Le 8 juin 1749
Naissance de Louise-Élisabeth-Félicitée-Françoise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Joséphine de Croÿe-Havré ( trois mois avant Mesdames de Polignac et Lamballe) à Paris.
Ses parents sont Louis Ferdinand Joseph de Croÿ d’Havré (1713-1761) et Marie-Louise Cunégonde de Montmorency-Luxembourg (1716-1764). Son père est grand d’Espagne, prince du Saint-Empire, marquis de Wally, comte de Fontenoy, vicomte de Langle, seigneur de Montigny-sur-Meuse, colonel du régiment de la Couronne depuis 1735. Il était présent à la bataille de Parme le 29 juin 1734. Sa mère est la fille de Charles-Louis, prince de Tingry et comte de Luxe, gouverneur de Valenciennes puis de Nantes, bâtisseur de ce qui est devenu l’hôtel Matignon à Paris en 1722, maréchal de France en 1734.
L’union du septième duc d’Havré est féconde. Naissent successivement sept enfants :
-Joséphine, en 1737, future comtesse de Rougé-Cholet
-Emmanuelle-Cunégonde, en 1738, qui sera religieuse visitandine
-Sabine-Isabelle, en 174 , future marquise de Vérac
-Joseph-Maximilien, en octobre 1744, futur duc d’Havré
-Eléonore, en 1746, qui ne vivra pas
-Louise-Elisabeth, le 11 juin 1749, nous allons la connaître tout au long de cet article …
Son frère Joseph Anne Maximilien de Croÿ d’Havré est chevalier de la Toison d’or, colonel du régiment d’infanterie de Flandre française, maréchal de camp, duc d’Havré et seigneur de Tourcoing de 1761 à 1789, où son nom a été donné à un hospice. Tour à tour devenue hospice, couvent et collège, la maison Folie hospice d’Havré est aujourd’hui un lieu d’échanges culturels accessible à tous… une sorte d’hommage à la dernière gouvernante des enfants de Louis XVI…
En 1753
« Son père, qui avait servi en Westphalie sous le maréchal de Maillebois, est promu maréchal de camp et nommé gouverneur de la petite ville de Sélestat en Alsace. Durant la Guerre de Sept, il lui faut surveiller les frontières.
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
La jeune Louise-Elisabeth vit, comme ses frère et sœurs, loin de son père.»
En mars 1753
La duchesse douairière Marie-Anne d’Havré (1717-1753), née Lanti Montefeltro della Rovere, grand-mère paternelle de Louise-Elisabeth, décède. La cérémonie et l’inhumation ont lieu au couvent des Carmélites de la rue de Grenelle dont la supérieure est fille de la défunte et donc tante de Louise-Elisabeth.
La jeune enfant côtoie alors la cousine de sa mère, qui fut d’abord duchesse de Boufflers, avant d’épouser le deuxième maréchal-duc de Luxembourg, cousin germain de Marie-Louise d’Havré : tout le monde l’appelle «la maréchale», elle est aussi cultivée qu’intelligente et riche ; elle tient un salon recherché par les hommes d’esprit dans son hôtel parisien de la rue Saint-Marc :
« La Maréchale avait si bien épousé la famille de son second mari, qu’elle ne pouvait supporter aucune autre prétention nobiliaire que celle de ses Montmorency qui l’absorbaient, et c’est au point que son propre frère, lui parlant un jour de la perte de son fils unique, après qui sa famille allait s’éteindre, et sa duché-pairie s’en aller à vau-l’eau ; et pendant qu’il en gémissait auprès d’elle, en lui disant avec amertume : — Il n’y aura plus de Villeroy : — Eh bien, Monsieur, lui répondit la Maréchale, on fera comme il y a trois cents ans, on s’en passera.
Sa maison, ses ameublements, sa table et ses nombreuses livrées, ses équipages et surtout sa chapelle et sa salle du dais, enfin toute chose de chez elle était d’une magnificence admirable. Elle avait pour son usage personnel un nécessaire de table en or massif, et la collection de ses tabatières était la plus splendide et la plus curieuse chose du monde. Au milieu de toutes ces dorures et de ces grands portraits de connétables, avec tous ces lions de Luxembourg et ces alérions de Montmorency, on était d’abord un peu surpris en apercevant une petite bonne femme en robe de taffetas brun, avec le bonnet et les manchettes de gaze unie à un grand ourlet, sans bijoux et sans aucune espèce d’étalage ou de fanfreluches. Mais en approchant, c’était une physionomie si animée, et si bien tempérée pourtant, un visage si noble et si régulier encore, une attitude modeste, mais presque royale on pourrait dire, avec un propos si spirituellement varié, si naturellement poli, si digne et si fin tout à la fois, qu’on l’écoutait et la regardait continuellement avec un plaisir inexprimable.»
La marquise de Créquy
L’été
La famille s’installe au château en briques et pierre de Wailly, à Conty dans la Somme.
La guerre de Sept Ans (1756-1763) éloigne son père de Paris.
La bataille de Villinghausen est un épisode de la guerre de Sept Ans qui se déroule les 15 et 16 juillet 1761 entre la France et une coalition réunissant la Prusse, la Grande-Bretagne et le Hanovre dirigée par le prince Ferdinand de Brunswick (1721-1792), oncle de Charles-Guillaume de Brunswick (1735-1806) qui a donné son nom au manifeste de 1792.
Le 15 juillet 1761
Robespierre, blessé par balle au visage et gisant sur un brancard, rejoint ses compagnons à la Conciergerie emprisonnés dans la nuit ou en début de matinée.
Cinq cent détenus forment une haie, explosant de joie.
La chute de Robespierre ramène l’attention sur les deux enfants prisonniers, dont on améliore peu à peu les conditions de détention.
En août 1794
Madame et mademoiselle de Tourzel sont transférées dans la prison de Port-Libre, où chacun a peur d’être dénoncé par un codétenu. Elles n’ont «de rapports qu’avec Mesdames de Lambert et de la Rochefoucauld et Monsieur d’Aubusson, dont la société (leur) est une consolation.»
La prison de Port-Libre dit aussi «prison de la bourbe» ou «prison de la suspicion» désigne le couvent de Port-Royal fermé en 1790 et réquisitionné en maison d’arrêt de 1790 à 1795. La plupart des détenus n’en sortent que pour aller à l’échafaud : des charrettes conduisent ces prisonniers vers la Conciergerie, l’antichambre de la mort.
« Rien ne ressemblait moins à une prison ; point de grilles, point de verrou ; les portes n’étaient fermées que par un loquet. De la bonne société, excellente compagnie, des égards, des attentions pour les femmes; on aurait dit qu’on n’était qu’une même famille réunie dans un vaste château.»
Honoré-Jean Riouffe (1764-1813)
Il y a cinq cents détenus à Port-Libre.
Images du film de Benoît Jacquot Sade (2000) : le réfectoire dans la salle communale
Le 3 août 1794
Une affreuse nouvelle parvient de Nimègue : il s’agit de l’exécution de sa fille, Zoé, comtesse de Sainte-Aldegonde (1767-1794), victime de la révolution français, à l’âge de vingt-sept ans, à Nimègues.
Le 6 septembre 1794
Une pétition au comité de Sûreté générale des habitants de la ville demande la libération des Tourzel.
Le 20 octobre 1794
Le comité décide enfin cette libération.
Le 21 octobre 1794
Louise-Elisabeth et Pauline quittent Port-Libre en même temps que beaucoup des prisonniers de ce lieu. Elles gagnent l’hôtel de Charost, situé à l’actuel 80 rue de Lille, où elles retrouvent enfin une vie paisible.
L’été 1794
Des admirateurs anonymes louent un appartement au quatrième étage de la rotonde qui fait face à la tour du Temple. Là, profitant de ce que les bruits portent facilement, ils organisent de petits concerts de musique de chambre, toutes fenâtes ouvertes, pour en faire profiter l’illustre prisonnière. Parmi les habitués de ces petits concerts, la police identifie les anciens valets de Louis XVI, Hue et Cléry, et leurs épouses, ainsi que Madame de Tourzel et ses filles. Ces dernières qui se doutent de la situation de la princesse, s’offrent pour lui tenir compagnie.
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
Le 8 juin 1795
Mort de Louis XVII à l’âge de dix ans. Il était atteint de tuberculose osseuse.
L’«orpheline du Temple» reste alors seule prisonnière de la tour.
Madame de Tourzel parvient à s’assurer des contacts avec Gomin et Lasne, anciens commissaires de la Commune de Paris, en charge de la surveillance du petit Roi au Temple. Elle prend connaissance des interventions de Desault et Pelletan, les derniers médecins qui tentent d’adoucir les souffrances de l’enfant … Le témoignage du docteur Jeanroy, « un vieillard de plus de quatre-vingts ans, d’une probité peu commune et profondément attaché à la famille royale. Il (a) été choisi pour assister à l’ouverture du jeune roi ; et pouvant compter sur son témoignage comme le mien propre, (elle) le f(ait) passer chez (elle)».
De réputation fiable et solide, qui l’a fait choisir par les membres de la Convention pour fortifier de sa signature la preuve que le jeune Roi n’a pas été empoisonné.
« Ils n'(ont) pas eu besoin d’employer le poison : la barbarie de leur conduite vis-à-vis d’un enfant de cet âge d(oit) immanquablement le conduire au tombeau. Sa bonne constitution prolongea so n supplice ; la malpropreté dans laquelle on le laissait volontairement et le défaut d’air et d’exercices, lui avaient dissous le sang et vicié toutes les humeurs.»
Madame de Tourzel
Pour la marquise, le jeune prince est bien mort au Temple.
Je laisse parler Madame :
Le 3 septembre 1795
Madame de Tourzel et sa fille, Pauline, rendent, pour la première fois, visite à Madame Royale, l’Orpheline du Temple :
« En arrivant au Temple, je remis ma permission aux deux gardiens de Madame, et je demandais à voir Madame de Chantereine en particulier. Elle me dit que Madame était instruite de tous ces malheurs, qu’elle nous attendait et que nous pouvions entrer. Je la priai de dire à Madame que nous étions à la porte. Je redoutais l’impression que pouvait produire sur cette princesse la vue de deux personnes qui, à son entrée au Temple, accompagnaient ce qu’elle avait de plus cher au monde, et dont elle était réduite à pleurer la perte; mais heureusement la sensibilité qu’elle éprouva n’eût aucune suite fâcheuse. Elle vint à notre rencontre, nous embrassa tendrement, et nous conduisit à sa chambre, ou nous confondîmes nos larmes sur les objets de ses regrets. Elle ne cessa de nous en parler, et nous fit le récit le plus touchant et le plus déchirant du moment où elle se sépara du Roi son père, dont elle était si tendrement aimée, et auquel elle était si attachée.
Je ne puis ajouter au récit de Cléry qu’un trait, qui peint la grandeur d’âme de ce prince et son amour pour son peuple.»
« Mon père, avant de se séparer de nous pour jamais, nous fit promettre à tous de ne jamais penser à venger sa mort; et il était bien assuré que nous regarderions comme sacré l’accomplissement de sa dernière volonté. Mais la grande jeunesse de mon frère lui fit désirer de produire sur lui une impression plus forte. Il le prit sur ses genoux et lui dit: « Mon fils, vous avez entendu ce que je viens de dire; mais comme le serment est encore quelque chose de plus sacré que les paroles, jurez, en levant la main, que vous accomplirez la dernière volonté de votre père.»
Mon frère lui obéit en fondant en larmes, et cette bonté si touchante fit encore redoubler les nôtres.»
On ne peut rien ajouter à une semblable réflexion dans un pareil moment. Nous avions laissé Madame faible et délicate, et en la revoyant au bout de trois ans de malheurs sans exemple, nus fûmes bien étonnées de la trouver belle, grande et forte, avec cet air de noblesse qui fait le caractère de son visage. Nous fûmes frappées, Pauline et moi, d’y retrouver les traits du Roi, de la Reine, et même de Madame Élisabeth. Le ciel la destinait à être le modèle de ce courage qui, sans rien ôter à la sensibilité, rend cependant capable de grandes actions, ne permit pas qu’elle succombât sous le poids de tant de malheurs. Madame en parlait avec une douceur angélique; nous ne lui vîmes jamais un seul sentiment d’aigreur contre les auteurs de tous ses maux. Digne fille du Roi son père , elle plaignait encore les français, et elle aimait toujours ce pays où elle était si malheureuse; et sur ce que je lui disais que je ne pouvais m’empêcher de désirer sa sortie de France pour la voir délivrée de son affreuse captivité, elle me répondit avec l’accent de la douleur: «J’éprouve encore de la consolation en habitant un pays ou reposent les cendres de ce que j’avais de plus cher au monde. ». Elle ajouta, fondant en larmes et sur le ton le plus déchirant: «J’aurais été plus heureuse de partager le sort de mes bien-aimés parents que d’être condamnée à les pleurer.»
Qu’il était douloureux et touchant en même temps d’entendre s’exprimer ainsi une jeune princesse de quinze ans, qui, dans un âge où tout est espoir et bonheur, ne connaissait encore que la douleur et les larmes! Elle nous parla avec attendrissement du jeune Roi son frère, et des mauvais traitements qu’il essuyait journellement […]. Je ne pus m’empêcher de demander à Madame comment avec tant de sensibilité, et dans une si affreuse solitude, elle avait pu supporter tant de malheurs.
Rien de si touchant que sa réponse, que je ne puis m’empêcher de transcrire: « Sans religion, c’eût été impossible; elle fut mon unique ressource, et me procura les seules consolations dont mon cœur puisse être susceptible; j’avais conservé les livres de piété de ma tante Élisabeth; je les lisais, je repassait ses avis dans mon esprit, je cherchais à ne pas m’en écarter et à les suivre exactement.
En m’embrassant pour la dernière fois et m’excitant au courage et à la résignation, elle me recommanda positivement de demander que l’on mit une femme auprès de moi. Quoique je préférasse infiniment ma solitude à celle que l’on y aurait mise alors, mon respect pour les volontés de ma tante ne me permit pas d’hésiter.
On me refusa, et j’avoue que j’en suis bien aise. Ma tante, qui ne prévoyait que trop le malheur auquel j’étais destinée, m’avait accoutumée à me servir seule et à n’avoir besoin de personne. Elle avait arrangé ma vie de manière à en employer toutes les heures: le soin de ma chambre, la prière, la lecture, le travail, tout était classé. Elle m’avait habituée à faire mon lit seule, me coiffer, me lacer, m’habiller, et elle n’avait, de plus, rien négligé de ce qui pouvait entretenir ma santé. Elle me faisait jeter de l’eau pour rafraîchir l’air de ma chambre, et avait exigé, en outre, que je marchasse avec une grande vitesse pendant une heure, la montre à la main, pour empêcher la stagnation des humeurs.»
Ces détails si intéressants à entendre de la bouche même de Madame nous faisaient fondre en larmes.
Mémoires de Madame de Tourzel
La jeune détenue reçoit ses amies avec l’empressement et la joie de l’amitié, auxquels se confondent les larmes. Elles passent plusieurs heures en sa compagnie et dînent avec elle. Pauline est presque surprise de retrouver une jeune fille en bonne santé : elle la trouve « belle, grande et forte. Sa figure offr(e) un mélange des traits du Roi, de la Reine et de Madame Elisabeth.»
Elle leur parle de ses malheurs «avec une douceur angélique sans un seul sentiment d’aigreur contre les auteurs de ses maux» et confie qu’elle aurait préféré partager le sort de ses parents à être condamnée à les pleurer.
Le 6 septembre 1795
Louise-Elisabeth et Pauline rendent à nouveau visite à Madame Royale qui glisse dans la main de la jeune fille un morceau de papier en lui disant : « vous le lirez». Arrivée à l’hôtel de Charost, Pauline ouvre ce papier qui porte pour suscription : « A ma chère Pauline»
« Ma chère Pauline, le plaisir que j’ai eu à vous voir a beaucoup contribué à soulager mes maux. Tout le temps que j’ai été sans vous voir, j’ai beaucoup songé à vous. Malgré tout ce que j’ai eu à souffrir j’ai craint pour vous à la Force ; j’ai été tranquille en apprenant que vous étiez sauvée et en espérant que vous n’y retourneriez plus. Mon espérance est déçue : on vous replonge dans un nouveau cachot, pour y passer bien plus de temps que dans le premier. Enfin vous en sortez heureusement. Je n’ai su votre seconde détention que quand vous étiez sortie de Port-Royal ; depuis ce temps vous tâchez d’être réunie avec moi ou du moins de me voir. Quand je ne vous aurais pas connue et aimée comme je vous aimais, tant de preuves d’attachement, que vous avez données à mes parents et à moi, m’auraient attachée à vous pour la vie ; jugez par la tendresse avec laquelle je vous aimais déjà combien mon amour doit être augmenté. je vous aime, et vous aimerai toute ma vie.
A la Tour du Temple, ce 6 septembre
Marie-Thérèse-Charlotte. »
Les dames de Tourzel obtiennent la permission de revenir à la tour du Temple tous les cinq jours à peu près. Elles arrivent à midi et la quittent à huit heures du soir.
Le 8 novembre 1795
On vient arrêter Madame de Tourzel à huit heures du matin, mais Louise-Elisabeth n’est pas chez elle : les deux commissaires l’attendent donc dans sa chambre jusqu’à son retour. Elle sait qu’on en veut aux papiers qu’elle a en sa possession : à son retour les commissaires en font l’inventaire. Elle dîne très tranquillement avant de se rendre à l’hôtel de Brionne où se tient le comité de Salut public qui n’ouvre qu’à six heures. Pauline et Henriette de Charost et Pauline l’y accompagnent. Toutes trois patientent une heure: on leur donne des détails sur le supplice de M. Lemaistre, condamné à mort pour correspondance avec la maison de Bourbon et précise qu’on usera désormais d la plus grande sévérité avec les royalistes et même les dames à chapeau. L’interrogatoire dure plus de deux heures : à onze heures on conduit la marquise au collège des Quatre-Nations, dont on a fait une prison. Elle reste trois jours au secret.
Le 18 décembre 1795
Madame de Tourzel est libérée du collège des Quatre-Nations, faute de preuve.
Madame Royale quitte la prison du Temple pour être remise à sa famille autrichienne… Madame de Tourzel se propose alors pour accompagner la princesse jusqu’à Vienne. Mais sa compagnie n’est pas jugée souhaitable par le comité de Salut public qui se méfie des convictions royalistes de l’ancienne gouvernante. C’est Madame de Soucy, l’ancienne sous-gouvernante du Dauphin, qui l’accompagne.
En 1796
Mariage de son fils, Charles-Louis Yves, marquis de Tourzel, sixième marquis de Sourches (1768-1815) avec Augustine Éléonore de Pons (1775-1843).
Sa dernière sœur, Emmanuelle Louise Gabrielle Joséphine Cunégonde de Croÿ (1738-1796), religieuse de la Visitation à Paris, décède à son tour, à l’âge de cinquante-huit ans. Louise-Elisabeth n’a plus désormais que son frère Joseph, qui est encore en émigration.
A ses risques et périls elle conserve quelques liens avec la famille royale exilée.
Le 15 janvier 1797
Mariage de sa fille Pauline (1771-1839) avec Alexandre Léon de Galard de Brassac, comte de Béarn (1771-1844) , à Paris.
Durant l’été 1797
Louise-Elisabeth et les siens s’embarquent pour le Berry, au château de Meillant, chez sa fille Henriette de Charost, «devenue le centre autour duquel se réunissait toute la famille».
« La demeure (de Meillant) est superbe, rebâtie après la guerre de Cent-Ans dans le style du gothique flamboyant annonçant la première Renaissance.» Pauline qui y rejoint sa famille qualifie ce château de «romantique sombre : une des rares demeures féodales qui avaient échappé au marteau révolutionnaire ; rien n’y manqu(e), ni la tour du nord, ni celle de l’ouest. Il (est) remarquable à la fois par caractère de son architecture et son étendue, qui ne contribu(e) pas peu à lui donner un aspect imposant et terrible.»
Curieux effroi quand on songe aux prisons qu’a connues la jeune fille.
Malgré la joie de se retrouver, le rythme de la vie de cet été demeure assez monotone.
A la fin de l’été 1797
Louise-Elisabeth revient à Paris, encore accueillie par sa fille Henriette de Charost et son beau-fils, Armand-Joseph de Béthune, qui a presque douze ans de plus qu’elle. Leurs fenêtres donnent sur les Tuileries.
Le 13 janvier 1798
Naissance de sa petite-fille Augustine (1798-1870), fille de son fils, Charles-Louis de Tourzel, qui épousera, le 25 juin 1817, à Abondant, Amédée de Pérusse des Cars (1790-1868), duc des Cars, pair de France.
En 1799
Pauline de Béarn accouche d’une fille , Renée Joséphine Alix (1799 – 1855) , qui épousera, le 23 avril 1820, à Paris, Adrien de Tulle de Villefranche (1793-1850), capitaine de cavalerie.
Le 10 juin 1799
Madame Royale épouse son cousin germain le duc d’Angoulême, suivant en cela les vœux de sa défunte mère.
Le 9 novembre 1799 (18 Brumaire)
Un coup d’Etat renverse le Directoire. Tout a lieu dans l’orangerie du château de Saint-Cloud que Louise-Elisabeth connaît bien. L’homme le plus fort du nouveau régime, le Consulat, est le général Bonaparte (1769-1821), que la marquise assimile à un robespierriste.
Madame de Tourzel se retire à la campagne, à Abondant.
En 1800
Son frère, le duc d’Havré, obtient enfin sa radiation de la liste des émigrés et rentre en France. Il s’installe à Paris, au 96 rue de Lille, avec sa femme et ses enfants. Il est presque le voisin de Pauline qui habite la même rue.
Le 27 octobre 1800
Son gendre, Armand-Joseph de Béthune, duc de Charost (1738-1800) succombe à la variole qu’il a contractée dans ses fonctions de maire du Xe arrondissement, en allant assister des sourds-muets atteints de cette maladie. Sous le Consulat, l’année précédente, il avait été le premier Président du Conseil Général du Cher. Il est inhumé à Meillant.
Henriette, l’aînée des filles de Louise-Elisabeth, est donc veuve et sans enfant.
La mère et la fille vont se rapprocher, par une complicité renouvelée entre veuves. Henriette accueillera sa famille tant rue de Lille qu’à Meillant.
Madame de Tourzel est interpelée par un jeune homme de Normandie qui se prétend Louis XVII, qu’on aurait exfiltrée de la prison du Temple et remplacé par un enfant malade qui aurait agonisé à sa place. Cet Hervagault est le premier d’une série de prétendants, dont le plus célèbre est l’horloger prussien Karl-Wilhelm Naundorff (date de naissance inconnue-10 août 1845), qui eut de nombreux adeptes jusqu’à la fin du XXe siècle. Les condamnations des trois premiers (Hervagault, Bruneau et un certain Hébert, connu sous le titre de «baron de Richemont») à de lourdes peines de prison ne décourageront pas d’autres imposteurs.
En janvier 1801
Madame de Tourzel apprend que Louis XVIII, qui a fui la France en 1781, a quitté Mittau pour Varsovie, où le Tsar de Russie l’autorise à séjourner.
Louise-Emmanuelle de Tarente rentre également en France et vit chez sa mère à Paris et à Wideville (à une trentaine de kilomètres de Paris). Elle ne veut plus renouer avec son mari. Elle n’est pas rayée de la liste des émigrés et ne le sera jamais. Son retour évoque à Louise-Elisabeth et Pauline les souvenirs tant des Tuileries que de Versailles. Trois ans plus tard, la princesse de Tarente repartira en émigration définitive car jamais elle ne se fera aux mœurs nouvelles de la France consulaire.
En 1802
Pauline de Béarn accouche d’un fils, Hector (1802-1871), qui épousera, le 26 février 1824, à Paris, Eléonore Le Marois (1805-1828).
Augustine de Tourzel, épouse de son fils Charles, accouche d’une fille, Emilie (1802-1844), qui épousera le 15 janvier 1823 à Paris Emeric de Durfort-Civrac de Lorges (1802 – 1879), duc de Lorges, propriétaire.
Madame de Tourzel est encore surveillée par la police sous le Premier Empire.
Le 3 juillet 1804
Augustine de Tourzel, épouse de son fils Charles, accouche d’un fils, Olivier (1804-1845), qui se mariera à Paris, avec Victurnienne de Crussol d’Uzès (1809 – 1837), le 1er mai 1832, sans postérité : il sera le dernier duc de Tourzel.
Le 2 décembre 1804
Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris.
Le 2 juin 1805
« Après une quasi-inexistence à la Cour, la comtesse d’Artois s’éteint à l’âge de quarante-neuf ans, sans avoir revu son mari depuis 1789. Elle est enterrée à Graz, dans le mausolée impérial sis à côté de la cathédrale de la ville. Sans avoir jamais partagé une grande complicité avec cette princesse, la marquise reste songeuse devant le triste destin de celle dont elle fut, près de neuf années, la « dame pour accompagner ».»
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
Pendant l’Empire
La marquise de Tourzel n’ira ni au château des Tuileries, ni à celui de Saint-Cloud. Tout le monde sait, y compris Napoléon Ier, que l’ancienne gouvernante des Enfants de France est soit en son château d’Abondant soit chez sa fille la duchesse de Charost à Paris.
La marquise de Tourzel est un fantôme vivant de la révolution.
Le 1er septembre 1805
Le comte de Béarn (1771-1844), son gendre, devient chambellan de Napoléon.
« Ma mère, mon frère, mes sœurs, (sont) exilés de Paris par ordre de l’Empereur (…) Après tant d’années, je fus introduite dans les Tuileries que j’avais quittées dans des circonstances si cruelles. (…)
L’Empereur me reçut avec un visage sévère, dans lequel je crus démêler cependant un rayon de bienveillance ; mais quelle que fût mon insistance, je ne pus obtenir la bonne parole que j’étais venue chercher.
» Nous verrons cela plus tard« , me dit-il au moment où je pris congé de lui.
Ainsi cette démarche qui m’avait tant coûté avait échoué.»
Pauline de Béarn
La partie est manquée et les Tourzel doivent rester en province. Ils séjournent alternativement à Sourches et à Abondant. La nouvelle est d’autant plus mauvaise que le marquis aurait besoin de consulter un médecin, notamment pour sa vue qui s’altère. La famille se replie à nouveau dans un silence prudent.
Durant tout le premier empire, Madame de Tourzel sera entourée d’une « surveillance odieusement vexatoire», confinée dans le château d’Abondant, dont son fils lui laisse la disposition comme douairière.
Le 18 août 1806
Augustine de Tourzel, épouse de son fils Charles, accouche d’une fille, Anne (1806-1837), mariée le 10 janvier 1830 à Paris, avec Paul Vogt d’Hunolstein (1804 – 1892), député de la Moselle.
En 1807
Sa famille rachète le château d’Havré qui avait été bien national.
En janvier 1809
La marquise obtient l’autorisation impériale d’effectuer un déplacement. Elle se rend d’abord à Roucy, où sa fille Henriette de Charost pssède un château de style Louis XVI. Puis, elle voyage en Flandres en passant par Laon, Vervins, Mons, Maubeuge, Bruxelles, Louvain, Malines et Anvers.
Louise-Elisabeth n’en est pas moins toujours reléguée de Paris.
Pauline fait une nouvelle tentative d’approche de l’Empereur à Compiègne, mais elle n’est pas reçue. Elle récidive le lendemain, en vain encore. Le troisième jour, elle tente à nouveau… pour elle-même , elle ne l’aurait pas fait, mais pour sa mère, son frère et sa sœur, elle a le cœur motivé. Elle est enfin admise près de l’Empereur, qui la reçoit gracieusement, mais feignant d’ignorer le motif de sa démarche. La réponse est favorable : il lui accorde le retour de sa mère !
Après quatre ans d’exil qui les avaient séparés, la famille Tourzel peut enfin se retrouver à Paris.
Le 1er avril 1810
Napoléon Ier épouse l’Archiduchesse Marie-Louise : l’Impératrice est ainsi du même sang que Marie-Antoinette.
Le 26 mai 1810
Sa petite-fille, Virginie de Sainte-Aldegonde (1789-1878) épouse Casimir-Louis-Virturnien de Rochechouart, duc de Mortemart (1787-1875).
Le 13 novembre 1810
Marie-Joséphine, comtesse de Provence, décède en 1810 à Hartwell House dans le Buckinghamshire en Grande-Bretagne.
Le 13 février 1811
Son gendre, le marquis de Galard-Brassac-Béarn, est fait comte de l’Empire. Cela permet de mettre sa famille à l’abri politiquement, et d’éviter de devoir continuer à vivre en marge de la société.
A la Restauration
Pauline de Béarn entre au service de la duchesse d’Angoulême.
Le 18 janvier 1815
Après l’exhumation, les ossements de Marie-Antoinette sont déposés dans une cassette jusqu’à ce qu’on les transmette dans les cercueils de plomb destinés à les renfermer.
Les restes de Marie-Antoinette sont trouvés d’abord (ils sont plus récents que ceux de Louis XVI) et ensuite, en fonction de la localisation de l’enterrement de la Reine, on cherche aussi ceux du Roi, dont l’identification est cependant douteuse ( il semblerait qu’on ait prit le premier corps qui se trouvait à peu près à l’endroit où il avait été indiqué, qu’on considère comme les restes du Roi).
Les os encore intact sont placés dans une boîte. La chaux trouvée dans le cercueil est relevée et placée dans une autre boîte. Les deux boîtes sont portées dans le salon de Desclozeau, transformé en chapelle ardente.
Le 19 janvier 1815
On creuse à l’emplacement indiqué pour la fosse de Louis XVI, entre celle de la Reine et le mur de la rue d’Anjou. On trouve à dix pieds de profondeur quelques débris de planche dans la terre mêlée de chaux et des ossements dont certains tombent en poussière. Des morceaux de chaux encore entiers adhèrent à certains os. La tête est placée entre les fémurs.
Tous les débris qu’on peut sortir de cet amas de terre, de chaux, de bois et d’ossements sont enfermés dans deux boite, l’une aux ossements, l’autre contenant les restes qui n’ont pas pu être extraits de la chaux solidifiée, souvent –détail macabre – parce celle-ci avait «moulé » une partie du corps du défunt.
Les deux boites furent, comme pour Marie Antoinette, placées dans un cercueil.
Le 21 janvier 1815
Dugourc est chargé de mettre en scène le transfert des cendres de Louis XVI et de Marie-Antoinette du cimetière de la Madeleine à la messe des funérailles à Notre-Dame jusqu’au tombeaux à Saint-Denis.
Sur le haut du catafalque du char, la couronne plafonne tellement qu’elle s’accroche à un réverbère rue Montmartre.
Une gigantesque pyramide accostée de deux colonnes sommées d’urnes masque la façade de la basilique.
Pauline de Béarn va rencontrer le Roi et la duchesse d’Angoulême à Compiègne. Losqu’elle l’aperçoit, la princesse s’exclame : « Ah ! C’est Pauline !» ; elle la conduit au Roi, la prenant par la main et l’annonce avec vivacité : « Sire, voilà Pauline !». Louis XVIII lui prend la main et la pose sur son cœur en disant :
« Vous n’êtes jamais sortie de là, ma chère Pauline, je vous revois avec grand plaisir.»
La comtesse de Béarn aurait pu redouter la réaction du Roi et de sa nièce par rapport à la promotion de son mari comme chambellan de l’Empereur, mais les élans du cœur sont plus forts que toute vision politique.
« Rentrée dans ses appartements, Madame la duchesse d’Angoulême me f(ait) appeler dans son cabinet : alors mille questions se succèd(ent) sur moi, sur votre père, sur vous mes enfants … Quel touchant intérêt, quelle aimable sollicitude elle me témoign(e) ! Jamais princesse ne sut aimer avec plus de coeur ceux qui lui étaient dévoués. Après avoir épuisé toutes les questions que sa bonté et son amitié lui suggérèrent sur tout ce qui m’intéress(e), elle me dit avec une émotion extrême : » Ma chère Pauline, vous me mènerez au tombeau de mon père … »»
Pauline de Béarn
Marie-Thérèse d’Angoulême lui permet de la voir aussi souvent qu’elle le veut : Pauline profite avec empressement de cette permission et se rend de bonne heure chez sa vieille amie :
« là de douces conversations (lui font) reconnaître le fond de son cœur.»
Le 1er mars 1815
La Restauration ne dure pas.
Confronté au non-paiement de sa pension attribuée par le traité de Fontainebleau et devant le mécontentement croissant des Français, Napoléon quitte son exil de l’île d’Elbe et débarque à Golfe-Juan.
Le 19 mars 1815
Napoléon est aux portes de Paris. Louis XVIII et sa cour prennent la fuite pour Gand en passant pas Beauvais.
Ce qui lui vaut le surnom de « Notre père de Gand » par les chansonniers…
Les nerfs de la marquise sont mis à rude épreuve. Elle reste chez elle en attendant des jours meilleurs.
Le 4 avril 1815
Décès de son fils, Charles-Louis Yves, marquis de Tourzel, sixième marquis de Sourches : tous les espoirs de la famille se reportent sur son petit-fils, Olivier, alors âgé d’une dizaine d’années.
Le 18 juin 1815
La défaite de Waterloo réinstalle Louis-Stanislas sur le trône de France.
Son règne est consacré à la lourde tâche de concilier les héritages révolutionnaires et napoléoniens avec ceux de l’Ancien Régime.
Madame de Tourzel peut être satisfaite : sa famille a su maintenir la proximité avec c elle du souverain, ce Qui est le propre de la noblesse de cour. Louise-Elisabeth reste cependant paisiblement à Abondant. Elle préfère voir les Tuileries depuis la rue de Lille à y entrer. Pauline monte souvent à cheval avec la duchesse d’Angoulême.
Le 17 janvier 1816
Louis XVIII crée l’ex-gouvernante de ses royaux neveux duchesse héréditaire de Tourzel (titre qui s’éteindra avec son petit fils qui a également succédé à son père et à son grand-oncle dans la charge de grand-prévôt de l’hôtel du roi ).
Elle vit entourée de petits-enfants et de souvenirs à Abondant, près de Dreux.
Le 18 septembre 1816
Louise-Elisabeth reçoit à Abondant la duchesse douairière d’Orléans, qui a à peu près son âge et qu’elle connaît depuis toujours, quoique les jeux de cour les aient placées dans des coteries différentes.
Madame de Tourzel a compris depuis longtemps que la malheureuse duchesse d’Orléans n’était qu’une victime. C’est la belle-sœur de l’infortunée princesse de Lamballe, dont elles évoquent peut-être les dernières heures puisque Louise-Elisabeth les a partagées avec elle.
En février 1817
Madame de Tourzel est conviée à un spectacle au palais des Tuileries à l’occasion des fêtes du carnaval.
Elle est propriétaire de l’hôtel d’Estrées au no 79 de la rue de Grenelle à Paris que ses descendants vendirent au gouvernement russe en 1863.
La duchesse d’Angoulême demande à Pauline de l’accompagner dans sa tournée officielle dans le sud-ouest de la France, notamment à Bordeaux.
Le 25 juin 1817
Sa petite-fille, Augustine-Joséphine de Tourzel (1798-1870), âgée de dix-neuf ans, épouse Amédée-François-Régis des Cars (1790-1868), officier plein d’avenir de vingt-sept ans et héritier du duc des Cars, à Abondant.
Le 15 octobre 1817
Son petit-fils, Camille de Sainte-Aldegonde (1787-1853), âgé de trente ans, épouse Adélaïde-Joséphine Bourlon de Chavanges (1789-1869), veuve du général Augereau, duc de Castiglione. Cela fusionne la vieille noblesse avec la noblesse d’empire : on imagine la perplexité de la duchesse.
Le 24 novembre 1817
La sœur de Camille, Gabrielle de Sainte-Aldegonde 1793-1874), épouse Arthus Gabriel Timoléon de Cossé-Brissac (1790-1857), issus d’une famille ducale : son grand-père, amant de madame du Barry, a été une des victimes des massacres de septembre 1792. Ils auront huit enfants.
Le 3 juin 1819
Madame de Tourzel apprend le décès de Jacques-Nicolas Billaud-Varenne (1756-1819), cet avocat, député montagnard à la Convention nationale qui les as sauvées, Pauline et elle, lors des massacres de septembre 1792.
En 1819
Madame de Tourzel visite le château de Versailles dans lequel elle n’était plus revenue depuis les journées d’octobre 1789.
Le 26 juillet 1819
Mort de son amie intime, Madeleine de Maillé (1750-1819), qui fut dame du palais de Marie-Antoinette.
Le 13 février 1820
Assassinat du duc de Berry, beau-frère de Marie-Thérèse d’Angoulême.
Le 14 février 1820
Mort du duc de Berry
Le 23 avril 1820
Sa petite-fille, Alix de Béarn (1799-1855), épouse Adrien-Eugène-Gaspard de Tulle de Villefranche (1793-1850), âgé de vingt-sept ans.
Le 29 septembre 1820
Naissance de Henri d’Artois (1820-1883), petit-fils de France, duc de Bordeaux, plus connu sous son titre de courtoisie, comte de Chambord. De 1844 à sa mort, il sera prétendant à la couronne de France, sous le nom d’Henri V.
En octobre 1820
Madame de Tourzel séjourne à Groussay, près de Montfort-l’Amaury, dans une maison de campagne que sa fille aînée, Henriette de Charost, s’est fait construire, sur un terrain acquis en 1815, probablement avec le produit de la vente de l’hôtel de Charost, rue du Faubourg-Saint-Honoré à Paris.
« C’est une grosse bâtisse quadrangulaire à deux étages, de style vaguement toscan, dont les façades sont rythmées par un avant-corps. Crépie, couverte en ardoise, simple, commode, elle est faite pour une vie réglée à la campagne.»
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
Le 14 juin 1823
Sa petite-fille Emilie de Tourzel (1802-1844)épouse Emeric de Durfort, futur duc de Lorge (1802-1879) : ils auront deux fils : Paul (1828-1872) et Auguste (1838-1911).
Le 23 juin 1823
Marie-Adélaïde d’Orléans succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie, au château d’Ivry-sur-Seine. Elle ne verra pas l’avènement de son fils Louis-Philippe Ier, en juillet 1830.
Le 19 août 1823
Le duc d’Havré est officier de la Légion d’honneur. Il y a quelque chose de paradoxal à décoré ce représentant de l’Ancien régime de soixante-dix-neuf ans, avec un ruban institué par l’empereur des Français.
Le 23 novembre 1823
Antoine-François Hardy, retiré de la carrière parlementaire depuis vingt ans, s’éteint à Paris. C’est à lui que Pauline doit sa survie lors des massacres de septembre 1792.
Le 26 février 1824
Son petit-fils, Louis-Hector de Galard-Brassac-Béarn (1802-1871) épouse Coralie-Constance Le Marois, fille d’un ancien aide de camp de Bonaparte, elle est riche contrairement à l’héritier des Béarn : tout le monde trouve son compte dans cette union.
Le 16 septembre 1824
Louis XVIII (1755-1824) meurt à Paris.
Charles X monte sur le trône et décide de renouer avec la tradition du sacre ; Louis XVIII avait annoncé publiquement son intention de se faire sacrer mais on peut présumer qu’il y renonça pour des raisons physiques, sa mauvaise santé ne lui permettant pas d’en supporter les rites.
En juin 1828
Madame de Tourzel part à Abondant.
Le 28 août 1829
Le prince Jules de Polignac (1780-1847), fils de Yolande, qui a précédé Louise-Elisabeth dans sa fonction de gouvernante des Enfants de France, est nommé chef du gouvernement pour remplacer Martignac. C’est un mystique peu au fait des pièges de la vie parlementaire …
Les 27, 28 et 29 juillet 1830
Les opposants aux ordonnances de Saint-Cloud soulèvent Paris : ce sont les Trois Glorieuses de 1830, ou « révolution de Juillet », qui renversent finalement Charles X.
Le 30 juillet 1830
Louis-Philippe duc d’Orléans, est nommé lieutenant général du Royaume par les députés insurgés.
Le 31 juillet 1830
Charles X préside son dernier conseil des ministres le 31 juillet 1830 dans le Cabinet Frais du Grand Trianon.
Louis-Philippe accepte ce poste. Il s’enveloppe alors d’un drapeau tricolore avec La Fayette et paraît ainsi à son balcon.
Le 2 août 1830
Charles X, retiré à Rambouillet, abdique et convainc son fils aîné le dauphin Louis-Antoine de contresigner l’abdication. Marie-Thérèse devient donc Reine de France… pour quelques instants seulement !
La Dauphine, Marie-Thérèse, s’écrit :
« Ah qu’il est cruel de quitter la France !»
Le 2 mai 1832
Son petit-fils, Olivier du Boucher de Sourches (1804-1845) épouse Victorine de Crussol d’Uzès : la duchesse leur offre une châtelaine en or, ornée de médaillons contenant des cheveux des membres de la famille royale.
Le 15 mai 1832
La duchesse de Tourzel meurt au château de Groussay à Montfort-l’Amaury, âgé de quatre-vingt-deux ans, après avoir publié ses mémoires. Son corps, rapporté à Abondant fut inhumé dans le cimetière de cette commune contre un mur de l’église paroissiale, selon sa volonté de demeurer parmi « ses chers habitants d’Abondant ».
Mais la duchesse a encore voyagé… Le duc des Cars emmène la dépouille de Madame de Tourzel et toute la famille en direction de Saint-Symphorien, au château de Sourches, berceau des Tourzel :
… dernier voyage jusqu’à la crypte de la chapelle du manoir de l’Isodière :
La duchesse repose depuis au cimetière de Saint-Symphorien, bien entourée de tous ses proches .
Sources :
- https://www.marie-antoinette-antoinetthologie.com/
- BEARN Pauline, comtesse de, Souvenirs de quarante ans 1789-1830 ; éditions Lecoffre, 1861
- DUARTE Christophe, Versailles-passion, groupe FB
- BERNOT Jacques, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022) ; Nouvelles Editions Latines
- TOURZEL Louise-Elisabeth, Mémoires de Madame la duchesse de Tourzel, gouvernante des enfants de France de 1789 à 1795 ; première parution en 1969, notes établies par Carlos de Angulo ; Collection Le Temps retrouvé, Mercure de France
Madame Royale reste seule au Temple.
Le 7 juillet 1794
Son cousin, Louis-Joachim, duc de Guesvres, gouverneur de la province d’Île-de-France, est exécuté.
Le 26 juillet 1794
La marquise d’Armentières, née Sennectère, belle-mère de sa nièce, la jeune Amélie d’Havré, monte à l’échafaud
Le 27 juillet 1794 (ou le 9 thermidor)
La dernière charrette, emportant cinquante-trois personnes, dont la princesse de Monaco, née Choiseul-Stainville, est plusieurs fois arrêtée lors de son parcours jusqu’à la place du Trône renversé : en effet, au même moment se déroule le complot mettant fin au pouvoir de Robespierre.
Mais ce n’est pas suffisant. Ces dernières victimes de la Terreur n’échapperont pas à leur sort.