelle. Le sculpteur Boizot est chargé de prélever dans cet ensemble ce qui doit être conservé par la Nation. Grâce à lui on peut dire que les plus belles pièces sont inventoriées et sauvées de la vente ou de la destruction… mais pour un temps seulement car beaucoup vont disparaître.

Le château de Marly est désormais vidé de son mobilier… il est dépecé au fur et à mesure, telle est l’histoire de la lente mais irréversible agonie de ce domaine prestigieux.

On enlève d’abord vases et balustrades pour en récupérer le plomb. Mais on sonde le terrain pour en extraire l’ensemble des éléments en métal… c’est un peu la ruée sur le plomb et on n’hésite pas à détruire pour arriver à cette fin : les fontaines et leur réseau d’alimentation ne sont plus qu’un souvenir, partout la terre et les parterres sont creusés. Même les sculptures en plomb sont réduites à ce saccage et envoyées à la fonte, sous prétexte de leur « mauvais goût » selon les termes de l’époque, parce que toutes les sculptures en plomb n’ont pas été prélevées par la commission des arts.

La convention applaudit à cette extraction de métaux et encourage le vandalisme et la fièvre destructrice révolutionnaire.

Puis on s’acharne à détruire la richesse végétale du parc ou à la vendre.

Le parc est dévasté, les fontaines détruites, les bâtiments ravagés du fait de la perte de leurs richesses ornementales. Il ne reste guère plus que l’immense richesse statuaire… que la Révolution va se faire un devoir et un plaisir de ruiner à jamais.

En effet, en refusant de les laisser en place car elles étaient la proie du vandalisme sauvage et gratuit, cela a poussé à plus de destructions car durant les transports des œuvres la casse est quotidienne.

Le domaine est morcelé en petits terrains qui sont loués, on parle de détruire le château pour y construire une «montagne avec cascade» et de faire du Marly de Louis XIV un temple naturel aux grands hommes de l’époque révolutionnaire.

Le château devient une caserne pour des hommes qui ne respectent les lieux et qui détachent boiseries et parquets pour les brûler.

La vente du domaine en vertu de la Loi du 18 mars 1796 pose de nombreuses questions et de nombreux troubles… vendre Marly c’est vendre plus de trois cents arpents de bois. c’est vendre les réservoirs alimentant Marly bien sûr mais aussi Versailles! C’est aussi enlever la possibilité de loger des troupes !!!

Marly est donc sauvé jusqu’à ce que le député Jacques Garnier de Saintes (1755-1818) dans un rapport du 9 mars 1797 soutiennent les revendications de Coste qui veut acquérir le domaine avant que le Directoire ne l’en empêche. C’est ce député, beaucoup plus que l’acquéreur en fait, qui est le vrai responsable de la mort de Marly en poussant à autoriser la vente…

Le principe de la vente est acceptée par le Directoire si l’on exclut de cette vente les réservoirs et les terrains adjacents.

Le 8 octobre 1798

Le domaine de Marly est vendu à un fabriquant de draps de laine, Coste. La vente est effective le 31 mars 1799. A la suite de sa faillite, Coste dépèce le domaine et revend les matériaux issus des démolitions, tout est démonté en cinq ans.


Le domaine le plus prestigieux e le plus coûteux de Louis XIV, dépouillé de ses richesses, est abandonné pour 360 850 francs dont 162 000 francs pour les bâtiments.

Coste vend pour 200 000 livres le domaine à Sagniel. Sagniel, bourgeois opportuniste à qui la Révolution a souri… outre Marly, il possède d’anciens domaines confisqués des Montmorency.

Les dépendances de Marly deviennent une filature, le reste du domaine fait l’objet de soins. Il remet en état le grand miroir d’eau par exemple, fait planter des arbres et des fleurs, place des treillis. A côté de cela il fait abattre les pavillons, crée une cour pavée dans l’ancien grand salon central.

En 1806

Le nouveau pouvoir en place lui reproche ses premières destructions… Pourtant même le pouvoir ne veut plus vraiment de Marly… l’histoire est passée.

Sagniel grève le domaine de nombreuses hypothèques et veut le vendre à Napoléon Ier (1769-1824) qui ne porte qu’un intérêt pour le Parc mais ne veut pas du Château. 

Marly est un peu le jouet de Louis XIV. Se l’approprier c’est s’approprier Louis XIV ce que Napoléon ne veut pas… Il aurait souhaité que les révolutionnaires aillent jusqu’au bout en rasant Versailles.

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Un des célèbres chevaux de Marly
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Sagniel n’a plus d’autres solutions que de dépecer à son tour le domaine , le détruire et achever le cycle de l’histoire. Cette fois les habitants de Marly se montrent conservateurs et dénoncent les destructions. Ils étaient moins protecteurs il y a peu…

Le 27 juillet 1811

Sagniel revend le terrain à Andryane… un terrain vide, un véritable désert car tout a été détruit. Ce dernier le revend à l’Empereur qui souhaite à cette date et du fait de son mariage faisant de lui un petit neveu de Louis XVI et Marie Antoinette affermir un semblant de légitimité en reconstituant la liste civile.

En 1874

Le domaine voit se succéder les chasses royales, impériales, républicaines. Le parc devient une forêt, il ne reste plus que l’Abreuvoir de Louis XIV monument historique.

Marly - Le domaine et château de Marly Globul10
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Marly - Marly Dsc_2010

Dans les années 1930

Suite au classement du Domaine de Marly au titre des sites, un architecte, Robert Danis, est nommé pour le mettre en valeur. Il dessine en 1934, à l’emplacement du Pavillon Royal, une esplanade et sur laquelle le plan du bâtiment détruit est évoqué.

Le plan du bâtiment détruit sur le terrain
Emplacement du Pavillon de Marly
Chatsworth House - Wikipedia
Chatsworth House, situé au fin fond de l’Angleterre, ressemble à s’y méprendre au château de Marly. Il fut construit en 1687 par l’architecte William Talman Chatsworth House

Sources :

  • BERTIERE, Simone, Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 2 : Les femmes du Roi-Soleil, éditions de Fallois, Paris, 1998, 527 p. + 16 p. de planches illustrées
  • BERTIERE, Simone, Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 3: La Reine et la favorite, éditions de Fallois, Paris, 2000, 559 p. + 32 p. de planches illustrées
  • BERTIERE, Simone, Les Reines de France au temps des Bourbons, tome 4 : Marie-Antoinette L’insoumise, éditions de Fallois, Paris, 2002, 735 p. + 32 p. de planches illustrées
  • BOYER, Marie-France, Les Lieux de la Reine, Thames & Hudson, Paris, 1995, 112 p.
  • CAMPAN, Henriette, Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre, suivis de souvenirs et anecdotes historiques sur les règnes de Louis XIV, de Louis XV et de Louis XVI, 3 volumes, deuxième édition, Bauduin frères, Paris, 1823, 402 p. https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2050396.texteImage
  • CASTELLUCCIO, Stéphane, Le château de Marly sous le règne de Louis XVI: étude du décor et de l’ameublement des appartements du Pavillon royal sous le règne de Louis XVI Réunion des Musées Nationaux, Paris, 1996, 271 p.
  • CASTELLUCCIO, Stéphane, Marly : Art de vivre et pouvoir de Louis XIV à Louis XVI, Alain de Gourcuff, Paris, 2014, 264 p.
  • CASTELOT, André, Marie-Antoinette, Perrin, Paris, 1953, 588 p.
  • CORNETTE, Joël, Versailles, le pouvoir et la pierre, Fayard Pluriel, Paris, 2012, 320 p.
  • CORNETTE, Joël (sous la direction de),AUZEPY, Marie-France, Palais et pouvoir. De Constantinople à Versailles, presses universitaires de Vincennes, 2003, 400 p.
  • CORNETTE, Joël (sous la direction de), Versailles, le pouvoir de la pierre , Tallandier, Paris, 2006, 447 p.
  • DA VINHA, Mathieu, MASSON, Raphaël, Versailles pour les Nuls, First & Château de Versailles, 2011, 344 p.
  • LENOTRE GOSSELIN, Louis Léon Théodore, Versailles au temps des rois, Grasset, Paris, 1934, trois nouvelles éditions depuis 2006, 308 p.
  • LEVER, Evelyne, Marie-Antoinette, Fayard, Paris, 1991, 746 p.
  • MARAL, Alexandre, Le roi, la cour et Versailles : le coup d’éclat permanent, Perrin, Paris, 2013, 450 p.
  • ZWEIG, Stefan, (traduction : HELLA, Alzir), Marie-Antoinette, Grasset, Paris, 1933, 506 p.
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