
Le 11 août 1748
Jean-Louis Fargeon, futur parfumeur de Marie-Antoinette, naît à Montpellier, capitale de la parfumerie française, où il acquiert un savoir-faire . Il appartient à une lignée de maîtres apothicaires : dès 1653, Maître Jean Fargeon tient boutique à Montpellier, déjà, à l’enseigne « le Vase d’Or » dans la rue principale de la ville.
Le père de Jean-Louis Fargeon (qui porte le même prénom que son fils), lui aussi parfumeur, lui apprend les rudiments du métier.
Son oncle, Jean-Louis Fargeon l’Aîné, installé dans un enclos dit «privilégié» de la Cour du Louvre, devient fournisseur de cette Cour parfumée de Louis XV. Ouverte en 1720, sa première boutique est connue sous le nom de Parfumerie Oriza de Fargeon-Aîné. Oriza rappelle le nom latin Oryza Sativa désignant le précieux riz à partir duquel Fargeon fabrique ses poudres cosmétiques.

La réputation de Jean-Louis Fargeon l’Aîné est assise bien avant la grande ère des parfums au XVIIIe siècle. Il est notamment célèbre pour ses poudres blanchissantes à base de riz, ses onguents et ses eaux qui embellissent la peau et conservent la fraîcheur du teint. Des produits imaginés pour préserver la beauté et la jeunesse de la grande Ninon de Lenclos. Grâce à la célèbre courtisane et femme de lettres (son meilleur atout de communication !) Fargeon l’Aîné conquiert rapidement les dames de la Cour. Elles parlent encore de la fameuse eau ou crème Ninon de Lenclos quinze ans après la mort de l’épistolière en 1705 !
Le règne de Louis XV inaugure une véritable révolution olfactive. Une vague poudrée, fraiche et fleurie emporte les courtisans dans une farandole de « bouquets » composés de jasmins, d’iris, de violettes, de roses et surtout d’œillets, les fleurs préférées du Roi. La marquise de Pompadour consacre chaque année 100 000 livres en achats de parfums !
Courtisans puis financiers et fermiers généraux se pressent chez Fargeon au Louvre pour acquérir les nouveautés de celui qui est devenu parfumeur officiel de la Cour. Tandis qu’un talentueux neveu de Fargeon est introduit dans l’entourage de Marie-Antoinette et suit sa propre trajectoire glorieuse, le commerce de la maison Oriza prospère. À la mort de leur père, les fils Fargeon Aîné reprennent les rênes, aidés par la veuve du parfumeur. Ils ouvrent ensemble la boutique « Veuve Fargeon et Fils » au 11 rue du Roule. Un entreprise qui survivra à la Révolution pour entrer dans les petits souliers de l’Empire.

Image du Parfum de Tom Tykwer (2006)
Jean-Louis Fargeon a donc de qui tenir !
Le 29 juillet 1760
Mort de son père Jean-Louis Fargeon père.
Le 22 avril 1769

Mariée et munie d’un nom mieux sonnant que Bécu, Madame la comtesse du Barry, est présentée à la Cour de France, à Versailles.
Le 16 mai 1770
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.
Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)
Lorsque Marie-Antoinette arrive à Versailles, Elle adopte la «toilette de Flore» : Elle prend des bains parfumés, s’enduit de pommades et se farde très peu, pour ne pas abîmer Son visage avec des composés nocifs tels que la céruse ou les sels de mercure. Elle raffole de soins naturels. »
Début 1773
Jean-Louis Fargeon, âgé de vingt-cinq ans, quitte Montpellier pour s’installer à Paris.
En mars 1774
Jean-Louis Fargeon monte à Paris pour parachever sa maîtrise chez la veuve Vigier. Il en fera un art. Il est domicilié 11 rue du Roule (près du palais du Louvre), y ouvre son magasin et devient le temple des élégantes, son laboratoire le repaire des savants et curieux.
Il compte parmi ses clientes Madame du Barry et la princesse de Guéménée, la future gouvernante des Enfants du Roi (1778-1782) , qui le présente à la Reine Marie-Antoinette pour qui il confectionne une eau , une poudre et une pommade à la Reine, en utilisant les fleurs qu’Elle affectionne. Il prépare des parfums pour Ses gants, des essences nobles pour Son bain et Ses cassolettes , et crée pour Elle des eaux de senteurs concentrées, des « esprits ardents« , qu’Elle s’amuse à rebaptiser Ses « esprits perçants« .
« Le parfumeur livre à la Maison de la Reine plusieurs douzaines de gants blancs, des paires de mitaines en peau de chien, des bouteilles de lavande, des litres d’esprit-de-vin, des pots de pommade à la fleur d’orange et de pâte d’amande, de la poudre à la fleur d’orange et des corbeilles de senteur en taffetas parfumé à la poudre de violette et au chypre, sans compter moult accessoires»
La grande histoire du parfum d’Elisabeth de Feydeau
Marie-Antoinette, pour qui il crée «un vinaigre radical ou esprit de Vénus», apprécie aussi, parmi les produits que Lui procure Son parfumeur officiel, les «pommades au citron, à la fleur d’orange double, au concombre, les bâtons aux mille parfums, ou encore les eaux spiritueuses de lavande, les pommades au jasmin, les eaux de Cologne et les sachets parfumés». Il existe plus de dix formules de crèmes pour les mains de la Reine. Elle se purifie le teint avec de l’eau d’ange et se nettoie la peau avec de l’eau de pigeon. La lotion est extraite à partir de morceaux de pigeon, pain blanc, noyaux de pêche et blanc d’œuf. Pour le parfum, Elle affectionne l’eau de la Reine de Hongrie.
« Le romarin est purifiant, antioxydant et il stimule l’éclat du teint Cette eau était aussi utilisée pour désinfecter les plaies. On pense même qu’elle est devenue l’eau de Cologne lorsqu’elle est tombée aux mains des parfumeurs outre-Rhin. »
Charles Cracco, pharmacien cosmétique

« D’un des traités de Déjean, « L’Eau cosmétique des pigeons.[…] nettoie le visage, blanchit l’incarnation, empêche les rides de se former, allége les taches, remplit les volumes [… ] « .
Je dis souvent aux gens qui sont curieux des cosmétiques historiques, que pour en comprendre même un peu et pouvoir en parler de façon inattaquable, il faut (beaucoup) se salir les mains.
C’est une des recettes historiques pour laquelle il est impossible de NE PAS se salir les mains. Voilà, l’impossibilité de parler avec des mains « propre » quand on décrit des recettes de beauté vintage, quand on compare les procédures, quand on se demande pourquoi on utilise un ingrédient plutôt qu’un autre. Ce sont des sujets très difficiles à comparer en Italie, parce que vous ne allez pas au-delà de ce que vous avez entendu.Mais ce n’est pas une rumeur, ni une fiction. C’est étudié, et étudier n’admet pas l’ignorance.
Moi non plus, quand je parle de matières premières d’origine animale.
Si ces bouteilles de Sèvres sur les tables de toilettes pouvaient parler, que ne diraient-elles pas ! Les nobles de Versailles pourraient certainement vous le dire, puisque « l’Eau de pigeon » était très populaire parmi eux (et pas que chez eux).De toute évidence, Marie-Antoinette l’a utilisé aussi.»
Mattia Scavuzzo

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Parfumeur de Marie-Antoinette, Fargeon sera aussi celui des Enfants de France. Pendant la Révolution, il leur fournira des poudres, pommades, eaux de lavande, peignes et gants…

Au XVIIIe siècle, on se parfume de plusieurs façons : en se lavant avec des vinaigres odoriférants ou autres lotions, en parfumant les gants… L’une d’entre elles est de porter sur soi de petits objets spécifiques et raffinés contenant des substances odorantes : des boîtes, des étuis, des bijoux, des flacons, des sachets de senteurs …
L’étui-nécessaire (avec flacons et entonnoir pour mélanger les parfums, et nécessaire à écrire).
Marie-Antoinette par Heinrich Lossow
Parallèlement on voit éclore un raffinement esthétique sur la toilette, sur un petit meuble recouvert d’une toile, on dispose les ustensiles, et précieux nécessaires composés de peignes d’ivoire et de nacre, de boites d’agate, d’or ou d’argent émaillé pour les poudres, les fards, les pommades, les savonnettes, les mouches, et de flacons de cristal de roche pour les eaux de senteur.


Une Dame à sa toilette par Jollain
Les coiffures sont, quant à elles sont poudrées, parfois colorées afin de donner une teinte aux cheveux puis parfumées. Collaborant avec Léonard Autié, Fargeon lui fournit «des pommades parfumées au jasmin pour les cheveux, ainsi que des huiles aux senteurs florales». Et il va jusqu’à parfumer les roses en tissu qui ornent les robes de Marie-Antoinette, conçues par sa marchande de modes, Mademoiselle Bertin.

Un étui à parfum, vers 1774-1780, aux armes de Marie-Antoinette
LES NÉCESSAIRES
Les nécessaires de poche (ou étuis-nécessaires) recèlent de petits articles : boîte à mouches, brosse à dent, couteau pliant, crayon, cuillère, cure-oreille, entonnoir (servant à mélanger les parfums se trouvant dans les flacons), flacons, gratte-langue, passe-lacet, peigne, pince à épiler, porte-crayon, racloir pour les dents, tablettes pour écrire des messages, inscrire son emploi-du-temps ou s’en servir comme carnet-de-bal. L’intérieur est doublé de velours ou de soie.

LES FLACONS
Au XVIIIe siècle on utilise des flacons à parfum qui gardent des essences et des eaux de senteurs, de même que des huiles et des vinaigres parfumés avec des fleurs ou autres. Les eaux spiritueuses sont de l’esprit-de-vin (de l’alcool, terme qui n’apparaît dans les manuels de parfumerie semble-t-il qu’au XIXe siècle) chargé par la distillation du principe de l’odeur des substances.

Parmi les eaux spiritueuses il y en a de simples. On les qualifie d’«esprits ». D’autres sont composées, car plusieurs matières aromatiques entrent dans leur combinaison. On les nomme eaux spiritueuses ou cosmétiques.
Image du Parfum de Tom Tykwer (2006)
Certaines prennent le nom de « bouquets ». A cela s’ajoutent les extraits et les esprits « persans » particulièrement chers étant donné leur fabrication (les doses sont augmentées et les distillations nombreuses).
Les flacons à parfum sont munis d’un bouchon et d’une chaînette. Certains sont des flacons-pendentifs dans lesquels on dépose des senteurs liquides, et qui, hermétiquement fermés, se suspendent autour du cou, attachés à un ruban de velours ou une chaîne, portés à la taille au dessus d’une jupe élargie par un vertugadin (variante du panier).
Le parfum devient cosmétique et non thérapeutique puis un art.
Image du Parfum de Tom Tykwer (2006)
Les parfums liquides sont conservés dans des flacons en cristal de roche, eux même mis dans des caves à parfum ou cabinets à parfum ou cassettes ou nécessaires à parfum qui sont des petits coffrets dans lesquels sont disposés des flacons, un entonnoir et un gobelet (une timbale) pour les mélanges, de même que parfois une coupelle et un rince-œil.

Petit pot en faïence, au nom du célèbre parfumeur
Les flaconniers comportent flacons et entonnoirs. Quant aux nécessaires de toilette, ce sont de petits coffres assez grands pour contenir divers objets de toilette.
LES SACHETS DE SENTEUR
On fabrique aussi des coussinets odorants en soie que l’on porte sur soi. Ils sont généralement remplis de coton parfumé. Ils ont pour noms : sachets de senteur, poches de senteur, des déshabillés de senteur, sachets d’Angleterre …
Quelques éléments du nécessaire conservé au Louvre :


« Marie-Antoinette adorait le parfum. En fait, le parfum était très populaire auprès de la royauté française, avant même que la future reine ne passe le seuil de Versailles. Ramenons-nous donc, bien avant, du temps de Catherine de Médicis. À l’époque, le monde de la parfumerie italienne, soudainement pris d’assaut par de nouvelles fragrances d’herbes, de plantes et de fleurs, était en plein essor. Un réputé fabriquant de poisons pour la Cour italienne, arriva en France via les bagages de la grande Catherine, venue pour marier Henri II, en 1533. Malgré ses antécédents d’empoisonneur, celui-ci sembla avoir assez de versatilité pour changer quelques notes à ses concoctions et faire carrière dans la parfumerie royale. Mais pour les Bourbons, le parfum n’était toujours pas considéré un art, mais plutôt une nécessité médicale, parce que malgré l’opulence des palais français, ceux-ci comptaient quelques lacunes, pour le moins qu’on puisse dire, au niveau de leur plomberie. Une façon pour les narines royales de survivre à un tel environnement, était de régulièrement s’appliquer quelques gouttes de parfum sous le nez. Au moment où la peste frappa la France, en 1347, on avait d’ailleurs cru que le parfum protégerait les privilégiés qui pouvaient se le payer. Cette idée de masquer l’odeur de la maladie, s’était rapidement transformée en fabrication de gants parfumés. Pendant plusieurs années, les aristocrates français portèrent des gants imbibés de parfum, afin de n’avoir qu’à lever le doigt à leur nez pour se préserver des assauts olfactifs qui les entouraient. Aussi, la ganterie et la parfumerie françaises sont encore de nos jours, des arts tout à fait reliés. Lorsque Marie-Antoinette entre en scène, les parfums floraux font rage, et bien qu’ils aient longtemps été réservés à la famille royale, ils furent tout aussi hors de prix lorsque plus largement distribués. Les historiens relatent que Marie-Antoinette aurait étroitement collaboré avec le parfumeur royal, à la création d’un parfum dont la formule documentée, pourrait éventuellement refaire surface un jour. Mais si la maison Houbigant n’a toujours pas relancé le fameux parfum de Marie-Antoinette, peut-être est-ce parce que la légende veut que la Reine du «règne de la terreur» ait été démasquée lors de sa tentative d’évasion un soir de juin 1791, justement en raison de son parfum; on raconte même, qu’elle en aurait glissé un flacon dans son décolleté, quelques temps avant de monter sur l’échafaud: mortel slogan, non?»
On sait que tout n’est pas vrai … notamment ce qui concerne Varennes et le 16 octobre … mais certaines informations sont intéressantes.
Décor du film Le Parfum de Tom Tykwer (2006)
Le parfum tient une place essentielle dans le rituel de beauté.
Jean-Louis Fargeon, « maître gantier parfumeur » de la Reine, élabore pour Marie-Antoinette des compositions florales adaptées à Son goût et Ses humeurs.
Le parfum devient cosmétique et non thérapeutique puis un art.
Une palette de myrrhe, musc, d’ambre gris, aloès, santal, tubéreuse, bergamote, jacinthe, jonquille, la fleur d’oranger, le jasmin, la lavande, la violette et la rose.

Liste de produits développés par Jean-Louis Fargeon
A l’époque le parfum ne s’applique guère sur la peau, ni même sur les vêtements : ce sont les mouchoirs, gants de senteurs ou éventails qui dispersent les fragrances.
Marie-Antoinette ne sortait jamais sans Ses gants parfumés au jasmin ou aux œillets : Sa femme de chambre les Lui présentait, accompagnés de Son mouchoir, sur une précieuse salve de vermeil.

Marie-Antoinette par Ludwig Guttenbrunn, représentée sur un fond de paysage et tenant une lyre (1788)
L’amour pour Trianon si grand, que la Marie-Antoinette demande à Son parfumeur Fargeon de Lui rendre visite à l’aube, parce qu’Elle peut saisir pleinement l’essence de ce merveilleux endroit.
Elle veut que Fargeon capture cet endroit pour Elle dans une bouteille.
Fargeon compose le « Parfum du Trianon » inspiré d’une symphonie musicale. C’est une sensation de campagne, avec une présence merveilleusement évocatrice. Une mélodie unique, qui pourrait évoluer sur la peau de la royale cliente qui la portera.
Il choisit seize notes, parmi les plus aimées de la Souveraine, les harmonisant dans une structure olfactive suivant les préceptes précis de l’art de parfumer, transmis par une longue tradition familiale de parfumeurs.
L’ouverture est le cèdre italien et la bergamote. Frais, avec une odeur simple et authentique. Il a appris que la collecte de l’essence en pressant l’écorce des agrumes donne à l’essence un parfum plus fin, de qualité bien supérieure à celle extraite par distillation.
Il choisit le galbanum résineux, à l’odeur balsamique, pour rappeler la fraîcheur champêtre d’une herbe luxuriante.
La lavande, dont la Souveraine s’arrose pour apaiser les migraines, au parfum typiquement provençal.
La violette, dont il utilise les feuilles pour obtenir une teinture, dans laquelle il infuse la racine de l’iris, car elle donne à l’esprit du vin une touche de pétales de violette.
La fleur d’orange, odeur enivrante, dont elle utilise la première floraison pour donner des rameaux fleuris aux nobles tantes, et l’harmonise avec le jasmin, pur et innocent, et le solennel lys blanc.
Il complète le bouquet de fleurs blanches par l’essence de jonquille et de tubéreuse (fleur qu’il maîtrise à la Cour de Versailles), pour faire la part belle à la rose, de royauté incontestée, qu’aime tant Marie-Antoinette, et qui pousse abondamment dans les environs du temple de l’amour, près du Petit Trianon.
C’est la fleur qui se démarque parmi toutes avec un accent majestueux composé mais décisif.
Il scelle le tout avec des accords boisés de bois de santal et de cèdre, rappelant les vieux arbres puissants qui poussent à proximité.
Une touche de vanille, douce et somptueuse, accentuée par le parfum de la résine de benjoin.
Ambre gris de cachalot et Musc de cerf du Tonkin qui, selon la tradition olfactive, renforcent la tenue du parfum, lui conférant une profondeur mystérieuse.
Mattia Scavuzzo
Le 12 janvier 1779
Bien que la Reine paye régulièrement ses commandes, Fargeon doit se déclarer en faillite à hauteur de 304 000 livres et de nombreuses clientes décident de solder leurs comptes afin de ne pas perdre ce précieux parfumeur.

Louise de Tourzel garda une bouteille de jade noire qui lui a été donnée par la Reine, contenant un parfum que la Souveraine avait commandé dans les années 1780. La bouteille en jade protégeait le parfum délicat des rayons du soleil, ayant le désir de souveraine de s’asperger fréquemment avec un parfum qui Lui était très bienvenu, qu’elle avait habituellement apporté avec elle en toute occasion.
Quelques années plus tard, la commission du « Bouquet du Trianon » (inspirée des senteurs du lieu qu’Elle aimait tant), Marie-Antoinette s’est avérée obstinée en commandant une fragrance qui avait de fortes senteurs orientales, complice la tendance de la mode «à la turque ′′ avec le période historique.
Les notes prédominantes du parfum sont très aromatiques. Il y a la bergamote et la cardamome, la cannelle, la rose timide de Grasse, le jasmin Sambac, la teinture de Vanille, des senteurs solennelles d’encens et de bois, sur une voluptueuse base d’ambre grise. Une goutte de patchouli, dont l’essence protège les délicates étoffes pendant les longs déplacements navals.

Avant et pendant la Révolution
Il a de nombreux apprentis, dont Pierre-François Lubin (1774–1853) . Associé à l’image, alors négative, de la Reine, Jean-Louis s’arrange pour vendre son affaire à Mouchet, Moulinet & Cie.
En 1788
Les livraisons de Fargeon à la maison de la Reine comportent plus d’«eaux apaisantes» que d’«élixirs de beauté».

Le 20 juin 1791

Sur le chemin de Montmédy, la berline emporte de la poudre à la Fargeon, du Parfum du Trianon, des pots de pommade, de l’eau de lavande, de l’eau souveraine pour les frictions, de l’eau de fleurs d’orange et de l’esprit de lavande, réputés apaisants, divers vinaigres toniques et antispasmodiques, ainsi que des sels revigorants et des sachets de bain de modestie, de l’essence de bergamote, des pommades à l’héliotrope et au citron, et diverses eaux cosmétiques.


Nécessaire de voyage de Marie-Antoinette (au Louvre)



Voici l’inventaire d’un nécessaire de la Reine :
– 2 boîtes à poudre de fer blanc, avec leurs houppes de cygne.
– 4 flacons à bouchons de cristal doré.
– 1 verre.
– 1 entonnoir.
– 1 plateau de cristal doré.
– 1 pot à pâte et 2 pots à pommade en porcelaine de Sèvres blanche et -paire de ciseaux.
– 1 petit couteau à lame d’acier, manche de nacre et virole d’argent.
– 1 pince en acier.
– 1 paire de ciseaux.
– 1 gratte-langue.
– 1 peigne à sourcils.
– 1 cure-oreilles.
– 2 petits étuis d’ivoire.
– 1 petite brosse à dents.
St Cloud. Une vie de château de Florence Austine Montenay



Service à thé au chiffre de Marie-Antoinette
Le 4 janvier 1794
Fargeon est arrêté par le Comité de sûreté générale, accusé d’être le complice de faux-monnayeurs.
Akarazuka Star Troupe : Jean-Louis Fargeon : Le Parfumeur de la Reine
Cette comédie musicale japonaise raconte l’histoire de sa vie orageuse. Malgré les amitiés qu’il noue avec la royauté et l’aristocratie à la cour française de cette période rococo surmenée, Jean-Louis ne peut pas rejeter la croyance selon laquelle «tous les hommes sont créés égaux» de l’école de pensée progressiste avec laquelle il a été élevé. Bien que la situation sociale de l’époque soit favorable à l’abolition de la monarchie, Jean-Louis en vient à embrasser une passion secrète pour la Reine qu’il connaît, qui admire innocemment les fleurs. Au gré des vagues d’une plus grande histoire, les pas de la révolution se rapprochent de lui alors qu’il se dresse entre ses idéaux personnels et l’amour interdit…..
Le 9-Thermidor (27 juillet 1794)
Jean-Louis Fargeon est libéré.
Jusqu’aux premières années 1800
Il est qualifié de «Parfumeur du Roi et de la Cour»… ce qui n’est pas sans le rendre relativement suranné…
Le 16 juin 1795
Il est nommé maire de Montpellier au titre de représentant de la ville. Puis, bien qu’épuisé, il reprend son affaire. Il ouvre alors d’autres succursales : à Londres, Nantes et Bordeaux.
En 1801
Il publie L’Art du Parfumeur ou Traité complet de la préparation des parfums, et devient le fournisseur attitré de Napoléon Ier.
Le 9 novembre 1806
Jean-Louis Fargeon meurt à Paris.
Après sa mort, le fonds est repris par Fargeon jeune, un descendant de Jean-Louis, qui, notamment, revendra en quelques formules à Jean-Baptiste et Augustin Gellé.
En 1826
Sa Maison deviendra la Maison Gellé Frères, 6 Avenue de l’Opéra.

En 1837
Honoré de Balzac (1799-1850) rend hommage à Jean-Louis Fargeon qu’il renomme Ragon dans son roman de la Comédie Humaine, César Birotteau :
«S’adresser, franc de port, à monsieur CESAR BIROTTEAU, successeur de Ragon, ancien parfumeur de la reine Marie–Antoinette, à la Reine des Roses, rue Saint–Honoré à Paris, près la place Vendôme.»
Honoré de Balzac
Le héros de ce roman, parfumeur de son état crée, dans son magasin de la Reine des Roses, des produits hérités de Fargeon comme l’Eau Carminative et la Pâte des Sultanes.

En 2011
Une descendante de Madame de Tourzel a décidé à reprendre le parfum de Lubin Jardin Secret nommé par Fargeon dans ses archives Bouquet Trianon.
Madame de Tourzel au moment de la séparation du Temple en compagnie de Madame de Lamballe aurait reçu un petit flacon noir de la part de la Reine.
L’auteur de la renaissance de ce parfum est Français.
Étant une petite société , il a été décidé de ne fabriquer qu’un millier de flacons en vente en cinq endroits aux USA et chez Harrods à Londres – le stock a été vendu en quatre jours !
Le nom Black Jade en anglais ou Jade Noir dans notre langue a été conféré par la famille qui conserve le flacon original, le considérant comme un porte bonheur.
![Vintage perfume ad for “Bouquet Versailles.” [source: vannhaddock/ebay]](https://64.media.tumblr.com/e65e9a9890d5ff888f615841f6e4ec79/45d771ada57c44e1-7c/s500x750/1bb2f7cc852ec6ea80b8c464ebb462b98ca7dbce.jpg)
En 2016
Un pharmacien a fait le pari fou de fabriquer des crèmes inspirées des secrets de beauté de Marie-Antoinette. Des soins au romarin et au concombre dont la production provient exclusivement du Potager du roi, à Versailles. Une première !
Pendant des mois, Charles Cracco est parti à la recherche de la pharmacopée de Marie-Antoinette. Le pharmacien de vingt-neuf ans, féru d’histoire, s’est plongé dans les archives royales et les ouvrages de bibliothèques pour dénicher les crèmes naturelles de la Reine. «Avant elle, on pratiquait la toilette sèche» : pas de bain mais du parfum pour camoufler les odeurs, explique Charles Cracco.

Né à Lille, le pharmacien-créateur est installé à Versailles depuis sept ans. Avec sa marque, Mademoiselle Saint Germain, il veut révolutionner la cosmétique. Ses crèmes sont confidentielles, conçues à partir d’extraits végétaux cultivés au Potager du roi : romarin, thym, concombre blanc. Charles a réussi à convaincre la direction grâce à des lettres, des formules et des dessins inspirés de l’époque. Il vante une production respectueuse de l’environnement. Versailles lui ouvre ses grilles. Il signe son contrat en 2016. Pour retrouver les secrets d’autrefois, le passionné a lu les écrits de Jean-Louis Fargeon, le parfumeur de la cour. Il a aussi décortiqué le manuel de préparations pharmaceutiques de Pierre-Joseph Buc’hoz, le médecin botaniste de Marie-Antoinette.


Ce parfum original, inspiré de Marie-Antoinette et des jardins du Petit Trianon, est vendu pour contribuer au financement de la restauration des appartements royaux de Versailles.
Il sera vendu en édition limitée et numérotée au prix de 550,00€ la bouteille.
Sources :
- Jean-Louis Fargeon, parfumeur de Marie-Antoinette d’Elisabeth de Feydeau (Perrin, 2005)
- L’Herbier de Marie-Antoinette d’Elisabeth de Feydeau (Flammarion, 2012, sous la direction d’Alain Baraton)
- L’Eau de rose de Marie-Antoinette et autres parfums voluptueux de l’Histoire, d’Elisabeth de Feydeau. Préface de Stéphane Bern. (Paris, Editions Prisma 2017)
- Maison Oriza L. Legrand, parfumerie adorée des rois et des élégantes ! , article de Plume d’Histoire, https://plume-dhistoire.fr/oriza-legrand/