Le baron de Breteuil par Ménageot
Louis-Auguste Le Tonnelier , baron de Breteuil, est issu d’une illustre famille de hauts commis de l’État.
Le 7 mars 1730
Naissance de Louis-Auguste Le Tonnelier à Preuilly fils de Charles-Auguste Le Tonnelier de Breteuil (1701-1731), baron de Preuilly et de Marie Anne Françoise Goujon de Grasville.
Il est le neveu de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, duchesse du Châtelet.
Emilie du Châtelet
Il fait son entrée dans le monde sous les auspices de son oncle, l’abbé de Breteuil, ancien agent du clergé de France et chancelier du duc d’Orléans, qui obtient pour lui le grade de guidon de gendarmerie. Il sert dans l’armée et la diplomatie.
Le 24 janvier 1752
Il se marie à Philiberte Jérôme Parat de Montgeron (1737-1786) dont il aura une fille, Marie Élisabeth Émilie (1757-1833), comtesse de Matignon.
En 1758
Son caractère vif et entreprenant, la vivacité de son esprit, la facilité de ses conceptions, la justesse de son jugement et son extrême activité, font remarquer de bonne heure le jeune Breteuil par Louis XV, qui l’envoie à Cologne en qualité de ministre plénipotentiaire près de l’électeur, et l’initie à sa correspondance particulière dont le comte de Broglie (1719-1781) était l’âme.
En 1760
Il est ministre plénipotentiaire en Russie, où il lui aurait été suggéré de devenir l’amant de Catherine II afin de s’assurer de son amitié envers la France mais il s’y serait refusé.
Catherine II de Russie
Toutefois, en se mettant en travers d’une demande de prêt qu’elle avait sollicité afin de lui permettre de monter un coup d’état contre son mari le Tsar Pierre III, il s’attira de sa part un ressentiment tenace qui a pu avoir d’importantes conséquences après 1789.
Par la suite, en Suède, sa grande amitié avec le successeur du souverain, Gustave, futur Gustave III, ne fut sans doute pas étrangère à l’amitié, certes aussi intéressée, que ce Roi porta à la France et notamment après 1789, puisqu’il fut l’un des seuls monarques européens à tenter d’aider Louis XVI. Durant ce séjour en Suède, il se lia d’amitié avec le comte von Fersen (1719-1794) ce qui explique qu’il accueillera et protégé son fils, Axel (1755-1810), lorsque celui-ci se rendra en France.
Axel de Fersen
En 1765
Sa femme meurt en couches. Il se consolera avec des maîtresses successives.
En 1769
Ambassadeur en Suède, il assiste à la célèbre diète de cette année et n’est pas étranger à la révolution qu’elle voit éclater.
En 1770
Il est nommé une première fois ambassadeur en Autriche, le poste le plus prestigieux de la diplomatie française en raison du pacte d’alliance entre les deux pays.
Désigné pour le royaume de Naples et des Deux Siciles, il se gagna l’amitié de la reine Marie-Caroline, sœur aînée de Marie Antoinette et par conséquent, celle de sa mère, l’impératrice Marie-Thérèse. Aussi, on ne s’étonnera pas qu’en 1774, à la mort de Louis XV, il fut à nouveau désigné pour Vienne :
« Les sept années d’ambassade à Vienne furent les plus fructueuses de sa carrière diplomatique. Il aida au maintien de l’alliance franco-autrichienne tout en contrôlant la tendance des Habsbourgs à l’exploiter à son propre avantage. Mais au dessus de cela, il se fit une amie sûre de Marie-Thérèse dont les vues essentiellement défensives s’accordaient aux intérêts français. »
Ceci déplaît à l’empereur Joseph II et par voie de conséquence à son principal conseiller le prince de Kaunitz ainsi qu’à son fidèle protégé Mercy-Argenteau. Le rôle qu’il joua lors du traité de Teschen en ne soutenant pas les prétentions de l’empereur sur la Bavière, renforça cette inimitié ce qui explique le ton acerbe à son égard des lettres de Kaunitz et de Mercy Argenteau.
En 1775
Il remplace Louis, cardinal de Rohan à Vienne. Il y est autrement plus apprécié que son prédécesseur. Il sert en particulier de médiateur entre la Prusse et l’Autriche lors de la guerre de Succession de Bavière en 1779.
Le 13 mai 1779
La paix de Teschen évite à l’Europe de sombrer dans une guerre généralisée.
Ses efforts sont récompensés par l’estime des têtes couronnées européennes et par la Table de Teschen, un magnifique meuble en pierres dures et précieuses, offert conjointement par l’Impératrice Marie-Thérèse et par le Roi de Saxe.
La table de Teschen
Breteuil protégea durant sa carrière un certain nombre de jeunes gens talentueux dont, entre autres, Barras ainsi que Marc Marie de Bombelles (1744-1822) qui lui fut redevable de son entrée dans la carrière diplomatique et son mariage à la cour avec Angélique de Mackau (1778).
En 1780
Il est à Vienne, où il est bientôt remplacé par le Cardinal de Rohan (1734-1803) : ce fut la première cause de la haine que se portent ces deux hommes, et dont le baron de Breteuil donnera une preuve par sa conduite pleine de partialité lors de l’affaire du collier.
En 1783
Breteuil rentre à Paris et est nommé à la tête de la maison du Roi et à celle du département de Paris. Il pratique une politique de bon sens, mettant en chantier divers projets de réforme.
Il est accusé d’avoir milité contre Rohan dans l’affaire du Collier et est contraint de démissionner par les partisans de Calonne. Ses ennemis politiques le disent vain et nul.
Hézecques rapporte qu’il a vu une caricature du ministre avec , pour seule légende, un air noté de l’opéra de Magnifique, dont les paroles sont :
« Oh! c’est un beau cheval ! »
Le château de Breteuil
Protecteur de Beaumarchais mais adversaire de la révolution, Breteuil se déclare favorable à la répression des premiers troubles populaires.
L’action de Breteuil entre 1783 et 1786 renforce l’impression que l’on a d’un personnage complexe et contradictoire. L’homme qui ferma la sinistre prison de Vincennes et réforma l’usage des lettres de cachet pouvait aussi chercher à manipuler la justice pour détruire l’un de ses ennemis personnels. Cette ambiguïté est également renforcées par la dernière phase du ministère de Breteuil. Le baron contribua de manière significative à l’appointement de Loménie de Brienne, arguant farouchement en présence du roi contre le rappel de Necker pour remplacer Calonne, contrairement à ce que plusieurs de ses collègues avançaient. Cependant, il n’a clairement pas milité pour que Loménie de Brienne devienne premier ministre comme il le fit au mois d’août 1787, il ne manifesta aucune sympathie pour l’archevêque. Une partie de cette désaffection était due ainsi à une simple lutte de pouvoir. Comme le ministère entrait en crise à l’été 1788, Breteuil subit de fortes pressions de la part de son cercle d’amis, spécialement la duchesse de Brancas et Rulhière, pour renverser Loménie de Brienne et prendre lui-même le pouvoir.
Bombelles dresse un tableau vivant de ces intrigues :
« On voudrait à toute force en ce moment faire jouer à M. le baron de Breteuil un rôle qui n’est pas fait pour lui. On cherche à lui persuader que, seul capable de ramener l’ordre et la confiance de la nation, il doit profiter des circonstances pour culbuter le ministre principal ainsi que le garde des Sceaux. Rulhière et la duchesse de Brancas tiennent le haut bout de cette clique. Lorsqu’ils chuchotent ensemble, on croirait voir la haine et la discorde conjurer de concert la perte de tous les mortels »
En 1789
Breteuil participe, avec Malesherbes, à l’élaboration des « édits de tolérance« , sous l’impulsion de Louis XVI, il est sans doute victime des clans de la cour.
Émigré et gardant la confiance du Roi, il entreprend de négocier avec divers représentants des puissances étrangères.
En 1790, Louis XVI écrit à Breteuil :
Vous connaissez mes intentions, et je laisse à votre prudence à en faire l’usage que vous jugerez nécessaire pour le bien de mon service. J’approuve tout ce que vous ferez pour arriver au but que je me propose, qui est le rétablissement de mon autorité légitime et le bonheur de mes peuples .
En 1792
Il se retire complètement des affaires, à Hambourg.
En 1802
Rentré en France, dans un état voisin de la misère, dont il n’est tiré que par l’héritage d’une cousine.
Le 2 novembre 1807
Le baron de Breteuil meurt à Hambourg , oublié, jour du cinquante-deuxième anniversaire de la naissance de la Reine qui l’avait tenu en haute estime.
« … à trois reprises Breteuil infligea des dommages décisifs sinon mortels à la monarchie: l’achat de Saint-Cloud pour la Reine, sa conduite dans l’Affaire du Collier de la Reine et son travail de sape à l’encontre des opérations de Calonne au Parlement. »
John Hardman
Outre l’amélioration dans le système des prisons d’Etat, on lui doit la démolition des maisons situées sur les ponts et le quai de Gèvres. Il protégea les arts et les gens de lettres.