De tous les passionnés par Marie-Antoinette, elle fut la première…

Le 5 mai 1826
Naissance de María Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, dix-neuvième comtesse de Teba — dite Eugénie de Montijo (1826-1920), à Grenade, en Espagne. Elle est la fille cadette de Don Cipriano de Palafox y Portocarrero (1784-1839) et Maria Manuela Kirkpatrick de Closeburn et de Grevignée (1794-1879).

En 1814, Don Cipriano de Palafox y Portocarrero s’est rallié à la France sous le Premier Empire. Jeune officier d’artillerie, à la tête des élèves de l’Ecole Polytechnique, il participe à la bataille de Paris. Au regard du peuple espagnol, il est un « afrancesado », c’est-à-dire quelqu’un qui, pendant la la guerre d’Indépendance espagnole (1808-1814), a pris le parti de la France bonapartiste. Se battant du côté du roi Joseph Bonaparte (1768-1844), il perd un œil pendant une bataille, ce qui lui vaut la légion d’honneur remise à Paris par l’empereur Napoléon Ier (1769-1821).

Sa mère, María Manuela Kirkpatrick de Closebourn et de Grévigné (1794-1879), est une aristocrate mi-écossaise mi-espagnole. Elle est fille de l’Écossais William Kirkpatrick, qui fut notamment consul des États-Unis à Malaga, et la nièce du comte Mathieu de Lesseps. La famille Kirkpatrick fut admise dans l’aristocratie espagnole et était apparentée à la noblesse écossaise de Closeburn.
En 1834
Son père, comte de Teba, frère cadet du comte de Montijo — dont il reprend plus tard le titre — se rallie à la France sous le Premier Empire, est fait Grand d’Espagne.

La sœur aînée de la future Impératrice, Maria Francisca de Sales (1825-1860), connue sous le nom de Paca, héritera du titre Montijo et d’autres titres familiaux ; elle épousera en 1849 le duc d’Albe, propriétaire entre autres immenses biens, du palais de Liria à Madrid, où mourra Eugénie en 1920, soixante ans après sa sœur.


La future Impératrice et sa sœur aînée sont éduquées dans le culte napoléonien. Fuyant les remous des guerres carlistes, la comtesse de Montijo emmène dès 1834 ses deux filles en France, notamment dans la station balnéaire de Biarritz, proche de la frontière Espagnole, la future Impératrice en fera sa villégiature après y avoir séjourné deux mois en 1854 et Napoléon III lui construit un palais.

Eugénie, comtesse de Teba, est éduquée à Paris au couvent du Sacré-Cœur, où elle reçoit la formation traditionnelle de l’aristocratie catholique de l’époque.

Le 15 mars 1839
Décès de son père, Cipriano de Palafox qui reste connu pour ses convictions libérales et maçonniques.

Sa mère, devenue veuve, confie l’instruction de ses deux jeunes filles, Paca et Eugénie, à Stendhal (1783-1842), qui leur enseigne l’histoire, essentiellement des anecdotes sur le règne de Napoléon, qu’il a connu, et à son grand ami Prosper Mérimée (1803-1870), qui se charge du français et qui reste d’ailleurs toute sa vie proche d’Eugénie.

Le 14 février 1848
«Paca», qui en tant qu’aînée a hérité des titres de son père, épouse le duc d’Albe à Madrid.
Le 25 mars 1849
Eugénie fait la connaissance de Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), président de la République française dans l’hôtel de Mathilde Bonaparte (1820-1904), puis lors de réceptions à l’ Elysée. Dès leur rencontre celui qui n’est alors que le « prince-président » est séduit.


qui aurait pu épouser Napoléon III et qui deviendra l’âme littéraire et culturelle de la Cour du Second Empire
En décembre 1852
Après avoir été reconverti en hospice pour les invalides de guerre, le palais des Tuileries redevient résidence officielle lorsque Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République , vient s’y installer, avant d’y être proclamé Empereur.

Le Second Empire refait des Tuileries la résidence impériale. L’ancienne étiquette réapparaît (écuyers, chambellans, préfets du palais) tandis que les fêtes et les cérémonies donnent au palais un lustre inégalé.



Du 18 au 28 décembre 1852
Louis-Napoléon avait quitté Compiègne en président de la République. Il y revient en Empereur passer une dizaine de jours.Il y a autour de lui cent-un invités ; les honneurs de la maison sont faits par la princesse Mathilde. Parmi les invités figure Mademoiselle de Montijo, comtesse de Teba, venue en compagnie de sa mère. Tous les invités sont frappés par les attentions dont elle est l’objet de la part de l’Empereur.

Le 20 décembre 1852
Elle est naturellement de la chasse à courre impériale . Elle rentre très tard de la chasse, son cheval boitant ; l’Empereur attend en arpentant la salle des Gardes avec une impatience manifeste.
Le 21 décembre 1852
Lors de la chasse à tir, l’Empereur lui offre deux ravissants fusils à un coup.
Le 22 décembre 1852
Elle assiste dans la loge impériale à la représentation donnée au théâtre par le Gymnase dramatique.
Depuis octobre, chacun sait dans l’entourage impérial que Napoléon III est épris de Mademoiselle de Montijo. Le séjour de Compiègne qui favorise les rencontres, rend cette passion très évidente.

Le 23 décembre 1852
La comtesse monte un cheval des écuries impériales lors de la chasse à courre impériale; elle a les honneurs du pied.
Le siège qu’il entreprend auprès d’Eugénie dure deux ans, sa cour assidue lors de séjours au château de Compiègne étant à l’origine de l’épisode du «trèfle de Compiègne» : Mademoiselle de Montijo s’émerveille lors d’une promenade dans le parc de l’effet produit par les gouttes de rosée sur un trèfle. Elle reçoit le lendemain de l’Empereur une broche d’émeraudes et de diamants. Elle la portera toujours désormais, la considérant comme un talisman. C’est la broche qu’on voit notamment sur les portraits officiels de Winterhalter.

Napoléon III songe à épouser Mademoiselle de Montijo. Ce séjour à Compiègne semble avoir été déterminant dans la volonté de l’Empereur. Et Eugénie de Montijo, devenue Impératrice, gardera pour Compiègne une sorte de fidélité toute sentimentale.
Le 12 janvier 1853
Un incident lors d’un bal aux Tuileries, où la jeune Espagnole se fait traiter d’aventurière par l’épouse du ministre de l’Éducation Hippolyte Fortoul (1811-1856), précipite la décision de Napoléon III de demander Eugénie en mariage alors qu’il vient de mettre un terme à sa relation avec Miss Howard, une actrice britannique.

Le 22 janvier 1853
Aux Tuileries, dans sa communication devant le Sénat, le Corps législatif et le Conseil d’Etat, l’Empereur déclare :
« Celle qui est devenue l’objet de ma préférence est d’une naissance élevée. Française par le cœur, par l’éducation, par le souvenir du sang que versa son père pour la cause de l’Empire, elle a, comme Espagnole, l’avantage de ne pas avoir en France de famille à laquelle il faille donner honneurs et dignités. Douée de toutes les qualités de l’âme, elle sera l’ornement du trône, comme, au jour du danger, elle deviendrait un de ses courageux appuis. Catholique et pieuse, elle adressera au ciel les mêmes prières que moi pour le bonheur de la France ; gracieuse et bonne, elle fera revivre dans la même position, j’en ai le ferme espoir, les vertus de l’Impératrice Joséphine ( sa grand-mère). […] Je viens donc, Messieurs, dire à la France : J’ai préféré une femme que j’aime et que je respecte, à une femme inconnue dont l’alliance eût eu des avantages mêlés de sacrifices. Sans témoigner de dédain pour personne, je cède à mon penchant, mais après avoir consulté ma raison et mes convictions. »
Napoléon III
Le 29 janvier 1853
L’acte du mariage civil est enregistré au palais des Tuileries à huit heures du soir.

Le 30 janvier 1853
Le mariage religieux suit à Notre-Dame de Paris.

Pour cette occasion, l’Empereur signetrois mille ordres de grâce et fait savoir que toutes les dépenses du mariage seront imputées sur le budget de sa liste civile alors qu’Eugénie refuse une parure de diamants offerte par la ville de Paris et demande que la somme correspondante soit consacrée à la construction d’un orphelinat qui sera édifié sur l’emplacement de l’ancien marché à fourrages du faubourg Saint-Antoine, dans le XIIe arrondissement de Paris.


C’est l’architecte Jacques Hittorff (1792-1867) qui se charge de la conception, il donne aux bâtiments la forme d’un collier ; l’école inaugurée le 28 décembre 1856, prendra le nom de maison Eugène-Napoléon en l’honneur du jeune Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879).

La lune de miel a lieu au parc de Villeneuve-l’Étang, à Marnes-la-Coquette, au cœur du domaine national de Saint-Cloud, domaine acquis par le futur Empereur ; est-ce alors qu’Eugénie se familiarise avec Marie-Antoinette qui fut maîtresse des lieux? Quelques semaines plus tard, l’Impératrice est enceinte, mais perd l’enfant après une chute de cheval.

Les notes de tête sont Orange, Agrumes, Verveine odorante, Néroli, Bergamote et Citron; les notes de fond sont Romarin, Fève de tonka et Cèdre.

Les joyaux de la Couronne,
L’histoire mouvementé du diadème de l’Impératrice Eugénie
( texte de Christophe Duarte – Fontainebleau la vraie demeure des Rois )
Peu après son mariage avec Eugénie, Napoléon III commande une nouvelle parure de perles et de diamants pour celle-ci, comprenant un diadème, une petite couronne et une grande broche de corsage, qui sont exécutés par Lemonnier, et deux broches d’épaule et deux broches de corsage, qui sont l’œuvre du joaillier Kramer.

Les perles et les diamants proviennent d’une parure créée par Nitot pour Marie-Louise de 1810 à 1812, et modifiée en 1819.
Le diadème de Lemonnier est visible sur le célèbre portrait d’Eugénie par Winterhalter.

Lors de la vente des diamants de la Couronne en 1887, le diadème sera adjugé au joaillier Jacoby. Il sera acquis en 1890 par Albert de Tour-et-Taxis, à l’occasion de son mariage.
La Princesse Gloria le coiffera en 1980 lors de son mariage avec le Prince Johannes. A la mort de ce dernier, la Princesse sera contrainte de se séparer de certains bijoux pour assainir les finances de la famille. Elle se séparera à contre cœur en 1992 de ce bijou historique qui sera acheté par les Amis du musée du Louvre.



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Le château de Fontainebleau
Alors que se développent à la fois l’idée de villégiature et les prémices du tourisme, l’Empereur et l’Impératrice aménagent au château de Fontainebleau des appartements disposant d’un certain confort.


Les séjours, dont les invités sont issus à la fois du monde des arts, des lettres, de la politique, se déroulent avec régularité et sont de plus en plus longs. Toutefois, la diplomatie n’est jamais totalement absente, même si la société du couple impérial se veut plus détendue que la cour des précédents souverains.

En 1853
Napoléon III et Eugénie décident de la création d’un nouveau théâtre en 1853 dès leur premier séjour à Fontainebleau ! Inspiré de celui de Marie-Antoinette dont l’Impératrice était une grande admiratrice, ce théâtre de quatre cents places est le dernier exemple d’un théâtre de Cour.






En 1855
Une vue rare et exceptionnelle de 1855 montrant la construction du Pavillon Richelieu :

Le «Grand Projet» de Lefuel prenait vie…




Dans la vie culturelle de la cour et de la France, Eugénie participe à la création du style Napoléon III (poirier noirci torsadé et incrustations de nacre…), basé essentiellement sur l’inspiration, voire la copie, des styles passés.

L’architecte Visconti (1791-1853) est chargé par l’Empereur de donner au palais une nouvelle jeunesse. Il s’ensuit la démolition des maisons et des ruelles qui séparent encore la place du Carrousel de la cour Carrée du Louvre.

Eugénie soutient son vieil ami Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, fait en 1853 sénateur, puis commandeur et grand officier de la Légion d’honneur, Winterhalter (1805-1873), Waldteufel (1837-1915) et Jacques Offenbach (1819-1880) …

« Vers 1865, l’achèvement par Lefuel des salons de l’Impératrice aux Tuileries, dans le goût Louis XVI, créé un courant marqué en faveur du style Trianon […] Le Louis XVI-Impératrice pénètre dans tous les intérieurs élégants. Pour la première fois depuis la duchesse du Barry, une volonté féminine impose ses préférences mobilières […] Eugénie a vraiment la passion de Marie-Antoinette. Non seulement elle dépouille à son usage personnel le Garde-Meuble et même le musée du Louvre de leurs plus beaux meubles Louis XVI, mais elle en fait acheter sur sa cassette. Elle en meuble ses appartements privés aux Tuileries, à Saint-Cloud, à Compiègne, où les chefs-d’œuvre d’Œben, de Beneman, de Riesener, voisinent sans vergogne avec les confortables et les poufs capitonnés […] elle commande à ses ébénistes des imitations qu’on pourrait qualifier d’admirables si des copies, mêmes parfaites, pouvaient avoir valeur d’originaux. Georges Grohé lui fournit les meilleures. »
Henri Clouzot, Le style Louis-Philippe – Napoléon III (1939), Larousse

« Confondant » souvent le mobilier national avec ses biens personnels, elle en réclame après le passage de l’Empire à la République :
« À la création du Second Empire, les collections du Mobilier sont rattachées à la Liste civile et de ce fait résulte la fiction qu’elles appartenaient à l’Empereur […]. C’est ainsi que l’Impératrice, lors de la liquidation de la Liste civile, peut revendiquer sept tapisseries du Don Quichotte, à fond jaune, qui décorent sa villa de Biarritz et qui lui sont abandonnées moyennant l’indemnité dérisoire de cent francs chacune : elles se vendraient aujourd’hui (1902 !) cent mille francs pièce. »
Fernand Calmettes, « Les tapisseries du Mobilier National », La Revue de l’art ancien et moderne, no 68, 1902


La France connaît une nouvelle épidémie de choléra en 1854.
En 1855
Lorsqu’elle apprend, quelques mois après son mariage, qu’elle est enceinte, Eugénie exulte. Si c’est un mâle, elle triomphe. Napoléon III a choisi une femme selon son cœur, au mépris des recommandations de ses proches, qui insistaient pour qu’il épouse une princesse. On a fini par lui pardonner à lui, mais pas à elle.

Il lui faut un enfant, une fille pour affermir sa position, un garçon pour asseoir définitivement sa légitimité, en tant que mère de l’héritier du trône.
A la mi-avril 1855
La jeune Impératrice fait une chute de cheval. On la transporte jusqu’à son lit, où elle souffre le martyre pendant dix-sept heures, victime de sueurs froides et de grandes douleurs dans le bas-ventre, avant de faire une fausse couche.
Eugénie se remet lentement. Elle reste alitée pendant trois semaines et a ainsi tout le temps de se rejouer l’incident. Elle écrit à sa sœur Paca, mélancolique :
« Les douleurs aigües ont cessé et au moment même où je commençais à avoir de l’espoir, j’ai eu le chagrin de voir que j’avais souffert en vain. Je me réjouissais beaucoup à l’idée d’avoir un joli bébé comme le tien, et j’ai été désespérée mais je rends grâce à Dieu que cet accident ne me soit pas arrivée plus tard, j’aurais eu encore plus de peine.»
Eugénie
L’Impératrice tombe en réalité dans un sévère état dépressif. Elle se sent coupable : n’a-t-elle pas continué l’équitation, contre l’avis même de ses médecins ? Personne ne sait vraiment si la chute de cheval est véritablement la cause de cette fausse couche, mais Eugénie s’en persuade.
Heureusement, elle tombe rapidement à nouveau enceinte.
Le 25 août 1855
La Reine Victoria reçue par Napoléon III
Quand Versailles retrouve les fastes de l’Ancien Régime
( texte et photographies récentes de Christophe Duarte – Versailles passion ; la deuxième partie des photos en noir et blanc ont été prises lors de cette visite par le photographe Eugène Disdéri )
Napoléon III et l’Impératrice Eugénie séjournent pour la première fois en Angleterre du 16 au 22 avril 1855. Ils sont reçus au château de Windsor et, le 18 avril, la Reine Victoria décore l’Empereur de l’ordre de la Jarretière.

Cette première rencontre des souverains français et britanniques est un réel succès diplomatique, et très vite s’impose l’idée d’une visite officielle de la Reine d’Angleterre en France.

La tenue de l’Exposition universelle à Paris en 1855 peut en être l’occasion privilégiée et, le 18 août, l’Empereur Napoléon III accueille la Reine Victoria et le Prince Albert de Saxe-Cobourg à Boulogne-sur-Mer.
Le couple britannique est reçu au Palais de Saint-Cloud. L’Impératrice Eugénie a personnellement veillé à l’aménagement des appartements royaux, où tout doit rappeler à la Reine sa résidence de Windsor.

Le séjour de la souveraine est ponctué de nombreuses cérémonies officielles, de visites et de divertissements : visite du Salon des beaux-arts et de l’Exposition universelle, du Château de Versailles, du Louvre, du Palais des Tuileries, du château de Saint-Germain-en-Laye ; réception et banquet à l’hôtel de ville de Paris ; soirée à l’Opéra ; fête nocturne, souper et bal à Versailles… La Reine Victoria souhaite même s’incliner devant le tombeau de Napoléon Ier aux Invalides.

Les festivités du 25 août 1855 ont lieux à Versailles. A cette occasion, l’Empereur entend employer les innovations contemporaines : la Cour de Marbre, la Galerie des Glaces et l’Opéra royal, sont illuminés au gaz. On prend les premières photographies dans la galerie à cette occasion.


la série télévisée de Michel Boisrond Froufous

Le dîner est servi entre la première et la seconde partie du bal. La table a été dressée pour quatre cents convives. Ils soupent au parterre et sur la scène, au milieu des fleurs, à la lumière des candélabres, au son d’un orchestre invisible.

Les couples impérial et royal, la princesse Mathilde et le prince Napoléon, son frère, ont pris place dans la loge d’honneur, ainsi que les petits princes britanniques. Les autres loges sont remplies de spectateurs.

A l’issue de cette soirée très réussie, Napoléon III exprime son regret que le séjour de la Reine Victoria se termine :
« Mais n’est-ce pas, vous reviendrez ? Comme nous nous connaissons maintenant, nous pouvons aller nous voir à Windsor et à Fontainebleau sans grande cérémonie, n’est-ce pas ?».

En août 1855
A l’occasion de l’Exposition Universelle, le couple impérial Napoléon III et Eugénie reçoit la jeune reine Victoria en résidence à Saint-Cloud. Une visite d’une grande importance pour l’Entente Cordiale toute récente entre les deux pays. Napoléon III «met les petits plats dans les grands» pour l’occasion, et rénove les appartements de l’aile du Midi à grands frais pour son hôte. L’Empereur va même jusqu’à faire venir depuis l’Angleterre le chien de la Reine, à qui il manquait tant. Un séjour qui reste gravé dans la mémoire de la jeune Reine, qu’elle retranscrit dans son journal personnel en indiquant : «Je me sentais si malheureuse de quitter ce charmant Saint-Cloud […] Ces lieux si gais et si brillants […] ce merveilleux et inoubliable séjour».

Le 9 janvier 1856
En l’absence d’Eugénie, retenue par sa grossesse, la comtesse de Castiglione (1837-1899) est présentée à Napoléon III lors d’un bal chez la princesse Mathilde.

La comtesse de Castiglione est alors la femme la plus fascinante et la plus conviée de la Société. Et elle est aussi la plus mystérieuse. En 1856, présentée à Napoléon III en l’absence de l’Impératrice Eugénie, elle deviend la maîtresse la plus comblée de l’Empereur, conquis par son esprit brillant, son intelligence et sa beauté. Toujours vêtue de toilettes les plus extravagantes, très à l’aise dans le monde de l’aristocratie et de la haute finance, elle ira jusqu’à entretenir de secrets rapports en 1870 avec Thiers et Bismarck qui, l’un et l’autre, tiennent des rôles majeurs.

peinte et retouchée au goût de l’époque (New-York, Metropolitan Museum)
Dans la nuit du 14 au 15 mars 1856
Eugénie est installée dans sa chambre au palais des Tuileries, les douleurs sont si violentes qu’on l’entend crier jusque dans les salons avoisinants.
Elle est entourée des médecins, ainsi que de quelques amies et dames de qualité qui, pétrifiées, ne savent que faire pour la soulager. Napoléon III est particulièrement nerveux. Son épouse souffre et que le travail est lent. Il l’aide à faire quelques pas. Eugénie se cramponne à son bras en soufflant.
On la recouche, et les douleurs deviennent terribles. Les médecins sont affolés. Ils se décident à dire la vérité à l’Empereur : il faut employer les fers, ou la vie d’Eugénie et de son enfant sont en périls. Napoléon III s’exclame alors, imitant son oncle quelques décennies plus tôt :
« Sauvez l’Impératrice ! »
Napoléon III
Le 16 mars 1856
Eugénie accouche de son fils unique, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879), à Paris. La naissance du prince est très pénible pour l’Impératrice Eugénie : on doit recourir aux forceps qui lui fracturent le bassin. Sa vie durant, l’enfant portera au front la trace des fers. Appelé Louis par ses parents et surnommé « Loulou », il signera Napoléon après la mort de son père (en 1873), au lieu de Louis-Napoléon précédemment. Il est parfois désigné sous le nom de « Napoléon IV ».
Les médecins parviennent à sauver à la fois la mère et l’enfant. Au terme d’une attente si longue que les courtisans se sont endormis dans les fauteuils !
Les terribles instruments et le chloroforme administré laissent Eugénie pratiquement inconsciente à trois heures du matin, après un accouchement atroce ayant duré vingt-deux heures… Reprenant ses esprits, elle est folle de joie d’apprendre que la dynastie à un héritier, le prince Louis-Napoléon, rapidement surnommé Loulou.
Eugénie met anormalement longtemps à se remettre de ses couches. Elle est incapable de se lever, souffre atrocement. Un jour, elle décide de poser le pied par terre… Elle pousse un cri, chancelle et tombe dans les bras de ses femmes de chambre. Les médecins, appelés en urgence, ne diagnostiquent rien de moins qu’une fracture du bassin ! Le moindre mouvement devait être une torture…

Pendant deux mois
Eugénie reste totalement immobilisée pour se remettre de sa blessure.
Les médecins déconseillent à l’Impératrice toute nouvelle grossesse. Elle s’accrochera à son adorable garçon et n’aura pas d’autre enfant.
« Qu’il doit être doux de pouvoir être une mère comme les autres et de pouvoir bercer son enfant loin des indiscrets ! Mais ce fils ne nous appartient pas tout à fait. Il est aussi à la France.»
Eugénie

Du 26 au 29 août 1867
L’Empereur Napoléon III et l’Impératrice Eugénie effectuent un voyage officiel dans le nord de la France pour commémorer le bicentenaire du rattachement des villes de Flandre au territoire français – conquises par Louis XIV en 1667, elles ont été officiellement et définitivement intégrées au royaume par le traité d’Aix-la-Chapelle, conclu avec l’Espagne le 2 mai 1668. Les souverains s’arrêtent successivement à Arras, Lille, Dunkerque, Tourcoing, Roubaix et Amiens. Ils visitent des établissements industriels, hospitaliers, pénitentiaires, comme ils le font traditionnellement au cours de leurs déplacements officiels, mais ce voyage est surtout l’occasion, pour Napoléon III, de faire prendre conscience à la population de la gravité de la situation internationale et de préparer les esprits à un éventuel conflit avec la Prusse. Les discours qu’il prononce à Arras et, surtout, à Lille, sont, à cet égard, révélateurs : « Des points noirs sont venus assombrir notre horizon », déclare l’Empereur, qui termine cependant son allocution en incitant les Français à la confiance.

« L’Impératrice venait de remplir sa principale mission. Elle avait donné à son époux un fils, et à l’Empire un héritier. L’enfant était né un jour de triomphe, le jour des Rameaux… Ce qui charmait surtout l’heureuse mère, c’est que cet enfant si désiré était non seulement un fils de France, mais un fils de l’Église et que, filleul du Pape, la bénédiction du Saint-Père planait sur son berceau. »
Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, La Cour du Second Empire (1856-1858), Paris, Edouard Dentu, 1898
Le 17 mars 1856 au matin
Une salve de cent un coups de canon annonce ce grand événement au pays. L’Empereur décide qu’il serait parrain et l’Impératrice marraine de tous les enfants légitimes nés en France en cette journée du 16 mars, qui, au nombre de trois mille, sont pensionnés.


Le 14 juin 1856
Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879) est baptisé en grande pompe à Notre-Dame de Paris. Le parrain est le pape Pie IX et la marraine est la Reine Victoria.
Le 26 juin 1856
La relation de la comtesse de Castiglione avec Napoléon III se matérialise dans le parc de Saint-Cloud au milieu du château de Villeneuve-l’Étang à Marnes-la-Coquette. L’Empereur et la comtesse étant mariés, le double adultère impérial fait scandale, et contraint le comte Francesco Verasis de Castiglione (1826-1867) à se séparer de sa femme : ruiné par le train de maison luxueux dans leur hôtel parisien de la rue de Castiglione, il repart seul en Italie où il doit vendre toutes ses possessions pour rembourser les dettes faites par son épouse.

Libre, la Castiglione entretient avec l’Empereur des Français une relation pendant deux années, jusque 1857. Néanmoins, d’après une rumeur infondée, la comtesse de Castiglione serait devenue en 1862, la mère d’un fils illégitime de l’Empereur, le chirurgien-dentiste Arthur Hugenschmidt (1862-1929).



Le 17 juillet 1856
L’Empereur rédige à Plombières-les-Bains les dispositions concernant la régence, qu’il confie à Eugénie lors de la campagne d’Italie.
« (article 2) – Si l’Empereur mineur monte sur le Trône sans que l’Empereur son père ait disposé, par acte rendu public avant son décès, de la Régence de l’Empire, l’Impératrice Mère est Régente et a la garde de son fils mineur. »
Napoléon III


Eugénie est surnommée Badinguette par les opposants à l’Empire (en référence au sobriquet donné au futur Empereur à la suite de sa célèbre évasion du fort de Ham, déguisé avec la veste de travail d’un maçon qui portait le nom de Badinguet). Ces opposants prétextent de son âge avancé de vingt-sept ans et de sa beauté qui a fait tourner bien des têtes pour lui faire une mauvaise réputation. Victor Hugo (1802-1885) ose même écrire : « l’Aigle épouse une cocotte »…
Sur le plan politique, catholique ultramontaine, Eugénie veut que la France soutienne le Pape par les armes (création du corps des zouaves pontificaux), alors que Napoléon III était favorable à la libéralisation des autres États italiens.

D’une beauté éclatante, elle a acquis une grande liberté d’allure, est passionnée et séductrice, voire provocante, avec retenue selon les canons de l’époque.

« …Je dirais volontiers : « c’était une écuyère ». Il y avait autour d’elle comme un nuage de cold cream, de patchouli ; superstitieuse, superficielle, ne se déplaisant pas aux grivoiseries, toujours préoccupée de l’impression qu’elle produisait, essayant des effets d’épaules et de poitrine, les cheveux teints, le visage fardé, les yeux bordés de noir, les lèvres frottées de rouge, il lui manquait, pour être dans son vrai milieu, la musique du cirque olympique, le petit galop du cheval martingalé, le cerceau que l’on franchit d’un bond et le baiser envoyé aux spectateurs sur le pommeau de la cravache. »
Maxime du Camp




A Saint Cloud, Eugénie occupe les anciens appartements de Louis XVI et non ceux de son égérie la Reine Marie Antoinette. Son appartement donne sur le Parc, huit pièces au premier étage donnant sur le bassin du Fer à Cheval.

Elle refait mettre à neuf cet appartement, peintures et dorures, polissage des marbres et surtout elle ordonne la réparation de la célèbre glace mouvante dans l’ancienne chambre de Louis XVI qu’elle fait transformer en Grand Salon. Elle est respectueuse en tout car il faut insister sur son souci du détail pour la repose des boiseries et la restaurations des éléments et horloges posées pour Louis XVI.
Eugénie adopte le style Louis XVI pour enrichir ses pièces. Par contre l’ameublement est digne de l’éclectisme du Second Empire où tous les styles se confondent dans un joyeux et quelquefois disgracieux mélange !!!
A noter dans son Grand Salon une petite table ayant appartenu à Marie-Antoinette et une pendule de Furet de la même époque.



On retrouve parmi la multitude de styles le canapé de Foliot exécuté pour la comtesse de Provence à Versailles et des chaises et fauteuils de Séné qui retrouvent grâce à l’Impératrice leur proche emplacement d’origine puisque ce sont ceux du cabinet de Marie Antoinette. A cela s’ajoute le bureau cylindre d’Œben pour Louis XV.



En automne 1856
Commencent alors ce qu’il est convenu d’appeler « les Compiègne ». Désormais, sauf en 1860 et en 1867, la Cour viendra passer un mois ou un mois et demi à l’automne. De 1856 également date l’organisation des invitations en « séries ».


Ces séjours de la Cour vont obéir à une sorte de rituel immuable qui se répète chaque année. Quelque temps avant le séjour, les invités reçoivent la lettre suivante signée du Grand Chambellan :
« Par ordre de l’Empereur, j’ai l’honneur de vous prévenir que vous êtes invité à passer sept jours au Palais de Compiègne du … au … Des voitures de la Cour vous attendront au débarcadère le … à l’heure de l’arrivée à Compiègne du convoi partant de Paris à … heures … minutes, pour vous conduire au palais. Agréez … l’assurance de ma haute considération ».

C’est en effet un train spécial qui amène les invités à Compiègne, où des voitures viennent les prendre à la gare. Ils sont attendus dans la salle des Colonnes où l’on désigne à chacun l’appartement qu’il doit occuper et où il est conduit par un huissier. Cette arrivée toujours un peu tumultueuse, avec l’embarras des bagages, l’appréhension d’une plongée dans l’inconnu pour ceux qui viennent pour la première fois et ne sont pas toujours habitués à la vie de Cour, amuse fort les invités restés à demeure. Comme chaque série comporte une centaine d’invités plus leur personnel domestique, Compiègne se transforme pendant un mois en une sorte de grand hôtel dont les moindres recoins sont habités. Il y a généralement quatre séries (trois en 1856) mais quelquefois plus : cinq en 1858 et 1859, six en 1861. Les appartements d’invités sont, mis à part quelques hôtes de très haut rang, assez petits et meublés simplement mais confortablement.

Après l’installation, la présentation des invités le soir de leur arrivée a lieu dans le salon des Aides de camp (dit aussi des Cartes), les dames rangées d’un côté, les messieurs de l’autre. Le couple impérial arrive par le salon de Famille. L’Empereur passe devant les messieurs qu’on lui présente tandis que l’Impératrice fait de même pour les dames, puis l’Empereur passe devant les dames et l’Impératrice devant les messieurs et les présentations ont lieu de nouveau. Ensuite on se rend dans la galerie de Bal où est dressée la table du dîner. L’Empereur se place au milieu d’un des côtés de la table, l’Impératrice en face. A leur droite et à leur gauche prennent place des invités désignés à l’avance. Les autres s’assoient où bon leur semble. C’est précisément ce caractère de liberté qui frappe les invités. A Compiègne, l’étiquette est réduite à son strict minimum et l’hospitalité qu’y pratiquent les souverains laisse à chacun le plus d’indépendance possible. Il n’y a de présence obligatoire qu’au dîner où les messieurs doivent être en culotte et en frac, les dames en robe de soirée. Dans la journée, les hommes étaient en redingote ou en jaquette et les femmes en toilette de ville. Sauf invitation spéciale, chacun va à son gré, est libre de déjeuner ou non, à la table de l’Empereur et de l’Impératrice, de suivre ou non les divertissements prévus. Il est certain que l’Empereur, qui a connu au temps de son exil l’extrême liberté laissée aux invités dans les châteaux anglais, bien différente de l’hospitalité française, plus contraignante, souhaite que ses hôtes se sentent aussi libres que possible.


8 Comte Jacques-Auguste Martin d’Ayguesvives (1829-1901), écuyer de l’Empereur.

Comment ne pas songer ici à la décontraction souhaitée par Marie-Antoinette en Son domaine de Trianon?

Faire cohabiter pendant une semaine une centaine de personnes est un art difficile. La composition des séries est longuement préparée par l’Impératrice. Toutefois on se retrouve souvent à Compiègne entre gens du même milieu et se connaissant de longue date. On a beaucoup parlé des invitations faites au monde littéraire, artistique ou scientifique. Sa participation paraît à vrai dire des plus réduites. Il faut mettre à part Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) dont la présence s’explique à la fois par la surveillance des travaux de Pierrefonds et le rôle de guide qu’il y joue pendant les séries et par ses talents d’organisateur de petites fêtes d’amateurs.

Viollet-leDuc est pratiquement de tous les Compiègne à partir de 1857 et le plus souvent reste pendant tout le séjour. Il faut aussi mettre à part Mérimée dont la présence à Compiègne s’explique par des raisons qui n’ont rien de littéraire : simplement, ami de la comtesse de Montijo, il a connu l’Impératrice quand elle n’était qu’une enfant et fait partie du cercle de ses familiers. Il ne vient d’ailleurs pas tous les ans, mais souvent ses séjours durent le temps de plusieurs séries.


Ce qui frappe le plus dans ces séries de Compiègne, c’est le côté bon enfant et superficiel. La princesse de Metternich (1836-1921) qui, à partir de 1859, sera une des grandes animatrices des «Compiègne » et qui fera le plus souvent partie du petit noyau d’invités restant pendant tout le séjour devait plus tard évoquer, non sans mélancolie, le caractère innocent de ce que, parmi les opposants au régime on appelait les « orgies » de Compiègne. L’Impératrice aimait Compiègne parce qu’elle s’y sentait moins contrainte par l’étiquette qu’aux Tuileries ou à Saint-Cloud. L’Empereur lui-même s’y détendait. S’il y travaillait, profitant même pour cela de la présence parmi les invités de certains ministres, maréchaux ou ambassadeurs, et le Conseil des ministres ayant lieu régulièrement chaque jeudi, il pouvait aussi mieux qu’ailleurs se mêler aux amusements de la Cour, faire des promenades, cultiver son « dada favori » : il lui arrivait souvent, accompagné d’un petit nombre d’invités, d’aller examiner les fouilles archéologiques qu’il faisait faire aux environs.

Octobre 1856


L’adultère impérial avec la comtesse de Castiglione défraye la chronique, ce qui lui ouvre les portes des salons privés d’Europe qui, en temps normal, lui auraient été fermées. Elle y rencontre les grands de cette époque : la Reine Augusta de Prusse (1811-1890), Otto von Bismarck (1815-1898) ou Adolphe Thiers (1797-1877).

Narcissique et capricieuse, snobant le reste de la Cour et se vantant publiquement des cadeaux que l’Empereur lui offre à partir des fonds secrets, Virginia de Castiglione finit par se rendre antipathique et lasse l’Empereur qui prend une nouvelle maîtresse, la comtesse Marianne Waleska (1823-1912), la première Dame d’honneur de l’Impératrice.

Dans la nuit du 5 au 6 avril 1857
Alors qu’il sort de chez la comtesse Castiglione, trois carbonari italiens Grilli, Bartolotti, Tibaldi, accusés d’être à la solde du révolutionnaire Giuseppe Mazzini (1805-1872), tentent de tuer l’Empereur. Soupçonnée à tort de complicité, Virginia de Castiglione est officiellement expulsée de France par des agents secrets en possession d’un décret signé par le ministre de l’Intérieur.

En réalité, elle s’éloigne simplement et revient en grâce dès le mois suivant grâce à la princesse Mathilde et à son complice et confident, l’artiste lyrique Joseph Poniatowski (1816-1873).

L’Impératrice Eugénie commente : « le cœur est un peu bas ».
En 1858
Le prince impérial est malade, Eugénie envoie une de ses dames d’honneur l’amirale Bruat à Lourdes, quérir un peu d’eau réputée miraculeuse; c’est en cette année 1858 même qu’ont lieu les apparitions mariales à Bernadette Soubirous (1844-1879). Suite à la guérison de leur fils, l’Impératrice convainc Napoléon III de donner l’ordre de rouvrir la grotte de Lourdes qui était fermée aux pèlerins.



Le 21 juillet 1858
Malgré la rupture avec Napoléon III, la Castiglione prétend néanmoins que son influence sur l’Empereur se concrétise lors de l’entrevue secrète à Plombières entre Napoléon III et le comte de Cavour, aboutissant au traité de Plombières
Le 16 février 1859
Napoléon III remet au baron Haussmann (1809-1891) le décret d’annexion à Paris des communes à l’origine de l’aspect contemporain de Paris. Ces travaux du Second Empire modèlent le visage du Paris du XXe siècle. Ils ont cependant un coût non négligeable. Les opposants aux travaux conduits par Haussmann dénoncent notamment leur coût financier (les travaux coûtent 2,5 milliards de francs en dix-sept ans pour un budget initial de 1,1 milliard de francs, obligeant Haussmann à recourir à des bons de délégation émis par la Caisse des travaux de Paris, à creuser la dette de la ville et à se justifier par la théorie des dépenses productives).


Eugénie est considérée comme la «Reine de Biarritz» car elle passe l’été sur la côte Basque, l’Impératrice dans la «Villa Eugénie», aujourd’hui L’Hôtel du Palais, que lui fait construire Napoléon III en 1854 – édifice reconstruit et agrandit en 1903.

Le 17 juillet 1860
L’Impératrice vient faire une visite rapide à Compiègne pour surveiller les nouveaux aménagements de ses appartements.


, Le Prince impérial en buste, bronze patiné, grandeur nature, fonte Barbedienne, par Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) signé sur le côté droit

Le 16 septembre 1860
Décès de sa sœur aînée, Maria Francisca duchesse d’Albe (1825-1860), dans son palais de Liria à Madrid.

Du 27 au 30 novembre 1860
Il n’y a qu’un fort bref séjour à Compiègne de l’Empereur et du Prince Impérial avec neuf personnes. L’Impératrice ne les accompagne pas. Elle séjourne à ce moment en Ecosse où elle a éprouvé le besoin de voyager seule après le décès de sa sœur la duchesse d’Albe.


Elle-même « coquette », Eugénie lance la mode au Second Empire, abandonnant notamment la crinoline à la fin des années 1860 au profit de la tournure ( réminiscence du polisson de Marie-Antoinette … ) , sous l’influence de Charles-Frederick Worth (1825-1895), couturier en faveur à la Cour. En matière d’accessoires, sa préférence va à la maison de luxe Maquet, où elle se fournit en articles de maroquinerie, en plus d’y commander son papier à lettres.

En 1861
Eugénie adore parler dans sa langue maternelle avec les exilés mexicains. Compiègne et Biarritz où ils se baladent en sa compagnie leur permettent de lui faire croire que le Mexique n’attend que le secours de la France…

Eugénie pousse à l’invasion du Mexique, son entourage y voit la perspective de l’émergence d’une grande monarchie catholique, modèle régional capable de contrer la république protestante des États-Unis et de procurer des trônes pour les princes européens. Après le refus d’Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), candidat de l’Empereur pour le futur trône mexicain, l’Impératrice propose quant à elle Jean de Bourbon, comte de Montizón (1822-1887). Mais celui-ci fait valoir qu’il ne pourrait régner sur le Mexique qu’en étant « appuyé par les baïonnettes étrangères », ce qu’il refuse absolument.

Du 6 au 8 octobre 1863
Au Compiègne on reçoit le Roi de Prusse Guillaume Ier (1797-1888) qui est accueilli sur sa demande sans solennité.
Le 3 octobre 1863
C’est finalement Ferdinand-Maximilien d’Autriche(1832-1867) , frère de l’Empereur François-Joseph Ier, qui accepte la couronne mexicaine.


Cette aventure se solde par un désastre : en vertu de la doctrine de James Monroe , les États-Unis continuent toutefois à soutenir les insurgés républicains de Benito Juarez (1806-1872) , que l’Empereur Maximilien échoue à vaincre durablement. À la faveur de la fin de la guerre de Sécession, en 1865, le soutien plus appuyé des États-Unis aux forces républicaines fragilise davantage la situation de Maximilien Ier, laquelle s’aggrave encore lors de l’amorce du retrait de l’armée française du Mexique en 1866.

Son épouse, l’Impératrice Charlotte de Belgique (1840-1927), revient en Europe pour tenter d’obtenir au profit de son mari un ultime soutien de Napoléon III, en vain.

Vaincu à Querétaro, Maximilien est capturé, jugé et exécuté le 19 juin 1867 par les insurgés, qui restaurent la République mexicaine.

Eugénie ne doit alors pas manquer de songer à Louis XVI et Marie-Antoinette …
Le palais du Pharo à Marseille

La première pierre est posée le 15 août 1858, jour de la fête de l’Empereur.
Pour Louis-Napoléon Bonaparte, cette demeure doit être le reflet du Château de Biarritz de l’Impératrice Eugénie. Mais les travaux dépassent largement les estimations initiales à cause de l’envergure de l’édifice, de ses caves, bien plus étendues qu’à Biarritz, ainsi que de la richesse des décorations extérieures. De plus, à Marseille à l’époque, on emploie uniquement la pierre, et non la brique, comme à Biarritz.

Lorsque la révolution éclatera en 1870, le Palais du Pharo sera à peine terminé.
Après la confiscation des biens privés de Napoléon III, le Palais du Pharo sera rendu à l’Impératrice Eugénie, mais la Ville de Marseille la lui disputera. A l’issue d’un long procès, elle récupèrera la propriété mais une fois libre d’en disposer, elle l’offrira à la Ville.

En 1865
Lors de son voyage en Algérie, Napoléon III confie à nouveau la régence à sa femme.

L’éducation du prince impérial doit être irréprochable. C’est Miss Shaw, venue d’Angleterre, qui s’occupe de l’enfant. Elle lui apprend l’anglais dès son plus jeune âge.

Du 14 au 20 novembre 1866
Le Compiègne de 1866 a une atmosphère très politique. Sauf Bazaine (1811-1888) qui est au Mexique, tous les maréchaux sont invités à la première série. En fait, il s’agit de la Commission de Réorganisation de l’armée. L’Empereur propose un service court, obligatoire pour tous, Niel préconise une forte armée active doublée en temps de guerre par une Garde nationale de 400.000 hommes. Vaillant se contenterait du régime en vigueur (service long, tirage au sort) renforcé. Après beaucoup d’hésitations, l’Empereur que personne ne suit, penche pour le projet de Niel.

Le 12 décembre 1866
Visite des représentants de la république d’Andorre.


En 1867
Pas de Compiègne à cause de l’Exposition universelle qui retient les souverains à Paris, mais l’Empereur et l’Impératrice tiennent néanmoins à amener certains de leurs hôtes royaux dans leur résidence d’automne.
En 1867
Un musée dédiée à Marie-Antoinette est ouvert le temps de l’exposition universelle au Petit Trianon.


Sous l’impulsion de l’Impératrice Eugénie, le grand serre-bijoux de Schwerdfegern, le bureau fait par Roentgen et quelques autres meubles prestigieux réintègrent Versailles.



Le 24 juillet 1867
L’Empereur vient à Compiègne accompagné du Roi de Portugal et du Roi de Bavière. Il y aura visite à Pierrefonds sous la conduite de Viollet-le-Duc, revue passée dans le pare de Compiègne, dîner puis retour à Paris le soir même.


Le 2 novembre 1867
L’Impératrice vient seule au palais de Compiègne pour préparer le séjour de l’Empereur d’Autriche qui arrive le lendemain en compagnie de Napoléon III.


Le 3 novembre 1867
Visite à Pierrefonds le jour même, curée aux flambeaux puis, après un moment passé au fumoir par les deux empereurs, concert improvisé au salon par le marquis de Castelbajac qui siffle en s’accompagnant au piano, le baron de Braun, la princesse de Metternich accompagnée par le prince son mari.

Le 4 novembre 1867
François-Joseph y a chasse à tir et part le soir à neuf heures pour regagner directement Vienne.
Le 20 novembre 1868
Réception du prince et de la princesse de Galles à Compiègne. Le Prince participe à une chasse à courre qui lui vaut une chute de cheval sans gravité. Il y a naturellement curée aux flambeaux. Le prince et la princesse repartent le lendemain 21 novembre 1868.


En 1869
Eugénie soutient contre les Anglais le projet français d’ouverture du canal se Suez, et après un passage à Istanbul, une visite officielle qui marquera les relations franco-turques pendant de longues années, elle l’inaugure en personne avec les principaux monarques européens dont l’Empereur François-Joseph (1830-1916) que sa beauté impressionne.





L’architecte Charles Garnier (1825-1898) présente au couple impérial la maquette du nouvel opéra parisien :
« Mais cela ne ressemble à rien, Monsieur Garnier, cela n’a pas de style ! dit l’Impératrice
-C’est du… Napoléon III, Madame » répond l’architecte.

Du 12 octobre au 21 novembre 1869
Le dernier séjour à Compiègne de l’Empereur et du Prince Impérial.
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L’Appartement dit des chasses,
Un cocon pour le Prince Impérial au château de Fontainebleau .
Texte et photographies : Dossier de mécénat (2014)
L’Appartement dit des chasses, situé au premier étage des Grands Appartements, est desservi par l’Escalier de la Reine. Il est ouvert sur la Cour Ovale et est doublé de services du côté de la Cour des Princes.
L’appartement est attribué au Prince Impérial immédiatement après sa naissance. Fils unique de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie, Napoléon Eugène Louis Jean Joseph, surnommé Louis ou Loulou par ses intimes, est particulièrement choyé.

Lors des séjours à Fontainebleau, son appartement est immédiatement voisin de celui de l’Impératrice et se prolonge par l’appartement de sa gouvernante.

En 1856, cet appartement comprend un salon formant antichambre, une chambre à coucher, une pièce d’atours et, dans le Pavillon du Luxembourg, un cabinet de toilette.
L’état du Second Empire, malgré la dispersion du mobilier, a pu être restitué. Le mobilier présent dans chacune des pièces, correspond à celui choisi pour le Prince. Il comprend à la fois des objets du XVIIIe siècle, des meubles du Premier Empire et quelques réalisations spécifiques pour l’enfant.

Ainsi, dans le salon, les sièges en bois doré, livrés par Marcion au début du XIXème siècle, proviennent de la chambre de Louis XVIII au Palais de Saint-Cloud. Les couvertures en damas cramoisi broché jaune furent posées en 1838. Sur la cheminée, une imposante pendule en bronze doré fournie par Thomire pour l’Elysée en 1812.

Dans la chambre, un tapis de la Savonnerie livré sous le règne de Louis XV pour le Roi est disposé sur le parquet dès le règne de Louis-Philippe. Le mobilier comprend des chaises à dossier en crosse livrée pour le salon des petits appartements de Napoléon Ier à Fontainebleau. Utilisés dans l’appartement du duc d’Orléans aux Tuileries, les bois furent dorés sous la Monarchie de Juillet et couverts d’une soierie à bosquet sur fond blanc.

Deux commodes du XVIIIème siècle complètent cet ameublement avant 1864. A cette date, le menuisier Fourdinois livre un lit d’enfant de style Louis XVI qui remplace les lits de fer capitonnés de percale fleurie qu’utilisait le jeune Prince. Les chevets, la courtepointe et le traversin sont confectionnés dans un lampas fond damassé blanc à fleurs polychromes brochées.

Dans la pièce suivante, le décor peint concentre une savante ménagerie : les portraits des chiens de chasse de Louis XV, des cerfs et des oiseaux au milieu desquels des enfants miment des scènes mythologiques. Cette pièce sert de pièce d’atours. Le linge de l’enfant, rangé dans l’imposante commode en acajou, y était préparé chaque jour.

Le 17 novembre 1869
Le fantastique voyage en Orient qu’entreprend l’Impératrice des Français en 1869 se termine en apothéose avec l’inauguration du canal de Suez. C’est l’apogée de son règne personnel, comme une seconde consécration politique. Eugénie volerait presque la vedette à son cousin Ferdinand de Lesseps, l’artisan de ce projet… pharaonique.
L’Impératrice, fière de la responsabilité qui lui est confiée, prépare dans les moindres détails ce voyage qui doit durer deux mois. L’itinéraire est décidé : elle traversera l’Italie pour embarquer sur le yacht impérial L’Aigle, puis passera par la Grèce avant de gagner l’Égypte. Avec un grand sérieux, la souveraine prend des cours pour se familiariser avec l’histoire des dynasties égyptiennes et s’enquière des principaux monuments à voir. Une suite de quarante personnes doit l’accompagner, dont sa demoiselle d’honneur Marie de Larminat et son amie d’enfance Cécile Delessert, qui laisseront de précieux souvenirs sur le périple.
L’Empereur, qui connaît les qualités de sa femme, sait qu’elle s’acquittera à merveille de sa tâche. Il n’y a bien que la princesse Mathilde (1820-1904), sans doute un peu jalouse et n’ayant jamais caché son aversion pour Eugénie, pour lancer perfidement aux Goncourt :
« La dernière fois que j’ai été à Saint-Cloud, elle m’a montré toutes les robes pour le voyage de l’isthme de Suez… Et ç’a été tout ! Ce voyage, ce n’est pas autre chose que pour faire l’œil à quelque prince d’Orient, du haut de son bateau à vapeur.»
« Madame la sultane de France »
L’heure du grand départ a sonné. L’Impératrice ne quitte pas sans appréhension la France. Elle laisse derrière elle un Empereur à la santé délabrée et une situation politique explosive…
Début octobre 1869
La voilà en Italie, à Venise. Elle ne s’attarde guère et embarque sur L’Aigle.
Le 10 octobre 1869
Elle accoste dans le port de Pirée. Athènes et la civilisation grecque la laissent indifférente. En revanche, elle est enchantée par Constantinople.
Le 13 octobre 1869
Dès son arrivée, le sultan Abdul-Aziz vient l’accueillir, sublime dans sa longue robe de soie à col et manches dorées. Il met à sa disposition le palais de Beyler Bey sur le Bosphore, une merveille que Marie de Larminat décrit ainsi dans ses Souvenirs :
« On se sent écrasé par la splendeur du décor dans ces salons immenses aux colonnes de marbre précieux, aux plafonds peints de mille arabesques, au milieu de cette débauche d’or et de couleurs, on reste saisi non par l’harmonie et la beauté des choses mais par leur éclat.»
Abdul-Aziz fait les honneurs de Sainte-Sophie et du mystérieux palais de Topkapi à son hôte. Eugénie découvre le harem et l’univers étriqué des beautés qui peuplent cette cage dorée. Les jeunes femmes drapées de voiles multicolores commentent les tenues des visiteuses en s’agitant comme des oiseaux effarouchés, des pâtisseries orientales dans la bouche. L’impératrice est envoûtée par les magnificences de l’Orient, les formes architecturales monumentales et voluptueuses, les parfums capiteux et les jardins féériques… Elle prolonge son séjour de deux jours.

Le 22 octobre 1869
L’Impératrice est en Égypte, à Alexandrie. Un train la conduit au Caire, où elle est logée au splendide palais de Ghezireh, édifié sur ordre du vice-roi Ismaïl pacha spécialement pour l’occasion. Elle prend le temps de visiter la ville et de s’imprégner de la culture locale, racontant ses journées à Napoléon : « Les danses dans le harem sont celles des bohémiennes d’Espagne, plus indécentes peut-être ! »
Elle embarque ensuite pour une croisière sur le Nil. Les sept bateaux qui composent la flottille sont aménagés avec un luxe inouï : tapis d’Aubusson, miroirs et divans. Avec l’excitation d’une jeune fille, Eugénie donne du fil à retordre à sa suite à chaque escale. Habituée à la chaleur, elle veut tout voir et selon ses propres conditions. Marie de Larminat se souvient :
« Que de fois la fantaisie de la souveraine bouscula tous les plans ! […] Elle aimait naviguer ainsi paresseusement, s’arrêter au gré de son caprice, aller librement, sans aucune entrave officielle, profiter enfin de la grande indépendance qui répondait au côté un peu aventureux de son caractère. […] Elle redevenait l’intrépide amazone de sa jeunesse.
Celle que les locaux surnomment rapidement « Madame la sultane de France » remonte jusqu’à Karnark, Louxor, Assouan… Elle décide de s’offrir le luxe d’une balade à dos de chameau. Infatigable, elle est en tête du petit groupe qui avance « à cette allure berçante et souple » si caractéristique.
Le 25 octobre 1869
L’Empereur lui-même se rend à Paris. Il est de retour le 27.
Le 1er novembre 1869
Napoléon III reçoit secrètement Emile Ollivier (1825-1913).
Le 4 novembre 1869
Eugénie se recueille à Philae, l’île sainte des égyptiens où se trouve le tombeau du dieu Osiris. Que la mort est vivante et belle, pour les égyptiens ! confie-t-elle à sa demoiselle de compagnie. Et le groupe repart. À dos d’âne, Eugénie galope de nuit d’une pyramide à l’autre, traversant le désert illuminé d’une pluie d’étoiles. Elle observe avec étonnement le Sphinx et assiste à une messe au pied de la pyramide de Khéops. Cet intermède touristique doit finalement prendre fin pour gagner Port-Saïd, où aura lieu la bénédiction du canal.
Le 16 novembre 1869 à trois heures de l’après-midi
L’Aigle fait une entrée spectaculaire à Port-Saïd, escorté d’une vingtaine de bateaux. Le port déborde de navires pavoisés, des salves d’artillerie retentissent. Suit l’Empereur François-Joseph à bord de son yacht autrichien, puis le prince de Prusse, le prince et la princesse des Pays-Bas… Le vice-roi d’Égypte a convié l’élite de la société à l’inauguration de cette œuvre qui illustrera son règne. Des souverains, des ambassadeurs, des officiers, des artistes, des scientifiques… et la presse, largement mobilisée pour relater ces journées mémorables et diffuser les photos de cette prouesse enfin terminée. Bien sûr, la population indigène aussi est représentée : des pachas, des beys, des chefs de tribus libyennes et africaines… Au total, des milliers d’invités.
C’est une foule immense, cosmopolite et en pleine effervescence qui acclame Eugénie lorsqu’elle descend sur le quai, accueillie par le Khédive en personne. Donnant le bras à François-Joseph, elle est en tête du brillant cortège qui se rend à la cérémonie religieuse.

Eugénie s’installe dans le Pavillon d’Honneur dressé face à l’immensité de la mer. À sa droite immédiate, le vice-roi. La célébration religieuse se termine par un Te Deum au son des salves d’artillerie. Le soir, l’impératrice donne un grand dîner à bord de L’Aigle puis sort admirer une splendide illumination qui donne à la rade de Port-Saïd un aspect magique.
Le Phare de la Loire du 27 novembre relate :
« Les vaisseaux sont garnis de lanternes vénitiennes qui courent le long des navires, grimpent au sommet des mâts, descendent aux sabords, s’aventurent jusqu’à la pointe du beaupré. Le coup d’œil est féérique.»
Du 10 au 16 novembre 1869
Il n’y a qu’une série, réduite à une quarantaine d’invités. Le prince Impérial participe seul aux chasses à courre, sans son père. L’Empereur a de graves préoccupations politiques et ce séjour est consacré en grande partie à des réunions avec les ministres venus exprès de Paris, d’abord du 14 au 23 octobre puis, pour quelques heures, les 2 et 3 novembre, 7 et 8 novembre, 13 et 14 novembre, 17 et 18 novembre.

Le 15 novembre 1869
On célèbre la fête de l’Impératrice en son absence.

Du 16 au 21 novembre 1869
Après le départ des invités, l’Empereur et son fils passent quelques jours seuls à Compiègne. C’est la fin de ce très mélancolique séjour. Le 21 Napoléon III et le Prince Impérial quittent Compiègne qu’ils ne reverront jamais plus.
Le 17 novembre 1869 en fin d’après-midi
L’entrée tant attendue des navires a lieu dans les eaux d’Ismaïlia, ville majeure de l’isthme de Suez bâtie à l’européenne, avec ses vastes rues et ses élégantes constructions.

Le soir du 18 novembre 1869
Un grand bal est donné dans le palais d’Ismaïlia. Des feux de bengale projettent sur ses murs des lueurs bleues, rouges et vertes. Meublé avec luxe, le palais est entouré de jardins plantés de fleurs odorantes. Entre cinq et sept mille personnes, étonnant mélange de costumes et de physionomies du monde entier, uniformes, cafetans ornés de ceintures enrichies d’or et de pierres précieuses ou crinolines colorées, circulent à grand peine dans les splendides et vastes salons.
« Vers dix heures un grand mouvement s’est produit. Les tambours battaient aux champs. C’était S. M. l’impératrice à laquelle S. A. le Khédive donnait le bras et l’empereur d’Autriche, suivis de leur maison qui faisaient leur entrée dans le bal. L’impératrice portrait une riche et splendide toilette et sur son front étincelait un diadème de pierreries. Sa Majesté était radieuse, et des cris d’enthousiasme ont éclaté sur son passage. […] Le salon où se tenaient l’impératrice, l’empereur d’Autriche, le vice-roi et les princes, a dû être fermé à divers reprises pour écarter la masse des visiteurs.»
Le dîner magnifiquement servi à une heure pour clôturer la soirée est d’une extravagance qui laisse les hôtes ébahis : Poisson à la Réunion des deux Mers, Galantine de Cailles en Belle-Vue, Truffes au Vin de Champagne, Crevette de Suez au cresson, Pudding diplomate à l’Ananas… Eugène Fromentin, écrivain et peintre orientaliste, laisse un témoignage saisissant de la soirée :
« Le mécanisme de ce service, de ces approvisionnements est incompréhensible. Nous sommes en plein roman des Mille et une Nuits. Luxe inouï. Tout cela en plein sable. Ismaïlia est posée sur la dune elle-même, on n’y trouverait pas, je crois, un caillou ; on couche dans le sable, les nattes sur le sable, on a du sable jusque dans son lit. Mélange fantastique du superflu et des somptuosités les plus extraordinaires avec le plus incroyable dénuement.»

Le 20 novembre 1869 à onze heures du matin
L’Aigle arrive à Suez, dernière étape de l’inauguration. C’est un triomphe. Eugénie, fébrile, applaudit en s’exclamant « Vive Monsieur de Lesseps ! ». On répond : « Vive l’impératrice ! » Les navires mouillent dans la rade magnifiquement encadrée par de hautes montagnes qui découpent dans le ciel leurs silhouettes massives.

Le soir, Eugénie assiste à l’illumination de toute la côte de Suez et admire les navires couverts de feu pour célébrer l’évènement : la jonction des deux mers est réussie !
« Le problème de la jonction des deux mers est aujourd’hui résolu, à la gloire et à l’honneur de la France et de l’Égypte, unies dans la poursuite de cette grandiose entreprise, et de l’homme illustre à la persévérance et à l’audace duquel le commerce du monde devra de nouveaux et immenses débouchés.»
Le Journal de Roanne du 21 novembre
Le 21 novembre 1869
L’Impératrice se rend à dos de dromadaire sur la côte d’Asie, aux fontaines de Moïse, une petite oasis située sur la rive de la mer Rouge.

Durant toutes les festivités, l’engouement suscité par l’Impératrice des Français est réel. Les représentants des pays qui la voient pour la première fois sont impressionnés. Elle est à la fois vive, alerte, gracieuse et charmante, qu’elle chevauche dans le désert sur un chameau, la tête enroulée de gaze blanche, ou rayonne au milieu d’un bal, parée de tous ses bijoux. Comme Napoléon III l’avait pressenti, Eugénie a fait honneur à la France.
La promenade aux fontaines de Moïse est sa dernière escapade orientale et l’inauguration du canal de Suez sa dernière heure de gloire.
« Peu de jours après, elle repassait la mer, et rentrait en notre patrie, où l’attendaient, à bref délai, et coup sur coup, de si épouvantables fatalités.»
Philippe de Chennevières dans ses Souvenirs
Le 19 juillet 1870
La guerre est déclarée ; quand Napoléon III vient l’annoncer à ses proches se trouvant au château de Bagatelle à Paris, devant la joie manifestée par son épouse dansant avec son fils, leur ami le richissime collectionneur marquis d’Hertford aurait dit : « Cette femme nous mène à la ruine ! »


En juillet 1870

Après la déclaration de guerre et la capture de son mari par les Prussiens, Eugénie retrouve la régence de l’empire pour la troisième fois, essayant de gérer de son mieux la débâcle.

De fait, l’armée prussienne a d’ores et déjà l’avantage en hommes (plus du double par rapport à l’armée française), en matériels (le canon Krupp) et même en stratégie, celle-ci ayant été élaborée dès 1866.
En août 1870
Les premiers revers sont imputés à Napoléon III et à Ollivier.
Le 9 août 1870
La Chambre renverse le Premier ministre à une écrasante majorité, laissant l’Empereur seul sur la ligne de front, qu’elle soit politique ou militaire.
Pendant que Napoléon III cherche « la mort sur le champ de bataille », l’Impératrice, régente, nomme le bonapartiste autoritaire Cousin-Montauban, comte de Palikao (1796-1878), à la tête du gouvernement. Sous la pression de sa femme Napoléon III renonce à se replier sur Paris et marche vers Metz au secours du maréchal Bazaine encerclé.
Ses troupes sont elles-mêmes alors encerclées à Sedan.

Le 2 septembre 1870
N’ayant pu trouver la mort au milieu de ses hommes, Napoléon III dépose les armes au terme de la bataille de Sedan et tente de négocier les clauses de la capitulation avec Bismarck (1815-1898) près du village de Donchery.
Désormais captif, Napoléon III assiste avec le Roi Guillaume de Prusse à l’acte de reddition de l’armée française au château de Bellevue situé près de Frénois, au sud de Sedan. Pendant leur discussion, il assure qu’il n’a pas voulu la guerre mais qu’il y a été contraint par l’opinion publique, ce à quoi le Roi Guillaume lui réplique que ladite opinion avait été forgée par le ministère.

Le lendemain l’Empereur, désormais prisonnier, se rend en Belgique à Bouillon. Il prend ensuite le train pour être interné en Allemagne.

Le 3 septembre 1870
L’Empereur, désormais prisonnier, quitte définitivement la France pour se rendre en Prusse et y être interné au château Wilhelmshöhe à Cassel en Allemagne.


Eugénie doit alors sans nul doute songer à la Tour du Temple … le sort de son époux n’est pourtant en aucun point comparable à celui de Louis XVI.

Soutenue par sa beauté, mais aussi un charme irrésistible et une intelligence subtile, la comtesse de Castiglione a conquis toutes les Cours d’Europe, si bien que Napoléon III, vieillissant, malade et vaincu, lui demande une dernière fois de jouer de ses talents de diplomate pour plaider la cause de la France auprès du chancelier de Prusse Bismarck, et d’éviter à Paris l’humiliation d’une occupation par des troupes étrangères.
Le 4 septembre 1870
La foule envahit le palais Bourbon, l’Impératrice Eugénie quitte le palais des Tuileries cerné par l’émeute. Elle s’enfuit par le pavillon de Flore, d’où elle passe dans la Grande Galerie du Louvre et se réfugie chez le docteur Thomas W. Evans (1823-1897), son dentiste américain, qui organise sa fuite vers l(Angleterre. Le gouverneur de Paris, le général Louis-Jules Trochu (1815-1896), reste passif et le régime impérial ne trouve pas de défenseurs, les soutiens traditionnels qu’étaient l’armée et la paysannerie étant trop loin, le traumatisme lié à la capitulation et à la captivité de l’Empereur trop important et la pression populaire à Paris et dans les grandes villes trop forte.

Des députés, dont Léon Gambetta (1838-1882) se rendent à l’hôtel de ville de Paris et y proclament la République ; un gouvernement provisoire qui prend le nom de Gouvernement de la Défense nationale est alors formé.

Le 23 octobre 1870
L’ex-Impératrice, réfugiée en Angleterre, écrit au Roi de Prusse Guillaume Ier en tentant de l’amener à renoncer à l’Alsace.

Le 26 septembre 1870
Le souverain allemand répond par un refus :
« Madame,
Guillaume Ier de Prusse
J’ai revu la lettre que Votre Majesté a bien voulu m’adresser et qui a évoqué des souvenirs du passé que je ne puis me rappeler sans regrets ! Personne plus que moi ne déplore le sang versé dans cette guerre qui, Votre Majesté le sait bien, n’a pas été provoquée par moi. Depuis le commencement des hostilités ma préoccupation constante a été de ne rien négliger pour rendre à l’Europe les bienfaits de la paix, si les moyens m’en étaient offerts par la France. L’entente aurait été facile tant que l’Empereur Napoléon s’était cru autorisé à traiter et mon gouvernement n’a même pas refusé d’entendre les propositions de Jules Favre et de lui offrir les moyens de rendre la paix à la France. Lorsque à Ferrière des négociations parurent être entamées au nom de Votre Majesté, on leur a fait un accueil empressé et toutes les facilités furent accordées au Maréchal Bazaine pour se mettre en relation avec Votre Majesté, et quand le général Boyer vint ici il était possible encore d’arriver à un arrangement si les conditions préalables pouvaient être remplies sans délai. Mais le temps s’est écoulé sans que les garanties indispensables pour entrer en négociations eussent été données. J’aime mon pays comme vous, Madame, vous aimez le vôtre, et par conséquent je comprends les amertumes qui remplissent le cœur de Votre Majesté et j’y compatis bien sincèrement. Mais, après avoir fait d’immenses sacrifices pour sa défense, l’Allemagne veut être assurée que la guerre prochaine la trouvera mieux préparée à repousser l’agression sur laquelle nous pouvons compter aussitôt que la France aura réparé ses forces et trouvé des alliés. C’est cette considération seule, et non le désir d’agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n’ont d’autre but que de reculer le point de départ des armées françaises qui, à l’avenir, viendront nous attaquer. Je ne puis juger si Votre Majesté était autorisée à accepter au nom de la France les conditions que demande l’Allemagne, mais je crois qu’en le faisant Elle aurait épargné à sa patrie bien des maux et l’aurait préservée de l’anarchie qui aujourd’hui menace une nation dont l’Empereur pendant vingt ans avait réussi à développer la prospérité.Veuillez croire, Madame, aux sentiments avec lesquels je suis de Votre Majesté le bon frère.
Guillaume Versailles, le 26 octobre 1870 ».

Après la chute de l’Empire
Eugénie devance son époux encore prisonnier en Allemagne pour louer Camden Place, à Chislehurst en Angleterre, une gentilhommière de style georgien.

Le 19 mars 1871
Bismarck met fin à la captivité de l’ex-empereur qui décide alors de rejoindre ses proches en Angleterre où il retrouve son épouse et son fils, installés à Camden Place.


Il y reçoit de nombreuses visites à commencer par la Reine Victoria, le prince de Galles (1841-1910) et le Premier ministre britannique Gladstone.
Durant ce nouvel exil britannique
L’ex-empereur écrit beaucoup, notamment un ouvrage intitulé La France et la campagne de 1870 (publié après sa mort dans son intégralité). Il y prépare également de nouveaux plans pour revenir au pouvoir, rêvant de rééditer à son profit le retour de l’île d’Elbe de son oncle Napoléon Ier.

En décembre 1872
A la suite d’un déplacement à cheval, Napoléon III est victime d’une nouvelle violente crise urinaire. William Gull (1816-1890), celui-là même qu’on imaginera être Jack l’Eventreur en 1888, et James Paget, deux médecins anglais appelés en urgence, sondent l’ex-empereur. Ils évoquent un calcul et lui conseillent de se faire opérer par le professeur Henry Thomson (1820-1904), alors le meilleur spécialiste anglais de chirurgie de la vessie. C’est la première fois que Napoléon III est informé de la maladie dont il souffre depuis au moins 1866 et qui lui a été cachée jusque-là.
Les 2 et 6 janvier 1873
Deux opérations de la vessie sont effectuées par Sir Henry Thompson.
Une troisième opération est prévue plus tard, mais son état s’aggrave.
Le 9 janvier 1873
à onze heures moins le quart
C’est à Camden Place, à Chislehurst que Napoléon III meurt.



Le 15 janvier 1873
Près de 60 000 personnes, dont un dixième de Français comprenant une délégation d’ouvriers, viennent se recueillir devant le corps et participer à l’inhumation à Chilehurst.




Trois ans après, Eugénie laisse la direction du parti bonapartiste à Eugène Rouher (1814-1884), et se consacre à l’éducation de son fils, assisté de son précepteur Augustin Filon, un enseignant et historien.
En Angleterre, le prince impérial Louis-Napoléon Bonaparte est cadet de l’Académie royale militaire de Woolwich, puis versé dans un corps de cavalerie à destination de l’Afrique du Sud.
Le 1er juin 1879
Son fils, Louis-Napoléon Bonaparte (1856-1879), est tué par les Zoulous à Ulundi dans le Natalles, lors d’une patrouille dans le bush.





Une stèle commémorative y est posée sur ordre de la Reine Victoria (1819-1901), sa marraine. Le prince est enseveli dans l’uniforme anglais.





En 1880
Eugénie fait un pèlerinage au Zoulouland; elle voyage incognito sous son nom habituel de « comtesse de Pierrefonds ».

En 1881
Eugénie fonde l’abbaye Saint-Michel (St Michael’s Abbey) de Farnborough, œuvre de l’architecte français Hippolyte Destailleur (1822-1893) conçue comme un lieu de prière et un mausolée impérial.

Les dépouilles de Napoléon III et du prince impérial Louis-Napoléon sont transférées, depuis Chislehurst, dans la crypte de l’église abbatiale de Saint-Michel.

En 1885
Eugénie trouve une maison à Farnborough, située dans le Hampshire, non loin de Londres et à peu de distance de Windsor.

« Un grand parc qui monte ; immenses prairies et très beaux arbres : à un tournant d’allée on aperçoit la maison très nombreuse et variée avec beaucoup de toits pointus […] dans une sorte de jardin d’hiver, la grande statue du Prince impérial par Carpeaux avec le chien Nero (dont la nombreuse descendance est dans le chenil), maison peuplée de tant de gloires, de splendeurs, tous les portraits silencieux, toutes ces reliques, ces meubles, ces objets qui ont été associés à ces gloires et à ces splendeurs, et qui maintenant ne sont plus que des souvenirs. »
Lucien Daudet, Dans l’ombre de l’Impératrice Eugénie, 1935.
En 1892
Afin de disposer de sa propre résidence au cap Martin sur la Côte d’Azur et ne plus y être l’invitée quasi permanente de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche (1837-1898), Eugénie fait construire la villa Cyrnos par Hans-Georg Tersling (1857-1920).







De 1894 à 1906
Durant l’affaire Dreyfus, Eugénie est dreyfusarde convaincue, à l’encontre des bonapartistes français, qui croient tous à la trahison et honnissent les « complices du traître ».

Alfred Dreyfus

En 1895


En 1906
Âgée de quatre-vingts ans, Eugénie est la marraine de la princesse Victoria-Eugénie de Battenberg (1887-1969), petite-fille de la reine Victoria du Royaume-Uni, lorsqu’elle est baptisée dans la religion catholique romaine pour pouvoir épouser le Roi Alphonse XIII d’Espagne (1886-1941).

Le 11 septembre 1909


Vivement intéressée par les essais du pionnier de l’aviation Samuel Franklin Cody (1867-1913) , Eugénie assiste à la présentation de son appareil sur un champ d’aviation, le Laffan’s Plain, situé à Farnborough, non loin de son domaine.


Le 7 août 1910
Il y a parmi les visiteurs du château de Compiègne une très vieille dame vêtue de noir et le visage voilé d’un crèpe. Deux messieurs et une autre dame l’accompagnent. Tous suivent en silence le guide à travers les pièces. Arrivée dans l’ancienne chambre du Prince Impérial – le salon des Fleurs – la vieille dame chancelle et demande à s’asseoir ; son voile est alors relevé par sa compagne et le guide reconnaît l’Impératrice Eugénie. Il lui apporte un verre d’eau.

l’impératrice Eugénie (sous l’ombrelle) et quelques convives sur la terrasse de la villa Cyrnos.
Elle demande la permission de rester seule un moment dans la chambre de son fils. Tout le monde se retire et on ferme sur elle les portes. Dix minutes plus tard, l’Impératrice réapparaît, le visage de nouveau voilé. La visite avait duré de trois heures à quatre heures. L’Impératrice était venue pour la dernière fois à Compiègne en 1868 ; quarante-deux ans plus tard, elle retrouvait ces lieux bouleversés, mais pour elle si pleins des souvenirs d’un temps heureux. Sans doute a-t-elle pensé, dans ces minutes de recueillement aux heures brillantes de Compiègne mais surtout elle doit, dans ce cadre où elle avait été si heureuse, se livrer à une longue revue des ombres et évoquer particulièrement celle qui restait la plus chère à son cœur de mère, celle d’un enfant qui avait été ici gai et insouciant, qu’elle avait cru appelé à régner sur la France et que le destin a fauché à vingt-trois ans en terre étrangère. Ni les murs ni les objets n’ont de ces sentiments mais, moins périssables que les hommes, ils permettent encore de les évoquer.






En 1914
Voulant cueillir une fleur d’un des parterres du jardin des Tuileries, où elle a longtemps habité, Eugénie se fait sermonner par le gardien qui ne la pas reconnaît pas.



Le 11 juillet 1920
Eugénie meurt à quatre-vingt-quatorze ans au palais de Liria à Madrid, chez sa défunte sœur, ayant survécu près d’un demi-siècle à son mari et à son fils unique.

Quelques jours plus tard
Les funérailles de l’Impératrice Eugénie ont lieu à l’Abbaye Saint-Michel de Farnborough. Le Roi George V (1865-1936) en personne assiste à la cérémonie.
Eugénie est inhumée dans la crypte impériale de la chapelle néo-gothique de l’Abbaye Saint-Michel de Farnborough, avec son époux et son fils.

Lors de ses obsèques, la République française est représentée symboliquement par un attaché d’ambassade en poste à Madrid, Robert Chapsal et un drapeau français est placé sur le cercueil ; l’abbé de Saint-Michel l’enlève pour le remplacer par le drapeau anglais, et déclare :
« Maintenant, reposez en paix, Votre Majesté ».

Depuis la fin du xxe siècle
Le rapatriement de la dépouille de Napoléon III et donc aussi celles de l’Impératrice et du prince impérial est ponctuellement évoqué par différentes personnalités françaises, mais sans que ces demandes n’aient jamais eu l’approbation des descendants de la famille impériale, ni aient été portées ou soutenues par l’État français.
Sources :
- L’Impératrice Eugénie ou l’Empire d’une femme de Jean Autin
- Fernand Calmettes, « Les tapisseries du Mobilier National », La Revue de l’art ancien et moderne, no 68, 1902
- L’Impératrice Eugénie de Jean des Cars
- Henri Clouzot, Le style Louis-Philippe – Napoléon III (1939), Larousse
- — Lucien Daudet, Dans l’ombre de l’Impératrice Eugénie, (1935)
- Arthur-Léon Imbert de Saint-Amand, La Cour du Second Empire (1856-1858), Paris, Edouard Dentu, 1898
- Voyage en Egypte : 1869 d’Eugène Fromentin
- La Cour à Compiègne sous le Second Empire, article de Jean-Marie Moulin, Revue du Souvenir Napoléonien, juillet 1978
- https://plume-dhistoire.fr/accouchement-aux-fers-terreur-des-imperatrices/
- https://plume-dhistoire.fr/inauguration-du-canal-de-suez-limperatrice-eugenie-a-son-apogee/