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Jeanne Bécu, comtesse du Barry

Madame du Barry en buste, robe blanche et guirlande de fleurs par Drouais

Jeanne du Barry 
par Benjamin Warlop

Le 19 août 1743

Naissance à Vaucouleurs en Lorraine de Jeanne Bécu, fille naturelle d’Anne Bécu, dite Cantigny (1713-1788).

Vaucouleurs

L’enfant est baptisée le même jour et a eu pour parrain Joseph Demange, et pour marraine Jeanne Birabin.

Qui est le père de Jeanne Bécu  ? Parmi plusieurs hypothèses, la mieux fondée semble désigner Jean-Jacques-Baptiste Gomard de Vaubernier, dit en religion Frère Ange ( né vers 1715- 1804). C’est un moine tertiaire franciscain, du couvent de franciscains appelés Les Picpus où Anne Bécu, couturière, se rendait régulièrement pour son ouvrage. C’est ce prêtre qui, le 1er septembre 1768, bénira en l’église Saint-Laurent à Paris, le mariage de Jeanne avec Guillaume du Barry. Toute sa vie, la comtesse du Barry se fera appeler (et signera) de Vaubernier. N’est-ce pas là, tout simplement, l’aveu de son origine paternelle ?

Le 19 juillet 1749

Sa mère , Anne Cantigny-Bécu, épouse Nicolas Rançon de Montrabé († en 1788).

Dès 1749

Jeanne Bécu est mise en pension chez les dames de Saint-Aure, dans le couvent parisien de la rue Neuve-Sainte-Geneviève. Elle y reste neuf ans, y souffre d’une règle sévère mais y apprend l’écriture et l’orthographe, la lecture, le calcul, la musique, le dessin, la danse, la broderie, l’histoire et – bien sûr – la religion.

Elle en sort en 1758 et prend le nom de Mademoiselle Lange qui provient du surnom de son père «le frère l’Ange».

En 1759

Elle est embauchée comme coiffeuse chez Madame Lametz pendant cinq mois mais est renvoyée peu après pour avoir eu une liaison avec son fils (qu’elle faillit épouser mais dont elle épuise la fortune).

Peu après, elle sert comme femme de chambre chez  la veuve d’un fermier général, Élisabeth de Delay de Lagarde (née Roussel), retirée dans son château de La Courneuve. Mais elle est vite renvoyée pour avoir couché avec les deux fils de la famille.

Au contact d’une société choisie, elle acquiert alors peu à peu l’aisance et la distinction de manières qui ne la quitteront plus.

Vers 1761


Rue Neuve-des-Petits-Champs à Paris

Jeanne devient vendeuse dans une boutique de mode située rue Neuve-des-Petits-Champs, À la toilette. Ce commerce appartient à Claude Edmé Labille (1705-1788), père de la future portraitiste Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803). 

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Elle y est remarquée par beaucoup d’hommes à cause de sa beauté (grande aux yeux bleus, aux cheveux d’un blond cendré, au teint de lys).

La Verrue, « putain » du roi et reine du goût - Le PointL’Enseigne de Gersaint de Watteau (1720)
The garland of flowers by Charles Louis Baugniet, 19th century. [credit: Bonhams]

En 1763

Quoiqu’on en dise parfois, Jeanne a sans doute bien appartenu à la maison de la Gourdan, même si ce fut de manière épisodique.

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Marguerite Gourdan

Née Marguerite Stock (1727-1783), cette «courtière d’amour» a commencé sa carrière comme «appareilleuse sous le manteau», rue Sainte-Anne. Le succès aidant, elle acquiert un très bel appartement rue Comtesse-Artois, d’où son surnom de Petite Comtesse. Là, au milieu d’un salon magnifique, aux murs de damas cramoisi, elle reçoit depuis 1743 les plus riches libertins de la capitale. Les Mémoires secrets l’appellent la «surintendante des plaisirs de la cour et de la ville».

« La figure (de la Gourdan), sans être jolie, avait ce piquant qui usurpe les droits de la beauté. Sa taille était svelte, et toute sa personne inspirait un air de volupté qui appelle et commande le désir. Ses yeux agaçants lançaient des traits qui rarement manquaient leur but et ses manières, ses discours, annonçaient qu’elle figurerait avec avantage sur un théâtre plus digne de ses charmes et de son esprit. »


Gabrielle Dorziat incarne la pétulante Gourdan dans le film de Christian-Jaque

Jeanne ne vit pas à demeure chez la Gourdan, son travail chez Labille l’en empêchant.

Fichier:Self-Portrait of Adélaide Labille-Guiard.jpg — Wikipédia
Autoportrait d’Adélaïde Labille-Guiard, 1774

Jeanne se met alors à fréquenter le demi-monde. L’éblouissante beauté de la jeune fille la fait vite remarquer. Il semble avéré que, comme sa mère, Jeanne a connu une jeunesse des plus légères.


Pastel représentant la jeune Jeanne

La plus ancienne figurine en cire exposée chez Madame Tussaud à Londres porte le nom de Belle au bois dormant, et serait datée du milieu des années 1760. Il est dit que la maîtresse royale, qui vivait alors à Paris comme courtisane, en est le modèle :

La Belle au bois dormant chez Madame Tussaud à Londres, DR
La Belle au bois dormant chez Madame Tussaud à Londres

En 1764

Elle est reçue dans plusieurs salons parisiens, où Jean-Baptiste, comte du Barry-Cérès (1723-1794), dit Le Roué, un gentilhomme toulousain quadragénaire renommé, dans les milieux de la galanterie, pour sa dépravation et son absence totale de scrupules,  fait sa connaissance. Il n’est pas beau et a des mœurs dissolues mais son courage et son franc-parler attirent Jeanne qui devient sa maîtresse alors qu’elle n’a que dix-neuf ans.

« Le physique de Jean du Barry trahit son âme. C’est un personnage sans élégance, aux traits épais, de santé assez médiocre mais à l’énergie prodigieuse et à l’aplomb imperturbable. C’est un Gascon impertinent, frivole, vantard, dont le bagout compense , auprès des femmes, la laideur.»

Jacques de Saint-Victor
Martine Carole - " La Comtesse du Barry " (1954) - Costume designers :  Marcel Escoffier & Monique Plotin | Actrice, Madame du barry, Marie  antoinette
Martine Carol est Madame du Barry dans le film de Christian-Jaque (1954)

Le 15 avril 1764

Madame de Pompadour meurt d’une congestion pulmonaire à l’âge de quarante-deux ans.

Le jour où... - La Pompadour est morte au château de Versailles un 15 avril
Madame de Pompadour par Boucher

Le 25 septembre 1765

Jeanne se rend au pavillon de M. le duc de Richelieu.

Jean du Barry, heureux d’avoir la jolie Jeanne Bécu à ses côtés, veut aussi la marchander auprès du Roi. Il espère que si Jeanne devient la maîtresse officielle du Roi de France, il obtiendra de nombreuses charges pour lui et pour sa famille et devenir très riche. Il va arriver même jusqu’à la surnommer ‘‘le morceau du Roi’’.

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Jeanne par Drouais
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Martine Carol en Madame du Barry

Le 23 mai 1766

Jean du Barry et Jeanne Beauvarnier, comme on l’appelle alors, quittent la rue Neuve-Saint-Eustache (actuelle rue d’Aboukir) et louent un appartement au 16 rue de la Jussienne pour un loyer de trois mille livres. Le couple mène grand train.

Le 20 février 1767

Les deux amants se trouvent à l’étroit dans l’appartement rue de Jussienne aussi louent-ils tout l’hôtel. Là, ils tiennent alors salon une fois par semaine, «avec tout ce qu’il y a de mieux, c’est à dire de plus gâté et de plus corrompu, à la Cour et à la Ville», précise la police. A tous ces débauchés, du Barry offre quelques courtisanes de haute volée, afin que son salon demeure fidèle à sa réputation.

Le 4 janvier 1768

Un incendie détruit en partie le mobilier du salon de Marguerite Gourdan, qui demeure rue Comtesse-d’Artois jusqu’au début de l’année 1773.

En 1768

Jean du Barry fait ainsi l’éloge de sa conquête au maréchal de Richelieu (1696-1788), vieux libertin très bien en cour, qui imagine de la présenter au Roi Louis XV (1710-1774).


Le maréchal de Richelieu

Le comte d’Espinchal, qui a connu Jeanne avant son élévation et qui sera plus tard de ses familiers, la dépeint en peu de mots :

« Elle est bonne, généreuse, d’une société douce, excellente amie, très charitable et extrêmement obligeante.»

Au printemps 1768

Louis XV, le «mal-aimé» | Le DevoirLouis XV par Van Loo

La rencontre avec le Roi se fait discrètement, par l’intermédiaire de Dominique Lebel (1696-1768), premier valet de chambre du Roi. Cette opération n’est pas dénuée d’arrière-pensée politique pour Richelieu, qui veut contrer le Premier ministre Étienne François de Choiseul (1719-1785). Ce dernier, élevé au ministère par la défunte marquise de Pompadour (1721-1764), espère placer auprès du Roi sa sœur, la duchesse de Grammont, ou toute autre femme à sa dévotion.

La Marquise Jeanne-Antoinette de Pompadour - Page 9
Jeanne-Antoinette, marquise de Pompadour

En peu de temps, Louis XV s’éprend vivement de Jeanne, dotée d’un charme infini, et dont les talents aux jeux de l’amour lui donnent une nouvelle jeunesse.  Il est non seulement ébloui par la beauté de Jeanne mais par aussi son caractère : Jeanne commence à le tutoyer, lui coupe la parole, le traite comme si il n’était pas le Roi de France (ce qui est le rêve de Louis XV). Jeanne n’est pas comme toutes les précédentes maîtresses de Louis XV, ce qui est nouveau chez le Roi de France. Louis XV commence à s’attacher de plus en plus de Jeanne Bécu. 

Image du film de Christian-Jaque

La déconvenue de Choiseul est très vive, et immense son ressentiment à l’égard de Madame du Barry, qui lui fait perdre en peu de temps son influence prépondérante auprès du Roi (pour lequel il nourrit un secret mépris).

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est francois-etienne-choiseul-1024x802.jpg.Le duc de Choiseul

L’année 1768 clôt, pour Louis XV, une décennie ponctuée de deuils familiaux : celui de sa fille Élisabeth de France (1727-1759), duchesse de Parme, morte en décembre 1759 ; de son petit-fils aîné Louis de France (1751-1761), mort en mars 1761 ; de sa petite-fille Isabelle de Bourbon-Parme, morte en novembre 1763 ; de sa favorite en titre sincèrement regrettée, Madame de Pompadour, morte en avril 1764 ; de son gendre Philippe Ier de Parme, mort en juillet 1765 ; de son fils et héritier Louis de France (1729-1765), mort en décembre 1765 ; de sa belle-fille Marie-Josèphe de Saxe, morte en mars 1767 ; enfin de sa femme, la discrète Marie Leszczyńska, morte le 24 juin 1768.

Marie Leszczynska (1703 - 1768) - Mère digne, épouse compréhensive -  Herodote.net
Marie Leszczynska par Jean-Marc Nattier

De plus, un projet de remariage avec l’Archiduchesse Marie-Élisabeth de Habsbourg-Lorraine, (sœur aînée de Marie-Antoinette), a échoué, la beauté de cette princesse de vingt-cinq ans ayant été ravagée par la variole, maladie courante à l’époque – et dont le Roi mourra.

Louis XV, roi de France, âgé de 63 ans, en 1773, par DrouaisLouis XV

Le Roi, toujours très beau mais vieillissant (il a alors cinquante-huit ans) et neurasthénique, est donc libre. Il désire faire de Mademoiselle de Vaubernier sa nouvelle favorite. Mais cela ne peut s’accomplir sans une présentation officielle à la cour par une personne y ayant ses entrées, et sans que la personne présentée soit mariée.

Portraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais - Page 2 Drouai10Jeanne du Barry par Drouais

Jeanne trouve grâce devant la malignité du prince de Talleyrand, qui la met fort au-dessus de Madame de Pompadour pour le ton et la parole.

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux : Constnce Arnoult est Jeanne

Celle-ci, dit-il, « diffère en tous points de Madame du Barry, qui, moins bien élevée, était parvenue à avoir un langage assez pur. Madame du Barry a les yeux moins grands, mais ils sont plus spirituels ; son visage est bien fait et ses cheveux de la plus grande beauté ; elle aime à parler, et elle a attrapé l’art de conter assez gaiement. »

Quant aux manières, dès la première heure, elles sont parfaites : « Elle a beaucoup de beauté, surtout par le bas du visage », note le duc de Croy, « un air très noble, aisé, doux, sans prétention, fort bien faite, et en tout l’air d’une bonne personne. »

« Je fus étonné, dit le comte de Belleval, comment, pour n’y avoir point été élevée, elle avait pris le ton et les manières des femmes de la Cour. » Cet « air très noble » qui rehausse jusqu’à la fin une beauté irréprochable, c’est déjà ce qu’ont remarqué les inspecteurs de Monsieur de Sartine, quand ils ont vu, pour la première fois, apparaître à l’Opéra la maîtresse de Jean du Barry.

Chon du Barry, de son vrai nom Françoise-Claire du Barry

Françoise-Claire du Barry, que tous appellent Chon, est la sœur célibataire de Jean et Guillaume.
Comment réussir quand on est pauvre et laide dans un monde où rien ne se fait hors du plaisir et de l’argent ? Madame Adélaïde dira d’elle :

« La comtesse du Barry n’était rien sans sa belle-sœur, qui n’était rien sans elle

Elle a environ treize ans de plus que Jeanne, cette provinciale qualifiée de laide, petite claudicante, célibataire, presque vierge doit servir de chaperon à la future comtesse.

Le 1er septembre 1768

Jeanne Bécu de Vaubernier épouse le frère de son amant, Guillaume du Barry (1732-1811), qui  peut rentrer chez lui, muni d’une pension annuelle de 5 000 livres. Guillaume reçoit également le comté de L’Isle-Jourdain. 

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Image du film de Christian-Jacque (1954)
Image de Jeanne du Barry de Maïwenn :
Jeanne est guidée par La Borde, valet et metteur en scène des plaisirs du Roi

Le 12 décembre 1768

Image de Jeanne du Barry de Maïwenn

Le premier appartement de Madame du Barry au château de Versailles de plain pied sur la Cour Royale !

( texte et illustrations de Christophe Duarte – Versailles passion )

Lors de son arrivée à la Cour, la comtesse du Barry occupe l’appartement de Dominique Lebel (1696-1768), le valet de chambre de Louis XV, décédé quelques mois auparavant.

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Cet appartement se situe au-rez-de-chaussée de la Cour Royale, dans l’Aile dite «Du Gouvernement» et qui deviendra plus tard l’Aile Gabriel. Cet appartement se compose de six pièces, dont trois à cheminée et huit entresols.
Ce n’est qu’en 1770 qu’elle quitte cet appartement pour s’installer dans l’appartement que nous connaissons aujourd’hui, au-dessus de celui du Roi.

                                          Le 1er septembre 1768                                           
à cinq heures du matin, en catimini

Jean du Barry étant déjà marié avec Ursule Dalmas de Vernongrèse (qui terminera ses jours dans un couvent et dont il a un fils, Adolphe, né en 1749, qui sera le protégé de sa tante, Jeanne…), il contourne la difficulté en faisant épouser à Jeanne son frère cadet, le comte Guillaume du Barry (1732-1811), gros garçon, «petit, mal fait», réputé pour ne pas avoir le moindre esprit. Le mariage est célébré par le frère Gomard de Vaubernier qu’on tient pour être le père de Jeanne…


Alexia Giordano est Madame du Barry dans  Secrets d’Histoire
La du Barry : coup de foudre à Versailles

Jeanne devient donc la belle-sœur de son amant tandis que son mari est immédiatement renvoyé dans son Languedoc natal avec cinq mille livres en récompense de sa complaisance.
Pour la marraine, on recourt à la comtesse de Béarn ; issue d’une très ancienne famille, mais aussi très âgée et surtout très endettée, elle accepte cet emploi contre paiement de ses dettes, à la réprobation des courtisans bien-pensants.

Le 22 avril 1769

Mariée et munie d’un nom mieux sonnant que Bécu, madame la comtesse du Barry, est présentée à la Cour .

 
Marguerite Pierry incarne la comtesse de Béarn dans le film de Christian-Jaque (1954)1954, Christian JAQUE remet en scène Martine, dans "Madame Du Barry", film  historique se déroulant sous
Jeanne du Barry (2023) de et avec Maïwenn Le Besco et Johnny Depp
On notera l’anachronie de la coiffure : le pouf que Maïwenn est la seule à coiffer, n’apparaîtra qu’en 1775

À la différence de Madame de Pompadour, Jeanne du Barry s’adapte parfaitement aux usages de la Cour mais ne s’intéresse guère aux affaires et ne cherche pas à jouer de rôle politique – ce dont Louis XV lui sait gré.


Images de Jeanne Bécu, comtesse du Barry, dernière maîtresse de  Louis XV, dans Secrets d’Histoire 
avec Alexia Giordano dans le rôle de Jeanne

Sa causerie, que ses amis ont tant aimée, est délicieuse.

Dès la première rencontre, Jeanne séduit : « Ses yeux bleus bien ouverts, raconte François de Belleval, ont un regard caressant et franc, qui s’attache sur celui à qui elle parle et semble suivie sur son visage l’effet de ses paroles. Elle a le nez mignon, une bouche très petite et une peau d’une blancheur éclatante. Enfin, l’on est bientôt sous le charme. »

La comtesse Du Barry s’installe dans le très vaste appartement , qui prend jour tant sur la cour de Marbre que sur la cour des Cerfs, en 1769, à proximité immédiate des Petits Appartements du Roi qui avait, quelques années auparavant, distrait ces pièces de son usage personnel pour y loger sa belle-fille, Marie-Josèphe de Saxe, veuve depuis 1765. Celle-ci disparut deux ans plus tard et le logement, vacant, est attribué à Madame du Barry.

L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1040914L’escalier menant à l’appartement intérieur de Louis XV, au dessous de celui de Madame du Barry
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Plan de l’appartement en 1770
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Son appartement donne sur la Cour de Marbre

Après le souper, les convives de la favorite regagnent les salons ouvrant sur la cour de Marbre – le grand salon et le salon d’angle, pour s’asseoir aux tables de jeux et prolonger la soirée jusque tard dans la nuit, dans une atmosphère que l’on prétend franche et décontractée.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Le grand cabinet de Madame du Barry occupe la partie orientale de l’ancienne galerie des chasses exotiques de Louis XV.

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Le grand salon (ou grand cabinet)L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 3 Img_0928

L’ensemble des élévations est habillé par des lambris composés de travées courantes alternant avec des parcloses sculptées de largeur variable, le motif sculpté des parcloses les plus étroites étant condensé.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry

Les ébrasements, seuls éléments subsistant de l’aménagement pour le petit appartement du Roi mis en œuvre en 1735, sont richement sculptés avec des motifs d’animaux exotiques (lions), des motifs végétaux (guirlandes de fleurs, feuilles, palmes, branches de laurier, …), des coquilles, et au-dessus de la fenêtre, le chiffre du Roi dans un médaillon. Les autres médaillons (cinq par ébrasement) ont été bûchés.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry

Les deux consoles entre-fenêtres sont livrées en 1767 pour la galerie de l’Hôtel des Menus-Plaisirs à Paris.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry

Le mobilier présent dans la pièce se compose d’un canapé et six fauteuils à la Reine du XVIIIème siècle par l’ébéniste Jean-Baptiste Lebas. Présents au château des Tuileries au XIXe siècle, le canapé et deux fauteuils entrent au Petit Trianon en 1867 à l’occasion de l’exposition organisée sous les auspices de l’impératrice Eugénie.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry

La belle cheminée en marbre griotte à décor de palmiers est d’un modèle exotique tout à fait original. Elle subsiste de la galerie des chasses et atteste, elle aussi, du raffinement du décor de 1735.

Le grand cabinet de la comtesse du Barry
L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 2 Dsc_5913L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1040922
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Chaise de Louis Delanois
Buste de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
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Le Salon de Compagnie a reçu un grand canapé et douze fauteuils sculptés de fleurs, en bouquets au dossier et en guirlandes à la ceinture. Douze chaises identiques les accompagnent, mais sans les fleurs.

Les chaises Delanois de Louis Delanois,1769

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Chaises de Louis Delanois
Le grand cabinet de la comtesse du Barry

D’une série initiale de treize livrée en 1769 pour le Salon de Compagnie de Madame du Barry à Versailles, elles seront envoyées à Louveciennes en mai 1774, suite à la retraite de la Cour de la comtesse après la mort de Louis XV.

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Chaises de Louis Delanois

Libérée du conformisme du Garde-Meuble de la Couronne, elle passe commande à Paris essentiellement auprès du marchand mercier Simon-Philippe Poirier, à l’exception des sièges commandés au menuisier Louis Delanois.

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Chaises de Louis Delanois

Ce dernier conçoit pour cette cliente exigeante un mobilier à la pointe du goût, d’où toute trace du style rocaille est bannie, dont témoignent ces chaises livrées dont une plus haute pour le Roi.

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Chaises de Louis Delanois
Chaises de Louis Delanois

La forme même de ces sièges est novatrice. Le dossier médaillon, dont Delanois est peut-être l’inventeur, y fait l’une de ses premières apparitions et les pieds ne sont plus galbés mais en gaine et cannelés. Le sculpteur Joseph-Nicolas Guichard y place des ornements d’un goût nouveau, que la finesse de la dorure due à Jean-Baptiste Cagny met en valeur. La frise d’entrelacs à rosette à la ceinture, le tore de feuilles de laurier sur la face du dossier, comme le ruban tournant sur le côté, enfin les rosaces tournantes et les grandes feuilles d’acanthe tenant le dossier, sont autant d’éléments parmi d’autres d’un vocabulaire jusque-là inédit, tiré essentiellement du répertoire antique remis à la mode par le goût «à la grecque».

Chaises de Louis Delanois

Des fleurs brodées en soie sont également répandues sur le satin blanc couvrant l’ensemble des sièges et adoucissent la sévérité de ce néoclassicisme naissant.

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Chaise de Louis Delanois

Saisies à la Révolution, on les retrouvent dans la Collection André Meyer à New York. Elles sont achetées à New York le 26 octobre 2001.

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Chaises de Louis Delanois
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Le grand cabinet de la comtesse du Barry
Vue sur la cour de marbre, depuis le grand cabinet

La pièce du café de Louis XV chez Madame du Barry

Depuis le XVIIe siècle se sont développées les boissons chaudes exotiques. Après avoir été considérées comme des drogues, des modes ou des médicaments, elles se sont imposées sous Louis XV.
A tel point que le Roi aime à les préparer lui-même et surtout lors des petits soupers.
Il dispose même, dans l’appartement de Madame du Barry, d’une pièce spécifique pour fabriquer son café.

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La seconde pièce se nomme le grand salon. On peut actuellement y voir un buste (sur la cheminée) et un tableau représentant Louis XV .

Louis XV (1774) par Vincent de Montpetit
Buste de femme en terre cuite par Pajou, Portrait de Madame la comtesse du  Barry | eBay
Buste en terre cuite par Augustin Pajou en 1773 de la comtesse du Barry à l’âge de trente ans
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La salle-à-Manger de Madame du Barry
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La salle-à-Manger de Madame du Barry
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
Table ayant appartenu à Madame du Barry, auhourd’hui à Fontainebleau
La salle-à-manger de la comtesse du Barry
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-à-manger de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
Cabinet (jonquille et lilas), salle-à-manger (vert et blanc), grand cabinet (doré) de Madame du Barry
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L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1040921
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Le grand cabinet débouche sur la chambre à coucher mais également sur la salle à manger. Celle-ci a été restaurée et on peut y voir des boiseries en vernis Martin vert qui sont d’origine. Cette pièce ainsi que les suivantes, l’antichambre et la pièce des bains de Madame du Barry, donnent directement sur la Cour des Cerfs, sur laquelle donnaient les appartements des favorites de Louis XV.

La salle-à-manger de Madame du Barry

La salle-à-manger de Madame du Barry,
Les repas de société du XVIIIe siècle

( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

Cette salle à manger fut créée en 1738. De cette date, il reste le décor des voussures des fenêtres : elle servait alors de salle à manger d’hiver à Louis XV, qui en avait une autre pour l’été à l’étage supérieur.

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La salle-à-manger de Madame du Barry
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La salle-à-manger de Madame du Barry
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La salle-à-manger de Madame du Barry

A partir de 1751, elle sert d’antichambre à la salle à manger voisine, avant de devenir, en 1763, la Chambre des Bains du Roi.

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La salle-à-manger de Madame du Barry
La salle-à-manger de Madame du Barry
La salle-à-manger de Madame du Barry
La salle-à-manger de Madame du Barry

La Dauphine, Marie-Josèphe de Saxe, en fit sa chambre et elle y mourut le 13 mars 1767.

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La salle-à-manger de Madame du Barry

Madame du Barry lui rendit sa destination première de salle à manger et la pièce suivante devint une pièce des buffets.

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La salle-à-manger de Madame du Barry
La salle-à-manger de Madame du Barry

Les mûrs son des décors en vernis Martin blanc réchampi émeraude et sa cheminée en brocatelle d’Espagne.

Portrait de Jeanne du Barry d’après Drouais

La table devait sans doute être démontable et plusieurs tables de services, des dessertes devaient meubler cette pièce ainsi que trente chaises de Delanois.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est La-salle-a-manger-de-Madame-du-Barry-8-1024x768.jpg.La salle-à-manger avec boiseries en vernis Martin vertL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est La-salle-a-manger-de-Madame-du-Barry-7-678x1024.jpg.
Table à thé dans la salle-à-manger de la comtesse
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Disposition de la salle-à-manger dans l’appartement

On accède à l’appartement par le petit degré du Roi, puis par une antichambre où se trouvent des armoires. En leur temps, elles contenaient le linge de table, l’argenterie et la vaisselle. Un magnifique service de table dit « le service aux rubans bleus » trône derrière une vitrine, il est composé de trente-sept pièces dont certaines au chiffre de la propriétaire. Elles sont en pâte tendre, sortent tout droit de la manufacture royale de Sèvres; elles furent acquises par Madame Du Barry le 1er septembre 1770.

L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 2 P1050032Antichambre aménagé lors de l’extension du degré du Roi en 1766.
Le buffet renferme le service en porcelaine de Sèvres livré pour madame du Barry en 1769.
L’antichambre des buffets
L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 2 P1050033
L’antichambre des buffets
Second étage - Aile centrale - Appartement de Madame du Barry ...
L’antichambre des buffets
L’antichambre des buffets
L’antichambre des buffets
L’antichambre des buffets

Les services de porcelaine de Madame du Barry

Dès 1769, Madame du Barry commande les meubles et les objets d’art auprès du marchand-mercier Simon-Philippe Poirier, l’un des meilleurs fournisseurs, qui fait appel à Charles-Nicolas Dodin, peintre de figures de la Manufacture de porcelaine de Sèvres et à Martin Carlin, ébéniste célèbre. La comtesse effectue plusieurs commandes à la manufacture de Sèvres soit pour son propre usage soit pour en faire les cadeaux aux personnages qu’elle veut gagner. Les services utilisés à Versailles prend place dans la pièce des buffets de son appartement : un grand service de table «au ruban bleu céleste», ponctué d’or et parsemé d’une guirlande de fleurs diverses est livré en 1769-1770, un petit service « aux amours » livré en 1770, un service à petits vases et guirlandes, un à fond bleu céleste et à décor d’oiseaux et un service à décor chinois.

Les services de porcelaine de Madame du Barry
Plateau du petit service aux amours de Madame du Barry
Sucrier du petit service aux amours de Madame du Barry
L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1040917L’antichambre, avec les armoires contenant la vaisselle. Voici celle contenant le service aux rubans bleusL'appartement de Mme du Barry à Versailles P1040918
Seau à demi-bouteille du service à rubans bleu céleste de Madame du Barry
Jatte du service à rubans bleu céleste de Madame du Barry
Plateau à fromages du service à rubans bleu céleste de Madame du Barry
Pos à jus du service à rubans bleu céleste de Madame du Barry
Service à petits vases et guirlandes, au chiffre de Madame du Barry, assiette plate
Manufacture de Sèvres, 1771
Plateau du service à petits vases et guirlandes de Madame du Barry
Pot à oille et plateau, une louche, une assiette
du service à petits vases et guirlandes de Madame du Barry

La plupart des porcelaines de la comtesse seront malheureusement dispersées pendant la révolution.

Dans le même lieu se trouve un petit escalier menant à une ravissante pièce aux dimensions réduites , la bibliothèque.

La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de Madame du Barry

La Bibliothèque de Madame du Barry,
Un petit cabinet pour les plaisirs de la lecture

( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

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La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de la comtesse du Barry
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La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de la comtesse du Barry

On accède à la bibliothèque depuis l’antichambre en montant trois marches.

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La bibliothèque de Madame du Barry

Ce passage fut successivement ouvert ou condamné, au gré des occupants et de l’étendue de l’appartement. Lorsque cette pièce faisait partie des petits appartements du Roi, elle accueillait le cabinet de distillation, puis une partie de la bibliothèque.

appartement de Mme du Barry : la bibliothèque | Versailles, Chateaux  interiors, Chateau versailles
La bibliothèque de Madame du Barry

Lorsque Madame Adélaïde obtient son usage, elle fait aménager une bibliothèque avec des portes munies de grillages. Celle-ci est déposée, puis remontée pour Madame du Barry qui demande néanmoins des améliorations : une alcôve est rajoutée, les portes furent munies de glace, et un décor blanc et or est appliqué.

45 idées de Du Barry en 2021 | madame du barry, versailles, le grand trianon
La bibliothèque de Madame du Barry
La bibliothèque de Madame du Barry

Lorsqu’en 1769, la Princesse va s’installer au rez-de-chaussée auprès de ses sœurs, Madame du Barry se fait attribuer cette bibliothèque. On ouvre alors une porte de communication et la pièce est agrandie d’une niche abritant un sofa.

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Cette cage, spectaculaire par ses dimensions, ne serait qu’un bel objet
si elle ne portait les armes de madame du Barry.
Ces armoiries furent spécialement créées
lorsque Jeanne Bécu devient comtesse du Barry…

La bibliothèque a un plan rectangulaire avec une alcôve à l’est et une fenêtre au sud. Le volume laissé libre au milieu des placards est petit et peu éclairé.

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Pendule symbolisant le Sacrifice à l’amour
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La bibliothèque

Les ébrasements et l’arrière-voussure de la fenêtre sont habillés avec des lambris simplement moulurés qui pourraient subsister du cabinet de distillation de Louis XV ou du premier aménagement de la bibliothèque pour Madame Adélaïde en 1753. Ailleurs, les élévations sont principalement composées par les portes vitrées des étagères garnies de livres, et de parcloses sculptées. L’alcôve est habillée de lambris d’appuis sculptés et de miroir sur les trois côtés.

La chambre de Madame du Barry

La chambre à coucher, est située exactement au-dessus de celle (privée) de Louis XV. Elle possède encore aujourd’hui un lit, qui était celui de la Dauphine.

L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 4 Img_0049
La chambre

Le lit disposé dans la chambre de Madame du Barry est en fait celui de la Dauphine Marie-Antoinette…

APPARTEMENT DE MADAME DUBARRY – Les Trésors de Versailles
Versailles Intime, Les appartements privés du Roi @ Château de Versailles |  zest for art - Blog art, culture et patrimoine

Il s’agit de l’ancien salon de compagnie de Marie-Josèphe de Saxe. Les boiseries sont reprises en s’inspirant des boiseries existantes et une cheminée de style rocaille démodée mais adaptée aux boiseries est installée.

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La chambre
La chambre

Les ébrasements sculptés de la galerie de 1735 sont conservés et les élévations sont habillées de nouveaux lambris, hormis le renfoncement central nord qui était démuni de boiseries.

La chambre de Madame du Barry

Les espaces de service placés au nord de cette pièce sont construits et une porte sous tenture aménagée dans l’élévation nord, au milieu de l’alcôve qui est lambrissée à l’identique des autres élévations de la pièce.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Chambre-de-madame-du-Barry-17-1024x678.jpg.La chambre à coucher
La chambre de Madame du Barry
La chambre de Madame du Barry
La chambre de Madame du Barry
La chambre de Madame du Barry
La chambre de Madame du Barry
Pour témoigner de la richesse du décor sculpté de l’ancienne galerie des chasses exotiques, seuls les ornements des médaillons de l’ébrasement sud-ouest de la chambre ont été rétablis à titre d’évocation. L’esthétique dût-elle en pâtir, leur restitution complète envisagée au départ s’avérait anachronique avec l’état de référence des années du Barry.
La chambre de Madame du Barry
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L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Chambre-de-madame-du-Barry-18-678x1024.jpg.

A la demande du Roi, le parquet est remplacé par des tomettes car trop bruyant : le Roi est dérangé dans sa chambre juste au-dessous.

La chambre de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
Les Appartements de Madame du Barry | Chateau de Versailles | Flickr
La chambre de la comtesse du Barry
La chambre de Madame du Barry
Lit de repos (ayant appartenu à Marie-Antoinette)
maintenant installé dans la chambre de Madame du Barry
L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1050014
L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 3 Dsc_6010L'appartement de Mme du Barry à Versailles P1050016
Son bonheur du jour signé Martin Carlin
Serre-bijoux de Martin Carlin
Son bonheur du jour signé Martin Carlin
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Cette superbe Ariane endormie représente peut être Madame du Barry :

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La chambre de la comtesse du Barry après la restauration de 2022

Versailles privé » : au-delà des portes dérobées - Versailles in my pocketDepuis la chambre à coucher et depuis la salle à manger, on peut accéder au cabinet de chaise et à la chambre de veille de la femme de chambre, donnant tous deux sur la cour des Cerfs.

Le plan des appartements de Madame du Barry en 1770
 A noter qu’elle dispose à la fois d’une méridienne (pour les toilettes) et d’un bain/salle de bains pour se baigner. La salle de bain de Jeanne du Barry a une plomberie courante, une caractéristique que Louis XV, qui est connu pour être très strict lors de l’approbation de la construction de plomberie pour les salles-de-bain, a refusé à ses propres filles avant d’approuver pour sa maîtresse.
Le cabinet de chaise de la comtesse du Barry
L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 3 Dsc_6019
Le couloir derrière la chambre et au fond , la chambre de la femme de chambre
Parquet du couloir de Madame du Barry
Le couloir derrière la chambre et au fond , la chambre de la femme de chambre
La chambre de la femme de chambre
La chambre de la femme de chambre
La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022

La salle-de-bain de Madame du Barry

Une porte, à la droite de la cheminée, permet d’accéder via un étroit escalier à la Grande bibliothèque (qui n’appartenait pas à l’appartement), située au-dessus du Cabinet du conseil qui possédait une grande hauteur de plafond. On peut encore aujourd’hui voir les bibliothèques — vides — qui accueillaient de nombreux ouvrages.

La salle-de-bain de la comtesse du Barry

L’évolution des décors à travers le temps

( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles-passion )

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La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-de-bain de la comtesse du Barry
La salle-de-bain de la comtesse du Barry

La salle de bains est aménagée en 1765 pour Louis XV avec deux baignoires.
Entre 1766 et 1767, Marie-Josèphe fait installer une cloison légère pour séparer la chaise, installée dans un réduit, et les bains.

La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-de-bain de la comtesse du Barry

En 1767, le Roi récupère cette salle pour en faire la pièce des bains qui est précédé par la chambre des bains au sud, l’actuelle pièce des buffets.

La salle-de-bain de la comtesse du Barry

En 1770, Madame du Barry fait ériger une cloison vitrée pour délimiter un couloir du côté de la fenêtre :

La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022

elle était composée d’une porte vitrée et de glaces placées en face de la fenêtre pour assurer l’éclairage de la salle-de-bains.

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En 1774, cette pièce perd sa fonction de salle d’eau et deviendra la garde-robe de Thierry, Premier valet de chambre du Roi. Au tournant des XVIIIe et XIXe siècles, la cloison sera démolie et le dallage remplacé par un parquet.

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La corniche décorée d’oves, de putti, d’oiseaux et de rinceaux, a été recopiée par moulage de la corniche de la salle à manger dans les années 1940. Les emplacements des deux baignoires et de la cloison sont matérialisés au sol.

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La salle-de-bain de Madame du Barry
La salle-de-bain de la comtesse du Barry
La salle-de-bain de la comtesse du Barry
La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022

Le poêle en faïence provient du château de Rosamel. Daté aux alentours de 1770, ce poêle pyramide émaillé blanc dans le goût transition, se compose d’une chambre de combustion formant piédestal en talus, chantourné en plan, orné sur le devant d’un trophée des Sciences suspendu à un nœud de ruban et encadré de deux consoles d’angle dont le galbe est couvert d’un large feuillage d’acanthe. Ornée d’un motif classique d’entrelacs, la ceinture est couronnée d’une tablette en surplomb qui sert de base au conduit du poêle dissimulé derrière un imposant décor architecturé en forme de balustre. Le piédouche du conduit est flanqué d’un cartouche uni entouré de feuillages de chêne et couronné de deux branches de laurier situées à la base de la panse galbée. Le col du conduit, qui est orné d’un masque d’Apollon rayonnant, soutient un chapiteau sommé d’un panier empli de fleurs de faïence.

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La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-de-bain de la comtesse du Barry

L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 4 Img_0144Intermédiaire de la coterie du maréchal de Richelieu, elle n’est pas sans influencer discrètement telle ou telle décision, obtenant ainsi la grâce de plusieurs condamnés à mort.

La salle-de-bain de la comtesse du Barry après la restauration de 2022
La salle-de-bain de la comtesse du Barry
Dans le cabinet de chaise de la comtesse du Barry
 
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Cette commode est réalisée par Martin Carlin en 1772 pour la chambre de l’appartement de Madame du Barry
L'appartement de Mme du Barry à Versailles - Page 2 P1050030
La cour des cerfs avec le carillon de l’horloge de la cour de marbre qui a été installé sous Louis-Philippe
Fichier:Cour de marbre vue de l'appartement de la Du Barry - DSC ...Son appartement donne sur la Cour de Marbre
Du Barry | Autant en emporte la presse

Intermédiaire de la coterie du maréchal de Richelieu, elle n’est pas sans influencer discrètement telle ou telle décision, obtenant ainsi la grâce de plusieurs condamnés à mort.

Les appartements de Madame du Barry à Versailles – Le Magazine de ...

Mais malgré les intrigues de la duchesse de Grammont et d’autres femmes envieuses de sa position, elle s’efforce d’être agréable à tous (contrairement à Madame de Pompadour, qui ne pardonnait pas les offenses et s’en vengeait même âprement).

Portraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais - Page 4 Comtes15
Portrait de la comtesse du Barry en Flore (1769) par François-Hubert DrouaisPortraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais - Page 4 Comtes54

Voltaire, à qui elle avait envoyé deux baisers par la poste, lui adressa par retour de courrier ce célèbre quatrain :

« Quoi, deux baisers sur la fin de la vie !
Quel passeport vous daignez m’envoyer !
Deux, c’est trop d’un, adorable Égérie,
Je serai mort de plaisir au premier.»

Cependant, le clan Choiseul ne désarme pas. L’une de ses créatures, Pidansat de Mairobert, publie des Mémoires secrets à l’origine des attaques dont Madame du Barry est dès lors constamment l’objet. Il diffuse ou suscite des chansons grivoises, des pamphlets injurieux et même des libelles pornographiques (tels L’Apprentissage d’une fille de modes ou L’Apothéose du roi Pétaud). Par la force des choses, Madame du Barry se trouve soutenue par le parti dévot, hostile à Choiseul. Pour avoir conclu le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette, le Premier ministre se croyait intouchable.

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Madame du Barry en tenue de chasse d’après François-Hubert Drouais

Jean du Barry installe aux côtés de Jeanne, sa sœur Françoise-Claire, dite Chon (1730-1809), est installée dans un appartement, certes modeste , mais à côté de celui de Jeanne dont elle sera le chaperon, en fait l’espion de son frère. La place semble bien trouvée pour cette petite provinciale, boiteuse et même un peu bossue ; sa laideur cache un esprit vif, des manières distinguées et une adresse remarquable ; elle a l’esprit gascon dans le meilleur sens du terme. Avec son franc-parler, Chon sait facilement remettre les courtisans qui la toisent de haut à leur place.

                    
Images de Jeanne Bécu, comtesse du Barry, dernière maîtresse de  Louis XV, dans Secrets d’Histoire 
avec Alexia Giordano dans le rôle de Jeanne
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Chambre de la femme de chambre de la comtesse du Barry

Jean du Barry installe aux côtés de Jeanne, sa sœur Françoise-Claire, dite Chon (1730-1809), est installée dans un appartement, certes modeste , mais à côté de celui de Jeanne dont elle sera le chaperon, en fait l’espion de son frère. La place semble bien trouvée pour cette petite provinciale, boiteuse et même un peu bossue ; sa laideur cache un esprit vif, des manières distinguées et une adresse remarquable ; elle a l’esprit gascon dans le meilleur sens du terme. Avec son franc-parler, Chon sait facilement remettre les courtisans qui la toisent de haut à leur place.

Commode, œuvre de Vendercrusse – Collection particulière
Madame du Barry en muse par Drouais
Portraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais P1080113
Madame du Barry en muse par Drouais

 Le 24 Juillet 1769

Fichier:Petit Trianon.JPG — WikipédiaLe Petit Trianon

Louis XV offre à sa nouvelle favorite, le Petit Trianon, bâti autrefois pour Madame de Pompadour, pour s’y reposer en paix,  ainsi que le domaine de Louveciennes et de Saint-Vrain ainsi que tous les revenus de ces châteaux. 

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Le château de Saint-Vrain

Louveciennes, ou Luciennes, comme l’on dit alors, n’est qu’une grosse maison carrée avec une aile et un toit à la Mansart. Madame du Barry le fera agrandir par Gabriel.

Le château de Louveciennes, demeure de Madame du Barry - Mag Communes
Le château de LouveciennesLieux de fastes à l'époqu - Saint Germain Boucles de Seine

À la Cour, Jeanne est haïe par certains courtisans qui ne supportent pas qu’une jeune fille de maquerelle et sans bonne famille devienne la nouvelle maîtresse du Roi. Ces courtisans ont à leur tête le duc de Choiseul. Celui-ci, est ministre des affaires étrangères et est entrain d’organiser le mariage du Dauphin de France et de l’Archiduchesse d’Autriche. Il se sait puissant et croit qu’il va faire chasser la nouvelle favorite sans aucune difficulté…

A portrait of Madame du Barry by François-Hubert Drouais, 1770.
Madame du Barry (1770) par François-Hubert Drouais

Louveciennes à une quinzaine de lieues de Versailles. Louis XV n’a donc pas grand route à faire pour visiter sa favorite.

Le château de Louveciennes

Le 16 mai 1770

Le Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.

On May 16th, 1770, Marie Antoinette of Austria and Louis-Auguste of France were married in a lavish wedding ceremony at Versailles. The wedding of the couple, symbolic of a renewed alliance between their respective countries, was celebrated in a...

Prévenue contre Madame du Barry dès son arrivée en France, la très jeune Dauphine, au caractère entier, lui voue d’emblée une vive antipathie.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Encouragée par le clan Choiseul et Mesdames, filles de Louis XV, Elle la traite avec un mépris affiché, en refusant de lui adresser la parole, ce qui constitue une grave offense, indispose le Roi et jusqu’aux chancelleries, puisqu’il faut que l’Impératrice elle-même impose de Vienne à sa fille un comportement plus diplomatique.

« J’avoue l’avoir imaginée plus belle. Elle est assez grande, de corpulence moyenne avec une forte poitrine, très jolie mais pas de celle qu’on peut qualifier de belle. Elle ressemble tout à fait aux gravures mais en moins bien, avec une forte touche de son ancienne profession.  
Son teint est clair, sa peau très lisse bien que la fraicheur de la jeunesse se soit évaporée. Son visage est ovale, plutôt long, son front haut est surmonté de cheveux fins très abondants. Elle porte du rouge mais discrètement et en petite quantité.
Ses yeux bleu clair sont vifs, son regard est des plus capricieux. Ses sourcils sont bien formés, de même que son nez. Sa bouche est jolie, ses lèvres très rouges et ses dents belles, mais elle a une sorte de petit sourire satisfait dont la saveur évoque fortement son ancien commerce. Son menton est très joli, sa voix forte, elle a bon air, ses manières obligeantes sont pleine de civilité, mais vulgaires.
Son comportement est extrêmement libre et enjoué. Elle est naturellement bienveillante, généreuse et charitable, mais par son caractère que j’imagine aussi chaud que son tempérament, son langage est grossier et indélicat lorsqu’elle est en colère.»

Description de Madame du Barry par la duchesse de Northumberland, invitée de la comtesse à l’occasion du mariage du Dauphin.
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Le conflit Dauphine/ favorite vue dans la série télévisée  Marie-Antoinette (1976)  de Guy-André LefrancL’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Barry-Casile-2-768x1024.jpg.

Encouragée par le clan Choiseul et Mesdames, filles de Louis XV,  Elle la traite avec un mépris affiché, en refusant de lui adresser la parole, ce qui constitue une grave offense, indispose le Roi et jusqu’aux chancelleries, puisqu’il faut que l’Impératrice elle-même impose de Vienne à sa fille un comportement plus diplomatique.

Le Lys Quotidien ⚜️ on Twitter: "Le 19 avril 1770, Louis XVI se ...
Marie-Antoinette peinte vers 1770 par Joseph Ducreux
Marie-Antoinette incarnée par Pauline Pollmann dans Jeanne du Barry de Maïwenn
Marie Antoinette and Mesdames confronting Madame du Barry in Madame du Barry (1934)
[source: my scan/collection]
La Dauphine encouragée par Mesdames contre Madame du Barry (1934)
         
Le duel vu par Hollywood (1938) Gladys George est Madame du Barry dans Marie-Antoinette (1938) de W.S. Van Dyke

Le 20 août 1770

« Le Dauphin devait souper à l’Hermitage, petit château situé à la porte de la ville ( de Compiègne) où le Roi fait souvent ses retours de chasse avec sa société plus intime, et nommément avec la comtesse du Barry. La Dauphine  me témoign(e) qu’elle voi(e) avec peine que le Dauphin (soit) entraîné à ces soupers, que cela a l’air de vouloir le séparer d’elle pour l’introduire dans une société peu convenable, que le Dauphin lui-même l’envisage ainsi et a du regret d’être à des sorties de parties de plaisir. Elle me parle ensuite du Dauphin en me disant … qu’il mépris(e) souverainement la comtesse du Barry et les gens de sa cabale, que lui ayant demandé pourquoi il se laiss(e) entraîner dans la société de ces gens-là, Monsieur le Dauphin a répondu qu’il fa(ut) bien user de prudence et se prêter pour l’amour de la paix.»

Mercy à Marie-Thérèse

En septembre 1770

La comtesse du Barry inaugure avec le Roi le Petit Trianon.

Le 10 septembre 1770

Cérémonie de la prise de voile de Madame Louise.

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Madame Louise de France

Pour racheter les péchés de son père (le dernier étant sa liaison déclarée avec Madame du Barry), la plus jeune fille de Louis XV, Madame Louise – mystique depuis l’enfance – entre au carmel de Saint-Denis et y prononcera ses vœux le 12 septembre 1771.

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Gladys George est Madame du Barry dans Marie-Antoinette (1938) de W.S. Van Dyke
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Gladys George as Madame du Barry in Marie Antoinette (1938)
[source: my scan/collection]

Le 23 octobre 1770

Jeanne inaugure les agrandissement de Louveciennes par Gabriel par un dîner donné en l’honneur du Roi où participent ses nouveaux « amis », Mesdames de Mirepoix, Flavacourt et L’Hôpital, ainsi que Messieurs de Condé, Lusace, Soubise, Richelieu, d’Aiguillon, Estillac, Croissy, Noailles, Chauvelin et Saint-Florentin.

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“ Dolores Del Rio as Madame Du Barry
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Dolores Del Rio dans le rôle de Madame Du Barry (1934) pour William Dieterle

Une entrée au plafond très élevé, un seul salon, donnant sur un perron, et une salle à manger, le tout représentant les attributs de la campagne et de la chasse, composent simplement le rez-de-chaussée. Une petite salle existe pour loger la domesticité et Madame du Barry en fera construire une autre. A l’étage, il n’y a que deux chambres, l’une au Nord qui sera celle de la comtesse, et l’autre, au Sud, qui sera occupée par le Roi. Tout correspond parfaitement à ce goût intime et élégant mis à la mode par le Roi et sa favorite…

 Le 24 décembre 1770

Le duc de Choiseul (1719-1785) , l’un des principaux artisans du mariage franco-autrichien ( il était chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770), est exilé à cause de son orientation libérale  dont la pratique politique s’apparente à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue. Marie-Antoinette est persuadée que Jeanne du Barry a forcé la décision du Roi.

Désormais consacrée compagne royale officielle, Madame du Barry organise le mariage du comte de Provence (frère cadet du futur Louis XVI) avec Marie-Joséphine de Savoie.

Portraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais - Page 4 Captu906
Madame du Barry par Drouais

Le 14 février 1771

Mariage du comte de Provence et de Marie-Joséphine de Savoie.

Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Le 2 septembre 1771

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Louis XV lui offre un château à Louveciennes, qu’elle fait agrandir et décorer à son goût. Le Pavillon de Musique, construit en 1771 par l’architecte Claude Nicolas Ledoux, est un petit édifice d’une grande importance historique, il est aujourd’hui considéré comme l’archétype du classicisme français.

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Jeanne du Barry d’après Drouais par Benjamin Warlop

Jean-Honoré Fragonard est également invité à décorer le château. Pour le pavillon, la maîtresse des lieux lui demande de réaliser une série de peintures murales, qu’il livre sous le titre de Progrès de l’amour dans le cœur d’une jeune fille.

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Les quatre peintures (La Poursuite, La SurpriseL’Amant couronné et La Lettre d’amour) ont cependant été rejetées peu après leur installation, jugée trop éloignées du style néoclassique du pavillon. Le cœur lourd, Fragonard a repris ses œuvres pour les accrocher chez son cousin à Grasse, sa ville natale. La série a ensuite été achetée par J.P. Morgan et est aujourd’hui exposée dans la « Frick Collection » à New York.

La série de quatre peintures de Fragonard fait maintenant partie de la collection Frick, image © Michael Bodycomb via The Frick CollectionLa série de quatre peintures de Fragonard fait maintenant partie de la collection Frick, image © Michael Bodycomb via The Frick Collection

Fête d’inauguration du pavillon de musique de Louveciennes que Jeanne a commandé à Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) :

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Fête donnée à Louveciennes, le 2 septembre 1771, par Jean-Michel Moreau le Jeune,
dessinateur des Menus Plaisirs, Paris, musée du Louvre.
Presque rien n’ a changé en deux siècles !
Le vestibule -salle-à-manger- où a eu lieu le souper avec le Roi

Le dîner que Jeanne offre à la Cour est suivi d’un grand feu d’artifice.

« Elle est grande, bien faite, blonde à ravir, front dégagé, beaux yeux, sourcils à l’avenant, visage ovale, avec des petits signes sur la joue pour la rendre piquante comme pas d’autres; bouche au rire leste, peau fine, poitrine à contrarier le monde, en conseillant à beaucoup de se mettre à l’abri d’une comparaison … »

Le prince de Ligne
Vestibule de Louveciennes
Vestibule de Louveciennes
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Vestibule de Louveciennes
Portrait of the Comtesse Du Barry par Jean Baptiste Greuze sur artnet
La comtesse du Barry par Jean-Baptiste Greuze
Salon de Louveciennes
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Louise Marleau est Jeanne du Barry dans la série Joseph Basalmo d’André Hunnebelle (1972)
Salon de Louveciennes
Buste de Jeanne du Barry
Vue du parc de Louveciennes depuis le salon
Le pavillon de Musique

On a souvent affirmé que le rôle de Madame du Barry en matière artistique fut inférieur à celui de Madame de Pompadour. Pourtant Madame du Barry s’est intéressée aux arts. Mais la brièveté de son « règne » (cinq ans) ne lui a pas permis d’imprimer une marque comparable à celle de la précédente favorite.

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Madame du Barry par Augustin Pajou (1772)

Elle pratiquait le dessin avec talent. Elle a joué un rôle de mécène en encourageant l’artisanat d’art français. Elle inspira les plus grands artistes de son époque, dont le sculpteur Louis Boizot, directeur de la manufacture de Sèvres. Elle contribua aussi à l’essor du néo-classicisme en révélant l’architecte Claude Nicolas Ledoux, qui bâtit son pavillon de musique de Louveciennes, ou en passant des commandes aux peintres Joseph-Marie Vien, François-Hubert Drouais, Jean-Baptiste Greuze ou Jean-Honoré Fragonard, aux sculpteurs Félix Lecomte, Augustin Pajou ou Christophe-Gabriel Allegrain, et à d’autres encore.

Elle continue à faire développer la manufacture de Sèvres, fait passer plusieurs commandes aux architectes tels que Ledoux pour ses châteaux (Louveciennes) . Elle contribue également au style néo-classicisme. 

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Détail décoratif de la chambre de Madame du Barry à Versailles

Madame du Barry a, d’une certaine manière, inventé le style Louis XVI :

« Madame du Barry fut une courtisane, mais une courtisane amie des lettres, des artistes, et qui passa sur la terre en répandant libéralement autour d’elle l’or et les consolations ».

Salon de Louveciennes

Par ailleurs, élégante et de goûts affirmés, Madame du Barry exerce une influence prépondérante sur la mode vestimentaire de son époque. Elle lance notamment la vogue des étoffes à rayures, qui durera dans toute l’Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.

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Madame du Barry en Flore (1772) par Drouais
Commode de Carlin – Musée du Louvre

Le 12 septembre 1771

Madame Louise prononce ses vœux monastiques perpétuels.

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Visite de Louis XV à Madame Louise de France par Maxime Le Boucher (1882)

En 1772

Jeanne est séparée de corps et de biens d’avec son époux. Pour le consoler, on lui donne le duché de La Roquelaure.

La commode de la chambre de Madame du Barry

( texte et photographies de Christophe Duarte – Versailles passion )

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Cette commode est réalisée en 1772 pour la chambre de l’appartement de Madame du Barry au château de Versailles.     Elle est exécutée par la manufacture de Sèvres et par l’ébéniste Martin Carlin.

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Bâtie de chêne, placage de poirier, de bois rose et d’amarante, marbre blanc, bronze doré, porcelaine tendre et glace.

Les cinq vantaux de porcelaine représentent :
– Vantail central : L’Agréable Société d’après Jean-Baptiste Pater
– Vantail gauche : Par une tendre chansonnette d’après Nicolas Lancret
– Vantail droite : Conversation galante d’après Nicolas Lancret
– Côté gauche : La Comédie d »après C. Van Loo
– Côté droit : La Tragédie d’après Charles-Nicolas Dodin

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La commode  appartient au musée du Louvre suite à une dation en 1990.

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Les appartements de Madame du Barry à Versailles – Le Magazine de Proantic
La chambre de Madame du Barry

Le 11 août 1772

Sous l’influence de Sa mère et de Ses tuteurs, Marie-Antoinette se prépare à mettre un terme à cette situation, lors d’une mise en scène rigoureusement planifiée.

Madame Du Barry se rend, comme convenu, au cercle de la Dauphine : la Cour au grand complet guette les deux femmes. Mais alors que Marie-Antoinette s’approche de la favorite pour, enfin, lui adresser un mot, Madame Adélaïde (1732-1800), mise dans la confidence par la jeune Dauphine, l’en empêche en s’écriant :

« Il est temps de s’en aller ! Partons, nous irons attendre le Roi chez ma sœur Victoire !»

File:Roslin - Mme Adelaide (with frame).jpg - Wikimedia CommonsMadame Adélaïde par Roslin

Coupée dans son élan, Marie-Antoinette lui emboîte le pas, plantant là Madame Du Barry humiliée, au milieu de la Cour témoin de ce terrible affront.

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Madame de Gramont par Roslin vers 1774

A la suite d’humiliations répétées contre Madame du Barry — entre autres au théâtre du château de Fontainebleau — Louis XV décide le renvoi de Choiseul et le fit remplacer par le duc d’Aiguillon, ce qui accrut encore la rancœur de Marie-Antoinette.

François-Etienne, comte de Stainville puis duc de Choiseul
Le duc de Choiseul
Lithographie moqueuse qui appelle la comtesse «Madame du Barril»
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Gianna Maria Canale est l’orgueilleuse duchesse de Gramont dans Madame du Barry de Christian-Jaque (1954)

Le 1er janvier 1773

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Image du film de Sofia Coppola

Alors que la comtesse du Barry, entourée de la duchesse d’Aiguillon et de la maréchale de Mirepoix, se présente au lever de la Dauphine au milieu d’une foule nombreuse, Marie-Antoinette prononce les paroles tant attendues, quelques mots restés célèbres :

« Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles »

C’est tout.

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La scène dans la série télévisée Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc

« Je lui ai parlé une fois, mais je suis bien décidée à en rester là et cette femme n’entendra plus jamais le son de ma voix.»

Elle tiendra parole ! … et écrira à Sa mère :

« C’est la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable ».

Durant la cérémonie des vœux de 1773

L’animosité de Marie-Antoinette reprend le dessus. Elle noie la favorite parmi la masse de courtisans, se débrouillant pour ne pas avoir à s’adresser à elle en particulier.

Désespérée, Jeanne tente alors maladroitement « d’acheter » la Dauphine en lui offrant de magnifiques pendants d’oreilles en diamant. Agacée, Marie-Antoinette répond à cette offre déplacée « qu’elle avait assez de diamants et qu’elle ne se proposait point d’en augmenter le nombre »…

Zamor

Zamor entre au service de Madame du Barry. Il est victime d’un trafic d’esclaves entre le Bengale et Madagascar. Zamor est né en 1762 dans l’actuel Bangladesh. Victime d’un trafic d’esclaves entre le Bengale et Madagascar, il retrouve la liberté en arrivant en France, en 1773, et entre à l’âge de onze ans au service de la comtesse du Barry. Elle espère ainsi faire de Zamor un instrument de séduction auprès de Louis XV. Bien plus tard, il évoque ses années d’adolescence en termes amers, disant que, si la belle Comtesse l’avait recueilli et élevé, c’était pour faire de lui son jouet. Elle permettait qu’on l’humiliât chez elle. Il y était sans cesse en butte aux railleries et aux insultes des familiers du château.

Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

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Jesse Scott était Zamor dans Madame du Barry (1934)
Bonheur du jour de Madame du Barry- Metropolitan Museum of Arts

Le 20 mars 1773 selon la tradition

Le Roi, qui ne dédaignait pas de préparer lui-même son café, le laisse s’échapper s’attirant cette apostrophe de la favorite :

« Hé, La France ! Ton café fout le camp !…»

ce qui était de très mauvais goût (voire une insolence envers la majesté royale). En fait, la comtesse du Barry s’adressait à son valet de pied nommé La France à cause de sa région d’origine, l’Île-de-France.

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Le 18 février 1773

Pendant le carnaval, le duc et la duchesse d’Aiguillon organisent un bal masqué des plus splendides dans leur hôtel de la place d’Armes auquel assiste Louis XV.

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Au printemps 1773

Madame du Barry invite tous ses amis à une grande fête proprement féerique, en son hôtel de l’avenue de Paris. C’est Papillon de la Ferté (1727-1794), intendant des Menus Plaisirs, qui est chargés d’organiser les réjouissances placées sous le signe de l’Amour.

Le 19 juillet 1773

Adolphe du Barry (1749-1778), fils de Jean, épouse Hélène de Tournon (1756-1782), une petite-cousine désargentée du prince de Soubise.


Hélène de Tournon d’après un portrait d’Elisabeth Vigée Le Brun

Le vicomte est pourtant bel homme, il a des manières charmantes, il est modeste et connait bien la Cour. Sa tante, la favorite, l’apprécie beaucoup et elle le montre en toute occasion.

Le contrat du mariage du vicomte et de la vicomtesse du Barry porte comme marque d’honneur, les signatures de tous les derniers rois de France, celles de Louis XV, du Dauphin, le futur Louis XVI, du comte de Provence, futur Louis XVIII et du comte d’Artois, futur Charles X.  A cette occasion, le comte Jean-Baptiste du Barry,« le roué » (le père du marié) revient de son exil de deux mois à l’Isle-Jourdain (d’où il avait été forcé d’aller suite à ses imprudences envers sa belle-sœur) et est présenté pour la première fois au Roi qui l’honore, prétendra-t-il dans sa lettre à Malesherbes (1721-1794) de 1775, «de plusieurs marques de bonté ». Mais Madame du Barry reste très froide à son égard.

Le 1er août 1773

Présentation de la nouvelle vicomtesse du Barry à la Cour à Compiègne. Jeanne est sa marraine et l’accompagne comme il se doit. Hélène fait alors forte impression au Roi.

 « Si ma nièce devenait la maîtresse du roi, au moins la place ne sortirait pas de la famille »,

lance ironiquement Jeanne pour couper court à toute rumeur.

Portraits de Mme Du Barry par Drouais - Page 2 A_bord10
Madame du Barry par Drouais

La trentaine rayonnante, la favorite est accoudée sur un nuage vaporeux qui ploie plus sous le poids des fleurs que sous le corps aérien de la déesse Du Barry. Son mouvement est dansant et gracieux, souligné et accompagné de drapés blancs et bleu roi du vêtement tout simple. Ses longs cheveux ceints d’un ruban céleste se répandent en boucles exquises sur ses épaules et font écho aux nuages. Son regard n’est plus celui, insaisissable, du portrait de 1769, mais bienveillant, et son sourire enchanteur. Les beaux bras cerclés de perles, les roses et les fleurs de seringat que la favorite présente ajoutent encore au charme de l’œuvre. Tout est ici tendresse, mesure et harmonie de tons pastel et de lignes arrondies, à l’image de la dernière année du règne de Louis XV qui fut aussi la dernière passée par la comtesse Du Barry à Versailles…

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Jeanne à Louveciennes avec Zamor par Benjamin Warlop

Fin 1773

Jeanne installe sa mère, Anne Bécu, dite alors Madame Rançon, au couvent de Sainte-Elisabeth, à Paris. Restée très proche d’elle, elle obtient même du Roi qu’il demande à la supérieure de Sainte-Elisabeth l’autorisation de voir sa mère chaque fois qu’elle le désirera.

Du temps de sa splendeur, Jeanne lui rendra souvent visite…

« On était édifié de la piété filiale avec laquelle Madame du Barry venait constamment rendre ses devoirs à sa mère, presque tous les quinze jours. Elle y passait une partie de la journée.»

Pidansat de Mairobert
Image
Madame du Barry (1774) par DrouaisPortraits de Madame du Barry par François-Hubert Drouais - Page 4 50654710

Le petit théâtre des combles,
Le projet inabouti de théâtre de Louis XV

( texte  et  illustrations  de  Christophe Duarte – Versailles Passion )

Louis XV, malade, demande la création d’une salle de théâtre destiné à accueillir un petit nombre de spectateurs parmi les proches du Roi et de Madame du Barry.

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Dans le prolongement de l’appartement de Madame du Barry, à l’attique de l’Aile Neuve qu’il vient de construire, l’architecte Gabriel (1698-1782) prévoit, dans un espace restreint, de bâtir une salle en forme de fer à cheval, une loge royale dotée d’une garde-robe, un fosse d’orchestre et une scène pouvant accueillir un décor en cinq plans.

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Louis XV mourra avant le début des travaux. Et ce petit théâtre de poche ne verra jamais le jour.

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Ce projet a pu être reconstitué grâce aux plans conservés aux Archives Nationales et au logiciel VERSPERA. Le décor a été inventé par les étudiants de la licence pro de l’université de Cergy Pontoise.

Pendule aux trois Grâces – Château de Fontainebleau

La Comtesse s’offre des objets remarquables : une pendule aux trois Grâces, surmontées d’un Amour, un baromètre-thermomètre de Passement orné de trois plaques de porcelaine de Sèvres.

Baromètre-Thermomètre – Metropolitan Museum of Art
Vase à fond vert – Wallace Collection

Samedi 1er janvier 1774

Le comte de Fersen, accompagné du comte de Creutz, ambassadeur de Suède en France, assiste à la cérémonie de l’Ordre du Saint-Esprit, et fait sa cour au Roi.

Après avoir dîné, il va, avec le comte de Creutz, faire sa visite à la comtesse du Barry. Elle lui parle pour la première fois.

Le 14 avril 1774

Jeanne reçoit, en témoignage ultime de sa puissance, une commode en plaques de Sèvres «à fleurs et filets d’or» de Martin Carlin pour orner l’un des deux panneaux d’entre-fenêtres de la petite galerie de ses appartements versaillais.

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La Fidélité sous les traits de Madame du Barry, par Augustin Pajou (atelier),
Musée du Domaine royal de Marly
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Ce mobilier fascinant témoigne du plus haut degré de sophistication de l’ébénisterie française.

 Le 27 avril 1774

Alors que Jeanne et le Roi se trouvent à Trianon, c’est là que le souverain ressent ses premiers malaises: il  a des douleurs dans la jambe, une forte migraine et des frissons.

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux

Aimé Clariond est Louis XV dans Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

Souffrant, il est transporté au château de Versailles. Fidèle, Jeanne du Barry reste aux côtés du Roi et ne le quitte pas malgré le risque de contamination.

“ Marie Antoinette (1956)
”
Anne Carrère est Jeanne du Barry dans Marie-Antoinette de Jean Delannoy (1956)
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Le déjeuner lui est répugnant, il n’a de goût à rien . Même la partie de chasse ne l’enchante pas, il reste dans sa voiture et a très froid. Le duc de Croÿ qui l’accompagne est inquiet en disant :  » Le Roi est malade!« 


Louis Savoye est Louis XV dans Marie-Antoinette,
la véritable histoire (2006) de Francis Leclerc et Yves Simoneau
Maïwenn joue Jeanne de Barry, la dernière favorite du roi Louis XV, incarné par Johnny Depp

Son premier chirurgien, monsieur de La Martinière, diagnostique une fièvre sérieuse et insiste pour que le Roi regagne Versailles:

«Sire, c’est à Versailles qu’il faut être malade.»

Medecin de Louis XV. Mr de la Martiniere
Monsieur de La Martinière

Faisant fi des avis de Madame du Barry, le chirurgien organise le transport: sous son manteau en robe de chambre, le Roi montre dans sa voiture. Son lit est fait à la hâte, un lit de camp est installé à côté.


Rip Torn est Louis XV dans Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Le premier médecin et le premier chirurgien se consultent et décrètent un traitement avec application de mouches sur les tempes et administration d’opium.

La nuit du Roi est catastrophique.

Le 28 avril 1774

Les hommes de médecine saignent le Roi, mais aucune amélioration n’est visible. Ils envisagent une deuxième voire une troisième saignée si besoin est. Louis XV sait ce que cela signifie : après la troisième saignée, il devra recevoir les saints sacrements.

Ces hommes de médecine sont impuissants et ne savent plus quel remède proposer . Ils demandent l’aide de deux confrères, le médecin de madame du Barry et un médecin réputé de Paris. Mais personne n’arrive à mettre un nom sur ce mal.

Dans la nuit du 28 au 29 avril 1774

Le visage du Roi se couvre d’une éruption, ce sont les symptômes de la petite vérole. Monsieur de la Martinière ose déclarer qu’il considère Louis XV comme perdu.

Le 29 avril 1774

Les médecins font savoir que le Roi a contracté la variole. Pour éviter la contagion, le Dauphin et ses deux frères sont maintenus à distance de la chambre royale. Mesdames Victoire, Adélaïde et Sophie restent au chevet de leur père.


Image de Marie-Antoinette de Sofia Coppola

Le 30 avril 1774

Le visage du Roi est couvert de pustules.

Le 4 mai 1774

La messe est célébrée dans la chambre du Roi, l’archevêque s’entretient avec lui.

Le 5 mai 1774

Le confesseur s’installe non loin de la chambre du Roi au cas où. Mais le Roi n’arrive pas à se confesser, ses évanouissements et ses plaies l’empêchent d’avoir l’esprit clair pour cet acte ultime.

Durant la nuit du 6 Mai 1774

La santé du Roi se dégrade de plus en plus et ses heures semblent comptés. Louis XV conseille à Jeanne de quitter Versailles pour le château de Rueil (demeure du duc d’Aiguillon).

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux

Dans la nuit du 7 mai 1774

Ne se faisant plus guère d’illusions sur son état de santé, il fait venir son confesseur, l’abbé Louis Maudoux. A sept heures du matin, il se fait administrer le Saint Sacrement puis il souhaite recevoir ses filles une dernière fois. Seul le clergé est autorisé à approcher le malade, ses filles restent sur le seuil de la chambre. La Dauphine est dans la pièce voisine.

Le Dauphin et ses frères sont priés de s’installer au rez-de-chaussée du château : ils n’ont pas été inoculés.

Après s’être confessé, le Roi se sent plus tranquille, accepte son sort avec calme, et La Martinière note même une légère amélioration.

Départ de Madame du Barry de Versailles dans Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Jeanne du Barry quitte Versailles .

 


Image du film de Sofia Coppola (2006)

Le 7 Mai 1774

Jeanne quitte Versailles pour le château de Val de Ruel, à Rueil-Malmaison.

Le 8 mai 1774

L’état du Roi empire tout à coup, il délire, la gangrène se déclare, l’infection se généralise.

Les serviteurs commencent à fuir.

Le 9 mai 1774 au soir

L’Extrême-Onction est administrée à Louis XV. L’agonie est interminable. Ses paupières sont fermées tant il y a de croûtes, son visage est enflé et presque noir. Le Roi resté conscient se demande combien de temps va encore durer son agonie.

Dans la nuit du 9 au 10 mai 1774

Comme il est d’usage, une chandelle allumée est placée au balcon de la chambre royale, elle sera soufflée dès le constat de la mort du Roi.

Le 10 mai 1774

A trois heures du matin

Le Roi ne voit plus rien.

A midi

Le Roi est inconscient, seuls les ecclésiastiques prient autour de lui. Plus personne d’autre n’est autorisé à rester. Les membres de la Cour et du gouvernement stationnent au seuil de la chambre royale dont les portes sont grandes ouvertes puisque la mort d’un souverain doit être publique.

Gravure montrant la mort de Louis XV dans sa chambre de Versailles

Entre quinze heures et quinze heure trente.

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Image de Madame du Barry de 1919

Louis XV expire à Versailles. Il avait soixante-quatre ans.


Image d’En Remontant Les Champs Elysées de Sacha Guitry

La chandelle est soufflée.

Selon le protocole, le chambellan coiffé d’un chapeau à plumes noires, apparaît à la fenêtre et s’écrit :

«Le Roi est mort!»

puis changeant de couvre-chef pour un chapeau à plumes blanches, il réapparaît pour annoncer :

«Vive le Roi!»

Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.

Comme toujours en pareille circonstance, les courtisans se ruent vers les appartements du nouveau souverain.

Toujours selon l’usage, l’embaumement doit être pratiqué, le cœur momifié et porté dans une église de France. Mais devant l’état du corps, les hommes de médecine refusent : il n’y a pas d’embaumement et le cœur reste à sa place.

Des ouvriers mettent en bière «ces restes pestiférés». Un seul abbé veille le mort, se tenant précautionneusement très éloigné et muni d’un mouchoir sous le nez, tant la puanteur règne dans la chambre.

Aucune grande cérémonie n’est prévue.

Le cercueil quitte Versailles dans la nuit, escorté d’une quarantaine de gardes et de pages, en direction de la basilique Saint-Denis.

Le 12 mai 1774

deux jours après la mort de Louis XV

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux

Sur le papier, Louis XVI ne l’exile pas à l’abbaye de Pont aux Dames, il ne fait que lui «permettre» d’aller voir sa «tante» à ladite abbaye ! :

« J’espère Madame que vous ne douterez pas de toute la peine que je ressens d’être obligé de vous annoncer une défense de paroître à la Cour. Mais je suis obligé d’exécuter les ordres du Roi, qui me charge de vous marquer que son intention, est que vous n’y veniez pas, jusqu’à nouvel ordre de sa part. Sa Majesté, en même tems, veut bien vous permettre d’aller voir Madame votre Tante, à l’abbaye du Pont aux Dames, et je vais écrire en conséquence à Madame l’abbesse afin que vous n’éprouviez aucune difficulté. Vous voudré bien m’accuser la réception de cette lettre, par celui qui vous la remettra, afin que je puisse justifier à Sa Majesté de l’exécution de son ordre. J’ay l’honneur Madame d’être votre»

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux

On vient chercher la comtesse à Reuil pour aller l’enfermer au couvent de Pont-aux-Dames, à Meaux. C’est une sorte de Bastille pour femmes aux confins de la Brie et de la Champagne, «avec défense de voir qui que ce fût».

A l’annonce du sort que lui réservent Louis XVI et Marie-Antoinette, Jeanne s’effondre en larmes.

« La créature est mise au couvent et tout ce qui porte ce nom de scandale est chassé de la Cour!»

Marie-Antoinette à Sa mère

Madame du Barry arrive au petit matin à l’abbaye de Pont-aux-Dames et découvre un monastère médiéval, tombant à moitié en ruine, lugubre et sans vie. La cinquantaine de sœurs qui vivent recluses sans ce couvent  sont toutes vêtues d’un costume sévère, robe blanche et voile noir.

Elles accueillent très froidement la nouvelle recrue qu’on leur a présentée comme un monstre de perversité. La mère supérieure, Gabrielle de La Roche-Fontenilles, a donné des consignes strictes : personne ne doit s’entretenir avec la prisonnière.

Ce même jour

On célèbre les obsèques de Louis XV.

Les Parisiens sont indifférents.

« Louis a rempli sa carrière; . Et fini ses tristes destins ; . Tremblez, voleurs ; . Fuyez, putains ! Vous avez perdu votre père.»

Les provinciaux, beaucoup plus tristes, organisent un grand nombre d’offices pour le repos de l’âme du Roi.

Le 22 septembre 1774

Aubert rachète à la comtesse du Barry le grand corps de diamant pour quatre cent cinquante mille livres et une parure en rubis et diamants pour cent cinquante mille livres. C’est le seul moyen qu’a Jeanne de régler les dettes qu’elle avait en quittant Versailles. Son train de vie était trop fastueux ; elle dépensait plus qu’elle ne gagnait. Dès sa disgrâce, la masse de créanciers se presse pour se faire rembourser.

Jeanne est très inquiète. Ses premières semaines à Pont-aux-Dames sont donc éprouvantes. Prise entre la dureté de son emprisonnement, la curée des créanciers et l’incertitude quant à son sort, elle se réfugie dans la dévotion.
Elle assiste chaque matin à la messe, suit les offices, prend ses repas avec les sœurs ; son attitude respectueuse, sa grande égalité d’humeur, sa gentillesse commencent à susciter la bienveillance du couvent.

La sévère supérieure prend même goût aux promenades avec sa prisonnière.

Au cours de ses nombreuses promenades, Jeanne commence à s’attacher à Pont-aux-Dames. Elle rêve désormais d’une vie simple. La prison de Pont-aux-Dames lui permet finalement de se retrouver.

En décembre 1774

Madame de La Roche-Fontenilles plaide la cause de sa pensionnaire . Le nouvel homme fort du régime, Monsieur de Maurepas (1701-1781), qui ne voit pas d’hostilité à la libération de la comtesse , transmet la lettre au Roi.

Mais Louis XVI répond par un non catégorique.

Madame du Barry se porte de mieux en mieux, malgré son isolement. Elle se montre, non pas indifférente à son sort, mais elle prend sa nouvelle vie avec philosophie.

Bientôt les conditions de détentions s’améliorent, elle vit avec une vingtaine de domestiques ( chiffre qui paraît cependant exagéré) et finit par obtenir l’autorisation de recevoir les visites de sa mère, de ses belles-sœurs et de quelques fidèles. La duchesse d’Aiguillon, le duc de Brissac et le prince de Ligne commencent à prendre le chemin de Pont-aux-Dames.

C’est le prince qui va réussir à la faire sortir du couvent.

A la fin de l’hiver 1775

Ligne lui propose d’aller plaider sa cause auprès de la Reine avec qui il est en bonne relation.

Louis XVI accepte de lui redonner la liberté, mais ne veut pas qu’elle puisse revenir à la Cour, ni même dans les environs, notamment Louveciennes. Madame du Barry devra rester à plus de dix lieues de Paris ou de Versailles. On l’incite à chercher une nouvelle résidence loin de la Cour. C’est alors qu’elle apprend que le domaine de Saint-Vrain, dans le sud de Paris, est à vendre… Elle le fait donc acheter par le duc d’Aiguillon. Il lui en coûtera deux cent mille livres.

La comtesse du Barry vivra à Saint-Vrain de 1775 à 1777.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Le-chateau-de-Saint-Vrain-1024x736.jpg.
Le château de Saint-Vrain

Elle vient s’y installer, le Roi Louis XVI lui ayant interdit de s’approcher à moins de dix lieues de Paris.

Craignant que son exil à Saint-Vrain ne soit définitif (la Reine Marie Antoinette la déteste) elle demande à l’architecte Ledoux de lui concevoir un château aux goûts de l’époque.

Elle a fait distribuer du pain, de la viande et du bois aux nécessiteux, principalement l’hiver 1775 -1776, qui fut un des plus rigoureux du siècle.

Elle y organise de nombreuses réceptions pour la noblesse locale.

En mars 1775

Jeanne est enfin libérée mais se voit interdite d’aller à Paris. Elle part alors pour son château de Saint-Vrain et y restera quelques mois. Mais elle restera fidèle aux sœurs de Pont-aux-Dames qu’elle retournera régulièrement voir. Elle cherchera même à en aider certaines pendant la Terreur…

La comtesse décide d’installer près d’elle sa mère, Madame Rançon de Montrabé, qui lui a tant manqué dans son exil: elle lui achète le domaine de Maison-Rouge à Villiers-sur-Orge.

Madame du Barry organise des fêtes où elle convie toute la noblesse des environs. Sa table est réputée. Le dimanche, elle invite aussi, comme cela se faisait beaucoup, les paysans à venir danser dans son parc.

En octobre 1775

Madame du Barry se sépare de son hôtel de l’avenue de Paris, qu’elle vend au comte de Provence.

Jeanne a-t-elle le désir de s’implanter à Saint-Vrain lorsqu’elle demande à Claude-Nicolas Ledoux, son architecte de prédilection, un projet de construction d’un nouveau château avec salle de spectacle?

Elle se sépare encore de bijoux, de tableaux, de meubles pour s’acquitter de ses dettes.

En novembre 1775

Le comte d’Artois parvient à acquérir quatre grands tableaux de Vernet représentant les quatre Heures du Jour. La comtesse n’est pas pressée de s’en séparer… mais les vend tout de même pour dix-neuf mille deux cents livres.

Un dimanche de 1776

Profitant de l’absence de la plupart des domestiques, trois vagabonds s’introduisent dans le château. Ils arrivent jusqu’à la chambre de la comtesse et, sous la menace, lui réclament ses bijoux. Madame du Barry réagit avec fermeté sur le moment, ce qui décontenance ses agresseurs. A moitié ivres, les voleurs battent en retraite en proférant de sordides menaces. Une fois l’incident passé, Jeanne s’effondre ; elle prend peur.

En octobre 1776

Louis XVI autorise enfin à Jeanne d’aller à Paris, elle regagne alors son cher Louveciennes. Ainsi le Roi lui rend-il sa liberté, mais en plus il décide de lui conserver ses biens personnels, notamment ses bijoux, ainsi que ses rentes sur l’hôtel de ville et  le revenu des Loges de Nantes… C’est l’assurance d’une nouvelle vie très fastueuse !

Fichier:Pavillon Louveciennes - 2 - Plan du RdC.jpg — Wikipédia
Plan du château de Louveciennes

Madame du Barry va s’empresser de vendre Saint-Vrain.

Château de Madame du Barry - Châteaux et Autres Bâtiments
Louveciennes

 Jeanne mène une vie paisible en son château de Louveciennes où ses amis d’autrefois viennent la visiter fréquemment. Dans les rares pièces du château, l’ambiance est devenue magique car pendant sa disgrâce, on y a fait porter la plus grande partie de son mobilier de Versailles.

« On aurait pu se croire chez la maîtresse de plusieurs qui tous l’avaient enrichie de leurs dons.»

Elisabeth Vigée Le Brun

Louveciennes ressemble à un magasin d’antiquaire qui aurait entassé de fabuleux trésors de sensualité.

« C’était un endroit délicieux tant pour le luxe et la magnificence que pour le goût.»

Le comte de Cheverny

Elle se consacre à la charité des pauvres qui habitent dans la région de Louveciennes. 

Le « roué » est en exil, le Roi est mort, Jeanne , à trente-trois ans, va désormais vivre pour elle-même.

Elle est gourmande (elle prendra rapidement de l’embonpoint), trait probablement hérité de ses aïeux maternels qui exercèrent des métiers de bouche.

En 1777

Jeanne se dépêche de vendre le château de Saint-Vrain alors que les travaux allaient commencer.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est château-de-Saint-Vrain.jpg.Le château de Saint-Vrain

Les habitants du village garderont un bon souvenir du séjour de la comtesse.

Hélène du Barry donne naissance à un fils, Achille-Alexandre-Benoît qui a pour parrain son grand-père maternel, Hugues François de Tournon.

En mai 1777

Jeanne a l’honneur de recevoir dans sa demeure le frère aîné de Marie-Antoinette, Joseph II d’Autriche alors que celui-ci est venu rendre visite à sa sœur et son beau-frère.


Joseph II par Joseph Hickel

En visite à Marly, l’Empereur décide de se rendre incognito à Louveciennes pour voir le merveilleux pavillon de Ledoux. En réalité, il sait que la comtesse est dans son domaine et il veut la rencontrer. En parcourant les jardins, il fait en effet sa connaissance, et, après deux heures en sa compagnie, lui offre le bras pour achever sa visite du parc. Madame du Barry n’ose accepter, eu égard à son rang :

« Ne faites point de difficulté, Madame, la beauté est toujours reine, répond galamment le frère de Marie-Antoinette.»

Ayant contracté une passion pour le jeu, Adolphe du Barry amène d’abord sa femme à Spa, où son père avait jadis englouti des fortunes. Là, le couple se lie à un aventurier, le comte Rice, un Irlandais qui les entraîne en Angleterre, à Bath, la station thermale de la haute société anglaise. Tout le monde s’installe à l’hôtel Royal Crescent et on mène grand train. Mais le feu couve car le couple est en crise. Hélène, furieuse d’avoir été bannie de la Cour par la faute du nom qu’elle porte. Il semble qu’elle soit devenue la maîtresse de Rice. Le vicomte, en découvrant son infortune, provoque l’Irlandais en duel.

Le 30 mai 1778

Admiratrice de Voltaire, elle est à son chevet lorsqu’il meurt.

Voltaire

 

En août 1778

Jeanne accompagne son nouvel amant, Louis-Hercule, duc de Cossé-Brissac (1734-1792) dans son commandement de Vaussieux, la base d’opérations pour l’envoi des troupes aux insurgents américains.

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Louis Hercule Timoléon de Cossé duc de Brissac

François César Le Tellier, 4e. Marquis de Courtanvaux (1718 – 1781), Comte de Tonnerre, Duc de Doudeauville, Grand d’Espagne, Capitaine-Colonel des Cent-Suisses, Chevalier de l’Ordre de Saint-Louis et membre de l’Académie des Sciences.

Le 10 novembre 1778

Décès de son neveu, Adolphe vicomte du Barry (1749-1778), qui était militaire, à Bath, sur la colline de Claverton, il est tué en duel par le comte de Rice:  les deux hommes se retrouvent au petit matin. Chacun est armé de deux pistolets et d’une épée. Du Barry tire le premier, blesse Rice dans la cuisse et lui brise le fémur. Mais, surmontant sa douleur, l’Irlandais répond en tirant deux coups de pistolet. Le vicomte s’effondre, raide mort.

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Image de Barry Lyndon (1976) de Stanley Kubrick

La nouvelle du décès de son neveu est une rude épreuve pour la comtesse du Barry. Elle était liée à lui maternellement.

La peine de la favorite sera aggravée par l’attitude de la vicomtesse du Barry dès son retour en France à pouvoir changer de nom. La nouvelle comtesse de Tournon pourra ainsi revenir à la cour de Louis XVI.

En 1781

Jeanne fait la connaissance de la peintre officielle de la Reine, Élisabeth-Vigée Le Brun et se fait peindre aussi par elle.

Portraits de la comtesse du Barry par (et d'après) Elisabeth Vigée Le Brun Du_bar10Madame du Barry par Elisabeth Vigée Le Brun (1781)

« L’été comme l’hier, Madame du Barry portait des robes-peignoirs de percale ou de mousseline blanche, et tous les jours, quel temps qu’il fît, elle se promenait dans son parc ou dehors, sans qu’il résultât aucun inconvénient pour elle, tant le séjour de la campagne avait rendu sa santé robuste.»

Elisabeth Vigée Le Brun

Même le duc de Choiseul rencontre celle qui suscite encore dans son exil tant d’intérêts. Il  vient incognito… mais cela est vain, car après avoir feint de l’appeler Milord North qui accompagnait le prince de Beauvau, Jeanne l’accoste :

–  A présent, monsieur le duc, trêve de plaisanterie. Je suis très flattée de l’honneur que vous me faites en venant me voir. Asseyons-nous et causons. Vous êtes bien bon de ne pas avoir gardé aucune rancune contre moi, ironise-t-elle.

–  Je n’en ai jamais eu, répond Choiseul… après tant d’acharnement , cette réplique est un peu faible !

Pavillon de musique classique à Louveciennes, construit en 1771, image © Jean-Marie Hullot via Wikimedia CommonsPavillon de musique classique à Louveciennes, construit en 1771

Le 12 mars 1782

Hélène du Barry – de Tournon épouse un de ses cousins, Jean-Baptiste de Tournon, marquis de Claveyron, évitant ainsi le procès que menaçait de lui faire « le roué » pour offense a la mémoire des du Barry.

Le 8 décembre 1782

Hélène de Tournon, marquise de Claveyron meurt neuf mois après son mariage. Son époux inconsolable de sa perte, la suivra dans la tombe quatre ans plus tard, le 29 avril 1786.

Le 28 novembre 1783

Mort de Marguerite Gourdan (1727-1783) à Paris.

Durant toute sa vie, Jeanne eut de nombreux amants même après la mort de son royal-amant. Jeune, belle et célibataire, elle sera tour à tour maîtresse d’un certain Henry Seymour (1746-1830), le comte puis le duc de Cossé-Brissac (qui durera plus longtemps et sera son plus grand amour), Louis-Antoine de Rohan-Chabot et tant d’autres.


Lord Henry Seymour Conway
      
Les anciennes ennemies se ressemblent désormais sous le pinceau de Vigée Le Brun

Le 20 octobre 1788

Décès de la mère de Jeanne, Madame Rançon de Montrabé, née Anne Bécu (1713-1788), dans sa propriété de Maison-Rouge. Elle cède tous ses biens à sa nièce la plus prestigieuse, Madame de Boisséson, née Marie-Joseph Bécu de Cantigny, dite « Betzi », âgée de 19 ans (née le 21 août 1762 à Versailles, fille de Jean-Nicolas Bécu (1705-1766), décédée à Munich (Bavière) en 1855), cousine germaine de Jeanne du Barry…

Le 17 novembre 1788

Décès de son beau-père, Nicolas Rançon de Montrabé, auquel Jeanne avait accordé une rente viagère de deux mille livres puisque sa mère l’avait oublié dans son testament .

En 1789

Lorsque la révolution française éclate, (alors que beaucoup de nobles prennent le chemin de l’exil) Jeanne ne fuit pas et reste auprès de la Famille Royale.

Madame du Barry par Elisabeth Vigée Le Brun (1789)

Restant fidèle à la famille royale, elle l’aide dans ses moments les plus difficiles.

Portraits de la comtesse du Barry par (et d'après) Elisabeth Vigée Le Brun Captu234

Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux.

Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Ouverture-des-Etats-Generaux-1024x568.jpg.

Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…

Madame du Barry, sensibilisée aux questions politiques par le duc de Brissac, prend fait et cause pour Necker et pour les « nationalistes ». Le grand financier vient plusieurs fois la visiter à Louveciennes.

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

Comment la prise de la Bastille est-elle racontée par Jules Michelet ? – Un  Texte Un Jour

Le 4 août 1789

Abolition des privilèges.

4 août 1789 : abolition des privilèges et droits féodaux | RetroNews - Le  site de presse de la BnFLa Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 — Wikipédia

Le 1er octobre 1789

Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.

1er octobre 1789: Le banquet des gardes du corps

Le 5 octobre 1789

Les parisiennes marchent sur Versailles…

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE ...

Le 6 octobre 1789

Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Matin-du-6-octobre-1789.jpg.

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est MA-Delannoy-Les-Tuileries-1024x747.jpg.

Deux des gardes royaux, Messieurs de Barghon-Monteil et Lefebvre de Lukerque,  qui ont survécu à l’attaque parisienne du château trouvent refuge à Louveciennes chez Madame du Barry. Ayant pris connaissance du secours que Jeanne leur apporte, Marie-Antoinette lui écrit une lettre de remerciement…

Après ces terribles événements, Madame du Barry commence, elle aussi, à concevoir de vives réserves sur la suite…

« Si Louis XV avait vécu, tout cela n’aurait pas été ainsi.»

En 1790

A Louveciennes, Madame du Barry est critiquée… comme tout ce qui porte habits et armoiries, en somme…

Élisabeth Vigée Le Brun, Portrait de Madame du Barry (détail), 1789, huile sur toile, image © Christie's

Le 20 février 1790

Mort à Vienne de Joseph II .

Été 1790

La famille royale est autorisée à séjourner à Saint-Cloud.

Des bruits courent selon lesquels Elle projette de s’évader…

Le 12 juillet 1790

Constitution civile du clergé.

Le 14 juillet 1790

 Fête de la Fédération.

Lumière - Film - La Révolution Française : les années lumière, les années terribles Al710
Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Fete-de-la-Federation-1-1024x640.jpg.

Le 10 janvier 1791

Jeanne, accompagnée de sa femme de chambre et de quelques domestiques,  passe la nuit dans l’hôtel parisien du duc de Brissac qui a donné ce soir-là une grande réception pour tirer les rois.


Louis Hercule Timoléon de Cossé par Elisabeth Vigée Le Brun
Le château de Brissac

Le 11 janvier 1791

Le château de Louveciennes est cambriolé et on vole tous ses bijoux à Jeanne du Barry. Elle commet alors l’imprudence de publier ce qu’on lui a volé (ce qui moyenne la somme de 400 millions de nos jours) et promet de récompenser 2000 louis à qui les trouvera.

Madame du Barry

Or elle ignore que ce sera l’une des pièces maîtresses qui la conduiront à l’échafaud. Jeanne apprend que ses bijoux sont maintenant à Londres et y va fréquemment pour les identifier.

Sur les conseils de son notaire parisien, Maître Rouen, elle fait imprimer un placard, sous la forme d’une notice in-octavo, portant en gros titre:

«DEUX MILLE LOUIS A GAGNER et récompense honnête et proportionnée aux objets qui seront rapportés.»

Et le placard ajoute :

« Il a été volé chez Madame du Barry au château de Louveciennes dit Luciennes près Marly, dans la nuit du 10 au 11 janvier 1791 les diamants et bijoux ci-après.»

Suit une liste de quatre pages. Ce billet, tiré à plusieurs centaines d’exemplaires, est expédié à toutes les forces de police mais aussi aux marchands de bijoux, en France et à l’étranger.

En laissant publier cet encart dans le public, Madame du Barry a brisé la règle qu’elle s’imposait de rester discrète…

Le 15 février 1791

On a retrouvé les bijoux de Madame du Barry . Les voleurs avaient dérobé chez elle pour plusieurs millions de joyaux quatre jours plus tôt. Mais, terrible fatalité, c’est en Angleterre que les voleurs, Jean-Baptiste Levet, Joseph Amon, Joseph Harrys, Jacob Moyse et Joseph Abraham, sont arrêtés…  or la procédure en ce pays est longue et coûteuse, voire tortueuse. Aussi la comtesse sera-t-elle contrainte de faire de nombreux voyages dans un pays qui bascule dans la contre-révolution.

Le 19 février 1791

La comtesse, ses quatre domestiques, son Joaillier Rouen (homonyme du notaire) et le vieux chevalier d’Escourre, l’un des aides de camp de Brissac, s’embarquent à Boulogne.

Le 20 février 1791

Départ de Mesdames Adélaïde et Victoire qui partent pour Rome.

Mesdames Adélaïde et Victoire

Le voyage de Madame du Barry ne peut que paraître suspect….

Pendant la traversée, on apprend à Jeanne que l’un de ses voleurs, Harrys, a tout avoué.

A Londres, elle s’installe à l’hôtellerie de Jeremyn Street tenue par un ancien cuisinier du duc d’Orléans.

Le 1er mars 1791

Jeanne est obligée de retourner en France pour gérer les poursuite contre le receleur de bijoux, Philippe Joseph.

Avril 1791

Pour tenter de récupérer ses chers bijoux, Madame du Barry se rend à nouveau à Londres…alors qu’elle est étroitement surveillée par un certain Blache, agent de la police française, qui envoie régulièrement à Paris un rapport sur ses activités.

Le 18 avril 1791

La famille royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.

Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen.

Début mai 1791

Madame du Barry repart à Paris. Elle y arrive le 21 mai, pour être _deux jours plus tard !_ à nouveau rappelée à Londres. Comprenant que son séjour risque d’être long, elle s’installe dans une maison de Brutton Street, près de Berkeley Square.

Le 20 juin 1791

Évasion de la famille royale.

La fuite à Montmédy et l'arrestation à Varennes Louis_55

Le 21 juin 1791

 Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Chez l’épicier Sauce à Varennes, par Prieur

Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.

Le 17 juillet 1791

Fusillade du Champ-de-Mars, rebaptisé Champ-de-la-Fédération.

A la fin de l’été 1791

En raison de la complexité de la procédure anglaise, Jean-Baptiste Levet, Joseph Amon, Joseph Harrys, Jacob Moyse et Joseph Abraham sont relâchés, et ce , malgré les aveux d’Harrys!

Le 25 août 1791

Jeanne du Barry rentre bredouille à Paris.

Le 14 septembre 1791

Le Roi prête serment à la Constitution.

Le 16 octobre 1791

Brissac est nommé commandant de sa garde constitutionnelle par Louis XVI.

Le duc s’étonne de la passivité du Roi face aux événements. Il propose de réagir avec les gentilshommes fidèles.

« Nous sommes résolus, répond Louis XVI, de ne rien faire du tout, à rester tranquille deux ou trois ans s’il le faut, jusqu’à ce que le peuple fatigué nous remette à notre place et nous voulons que la noblesse en fasse autant.
-Sire, ose le duc de Brissac, cela vous est facile avec vingt-cinq millions de liste civile mais nous , nobles, qui n’avons plus rien et qui avons tout sacrifié pour vous servir, il ne nous reste que deux partis : de nous réunir à vos ennemis pour vous détrôner ou de faire la guerre et de mourir au lit d’honneur, et Votre Majesté sait bien que, si on m’en croit, c’est ce dernier parti que nous prendrons.»

Le 19 décembre 1791

Le Roi oppose son veto au décret sur les prêtres insermentés.

Le 20 avril 1792

Déclaration de la guerre contre le Roi de Bohême et de Hongrie.

Le 27 mai 1792

Décret sur la déportation des prêtres réfractaires.

Le 29 mai 1792

Décret supprimant la garde constitutionnelle du Roi. On accuse son chef, Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac (1734-1792) d’être antirévolutionnaire et  responsable et d’avoir fait prêter à ses hommes le serment d’accompagner le Roi partout où il se rendrait. Le duc refuse de passer pour un lâche en fuyant.

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Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac

Le 30 mai 1792

Brissac est arrêté et aussitôt transféré à la prison d’Orléans où siège la Haute Cour nationale.

Le 8 juin 1792

Décret de formation d’un camp de fédérés à Paris.

Le 11 juin 1792

Louis XVI oppose son veto aux décrets des 27 mai et 8 juin.

Le 14 juin 1792

Madame du Barry est autorisée à rendre visite à son amant.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Jeanne-du-Barry-par-EVLB-1024x512.jpg.

Le 20 juin 1792


Escalier monumental des Tuileries (avant sa destruction)

La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

20 juin 1792 - La journée du 20 juin 1792  Ivr11_10

Le Roi refuse.

Le 11 juillet 1792

«La patrie en danger».

Le 25 juillet 1792

Signature du manifeste de Brunswick, une mise en demeure de la France, sommée de respecter la famille royale. Les Parisiens sont outrés par le ton belliqueux du texte lorsqu’il est connu en France quelques jours plus tard.

Le 10 août 1792

Sac des Tuileries.

Journée du 10 août 1792 — Wikipédia

Le 11 août 1792

Apprenant la chute de la monarchie, Brissac sait qu’il n’a plus qu’à attendre la mort. Il rédige son testament, institue sa fille comme légataire universel mais lui recommande « aussi ardemment une personne qui m’est chère et que les malheurs des temps peuvent mettre dans la plus grande détresse« . Il s’agit de Jeanne:

« Je donne et lègue à Madame du Barry, de Louveciennes, outre et par-dessus ce que je lui dois, l’usufruit d’une terre en Poitou, une rente annuelle et viagère de  24000 francs ou bien une somme de 300 000 francs une fois payée en argent, le tout à son choix. Je la prie d’accepter ce faible gage de mes sentiments et de ma reconnaissance, dont je lui suis d’autant plus redevable que j’ai été la cause involontaire de la perte de ses diamants.»

Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac

Le 13 août 1792

La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles: quatre pièces du couvent seulement leur étaient dédiées… pendant trois jours.

Temple - Plans et aménagements du donjon du Temple : la grande tour, la petite tour - Page 2 Le_don10
La Tour du Temple

Du 2 au 7 septembre 1792

On massacre dans les prisons de Paris.

Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

3 septembre 1792, L'effroyable dépeçage de la princesse de ...

Le 4 septembre 1792

Emprisonné à Orléans en attendant d’être jugé par la Haute-Cour, Brissac est transféré à Versailles. Au cours de ce transfert, les cinquante-deux prisonniers sont séparés de leur escorte, et livrés à une bande d’égorgeurs qui les réclamaient. Homme de grande force et de grand courage, Brissac résiste longtemps à ses assassins, reçoit plusieurs blessures et est finalement abattu par un coup de sabre.

Le 9 septembre 1792

Mort de Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac (1734-1792), ancien gouverneur de Paris et commandant de la garde constitutionnelle du Roi. Son cadavre mutilé et dépecé.
Il est inhumé le 9 septembre 1792 au cimetière Saint-Louis à Versailles.


Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac

Sa tête ensanglantée est lancée de l’extérieur dans le salon de la comtesse du Barry, sa maîtresse.

Madame du Barry being shown the head of the murdered duc de Brissac
[source: Archive.org]

« Je suis dans un état de douleur qu’il vous est aisé de concevoir, écrit Jeanne à un ami après avoir appris la mort atroce de son amant. Le voilà consommé ce crime effroyable et qui me livre à des regrets éternels.»

Sa correspondance avec la duchesse de Mortemart, la propre fille du duc , témoigne de sa grande souffrance :

« Le dernier vœu de votre malheureux père, Madame, fut que je vous chérisse en sœur, écrit-elle ; ce vœu est trop conforme à mon cœur pour qu’il ne soit pas rempli. Recevez-en l’assurance et ne doutez jamais des sentiments qui m’attachent à vous pour le reste de ma vie.»

La fille de Brissac lui répond avec la même élégance :

« Le dernier vœu de celui que j’aime et regretterai toujours est celui de mon cœur : je vous aimerai en sœur et mon attachement pour vous ne finira qu’avec ma vie.»

Le 20 septembre 1792

Victoire de Valmy, considérée comme l’acte de naissance de la République.

Le 21 septembre 1792

Abolition de la royauté.

Le 26 décembre 1792

Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.

Activité : le procès de Louis XVI, un événement politique majeur de la  Révolution française | Clio Lycée

Du 16 au 18 janvier 1793

La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Adieux-de-Louis-XVI-à-sa-famille.jpg.

 

Le 21 Janvier 1793

Louis XVI est guillotiné place de la révolution.

Louis XVI et l'Abbé Edgeworth au pied de l'échafaud le 21 Janvier 1793 /  Auteur : Charles Benazech en 1793. | Art historique, Louis xvi, Révolution  française

Jeanne du Barry éprouve un profond chagrin quand elle apprend la mort du Roi de France et porte son deuil.

Jeanne se rend toujours à Londres pour trouver ses bijoux et cela commence à la rendre suspecte aux yeux des révolutionnaires.

Le 3 mars 1793

Elle quitte Londres pour Paris.

En fait, la comtesse du Barry avait réussi à se faire oublier depuis plusieurs années mais son état de favorite royale la rendait coupable aux yeux de la Convention.

Zamor se lie d’amitié avec George Grieve, un Anglais,  à qui il raconte les secrets de sa maîtresse et presse son confrère de publier un pamphlet. Reconnaissant la main de son domestique, Jeanne le chasse de son emploi en raison de ses activités révolutionnaires. Zamor la dénonce au Comité de salut public.

Le 26 juin 1793

Ils lancent contre Madame du Barry une pétition signée par trente-six habitants de Louveciennes.

Le 3 juillet 1793

Jeanne est arrêtée pour avoir conspirée avec l’Angleterre mais est remise en liberté un peu plus tard.

Le 7 juillet 1793

Une autre pétition «attestant les services rendus à la commune par la comtesse, sa bienfaisance constante pour les pauvres gens» est signée par cinquante-neuf habitants courageux.

Le 9 juillet 1793

L’administration départementale est prête à donner raison à Madame du Barry et lever les scellés de ses bijoux. Mais il faut attendre l’enquête de la Convention.

Le 18 juillet 1793

Les deux commissaires envoyés, MM. Rotrou et Pellé, achèvent leurs investigations.

Dans la nuit du 2 au 3 août 1793

Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.

Le 9 août 1793

Le Comité de sûreté générale est bien obligé de rendre un arrêté soulignant «qu’il n’y a aucun reproche fondé à faire ni contre la citoyenne du Barry, ni contre les personnes attachées à son service».

Jeanne est innocentée par la Convention !

Jeanne retrouve ses amis à Louveciennes. Louis-Auguste de Rohan-Chabot (1733-1807) tombe visiblement amoureux d’elle.

Le 7 septembre 1793

Il l’invite à passer quelques jours chez lui. Mais cette idylle, la dernière de la comtesse, sera brève :
la Terreur va , en effet, rattraper Madame du Barry.

Le 17 septembre 1793

Malgré la pétition signée en sa faveur par cinquante-neuf habitants de Louveciennes, elle devint suspecte dès le vote de la loi des suspects.

Le 22 Septembre 1793

La comtesse est cette fois arrêtée par le Comité pour avoir conspiré contre la nouvelle république et mener la contre-révolution de l’intérieur. Elle est emprisonnée à Sainte-Pélagie.

LA PRISON SAINTE-PÉLAGIE - LE PIETON DE PARIS

Elle écrit à sa femme de chambre, Henriette Roussel, pour obtenir quelque linge. Elle s’inquiète aussi de ce que sont devenus ses domestiques. La plupart ont été arrêtés par Greive.

Le 16 octobre 1793

Exécution de Marie-Antoinette, place de la Révolution .

Le 19 novembre 1793

Jeanne du Barry est transférée de sa prison au Palais de Justice.

Le 22 novembre 1793

Le vice-président Dumas l’interroge en présence de Fouquier-Tinville. On lui reproche d’avoir conspiré contre la révolution, d’avoir procuré à ses ennemis des sommes exorbitantes dans ses différents voyages, d’avoir entretenu des correspondances avec les émigrés, d’avoir porté  » le deuil du tyran », enfin d’avoir dilapidé les trésors de l’Etat par ses dépenses effrénées.

Certaines accusations sont justes, d’autres grotesques.

Le 3 décembre 1793

Fouquier-Tinville dépose le réquisitoire qu’il a achevé avec Greive. Le procès peut commencer.

Le 4 décembre 1793

Jeanne du Barry est transférée à la Conciergerie, l’antichambre de la mort.

Un Irlandais, un aventurier fécond en ressources, parvient à s’introduire dans sa prison et à lui communiquer un plan d’évasion qu’il a formé en sa faveur. Ce projet est hardi, mais non irréalisable.

« Pouvez-vous sauver deux personnes ? demande Madame du Barry.
Non, une seule, répond l’Irlandais.
Eh bien, ce n’est pas à moi qu’il faut songer.
»

Et elle donne tout ce qu’elle possède pour que l’homme entreprenne de délivrer Adélaïde de Mortemart (1765-1820), la fille de Louis-Hercule de Cossé-Brissac qu’elle a tant aimé et auquel elle reste fidèle par delà la tombe.

L’Irlandais lui obéit et peut, en effet, arracher Madame de Mortemart à l’échafaud. Il réussit à la faire passer en Angleterre.

C’est donc par un acte de dévouement que Madame du Barry termine son existence.

Le 6 décembre 1793

Son procès s’ouvre devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Fouquier-Tinville (1746-1795).

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Lorsqu’on lui demande son nom et son âge, elle a l’audacieuse coquetterie de répondre que ce n’est pas une question que l’on pose à une jolie femme… Elle est  accusée d’émigration en Angleterre et là-bas, elle eut hélas la maladresse de porter le deuil à l’annonce de la mort de Louis XVI.

Le 7 décembre 1793

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Madame du Barry agit de manière humaine. Il ne peut s’agir que d’un malentendu. Elle est issue du peuple et on lui a fait croire jusqu’à la fin que, si elle désigne où elle a caché ses biens, elle aura la vie sauve. Ce qu’elle fait sans réticence à la Conciergerie.

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Jeanne du Barry est pourtant condamnée à la guillotine. Elle qui gardait toujours naïvement espoir est frappée de stupéfaction.

Elle se serait évanouie.

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Le 8 Décembre 1793

Jeanne conserve espoir et continue à révéler où retrouver ses bijoux… Mais tout ceci n’était qu’une ruse. Sa déposition faite, on demande sans tarder à Sanson de remplir son office et de lui couper les cheveux.

Madame du Barry. Réhabilitation, réputation, Portrait, biographie, vie et  oeuvre

Il fait déjà presque nuit lorsque la charrette arrive place de la Révolution par son itinéraire habituel le long de la rue Saint Honoré. C’est une journée glaciale de décembre et la foule est peut-être un peu plus clairsemée que d’habitude en raison du temps et de l’heure tardive, mais il y a encore assez de gens assez curieux pour voir mourir la favorite de l’ancien Roi : une foule importante s’est réunie pour assister à son exécution.

Cela doit être un soulagement pour toutes les personnes impliquées d’avoir enfin réussi à se rendre sur la place, mais l’épreuve de Madame du Barry n’est pas encore terminée car elle descend de la charrette «plus comme un animal piégé qu’un être humain» selon Joan Haslip. Elle gravit les marches de l’échafaud en hurlant toujours et crie à la miséricorde tandis que la foule regarde avec étonnement.

A quatre heures du soir

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Sentant l’agitation horrifiée de la foule, le bourreau déjà vif travaille avec encore plus de rapidité que d’habitude, l’attachant à la hâte à la guillotine et la forçant à descendre sur la planche alors qu’elle le supplie un instant de plus, s’il vous plaît monsieur, ne me faites pas de mal.

Elle se débat, pleure, implore… Ses derniers mots — sans doute apocryphes — seraient :

«De grâce monsieur le bourreau, encore un petit moment

Jeanne Bécu de Vaubernier, comtesse du Barry est guillotinée à Paris, place de la Révolution, anciennement place Louis XV.

« Les victimes aristocratiques de la Terreur étaient fières de leur sang-froid et de leur silence hautain face à la foule aboyée – pas Madame du Barry qui s’est complètement effondrée et a appelé sans cesse la foule à la sauver de son destin entre les cris et les pleurs avec peur.»

« Quand le couteau s’est finalement écrasé, il y eut un dernier cri de terreur horrible avant qu’un silence inquiet ne tombe sur la place, brisé seulement par le cri du bourreau de «Vive la Révolution» avant que le prochain prisonnier ne soit précipité avec un peu plus décorum sur les marches de bois glissantes.»

Madame Vigée Le Brun, qui connaît très bien madame du Barry, écrira:

« Madame Du Barry est la seule femme, parmi toutes les femmes qui périrent dans les jours terribles, à ne pas supporter la vue de l’échafaud. Elle a crié, elle a imploré la pitié de la foule horrible qui se tenait autour de l’échafaud, elle les a excités à tel point que le bourreau s’est inquiété et s’est empressé d’achever sa tâche. Cela m’a convaincu que si les victimes de ces temps terribles n’avaient pas été si fières, n’avaient pas rencontré la mort avec un tel courage, la Terreur aurait pris fin bien plus tôt. Les hommes d’intelligence limitée manquent d’imagination pour être touchés par la souffrance intérieure, et la population est plus facilement agitée par la pitié que par l’admiration. »

Les spectateurs les plus endurcis avaient vu plusieurs centaines de personnes mourir avant elles, mais il semble que Madame du Barry manque de sang-froid et ses cris terrifiés:
«Vous allez me faire du mal! Oh, ne me faites pas de mal! » ont été une surprise.

Jeanne est inhumée au cimetière de la Madeleine où 1 343 guillotinés de la place de la Concorde ont été enterrés.

Madame du Barry par Jean-Jacques Caffiéri
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