
Le 15 avril 1750
Naissance de Madeleine-Angélique-Charlotte de Bréhan. Elle est la fille de Marie-Jacques, marquis de Bréhan, vicomte de l’Isle, et de Marie-Jeanne-Angélique Delpech de Cailly.
Le 13 mai 1764
Décès de son père, Marie Jacques marquis de Bréhant, maréchal de camp, inspecteur général d’infanterie, à Paris.
Le 8 mars 1769
Madeleine de Bréhan épouse à Paris Charles-René de Maillé de La Tour-Landry (1732-1791), lui même veuf de Marie Bonne Félicité Savary de Brèves décédée l’année précédente. Son mari est alors page de la Petite Écurie du Roi.
« Les pages de la chambre étaient au nombre de huit. Leur service, borné à l’intérieur du château, ne demandait ni taille ni force ; aussi y entrait-on très-jeune, et j’en ai connu qui y étaient arrivés à neuf ans. Deux gouverneurs et un précepteur étaient chargés de surveiller leur éducation ; et, grâce à leur petit nombre, cette éducation était bien supérieure à celle que recevaient les pages des écuries, laquelle, je dois le dire, laissait beaucoup à désirer.»
Félix d’Hézècques
Au XVIIIe siècle, leur nombre est d’environ quarante pour la Grande Ecurie. Sous Louis XV, le règlement d’admission aux Ecuries est sensiblement modifié. L’Edit du 29 mai 1721 exige des preuves de noblesse remontant à 1550. J’ignore à quand elle doit remonter sous Louis XVI, ce doit environner 1580.
Quatre pages de la Grande Ecurie, six de la Petite escortent le Roi à la chasse. Les soixante-douze pages servent à porter les fusils. Ils servent parfois les courtisans lors des fêtes royales. Dans ses déplacements, le Souverain est suivi d’un détachement de pages des Ecuries habillés à ses couleurs.
Le rôle de la Grande Ecurie, dirigée par le Grand Ecuyer, sert dans les occasions solennelles ou en temps de guerre. Tandis que la Petite Ecurie fournit le service ordinaire, quotidien et familier. Le poste de Premier Ecuyer a quelque chose de plus intime que celui de Grand Ecuyer.
Vivre et travailler dans les Écuries du Roi,
Les appartements de la Grande Écurie
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles-passion )
Les bâtiments de la Grande Ecurie sont construits de 1679 à 1682 sur les plans de Mansart. Ils abritaient deux mille cinq cents chevaux et deux cents carrosses. Les deux écuries ont leur étage particulier. La Grande renferme les chevaux de mains, nécessaires aux besoins de la Cour. Dans la grande arcade du fond de la cour et dans le milieu de l’avant-corps, on pénètre dans un grand manège couvert aux côtés duquel se trouvent deux écuries.
Derrière elle est placé la grand manège pour les joutes et les tournois.
Dans les Ecuries du Roi dort l’élite des cadres de l’armée royale.
Dans chacune des écuries sont aménagées plusieurs dizaines de logements, tant les grandes ailes que dans les corps de bâtiments de la demi-lune, les petites ailes des cours latérales et les mansardes.

Plan du Premier étage en 1751
Le logement général de la Grand Écurie attribué au Grand Écuyer dispose d’un très grand nombres de pièces à tous les étages de l’aile droite.



Au premier étage, on en compte seize, dont douze avec cheminée et trois entresols. Enfin, il dispose à son gré de vingt-sept autres pièces et deux entresols au deuxième étage.


A partir du XVIIIe siècle, la restauration des appartements est l’occasion de créer de nouveaux espaces en modifiant une distribution ancienne d’une relative simplicité.
Plan du Premier Étage de l’Aile des Pages en 1763
A la demande des occupants eux-mêmes, il est prévu d’ajouter des cloisons qui permettent de faire d’une chambre ancienne une petite chambre à coucher précédée d’une salle de compagnie.

La multiplication des cheminées construites sans autorisation relève plus d’un «droit au confort» que revendiquent les plus modestes. Bien mieux qu’une suite de pièces de réception, le confort de la demeure témoigne désormais de la richesse et du raffinement du propriétaire.

Coupe transversale de l’Aile des Pages montrant la Salle-à-Manger au rez-de-chaussée, et les lits au premier étage


Un page (du grec παιδιον, paidion, petit garçon) est un jeune noble attaché au service d’un Roi, d’une Reine, d’un prince, etc. Les pages sont chargés des menues courses du Roi, portent ses billets ou ses compliments, l’escortent et l’accompagnent lorsqu’il se rend à la messe, ils font les honneurs des invités des soirées et bals donnés aux courtisans, accueillent les dames, les mènent à leurs places, les conduisent au souper ou à leurs voitures.
Il faut, pour être reçu page, prouver au moins deux cents ans de noblesse directe, et avoir une pension de six cents livres destinée aux menues dépenses. Alors, les parents sont délivrés de toute sollicitude : habillement, nourriture, maîtres, soin pendant les maladies, tout est fourni avec une magnificence vraiment royale.
Les pages de la grande écurie avaient pour uniforme la livrée du roi, c’est-à-dire des habits bleus couverts de galons en soie cramoisi et blanc. Mais dix-huit d’entre eux, au choix du grand écuyer chargé du service à cheval, avaient des habits bleus galonnés en or, veste et culotte rouges. Les poches, en travers ou en long, distinguaient la grande de la petite écurie.

Livrée du Roi
Un seul habit de page de la chambre coûte quinze cents livres ; aussi est-il en velours cramoisi brodé en or sur toutes les tailles. Le chapeau est garni d’un plumet et d’un large point d’Espagne. Ils ont, en plus, un petit habit de drap écarlate, galonné en or et argent.
Les pages sont suivis, trois fois par semaine, par un maître d’armes, de danse, de géographie, d’allemand, de mathématiques et un maître à voltiger, payés par le roi. Le reste du temps, qui n’est pas occupé par l’équitation, les pages sont libres; et peuvent se payer des maîtres particuliers.
Bien sûr, les pages suivent les célébrations religieuses quotidiennes: les pages doivent faire leurs dévotions ( c’est à dire s’approcher des sacrements) cinq fois par an, à Pâques, à la Pentecôte, à la Notre Dame d’Août, à la Toussaint et à Noël. A noter, la pratique janséniste de la double confession avant Pâques… «On disait la messe dans la chapelle, tous les jours ; et deux capucins, du couvent de Meudon, étaient chargés des prédications et de la direction de nos consciences.»
« Tout le côté gauche de la grande écurie formait notre logement. On voyait, au rez-de-chaussée, une chapelle très-jolie, une grande salle d’exercices, les offices, les cuisines, et la salle à manger où étaient deux billards. Nous étions répartis en quatre tables ; et, pour la nourriture, la lumière et le feu de trois ou quatre poêles, le roi donnait au maître d’hôtel quatre-vingt mille francs par an.
Au premier étage, dans une vaste galerie, se trouvaient disposées, sur deux lignes égales, les cinquante chambres où nous logions, toutes peintes en jaune vernissé et meublées uniformément. Comme ces chambres n’allaient qu’à la moitié de la hauteur de l’étage, il régnait, au-dessus, une espèce de galerie disposée comme des loges au spectacle, et servant de garde-meuble. Au fond de la galerie, une grande salle, bien chauffée, servait pour les études. Les deux sous-gouverneurs, le précepteur et l’aumônier avaient leurs appartements dans les mansardes, où se trouvait aussi la lingerie. Le gouverneur occupait le pavillon, sur la place d’armes. Là était placée notre bibliothèque, ouverte deux heures par jour, pour y changer les livres et y lire les papiers publics.
Les pages de la grande écurie avaient pour uniforme la livrée du roi, c’est-à-dire des habits bleus couverts de galons en soie cramoisi et blanc. Mais dix-huit d’entre eux, au choix du grand écuyer chargé du service à cheval, avaient des habits bleus galonnés en or, veste et culotte rouges. Les poches, en travers ou en long, distinguaient la grande de la petite écurie.»
Félix d’Hézècques
Le lever est à sept heures et demie, à neuf heure la messe avant de déjeuner. La leçon commence à dix heures. Sortie de midi à une heure, puis dîner et sortie jusqu’à trois heures. Une leçon entre trois et quatre heures, et sortie jusqu’à neuf heures qui est l’heure de souper.
« Nous y faisons la plus grande chère du monde.»
Il y a aussi une bibliothèque fort bien composée, d’où on prête des livres…
Après la deuxième année, la charge devient effective…
« Le service des pages de la chambre consiste à se trouver au grand lever du Roi, à l’accompagner à la messe, à l’éclairer au retour de la chasse, et à assister au coucher pour lui donner ses pantoufles. Je décrirai plus tard la manière dont se faisait te service tout à fait singulier, car il était unique de faire veiller deux enfants pour donner une pantoufle. Mais, si le prince, sous prétexte d’intérêts particuliers, s’était relâché sur quelques points, on aurait bientôt vu s’évanouir toute la majesté qui doit entourer le trône et le souverain.»
Mémoires de Félix d’Hézecques
La hiérarchie des pages, dans leur intérieur, se partage en trois degrés : Les anciens, qui ont pouvoir absolu sur les nouveaux au bout de deux ans. Les seconde-année, espèce de mixtes, nommés sémis, qui ne sont point commandés et qui ne peuvent se faire obéir, mais que, à la moindre faute envers les seigneurs anciens, on fait mettre par les nouveaux sous huit robinets qui versent abondamment de l’eau dans une cuve de marbre de la salle à manger. La première année se passe dans le noviciat de la nouveauté, noviciat des plus rudes. L’obéissance la plus entière et la plus passive est la première qualité d’un nouveau ; et bien des jeunes gens arrivant de leur province, peu pénétrés de ce principe, sont reçus de manière à en être bien vite persuadés. Un nouveau n’a rien à lui ; toujours prêt à obéir au moindre signe, obligé de prévenir même les intentions de son ancien, chacune des fautes qu’il commet, même involontairement, était aussitôt punie, soit par arrêts plus exactement observés que ceux que prescrivaient les gouverneurs, soit par des pages de grammaire allemande qu’il faut copier, soit enfin par des férules nommées savates, du nom de l’objet qui sert à les appliquer. Car aucun des termes admis dans un collège n’est en usage parmi nous. Les mots : sortoirs, réfectoires, classes, sont scrupuleusement remplacés par ceux de corridors, salle d’étude, etc. ; les prononcer, ce serait compromettre sa tranquillité ; et un nouveau ayant appelé son camarade « son compagnon » en conserve le nom tout le temps de son service.
Le changement parmi les pages et l’arrivée des nouveaux ont lieu, pour la grande écurie, le 1er avril, tandis que les autres pages se renouvellent le jour de l’an.
« De mon temps, la nouveauté se bornait à l’obéissance la plus exacte et à une distinction de rang qu’entraîne toujours l’ancienneté.»

Image de Louis XVI, l’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
Les Pages du Roi, de la Reine, etc … formaient à Versailles une jeunesse turbulente, que le Grand Prévôt s’efforçait d’en réprimer les écarts.
Paul Fromageot (Historien, spécialiste de Versailles)
« Ils fréquentaient cafés et auberge, y faisaient de galantes rencontres, et trop souvent s’y livraient au libertinage. »
Le lever du Roi
Le cérémonial du lever du roi pourra paraître d’autant plus curieux qu’il est déjà plus loin de nous, et que bien des gens demanderaient volontiers si ce lever était réellement l’instant où le roi quittait son lit.
Le porte-chaise entrait au lever du roi, quand on appelait la première entrée ; il passait alors dans la garde-robe, près du lit du roi, pour voir s’il n’y avait rien, dans son petit mobilier, qui réclamât sa vigilance et sa sollicitude. C’était là son seul service.
Successivement, l’heure se sera trouvée reculée, et le lever était devenu la toilette du roi ; car, sous Louis XVI, qui quittait son lit à sept ou huit heures du matin, le lever était à onze heures et demie, à moins que des chasses ou des cérémonies n’en avançassent l’instant ; et je l’ai vu, dans quelques circonstances, à cinq heures du matin.
C’était à l’heure du lever que se rendait au château la foule des courtisans, soit de Versailles, soit de Paris. Les uns venaient se faire remarquer, ceux-ci chercher un regard du prince, d’autres se répandaient ensuite dans les bureaux, chez les ministres, pour y solliciter des faveurs, souvent demander de l’avancement, et n’y obtenir que des refus ou de la hauteur ; car, de tout temps, les subalternes croyaient s’acquérir de la considération par leur fierté, prenant presque toujours la morgue pour le talent.
Réceptions du Roi
« Après son lever, le roi recevait souvent des députations, soit du Parlement, soit des États provinciaux. C’est dans une de ces circonstances que je le vis remettre lui-même à l’avocat-général Séguier un exemplaire de l’ouvrage de Mirabeau sur la cour de Berlin, pour donner plus de solennité à l’arrêt qui le condamnait à être brûlé par la main du bourreau. C’est alors que le prince Henri de Prusse, très-maltraité dans ce libelle, dit à M. Séguier : « Vous tenez là de la boue. — Oui, monseigneur, répondit le spirituel magistrat, mais elle ne tache pas. »
Autrefois, la grande écurie n’avait d’autre service que d’éclairer le roi au retour de la chasse, et de le conduire à la messe ; et le premier page tenait l’étrier droit quand il montait à cheval. Mais, depuis la réforme de la petite écurie, les pages de la grande en eurent aussi le service. Deux d’entre eux, quand les princesses sortaient, les précédaient toujours, avec un troisième, de ceux qui étaient galonnés, et qu’on appelait surtout, pour porter la queue de la robe ; ils accompagnaient à cheval, quand les princesses sortaient en voiture.
Quand le Roi va à la chasse au tirer, tous les surtouts doivent être au rendez-vous. Ils quittent leurs habits pour prendre de petites vestes de coutil bleu et des guêtres de peau, et se tiennent, chacun avec un fusil, derrière le prince, qui, ayant tiré, prend une autre arme, tandis que la première, passant de main en main, arrive à l’arquebusier qui la recharge. Pendant ce temps, le premier page fait ramasser le gibier et en tient un compte exact sur de petites tablettes ; et, aussitôt la chasse finie, il se rend dans le cabinet du Roi qui lui en ordonne la distribution. Ce qui reste est pour lui. On pense bien que cette place est très-agréable ; car, outre l’avantage qu’elle offre de se livrer à un travail particulier avec le Roi, comme l’aurait fait un petit ministre, Louis XVI tuant à chaque chasse quatre ou cinq cents pièces, il en reste beaucoup au premier page. On nous distribue aussi, en ces occasions, douze bouteilles de vin de Champagne.
Le débotté du Roi
« Quand le roi rentrait de la chasse, il y avait ce qu’on appelait le débotté. C’était la toilette que le roi faisait alors ; et les usages étaient à peu près les mêmes qu’au lever.»
Débotté du Roi dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico
« Le garde-robe du Roi était dans un petit appartement, sur une petite cour, derrière l’escalier de marbre. C’était là qu’on conservait les habits, le linge et les vêtements du monarque. Tous les jours, on apportait, dans de grands tapis de velours, ce qui était nécessaire pour la toilette du soir et du matin.»
Le coucher du Roi
« Après avoir assisté au lever du roi, voyons ce qui se pratiquait à son coucher. Celui-ci était bien le véritable ; mais une occupation, souvent un léger somme, retenait le roi plus longtemps.»

Images de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac
« À onze heures, arrivaient le service et les courtisans. Tout était préparé : une magnifique toilette de brocard d’or et de dentelle ; sur un fauteuil de maroquin rouge, la robe de chambre en étoffe de soie blanche brodée à Lyon ; la chemise, enveloppée dans un morceau de taffetas ; sur la balustrade, un double coussin de drap d’or appelé sultan, sur lequel on posait la coiffe de nuit et les mouchoirs. À côté, les pantoufles, de la même étoffe que la robe, étaient placées près des pages de la chambre qui se tenaient contre la balustrade.»

Image de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac
« Le monarque arrivait ; le premier gentilhomme de la chambre recevait son chapeau et son épée, qu’il remettait à un sous-ordre. Le roi commençait, avec les courtisans, une conversation plus ou moins longue, suivant le plaisir qu’il y trouvait, et qui, souvent, se prolongeait trop au gré de notre sommeil et de nos jambes. Après avoir causé, le roi passait dans la balustrade, se mettait à genoux avec l’aumônier de quartier seul, qui tenait un long bougeoir de vermeil à deux bougies, tandis que les princes n’en pouvaient avoir qu’une. L’aumônier récitait l’oraison : Quæsumus, omnipotens Deus ; et, la prière terminée, le bougeoir était remis au premier valet de chambre qui, sur l’ordre du roi, le donnait à un des seigneurs qu’il voulait distinguer. Cet honneur était si fort apprécié en France, que beaucoup de ceux qui y prétendaient ne pouvaient déguiser leur dépit quand ils en étaient privés. Le maréchal de Broglie, le vainqueur de Bergen, cordon bleu et maréchal de France, à quarante ans, comblé de gloire, était plus que personne sensible à cette privation. Sa rougeur, son embarras, décelaient le cruel chagrin qu’il éprouvait, tant le cœur de l’homme est incompréhensible, et renferme de petites faiblesses à côté des plus grandes qualités !»

Image de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac
« La prière finie, le roi ôtait son habit, dont la manche droite était tirée par le grand-maître de la garde-robe, le duc de Liancourt, et la gauche, par un premier-maître, M. de Boisgelin ou de Chauvelin, et toujours en descendant, si les premiers officiers ne s’y trouvaient pas.»

Images de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
« Le roi prenait ensuite sa chemise ; elle lui était donnée par le premier gentilhomme de la chambre. Mais si l’un des princes du sang était présent, c’était lui qui avait le droit de passer la chemise, ce qu’on regardait comme un grand honneur.
Le premier gentilhomme de la chambre présentait alors la robe de chambre au roi, qui ôtait de ses poches sa bourse, un énorme trousseau de clefs, sa lunette et son couteau ; il laissait tomber son haut-de-chausses sur ses talons, et dans cet état causait encore assez longtemps.
Enfin, il venait se placer dans un fauteuil ; un garçon de la chambre, à droite, un de la garde-robe, à gauche, se mettaient à genoux et prenaient chacun un pied du roi pour le déchausser. Alors les deux pages de la chambre s’avançaient et mettaient les pantoufles ; c’était le signal de la retraite.»

« L’huissier le donnait, en disant : « Passez, Messieurs ! » Il ne restait plus que les princes, le service particulier et ceux qui avaient les petites entrées.»

« Ils entretenaient le monarque pendant qu’on le coiffait de nuit. C’était l’instant des joyeux propos, des petites anecdotes ; et souvent le rire franc et bruyant du bon Louis XVI venait frapper nos oreilles dans l’Œil-de-Bœuf, où nous attendions l’ordre pour le lendemain.»


« Avant que Louis XVI ne fut absorbé par ses peines, le coucher était le moment de ses délassements et de ses jeux. Il y faisait des niches aux pages, agaçait le capitaine Laroche, ou faisait chatouiller un vieux valet de chambre si sensible que la peur seule le faisait enfuir.»
Le 10 janvier 1770
Madeleine accouche de Charles de Maillé de La Tour-Landry (1770-1837).
Le 16 mai 1770
Le Dauphin Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.
Marie-Antoinette par Ducreux
À cette occasion, l’abbé Soldini adresse au Dauphin une longue lettre de conseils et recommandations pour sa vie à venir, et notamment sur les « mauvaises lectures » à éviter et sur l’attention à porter à son alimentation. Il l’exhorte enfin à toujours rester ponctuel, bon, affable, franc, ouvert mais prudent dans ses paroles. Soldini deviendra plus tard le confesseur du Dauphin devenu Roi.



Le 24 juin 1771
Madeleine accouche de Charles-Jean de Maillé de La Tour-Landry (1771-1839).
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles à trois heures un quart de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Louis XV (1774) par Armand-Vincent Monpetit
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.

Louis XVI chassant à Rambouillet
Louis XVI par Joseph-Siffred Duplessis (1777)
La comtesse du Maillé se lie alors d’amitié avec Louise-Elisabeth de Tourzel (1749-1832), qui deviendra gouvernantes des enfants de France en 1789. Toutes deux filles d’officiers, elles ont le même âge et deviennent des amies intimes.


En janvier 1784
Son mari est créé duc héréditaire de Maillé par brevet (Registre des premiers gentilshommes de la Chambre, AN O(1) 824, fol. 141 v°) et fait Lieutenant Général des Armées à la suite de brillants services militaires.
Les tâches qui lui incombent sont :
- Gentilhomme de la maison de Condé
- Colonel d’infanterie commandant le régiment de Condé infanterie
- Lieutenant d’infanterie au régiment de Bourbon
Le 22 août 1784
Leur fils aîné, Charles de Maillé de La Tour-Landry (1770-1837), épouse Henriette Victoire de Fitz-James.
En juillet 1788
La duchesse de Maillé succède à la vicomtesse de Choiseul-Praslin à la place de dame du palais de la Reine.
Le 19 juillet 1788
Marie-Antoinette écrit au baron de Breteuil, secrétaire d’État de la Maison du Roi :
« Madame de Praslin m’ayant envoyé sa démission de sa place de dame du palais, vous me ferez plaisir, Monsieur le baron, de prendre l’ordre du roi pour la petite de Maillé, à qui la première place était destinée.»
(Lettres de Marie-Antoinette, publiées par Maxime de La Rochetterie et le marquis de Beaucourt, Paris, Picard, 2 vol., 1895-1896, t. II, p. 120).
Le 20 juillet 1788
Le registre des décisions du Roi entérine la décision (AN O(1) 201, fol. 100 v).
Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux.
Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.
Ouverture des États généraux à Versailles
Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…
Jean-François Balmer est Louis XVI dans Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Le 31 mai 1789
« Il n’y a pas eu de promotion dans l’ordre du Saint Esprit et la cérémonie du jour de la Pentecöte n’a été remarquable que par la réception de M. le duc de Berry. Il a fait ses révérences de très bonne grâce.
Le marquis de Bombelles
M. le comte de Thiard, admis depuis l’an passé dans l’ordre et qui avait obtenu la permission d’en porter la décoration, a aussi été reçu. Sa fille, Mme la marquise de Maillé a quêté et s’est fait admirer par son grand air et sa jolie figure .»
Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.
Mort du Dauphin dans les Années Lumières (1989) de Robert Enrico
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille


Le 16 juillet 1789
Les Polignac émigrent sous les conseils de la Reine: la duchesse est très impopulaire; on la juge débauchée et intéressée.

Madame de Tourzel (1749-1832) devient Gouvernante des Enfants de France.
La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.
La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 1er octobre 1789
Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.
Le 1er octobre 1789 dans Les Années Lumières (1989)
Le peuple croit à une orgie antidémocratique…

L’air «Ô Richard, ô mon Roi, l’univers t’abandonne», tiré d’un opéra de Grétry, est chanté par les soldats. Il devient un signe de ralliement royaliste.
Le 5 octobre 1789

Image de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac
Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Tout le monde décide d’aller se coucher… Le château s’assoupit pour quelques heures…

Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis.



La famille royale est ramenée de force à Paris.

Départ du Roi de Versailles, par Joseph Navlet
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.
Image du film de Jean Delannoy (1956)
Le 16 janvier 1791
Son mari meurt à Paris. La voilà veuve, toujours au service de la Reine.
Le 18 avril 1791

Tableau de Joseph Navlet
La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.

Antoine Gouy est Louis XVI dans L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac (2012)
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.

Le 21 juin 1791

Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Le 20 juin 1792
Le peuple des faubourgs, encadré par des gardes nationaux et ses représentants, comme le brasseur Santerre (10 à 20 000 manifestants selon Roederer), pénètre dans l’assemblée, où Huguenin lit une pétition. Puis elle envahit le palais des Tuileries.
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Le peuple de Paris pénétrant dans le palais des Tuileries le 20 juin 1792 par Jan Bulthuis, vers 1800

Escalier monumental des Tuileries (avant sa destruction)

Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine,
elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.
Le 10 août 1792
La journée du 10 août commence en réalité dans la nuit du 9 au 10 août. En pleine nuit, le tocsin sonne au couvent des Cordeliers. Une heure plus tard, toutes les églises de Paris répondent au signal donné par Danton. Ce sont les quarante-huit sections de Paris, dont les révolutionnaires se sont rendus maîtres. Danton lance alors les sections parisiennes à l’assaut de l’hôtel de Ville, met à la porte la municipalité légale et y installe sa « commune insurrectionnelle », qui s’effondrera le 9 thermidor avec Robespierre.

Geneviève Casile, Marie-Antoinette (1976), observe le ciel rouge de Paris ce matin-là…
Apprenant le péril encouru par Marie-Antoinette aux Tuileries, Madeleine tente d’arriver jusqu’à la souveraine sans y réussir. Malgré tous ses efforts; au milieu des séditieux, elle n’hésita pas à se déclarer énergiquement pour la Reine.
Roederer, le «procureur syndic du département» convainc le Roi de se réfugier à l’assemblée Nationale avec sa famille. Ceux qui ne font pas partie de la famille royale ne sont pas autorisés à les accompagner.

La famille royale juste avant le départ des Tuileries : à l’arrière-plan on devine le combat des soldats contre les émeutiers…
Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.

Images du film Un peuple et son Roi

Image de La Marseillaise de Jean Renoir

« M. Pallas et M. de Marchais, huissiers de la chambre du roi, ont été tués en défendant la porte de la chambre du conseil ; bien d’autres serviteurs du roi furent victimes de leur fidélité. Je mentionne ces deux personnages en particulier parce que, le chapeau rabattu sur le front et l’épée à la main, ils s’écriaient en se défendant avec un courage inutile : « Nous ne survivrons pas ! c’est notre poste ; notre devoir est d’en mourir.
M. Diet se conduisit de même à la porte de la chambre de la reine ; il a connu le même sort.
La princesse de Tarente avait heureusement ouvert la porte des appartements ; autrement, l’horrible bande voyant plusieurs femmes réunies dans le salon de la reine se serait crue parmi nous, et nous aurait aussitôt massacrés si nous leur avions résisté. Nous étions, en effet, sur le point de périr, lorsqu’un homme à longue barbe s’approcha, s’écriant, au nom de Potion : « Épargnez les femmes ; ne déshonorez pas la nation !»
Mémoires de Madame Campan


Madeleine n’est cependant pas arrêtée ce jour là.
Pendant la Terreur
Jetée dans les cachots de la Terreur, Madeleine est emprisonnée dans la prison de la rue de Sèvres à Paris.
Le 26 juillet 1794
La duchesse de Maillé est traduite devant le tribunal révolutionnaire. Elle échappe à la mort en relevant une erreur de patronyme dans l’acte d’accusation, suspendant ainsi son exécution.
Le 28 juillet 1794
La mort de Robespierre le surlendemain lui sauve définitivement la vie.
Le 26 juillet 1819
Mort de Madeleine-Angélique-Charlotte de Maillé.