Ferdinand d’Autriche par August Friedrich Oelenhainz (1790)
Le 1er juin 1754
Naissance de Ferdinand-Charles-Antoine-Joseph-Jean-Stanislas de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche, prince royal de Hongrie et de Bohême (1754-1804). Il est le quatorzième des seize enfants qu’auront François Ier (1708-1765), Empereur du Saint-Empire et Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), Reine de Hongrie et de Bohême.
Portrait de la famille impériale par Martin Van Meytens, 1754, même pose.
Marie-Thérèse aurait préféré s’arrêter au dixième enfant, mort-né.
Lettre sans date mais sûrement de septembre 1748 de l’Impératrice à son amie Antonia de Saxe :
« Je serais assez contente de finir avec dix enfants, car je sens que cela m’affaiblit et me vieillit beaucoup. Ce dont je ne me soucierais pas si cela ne me rendait moins capable pour le travail de la tête. »
Correspondance entre l’impératrice Marie-Thérèse et l’électrice Maria-Antonia de Saxe, BADINTER, Elisabeth, Les conflits d’une mère, Marie-Thérèse et ses enfants, Paris, Flammarion, 2020, p. 78.
Mais les moyens de contraception étant alors inexistants, Marie-Thérèse ne compte pas encore sacrifier sa vie amoureuse avec son mari tendrement chéri.
François-Etienne de Lorraine et Marie-Thérèse d’Autriche, école autrichienne
Les enfants nés par la suite sont donc peu désirés par la mère.
Il n’empêche : si Ferdinand fait peu l’objet des soins de sa mère durant son enfance, il deviendra jeune garçon son enfant chéri car le plus aimable et agréable à sa mère, celui qui lui apparaît comme le plus soumis, malgré ses nombreux défauts.
Les enfants du couple impérial reçoivent une éducation conforme à leur rang qui se doit d’être avant tout religieuse. Celle-ci commence à leurs trois ans.
De part la multiplicité des langues au sein des vastes territoires des Habsbourg, elles doivent apprendre l’allemand, en plus du dialecte viennois, le français, la langue maternelle de leur père, l’italien, mais aussi le latin, le hongrois et le tchèque.
Des rapports quotidiens, sur chacun de ses enfants sont donnés à la souveraine qui répond point par point. Ceci permettant de compenser les absences de la mère, trop occupée par les affaires d’Etat.
Très vite, les petits Archiducs et Archiduchesses se doivent d’accompagner leur mère à l’église, aux processions et aux pèlerinages dont Marie-Thérèse est très férue.
Les touts-petits, nés à peu d’intervalle sont logés dans ce qu’on appelle la « Kindskammer » (« la chambre d’enfant ») où ils sont généralement confiés aux soins d’une demoiselle de chambre et de ses assistantes.
Quatrième fils, si son sexe réjouit après tant de filles, il n’a aucune perspective pour la succession.
Les neuf premières années de l’archiduc se déroulent pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763) pendant laquelle l’Impératrice essaie en vain de récupérer la Silésie que lui a extorquée le Roi Frédéric II de Prusse (1712-1786). Sa politique de réconciliation avec la France l’amènera à marier ses enfants avec des membres de la Maison de Bourbon. Ces unions, à l’instar de la politique de réconciliation, n’apporteront aucun avantage concret pour l’Autriche voire seront pour les filles de cruels échecs. Seuls l’archiduchesse Marie-Christine et l’archiduc Ferdinand échapperont à cette règle politico-diplomatique.
La mère n’est pas non plus sans responsabilités. Si elle adore ses enfants, elle ne leur accorde que peu de temps, peu de place dans sa vie. Les affaires d’état passent avant tout. Et ensuite, son mari. Après viennent les enfants. Et selon ses prédilections marquées.
En 1755
Le 2 novembre 1755
Naissance de sa sœur Marie-Antoinette (1755-1793).
Portrait de la famille impériale par Martin Van Meytens, 1755, même pose.
En 1756
Le 12 février 1756
A l’occasion de l’anniversaire de leur père, tous les archiducs et archiduchesses sont déguisés, y compris la plus jeune, Antonia, trois mois, recouverte de fleurs.
Le 1er mai 1756
Signature à Versailles du traité d’alliance entre la France et l’Autriche, mettant fin à plus de deux cent cinquante ans de rivalité entre les deux puissances.
Le 25 mai 1756
Ratification du traité à Vienne.
Début de la guerre de Sept ans.
Le 8 décembre 1756
Naissance de son frère Maximilien (1756-1801).
Ce sera avec lui que Ferdinand sera élevé.
Portrait de la famille impériale par Martin Van Meytens, 1756, même pose.
Joseph se sent beaucoup plus à l’aise avec ses frères et sœurs les plus jeunes : Jeanne-Gabrielle, Marie-Josèphe, Marie-Caroline, Ferdinand, Marie-Antoinette et Maximilien. Tous, au contraire de leurs aînés, l’aiment beaucoup.
En 1757
Le 19 janvier 1757
L’Achiduc Joseph est atteint de petite vérole. On craint pour sa vie et on craint que l’épidémie se répande au sein de la famille impériale.
On parle de petite vérole « copieuse ». Joseph s’en sort très amaigri et le visage grêlé.
Malgré l’épidémie, Marie-Thérèse ne perd alors aucun de ses enfants.
Réunion intime de la famille impériale, par Martin van Meytens (?)
L’héritier du trône est reconnaissable car habillé de rouge au premier rang. Il joue du violoncelle.
En 1759
Dès l’âge de cinq ans, chaque enfant se voit attribuer un appartement, composé de plusieurs pièces. En plus de l’Aja (l’Ajo pour les Archiducs), qui est la personne responsable, plusieurs professeurs et un confesseur particulier assument l’éducation des enfants.
Une éducation générale leur est donnée, mais ensuite chacun des petits princes et princesses développe avec des professeurs particuliers des spécificités propres, en fonction de ses talents, mais aussi de son avenir envisagé.
Outre les langues, on y trouve la lecture et l’écriture, l’histoire, la géographie, la géométrie, les mathématiques, la musique et la danse.
Marie-Thérèse et François-Etienne veulent développer le plus possible chez chacun de leurs enfants des talents artistiques.
Des rapports quotidiens, sur chacun de ses enfants sont donnés à la souveraine qui répond point par point. Ceci permettant de compenser les absences de la mère, trop occupée par les affaires d’Etat.
Si Marie-Thérèse s’occupe de chaque détail de l’éducation de ses enfants, elle n’en est pas moins une mère terrible.
Une miniature qui représente le régime disciplinaire de Marie-Thérèse :
Artiste inconnu (1750) – Musée National de Varsovie.
Les enfants sont soumis à un strict emploi du temps, rédigé de la main de l’Impératrice :
–Huit heures du matin, réveil et prière « élévation à Dieu » et se lever du lit.
–Neuf heures, prière du matin, toilettes et petit déjeuner.
–Neuf heures et demie : la kammerfrau (la femme de chambre) fait répéter et apprendre par cœur le catéchisme
–De neuf heures et demie à dix heures, permission de jouer.
–Onze heures : une demi-heure d’écriture et de nouveau récréation
–De onze heures à onze heures et demie: confession
–Midi : heure du déjeuner et de la liberté
–A deux heures après midi : de nouveau récréation
–A quatre heures après midi : cours de français
–A cinq heures du soir : amusement avec les jeux de cartes, livres et enseignement des mots français par des images ou danse.
–A six heures du soir : réciter le Noster Pater pour rappeler toujours la présence de Dieu.
–A sept heures et demie du soir : dîner
–A huit heures et demie du soir : nettoyage du soir et lit.
Quand le temps le permettra, nous modifierons les horaires afin qu’on puisse sortir en calèche en hiver et se promener dans le jardin en été. »
Les heures d’études sont complétées par les professeurs de musique, de dessin et de langues. Chaque matin, l’impératrice reçoit le rapport médical du Dr Van Swieten, qui lui rapportel’état de santé de ses enfants. L’Impératrice voit les enfants tous les huit ou dix jours.
Le fouet peut être donné par les ayos.
Ferdinand, suivi deux ans plus tard de Maximilien, est élevé par Karl Goëss puis par Anton Thurn.
Le 7 septembre 1760
Mariage par procuration à Parme. Marie-Thérèse envoie le prince de Liechtenstein épouser la princesse au nom de l’Archiduc Joseph.
Isabelle de Bourbon-Parme et l’Archiduc Joseph au moment de leur mariage, d’après Martin van Meytens
Le 6 octobre 1760
Célébration du mariage à Vienne en grandes pompes.
Marie-Thérèse souhaite les fêtes les plus extraordinaires, à la hauteur de l’événement, et décide de les faire immortaliser par son peintre préféré Martin van Meytens aidé de son atelier.
Banquet dans la grande antichambre du palais de la Hofburg de Vienne, par Martin van Meytens et son atelier
Souper dans la salle de la Redoute à la Hofburg, Martin van Meytens et son atelier
Sérénade dans la salle de la Redoute, Martin van Meytens et son atelier. Le couple impérial est au centre, entouré par les nouveaux mariés, Joseph près de son père, Isabelle près de sa belle-mère. Les quatre autres archiducs se répartissent ensuite, deux par deux, puis les archiduchesses se divisent en deux groupes de quatre de part et d’autre, en ordre décroissant.
Pour cette dernière composition, Marie-Thérèse demande à l’artiste de rajouter ses derniers enfants qui n’avaient pu assister aux cérémonies car alors trop jeunes : les archiducs Ferdinand, Maximilien et leurs sœurs Marie-Caroline et Marie-Antoinette.
Il place aussi le jeune prodige Wolgang Gottlieb Mozart que l’on peut repérer dans la foule. Il n’était au moment des faits qu’un simple bambin de quatre ans parfaitement inconnu mais qui était depuis devenu une célébrité internationale.
Détail montrant le jeune Mozart devenu en quelques années une véritable « star ».
Le 22 décembre 1760
Fausse couche d’Isabelle ou simple « petite incommodité » selon Marie-Thérèse.
Le 26 décembre 1760
Nouvelle épidémie de variole au sein de la famille impériale.
L’Archiduc Charles-Joseph tombe malade.
Le 18 janvier 1761
Son frère, l’Archiduc Charles-Joseph
Mort de son frère Charles-Joseph qui était fiancé à la fille unique du duc héritier de Modène, Marie-Béatrice d’Este-Modène (1750-1829), et Ferdinand, âgé de sept ans, est fiancé à la jeune princesse de quatre ans son aînée.
Miniature représentant les Archiducs Ferdinand et Maximilien
L’Archiduc Ferdinand par Liotard (1762)
Le 20 mars 1762
Naissance de Marie-Thérèse, fille de Joseph et d’Isabelle.
Naissance de la petite Marie-Thérèse. Gouache signée et datée de Marie-Christine
Le 13 octobre 1762
Visite de la famille Mozart à Schönbrunn.
La famille impériale est très férue de musique et au grand bonheur du couple impérial et de Joseph, Isabelle joue merveilleusement bien du violon.
En décembre 1762
Enfant turbulent, Ferdinand est souvent puni et il craint énormément sa mère, ainsi que le montre cette gouache de l’Archiduchesse Marie-Christine figurant la Saint Nicolas au sein de la famille impériale. Marie-Antoinette se réjouit d’une jolie poupée, Maximilien de friandises… mais Ferdinand se frotte les yeux car son aînée, Marie-Christine le menace de le flageller pour le punir…
En 1762, Marie-Christine réalise cette gouache, portrait de la famille impériale dans un intérieur bourgeois.La Saint-Nicolas, d’après une gravure de Jacobus Houbraken
Le 22 décembre 1762
Mort de Sa sœur Marie-Jeanne-Gabrielle.
Sa sœur, l’archiduchesse Marie-Jeanne-Gabrielle par Pierre Benevaux
En 1763
Nuit du 26-27 novembre 1763
Mort d’Isabelle de Bourbon-Parme. Chagrin immense de la famille impériale.
La famille impériale par Martin van Meytens (1764)
En 1765
Le 25 janvier 1765
Le mariage de Joseph II avec Maria Josepha de Bavière.
Tableau de Johann Georg Weickert
L’Archiduc Ferdinand à l’âge de onze ans
Le 5 août 1765
Mariage de l’archiduc Léopold avec Marie-Louise d’Espagne à Innsbruck.
Portrait de Marie-Josèphe, Ferdinand et Marie-Amélie d’Autriche
Le 18 août 1765
Mort de Son père, l’Empereur François Ier, lors des festivités du mariage de Léopold à Innsbruck.

Portrait posthume par Johann Zoffany en 1777
Marie-Antoinette racontera, en 1790, à Mesdames de Tourzel, de Fitz-James et de Tarenteaux que l’Empereur François Ier, partant pour l’Italie, d’où il ne devait jamais revenir , rassemble ses enfants pour leur dire adieu :
« J’étais la plus jeune de mes sœurs, mon père me prit sur ses genoux, m’embrassa à plusieurs reprises, et, toujours les larmes aux yeux, paraissant avoir une peine extrême à me quitter. Cela parut singulier à tous ceux qui étaient présents, et moi-même je ne m’en serais peut-être pas souvenue si ma position actuelle , en me rappelant cette circonstance, ne me faisait voir pour le reste de ma vie une suite de malheurs qu’il n’est que trop facile de prévoir. »
Avènement de Joseph II qui partage le pouvoir avec Marie-Thérèse.
Joseph II par Anton von Maron (1775)
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, adolescent
En 1766
Le 8 avril 1766
Mariage de sa sœur Marie-Christine avec Albert de Saxe-Teschen (1738-1822), frère de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère du duc de Berry, au château de Hof.
Marie-Christine et Albert de Saxe-Teschen, détail d’un tableau de Marie-Christine
Le 5 mai 1766
Marie-Antoinette, Marie-Caroline, Ferdinand et Maximilien ont la « petite vérole volante », c’est-à-dire la varicelle, « sans danger pourtant» d’après Marie-Thérèse à son amie la comtesse d’Enzenberg.
Le 28 mai 1767
Mort de Marie-Josepha de Bavière, seconde épouse de l’empereur de Joseph II.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène
Le 15 octobre 1767
Mort de l’archiduchesse Marie-Josèphe (1751-1767), sœur de Ferdinand.
L’Archiduchesse Marie-Josèphe
En 1768
Le 12 mai 1768
Mariage de l’archiduchesse Marie-Caroline avec Ferdinand Ier des Deux-Siciles.
En 1769
Le 27 juin 1769
Mariage par procuration de l’archiduchesse Marie-Amélie avec Ferdinand Ier, duc de Parme.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, adolescent, détail, par Meytens
En 1770
Le 23 janvier 1770
Mort de sa nièce Marie-Thérèse, fille de Joseph II.
Le 19 avril 1770
Mariage par procuration de Marie-Antoinette et du Dauphin à l’église des Augustins de Vienne:
A six heures après-midi, à la sonnerie des trompettes et au son des tympans, toute la Cour de Marie Thérèse, se rend à l’église des Augustins de Vienne.
Maria-Antonia par Antonio Pencini (1770)
L’Archiduchesse, toute souriante, porte une robe de drap d’argent. L’Archiduc Ferdinand qui a dix-sept mois de plus que Marie-Antoinette, habillé en soie blanche, avec une bande bleue drapée sur la poitrine, remplace le Dauphin.
L’Archiduc Ferdinand
L’église des Augustins est une église paroissiale, une vaste structure reliée à l’aile Leopoldina de Hofburg (les appartements privés de la famille royale) par un long couloir.
L’église des Augustins
Joseph II conduit le cortège, puis l’Impératrice Marie6Thérèse et derrière elle l’Archiduc Ferdinand qui donne la main à Marie-Antoinette. Pour l’occasion de Gluck a créé une composition pour orgue qui résonne dans l’église.
La messe est dite par le nonce du pape, Monseigneur Visconti, assisté par le curé de la Cour, Briselance. Les prie-Dieu des » mariés » sont recouverts de velours rouge brodé d’or ; quand les deux mariés s’agenouillent, ils répondent à la question du nonce, une formule latine: » Vol et ita promis » (c’est ce que je veux et promets). Les anneaux, dont l’un sera livré par Marie-Antoinette au Dauphin, sont bénis ; Ferdinand glisse au doigt de sa sœur l’anneau de rubis du Dauphin et la fait ensuite se lever pour l’embrasser sur les joues ; après quoi Briselance s’apprête à prononcer l’acte Nuptial, Kaunitz l’authentifie et Durfort le légalise (en fait, ce dernier acte aurait dû revenir au beau-frère de Marie-Antoinette, Albert de Saxe Teschen, mais Versailles a fait savoir au prince qu’il ne fallait pas qu’il se dérange et qu’il pouvait laisser sa place à l’ambassadeur). Albert n’a pas objecté, mais pour le dîner de mariage, il ne veut pas entendre de raison, donc Durfort n’assiste pas au banquet et reste chez lui. Le comte de San Giuliano, grand maître des cuisines impériales, a accompli des merveilles ce soir-là. Cent cinquante invités sont admis, non pas à dîner, mais à admirer les neuf princes convives qui mangent dans de la vaisselle d’or.
Le 21 avril 1770
Le 16 mai 1770
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.
Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)
Un portrait de famille autour de Marie-Thérèse, miniature sur ivoire.Marie-Christine est à l’extrême gauche, en compagnie de son époux Albert de Saxe, duc de Teschen… L’oeuvre est de Marie-Christine !
L’Archiduc Ferdinand par Joseph Ducreux
L’Archiduc Ferdinand
Le 15 octobre 1771
Ferdinand Charles Antoine de Habsbourg-Lorraine épouse à Milan Marie-Béatrice Richarde d’Este-Modène.
Marie-Béatrice d’Este.
Ils fondent ainsi la branche d’Autriche-Este.
Ferdinand d’Autriche-Este et Béatrice d’Este.
Dès lors la tutelle de son beau-grand-père s’achève.
Âgé de dix-sept ans, Ferdinand quitte la cour de Vienne pour résider celle de Milan aux côtés de son épouse. Le couple vit une union harmonieuse.
Ferdinand, plutôt enclin à préférer la commodité, s’adonne à son penchant pour les beaux-arts et à ses passions. Marie-Thérèse ne perd aucune occasion, à travers ses nombreuses lettres, à réprimander son fils pour le rappeler à ses devoirs :
« Il faut tenir une cour. »
Marie-Thérèse à Ferdinand, le 19 décembre 1771
Marie-Béatrice, plus sage et plus intelligente que lui, se consacrera à la famille et à l’éducation des enfants.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, en grand habit de l’Ordre de Saint-Étienne, par Anton von Maron
En 1772
Leur premier né, Joseph-François meurt à la naissance.
Le 7 janvier 1773
Sa mère continue à l’exhorter à bien se tenir et à savoir vivre en public. « Nous gagnons :
à être connus. »
Marie-Thérèse à Ferdinand
Le 1er novembre 1773
Naissance de sa fille Marie-Thérèse (1773-1830) à Milan.
Le 10 mai 1774
Mort de Louis XV.
Le Dauphin devient Roi sous le nom de Louis XVI…
Marie-Antoinette (1775) par Gautier d’Agoty
…et sa sœur Marie-Antoinette, Reine de France !
En 1775
Naissance de leur fille Joséphine de Modène (1775-1777)
L’Archiduc Ferdinand et sa famille vers 1776
Le 10 décembre 1776
Naissance de leur fille Marie-Léopoldine de Modène (1776-1848)
L’Archiduc Ferdinand
L’éducation des enfants est surveillée et régie par la grand-mère depuis Vienne ; une grand-mère toujours fort soucieuse de leur développement et de leur santé. Il est intéressant de noter que Marie-Thérèse n’aura jamais vu personnellement les petits-enfants qui ne vivent pas à la cour de Vienne. Elle ne les connaît qu’à travers les portraits qu’elle commande, à partir desquels elle étudie et caractérise sa descendance.
Marie-Béatrice d’Este
En 1777
Décès de leur fille Joséphine de Modène (1775-1777)
Le 6 octobre 1779
Naissance de son fils François IV de Modène (1779-1846), qui épousera en 1812 sa nièce Marie-Béatrice de Sardaigne (1792-1840), fille de sa sœur aînée.
Le 22 février 1780
Le duc meurt et son fils, père de Marie-Béatrice, lui succède à Modène sous le nom d’Hercule III (1727-1803).
Marie-Béatrice d’Este
Le 29 novembre 1780
Mort de l’Impératrice Marie-Thérèse après une courte maladie.
Marie-Thérèse d’Autriche montrait sa bru, l’Archiduchesse Marie-Béatrice en exemple à ses filles.
Joseph II est désormais seul à la tête de l’Empire.
Le 25 avril 1781
Naissance de son fils, Ferdinand Charles Joseph Victor d’Autriche-Este (1781-1850).
Le 14 juillet 1782
Naissance de son fils Maximilien Joseph d’Autriche-Este (1782-1863) à Modène, prince de Modène, futur grand-maître de l’Ordre Teutonique, comme son oncle dont il porte le prénom.
En 1784
Naissance de leur fille Marie-Antoinette de Modène (1784-1786).
Le 2 novembre 1785
Naissance de leur fils Charles-Ambroise d’Autriche-Este (1785-1809), futur évêque de Vac en Hongrie puis archevêque d’Esztergom et primat de Hongrie.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, d’après Meytens
En 1786
Décès de leur fille Marie-Antoinette de Modène (1784-1786).
Du 11 mai au 17 juin 1786
Ferdinand et Marie-Béatrice visitent en famille Marie-Antoinette à Versailles. A la Cour comme à la ville, tous les yeux sont fixés sur Ferdinand et son épouse.
L’archiduc et l’archiduchesse de Milan ont extrêmement plu par leur affabilité charmante. Mais leur arrivée a encore répandu quelque froideur au milieu de la famille royale. Ils se sont dispensés des visites de prévenance pour les princes du sang. Monsieur et Madame ont résolu de ne point se trouver aux fêtes qui leur étaient destinées, et sont allés passer le temps au Luxembourg. M. le comte d’Artois est de son côté parti pour Cherbourg. L’archiduc et le prince de Condé se trouvèrent ensemble dimanche dans la chambre du Roi. Sa Majesté dit au premier :
-Connaissez-vous le prince de Condé?
L’archiduc répondit qu’il ne l’avait jamais vu.
-Eh bien, le voilà !…
Cette brusque apostrophe embarrassa l’archiduc, qui se vit forcé d’approcher M. le prince de Condé. Celui-ci l’attendit et le reçut avec dignité et froideur.
Le 18 mai 1786
Marie-Antoinette s’ennuie maintenant avec Son frère et sa femme, Elle les souhaite tous les deux dans le fond de l’Italie. Ils restent au moins trois semaines encore .
Le duc de Dorset à Georgiana de Devonshire
L’archiduc fait beaucoup de mécontents dans la famille des Bourbons, en suivant des conseils de hauteur qui l’isolent dans la société du duc de Penthièvre , de la princesse de Conti et de la duchesse d’Orléans.
Mesdames, tantes du Roi, sont étonnées de ce qu’après avoir accepté l’invitation d’un dîner chez elles, il leur a fait dire qu’il n’irait pas.
Leurs Altesses Royales partent pour Spa, où elles se rencontreront avec les sérénissimes gouverneurs des Pays-Bas.
Le 14 décembre 1787
Naissance de leur fille Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine-Este (1787-1816) à Monza en Lombardie, future épouse de son cousin l’Empereur François Ier d’Autriche (1768-1835).
En 1789
Le
L’archiduc Ferdinand marie sa fille Marie-Thérèse (1773-1832) à Victor-Emmanuel de Savoie, duc d’Aoste (1759-1824).
Victor-Emmanuel Ier de Sardaigne
Ce prince n’est pas a priori destiné à régner mais son frère aîné, héritier du trône de Sardaigne, n’a pas d’enfant de son mariage avec Clotilde de France (1759-1802), sœur de Louis XVI (1754-1793).
Marie-Thérèse, Archiduchesse d’Autriche-Este,
princesse de Modène, Reine de la Sardaigne-Piémont.
En France
Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux à l’hôtel des Menus Plaisirs à Versailles.
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Tableau de Jacques-Louis David
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.
Le 4 août 1789
Abolition des privilèges.
La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Le 5 octobre 1789
Des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.
La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.
La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.
Le 19 novembre 1789
Mort de sa sœur l’Archiduchesse Marie-Anne à Klagenfurt.
L’Archiduchesse Marie-Anne
En 1790
Le 20 février 1790
La mort à Vienne de Joseph II. Léopold II (1747-1792), son frère, devient empereur des Romains.
Portrait de Léopold II, vers 1790
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, vers 1790
En 1791
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale de France.
Le 21 juin 1791
Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.
Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Le Roi de France est suspendu.
Le 14 septembre 1791
Le Roi de France prête serment à la Constitution.
Le 1792
Le 1er mars 1792
Léopold II, le frère de Ferdinand, meurt.
Son neveu François II (1768-1835)est couronné Empereur le 19 juillet.
L’Empereur François II (1792)
Le 10 août 1792
Sac des Tuileries.
On craint pour la vie de Marie-Antoinette. Louis XVI décide alors de gagner l’Assemblée nationale.
En 1793
Le 21 janvier 1793
Exécution de Louis XVI
Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette, place de la Révolution .
Les nouvelles venant de France sont de plus en plus alarmantes et, comme tous les membres de leur famille, Ferdinand et Marie-Béatrice vivent comme un crime blasphématoire le procès et l’exécution de leur sœur et belle-sœur Marie-Antoinette.
En 1795
Ferdinand marie sa fille Marie-Léopoldine (1776-1848) à l’électeur Charles-Théodore de Bavière (1724-1799) , de 52 ans son aîné.
Marie-Léopoldine de Modène et Charles-Théodore de Bavière
C’est un mariage brillant pour une princesse issue d’une branche cadette mais qui fait scandale. Proche de sa fin, il veut absolument engendrer un héritier…
Marie-Léopoldine se vengera en refusant tout contact physique avec son mari, en le terrorisant et en prenant des amants. Veuve dès 1799, elle épousera morganatiquement en 1804 le comte Luigi d’Arco.
Le 19 décembre 1795
Madame Royale, l’Orpheline du Temple, est délivrée et envoyée dans sa famille maternelle à Vienne.
Madame Royale par Heinrich Friedrich Füger (après 1795)
En 1796
Chassé par les troupes de Bonaparte (1769-1821), le couple archiducal doit se réfugier à Venise puis Trieste avant de trouver refuge en Autriche auprès de leur neveu l’empereur François II du Saint-Empire . Ils doivent sérieusement restreindre leur train de vie princier. L’archiduchesse Marie-Béatrice ne pardonnera pas cette humiliation à « l’ogre corse ».
En 1803
Le beau-père de Ferdinand ayant dû également fuir ses États, il en a été dédommagé par le duché de Brisgau que la France a pris à l’empereur. Ferdinand succède à son beau-père mais n’y mettra jamais les pieds.
Ferdinand, Archiduc d’Autriche-Modène, vers 1805
En 1806
Son fils Charles-Ambroise d’Autriche-Este (1785-1809) est élu évêque de Vac en Hongrie.
Charles-Ambroise d’Autriche-Este
Le 24 décembre 1806
Ferdinand meurt à Vienne.
Il est inhumé dans la crypte des Capucins à Vienne.
Le Brisgau est donné par Napoléon au grand-duché de Bade, un allié plus sûr dont l’héritier épousa une fille adoptive de l’empereur des Français Stéphanie de Beauharnais (1789-1860).
Au cours d’une visite de condoléances qu’il rend à sa tante, Marie-Béatrice d’Este-Modène, l’Empereur François rencontre sa cousine, l’archiduchesse Marie-Louise (1787-1816) dont il apprécie le charme et la franchise.
L’Archiduchesse Marie-Louise, benjamine de Ferdinand
Veuf l’année suivante, il demande la main de la jeune fille, ce que l’Archiduchesse Marie-Béatrice s’empresse d’accepter.
La plus jeune fille de Ferdinand monta donc sur le trône de ses ancêtres, jolie revanche posthume pour un cadet qui n’avait guère fait parler de lui de son vivant.
En 1829
Son épouse, Marie-Béatrice d’Este, belle-mère de l’Empereur depuis 1808, survivra vingt-trois ans à Ferdinand. Morte le 14 novembre 1829 à Vienne, à l’âge de soixante-dix-neuf ans, elle sera inhumée dans la crypte des Capucins à ses côtés.
Sources :
_BADINTER, Elisabeth, Le pouvoir au féminin, Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), Paris, Flammarion, 2016, 800 p.
_BADINTER, Elisabeth, Les conflits d’une mère, Marie-Thérèse d’Autriche et ses enfants, Paris, Flammarion, 2020, 270 p.
_BLED, Jean-Paul, Marie-Thérèse d’Autriche, Paris, Fayard, 2001, 448 p.
_BOURBON-PARME, Isabelle, Je meurs d’amour pour toi, lettres à l’archiduchesse Marie-Christine 1760-1763, édition établie par Elisabeth Badinter, Paris, Tallandier, 2008, 206 p.