
Le 20 novembre 1752
Mariage de Charles-Claude, chevalier de Bissy (1723-1794), et d’Anne-Élisabeth-Marie-Marthe-Rose Brissard, fille du fermier général Jacques Brissart. Charles-Claude prend alors le titre de comte de Thiard.
Vers 1753
Naissance de Marie-Sylvie-Claudine de Thiard de Bissy, fille unique de Charles-Claude, comte de Thiard, et d’Anne-Élisabeth-Marie-Marthe-Rose Brissard.
Le 24 juin 1768
Mort de la Reine Marie Leszczynska (1703-1768).

En 1768
Marie-Sylvie n’a que quinze ans lorsqu’on pense à la marier à Jacques-Charles de Berwick, comte de Fitz-James (1743-1805), qui en a vingt-cinq.
La maison de Fitz-James, noble famille, originaire d’Angleterre, mais française à partir du maréchal de Berwick (1670-1737), a pour tige James Stuart, duc d’York, Roi d’Angleterre sous le nom de Jacques II d’Angleterre, dont le fils naturel, Berwick, fut le premier duc de Fitz-James.

Jacques-Charles fait partie de la jeunesse dorée qui participe aux soirées libertines du duc de Chartres données en sa petite maison.

Leur belle-sœur est la princesse de Lamballe qui sera assez proche de Marie-Sylvie…
Quand le duc de Chartres reçoit à souper ses compagnons de débauche, on illumine les serres, tous les salons, tous les appartements et les guirlandes de fleurs, entremêlées de lampions, forment feston d’arbre en arbre. Les invités masculins sont le prince de Guéménée, les ducs de Fronsac, Lauzun et Conflant, le marquis de Clermont, le comte de Coigny. Les invitées féminines sont de jeunes femmes belles et ardentes, principalement des danseuses de l’Opéra et des actrices de la Comédie Française. M. de Fitz-James s’est amouraché de Marie-Madeleine Dubois, fille de Louis Blouin dit Dubois, également comédien à la Comédie Française.

Entrée à la Comédie-Française en 1759 dans le rôle-titre de Didon de Lefranc de Pompignan, elle en devient la 147e sociétaire en 1761. Sa beauté vaut plus que son talent et ses aventures galantes sont innombrables. Fille de Louis Blouin, dit Dubois, également comédien.
On la dit une des plus jolies actrices de Paris, grande, bien faite, bien élevée par ses parents selon un rapport de police de 1759, sauf que le duc de Fronsac s’introduisait chaque matin chez elle, travesti en limonadier, pour lui apporter son chocolat.

Jacques-Charles de Fitz-James va jusqu’à lui faire un enfant, baptisé le 22 mai 1768 à qui il donne son nom, Jacques-Charles-Aimé Fitz-James (sans particule…), en plus d’une rente et en 1787, d’une charge d’archer garde de la connétablie. Ce dernier préfère s’installer limonadier dans une galerie du Palais-Royal. La famille du marquis juge qu’il est temps de le marier, l’occasion rêvée pour le duc de Chartres d’organiser un souper appelé le souper des veuves à sa petite maison avec dans l’assistance, les maîtresses de ce prince et de différents seigneurs mariés ou sur le point de se marier.

Les hôtes du duc de Chartres accèdent au jardin par la rue de Chartres-du-Roule (actuelle rue de Courcelles), puis rejoignent le pavillon principal du parc Monceau, dont les ailes en étoile s’étendent vers de premiers décors : les tentes turques, le bois régulier sillonné d’allées et de cabinets de verdure et le jeu de bague chinois, plus au nord ; les écuries et la basse-cour, le long de la rue de Chartres ; le cadran solaire et l’Île aux moutons, plus à l’est. Au-delà du pavillon principal et de ses environs immédiats, d’étroits chemins et cours d’eau menaient les promeneurs vers d’autres décors fabuleux.
Fin 1768
« Tout est tendu de noir. Les femmes sont en habit de deuil, les hommes de même. Les flambeaux de l’Amour s’éteignent et se trouvent remplacés par les flambeaux de l’Hymen. Ces deux dieux sont dans une rivalité continuelle à cette fête : en un mot tout y caractérise le tombeau des plaisirs et l’empire de la raison.»
Le duc de Chartres
Fin décembre 1768
Huit jours avant son mariage, le duc de Fitz-James dit au prince :
« Monseigneur, je veux être honnête homme ; je veux bien vivre avec ma femme ; je quitte ma petite maison, et je renonce aux filles. — Cela est fort bien fait, mon cher Fitz-James, lui répondit le prince, mais les noces ne sont que dans huit jours. Il faut que tu viennes après-demain souper à ma petite maison avec moi, pour y faire tes adieux à nos coquines. — Cela est juste, répartit M. de Fitz-James, j’aurai l’honneur de m’y rendre. Le jour marqué, il part effectivement après l’opéra. Il est reçu d’abord par un valet de chambre en pleureuse. Il monte, il trouve l’antichambre tendue de noir, la chambre en noir, et trois demoiselles en crêpe et dans le plus grand deuil des veuves. Pour consoler ces pauvres affligées, ces messieurs firent un souper très gaillard, qu’ils poussèrent bien avant dans la nuit. »
Le 26 décembre 1768
Jacques-Charles de Berwick, comte de Fitz-James (1743-1805), épouse Marie-Sylvie de Thiard de Bissy (vers 1752-1812). Elle devient la belle-sœur de Laure-Auguste de Fitz-James (1744-1814), devenue princesse de Chimay par son mariage en 1762.

Le 5 avril 1769
Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres,
Le 11 janvier 1770
Naissance de sa fille Henriette-Victoire de Fitz-James (1770-1809), future marquise de La Tour Landry.
Le 16 mai 1770
Le Dauphin Louis-Auguste (1754-1793), épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche (1755-1793).



Laure-Auguste de Chimay, sa belle-sœur, remplit le même office qu’auprès de la défunte Reine, auprès de la nouvelle Dauphine.

En 1773
Naissance de son fils, Charles-Jean de Fitz-James

Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers quatre heures de l’après-midi.
Il avait soixante-quatre ans.

Le 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.

Le 10 janvier 1776
Naissance de son dernier fils, Edouard de Fitz-James (1776-1838), à Versailles.
Le ménage Fitz-James ne vit pas dans la meilleure harmonie. Son mari la trompe à tours de bras. Elle va se consoler de ses infidélités conjugales dans les bras d’un jeune homme rencontré dans la cathédrale de Reims lors du sacre de Louis XVI. Qui est le jeune amant ? Forcé à être ecclésiastique, il sort du séminaire Saint-Sulpice. C’est le futur Talleyrand (1754-1838). Dans ses Mémoires, il écrira :
« C’est du sacre de Louis XVI que datent mes liaisons avec plusieurs femmes que leurs avantages dans des genres différents rendaient remarquables et dont l’amitié n’a pas cessé un moment de jeter du charme sur ma vie. »
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord

Madame de Fitz-James le partage avec ses amies, la duchesse de Luynes et la vicomtesse de Laval.
En 1777
À Paris, les Fitz-James acquièrent l’hôtel de Saint-Florentin moyennant 500 000 livres.


Le 25 août 1778

Il revient à la Cour de France. La Reine, qui ne l’a pas oublié, en le voyant dit « C’est une vieille connaissance ! » et toute la Cour note qu’elle traite avec une attention particulière le jeune homme.

Le 15 novembre 1778
Dans une lettre à son père, Fersen parle de Marie-Antoinette.
« La Reine, qui est la plus jolie et la plus aimable princesse que je connaisse, a eu la bonté de s’informer souvent de moi ; elle a demandé à Creutz pourquoi je ne venais pas à son jeu les dimanches, et ayant appris que j’y étais venu un jour, qu’il n’en avait pas, elle m’en a fait une espèce d’excuse. Sa grossesse avance et elle est très-visible. »
L’intérêt visant Fersen est dirigé vers son pays et sa famille :
« Tout le monde me reçoit si bien ici et on me parle tant de vous, mon cher Père, qu’il me semble que c’est une seconde patrie, ceux mêmes qui ne vous ont pas connu, se font honneur de parler de vous et disent du moins qu’ils vous ont vus, il n’y a pas jusqu’à la Reine qui ne me fasse politesse et qui ne m’ait parlé de vous.»
Axel de Fersen à son père

Le 24 décembre 1778
Fersen est est invité au réveillon donné pour la Reine chez Madame de Lamballe. Il passe plusieurs jours à Versailles avant d’aller à Paris.
« L’habit suédois… jugé au point de vue du bon goût n’est en aucune façon inférieur à l’habit français. Le français qui croit posséder un goût raffiné, le reconnaît volontiers et tout Versailles ne parle que d’un comte Fersen qui est venu à la cour portant l’habit national suédois que la Reine, d’après ce qu’on m’a dit, a examiné très soigneusement »
Un jeune Suédois, plus tard le célèbre archevêque Lindblom à un ami en Suède
Au cours de l’hiver 1779
Axel de Fersen devient un familier de Marie-Antoinette.
Le 20 janvier 1780
Fersen est nommé colonel attaché à l’infanterie allemande.
Il s’engage pour la Guerre d’Indépendance en Amérique.
Madame de Fitz-James lui demande alors :
« Quoi! Monsieur, sous abandonnez ainsi votre conquête?
_Si j’en avais fait une, je ne l’abandonnerais pas, répond Axel, je pars libre et malheureusement sans laisser de regret.»
Le 23 mars 1780
Fersen quitte Versailles pour Brest où il embarque sur le Jason pour l’Amérique. Il participera à la guerre d’Indépendance américaine sous les ordres du comte de Rochambeau.
En février 1781
Marie-Sylvie est nommée dame du palais de Marie-Antoinette. Dans une lettre du 16 février 1781, adressée à Amelot de Chaillou, secrétaire d’État de la Maison du Roi, Louis XVI indique :
« Je vous prie, Monsieur, d’écrire à madame la duchesse de Fitz-James, que j’ai nommée à la place de dame du palais, que je recevrai après-demain ses remerciements ».
Louis XVI
Les dames du palais sont, dans la maison de la Reine, des dames de qualité chargées d’accompagner la Reine. Les offices de dame du palais ont été mis en place en 1674, pour remplacer les demoiselles d’honneur, jeunes filles non mariées placées auprès de la Reine, à l’instar des duègnes espagnoles. La dame du Palais occupe le troisième rang après la dame d’atours à la Cour de France.
La vie de Marie-Sylvie devient donc, dès lors, intimement liée aux habitudes de Marie-Antoinette.
Le 18 février 1781
Le Registre des premiers gentilshommes de la Chambre confirme que « Madame la duchesse de Fitz-James a eu l’honneur de faire ses remerciements au Roi pour la place de dame du palais » (Archives nationales, O(1) 824, fol. 16.v). Marie-Sylvie de Fitz-James restera en place jusqu’en 1789.

Elle mène avec son mari la vie fastueuse des aristocrates bien en Cour. À la campagne, ils possèdent deux châteaux, celui de Fitz-James dans l’Oise et celui de Maillebois dans l’Eure-et-Loir. La vie est légère. C’est l’époque où Jacques-Charles expérimente son ballon à hydrogène qui s’envole du Champ de Mars et parcourt 16 km jusqu’à Gonesse, où le duc de Fitz-James et le duc de Chartres dressent le procès-verbal de son arrivée. Cependant les dettes s’accumulent et atteignent un montant de 600 000 livres si bien que l’hôtel de Saint-Florentin doit être vendu à la duchesse de l’Infantado. Le couple part habiter au château du Louvre.

Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François premier Dauphin


Le 24 octobre 1782
Selon l’idée du baron de Besenval, la Reine donne à Madame de Polignac la place de Gouvernante des Enfants de France en remplacement de Madame de Guéménée, victime de la faillite de son mari ( d’un passif de trente-trois millions de livres).


Le 1er décembre 1783

Le 23 août 1784
Sa fille, Henriette Victoire de Fitz-James, épouse Charles François Armand de Maillé-de La Tour-Landry, 2nd duc de Maillé (1770-1837).
Le 27 mars 1785
A sept heures et demi du matin, naissance de Louis-Charles, duc de Normandie, Dauphin en 1789 et déclaré Roi de France en 1793 par les princes émigrés sous le nom de Louis XVII.

Le 15 août 1785
Alors que le cardinal de Rohan — qui est grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du Roi en présence de la Reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi, Breteuil.
Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « Reine ». Le Roi réagit :
« Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».
La Reine ajoute :
« Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».
Le cardinal tente de s’expliquer.

Lana Marconi est la Reine dans Si Versailles m’était conté de Sacha Guitry (1953)
« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté», lui dit le Roi.
Le 18 novembre 1785
Devenu duc d’Orléans à la mort de son père, le duc de Chartres offre au Palais-Royal — « l’anti-Versailles » — un centre et un point de ralliement aux ennemis de la Cour, ses relations avec la famille royale étant devenues très tendues depuis l’affaire d’Ouessant. Si le Roi Louis XVI n’a jamais vraiment apprécié son lointain cousin, en revanche Marie-Antoinette avait entretenu des relations cordiales avec le jeune duc de Chartres. Désormais, le ressentiment est grand entre les deux personnalités.

Le 9 juillet 1786
Marie-Antoinette met au monde Son dernier enfant, une petite fille qui reçoit les prénoms de Marie-Sophie-Hélène-Béatrix, couramment appelée Sophie-Béatrix ou la Petite Madame Sophie.

Le 22 mars 1787
Décès de son beau-père, Charles de Fitz-James (1712-1787), en son hôtel parisien. Il fut un grand militaire français.

Jacques-Charles, devient le cinquième duc de Fitz-James. Tout ce qu’il est et tout ce qu’il a, il le tient de ses aïeux : les titres, les charges, les terres et la fortune.
Marie-Sylvie devient ainsi duchesse de Fitz-James, nom sous lequel on la connaît.

Le 18 juin 1787
La mort de la petite Madame Sophie avant son premier anniversaire, éprouve la Reine qui s’inquiète aussi pour la santé de Son fils aîné.

En 1788
Sa fille, Henriette Victoire de La Tour Landry, devient à son tour dame du palais de la Reine, charge qu’elle exercera jusqu’en 1792.
Le 17 juillet 1788
Un deuxième fils illégitime de son mari naît d’une liaison avec Anne Bibiane Beauvaland, Charles-Jacques-Aimé, qui fera honneur à son nom en embrassant une brillante carrière militaire sous Napoléon.
Début 1789
Lors de l’élection des députés aux Etats généraux qui auront lieu en mai 1789, son père, Henri Thiard de Bissy doit affronter des combats de rues à Rennes, et n’arrête l’effusion de sang qu’au péril de sa vie. L’intendant du Roi, Bertrand de Molleville, et lui-même, sont lapidés par la foule et contraints de se réfugier au palais du gouverneur. Thiard est récompensé par le cordon bleu de l’Ordre du Saint-Esprit.
Le 5 mai 1789
Ouverture de la réunion des Etats généraux à Versailles dans la salle des Menus-Plaisirs.

Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.

Le 5 octobre 1789
Des milliers de parisiennes marchent sur Versailles pour réclamer du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

La famille royale est ramenée de force à Paris et s’installe aux Tuileries.

De 1789 à 1792

Le château familial de Fitz-James sert de dépôt au 25e régiment de cavalerie. L’année suivante, il sera occupé par les réquisitionnaires des environs pour être finalement saccagé par un régiment de bas-bretons. Il a alors été acquis en bien national par le citoyen Boutron de Versailles qui le démolira avant de le revendre. Le nouveau château, construit par Edouard de Fitz-James sur la colline à cent mètres de distance de l’ancien manoir, sera vendu en 1833 à Chrestien de Beaumini, ancien maire de Clermont-de-l’Oise.

Le 6 mars 1790
Alors que le couple est séparé de biens, le duc de Fitz-James cède toute sa fortune à sa femme: mobilier, duché de Fitz-James, domaine de Maillebois, rentes.
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération.

Marie-Sylvie est-elle dans l’assemblée des courtisans qui entourent le Roi et la Reine pour écouter la messe prononcée par son ancien amant, Talleyrand ?
Il célèbre la messe devant trois cent mille personnes, même s’il est peu familier de l’exercice … ; montant sur l’estrade supportant l’autel, il aurait dit à La Fayette (1757-1834) :
« Par pitié, ne me faites pas rire ».

En décembre 1790
Marie-Sylvie, encouragée par la Reine, prend la route de l’exil et trouve refuge à Parme.

Son projet initial était de rejoindre à Rome le cardinal d’York (1725-1807), cousin éloigné de son mari. Le duc, fidèle au Roi, part rejoindre l’armée des Princes, de l’autre côté du Rhin.

En tant qu’abbé d’Anchin, on s’adresse à lui comme à « Sa Majesté le roi de Grande-Bretagne » à la veille de la révolution…
Le 1er janvier 1791
Le duc de Fitz-James est bien amer du fait que l’ordonnance de l’Assemblée nationale du 1er janvier 1791 renomme non seulement son régiment irlandais de Berwick, 88e régiment d’infanterie, mais lui en ôte la propriété. Par un singulier concours de circonstances, le régiment a changé de cantonnement en 1791 et se retrouve à Landau, la partie allemande des États du cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg. Landau est situé en plein Pays de Bade, non loin de Coblence.
En 1791
Les Chimay s’exilent pour Bruxelles, Maastricht puis Erfurt.
Le 20 juin 1791
La famille royale s’enfuit des Tuileries dans le but de gagner la forteresse de Montmédy. Mais elle est arrêtée à Varennes et ramenée à Paris le 25 juin.
Le 15 juillet 1791
Monsieur de Fitz-James après avoir informé les princes de son arrivée, par l’intermédiaire du lieutenant-colonel, comte de O’ Mahony prend la route de la frontière.
Le 30 juillet 1791
De retour de Varennes, Marie-Antoinette lui adresse la dernière lettre que Marie-Sylvie recevra d’Elle :

En 1792
Élu à la Convention nationale par le département de la Seine, Philippe d’Orléans siège toujours avec les cordeliers, au milieu de la Montagne, sous le nom de « Philippe Égalité ». On imagine la déception du duc de Fitz-James qui fut son compagnon de jeunesse dorée …

Le 10 août 1792
Resté fidèle au Roi, son père, Henri de Thiard, est blessé lors de la prise des Tuileries par les émeutiers.


Le Roi est suspendu de ses fonctions.
Le 13 août 1792
La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles: quatre pièces du couvent seulement leur étaient dédiées… pendant trois jours.

Le 3 septembre 1792
Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Le 21 janvier 1793
Exécution de Louis XVI

Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette

Le 20 octobre 1793
C’est dans les bras de madame de Fitz-James, à Bruxelles, que Fersen se console en apprenant la mort de Marie-Antoinette.

Le 6 novembre 1793
Le duc d’Orléans, le compagnon de jeunesse du duc de Fitz-James est guillotiné.

Le 26 juillet 1794
Son père, Henri de Thiard de Bissy (né en 1723), est guillotiné. C’est la veille de la chute de Robespierre.
Henri de Thiard cultivera avec succès les lettres et la poésie et laisse des œuvres publiées de manière posthume en 1799.
Le duc de Fitz-James qui a rejoint la Hollande a un premier contact avec les forces anglaises. Il le doit au Comte O’ Mahonny à qui William Pitt (1759-1806) a offert une place dans l’armée britannique tout en lui donnant la tâche de former une nouvelle brigade the Irish composée essentiellement des anciens officiers des régiments irlandais et constituée de six bataillons, avec à leur tête, les six colonels des anciennes brigades irlandaises.
En janvier 1795
Les Fitz-James quittent la Hollande pour l’Angleterre avant qu’elle ne soit conquise par les armées de Pichegru. Désormais, ils serviront le Roi Georges III (1738-1760-1820) et chacun doit trouver le plus grand nombre possible de recrues pour alimenter sa brigade : Fitz-James à Dublin, Walsh à Limerick et Dillon à Athlone. Si le nombre de recrues est insuffisant, le nombre de bataillons sera réduit ainsi que le traitement. La perspective de la demi-solde de 150 livres désespère le duc de Fitz-James qui est entouré de sa femme et de sa nombreuse famille. Leur fils aîné, Charles-Jean, inscrit comme cadet-gentilhomme dans le régiment de Berwick entre 1789 et 1791 ne figure plus sur la liste des officiers de la brigade irlandaise de Pitt (1795-1797) contrairement à son jeune frère enregistré parmi les lieutenants sous son nom anglais Edward.
La vie s’organise à Londres.
Le comte d’Haussonville (1770-1846) rend visite aux Fitz-James, Harcourt, Beauveau, Vérac et Mortemart, tous regroupés autour de Staines près de Windsor. Il dresse un portrait de cette noblesse française, tombée de si haut, réduite si bas, qui essaie vaille que vaille de subvenir à ses besoins en donnant des leçons ou en vendant des travaux d’aiguille, sans abandonner la vie de distraction à laquelle elle était habituée.
« On donnait des dîners où chacun devait apporter son plat ; on convenait le soir d’aller prendre le thé alternativement les uns chez les autres. Dans certains cercles, il était entendu que chacun devait fournir son sucre : c’était une galanterie qu’on faisait à la maîtresse de maison de tirer une bougie de sa poche et de la poser allumée sur la cheminée. Il y avait dans tout cela un peu d’affectation, mais aussi quelque sérieux. Ce qui était parfaitement vrai, c’était le besoin de vivre en commun, de se soutenir les uns les autres, de parler ensemble de cette redoutable Révolution qu’on avait si fort dédaignée et les dangers qu’elle faisait alors courir à des êtres bien chers dont on ne recevait pas de nouvelles. »
Charles-Louis, comte d’Haussonville
En 1797
Son fils Edouard épouse Elisabeth Le Vassor de La Touche (1775-1816), fille d’Alexandre Le Vassor de La Touche (1744-1779), qui fut lieutenant des vaisseaux du Roi, dans la Garde marine au département de Brest en 1772.
Entre 1797 et 1800
Le comte d’Haussonville qui a reçu de bonnes nouvelles de sa famille entreprend un voyage en Écosse avec Messieurs de Vérac, d’Aramon et de Fitz-James. Edouard est du voyage et découvre en parcourant les montagnes d’Écosse combien le nom des Stuart est encore cher au cœur des écossais.
« Ce voyage se fit dans un petit gig à quatre roues. Le cheval appartenait à M. d’Aramon et la voiture à M. de Fitz-James. L’équipage n’avait pas trop mauvaise tournure. Ces messieurs étaient convenus qu’au besoin ils panseraient eux-mêmes le cheval et feraient tour à tour, s’il le fallait, le métier de domestique. Il était de plus arrêté qu’on le prendrait de très haut avec celui qui se trouverait faire occasionnellement le service des autres et sa consigne était de faire le mystérieux sur la condition de ses maîtres. De là, mille incidents qui divertirent beaucoup les jeunes voyageurs. Un jour, mon père et M. de Fitz-James, après avoir visité la ville d’Oxford et le parc de Blenheim, envoyèrent M. d’Aramon, dont c’était le tour de jouer les valets, demander pour ses maîtres la permission de visiter l’intérieur du château. À peine introduits, ces messieurs furent rejoints par une dame que le majordome leur dit avoir été autorisée à visiter comme eux les appartements. C’était la duchesse de Marlborough, curieuse de voir par elle-même quel effet les magnificences de son habitation allaient produire sur de pauvres émigrés. Le duc de Fitz-James et mon père la reconnurent parfaitement pour l’avoir maintes fois rencontrée dans les salons de Londres, mais ils se gardèrent bien d’en rien laisser voir. Afin de mieux les dérouter, la duchesse affectait de tout critiquer, de trouver les ameublements de mauvais goût et les tableaux médiocres. M. de Fitz-James et mon père évitaient de répondre, ils admiraient à qui mieux mieux tout ce que la duchesse se plaisait à dénigrer. »
En 1801
La duchesse de Fitz-James, de retour à Paris, demande à être rayée de la liste des émigrés et jure fidélité à la constitution, ce qui lui donne le droit de rentrer en possession des biens qui n’ont pas été vendus, comme le château de Maillebois.

Cette élimination de la liste des émigrés, dit-elle, dans une lettre au citoyen préfet d’Eure-et-Loir « ne lui rendra que quelques débris à peine suffisants pour empêcher ses enfants de mourir de faim ». Elle se dit « absolument ruinée par une longue et cruelle absence » confirmant les dires de son fils Edouard qui assure fièrement avoir « perdu toute sa fortune à faire son devoir ».

En mars 1802
La paix d’Amiens est signée et le Consulat accorde l’amnistie générale aux émigrés.
Le 11 août 1805
Décès de son époux, Jacques-Charles de Fitz-James, à Paris.
Le 26 juillet 1809
Décès de sa fille Henriette-Victoire de La Tour-Landry.
Le 10 juin 1812
Décès de Marie-Sylvie de Fitz-James.