
Le 9 juillet 1701
Naissance de Jean-Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas, à Versailles. Il est le fils de Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1674-1747), secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du Roi et de Christine Eléonore de La Rochefoucauld (1681-1708).

Le 14 juin 1708
Naissance de son frère, Charles Henri Phélypeaux de Pontchartrain (1708-1734), futur évêque et décès de leur mère, née Christine Eléonore de La Rochefoucauld (1681-1708).
Le 1er septembre 1715
« Louis XIV meurt d’une ischémie aiguë du membre inférieur, causée par une embolie liée à une arythmie complète, compliquée de gangrène aux alentours de huit heures un quart du matin, entouré de ses chiens, après cette agonie de plusieurs jours.»

Son règne a duré soixante-douze années et cent jours.
Le Dauphin devient le Roi Louis XV.
Orphelin de père et de mère, privé de fratrie, le petit Louis trouve un peu de chaleur maternelle auprès de Madame de Ventadour (1654-1744), sa gouvernante, qu’il appelle Maman Ventadour.

Son cousin, Philippe d’Orléans (1674-1723), le Régent, dirige les affaires jusqu’en 1723.

Il tente de séduire les Français par une politique nouvelle : la paix est rétablie. Il soutient les jansénistes, abandonne la cause des Stuarts, tente de rétablir les finances et l’économie avec les audaces de Law (1671-1729). Le jeune souverain a la chance de recevoir pour précepteur un homme de qualité, le Cardinal Fleury (1653-1743).

En 1715
Pour s’en débarrasser, on fait démissionner son père, Jérôme Phélypeaux, comte de Pontchartrain, de sa charge de secrétaire d’État à la Marine et à la Maison du Roi en sa faveur. Maurepas n’est âgé que de quatorze ans. Le marquis de La Vrillière (1672-1725) se charge de gérer le département tout en faisant l’éducation du jeune homme, qui deviendra son gendre …
Le 19 mars 1718
Jean-Frédéric de Maurepas épouse Marie-Jeanne Phélypeaux de La Vrillière (1704-1793).
« Le caractère de Madame de Maurepas, qui est sœur du duc de la Vrillière, et Phélippeaux de corps et d’esprit, nuit beaucoup à la considération de son mari par les lésineries, sa parole acerbe et sa domination revêche. Je l’ai beaucoup vue chez sa belle-sœur et ma bonne amie, Madame de Saint-Florentin ; je connais fort bien ses défauts, qui ne me déplaisent pas trop, parce qu’elle est bien naturelle, et je ne la hais pas du tout, parce qu’elle a un véritable attachement pour moi ; j’ai beau la gronder ou la rebuter, rien n’y fait.
La marquise de Créquy
— Mon Dieu ! faut-il que j’aye eu de guignon pour aller m’affectionner à une mauvaise comme vous, qui me malmène sans fin ni cesse et sans rime ni raison, me disait-elle dans son beau langage du temps de la régence, car elle et Monsieur de Richelieu se sont perpétués dans cette affectation de vulgarité qui est devenue pour eux une seconde nature.
— Vous criez sus moi parce que j’tracasse, à ce que vous dites, et que j’ruchonne toujoux ; mais quèque vous voudriez, poursuit cette drôle de femme en se revêchant, quèque vous voudriez que j’aurais pris l’habitude de faire à Pontchartrain, quarante années durant par lettres d’ cachet, sinon de m’en r’chigner, d’ grogner tout le monde et d’ ménager pour payer nos dettes avec celles de M. de Pontchartrain, qui fait l’ Salomon, de M. de la Vrillière, que Dieu confonde !… et puis celles de l’Archevêque de Bourges, qui fait r’bâtir des châteaux pour son imbécile de frère ; et jusqu’à M. le Marquis de Phélippeaux, qui se trouvait avoir des dettes. C’est que j’en ai payé pour onze millions, si vous plaît, tout en lésinant comme vous dites ; et j’avais tout d’ même cent treize domestiques à payer et cent dix-sept personnes à nourrir tous les jours ! C’est indigne à vous de jeter la pierre à moi, qui vous aime tant ! Riez donc, riez donc !… Vous n’avez ni cœur, ni foye, ni mou, ni rate !»

En 1718
Maurepas prend ses fonctions à la Maison du Roi, avec supervision des affaires du Clergé et de Paris, à l’âge de dix-sept ans.
« Mis de bonne heure dans les affaires, cet homme d’état ne put être que frivole, son esprit léger, futile, mettait de l’importance à un couplet et analysait gravement une pointe; bien convaincu de son insuffisance, il la déguisait, en affectant d’être penseur, tandis qu’au lieu d’être profond il n’était que creux .»
Talleyrand
Le Régent réside au Palais-Royal qui devient, de 1715 à 1723, le cœur de la vie politique et artistique, supplantant Versailles.
Le Palais-Royal
Lorsque les calamités fondent sur le royaume — incendies, peste de Marseille, effondrement du système de Law —, le pays souffre et gémit, on accuse l’irréligion du Régent. Cependant, la sagacité et la finesse du cardinal Dubois dans les affaires, l’énergie intermittente de Philippe d’Orléans et l’absence de toute opposition organisée permettent à la monarchie de rester debout.
Le Régent en 1717 par J.-B. Santerre
Louis XV, en costume royal, en 1718, par Jean Ranc
Le 15 juin 1722
Le jeune Louis XV revient pour la première fois au château de Versailles, abandonné depuis la mort de Louis XIV.
Il réinstalle le gouvernement et la Cour à Versailles.
Le 25 octobre 1722
Louis XV est sacré à Reims.
Louis XV, en costume royal, en 1721, par Rigaud
A partir de 1722, lors du sacre de Louis XV, trois couronnes interviennent dans la cérémonie du sacre à Reims : la couronne dite de Charlemagne conservée dans le trésor de l’abbaye de Saint-Denis, avec laquelle l’archevêque de Reims couronne le Roi, et deux couronnes personnelles, qui seront propres à chaque souverain, que celui-ci ceint à la fin de la cérémonie et au festin qui suit, la première en or émaillé, la seconde en argent doré et ornée pour la première fois des diamants les plus prestigieux de la collection royale.

La couronne personnelle de Louis XV est réalisée par Augustin Duflot, d’après les dessins de Claude Rondé, le joaillier de la Couronne, qui utilise les diamants de la collection de Mazarin, le diamant le Sancy acheté par Nicolas Harley de Sancy, surintendant d’Henri IV, le fameux régent acquis en 1717 par le régent Philippe d’Orléans pour son neveu, le diamant Hortensia acquis par Louis XIV et taillé en 1678, 282 diamants, 64 pierres de couleur (saphirs, rubis, topazes et émeraudes) et 230 perles. En 1729, perles et pierres précieuses seront remplacées par des copies à la demande de Louis XV.

Le 10 août 1723
Mort du cardinal Dubois.
Le 16 août 1723
Maurepas devient également secrétaire d’État de la Marine, à la place de Fleuriau de Morville (1686-1732), nommé aux Affaires étrangères en remplacement du cardinal Dubois (1656-1723) qui vient de mourir.
Il le restera jusqu’au 23 avril 1749.
C’est durant cette fonction de secrétaire d’État à la Marine qu’un fort français de la Nouvelle-France est nommé en son honneur, le Fort Saint Frédéric. Il utilise le négociant Vincent de Gournay (1712-1759), en pleine guerre pour faire de l’espionnage en Angleterre, en Hollande et dans les États allemands.

Le 2 décembre 1723
après souper vers sept heures du soir
Mort du Régent, Philippe d’Orléans, à Versailles, assoupi dans son fauteuil sur l’épaule d’une de ses favorites, la duchesse de Phalaris.
De 1723 à 1749
Maurepas est Secrétaire d’État à la Marine.
La mission essentielle que Maurepas a fixé à la Marine royale est la protection du commerce . Les vaisseaux ont ordre de se sacrifier en cas d’attaque de la Royal Navy pour sauver le convoi marchand, tactique qui réussit jusqu’en 1747.

Maurepas est doué d’une intelligence vive et d’une grande finesse, mais il est frivole et égoïste, ainsi que le note par exemple Madame de Tencin. Ironique, mordant, sarcastique, voire facétieux, « il n’était pas ce que l’on appelle méchant », écrit le baron de Besenval, mais il ne résiste jamais au plaisir d’un bon mot. De figure banale et de petite taille, il essaye de compenser la médiocrité de son physique par le soin de sa mise et une affectation de raideur et de gravité. S’il n’est pas très cultivé, il est doué d’une mémoire prodigieuse et d’un véritable talent pour la conversation. Intuitif, d’après l’abbé de Véri « son jugement sur les hommes était rarement mis en défaut », mais il lui manque souvent de s’y tenir lui-même.
Authentiquement intéressé par les questions scientifiques, ami du malouin Maupertuis (1698-1759), il l’envoie en Laponie faire une série de relevés et d’études. Il fait travailler les meilleurs esprits pour améliorer les techniques de navigation et de construction navale. Il est un ministre de la marine discret mais très efficace, battant des records de longévité. C’est avec beaucoup de talent qu’il utilise des crédits insuffisants pour moderniser la Marine royale des années 1730-1740. Il visite les ports, rencontre les constructeurs et favorise l’émergence de nouvelles techniques de construction. Il fait remonter peu à peu les effectifs des vaisseaux et des frégates, restés longtemps à un très bas niveau (depuis 1708) à cause de la grave crise financière de la fin du règne de Louis XIV. C’est à lui que l’on doit l’apparition des vaisseaux de soixante-quatorze canons qui surprennent la Royal Navy par leur puissance de feu et leur manœuvrabilité pendant la guerre de Succession d’Autriche (1741-1748).
Maurepas gère au mieux la marine pendant ce conflit alors que la Royal Navy garde malgré tout un fort avantage en nombre d’unité, de presque deux pour un.
Le 5 septembre 1725
Louis XV épouse Marie Leszczynska à Fontainebleau.

Marie, parée d’un manteau de velours violet semé de fleurs de lys et de pierreries, embellie d’une traîne de près de dix mètres, porte une couronne sertie de diamants. Louis, vêtu d’un habit de brocart et d’un riche manteau, arbore un chapeau à plumes blanches agrémenté d’un imposant diamant.

Après une cérémonie de plusieurs heures…
…la journée se poursuit autour d’un festin ponctué par la représentation du « Médecin malgré lui » de Molière, et d’éblouissantes illuminations.

Le 4 septembre 1729
Naissance du Dauphin Louis-Ferdinand, futur père de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Marie Leszczyńska et le Dauphin par Nattier
En 1733
Les sœurs de Nesle sont les cinq filles de Louis de Mailly-Nesle, marquis de Nesle et de Mailly, prince d’Orange (1689-1767) et de son épouse Armande de la Porte Mazarin (1691-1729), elle-même arrière-petite-nièce de Mazarin (1602-1661).

Quatre d’entre elles furent les maîtresses successives de Louis XV.

En 1745
Le début de la guerre est marqué par une défaite française : la prise de la forteresse de Louisbourg qui défend l’entrée du Saint-Laurent et du Canada. La place s’est laissée surprendre par un débarquement improvisé. Maurepas décide aussitôt d’envoyer une puissante escadre reprendre Louisbourg : cinquante-cinq bâtiments portant trois mille cinq cents hommes de troupe escortés par dix vaisseaux, trois frégates et trois navires à bombarde, commandés par le duc d’Anville. Le plan, très ambitieux, prévoit aussi de reprendre Port-Royal, l’ancienne capitale de l’Acadie devenue Annapolis et rien moins que la destruction de la ville de Boston (!)
Le 23 février 1745
Le Dauphin Louis-Ferdinand épouse au château de Versailles sa cousine l’infante Marie-Thérèse de Bourbon (1726-1746), deuxième fille de Philippe V et sœur de l’infant Philippe qui avait épousé, en 1739, Louise-Élisabeth (1727-1759), sa sœur aînée.

C’est au cours des festivités du mariage que le Roi prend comme maîtresse Madame d’Étiolles (qu’il fait bientôt marquise de Pompadour) qu’il découvre dans le costume de Diane chasseresse.

Le 14 septembre 1745
La présentation officielle de Madame de Pompadour (1721-1764), nouvelle favorite a lieu à Versailles. Cela nécessite une princesse de sang. Pour cette cérémonie très protocolaire, la princesse de Conti accepte d’être la marraine de Jeanne-Antoinette, en échange de l’extinction de ses dettes.

Mais la marquise de Pompadour est détestée par le jeune Dauphin qui, avec ses sœurs, l’appelle par ironie et irrévérence Maman Putain.
Du 22 juin au 12 septembre 1746
L’expédition se traîne dans une interminable traversée de l’Atlantique où elle est bousculée par une terrible tempête lorsqu’elle arrive sur place. Elle tourne ensuite à la catastrophe sanitaire. Le scorbut, puis une toxicose liée à la mauvaise qualité des vivres se déclare et décime les équipages. Huit cents soldats et mille cinq cents matelots décèdent en quelques jours.
Le duc d’Anville, emporté par une crise d’apoplexie s’écroule sur le gaillard d’arrière de son vaisseau.
La Jonquière (1685-1752) qui reprend le commandement fait une ultime tentative avec quatre vaisseaux et ce qui reste du convoi contre la ville d’Annapolis. Mais la tempête s’en mêle à nouveau alors que l’épidémie poursuit ses ravages. La Jonquière décide de rentrer. Les vaisseaux, réduits à l’état d’hôpitaux flottants rentrent en ordre dispersé. L’escadre a été vaincue par la maladie sans même avoir rencontré l’ennemi.
Louisbourg restera entre les mains des Anglais jusqu’à la fin de la guerre et sera échangée contre Madras, grosse place anglaise en Inde dont les Français de Dupleix se sont emparés. Cet échec ne doit pas faire oublier la très bonne tenue de la marine pour maintenir ouvertes les routes commerciales.
Lors de ce conflit Maurepas organise de grands convois marchands escortés par la marine royale pour protéger ceux-ci des attaques anglaises. La réussite de cette tactique assure le maintien du commerce colonial français et les chambres de commerce félicitent même les capitaines français pour leur efficacité. Ces missions obscures, oubliées pendant longtemps des historiens assurent tant bien que mal la liberté des mers pour les Français.
Le 22 juillet 1746
La Dauphine meurt, à Versailles. Son époux en éprouve un chagrin extrême.
L’influence politique de Madame de Pompadour croît au point qu’elle favorise le mariage hautement diplomatique entre Marie-Josèphe de Saxe et le Dauphin Louis-Ferdinand.
Le 9 février 1747

Le Dauphin Louis-Ferdinand de France épouse à Versailles Marie-Josèphe de Saxe.
En mai 1747
La Royal Navy tirant l’expérience de ses échecs, réussit à reprendre le dessus lors des terribles batailles du cap Ortegal et du cap Finisterre (octobre 1747).
En mars 1748
Au traité d’Aix-la-Chapelle, la France et l’Angleterre se restituent leurs conquêtes respectives (Louisbourg contre Madras ) ce qui crée, pour quelques années, un équilibre naval entre les deux pays.
Louis XV rend toutes les conquêtes faites à l’Autriche, contre toute attente car il préfère soutenir les puissance catholiques pour contrecarrer les nouvelles puissances émergentes protestantes (Angleterre, Prusse).
Louis XV déclare qu’il a conclu la paix « en roi et non en marchand ».
La paix assure le succès global de la marine royale qui a su résister pendant l’essentiel de la guerre à la pression anglaise.
Notons que la Royal Navy, surprise par la qualité des vaisseaux français, intègre immédiatement dans ses rangs les unités qu’elle a capturées lors des batailles de 1747 et se met aussi à les copier.
En 1749
Le renvoi de Maurepas suite à une cabale de Cour apparait comme une lourde perte pour la marine.
Maurepas est aussi un membre très influent de la haute noblesse franc-maçonne. Sa carrière est surtout marquée par ses démêlés avec les maîtresses du Roi, placées par Madame de Tencin (1682-1749) qui, pour des raisons politiques, le déteste également :
« C’est un homme faux, jaloux de tout, qui, n’ayant que de très petits moyens pour être en place, veut miner tout ce qui est autour de lui, pour n’avoir pas de rivaux à craindre. Il voudrait que ses collègues fussent encore plus ineptes que lui, pour paraître quelque chose. C’est un poltron, qui croit qu’il va toujours tout tuer, et qui s’enfuit en voyant l’ombre d’un homme qui veut résister. Il ne fait peur qu’à de petits enfants. De même Maurepas ne sera un grand homme qu’avec des nains, et croit qu’un bon mot ou qu’une épigramme ridicule vaut mieux qu’un plan de guerre ou de pacification. Dieu veuille qu’il ne reste plus longtemps en place pour nos intérêts et ceux de la France. »
Madame de Tencin, lettre au duc de Richelieu, 1er août 1743

Madame de Châteauroux (1717-1744) , une des sœurs de Mailly de Nesle, déteste également Maurepas qu’elle appelle le «comte de Faquinet».

En août-septembre 1744
Tombé malade à Metz, Louis XV renvoie Madame de Châteauroux dans un accès de dévotion, mais il renoue avec elle une fois rétabli et c’est Maurepas qui est chargé de lui apporter la lettre du Roi qui le lui annonce. La duchesse se propose de le faire renvoyer sans tarder, mais elle n’en a pas le loisir car elle meurt peu après, le 8 décembre 1744 , coïncidence qui amène certains à parler — quoique ce soit bien invraisemblable — de poison.
Avec Madame de Pompadour, les difficultés viennent du tempérament facétieux de Maurepas, qui le pousse à répéter les libelles répandus contre la favorite. Chargé d’en poursuivre les auteurs, on l’accuse de ne les rechercher qu’avec peu de zèle, voire d’être l’auteur de certaines chansons.
La disgrâce (1749-1774)
L’une de ces accusations paraît plus sérieuse que les autres : Maurepas est disgracié en 1749 et exilé à quarante lieues (environ 160 km) de Paris.
Il choisit d’abord Bourges, dont le cardinal archevêque, Mgr de La Rochefoucauld, est son cousin, logeant dans un petit pavillon dépendant du palais archiépiscopal. C’est là qu’il se lie avec l’abbé de Véri, alors grand vicaire.
En 1752
Il reçoit l’autorisation de s’installer dans son château de Pontchartrain.


Le 23 août 1754
Naissance de Louis-Auguste, futur Louis XVI.

En 1756
L’exil ayant été commué en une simple interdiction de paraître à la Cour, Maurepas se partage entre cette campagne et Paris.
« Le poste de ministre exilé était celui où Maurepas pouvait le mieux déployer ses qualités chatoyantes. Il y fit longue et brillante carrière. Doté d’une grande fortune, sachant recevoir agréablement, le comte et la comtesse de Maurepas recevaient, dans leur exil, de nombreuses visites. Maurepas entretenait une abondante correspondance avec le personnel politique, les savants et les hommes de lettres, qui le consultaient sur toutes les affaires importantes du temps.»
Edgar Faur
De 1756 à 1763
La Guerre de Sept Ans
La guerre de Sept Ans oppose la Prusse (alliée du Royaume-Uni ) à une coalition formée par la France, l’Autriche, la Russie, la Saxe, la Suède, la Pologne. La guerre se déroule surtout en Allemagne et en Bohême.

Cette guerre est due à la volonté de Marie-Thérèse d’Autriche de récupérer la Silésie, qu’elle avait dû céder au Roi de Prusse Frédéric II en 1748, à la fin de la guerre de Succession d’Autriche.
Le Royaume-Uni s’unit à la Prusse afin que celle-ci l’aide à protéger le Hanovre (propriété personnelle du Roi d’Angleterre ). La France se trouve entraînée dans la guerre à la suite de son alliance avec l’Autriche, parce que la Prusse attaque la Saxe (l’Électeur de Saxe est le beau-père du dauphin de France) et parce qu’elle est en guerre contre le Royaume-Uni au Canada et en Inde.
En 1763, ne pouvant vaincre Frédéric, la France et l’Autriche acceptent la paix. La Prusse conserve la Silésie.
Le 5 janvier 1757
Attentat de Damiens contre le Roi.

Le 15 avril 1764
La marquise de Pompadour, son ennemie, meurt d’une congestion pulmonaire, à l’âge de quarante-deux ans, à Versailles, ultime privilège, puisqu’il est interdit à un courtisan de mourir dans le lieu où résident le Roi et sa Cour.


Le 20 décembre 1765
Après une agonie de trente-cinq jours, le Dauphin, Louis-Ferdinand, son frère, meurt, à l’âge de trente-six ans.

Le 13 mars 1767
Mort de Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731).

Le 24 juin 1768

Mort de la Reine Marie Leszczyńska (1703-1768).

Marie Leszczyńska par Jean-Marc Nattier
En 1768
Louis XV néglige de plus en plus les affaires, l’acquisition de la Corse représente toutefois une des rares mesures judicieuses de la fin de son règne.
Le 22 avril 1769
Madame la comtesse du Barry, est présentée à la Cour.

Elle emménage dans un appartement de l’attique du corps central du château de Versailles qui donne sur la cour de marbre, celui-là même que Maurepas occupait jadis…
Le 16 mai 1770
Le Dauphin Louis-Auguste, son petit-fils, épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.

Prévenue contre Madame du Barry dès son arrivée en France, la très jeune Dauphine, au caractère entier, lui voue d’emblée une vive antipathie. Encouragée par le clan Choiseul et Mesdames, filles de Louis XV, Elle la traite avec un mépris affiché, en refusant de lui adresser la parole, ce qui constitue une grave offense, indispose le Roi et jusqu’aux chancelleries, puisqu’il faut que l’impératrice elle-même impose de Vienne à sa fille un comportement plus diplomatique.

Marie-Antoinette peinte vers 1770 par Joseph Ducreux
Le 24 décembre 1770
Le duc de Choiseul (1719-1785) , l’un des principaux artisans du mariage franco-autrichien ( il était chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770), est exilé à cause de son orientation libérale dont la pratique politique s’apparente à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue. Marie-Antoinette est persuadée que Jeanne du Barry a forcé la décision du Roi.

Maurepas avait été exilé pour Madame de Pompadour, Choiseul l’est pour Madame du Barry. Mais cette dernière ira jusqu’à s’imposer à la nouvelle Dauphine :
Le 11 août 1772
Sous l’influence de Sa mère et de Ses tuteurs, Marie-Antoinette se prépare à mettre un terme à la situation qui L’oppose à Madame du Barry, lors d’une mise en scène rigoureusement planifiée.

Madame du Barry se rend, comme convenu, au cercle de la Dauphine : la Cour au grand complet guette les deux femmes. Mais alors que Marie-Antoinette s’approche de la favorite pour, enfin, lui adresser un mot, Madame Adélaïde, mise dans la confidence par la jeune Dauphine, l’en empêche en s’écriant :
« Il est temps de s’en aller ! Partons, nous irons attendre le Roi chez ma sœur Victoire !»
Coupée dans son élan, Marie-Antoinette lui emboîte le pas, plantant là madame Du Barry humiliée, au milieu de la Cour témoin de ce terrible affront.
Le 1er janvier 1772
Alors que la comtesse du Barry, entourée de la duchesse d’Aiguillon et de la maréchale de Mirepoix, se présente au lever de la Dauphine au milieu d’une foule nombreuse, Marie-Antoinette prononce les paroles tant attendues, quelques mots restés célèbres :
« Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles »
C’est tout.
C’est bien peu… mais c’est le triomphe de la favorite et l’échec du cercle de Mesdames qui soutenaient la Dauphine contre elle.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers quatre heures de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Ministre d’État de Louis XVI (1774-1781)

Le 12 mai 1774
Le premier pas de Louis XVI sur le trône, sur les conseils de Madame Adélaïde, sa tante, est d’écrire la lettre suivante à Monsieur de Maurepas :
« Monsieur, dans la juste douleur qui m’accable et que je partage avec tout le royaume, j’ai pourtant des devoirs à remplir. Je suis roi : ce seul mot renferme bien des obligations, mais je n’ai que vingt ans. Je ne pense pas avoir acquis toutes les connaissances nécessaires. De plus, je ne puis voir aucun ministre ayant été tous enfermés avec le Roi, dans sa maladie. J’ai toujours entendu parler de votre probité et de la réputation que votre connaissance profonde des affaires vous a si justement acquise. C’est ce qui m’engage à vous prier de vouloir bien m’aider de vos conseils et de vos lumières. Je vous serai obligé, Monsieur, de venir le plus tôt que vous pourrez à Choisy où je vous verrai avec le plus grand plaisir.»
Louis-Auguste

Vingt-cinq ans plus tard, dès son avènement (mai 1774), Louis XVI nomme Maurepas ministre d’État. Il n’est pas nommé principal ministre en titre, mais il a la préséance dans le Conseil. Lui-même se présente comme le Mentor du jeune Roi.

Le choix de Maurepas s’impose de lui-même car c’est lui qui a recommandé la plupart des hommes qui ont présidé à l’éducation du nouveau Roi.

Les Mémoires du temps ne fournissent aucun élément qui permette de savoir quels furent les membres de la famille royale qui désignèrent, parmi les noms griffonnés par le père de Louis XVI, les trois personnes qui semblèrent dignes de considération. Le cardinal de Bernis fut immédiatement rejeté en sa qualité d’homme de lettres et comme l’auteur de l’alliance autrichienne. Une tradition historique a répété que le roi se décida ensuite pour Machault d’Arnouville et lui écrivit aussitôt pour l’inviter à se rendre à ses côtés. La contradiction des témoignages sur ce point suggère que Machault, à la différence de Bernis, fut considéré comme un candidat très sérieux par les tantes mais que Madame Adélaïde, sur l’intervention probable de l’abbé de Radonvilliers, rappela que la politique de ce ministre avait donné lieu, lors de la création de l’impôt du vingtième en 1749, à une crise politique entre le gouvernement, le clergé et les parlements.
Joël Félix , Louis XVI et Marie Antoinette, un couple en politique
À défaut de preuve décisive, l’Histoire doit se contenter de retenir que Louis XVI choisit finalement d’appeler le comte de Maurepas et lui adressa la lettre suivante, entièrement écrite de sa main et de son chef, qui résumait assez bien son état d’esprit dans les premières heures de son règne:
« Monsieur, dans la juste douleur qui m’accable et que je partage avec tout le royaume, j’ai pourtant des devoirs à remplir. Je suis roi: ce seul mot renferme bien des obligations, mais je n’ai que vingt ans. Je ne pense pas avoir acquis toutes les connaissances nécessaires. De plus, je ne puis voir aucun ministre, ayant été tous enfermés avec le roi dans sa maladie. J’ai toujours entendu parler de votre probité et de la réputation que votre connaissance profonde des affaires vous a si justement acquise. C’est ce qui m’engage à vous prier de vouloir bien m’aider de vos conseils et de vos lumières. Je vous serai obligé, Monsieur, de venir le plus tôt que vous pourrez à Choisy où je vous verrai avec le plus grand plaisir. Louis-Auguste».

« Le comte de Maurepas, le premier quart d’heure de son installation, eut l’air d’occuper une place qu’il n’avait jamais quittée. »
Le prince de Montbarrey

dans Louis XVI, L’homme qui ne voulait être Roi de Thierry Binisti
Louis XVI décide de gouverner seul et n’envisage pas de déléguer cette tâche à un chef de gouvernement. Néanmoins, il lui faut un homme de confiance et d’expérience pour le conseiller dans les décisions importantes qu’il aura à prendre. C’est la tâche de l’homme qu’on appelle officieusement le Principal ministre d’Etat. Louis XVI en nommera successivement sept pendant son règne.

Appartement de Maurepas,
Maurepas avant Maurepas.
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles passion )
Du plus loin que nous pouvons remonter (les documents et plans manquent), il y avait à cet emplacement la voussure de la Petite Galerie de Mignard.
L’idée d’aménager des mansardes en 1735 pour l’Abbé de Pomponne au-dessus de la Galerie n’avait pas eu de suite. Mais elle avait attiré l’attention de Louis XV qui l’avait reprise à son compte.
Au début de l’année 1736
Louis XV ordonne l’arrangement de ces combles où il veut se faire installer de nouveaux laboratoires. Les voûtes de la galerie sont abattues et à leur place on aménage trois pièces et un corridor. On y trouvait : un laboratoire pour la distillation, «une pièce des fourneaux pour le laboratoire» et un cabinet de distillation.

A l’automne 1741
La comtesse de Mailly est installée au deuxième étage et une partie des laboratoires lui est attribuée. Les travaux préalables ont commencé dès janvier 1741 par le démontage des alambics.

Après avoir traversé la salle à manger et la deuxième antichambre, cette partie de l’appartement contenait une cuisine, la chambre de femme de chambre, une garde-robe, une chambre à coucher et un cabinet.

De longues dates, il est question de démolir l’Escalier des Ambassadeurs. La décision a été prise en 1752 car Louis XV a impérativement besoin de son emplacement pour y loger sa fille. Au deuxième étage, Madame Adélaïde se réserve l’ancienne cuisine de Madame de Mailly pour en faire sa bibliothèque (actuelle bibliothèque de Madame du Barry) et le reste de l’appartement pour sa dame d’honneur la duchesse de Beauvilliers.


devenu bibliothèque de Madame Adélaïde, puis celle de Madame du Barry.


Quelques années plus tard, l’Appartement de la duchesse, devenu celui de Madame Du Barry, subit le déplacement de plusieurs mûrs, mis à l’aplomb de ceux des salles neuves au-dessous.

En 1770
Cet appartement est attribué à Chon du Barry, belle-sœur de la comtesse.

A la mort de Louis XV, Louis XVI averti le Gouverneur du Château qu’il ne reprendra pas pour lui cet appartement. Il suggère au Roi de donner l’ancien appartement de Chon à son conseiller, le comte de Maurepas.

Au décès de celui-ci, le 21 novembre 1781, le duc de Cossé-Brissac en aura la plus belle part. Le reste sera partagé entre Monsieur de Villequier et le Maréchal de Richelieu.

Du 1er août au 1er septembre 1774
Séjour de la Cour au château de Compiègne.

Le 1er septembre 1774
À peine la Cour revenue à Versailles , le Roi s’entretient quotidiennement avec Turgot pour préparer les mesures de redressement économique du pays. Turgot refuse de proposer la banqueroute et suggère un plan plus simple : faire des économies:
« Si l’économie n’a précédé, aucune réforme n’est possible ».
Il encourage donc le Roi à poursuivre la réduction des dépenses de la Cour qu’il avait déjà commencée. Turgot est par ailleurs un partisan du libéralisme économique.

Le 13 septembre 1774
Turgot fait adopter par le conseil du Roi un texte décrétant la liberté du commerce intérieur des grains et la libre importation des céréales étrangères.

Le 12 novembre 1774
Louis XVI rappelle les parlements que Louis XV avait exilés (en 1771) en leur retirant pouvoirs, charges et privilèges. Devant les parlementaires réunis, il leur adresse ces mots :
« Je vous rappelle aujourd’hui à des fonctions que vous n’auriez jamais dû quitter. Sentez le prix de mes bontés et ne les oubliez jamais ! […] Je veux ensevelir dans l’oubli tout ce qui s’est passé, et je verrais avec le plus grand mécontentement des divisions intestines troubler le bon ordre et la tranquillité de mon parlement. Ne vous occupez que du soin de remplir vos fonctions et de répondre à mes vues pour le bonheur de mes sujets qui sera toujours mon unique objet »
Face à un tel revirement, il est nécessaire de s’interroger sur les motifs ayant poussé Louis XVI à rappeler et rétablir les parlements. Il peut sembler étrange en effet que le Roi ait de lui-même choisi d’affaiblir son pouvoir. Dauphin, il avait écrit à plusieurs reprises son opposition à la puissance étendue des parlements, affirmant notamment qu’ils « ne sont point représentants de la nation », qu’ils « n’ont jamais été et ne peuvent jamais être l’organe de la Nation vis-à-vis du Roi, ni l’organe souverain vis-à-vis de la Nation », et que leurs membres sont « simples dépositaires d’une partie » de l’autorité royale»…
Le Roi, dans sa jeunesse et dans l’inexpérience caractérisant son début de règne, agit donc en partie pour recueillir un important soutien populaire.
Il est à noter que le comte de Maurepas estime que « sans parlement, pas de monarchie ! »

L’historien Jean-Christian Petitfils décrit l’action de Maurepas comme un règlement de comptes avec Louis XV. La vindicte de Maurepas fait chuter le triumvirat impopulaire, légué par feu le Roi, composé du chancelier Maupeou, du contrôleur général Terray et du secrétaire d’État d’Aiguillon (un de ses neveux), qui, depuis trois ans, travaillaient, non sans succès, au rétablissement des finances, et du pouvoir royal (l’action diplomatique du duc d’Aiguillon est plus sujette à caution, confer le premier démembrement de la Pologne 1771).

Maurepas fait nommer Turgot (1727-1781) aux finances, le très populaire Malesherbes (1721-1794), à la Maison du Roi et Vergennes (1719-1787), aux Affaires étrangères.
« Son retour à soixante-quatorze ans lui fit perdre le peu de raison qu’il possédait. Encore enivré d’un tel caprice de fortune, il écarta du roi les hommes fort probes et sages, les Turgot, les Malesherbes et y imposa les Montbarrey pour exemple, ce fut lui qui fit renvoyer M. Necker ce qui fut alors une perfidie et une fraude. Cerné par les philosophes, il soutint, pour leur plaire, l’émancipation des États-Unis, au préjudice de la justice et de la légitimité; il alla de faute en faute, de méchantes mesures empirèrent jusqu’à sa mort, qui eut lieu trop tôt ou trop tard.
Talleyrand
Le ministre dirigeant aida sourdement à la guerre déclarée à la reine, et cela dans la crainte qu’elle ne déterminât le roi à son détriment; il supporta les empiètements des idées nouvelles à condition qu’elles le laisseraient dormir et mourir au pouvoir .»
Maurepas commet l’erreur de rappeler les Parlements, qui avaient été suspendus par Maupeou en 1771, remettant en selle le pire ennemi du pouvoir royal. Jaloux de son ascendant sur Louis XVI, il intrigue contre Turgot dont la disgrâce en 1776 est suivie après six mois de troubles par la nomination de Jacques Necker (1732-1804).
Ainsi, selon la marquise de Créquy :
« M. de Maurepas ne justifia point du tout la confiance du Roi son maître . Ce vieux ministre de la régence n’avait rien perdu de son ancienne légèreté, et n’avait acquis aucune sorte d’expérience ; il avait seulement augmenté de suffisance et de causticité, et comme il se jugeait absolument nécessaire, il se montra d’une exigence intraitable. J’ai toujours pensé qu’il n’avait guère de religion, mais je crois bien qu’il avait de la bonne foi dans les transactions sociales et de la probité pécuniaire. Il avait d’ailleurs une sorte d’instinct malicieux et d’esprit corrosif, à la manière des Broglie ;et c’était du reste l’incapacité dans l’arrogance, et la fatuité dans la décrépitude.
Comme je ne compte pas vous écrire un abrégé chronologique de l’histoire de France, je ne vous détaillerai pas journellement les fautes politiques et les bévues administratives de M. de Maurepas, dont la folle confiance et l’engouement pour M. Necker ont déterminé la révolution française.
La marquise de Créquy
Je ne compte pas discuter toutes ces grandes questions qui ne sont que du domaine de l’histoire, et qui demanderaient plus de temps et d’étendue que je ne puis leur en accorder : je vous parlerai seulement des choses qui seront à ma connaissance. Quand il est question d’émettre un avis sur un acte politique, tout le monde ne saurait en parler avec les mêmes détails et la même autorité, ce qui fait que mon récit ne s’accorder pas toujours avec les écrivains de mon temps. Quand il est question de juger un premier ministre, chacun a ses motifs d’indulgence ou ses griefs contre lui ; mais vous pensez bien que M. le duc de Penthièvre et le baron de Breteuil auront pu me donner des informations plus certaines et plus exactement précises que celles que MM. Grimm et Diderot, par exemple, auront pu recevoir de leurs amis.
Ce sont les menus détails qui forment l’ensemble, et nous allons commencer par les petites choses.»

De fin mars à mai 1775
Les émeutes connues sous le nom de «guerre des farines» témoignent de la crainte de manquer de pain…
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims. La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin.

Selon la tradition, le prélat prononce la formule suivante en posant la couronne de Charlemagne sur la tête du souverain :
« Que Dieu vous couronne de la gloire et de la justice, et vous arriverez à la couronne éternelle »

« Je sais que je n’ai jamais connu autant d’enthousiasme avant. J’ai été totalement surpris de me retrouver en larmes et de voir tous les autres dans le même état… Le Roi semblait vraiment ému par ce beau moment… Notre Roi habillé avec toute la brillance de la royauté, sur le vrai trône, était une vue Tellement impressionnant qu’il est difficile à décrire.»
Le duc de Croÿ (1718-1784)



Le 13 juin 1775
Après son sacre, Louis XVI reçoit à Reims l’hommage des chevaliers de l’ordre du Saint-Esprit. À leur baptême, les fils de France (et même les infants d’Espagne) recevaient le cordon et la plaque de l’ordre, mais n’étaient reçus chevaliers qu’après leur première communion. Chef et souverain, grand maître des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, le Roi n’avait le droit de conférer le Saint-Esprit qu’après son sacre, mais Henri IV, Louis XIV et Louis XV, ainsi que Louis XVIII passèrent outre .

En juin 1775
La Reine donne au château de Versailles une fête qui ouvre la saison d’été. Ce soir-là, le beau-père de Yolande l’emmène au château de Versailles. Il fait une chaleur étouffante. Dans un coin du salon, Marie-Antoinette remarque des jeunes gens qui ne dansent pas. Agacée comme peut l’être unemaîtresse de maison qui s’occuperait du bon déroulement du bal, Elle les invite un peu brusquement à sortir. L’intervention jette un froid, si bien que même ceux qui dansaient s’arrêtent. Marie-Antoinette semble ne pas comprendre cette soudaine bouderie. Yolande, qui a assisté à la scène, s’approche de la Reine et Lui explique avec naturel et douceur :
« – Madame, Votre Majesté, en faisant à ces dames l’honneur de les admettre à ces bals n’a sûrement pas eu l’intention de leur donner la mortification, comme elle vient de le faire, d’en chasser leurs maris et leurs frères dont la plupart sont des danseurs.
– Non, madame, je n’ai pas dit cela pour eux, mais pour beaucoup de personnes qui ne dansent pas. »
Se rendant compte de sa bévue, la Reine s’empresse de rappeler les jeunes gens. Le salon se remplit à nouveau. L’incident est clos. Reconnaissante, Marie-Antoinette va vers Yolande de Polignac (1749-1793), car c’est d’elle qu’il s’agit, Elle prend ses mains dans les Siennes :
« Je n’oublierai jamais que vous m’avez donné une marque d’estime et d’attachement en me faisant apercevoir d’une action qu’on aurait pu interpréter contrairement à mon action… Je désire votre amitié, faites-moi le plaisir de venir demain déjeuner avec moi. »

La future gouvernante des Enfants royaux est une cousine des Maurepas, du côté Mancini-Mazarini. On imagine combien les Maurepas ont pu aider Yolande lors de son arrivée à la Cour. Voyaient-ils alors le tremplin politique qu’elle pourrait leur être?
En octobre 1776
Louis XVI a besoin d’un ministre des finances capable d’entreprendre des réformes mais non de tout détruire ; il confie à Maurepas :
« Ne me parlez plus de ces maçons qui veulent d’abord démolir la maison ».
Il pense alors à Jacques Necker, banquier originaire de Suisse réputé pour son art de manier l’argent et son souci d’économie. Une triple révolution : c’est un banquier roturier, un étranger (Genevois) et de surcroît un protestant.

Le 23 avril 1777
L’Empereur Joseph II (1741-1790) arrive à Versailles, et il va chez Maurepas avec le comte de Belgiojoso. Ils ont à attendre neuf ou dix minutes, car le comte s’est seulement nommé au valet de chambre, sans annoncer le comte de Falkenstein. On les prie donc d’attendre car Maurepas est en entretien avec Monsieur Taboureau. Le prince d’Havré survient et fait signe au valet, qui, tout confus, ouvre la porte du cabinet. Monsieur de Maurepas se répand en excuses que l’Empereur fait cesser en disant :
« Monsieur, les affaires d’Etat doivent aller avant les visites des particuliers.»

Le 6 février 1778
Louis XVI remet à Benjamin Franklin les traités signés entre la France et les États-Unis.

En mars 1778
Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.
Louis XVI s’engage dans la guerre d’Indépendance de l’Amérique.
Pour emprunter, Necker (1732-1804) doit inspirer confiance. Il va jouer la transparence. Il imagine de publier sous le nom de compte rendu le tableau des recettes et des dépenses de la monarchie pour 1781. Les recettes sont de 264 millions et les dépenses de 254 millions. L’excédent est de 10 millions. Voilà qui devrait rassurer les prêteurs. En réalité, Necker a dissimulé les dépenses de la guerre d’Amérique sous prétexte qu’elles relèvent de la conjoncture. Le déficit est de 90 millions.

Louis XVI commande en 1784 ce très riche candélabre de 70 cm de hauteur. Commandé au bronzier Pierre-Philippe Thomire en 1784, il est livré en 1785 et installé dans le Cabinet intérieur du Roi au château de Versailles
Les caisses sont vides et des emprunts deviennent désormais impossibles!
Le 19 décembre 1778

Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant sera surnommée Mousseline par la Reine.
Le 8 août 1779
Un édit autorise les femmes mariées, les mineurs et les religieux à toucher des pensions sans autorisation (notamment celle du mari en ce qui concerne les femmes mariées).
Il rétablit l’institution du Mont-de-piété.

En 1781
Maurepas se détourne de Necker comme il s’était détourné de Turgot.
Le 21 novembre 1781
Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas meurt à Versailles âgé de quatre-vingts ans.
Son héritière universelle est Adélaïde-Diane-Hortense Mancini-Mazarini (1742-1808), duchesse de Brissac par son mariage avec Louis Hercule Timoléon de Cossé-Brissac (1734-1792), fille d’Hélène-Angélique Phélipeaux de Pontchartrain (1715-1782).