
Guillaume Valet (1370-1442), valet de chambre de Charles VII (1422-1461), trésorier du duc de Bourgogne et Prévôt des marchands de Paris de 1429 à 1431.semble faire reconstruire un manoir, au lieu de l’ancien castel.
Il meurt à Paris, le 14 février 1442. Jean Sanguin, dit « Bâtard de Sanguin », hérite la seigneurie de son père ; il meurt à Paris le 13 novembre 1468.
« Bâtard de Sanguin »a plusieurs enfants, dont Antoine Sanguin, qui hérite de Meudon et porte ainsi le titre de seigneur de Meudon. Antoine épouse Marie Simon, et meurt le 18 octobre 1500.
En 1520

Le manoir est démoli par Antoine Sanguin (1493-1559), dit le cardinal de Meudon (grand aumônier de François Ier), fils du précédent, qui fait construire un corps de logis carré en brique et pierre d’un étage sur rez-de-chaussée, avec combles à lucarnes ouvragées.

Le 5 septembre 1527
Antoine Sanguin fait don du château à sa nièce Anne de Pisseleu (1508-1580), devenue maîtresse de François Ier (1515-1547),ce qui en fait quasiment la première dame de France de l’époque.

Pour mieux loger sa maîtresse en titre, François Ier fait financer l’ajout de « somptueux édifices », c’est-à-dire deux pavillons carrés de part et d’autre du corps initial, et deux ailes en retour terminées par des pavillons identiques. Ces agrandissements respectent le style du corps de logis. Un arc de triomphe est édifié au centre du mur de clôture, servant d’entrée majestueuse à la cour du côté de l’entrée.

Du 11 juillet au 5 août 1537
François Ier fait un long séjour à Meudon. Il y viendra à de nombreuses reprises jusqu’à sa mort, en 1547.
En 1552
À la mort de François Ier, Anne de Pisseleu, alors en disgrâce, doit vendre le domaine de Meudon à Charles de Guise, cardinal de Lorraine (1524-1574).

La famille des Sanguin quitte alors Meudon.
Le cardinal transforme sa nouvelle résidence en s’inspirant des modèles italiens, qu’il a pu découvrir lors de ces voyages à Rome.
Le 28 décembre 1552
Dans une lettre adressée à sa belle-sœur, Anne d’Este, le cardinal indique :
« J’ay esté à Meudon tandis que j’estoys à Paris et je vous supplie vous asseurer que la maison estant achevée comme elle se peult aisément y adjoutant certaines petites invantions que je y ait pansées et nos testes de et marbres qui sont à Paris, elle est pour ne recognoistre gueres d’aultres plus belles maisons de ce Royaulme ni plus santantes ung grand prince. J’espère, avant Quaresme prenant, y tenir et vous et vostre mari et vous verrez si je suis bon profette et s’il y a faulte, reprochez le moy… ».
Le cardinal de Lorraine à la princesse d’Este
Le cardinal fait doubler les ailes côté cour d’une galerie surmonté d’une terrasse, sur des dessins du Primatice (1504-1570). Les intérieurs sont décorés de scènes du concile de Trente (qui a eu lieu en 1542), auquel il a participé activement.
Des jardins en terrasse et une première orangerie sont créés autour de petits bâtiments, dont un petit palais de fantaisie dédié aux nymphes et aux muses,
Entre 1552 et 1560
La fameuse « Grotte de Meudon » est édifiée encore sur les dessins de Primatice et décorée par des compositions de l’artiste. Celle-ci forme un petit palais, sous un soubassement formé d’arcades, à l’abri des regards, puisqu’une colline sépare visuellement ce lieu du Château-Vieux, ainsi qu’il est justifié sur une estampe d’Israël Silvestre représentant la Grotte.
En 1574
À la mort du cardinal de Lorraine, le château reste propriété de la famille de Guise.
Pendant les guerres de religion
Le château de Meudon est pillé.
Le 1er août 1589
C’est au château de Meudon que le futur Henri IV (1589-1610) apprend l’assassinat du Roi Henri III (1574-1589) par Jacques Clément.
Le 2 août 1589
Henri III meurt à Saint-Cloud, et Henri de Navarre devient Roi de France, en qualité de premier Roi Bourbon.

En 1618
Le duc de Lorraine charge son architecte, Gabriel Soulignac, de modifier le château et d’étendre les jardins.
En 1623
D’autres travaux sont réalisés par Soulignac, avec la construction d’une terrasse et d’un escalier proches de la Grotte.
Sous la Fronde (1648-1653)
Le domaine est encore pillé, puisque les princes lorrains, possesseurs de Meudon, prennent le parti de la rébellion contre l’autorité royale.
Dès 1649
Le Grand Condé, à la tête de l’armée royale, s’empare de Charenton, Saint-Denis, Saint-Cloud et de Meudon.
Le 12 septembre 1654
Meudon, en piètre état, est racheté par Abel Servien (1593-1659), surintendant des finances, qui prend le titre de baron de Meudon.
Dès l’achat
Servien fait faire de grands travaux d’embellissement par l’architecte Louis Le Vau (1612-1670). C’est qu’il est à l’apogée de sa carrière, et que Meudon doit refléter cette puissance. Le château est alors richement meublé et décoré. L’avant-corps central est remplacé par un pavillon octogonal, surmonté par un haut toit en pyramide tronquée. Au centre du pavillon se trouve un grand escalier à double révolution. Un grand escalier, orné de douze colonnes monolithes de marbre le précède. Le premier étage abrite un grand salon à coupole, ouvert sur les jardins, similaire à celui construit au même moment par Nicolas Fouquet (1615-1580) en son château de Vaux-le-Vicomte, lequel exerce la charge de surintendant des finances avec Servien, et sous l’autorité de ce dernier, qui est plus âgé que lui.
Servien fait édifier une vaste terrasse sur l’avant-cour, afin de dégager la vue sur le château, engloutissant au passage près du tiers du village de Meudon, qu’il déplace ailleurs.
Du côté des jardins, il fait construire une orangerie monumentale, toujours conservée de nos jours.
En 1657
Servien agrandit le parc, qui existe au moins depuis la duchesse d’Étampes : au prix de nombreux rachats de terre, il arrive à percer une « Grande Perspective » au sud du château, et aménage des bassins, et étangs, dont celui de Chalais.
Le 17 février 1659
Servien meurt, à Meudon même, dans son appartement du rez-de-chaussée, ayant englouti une véritable fortune dans Meudon, toujours en travaux.
Durant vingt ans
Son fils, Louis-François Servien (1644-1710), marquis de Sablé, conserve le domaine.
En 1679
Louis-François Servien est finalement contraint financièrement de vendre le domaine de Meudon à Louvois (1641-1691).
En 1683
Louvois obtient la surintendance des bâtiments, il se lance alors dans une série d’aménagements grandioses. Il fait enrichir la façade du château de bustes et de balcons sur colonnes, en marbre gris. Il redécore somptueusement tout l’intérieur.
En 1684
Il fait poser des boiseries.
En 1687
Nicodème Tessin le Jeune (1654-1728), architecte suédois, a pris soin de noter les faits suivants, lors de sa visite au château:
« A Meudon, je suis allé avec un gentilhomme gascon et avec M. Silvestre (un graveur lorrain). Les vues, dont j’ai quelques unes, permettent d’en connaître les choses les plus importantes. La plus remarquable dans la maison était le plafond peint directement à l’huile sur la voûte par M. de La Fosse. Aux quatre angles de la composition, simulant le stuc, se trouvaient peintes deux figures assises et deux figures debout. Dans les coins et entre les statues, il y avait comme un œil-de-bœuf , car on y apercevait le ciel. (…) En haut, dans la salle ovale, les glaces faisaient très bien. Elles étaient disposées circulairement et étaient aussi hautes que les cinq fenêtres. Il n’y avait en dessous qu’un boiserie d’une demi-aune de haut. Dans chaque panneau se trouvaient juxtaposées trois glaces, d’environ 6 qv. de haut et, lorsqu’on se plaçait au centre du panneau, on pouvait se voir dans les trois glaces à la fois. A un bout de la galerie, il y avait un salon, dans lequel la table et tout le panneau compris entre les deux fenêtres étaient garnis avec du verre de miroir, et l’ouverture des portes était si grande que lorsqu’on se tenait au loin, on pouvait presque voir l’ensemble de la galerie. Il y a là, en outre, une profusion de belles, très grandes glaces. (…) En dessous, dans la propre chambre de M. de Louvois, il y avait trois tuyaux de cuivre qui laissaient passer à volonté de la chaleur. Cette chaleur venait d’un poêle de cuivre placé dans la cheminé de la chambre voisine. Un tuyau d’aération passant sous le vestibule arrivait à cette cheminée, pour ensuite distribuer la chaleur, lorsqu’on ouvrait la fenêtre de cette chambre (comme la « machine à donner de la chaleur » à Versailles). (…) La maison est extérieurement en très mauvais état. Le site est accidenté au possible, mais néanmoins très agréable. (…) »
Nicodème Tessin le Jeune
À l’extérieur, Louvois fait réaliser de vastes travaux hydrauliques pour alimenter les plans d’eau du parc, et permettre les jets d’eau les plus spectaculaires.
Durant toute la décennie 1680
Le parc haut est développé, tandis qu’André Le Nôtre (1613-1700) travaille sur les jardins sans discontinuité. Ce dernier crée pratiquement la totalité des jardins bas, invente de nouveaux bosquets et parterre, dont celui devant la Grotte. En somme, il réalise à Meudon tout ce que Louis XIV réalise de manière plus spectaculaire encore à Versailles au même moment.
En juillet 1681
La Reine de France, Marie-Thérèse (1638-1683), vient visiter Meudon.

Le 17 août 1684
Louvois fait préparer une grande fête à Meudon, en l’honneur de Monsieur (1640-1701), frère du roi, et de Madame (1652-1722), son épouse, propriétaires du château voisin de Saint-Cloud.
Le 2 juillet 1685
Louis XIV (1638-1715), Monseigneur le Dauphin (1671-1711), la Dauphine (1660-1690), Monsieur et Madame, « accompagnés de la plus grande partie des Princes et des Seigneurs de la Cour », viennent à Meudon, où Louvois traite le Roi et toute la Cour « avec beaucoup de magnificence ». Il est donné « une magnifique collation, pendant laquelle tous les violons et hautbois de l’Opéra jouèrent des airs de la composition de Lully ».

En 1686
Une réception est encore donnée à Meudon, en l’honneur des ambassadeurs de Siam, qui découvrent tant les jardins que le château.
Le 25 août 1689
Louvois reçoit une nouvelle fois Philippe d’Orléans à dîner à Meudon.
Le 16 juillet 1691
Louvois meurt brusquement à Versailles. Il était parvenu au faîte des honneurs, et la splendeur de Meudon symbolisait matériellement cette puissance.
Le 1er juin 1695
Sur proposition de Louis XIV, la veuve de Louvois, Anne de Souvré et son fils Barbézieux acceptent d’échanger Meudon contre le château de Choisy et une compensation. Le château, estimé alors à 500.000 livres, et déjà considérablement embelli par les propriétaires successifs, va connaître sa période la plus brillante.
Louis XIV l’offre à son fils, Louis de France, dit le Grand Dauphin (1661-1711).

Dès 1695
Le Grand Dauphin fait faire de grands travaux au château de Meudon et contribue de sa cassette particulière aux frais et aux embellissements de ce château pour une somme de un million cent quarante mille livres, quoique le Roi son père l’ait mis au nombre des habitations royales et à la charge des bâtiments de la Couronne.
Durant seize années
On dépense au moins trois millions de livres pour embellir et entretenir le domaine, somme colossale. Le prince fait redécorer les appartements à son goût. Le Dauphin laisse s’exprimer à Meudon ses propres conceptions artistiques, rompant avec l’aspect parfois compassé du style Louis XIV. On systématise à Meudon l’utilisation des boiseries « à la Capucine », lambris de bois sculptés et vernissés, rehaussé d’or. Le style Régence se met en place en partie à Meudon. Le Dauphin réunit au château ses riches collections, qui essayent de rivaliser avec celles du Roi. Il n’hésite pas à faire décorer certaines pièces à plusieurs reprises,



En 1702
L’espace du Château-Vieux s’avère bien vite insuffisant. Le Grand Dauphin Louis fait réaménager l’aile des marronniers, ancienne cour des offices, afin de la relier au château par une galerie suspendue. Il y aménage au rez-de-chaussée un grand appartement de réception. Il fait également construire de nouveaux communs, qui sont encore visibles. Il confie également à Jules-Hardouin Mansart (1646-1708), l’architecte de tous ces travaux, la construction d’une chapelle.
La chapelle a été achevée fin 1702, sur les plans de Mansartt. Cette construction, voulue par Monseigneur, est visée par Louis XIV. Cette chapelle est formée sur le même modèle que la chapelle royale de Versailles. que celle de Meudon précède de dix ans. La nef est voûtée en berceau et se termine par un cul-de-four au-dessus du sanctuaire.
La chapelle sera détruite entre 1805 et 1808.
En 1705
La place manque toujours pour loger les courtisans, de plus en plus nombreux. C’est, qu’à tout moment, Monseigneur peut devenir le prochain Roi de France, par la mort de Louis XIV vieillissant.
Le Dauphin décide alors de démolir la célèbre grotte, passée de mode, et d’y construire un nouveau château, le Château-Neuf. Tous les travaux de Meudon sont en effet réalisés par les mêmes artistes employés par le Roi, ceux qui travaillent pour l’institution des Bâtiments du Roi.
Le Château-Neuf comprend cinq niveaux, mais du fait de la forte pente, il n’a pas le même aspect du côté du parterre et du côté de la forêt. Il est composé de trois pavillons couronnés de toits à terrasse faîtière, reliés entre eux par deux corps de logis. Cette sobre architecture – qui ne doit pas faire ombre au caractère architectural du Château est enrichie par de fines sculptures sur les pavillons latéraux, et aux frontons centraux, où se retrouvent des anges soutenant les armes du Dauphin.
À l’intérieur, des enfilades d’appartements s’ouvrent sur un grand couloir médian. La décoration intérieure, qui met en lumière les collections du Dauphin, est composée de lambris vernissés ou peints de couleurs claires, rehaussées de dorures.
Un appartement d’apparat est prévu pour recevoir Monseigneur, puisque Louis XIV conserve son logement habituel au sein du Château-Vieux, malgré la construction nouvelle.

De 1695 à 1711
Le Dauphin passe près d’un tiers de l’année à Meudon. Le domaine constitue en effet le « château de famille » des membres de la famille royale, un modèle de ce que sera le Petit Trianon pour Marie-Antoinette.
En 1711
À la mort du Dauphin, le château est toujours parfaitement entretenu, puisque les Bâtiments du Roi en prennent soin. Néanmoins, jusqu’à la mort de Louis XIV, aucun membre de la proche famille royale ne revient à Meudon.
Le 16 mai 1718
Madame de Ventadour (1654-1744) fait tirer un feu d’artifice pour Louis XV (1710-1774), qui séjourne tout l’été à Meudon, deux ou trois fois par semaine.

Le 6 juin 1718
Un nouveau feu d’artifice est tiré en l’honneur du Roi.






Désormais, les Dauphins reçoivent Meudon comme résidence principale , et le vieux château sert à leur suite .
Le 27 septembre 1722
A la demande du jeune Roi, le Maréchal de Villars vient à Meudon voir le fortin construit pour Louis XV qui « lui parla souvent de son fort et le mena à toutes les attaques ».

Du 4 juin au 13 août 1723
Louis XV, l’ « Infante Reine », le Régent (1674-1723) et la Cour s’installent à Meudon pour un mois, le temps de remettre Versailles en état de loger les jeunes souverains.



Voici une gravure représentant des Illuminations offertes au Dauphin, Louis-Ferdinand (1729-1765) au Château de Meudon en 1735 :


faisait partie du grand escalier du château
Le 14 décembre 1725
La nouvelle Reine Marie Leszczynska (1703-1768), qui a épousé Louis XV le 5 septembre précédent, vient visiter Meudon pour la première fois.
A partir du 21 mai 1733
« Séjour des Enfans de France à Meudon en 1733.
Le séjour des Enfans de France à Meudon a été déterminé(…) dans une assemblée de médecins qui s’est tenue à Versailles, par rapport à leur santé, la mort de Madame Troisième et celle de Monsieur le duc d’Anjou ayant fait peur pour les autres.
Il est donné ordre à l’officier des gardes qui commande à Meudon de ne point laisser entrer le Roi dans la chambre de M. le Dauphin ny des dames. »

Les parents de la reine : le séjour de Stanislas Leszcynski (1736-1737)
Le 4 juin 1736, Stanislas Leszcynski, après son abdication d’avril, s’installe à Meudon provisoirement. « S. M. y va au moins une fois la semaine depuis que le roi et la reine de Pologne y habitent » (Duc de Luynes).
Le 30 septembre 1736, signature secrète de la fameuse « déclaration de Meudon » par le roi Stanislas sous la pression de Louis XV et le cardinal Fleury. Selon les termes de l’accord, la possession du duché de Bar sera « actuelle » pour Stanislas Leszczynski et « éventuelle » pour Louis XV.
Le 18 janvier 1737
Stanislas Leszcynski (1677-1766) remet les sceaux au nouveau chancelier qui prête serment entre les mains du Roi de Pologne. La cérémonie a lieu dans le grand vestibule du Château Vieux, au rez-de-chaussée du pavillon central.

Le 31 mars 1737
« Le Roi a été aujourd’hui à Meudon dire adieu au Roi et à la Reine de Pologne. »
duc de Luynes
Le 1er avril 1737
Les parents de la Reine quittent le château de Meudon. Les deux châteaux (le vieux et le neuf) sont alors démeublés.
Vers 1749
Adulte, Louis XV préfère à Meudon le château de Bellevue tout près qu’il fait construire pour Madame de Pompadour (1721-1764). Le château est utilisé pour le logement des courtisans, et les écuries du château sont utilisées pour desservir Bellevue, dont les écuries sont fort modestes.
En 1774
Le nouveau jeune Roi Louis XVI aime souvent venir chasser à Meudon.

Le 10 octobre 1775
Un an après son avènement, l’architecte Le Dreux dresse un inventaire, qui recense les « glaces, bronzes, marbres, tableaux et autres effets appartenant au Roi » placés au château. En marge sont tracés les schéma de l’ensemble de ces miroirs. Ce document est dressé en « exécution des ordres du comte d’Angevilliers« , surintendant des bâtiments de Louis XVI .

En mai 1778
Un édit du Roi réunit le domaine de Meudon à celui de Versailles ( qui sont séparés de neufs bons kilomètres) , « pour être régi & administré à l’avenir de la même manière« .


En 1783
Louis XVI dessine lui-même un pavillon, dit le « pavillon de Trivaux« , dans un style anglo-chinois, qui sera finalement corrigé dans un style plus français par l’architecte Heurtier. Ce pavillon est situé tout en haut du tapis vert de Meudon.




En 1787
L’état du Dauphin Louis-Joseph (1781-1789) s’empire : les fièvres se succèdent et son dos se déforme si bien qu’il est bientôt bossu. On l’installe alors loin de la cour à Meudon où Marie-Antoinette de Saint-Cloud tout prêt peut passer la plus grande partie de son temps à veiller son fils qui se montre toujours tendre.

Le 22 février 1788
Mon fils aîné me donne bien de l’inquiétude, mon cher frère. Quoiqu’il ait toujours été faible et délicat, je ne m’attendais pas à la crise qu’il éprouve. Sa taille s’est dérangée, et pour une hanche, qui est plus haute que l’autre, et pour le dos, dont les vertèbres sont un peu déplacées et en saillie. Depuis quelques temps, il a tous les jours la fièvre et est fort maigri et affaibli. Il est certain que le travail de ses dents est la principale cause de ses souffrances. Depuis quelques jours, elles ont beaucoup avancé, il y en a une même entièrement percée, ce qui donne un peu d’espérance. Le roi a été très faible et maladif dans son enfance, l’air de Meudon lui a été très salutaire. Nous allons y établir mon fils. Pour mon cadet, il a exactement en force et en santé ce que son frère n’en a pas assez. C’est un vrai enfant de paysan, grand, frais et gros.
Marie-Antoinette à Joseph II
A partir de 1788
Le duc d’Harcourt donne des bals « pour amuser Monsieur le Dauphin ».

Image de Louis XVI, l’homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Therry Binisti
Le 8 juin 1788
Voici la description du château de Meudon par l’un des visiteurs du Dauphin Louis-Joseph qui y est envoyé en convalescence:
« J’ai accompagné mesdames les ambassadrices au château de Meudon. Le château neuf, où nous avons dîné chez M. le duc d’Harcourt, a été bâti par Monseigneur pour Mlle Choin qui était sa maîtresse. Ce château est dans une proportion qui le rendrait convenable à tout seigneur en état de dépenser deux à trois cent mille livres par an. Il n’en est pas de même du vieux château. Ce palais, que M. de Louvois avait augmenté, embelli avec une magnificence aussi indécente qu’incroyable, serait encore très facilement une demeure vraiment royale. Tous les plafonds sont peints en arabesque, comme si le goût régnant eût présidé à leur ordonnance. Les corniches, les cheminées, les parquets de superbes boiseries, rien n’aurait besoin d’être modernisé. Il y a, pratiqué dans une tourelle, un cabinet peint également en arabesque sur un fond d’or, qui est aussi frais de peinture que s’il sortait des mains d’un de nos meilleurs artistes. Il est question de faire de ce beau château la demeure de Mgr le Dauphin pour tous les étés, si nous n’éprouvons pas le chagrin de perdre ce prince. »
Le marquis de Bombelles

« Il n’en est pas de même du vieux château (celui du cardinal de Lorraine, construit par Philibert Delorme). Ce château fut démoli ensuite. ce palais que M. de Louvois avait augmenté, embelli avec une magnificence aussi indécente qu’incroyable, serait encore très facilement une demeure royale. Tous les plafonds sont peints en arabesque comme si le goût régnant eût présidé à leur ordonnance. Les corniches, les cheminées, les parquets de superbe boiserie, rien n’aurait besoin d’être moderne. Il y a pratiqué dans une tourelle un cabinet peint également en arabesque sur un fond d’or, qui est aussi frais de peinture que s’il sortait des mains d’un de nos meilleurs artistes.
Idem
Il est question de faire de ce beau château la demeure de M. le Dauphin pour tous les étés, si nous n’éprouvons pas le chagrin de perdre ce prince . On nous l’a fait voir : j’aurais pleuré si j’eusse osé du lamentable état dans lequel je l’ai trouvé, courbé comme un vieillard , ouvrant des yeux mourants au milieu d’un teint livide. Il craint le monde, il a honte de se montrer. Si on le sauve du cruel marasme dans lequel il est encore, bien qu’un peu mieux, ce ne sera vraisemblablement qu’aux dépens de sa taille qu il réchappera.
Petit, l’anatomiste, espère cependant qu’il guérira sa personne et sa taille, mais il se plaint de n’avoir été appelé qu’au moment où le mal était presque incurable. Il caractérise la maladie du nom de vertébrale et diffère d’opinion avec Brunier, le premier médecin… Nos enfants de France ont été souvent victimes de ces contlits d’opinion. Les soins que le duc et la duchesse d’Harcourt prennent de ce précieux enfant sont tout à fait respectables. »

En 1789
Mercy commente l’aggravation nette de la santé du petit Prince :
« Les articulations des pieds et des mains perdent leur flexibilité , on y remarque des tumeurs qui annoncent un rachitisme décidé. Les médecins ne savent plus de remède à y apporter. »
Louis-Joseph doit garder le lit en permanence où il souffre d’un corset qui doit redresser sa colonne vertébrale déformée. La tuberculose dont il est atteint le mine chaque jour davantage sous le regard impuissant de la Reine qui a le cœur brisé de voir ainsi son enfant.
Les rares sorties du Dauphin dans les jardins se font dans un fauteuil roulant.

Au printemps de 1789
La princesse de Lamballe rend visite au Dauphin agonisant à Meudon, accompagnée de la marquise de Laage de Volude, sa dame de compagnie.
Louis XVI et Marie-Antoinette ont décidé de transporter leur fils mourant à Meudon, car l’air y était plus pur qu’à Versailles.
Elles en reviennent toutes remuées ; les deux dames l’avaient trouvé d’une raison et d’une patience, qui les avaient touchées au cœur.
Madame de Laage note dans ses mémoires :
« Quand nous sommes arrivées, on lui faisait la lecture. Il avait eu la fantaisie de se faire coucher sur un billard, on y avait étendu des matelas.
Nous nous regardâmes, la princesse et moi, avec la même idée, que cela ressemblait au triste lit de parade après leur mort. »
Madame de Lamballe ayant demandé au petit malade quel livre il lisait à ce moment : « Un moment fort intéressant de notre histoire, madame, le règne de Charles VII ; il y a bien là des héros ! » Et ses beaux yeux mourants se tournaient vers la princesse, en lui disant cela.
Dr Cabanès, Moeurs intimes du passé, « Education des princes ».
Le 2 avril 1789
L’état de Monsieur le dauphin n’a pas empiré depuis quinze jours, mais le peu de changement en mieux que l’on croit y apercevoir de temps en temps n’est pas de nature à donner des espérances fondées, et il est plus que probable qu’il faut y renoncer entièrement.
Marie-Antoinette à Joseph II
Le 10 mai 1789
L’état de Monsieur le dauphin est toujours à peu près le même. Un dévoiement, qui ne l’affaiblit pas autant qu’on aurait pu le craindre, est interprété diversement par les médecins. Les uns le regardent comme une crise salutaire, les autres prévoient qu’elle ne peut aboutir qu’à l’extinction du peu de force qui reste au malade. L’enflure ne diminue pas, et il n’existe aucun symptôme probable de guérison.
Marie-Antoinette à Joseph II

« Voyant l’infinie douleur de Monsieur du Bourcet, son valet, le jeune garçon avait réclamé gentiment une paire de ciseaux, avec laquelle il coupa une mèche de ses cheveux pour la confier au loyal serviteur :
« Tenez, Monsieur, lui dit-il, voilà le seul présent que je puisse vous faire, n’ayant rien à ma disposition; mais, quand je serai mort, vous présenterez ce gage à mon papa et à ma maman; en se souvenant de moi j’espère qu’ils se souviendront de vous. » «
Il y avait à Meudon un serviteur un peu plus maladroit que les autres, qui faisait mal à Louis-Joseph lorsqu’il le prenait dans ses bras pour l’emmener prendre l’air. Un jour, Madame d’Harcourt, épouse du gouverneur de Louis-Joseph, appelle ce serviteur pour emmener le jeune malade dans le jardin. Louis-Joseph, sachant qu’il va encore avoir mal, s’écrie
– Ah, ne sonnez pas. Un tel va venir, il est de service aujourd’hui, il me fait mal.
– Il fait tout ce qu’il peut pour vous soulager, répond Madame d’Harcourt. Il est peut-être moins adroit que les autres mais il est aussi attentif, et le refus que vous ferez de son service le désespérera.
Alors Louis-Joseph change d’avis :
– Sonnez, j’aime bien mieux souffrir que de faire de la peine à un brave homme.
Le 2 juin 1789 à dix heures du soir
Le bourdon de Notre-Dame sonne « la prière des quarante heures »
Le 3 juin 1789
On expose le saint sacrement dans toutes les églises de Paris.
« … le pauvre enfant va de pire en pire !… Tout ce qu’on dit de ce pauvre petit est incroyable ; brise le cœur de la reine ; c’est d’une tendresse extrême pour vous. L’autre jour, il l’a suppliée de déjeuner dans sa chambre ; hélas! Elle a avalé plus de larmes que de pain... »

Le pauvre prince s’éteint à une heure du matin le 4 juin. La Reine est à son chevet.
Le jour de sa mort, Madame de Laage de Volude et la princesse de Lamballe se rendent à Meudon :
« … Monseigneur Le Dauphin a été exposé dans son cercueil. J’ai été à Meudon avec la princesse pour l’arroser avec l’eau bénite. Tout était blanc et argent partout ; et dans la chambre où il se trouvait il y avait tellement de lumière que je n’avais jamais rien vu de tel ; il avait sa couronne, son épée, ses ordres sur le petit cercueil recouvert d’un drap d’argent et deux rangées de moines de chaque côté qui priaient continuellement, jour et nuit…«
Madame de Laage de Volude

En raison des premiers remous causés par les Etats généraux, et de la nécessité de faire des économies, le Dauphin est enterré sans la pompe des funérailles solennelles auxquelles son âge et son rang lui donnaient droit.

Marie-Antoinette écrit à Joseph II:
« La nation n’a pas seulement eu l’air de s’apercevoir de la mort de mon pauvre petit dauphin ».

En 1791
Le château sert toujours de lieu de villégiature au nouveau Dauphin, ainsi que le représente une aquarelle d’Isabey:

En 1795
Le château (la partie Vieux-Château) est incendié.





Entre 1860 et 1870

Le prince Napoléon, cousin de Napoléon III (fils du prince Jérôme) occupe très souvent le château de Meudon. Il y abrite sa liaison avec la comédienne Rachel .

Les réceptions y sont fastueuses comme celle donnée au Roi du Portugal en 1867.
En 1871

Le château de Meudon est bombardé (c’est cette fois la partie du Château-Neuf qui est touchée) , l’installation de l’Observatoire permet cependant d’en conserver les parties les moins endommagées :




En 1878
Le château de Meudon est transformé en observatoire servant de réceptacle à une lunette astronomique.
En 1927
Le château de Meudon est rattaché à l’Observatoire de Paris.
Sources :
- BOMBELLES, Marc Marie, marquis de, Journal (1780-1822), publié par Jean Grassion et Frans Durif, sous la direction de son arrière-petit-fils, Georges, comte Clam Martinic, 8 tomes, éditions Droz, Genève, 1978 à 2013.
- DUARTE, Christophe, Versailles passion, groupe FB https://www.facebook.com/groups/345409295656055
- GROUCHY, Emmanuel-Henri, vicomte de, Les châteaux de Meudon et le château de Bellevue : Album de quarante-cinq photographies, Meudon, 1865, 32 p. et 45 pl. de photographies
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8447080c.r=vicomte+de+grouchy.langFR
- GROUCHY, Emmanuel-Henri, vicomte de, Meudon, Bellevue et Chaville, Société de l’histoire de Paris, 1893, 176 p.
- JANTZEN, Michel, avec la collaboration de Valérie Solignac, Plan général des jardins et châteaux de l’ancien domaine de Meudon. Étude historique et iconographique, commande du Ministère de la Culture, 1979.
- JESTAZ, Bertrand, Jules Hardouin-Mansart, édition Picard, 2008, 2 tomes en coffret.
Source pour les vue reconstituées en 3 D : http://chateau-meudon.wifeo.com/