En 1776, la Reine rencontre un petit garçon, François-Michel Gagne, né en 1771 ( son vrai prénom est François-Michel, Jacques étant le surnom que lui donnait sa famille ).
L’anecdote est bien connue: le carrosse de la Reine manque de renverser l’enfant, Marie-Antoinette s’émeut, le console, le couvre de cajoleries et finit par l’emmener, bien que l’enfant ait beaucoup de peine à quitter sa grand-mère qui l’élève.
Pendant tout le trajet, le petit garçon donne des coups de pieds. Qu’à cela ne tienne, la Reine l’habille comme un prince, le fait dîner à Sa table, l’adopte et le rebaptise Armand. (Remarquons au passage que c’est le nom du fils aîné de Madame de Polignac…).
Portrait du petit Armand par le chevalier Desfossés
La protection royale va s’étendre à toute la fratrie.
Adélaïde Leduc, Madame Boilly, et ses trois fils, Julien, Edouard et Alphonse par Louis-Leopold Boilly,
ce n’est pas la famille d’Armand mais ce peut y faire penser…
Le frère d’Armand, Denis, qui manifeste des dons pour la musique, aura ainsi la faculté de suivre un bon enseignement, et deviendra en 1787 violoncelliste du Roi.
La Reine l’aidera jusqu’à la limite de Ses possibilités : en 1792 encore, Elle lui envoie de l’argent pour l’assister dans sa carrière.
La prise des Tuileries le 10 août 1792
Les deux autres enfants de la famille, Louis-Marie et Marie-Madeleine Gagne (dite Marianne), jouiront eux aussi de la prévenance de la Reine. C’est ainsi que, lorsque Marie-Madeleine se marie, son contrat stipule à son actif 3000 livres provenant des bienfaits qui lui ont été faits par la défunte, alors femme de Louis Capet, qui a pris soin de son entretien jusqu’à la révolution du 10 août 1792.
Toutes ces attentions n’empêcheront pas François-Michel Gagné de s’engager dans les rangs des révolutionnaires où, dans son zèle à faire oublier le patronage dont il bénéficia dans son enfance, il se montrera, nous dit Madame Campan, le terroriste les plus sanguinaire de Versailles.
Il tombera à la bataille de Jemappes le 6 novembre 1792.
La Bataille de Jemappes par Henry Scheffer
Triste histoire…
On peut se demander pourquoi ce garçon a épousé avec tant de hargne les idées de la révolution. S’était-il senti humilié, en dépit des bienfaits dont il fut couvert ? Ou peut-être, justement, à cause de ces faveurs ?