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La princesse de Guéménée

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La princesse de Guéménée

Le 28 décembre 1743

Victoire-Armande-Josèphe de Rohan naît à  Paris, au magnifique Hôtel de Soubise au 60 tue des Francs Bourgeois dans le quartier du Marais à Paris. Issue de la maison de Rohan, une famille qui prétend descendre des rois de Bretagne, elle est la fille de Charles de Rohan (1715-1787), prince de Soubise, duc de Rohan-Rohan, maréchal de France et d’Anne-Thérèse de Savoie-Carignan (1717-1745), fille de Victor Amadeus, prince de Carignan, princesse de Savoie, sa deuxième épouse.

Charles de Rohan, représenté en habit de Capitaine-lieutenant des Gendarmes de la Garde du Roi, tenant le Bâton de maréchal de France.
Anne-Thérèse de Savoie-Carignan

Par sa mère, elle est la cousine germaine de Marie-Thérèse de Savoie-Carignan (1749-1792), qui épousera le prince de Lamballe.

Marie-Thérèse de Savoie-Carignan

La princesse de Guéménée par Auguste Brun

Par son père, elle fait partie du clan Rohan puissant et influent, tandis que sa mère, cousine de Louis XV, de la princesse de Lamballe ( dont on comprend mieux la proximité relative avec Rohan dans l’Affaire du collier…) , des comtesses de Provence et d’Artois, est un lien avec la maison dirigeante de la Sicile.

Le 5 avril 1745

La princesse de Soubise meurt en couches à l’hôtel de Soubise à l’âge de vingt-sept ans, laissant Victoire sans mère à moins de deux ans.

Son père se marie à nouveau avec une princesse allemande de dix-sept ans, la Landgravine Anna Victoria de Hesse-Rotenburg. Le mariage devait être sans enfant et aussi extrêmement malheureux car les deux conjoints se tromperont…

En 1757

 Victoria s’enfuit de Paris avec son amant, M. de Laval-Montmorency, ce qui est scandaleux c’est qu’elle finance cette fuite avec 900 000 livres de bijoux qu’elle avait volés à son futur mari.

Le 15 janvier 1761

Elle épouse son cousin Henri-Louis-Marie de Rohan (1745-1809), grand chambellan de France et neveu du cardinal de Rohan qui sera impliqué dans la ténébreuse Affaire du Collier en 1785.


Henri-Louis-Marie de Rohan prince de guéménée

Henri Louis a deux ans de moins que sa fiancée. Le beau jeune couple, fabuleusement riche, élit domicile à l’hôtel de Rohan-Guéménée au 6 place des Vosges.

Le 17 novembre 1761 

Naissance de sa fille, Charlotte Victoire de Rohan (1761-1771)

La nouvelle Princesse est vive, intelligente, extravagante et un peu trop friande de jeux de hasard, ce qu’elle connaît bien entendu à la Cour de Louis XV lors de sa présentation à Versailles après son mariage. Avec les millions de Rohan à sa disposition, elle s’habille de vêtements magnifiques, cède à tous les caprices, peu importe le prix et perd des milliers à la table de jeux.

Elle devient célèbre pour ses bals incroyables et aussi, moins étonnamment, pour ses parties de jeux où  elle est reconnue coupable de fraude aux cartes à plusieurs reprises.

En 1763

Marguerite Laurent (1737-1801), la mère de Jean-Baptiste Cant Hanet, dit Cléry (1759-1809), le futur domestique du duc de Normandie (1785-1795), qui servira Louis XVI au Temple, est remarquée, alors qu’elle nourrit son enfant au milieu des prés, par Madame la Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767), au cours d’une promenade en voiture. Charmée par cette scène bucolique l’auguste princesse lui propose la charge de nourrice pour son enfant à venir : Madame Elisabeth qui naîtra le 3 mai 1764.

Malheureusement une chute, au cours de laquelle elle se casse deux dents, l’empêche d’exercer cette charge. La nourrice d’une petite fille de France à la brillante cour de Louis XV ne peut être édentée. Elle n’en est pas moins remarquée par la princesse de Guéménée, qui l’emploie comme nourrice de son fils Charles (1764-1836).

Le 18 janvier 1764

Naissance de son fils Charles-Alain (1764-1836).

Le 13 avril 1765

Naissance de sa fille, Louise de Rohan (1765-1839).

Le 20 juillet 1766

Naissance de son fils, Victor de Rohan, dixième duc de Montbazon (après son frère) , prince de Guéméné (1766-1846).

En 1767

La princesse de Guéménée est nommée gouvernante des Enfants et petits-enfants de France, alors que Madame Élisabeth (1764-1794), dite Madame Babet, n’a que trois ans et Madame Clotilde (1759-1802), dite Gros Madame, huit.

Cette même année 1767

Le prince de Guéménée devient capitaine-lieutenant des gendarmes de la Garde.

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Madame Élisabeth par Drouais
Madame Clotilds, soeur de Louis XVI, mariée au prince héritier de Piémont-Sardaigne
Madame Clotilde par Ducreux (1768)

                                                      

Madame de Guéménée et son mari s’établissent à Paris dans un somptueux hôtel situé place Royale (actuellement Place des Vosges) et s’étendant aux actuelles impasse Guéménée et rue des Tournelles.

Notre Hôtel près de la Place des Vosges | Hôtel 9Confidentiel Marais Paris

 Le 20 octobre 1768

Naissance de son dernier enfant, Jules Louis Armand de Rohan, prince de Rohan (1768-1836).

Le 22 avril 1769

Madame la comtesse du Barry, est présentée à la Cour .

Madame du Barry par Drouais

Comme la Dauphine, sa future amie, la princesse de Guéménée offense Louis XV en se levant et s’éloignant lorsque Madame du Barry, s’assoit à côté d’elle à Marly. Le Roi, qui voit l’insulte à Madame du Barry comme une insulte à lui-même, est exaspéré et il renvoie la princesse loin de la cour pendant un certain temps pour lui donner une leçon.

Le prince de Guéménée passe les hivers dans l’appartement de fonction de son épouse aux Tuileries, où il aménage un théâtre réputé.
Grand amateur de musique comme son beau-père, il mène des concerts de virtuoses fameux cher l’archevêque de Narbonne, Mgr de Dillon. C’est probablement là qu’il rencontre la comtesse de Dillon, Thérèse-Lucy de Rothe, dame du Palais de la Reine, (qui est la mère de la future Madame de la Tour du Pin ) qui sera son grand amour. Il vivent douze ans ensemble, jusqu’à la mort de celle-ci qui le plongera dans un désarroi terrible. Il se retire à Montbazon, où tous, jusqu’à sa femme, cherchent à le consoler.

« Monsieur le prince de Guéménée vivait publiquement avec Madame Dillon, depuis plusieurs années, et, dès que Madame de Guéménée a su la mort de Madame Dillon et la douleur excessive qu’elle causait à Monsieur de Guéménée, elle est partie de Trianon pour l’aller consoler . Ce n’est pas tout : le prince Charles, sa fille, et la princesse de Montbazon vont en Touraine, à la suite de leur père et beau-père, sécher les pleurs de cet amant désolé . Il ne manque plus que de voir Monsieur Dillon revenir de l’île de Saint-Christophe , où il commande, pour consoler l’amant de sa femme .
On appelle cela du procédé .»

Journal de Bombelles

La comtesse de Dillon, Thérèse-Lucy de Rothe (1751-1782)

« L’attachement de Monsieur de Guéménée pour Madame Dillon était extrême; il ne vivait que pour elle et ne la quittait pas; il a duré douze ans sans se démentir un instant et la mort seule a mis un terme à ses soins . Nos gens à sentiments ont voulu établir que jamais Monsieur de Guéménée n’en avait rien obtenu, et que sa passion était purement platonique . Pour moi, j’avoue que je suis un peu trop matériel pour croire à cette sublimité de sentiments .»

Mémoires de Besenval

Thérèse Lucy mourra en 1782 à l’âge de trente ans, laissant tous ceux qui la connaissent dévastés. 

Le 16 mai 1770

Le Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.

On May 16th, 1770, Marie Antoinette of Austria and Louis-Auguste of France were married in a lavish wedding ceremony at Versailles. The wedding of the couple, symbolic of a renewed alliance between their respective countries, was celebrated in a...

Prévenue contre Madame du Barry dès son arrivée en France, la très jeune Dauphine, au caractère entier, lui voue d’emblée une vive antipathie. Encouragée par le clan Choiseul et Mesdames, filles de Louis XV, Elle la traite avec un mépris affiché, en refusant de lui adresser la parole, ce qui constitue une grave offense, indispose le Roi et jusqu’aux chancelleries, puisqu’il faut que l’Impératrice elle-même impose de Vienne à sa fille un comportement plus diplomatique.

                                                                                                                      Le duel vu par Hollywood (1938)
Le Lys Quotidien ⚜️ on Twitter: "Le 19 avril 1770, Louis XVI se ...
Marie-Antoinette peinte vers 1770 par Joseph Ducreux

Le Château de Montreuil

( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

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Seigneurie dès le XIIe siècle, Montreuil est doté d’une forteresse en 1375. Entré dans le domaine royal, il est cédé aux Célestins de Paris par le roi Charles VI. Puis il est intégré au domaine de Versailles au temps de Louis XV. La source qui alimente à l’époque les étangs aujourd’hui asséchés, en fait un lieu à la mode où les proches de la Cour font construire de belles propriétés d’agrément.

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C’est ainsi qu’en 1772, le Prince de Rohan-Guéménée et son épouse acquièrent le domaine de Montreuil, qu’ils agrandissent pour former une propriété de huit hectares. Les transformations, tant de la maison que des jardins sont confiées à l’architecte Alexandre Louis Étable de La Brière.

En 1783, à la suite de la faillite retentissante des Guéménée, Louis XVI achète la demeure pour sa sœur cadette Élisabeth.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Montreuil-chambre-Madame-Elisabeth-3-1024x678.jpg.Ancienne chambre de Madame ElisabethL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Montreuil-chambre-Madame-Elisabeth-2-1024x678.jpg.
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Plan de 1787 suite aux modifications voulues par Madame Elisabeth :

1 – Portail donnant sur la rue Emard
2 – Cour des écuries
2b – Passage de la cour des écuries
3 – Cour des cuisines
4 – Chapelle
5 – Salle des gardes
6 – 1ère antichambre
7 – 2ème antichambre
8 – salle des buffets
9 – Salle à manger
10 – Salle de billard
11 – Salon de compagnie
12 – Salle du clavecin
13 – Salon turc

 

Ayant échappé au morcellement des propriétés lors de la Révolution française, la famille Clausse en devient propriétaire au début du XIXe siècle, Charles Louis Clausse, Maire de Versailles y décède le 10 septembre 1831.

Les bâtiments sont profondément transformés sous la Restauration pour donner la configuration que l’on connaît actuellement.

Entre les deux dernières guerres, des restaurations importantes sont réalisées par le propriétaire, Jean-Baptiste Chantrell. En 1955, sa fille Lydie vend la propriété à une société immobilière.

La maison de Madame Élisabeth appartient depuis 1984 au Conseil Général des Yvelines. L’Orangerie, acquise par le Département en 1997, sert de lieu d’expositions temporaires.

Le 10 mai 1774

Louis XV meurt et Louis-Auguste à l’âge de dix-neuf ans, devient Roi sous le nom de Louis XVI.

Louis XV, roi de France, âgé de 64 ans, deux mois avant sa mort, en mars 1774, par Montpetit
Louis XV
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On reconnaît la jeune Elisabeth aux côtés de la nouvelle Reine venant soutenir Louis XVI effrayé par le poids de sa couronne
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Louis XVI par Duplessis

Aussitôt après la mort de Louis XV

Le nouveau Roi Louis XVI désigne ses sœurs en leur disant :

« Nous ne nous séparerons pas. Je vous tiendrai lieu de tout.»

La Cour se réfugie provisoirement au château de Choisy.

Histoire du château de Choisy-le-Roi et reconstitution en 3D du domaine  royal. - YouTube
Le château de Choisy

En 1775

Henri, prince de Guéménée, est un homme très bien en Cour. Il reçoit la charge de grand chambellan de la Maison du Roi, à la suite de son oncle le duc de Bouillon (de la Maison de La Tour d’Auvergne). Cette charge lui donne un accès privilégié auprès du Roi, puisqu’il lui tend la chemise lors de son lever, honneur qu’il ne cède qu’aux Fils de France. Il a la garde du sceau secret de Sa Majesté. Il occupe une grande importance dans le rituel du Sacre, mais le prince de Guéménée n’eut pas l’occasion de profiter de cet honneur (c’est après le sacre de Louis XVI que Godefroid de La Tour d’Auvergne démissionne de sa charge pour son neveu).

Dimanche 11 juin 1775

Louis XVI est sacré à Reims. La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin.

tiny-librarian:
“The oath of Louis XVI at his coronation.
”

Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain :

« Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle »

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Louis-XVI-a-Reims.jpg.Louis XVI à Reims
Le Sacre de Louis XVI (11 juin 1775) - La Galerie de l'Histoire

Le 20 août 1775

Mariage de Madame Clotilde (1759-1802), Gros Madame, et du prince de Piémont, futur Charles-Emmanuel IV de Sardaigne (1751-1819), frère des comtesses de Provence et d’Artois.

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Victoire est nommée au poste de gouvernante des enfants royaux quand sa tante, la comtesse de Marsan , décide de prendre sa retraite après le mariage de son élève préférée, la princesse Clotilde.

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La petite Madame Babet avec son carlin, par Drouais, vers 1770

À ce stade, Louis XVI et Marie-Antoinette n’ont pas encore d’enfants. La seule charge de Victoire est donc la jeune princesse Élisabeth (1764-1794).

Lillian C. Smythe a écrit:

« La gouvernante royale était la princesse de Guéménée, qui a reçu cette nomination en raison de sa relation avec Madame de Marsan, la fonction d’enseignement étant considérée comme dévolue à la famille de Rohan. Il ne faisait aucun doute que la princesse de Guéménée était capable de donner des instructions sur bien des sujets. Elle aimait beaucoup les petits chiens et apparaissait invariablement entourée d’une multitude d’entre eux. Elle leur a offert une espèce de culte et a fait semblant, par leur intermédiaire, de communiquer avec le monde des esprits

La princesse Elisabeth est plutôt consternée par le changement de gouvernantes. Madame de Marsan était stricte et plutôt désagréable et Élisabeth la détestait de tout cœur. Mais Victoire, qui n’était peut-être pas le meilleur choix, compte tenu de la nature paisible et vertueuse d’Élisabeth et de la façon de se soustraire à toute intrigue qui pourrait s’approcher d’elle, car la princesse de Guéménée est une héroïne dramatique, une Rohan typique, encline à avoir des relations amoureuses désordonnées, à gaspiller une fortune en friperies , laissant une traînée de dettes et elle aime aussi trop le jeu.

Madame Elisabeth qui a un très fort sens de la morale est bien consciente de la réputation capricieuse de sa nouvelle gouvernante et de son comportement extravagant et doit se préparer au pire.

Au final, elles semblent s’être assez bien entendues. Victoire est d’une nature affectueuse et amusante que les jeunes apprécient. Pour sa part, la Princesse trouve que sa tante, Madame de Marsan était trop stricte avec ses accusations et que Madame Élisabeth est trop modeste, pieuse et sérieuse. Ce dont elle a besoin, décide la princesse, c’est de s’amuser plus et elle encourage donc la jeune fille à assister à ses fêtes et à ses bals pour essayer de la rendre plus sophistiquée et frivole. Cela ne fonctionne pas vraiment car Élisabeth est également extrêmement têtue.


Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Une chose heureuse dans le nouvel arrangement est que Victoire emmène souvent Élisabeth dans sa nouvelle maison à Montreuil, près de Versailles. La princesse, qui préfère un style de vie plus simple à l’ostentation de Versailles, est enchantée par le château et en tombe follement amoureuse.

Le best-of de Montreuil - zOOm Versailles
Montreuil

Margaret Trouncer l’a décrite:

«La maison, construite en 1776, était un bâtiment blanc, semi-circulaire, à deux étages, avec les écuries d’un côté et les bureaux de la cuisine de l’autre, assez loin de la salle à manger. Au rez-de-chaussée, une chapelle circulaire occupait le centre. Les pièces principales étaient le boudoir, avec des boiseries et un placard à décor d’arabesques, la bibliothèque avec des bibliothèques vitrées en verre clair, la chaufferie du buffet pavée de marbre blanc, la salle à manger, la salle de billard, la salle de musique, le salon et quelques antichambres. Certains des anciens planchers en petits parquets étaient toujours là. A l’étage, 21 chambres lambrissées. De l’autre côté, les portes-fenêtres donnaient sur un parc. On pouvait sortir directement du salon dans le jardin. A droite, l’allée de tilleuls en haut de la terrasse, dont le mur séparait le domaine de l’avenue de Paris. A gauche, caché par les arbres et assez loin, une orangerie, une laiterie, des étables, des bâtiments de ferme et la maison du jardinier. Il y avait aussi des potagers et des maisons chaudes. »

Domaine de Madame Elisabeth - Versailles - Journées du Patrimoine 2018
Montreuil

 Le 17 août 1776

Mercy écrit :

« Le duc de Coigny , premier écuyer du roi, qui passe pour être beaucoup trop intimement lié à la princesse de Guéménée, est maintenant celui des courtisans qui a le plus de crédit auprès de la reine.»

Victoire de Guéménée-Rohan affecte de traiter la Reine sur un pied d’égalité, ce dont celle-ci ne s’offusque pas le moins du monde. Marie-Antoinette est ravie de la simplicité de ces relations et n’hésite pas à surprendre son amie à Montreuil sans se faire annoncer, dès que l’envie lui vient.

Les 30 octobre et 1er novembre 1776

Louis XVI ayant concédé à sa femme le droit d’organiser une séance de jeu, celle-ci s’arrange pour la faire durer trois jours. La Reine laisse de fortes sommes sur le tapis vert.

Marie Antoinette, reine d'un seul amour de Caroline Huppert, avec Emmanuelle Béart - Page 2 Zz11
Emmanuelle Béart est Marie-Antoinette pour Caroline Huppert, en 1988.
Léa Gabrielle est Madame de Lamballe et Isabelle Gélinas Madame de Polignac
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Image de Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975)

Ce jeu de trois jours se déroule chez Madame de Guéménée…

Les jeux de hasards seront prescrits par le Roi en 1787.

En 1777


Joseph II

Lors de sa visite à Versailles, Joseph dit à Mercy toute sa contrariété de voir Marie-Antoinette toujours fourrée chez Madame de Guéménée.
L’ambassadeur réfléchit au moyen d’y remédier et fait son rapport à Marie-Thérèse :

Le 15 juin 1777

Mercy écrit à Marie-Thérèse :

« Le 28 mai (1777), l’empereur revint le matin, et en descendant de voiture, il daigna entrer dans mon appartement . S.M. m’apprit que la veille, pour céder au désir de la reine, il l’avait accompagnée dans la soirée chez la princesse de Guéménée, qu’il avait été choqué du mauvais ton de l’assemblage des gens, et de l’air de licence qui régnait chez cette dame. S.M. y avait vu jouer au pharaon. Elle avait entendu elle-même des espèces de reproches faits en présence de la reine à Mme de Guéménée sur sa façon suspecte de jouer. L’empereur était indigné de cette indécence; il avait dit nettement à la reine que cette maison était un vrai tripot. La reine avait cherché à pallier cette vérité; elle était même retournée après minuit chez ladite princesse sous prétexte qu’elle le lui avait promis . L’empereur en était mortifié et en concluait une obstination décourageante . J’observai à S.M. que, comme il s’agissait de ramener la reine de fort loin, il n’était pas possible d’effectuer ce changement tout d’un coup, qu’il fallait avec patience tâcher de gagner du terrain peu à peu . S.M. daigna écouter avec bonté quelques moyens que je proposai et qui, quelques jours après, eurent beaucoup d’effet . S.M. alla voit exercer le régiment des gardes suisses. Elle revint le soir un peu indisposée de fatigue et se coucha avant huit heures .»

Le comte de Mercy-Argenteau

« La reine va moins fréquemment le soir chez la princesse de Guéménée que chez la princesse de Lamballe. Mais les séances chez cette dernière ne sont guère moins dangereuses, les intrigants s’y trouvent d’un genre un peu plus illustre, c’est la seule différence.»

Le comte de Mercy

La princesse est une femme d’esprit, mais elle a quelques lubies qui déconcertent. Ainsi, au milieu d’une conversation où elle montre du jugement et de la finesse, elle tombe en extase, prétendant par la suite avoir discuté avec des esprits intermédiaires ou avec ses chiens.

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La princesse de Guéménée

Madame de Guéménée

Elle vit en bonne entente avec son mari, tout en ayant un amant en la personne du duc de Coigny (1737-1821).


Le comte de Coigny

Victoire tombe, en effet, amoureuse de l’un des meilleurs amis de Marie-Antoinette, Auguste Gabriel de Franquetot, comte de Coigny, veuf depuis 1775 et parti avec une fille de six ans, Aimée que Victoire élève aux côtés de ses propres enfants et qui, devenue plus tard la duchesse de Fleury, sera la brève muse d’André Chénier. Victoire et Augustin sont devenus amoureux et sont apparemment dévoués l’un à l’autre. 


Auguste Gabriel de Coigny

On dit qu’elle se plonge dans des lubies et la passion des fêtes afin de ne pas voir la situation de son mari empirer.


L’hôtel de Soubise

Elle tient de ses parents une immense fortune, dont l’hôtel de Soubise ( qui abrite aujourd’hui les Archives Nationales), et une collection de parures merveilleuses. Elle ne les porte cependant jamais, mais les prête avec ostentation. On dit que pas une présentation ne se fait à la Cour sans que les pierres de la princesse ne paraissent.


La princesse de Guéménée par Ducreux
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Printemps/été 1778

Marie-Antoinette enceinte, il est décidé de mettre fin à l’éducation de Madame Elisabeth qui aura désormais sa maison en propre. A cette occasion, les Gouvernantes des Enfants de France récupèrent tout ce qui appartient aux princesses devenues adultes : meubles, vêtements, chaussures… On sait que Madame Adélaïde adolescente s’était insurgée contre un tel usage, cachant désespérément une tabatière qui lui était précieuse. Il faut donc tout racheter et le coût en est exorbitant pour monter correctement la maison princière. Or, contre toute attente, la princesse de Guéménée renonce à ce droit.

Le 19 décembre 1778

Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. La naissance est un supplice. Un instant, on croit que l’enfant est mort, mais des vagissements se font entendre : il vit. La Reine n’a pas le temps de s’en réjouir. Elle n’en peut plus. La tension, l’émotion, l’atmosphère confinée et étouffante, le vacarme des courtisans, le travail éreintant de douze heures…

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Images de Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
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Elle est prise d’une convulsion et s’évanouit.

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Images de Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
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Victoire de Guéménée est la gouvernante des Enfants Royaux de Louis XVI dès la naissance de Madame Royale.

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Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

La Reine l’entoure alors d’égards :

« J’espère que vous serez contente du logement quoique petit, le Roi en a été occupé toute la matinée dès neuf heures du matin et il en a fait décamper mes tantes qui y étaient établies.»

Il y a plus de changements, lorsque Victoire prend en charge la nouvelle petite princesse, Madame Royale, tandis que la détestable et cupide comtesse Diane de Polignac prend en charge Élisabeth. Être en charge de Madame Royale et de ses frères et sœurs est un grand honneur…

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“I am sending my dear mama the portrait of my daughter; it is very like [her]. The poor child is beginning to walk in her basket. Several days ago she said, “Papa”; her teeth are not out yet, but you can feel them all. I am delighted...

On raconte qu’après l’accouchement de la Reine, Victoire, rayonnante de fierté comme si elle avait elle-même donné naissance à l’enfant royal, se serait fait porter dans une chaise de  la chambre de Marie-Antoinette aux crèches royales du rez-de-chaussée de Versailles, le bébé sur ses genoux tandis que tout Versailles rendait hommage.

« La Reine venait beaucoup chez madame de Guéménée, mais moins constamment qu’elle n’a fait ensuite chez madame de Polignac. Madame de Guéménée était trop grande dame pour se réduire au rôle de favorite. Sa charge l’obligeait à coucher dans la chambre de monsieur le Dauphin. Elle s’était fait arranger un appartement où son lit, placé contre une glace sans tain, donnait dans la chambre du petit prince. Lorsque ce qu’on appelait le remuer, c’est-à-dire l’emmaillotage en présence des médecins, avait eu lieu le matin, on tirait des rideaux bien épais sur cette glace, et madame de Guéménée commençait sa nuit ; jusque-là, après s’être couchée fort tard, elle avait passé son temps à lire et à écrire.»

Madame de Boigne

Madame de Guéménée et le Dauphin Louis-Joseph

Les Guéménée fréquentent évidement l’hôtel du duc de Montbazon, le père du prince, place Royale, et l’hôtel de Soubise qui dès les années 1780 appartient à la princesse, cédé par son père, mais ils vivent et reçoivent surtout dans l’appartement de la Gouvernante aux Tuileries. Le prince y donne des soirées où brille son talent de violoniste.

En 1780

Son mari, Henri-Louis de Guéménée, est promu brigadier des armées du Roi.

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Madame de Guéménée dans le parc du Petit Trianon

Le 22 octobre 1781

Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François.

Marie-Antoinette accouche enfin d'un premier Dauphin, le 22 ...

En 1782

La banqueroute des Rohan-Guéménée est une faillite dont sont victimes en 1782, Henri Louis Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéménée et son épouse Victoire Armande Josèphe de Rohan, avec un passif de trente-trois millions de livres, et l’abandon de leurs charges à la Cour : madame de Rohan est démise de ses fonctions de gouvernante des Enfants de France et remplacée par la duchesse de Polignac.

«Seul un roi ou un Rohan aurait pu faire un tel échec», s’enorgueillit l’inconséquente princesse.

Pour certains, la ruine des Rohan aurait précipité la révolution…

C’est sans doute la conséquence d’un train de vie somptueux.

« Tout le monde sait que la maison de Rohan a prétendu depuis longtemps au titre de maison souveraine. On parlait devant madame la duchesse de Grammont de la banqueroute effroyable de M. le prince de Guéménée, banqueroute qui paraît surpasser en effet et l’audace et les ressources des plus riches et des plus illustres particuliers de l’Europe. « Il faut espérer », dit madame de Grammont, « que c’est là du moins la dernière prétention de la maison de Rohan à la souveraineté. » »

Grimm et Diderot dans les Mémoires historiques, littéraires et anecdotiques

« M. et Mme de Guéménée ont tout perdu, mon cher Prince, fortune, existence, asile, en un mot, tout, sans même qu’il leur reste ce que notre François Ier s’applaudissait d’avoir sauvé .»

Le chevalier de Lisle au prince de Ligne

Le prince de Ligne

« Mon cher ami, tu n’as rien de mieux à faire, dans ta triste position, que de venir à Belœil. Il faut vivre avec ses semblables; d’ailleurs, comme à l’imitation de ta femme j’ai pris le goût des jardins anglais, je ne puis élever une plus belle ruine dans le mien que mon cher ami Guéménée.»

Le prince de Ligne

Le prince de Guéménée, chef de la maison de Rohan-Rohan n’a pas moins de deux millions de rente, et bien qu’on dise quelquefois qu’ils empruntent de l’argent à charge de rentes viagères, il vit dans un milieu où la considération pour les personnes du monde dépend de la noblesse de leur naissance et celle de leur caractère, et est indépendante de la richesse.

Les rentes échues sont payées par les autres membres de la famille Rohan, par le prince de Condé, et surtout la princesse de Guéménée dont les biens sont importants.

Cependant de nombreux prêteurs sont ruinés: les gens plus atteints sont des domestiques, de petits marchands, des portiers, qui portent leurs épargnes au prince … il avait des recruteurs d’argent à Brest et dans tous les ports de Bretagne pour séduire les pauvres matelots … ils les éblouissaient par l’apparence d’un placement avantageux et accaparaient ainsi tout leur argent.

Pour finir, il semble que le prince de Guéménée ait agi en connaissance de cause.

« A Strasbourg comme à Paris, on ne s’occupe que de la faillite du prince de Guéménée. C’est la chose la plus douloureuse du monde; on se demande comment un Rohan a pu se laisser amener à une position semblable et à finir ainsi . Il y a clameur de haro dans le peuple; les gens les plus atteints sont les domestiques, de petits marchands, des portiers, qui portaient leur épargne au prince . Il avait tout reçu, tout demandé, même des sommes folles, et il a tout dissipé, tout perdu. Parmi les gens du cardinal-archevêque, il s’en trouve plusieurs de complètement ruinés , le prince Louis leur a rendu sur le champ ce qu’un prince de sa maison leur enlevait. Il a été en cela très noble et très généreux.
Tout sera payé, ou presque tout, les usures exceptées. Les Rohan se sont réunis pour cela. Madame de Guéménée a été sublime, elle a donné sur le champ sa fortune entière et ses diamants . Cependant pour être juste, ajoutons que, si elle cherche à réparer la faute, si elle supporte noblement l’infortune, elle y contribua aussi . Les prodigalités inouïes du prince de Guéménée, la somptuosité de sa maison, l’éclat de ses fêtes et les dépenses de sa femme ont amené cette faillite qui ne s’élève pas à moins de trente-cinq millions .
La princesse de Marsan ( qui est une Rohan-Soubise ) veut se mettre au couvent et consacrer sa fortune à sauver l’honneur des Rohan .
Madame la princesse de Guéménée a rendu sa charge de gouvernante des Enfant de France, dont sa volonté seule pouvait la dépouiller, puisque c’est une des grandes charges de la Couronne . La Reine a reçu sa démission, profondément touchée .
»

Mémoires de la baronne d’Oberkirch
 

La princesse se sépare de sa fortune par solidarité avec son époux, comme les autres membres de la famille. Le prince son père lui offre un vieux château où elle vit dans une pénurie proche de la misère.

« C’en est fait, mon cœur, Madame de Guéménée a donné hier sa démission. Le matin, elle a voulu se faire exiler, mais son père lui a persuadé que cela n’avait pas le sens commun. Elle a écrit à la Reine une lettre fort touchante dans laquelle elle lui recommande ses enfants.»

Madame Élisabeth à Angélique de Bombelles

« Lorsque Madame de Polignac [est] nommée gouvernante des Enfants de France après la démission de Madame de Guéménée, M. de Thiard trouve très joli de dire à la Reine :

« Votre Majesté a changé son ours en agneau», faisant allusion à la douceur de la physionomie de Madame de Polignac et à la rudesse de celle de Madame de Guéménée. Les personnes honnêtes ont été indignées de cette détestable plaisanterie .»

Journal de Bombelles

 

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Images de Marie-Antoinette, Reine d’Un seul Amour (1988) de Caroline HuppertL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est MA-Beart-Mme-de-Guemenee-2-1024x896.png.

Marie-Antoinette, qui a passé de nombreuses heures ruineuses à jouer aux fameuses fêtes de cartes de la princesse où il était dit que les jeunes gens n’ont pas émergé pendant des jours, fait de son mieux pour aider le couple. Elle et la princesse n’ont jamais été les meilleures amies – Victoire est plus âgée que Marie-Antoinette et plutôt trop sophistiquée à Ses goûts – mais elles s’entendent assez bien pour qu’Elle veuille l’aider d’une manière ou d’une autre, ce qu’elle a fait en obtenant un prêt pour le prince et organiser également pour Louis XVI l’achat de leur propriété à Montreuil pour la princesse Élisabeth.

Le 3 mai 1783

Madame Élisabeth a dix-neuf ans. Le Roi, son frère, lui offre le domaine de Montreuil à Versailles.


Madame Élisabeth par Élisabeth Vigée Le Brun

Montreuil

Le couple devait rester en marge de la vie de cour pendant le reste des années 1780 jusqu’au début de la Révolution en 1789…

Le 1er juillet 1787

Décès de son père, Charles de Rohan-Soubise qui était né en 1715 edt qui fut ministre d’Etat de Louis XV et de Louis XVI. Il meurt à Paris, paroisse Saint Marie-Madeleine de la ville l’évêque, frappé d’apoplexie à l’âge de soixante et onze ans.

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La princesse de Guéménée par Lemoine

Lors de la Révolution

Le comte d’Artois propose au prince de Guéménée le commandement d’une troupe, qu’il refuse. Ses deux fils s’illustrent par leur bravoure dans les armées autrichiennes pendant les guerres napoléoniennes.

Victoire se sépare de son époux au moment de la Révolution. Ils fuient avec leurs enfants en Autriche après la chute de la Bastille. La famille Guéménée finit par s’installer au château de Sychrov en Bohême.


Le château de Sychrov en Bohême

En l’an VIII

qui correspond aux années 1799 et 1800 du calendrier grégorien

Victoire rentre d’émigration . On lui reconnaît alors la propriété de l’hôtel de Soubise, qui sera vendu après sa mort en 1808, et le château de Vigny, qui sera vendu après la révolution de 1830.


Le château de Vigny

Le 20 septembre 1807

Victoire de Guéménée meurt à Paris, à l’âge de soixante-trois ans.

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