Le 25 décembre 1745
Naissance de Joseph Boulogne, à Baillif, près de Basse-Terre en Guadeloupe.
Joseph Bologne de Saint-George ou Joseph Bologne, Joseph Boulogne, chevalier de Saint-George ou encore Boulogne de Saint-George, est plus connu sous le pseudonyme de chevalier de Saint-George ou, plus simplement Saint-George ou Saint-Georges.
Joseph Boulogne, chevalier de Saint-George (1739-1799) est fils d’un noble français et d’une esclave noire, devenue sa maîtresse. Il est admiré par les contemporains pour ses qualités de violonistes et d’escrimeur.
Les biographes de Saint-George pensent volontiers que sa mère, prénommée Anne, dite Nanon, est une esclave née en 1728 en Guadeloupe. Cependant les documents établissant l’identité de Nanon sont rares et ne permettent de rien affirmer. Nanon serait Anne Dannevau, demeurant à Paris, rue des Boucheries n° 214. On donne très volontiers Georges de Bologne Saint-George (1711-1774) comme père de Joseph plus tard chevalier de Saint-George. Mais entre « Bologne », « Boulogne », « Boullongne », la confusion est facile. Si la filiation n’est pas évidente, les registres pour les esclaves n’ont été mis en œuvre que tardivement, la législation et les documents de l’époque relatifs aux populations serviles sous influence notamment de lobbys colonialistes, indiquent que le port d’un nom d’une famille de blanc était interdit aux affranchis.
Son père acquiert une immense fortune grâce à ses plantations de canne à sucre et il l’emmène en France pour parfaire son éducation.
En 1761
A l’âge de quatorze ans, il entre dans les gendarmes de la Garde du Roi.
En 1753
Embarquement du jeune Saint-George sur un somptueux trois mâts aux Antilles.
Le 12 août 1753
Georges de Bologne Saint-George arrive à Bordeaux., sur Le Bien-Aimé, avec son fils, mulâtre J’h (Joseph), pour son éducation.
En 1759
À treize ans, il est en pension chez Nicolas Texier de la Boëssière (1723-1807), homme de lettres et homme politique mais surtout excellent maître d’armes, qui va coordonner les études du jeune Joseph et devenir son père spirituel. Il y reçoit l’éducation d’un homme du monde, et montre une aptitude extraordinaire pour les arts et pour les exercices du corps. Les La Boëssière deviennent sa famille adoptive. Dans cette famille, il vivra comme un affranchi et un homme de couleur libre. C’est en étroite relation avec leur salle d’armes qu’il développera ses talents sportifs et ses compétences professionnelles.
En 1762
Saint-George devient élève de Gossec après le décès d’Alexandre Le Riche de La Poupinière (1693-1762). Ils deviennent ensuite associés dans la gestion et la direction de concerts privés. Les concertos composés par Saint-George auront plus de succès que ses œuvres dramatiques ; pendant très longtemps ils ont fait fureur.
Ses prouesses sportives font de Saint-George un modèle pour les meilleurs athlètes de cette discipline sportive. Nicolas Texier de la Boëssière, maître d’armes et homme de lettres, est le meilleur professeur et substitut paternel que Joseph Bologne pouvait trouver sur son chemin. La Boëssière fera de son élève un fleurettiste d’exception et, dès l’âge de quinze ans, le jeune Joseph domine les plus forts tireurs. Il apparaît comme la plus fine lame de son temps, peut-être « l’homme le plus prodigieux qu’on ait vu dans les armes », dira de lui Antoine Texier de la Boëssière qui, ayant été élevé avec Saint-George de vingt-et-un ans son aîné, sera son indéfectible admirateur.
« Ayant été mis en pension à l’âge de treize ans chez La Boëssière, célèbre maître d’armes, il acquit en six années une si grande habileté dans l’art de l’escrime, qu’on l’appela l’inimitable. Doué d’une force de corps et d’une agilité prodigieuses, il eut dans cet art une supériorité devenue proverbiale, et brilla également dans tous les autres exercices. Personne ne pouvait l’atteindre à la course ; dans la danse il était le modèle de la perfection ; excellent écuyer, il montait à cru les chevaux les plus difficiles et les rendait dociles ; il patinait avec une grâce parfaite, et se distinguait parmi les meilleurs nageurs de son temps. »
François-Joseph Fétis
Il devient bientôt la coqueluche du Tout-Paris.
Au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Saint-George et son époque créent le sport tel qu’il est connu aujourd’hui.
En 1766
Monsieur de Saint-George est écuyer et gendarme du Roi.
Le
Georges de Bologne achète pour son fils une charge de conseiller du Roi et contrôleur ordinaire des guerres, une sinécure de l’administration de l’armée. Le 1763, en la Grande Chancellerie de France, les magistrats donnent officiellement leur agrément à la vente. Une dispense lui a été octroyée. On peut présumer que Georges de Bologne a fait jouer à plein l’article 59 du Code Noir selon lequel « les affranchis ont les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ». Joseph de Saint-George conservera cette charge pendant onze années.
A vingt ans, il fait sensation tant par son physique que par ses nombreuses qualités. Les Mémoires secrets, tout en soulignant au passage «la laideur de la figure» de ce «fils d’une négresse», savent voir en lui «un homme doué d’une foule de dons de la nature : il est très adroit à tous les exercices du corps, il tire des armes d’une façon supérieure, il joue du violon de même, il se montre en outre un très valeureux champion en amour et recherché de toutes les femmes instruites de son talent merveilleux.»
Loin d’être laid, comme le prétendent les Mémoires secrets, Joseph séduit au contraire par la finesse de ses traits, sa haute taille (il mesure 1,80 mètre), son élégance et le charme peu commun pour l’époque que lui confère son métissage. On lui prête aussi une virilité à faire chavirer toute dame bien née ; d’où la remarque tirée de chroniques plus tardives :
« C’est un homme grand, admirablement fait, et dont les traits, malgré leur teinte brune, ont de la noblesse, un certain charme, beaucoup d’expression surtout. On assure que les dames apprécient ce demi-nègre, moins parce qu’il excelle à monter à cheval, à tirer les armes, à jouer du violon et à patiner, que parce qu’il est doué, dit-on, d’une vertu herculéenne que notre sexe passe pour rechercher dans ces temps d’incontinence.»
Pour le compositeur et historien Benjamin de La Borde, Joseph est «peut-être de tous les hommes celui qui est né avec le plus de talents différents… M. de Saint-George réunit à tous les talents le mérite peu commun d’une grande modestie et de la plus grande douceur.»
Le
Joseph, jeune champion, rencontre Gian Giuseppe Faldoni, son alter-ego italien
En 1770
Joseph commence à travailler sérieusement la musique, le violon plus exactement, avec le maître Gossec.
En 1772
Il fait sa première apparition dans «le concert des amateurs», mais il est surtout un violoniste prodigieux et un chef d’orchestre admiré qui hisse sa formation au rang de meilleur orchestre européen.
En 1775
Après le concert spirituel des Tuileries, il sera nommé par le Roi directeur de l’opéra de Paris, fonction qu’il n’exercera pas, car sous influence malsaine, le Roi changera d’avis.
Candidat pour diriger L’Académie Royale de Musique, Saint-George en est évincé lorsque deux chanteuses, Sophie Arnould (1740-1802) et Rosalie Levasseur (1749-1626) et une danseuse, Marie-Madeleine Guimard (1743-1816), adressent un placet à la Reine pour « représenter à Sa Majesté que leur honneur et la délicatesse de leur conscience ne leur permettraient jamais d’être soumises aux ordres d’un mulâtre ». Le gouvernement de l’Académie royale de Musique se voit menacé de grandes révolutions. M. de Malesherbes et la ville de Paris désirant fortement d’être débarrassés d’une province si bruyante et si difficile à conduire.
Il entre alors au service de plusieurs cours dont celle des Esterházy et celle du duc d’Orléans et de son épouse Madame de Montesson, qui lui permettent de rencontrer Marie-Antoinette.
Saint-George compose la musique d’Ernestine , sur un livret de Laclos d’après Madame Riccoboni. La Reine est présente à la première au Théâtre Italien le 18 juillet 1777 .
Elle répète le cri du personnage de cocher : «Ohé! Ohé!». La salle s’en empare et les répliques deviennent des objets de dérision. L’opéra est retiré même si la presse en a , dans l’ensemble, salué la musique.
Mozart le jalouse mais s’inspire de ses œuvres.
La jeune Reine est rapidement sous le charme de ce prodige musical, et l’engage au poste de maître de musique – d’autres diront professeur de clavecin. Il n’en faut pas plus pour qu’à Versailles, les plus folles rumeurs courent : les mauvaises langues assurent que l’épouse de Louis XVI n’apprendrait pas que le solfège quand elle s’enferme avec Saint-George dans Son cabinet…
Le «mulâtre» devient vite le musicien favori de la Reine Marie-Antoinette qui assiste à nombre de ses concerts. Il commande à Haydn ses six symphonies parisiennes dont il dirige la création au palais des Tuileries en présence de la souveraine. Il devient aussi le précepteur de musique de la Reine de sorte que celle-ci décide de le nommer directeur de l’Opéra royal. Elle doit néanmoins renoncer, après que cette décision déclenche une violente polémique d’ordre raciste.
De nombreuses personnalités rejettent l’idée qu’un homme à la peau noire puisse diriger le plus prestigieux Opéra du monde. Cet échec inspire à Saint-George une prise de conscience. Il s’engage dans le mouvement des Lumières et en fréquente les salons philosophiques. Devenu un proche du duc d’Orléans qui en fait le premier franc-maçon à la peau noire, il intègre la société des Amis des Noirs aux cotés de Condorcet. A Londres, Saint-George va structurer l’intelligentsia française afin qu’elle soutienne la Révolution. Il y devient l’ami intime du prince de Galles.
Saint-George devient l’un des familiers de Marie-Antoinette. Certains auteurs le disent maître de musique, professeur de clavecin de la Reine.
En 1777
Saint-Georges se tourne vers l’opéra comique qui lui rapporte peu de succès, il quitte donc Paris pour l’Angleterre.
Le
Ernestine, opéra comique de Choderlos de Laclos, retouchées par M. Desfontaines, musique de Saint-Georges est joué au Théâtre de la Comédie Italienne à Paris en . Ernestine, comédie à ariettes en trois actes d’après l’œuvre de Marie-Jeanne Riccoboni, le premier opéra de Saint-George, ne survécut pas à la première représentation. La faiblesse des paroles
« On ne pouvait guère choisir un sujet plus agréable, on ne pouvait guère le défigurer d’une manière plus maussade. Messieurs de La Clos et Desfontaines ont jugé que le fond de ce sujet, plus intéressant que comique, avait besoin d être égayé par un épisode ; ils y ont ajouté un rôle de valet, qui est le chef-d’œuvre de la platitude et du mauvais goût. Le talent de Pergolèse même n’aurait pu soutenir un pareil ouvrage, et la composition de M. de Saint-George, quoique ingénieuse et savante, a paru manquer souvent d’effet. On y a trouvé de la grâce, de la finesse, mais peu de caractère, peu de variété, peu d’idées nouvelles. »
F.-M. Grimm, D. Diderlot, J.-H. Meister, J.-A. Taschereau, A. Chaudé
Sur cette unique représentation, Jean-François de La Harpe, dans sa Correspondance littéraire, lettre 71, est encore plus sévère pour tous les acteurs et organisateurs de l’événement et confirme l’amateurisme du librettiste aussi bien que celui du musicien. À l’époque, le public accorde plus d’importance aux qualités du livret qu’à celles de la musique.
« Ernestine est tombée aux Italiens le plus ridiculement du monde, mais tombée pour ne plus se relever, ce qui devient rare. Paroles et musique tout a été hué depuis le commencement jusqu’à la fin. Saint George était connu pour faire de la musique agréable dans un concert mais cette expérience a dû lui apprendre qu’il y avait loin d’une symphonie d’amateur à la musique d’un drame et M. de Laclos qui a de l’esprit assez pour faire quelques jolis petits vers a dû comprendre qu’il y avait encore loin de tout cela une pièce de théâtre. »
On ne sait si Saint-George a participé à la guerre d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, celle-ci débute juste au moment où Saint-George perd son régiment.
Le 11 janvier 1778
« Le Roi s’étant fait représenter la déclaration du 9 août dernier, par laquelle Sa Majesté a ordonné que tous les Noirs, Mulâtres, ou autres Gens de couleurs qui seraient à l’avenir amenés dans son royaume, ou qui pourraient s’y introduire, seraient arrêtés et conduits au port le plus prochain pour y être rembarqués, et néanmoins aurait permis à tous ceux qui avaient à leur service des Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur, d’en faire la déclaration aux greffes des Amirautés, et à ceux desdits Noirs ou Mulâtres qui n’étaient point en service, de se faire pareillement enregistrer auxdits greffes ;
Sa Majesté a jugé nécessaire de prendre des précautions qui puissent faire distinguer ceux desdits Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur qui ont été enregistrés en exécution de ladite Déclaration, dans le délai prescrit par icelle, d’avoir ceux qui n’y ont pas satisfait, ou qui se seraient introduits depuis dans la ville de Paris.
A quoi voulant pourvoir : Oui le rapport ; le Roi étant en son conseil, a ordonné et ordonne à tous les Noirs, Mulâtres ou autres Gens de couleur de l’un ou de l’autre sexe, étant actuellement dans la ville de Paris, qui ont été enregistrés en exécution de la Déclaration du 9 Août 1777, de se présenter audit greffe de l’Amirauté dans l’espace d’un mois, à compter du jour de la publication du présent arrêt, à l’effet de se faire délivrer un certificat, lequel contiendra leurs nom, leur âge, leur signalement, leur profession, le nom de leur Maître (s’ils sont en service) avec la date de la déclaration faite au greffe ; et sera, ledit certificat, visé par le lieutenant général de l’Amirauté, et délivré gratis et sans aucun frais par le Greffier audit Siège.
Veut et entend Sa Majesté, que passé ledit délai, les Noirs, Mulâtres, ou autres Gens de couleur qui seront trouvés sans êtres munis dudit certificat, ou qui ne pourront pas en justifier à la première réquisition, soient arrêtés et conduits au port du Havre, à l’effet d’y être embarqués pour les Colonies.
Enjoint Sa Majesté au sieur Lenoir, conseiller d’Etat, lieutenant général de police de la ville, prévôté et vicomté de Paris, de tenir la main à l’exécution du présent arrêt.
Fait au Conseil d’Etat du Roi, Sa Majesté y étant, tenu à Versailles le onze janvier mil sept cent soixante dix huit. »
Signé………..De Sartines
Le 12 octobre 1778
Il fait jouer « la Chasse », (sa deuxième comédie musicale), qui connaît un vif succès auprès de la presse et du public.
« On a donné le 12 de ce mois, sur le théâtre de la Comédie Italienne, la première représentation de La Chasse, comédie en trois actes, en prose, mêlée d’ariettes, paroles de M. Desfontaines, l’auteur de l’aveugle de Palmyre, de la Cinquantaine, etc., musique de M. de Saint-Georges.
Le trait qui a donné l’idée de ce petit ouvrage est une anecdote connue de notre jeune reine, un trait d’humanité qui, pour être infiniment simple, n’en est que plus sensible et plus touchant.
La musique de ce drame est assez analogue au poème. Le public a trouvé dans la composition du musicien, comme dans celle du poète, de la gaieté, des détails agréables, des traits heureux, mais il y a trouvé aussi des longueurs, des choses communes, et surtout un grand nombre d’imitations et de réminiscences. Un des morceaux qui a paru faire le plus de plaisir est l’air où Rosette raconte à son père les amours de sa sœur. »F.-M. Grimm, D. Diderlot, J.-H. Meister, J.-A. Taschereau, A. Chaudé
Paroles de l’air de Rosette :
«Si Mathurin dessus l’herbette
Cueille la rose du matin,
Il vient l’apporter à Colette,
Puis il la place sur son sein.
Moi, qui ne suis que la cadette,
Je ne sais si c’est de l’amour
Mais je voudrais dessus l’herbette
Recevoir la rose a mon tour.»
II.
«À l’ombrage de la coudrette
Si Colette va sommeiller,
Par un baiser pris en cachette;
Mathurin court la réveiller.
Moi, qui ne suis que la cadette,
Je ne sais si c’est de l’amour;
Mais je voudrais sur la coudrette
Être réveillée à mon tour.»
III.
«Quand Mathurin parle à Colette,
Si vous venez pour nous chercher,
Ma sœur, qui sans cesse vous guette,
Vous attrape, et le fait cacher.
Moi, qui ne suis que la cadette,
Je ne sais si c’est de l’amour;
Mais je voudrais être Colette,
Et vous attraper a mon tour.»
Le
Vers minuit, Saint-George est agressé dans les rues de Paris alors qu’il rentre chez lui en compagnie de l’un de ses amis, des esprits malveillants avancent que cette expédition punitive a été décidée par les services secrets du monarque.
Il est intéressant de savoir que cette agression est rapportée différemment par plusieurs mémorialistes de l’époque et ultérieurement par les biographes du chevalier, exemples parmi bien d’autres de la fragilité des témoignages, fussent-ils écrits par des contemporains.
« M. de Saint George est un mulâtre, c’est-à-dire fils d’une négresse […] Dernièrement, dans la nuit, il a été assailli par six hommes, il étoit avec un de ses amis, ils se sont défendus de leur mieux contre des bâtons dont les quidams vouloient les assommer ; on parle même d’un coup de pistolet qui a été entendu : le guet est survenu & a prévenu les suites de cet assassinat,- de sorte que M. de Saint George en est quitte pour des contusions & blessures légères ; il se montre même déjà dans le monde. Plusieurs des assassins ont été arrêtés. M. le duc d’Orléans a écrit à M. le Noir, dès qu’il a été instruit du fait, pour lui recommander les recherches les plus exactes, & qu’il fût fait une justice éclatante des coupables. Au bout de 24 heures M. le duc d’Orléans a été invité de ne pas se mêler de cette affaire là, & les prisonniers, qui ont été reconnus pour des gens de la police, parmi lesquels était un nommé Desbrugnieres, si renommé dans l’affaire du comte de Morangiès, ont été élargis, ce qui donne lieu à mille conjectures. »
Il semblerait que ce puisse être là la vengeance de quelque mari trompé…
Le 8 mars 1780
Il présente «L’Amant anonyme», sa troisième œuvre lyriques en deux actes mêlée de ballets de Saint-George au théâtre de Madame de Montesson. Le livret, écrit par Desfontaines, est adapté de la pièce homonyme de Madame de Genlis. Le musicien Joseph Haydn écrira pour le Chevalier de Saint Georges les «symphonies parisiennes» et «olympiques».
En 1781
C’est la dissolution du «concert des Amateurs». Les francs-maçons créent alors un nouvel ensemble nommé «Le Concert de la Loge olympique». Le Chevalier de Saint-George adhère à la Loge du Grand Orient de France (devenant ainsi le premier noir franc maçon) et dirige cet orchestre.
En 1782
Naissance du Concert de la Loge, société de concerts rattachée à la «Loge olympique de la Parfaite Estime», qui est fondé par un groupe de musiciens et de compositeurs tous membres de la franc-maçonnerie, initiés ou affiliés ; on y compte de nombreux aristocrates férus de musique, mais aussi des roturiers comme le compositeur Etienne Méhul (1763-1817), le flûtiste François Devienne (1759-1803) ou les violonistes Frédéric Blasius (1758-1829) ou Giovanni Batista Viotti (1755-1824). Conformément aux idéaux de la Loge, tous se retrouvent à égalité pour pratiquer la musique, qu’ils soient de la plus haute noblesse ou de modeste condition, professionnels ou amateurs. Les concerts donnés entre 1782 et la fin de 1785 se tiennent à l’Hôtel Bullion, rue Coq-Héron, puis de janvier 1786 à octobre 1789 dans la salle des Cent-Suisses du palais des Tuileries, récemment libérée par le Concert Spirituel. Les quelques quatre cents souscripteurs paient une cotisation annuelle de 120 livres (soient environ 1200 euros d’aujourd’hui, 2022) pour assister à douze concerts.
Le chevalier de Saint-George devient ainsi le chef de cet ensemble d’une soixantaine d’instrumentistes, ce qui lui permet d’aborder un large répertoire et d’y donner ses propres œuvres, à commencer par ses brillants concertos pour violon solo. Joseph aura moins de chance avec ses ouvrages lyriques dont la faiblesse des livrets provoquera leur insuccès. C’est lui aussi qui avec le comte d’ogny, cofondateur du Concert et violoncelliste lui-même, commande à Joseph Haydn (1732-1809) un ensemble de six symphonies qu’on regroupe aujourd’hui sous le nom de «Symphonies parisiennes» (elles portent les numéros 82 à 87 et comprennent notamment La Poule et L’Ours). Pour cela, il décide d’attribuer à leur auteur demeuré à Vienne la somme de 25 louis d’or par symphonie (l’équivalent d’un peu plus de 1000 de nos euros), somme qui paraît phénoménale aux yeux du compositeur autrichien, peu habitué à de telles rémunérations.
Par l’appartenance de la princesse de Lamballe à la Franc-maçonnerie, elle est grande maîtresse des «loges d’adoption» féminines affiliées au Grand Orient, Marie-Antoinette est amenée à assister sans états d’âme aux concerts de la Loge et protège volontiers certains de ses membres. Elle écoute, par là Ses goûts personnels, faisant passer la qualité de la musique avant toute autre considération morale ou politique.
Patrick Barbier
« Je crois, ma chère sœur, que vous vous frappez beaucoup trop de la franc-maçonnerie pour ce qui regarde la France. Elle est loin d’avoir ici l’importance qu’elle peut avoir en d’autres parties de l’Europe, par la raison que tout le monde en est. Ce n’est qu’une société de bienfaisance et de plaisir ; on y mange beaucoup, et l’on y parle, et l’on y chante…
Ce n’est nullement une société d’athées déclarés, puisque Dieu y est dans toutes les bouches ; on y fait beaucoup de charités. La princesse de Lamballe m’a raconté toutes les jolies choses qu’on lui a dites, mais on y a vidé plus de verres encore qu’on y a chanté de couplets.»Lettre de Marie-Antoinette à Sa sœur Marie-Christine, 28 février 1781
L’époux de Marie-Christine, Albert de Saxe Teschen, est d’ailleurs lui-même franc-maçon.
En 1785
La création des six pièces de Haydn fait un triomphe sous la baguette de Saint-George (pas au sens propre : la baguette du chef d’orchestre est une invention du siècle suivant…), en présence de Marie-Antoinette dont l’engouement pour la Symphonie n°85 ne faiblira jamais. UN tel coup de cœur explique ce pour quoi l’éditeur Imbault accolera dès 1788 à cette œuvre le sous-titre de «La Reine de France» ; cette pièce formera une sorte de pendant à la Symphonie n°49 du même Haydn, créée en 1769 et surnommée «Marie-Thérèse» en hommage à l’Impératrice d’Autriche.
Le 9 avril 1787
L’un des premiers duels de Saint-George, le pendant de celui contre la D’Éon, qui assoit sa renommée de meilleur escrimeur, non pas invincible, mais en duel amical.
Le chevalier de Saint-George et « La chevalière d’Eon »
Homme de lettres, juriste, diplomate, écrivain érudit, capitaine de dragons et héros de « La Guerre de Sept Ans », la vie du chevalier d’Eon a inspiré de nombreux auteurs. C’est un personnage aussi éclectique que Saint-Georges pouvait l’être mais dans des domaines différents, l’escrime étant toutefois l’un de leurs centres d’intérêt communs.
Dans ses jeunes années, d’Eon est beau comme une fille avec un corps aussi tonique qu’un danseur de l’Opéra.
Le Roi Louis XV a l’idée incongrue de confier à d’Eon la mission d’approcher la tsarine Elisabeth Prétrovna revêtu de vêtements féminins pour signer un traité d’alliance. Envoyé ensuite comme ambassadeur à Londres, il tombe bientôt en disgrâce et reste en Angleterre où il vit de façon précaire. Il aurait accepté de porter définitivement des vêtements de femme à condition que sa pension lui soit restituée afin notamment d’apaiser les inquiétudes de George III, en proie à une jalousie morbide. Le Roi d’Angleterre est convaincu que son épouse, la princesse Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strélitz, voit d’Eon en secret. C’est du moins une explication, parmi d’autres, avancée par les historiens.
Opposer deux escrimeurs talentueux, un « Américain des îles », au Chevalier d’Eon, devenu « Chevalière », apparaît comme un spectacle tout à fait original. Eon a cinquante-neuf ans lors de cette rencontre le 9 avril 1787. Saint-Georges, quant à lui, n’a que quarante-deux ans.
« Le prince aimait alors à l‘opposer aux plus vaillants hommes d’armes. À sa prière, la chevalière d’Éon consentit à soutenir, sous ses habits de femme, contre le fameux Saint-Georges, un assaut dont les gravures anglaises ont conservé le souvenir […].
À la fin du combat, quand la face du chevalier d’Éon, enflammée par l’ardeur de la lutte, s’illumina des éclairs du triomphe, aux applaudissements du prince royal penché sur sa tribune, il y eut un moment où l’assemblée entière fut frappée d’une sorte de ressemblance spontanée qui s’était produite aux yeux et comme révélée entre le jeune homme et la vieille guerrière ! »Frédéric Gaillardet, Charles d’Eon de Beaumont
Le score de l’assaut d’armes qu’ils disputèrent est source de controverses. Gabriel Banat écrit (page 297 de son livre) que « sept fois Saint-Georges fut atteint par sa rivale, malgré la gêne que devait causer à celle-ci ses vêtements de femme » et c’est Saint-Georges qui remporte l’assaut. On peut toutefois penser que cet assaut ne fut qu’une démonstration courtoise d’escrime en présence du prince du Galles et que Saint-George fut complaisant en s’opposant à un partenaire en robe. On peut rappeler aussi que Saint-George n’est déjà plus en possession de ses moyens physiques. Antoine La Boëssière nous apprend qu’à l’âge de quarante ans, il a le malheur de se rompre le tendon d’Achille du pied gauche. Cependant, il a toujours une bonne main pour parer et riposter. En dépit de son âge, Eon, escrimeur tout aussi exceptionnel que Saint-George, n’a jamais arrêté de s’entraîner. C’est toujours un escrimeur efficace si l’assaut ne se prolonge pas au-delà de quelques touches.
En août 1787
Saint-George fait un dernier essai de son talent pour la composition dramatique, et fait jouer au mois d’août la Fille garçon. On ne peut y voir qu’un hommage à son adversaire du mois d’avril. Cette fois, il est plus heureux, et son ouvrage obtient quelques représentations. La première représentation de la Fille Garçon, comédie en deux actes et en prose, mêlée d’ariettes sur le théâtre Italien a lieu le . Les paroles sont d’Ève Demaillot. La musique est de M. de St-George.
« Au mois d’août 1787, il donna encore, avec Demaillot, auteur des paroles, la Fille garçon, comédie mêlée d’ariettes, qui eut un peu plus de succès. La musique, mieux écrite qu’aucune autre des compositions de Saint-George, parut également dépourvue d’invention. On en a pris occasion de faire une observation qu’aucun exemple ne paraît avoir démenti jusqu’à présent, c’est que, si la nature a favorisé d’une manière particulière les .mulâtres, en leur donnant une aptitude singulière pour les arts d’imitation ; elle semblerait leur avoir refusé cet éclat d’imagination, de génie, qui seul fait exceller dans les arts créateurs. Les concertos composés par Saint-George, et surtout le menuet qui porte son nom, eurent plus de succès que ses œuvres dramatiques, et obtinrent pendant longtemps une très-grande vogue. »
Louis-Gabriel Michaud
Au début de 1789
Saint-George séjourne en Angleterre.
Quand la Révolution française commence à gronder, Saint-George se range du côté du progrès, et fréquente assidûment les penseurs des Lumières dans les salons philosophiques.
En juillet 1789
Saint-George vit à Lille quand éclate la Révolution en juillet 1789. Il sera simple soldat puis capitaine de la Garde Nationale pendant deux années ou il n’hésitera pas à se battre auprès de ses hommes malgré son grade, repoussant ainsi les assaillants autrichiens jusqu’à Lille en 1792.
A Lille, il compose son dernier opéra : «Guillaume tout cœur ou les Amis de village», mais il va consacrer les dix dernières années de sa vie à la Révolution française et mettre en œuvre toutes les compétences qu’il a forgées précédemment.
En 1790
Il s’engage dans la Garde Civile un peu plus tard de cette même année. Il obtient le grade de capitaine en 1790. Il est le premier colonel de l’armée française à la peau noire, où il crée un régiment de Noirs et Métis, rapidement surnommé la « Légion de Saint-George ». Son lieutenant n’y est autre que le futur Général Dumas. Emprisonné sous la Terreur, il reste onze mois dans le couloir de la mort. Le fait d’être militaire, en garnison à Lille, ne l’empêche pas d’accepter des concerts et de faire des démonstrations d’escrime. Il écrit même un opéra, Guillaume-Tout-Cœur ou les Amis de village (William-All-Heart or the Village Friends) Le livret est de Monnet, un acteur lillois. Il crée cet opéra 8 septembre 1790.
Les liens de Saint-George avec L’Ancien Régime font maintenant de lui un suspect, ce qui explique que sur certains documents d’archives que l’on a découverts, il signe désormais simplement George. Désireux de « continuer et de s’immortaliser par sa valeur et son enthousiasme pour la liberté », Joseph se met à la tête de la Légion franche des Américains. Fréquentant les milieux abolitionnistes, Saint-George est, par sa position sociale, une figure de l’émancipation des esclaves des empires coloniaux européens dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Le 8 juillet 1790
Tournoi à l’épée, à la salle de la Redoute à Lille
« Salle de la Redoute à Lille, une compétition oppose « le célèbre Chevalier de Saint-Georges » à trois fleurets de renom MM. Avenot, académicien à Londres, Jeanson, officier du régiment du Colonel Général Cavalerie et Rey, fils du maître d’armes de la ville.
Saint-Georges obtient le plus vif succès : « quoique malade, il a tiré avec cette grâce qui lui est ordinaire. L’éclair n’est pas plus prompt que son bras et quoi qu’il eut la fièvre, il a développé une vigueur surprenante sous les armes. »»Extrait des Feuilles de Flandre (journal Lillois) du 10 juillet 1790.
Saint-George exprime ses talents de musicien parallèlement à sa carrière militaire.
En juin 1791
« Engagé dans quelques intrigues politiques au commencement de la révolution, par ses relations avec le Palais-Royal, Saint-George fut envoyé à Tournai, au mois de juin 1791, par le duc d’Orléans, sous prétexte d’y donner un concert, mais en réalité pour essayer de rattacher quelques émigrés aux intérêts du prince. Il ne réussit pas dans cette mission, et reçut même l’ordre de quitter la ville. »
François-Joseph Fétis
Le
Au service des Orléans, Joseph assure la gestion de salles de concert et la direction d’orchestre. Il continue à donner des concerts au début des années révolutionnaires. Il est annoncé en concert à Tournay, dans les Pays-Bas.
« On mande de cette ville que M. Saint-George (sic) (ci-devant chevalier) y étant arrivé dans l’intention d’y passer quelques jours, et d’y donner aux amateurs le plaisir de l’entendre dans un concert, a été secrètement averti par le commandant de ne point se montrer en public. Il parait que les sentiments de M. Saint-George sont connus, et qu’ils déplaisent aux réfugiés français, ennemis de la France et de la liberté… « Ces gens assurément n’aiment pas la musique… »
On dit qu’à l’hôtel où ce citoyen français était descendu on a eu l’impertinence de détourner un couvert qu’il avait retourné à la table d’hôte, et que M. Saint-George a eu l’excellent esprit de ne point prendre de l’humeur. C’est là une bonne action de la part d’un homme qui excelle dans l’art des vengeances particulières. »Réimpression de l’ancien Moniteur
En 1792
Mal armée et mal équipée, La Légion de Saint Georges va tout de même livrer des combats difficiles contre les Autrichiens et le reste de la coalition européenne qui menacent alors de détruire Paris.
Le 8 mai 1792
La Légion de Saint-George s’illustre également à la bataille de Saint-Amand. Après plusieurs charges sur la cavalerie et l’infanterie anglaise, sa Légion met l’ennemi en fuite et prend six pièces de canons.
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A l’abolition de la monarchie, Saint-George investit du capital afin de mobiliser des subventions d’État pour une cause militaire.
En
ous la Terreur, le général Dumouriez (1739-1823)est à la Convention alors que Saint-George commande la place de Lille. L’enjeu est l’établissement d’une monarchie constitutionnelle, après la décapitation du Roi Louis XVI. Mais Dumouriez a des intérêts personnels à défendre : la diplomatie ennemie lui propose le gouvernement de la Belgique. En défendant la ville de Lille contre les troupes envoyées par Dumouriez, Saint-George provoque l’échec des plans du général de l’armée du Nord. Cette période est, avec toute la rigueur militaire de l’époque, la mieux renseignée de la vie de Saint-George. De très nombreux récits existent qui retracent les « événements de Lille » et leurs conséquences.
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Avec l’affaire Dumouriez, suspecté de sympathies royalistes,, Saint-George est arrêté, à Château-Thierry et, malgré le soutien de la municipalité, jugé. Soupçonné de sympathies royalistes : il sera emprisonné plusieurs mois. Il est incarcéré d’abord à Chantilly, puis au château d’Hondainville, dans l’Oise.
Le 11 nivôse de l’an II (
Saint-George est encore en détention à Hondainville quand, avec quanrante-six détenus, il signe une pétition adressée au conseil municipal de la ville «protestant que les frais de garde sont trop élevés et qu’ils ne peuvent les payer».
Saint-George est libéré, après presque une année de détention.
Le 26 juillet 1794 (9 Thermidor)
La chute de Robespierre libère Joseph de Saint-George.
Saint-Georges survit à la révolution et dirige un Cercle d’harmonie dans les ci-devant appartements Orléans au Palais-Royal en 1797.
De 1795 à 1797
Saiont-George aurait séjourné à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture (1743-1803). Toutefois, ce séjour à Saint-Domingue, après son incarcération, est incertain.
En juin 1799
Mais après avoir aidé Toussaint-Louverture en Haïti, il reprend ses activités musicales avec succès. Il est fauché par la maladie en pleine gloire. « Privé de tous ses revenus par les événements politiques, il passe ses dernières années dans un état voisin de la misère.»
Saint-George ressentit alors les atteintes d’une maladie de vessie : mais, par suite de son insouciance habituelle, il y fait peu d’attention ; il cache même un ulcère qui est la source du mal qui lui sera fatal.
Le 10 juin 1799
Joseph de Saint-George meurt d’un ulcère à la vessie à Paris, à l’âge de cinquante-quatre ans. La nouvelle de son décès paraît à la une de la presse et le public lui rend un vibrant hommage.
« Une brève, parue dans le Journal de Paris du 26 prairial an VII, signale que Saint-Georges, célèbre par sa supériorité dans les armes, la danse, l’équitation, la musique, est mort à Paris, rue Boucherat, le 21 prairial, dimanche 9 juin 1799, à l’âge de soixante ans. »
Son œuvre se compose de sept opéras, plus dune centaine de concertos, trois symphonies, douze quatuors à cordes, et plusieurs sonates…
«Dans les armes, jamais on ne vit son égal,
Musicien charmant, compositeur habile,
À la nage, au patin, à la chasse, à cheval,
Tout exercice enfin, pour lui semble facile,
Et dans tous, il découvre un mode original.
Si joindre à ses talents autant de modestie
Est le nec plus ultra de l’Hercule français
C’est que son bon esprit exempt de jalousie
N’a trouvé de bonheur en cette courte vie
Que dans les vrais amis que son cœur s’était faits.»
En 1802
Une deuxième mort frappe son œuvre. Au rétablissement de l’esclavage, ses pièces sont simplement chassées du répertoire.
En 2005
Un opéra intitulé Le Nègre des Lumières est créé, dans lequel Marie-Antoinette est l’un des personnages.
Le 4 août 2021
Deadline révèle que Lucy Boynton, se glissera dans la peau de Marie-Antoinette (voir photographies du film), pour le film «Le chevalier». Réalisé par Stephen Williams, le projet s’annonce très ambitieux.
Le 19 avril 2022
J’ai entendu Stomy Bugsy révéler (sur Europe 1, à Philippe Vandel, à l’émission Culture-médias) être en train d’écrire un film ( à moins que ce ne soit une pièce ? ) sur le chevalier de Saint-George, qu’il désire incarner…
Le 16 juin 2023
Sortie du film Chevalier Stephen Williams avec Kelvin Harrison Jr., sur Disney +.
Sources :
- Antoinetthologie
- Patrick BARBIER, Marie-Antoinette et la Musique (janvier 2022) ; Grasset
Bonjour
Voilà une histoire qui n’a JAMAIS été enseignée aux français…parce que la couleur est différente mais aussi le racisme latent d’une société dite occidentale qui a créé le chaos que nous atteignons progressivement aujourd’hui