
Le 13 mars 1753
Naissance, à Paris à l’Hôtel de Toulouse, de Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon, dite « Mademoiselle d’Ivry » puis « Mademoiselle de Penthièvre », qui sera duchesse de Chartres (1769-1785) puis duchesse d’Orléans (1785-1821).
Louise Marie-Adélaïde est la fille de Louis-Jean-Marie de Bourbon (1725-1793), duc de Penthièvre, et de Marie-Thérèse-Félicité d’Este (1726-1754).
Louis–Jean, duc de Penthièvre et Marie-Thérèse-Félicité d’Este
Le 30 avril 1754
Mort de sa mère, Marie-Thérèse-Félicité d’Este, en couches.

Le duc et de la duchesse de Penthièvre formèrent, pendant les dix ans de leur mariage, un couple harmonieux: ils sont aussi doux, pieux et charitables l’un que l’autre.
Le duc de Penthièvre qui a toujours été fidèle à son épouse, ne se remaria pas.
Marie-Adélaïde est alors confiée dès l’âge de quatre ans aux bénédictines de l’abbaye royale de Montmartre. La jeune fille sera toute sa vie douce et pieuse, légèrement naïve.
Le 31 janvier 1767
Mariage de son frère, le prince de Lamballe (1747-1768) avec Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan (1749-1792), la future amie de Marie-Antoinette.

La princesse de Lamballe par Pierre Delorme,
conservé au château d’Eu
Le mariage n’a pas le résultat escompté : la jeune princesse, sincère, discrète et émotive n’a pas les qualités propres à retenir un époux et le prince ne tarde pas à multiplier les infidélités, notamment avec une comédienne. Menant une vie dissolue et dépensant beaucoup, il doit vendre les diamants de son épouse pour éponger ses dettes…

Le duc de Penthièvre, le prince et la princesse de Lamballe et Marie-Adélaïde, debout

La famille du duc de Penthièvre par Jean-Baptiste Charpentier le Vieux (1767) : le prince de Lamballe;
Marie Victoire de Noailles; la princesse de Lamballe; Marie Adélaïde de Bourbon; le duc de Penthièvre
Le 6 mai 1768
Décès de son frère, Louis-Alexandre-Joseph-Stanislas, prince de Lamballe, d’une maladie vénérienne, au château de Rambouillet.

Son frère, Louis-Alexandre-Joseph-Stanislas de Bourbon, prince de Lamballe
Selon ses volontés, il est inhumé sans cérémonie à Rambouillet.

Le duc de Penthièvre et sa fille par Jean-Baptiste Charpentier
Cette disparition fait de Marie-Adélaïde la dernière descendante du comte de Toulouse (1678-1737), bâtard légitimé de Louis XIV (1638-1715) et Madame de Montespan (1640-1707).

Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre par Carmontelle (1770)
Cette richesse ne laisse pas indifférent Louis-Philippe d’Orléans , duc de Chartres (1747-1793). Fils aîné du duc d’Orléans, âgé de vingt ans, il est chef de la branche cadette de la famille royale. C’est un cousin éloigné de Marie-Adélaïde, issue d’une branche illégitime, c’est ancien compagnon de débauche du frère de Marie-Adélaïde, le prince de Lamballe. Pour Chartres, ce mariage est une mésalliance. Au mépris des convenances, il ne craint pourtant pas de la demander en mariage. Le duc de Penthièvre accepte cet honneur qui fait de sa fille une princesse de sang.

Le 5 avril 1769
Marie-Adélaïde épouse Louis-Philippe d’Orléans, duc de Chartres, fils de Louis-Philippe, duc d’Orléans, dit « le Gros » (1725-1785), et de Louise-Henriette de Bourbon (1726-1759), à Versailles.


Louis-Philippe d’Orléans, dit « le Gros »

Louis Philippe, duc de Chartres, par Reynolds

Le duc et la duchesse de Chartres par Gautier-Dagoty
Le mariage de mademoiselle de Penthièvre, tout brillant qu’il fut, s’est accompli malgré la volonté de son père. Certes, le parti était de haute importance; le premier prince du sang faisait en effet grand honneur à la fille d’une race bâtarde en lui donnant son nom. M. le duc de Penthièvre n’enviait pas tant de gloire. Le caractère de M. le duc de Chartres ne lui convenait pas.
Mémoires de la baronne d’Oberkirch




Lorsque Penthièvre cède, il reçoit de Louis XV ce conseil :
— Vous avez tort, mon cousin, le duc de Chartres a un mauvais caractère, de mauvaises habitudes; c’est un libertin, votre fille ne sera pas heureuse. Ne vous pressez pas, attendez.
Le couple aura six enfants , dont Louis-Philippe ( 1773-1850), duc de Chartres, puis duc d’Orléans et Roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier.
Le 16 mai 1770
Le Dauphin Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette.

A une heure de l’après midi
Le cortège de la famille royale part du Cabinet du Roi, précède par le marquis de Dreux Brézé, grand maitre des cérémonies et d’un aide des Cérémonies.
Les époux apparaissent et vont devant se donnant la main, escortés d’un page du Roi portant le bas de robe de la Dauphine et de Madame de Noailles, suivant la nouvelle princesse.

Puis marchent les princes du sang entourés de leurs services d’officiers et de gentilshommes, les frères du Roi, le Roi seul, suivi de Madame Clotilde, de Mesdames , des princesses du sang et de soixante-dix dames de la Cour en grand habit.

Le coup d’œil est extraordinaire.
Ce sont les plus somptueuses toilettes qu’on porte depuis longtemps et telles qu’on n’en a pas vues porter aux récents mariages de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Chartres. Tous les yeux et pensées vont à la mariée qui est éblouissante de grâces et fort souriante. A la chapelle, les suisses forment la haie, frappent leurs tambours et soufflent dans leurs fifres pour annoncer l’entrée du Roi.

Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.



Les mariés sont décrits comme gauches et timides.

La messe dite
Le curé de la paroisse de la Cour, Notre-Dame de Versailles apporte selon l’usage ce jour, le registre à la chapelle royale. Louis XV signe le premier l’acte de mariage. Après le Dauphin et la Dauphine, signent, dans l’ordre protocolaire, les frères du marié, sa sœur, ses tantes et enfin les deux premiers princes du sang.
Au moment de signer l’acte de mariage
La nouvelle Dauphine commet une maladresse restée célèbre…

La petite histoire et le registre conservé nous indique que la nouvelle Dauphine, probablement émue et tremblante, a laissé un pâté sur Sa signature :

Ensuite tandis que le grand aumônier de France et l’humble curé de la paroisse apposent leur signature, le cortège se reforme : le Dauphin passant à son rang immédiatement avant le Roi, la Dauphine, venant la première derrière eux.
Le cortège se reforme et traverse à nouveau le Grand appartement où se pressent cinq mille personnes.
Des murmures d’admiration saluent le passage des jeunes mariés.
L’opéra royal, œuvre d’Ange-Jacques Gabriel, est alors inauguré.

Un lieu doit être trouvé pour célébrer les festivités. Assisté du machiniste Blaise-Henri Arnoult, Gabriel met la touche finale aux plans de l’Opéra Royal. Celui-ci est achevé en deux ans au terme d’un chantier pharaonique sur lequel travaillent nuit et jour des centaines d’ouvriers.

Arnoult le conçoit de manière à accueillir soit des spectacles soit des festivités. Lors des grandes réceptions, le plancher de la salle est rehaussé au niveau de la scène par des crics toujours en place, formant un gigantesque plateau d’environ 50m sur 20m. En revanche, dans la configuration spectacles, l’Opéra Royal accueille jusqu’à 1336 spectateurs. Une machinerie répartie sur 35 mètres de hauteur permet d’effectuer des changements de décors spectaculaires à la vue du public. La salle, entièrement exécutée en bois, dispose en outre d’une acoustique exceptionnelle.

L’aménagement intérieur combine innovation et classicisme.
Le 16 mai 1770, la salle est inaugurée lors du festin de mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.
Le grand festin du mariage dans l’opéra royal

Lors du repas
Le Roi recommande à son petit-fils de ne pas trop se gaver pour la nuit qui l’attend, il reçoit cette répartie qui en dit plus long que le Dauphin l’imaginait :
« Pourquoi? je dors toujours mieux quand j’ai bien mangé….»
Après le festin a lieu le cérémonial du coucher du nouveau couple delphinal.

L’assistance assiste au coucher des époux.
Les jeunes mariés sont conduits dans la chambre nuptiale, celle de Marie-Antoinette. La couche est bénie par l’archevêque de Reims. Le Roi passe sa chemise de nuit au Dauphin et la duchesse de Chartres à la Dauphine. Ils vont au lit en présence de toute la Cour afin de montrer qu’ils partagent bien le même lit.
Le mariage ne sera pas consommé cette nuit-là…
Le 10 octobre 1771
Naissance de la première fille de Marie-Adélaïde, morte née.
Le mariage des Chartres s’avère très tôt malheureux. Le duc prend rapidement pour maîtresse la comtesse de Genlis (1746-1830), dame d’honneur de sa femme, qu’il nomme préceptrice de leurs enfants. Pendant vingt ans, Marie-Adélaïde supporte avec naïveté puis résignation les frasques de son mari. Elle souffre également de l’influence de Madame de Genlis sur ses enfants, qui adopteront une attitude révolutionnaire heurtant ses convictions royalistes parce qu’elle œuvrera à séparer les enfants de leur mère.

Caroline-Stéphanie-Félicitée du Crest de Saint-Aubin,
comtesse puis marquise de Genlis
Le jardin de Monceau :
La «folie» du duc de Chartres

( texte et illustrations de Christoph Duarte ; Versailles – passion )
Entre 1769 et 1773, le duc de Chartres fait construire par Colignon la folie de Chartres, pavillon octogonal à deux étages entouré d’un jardin à la française construit sur un terrain d’un hectare à «Mousseau» (aujourd’hui parc Monceau). Par la suite, le rez-de-chaussée sera complété par quatre galeries en étoile.

Entre 1773 et 1779, afin de rivaliser avec les jardins Bagatelle, d’Ermenonville et le désert de Retz voire les derniers aménagements de Versailles, le duc décide de faire réaliser sur ces vingt hectares un jardin de style anglo-chinois plus vaste et demande à Carmontelle, ordonnateur de ses fêtes, de concevoir un «pays d’illusions» avec des fabriques de jardins : ferme suisse, moulins hollandais, pagode, pyramide, ruines féodales, temple romain disséminés le long de sentiers accidentés, de bouquets d’arbres et d’îles.

Une rivière est creusée, alimentant un grand bassin destiné à des représentations de combats navals, et des grottes sont érigées pour abriter jeux ou collations.

Enfin, entre 1781 et jusqu’à la mort du duc en 1793, l’aménagement des nouveaux terrains acquis au nord et à l’est, ainsi que les modifications du parc (réfection des allées, agrandissement des serres chaudes, plantation d’arbres) sont confiés à Thomas Blaikie dans l’objectif d’en faire un jardin à l’anglaise.

En 1787, une partie du jardin est amputée afin de permettre à Ledoux de construire «un bureau d’observation sur la plaine» dite barrière de Chartres (rotonde), pavillon d’octroi entouré d’un péristyle de seize colonnes, dans le cadre de la construction des barrières de murs des Fermiers Généraux.


Son rez-de-chaussée et son premier étage étaient occupés par les bureaux de la Ferme générale, tandis que le duc disposait de la terrasse supérieure pour jouir de la vue sur son jardin. Les colonnes à fût lisse et le dôme supérieur seront modifiés en 1861.

Sous la révolution, le jardin est confisqué et devient en 1793 bien national. Après la Révolution, le parc en piteux état est restitué à la famille d’Orléans. Entre 1802 et 1806, la folie est démolie et un autre pavillon construit à sa place, des travaux et un plan plus resserré mis en œuvre. Les Orléans vendent, puis rachètent en 1819.


En 1860, le percement du boulevard Malesherbes permet à l’État d’exproprier le jardin réduit à 18 hectares et quelques ares. La Ville de Paris ne conserva que 86 000 m² sur les 184 000 m².

Une partie des anciennes fabriques est conservée et associée à de nouveaux éléments : la rivière et son pont, la cascade et la grotte.

Le 6 octobre 1773
Naissance de son fils Louis-Philippe (1773-1850), duc de Chartres, puis duc d’Orléans et roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier .
Le 8 décembre 1773
Marie-Adélaïde est présentée à la Cour.

Pendant, qu’elle salue et s’incline devant le Roi, Louis XV (1710-1774) puis le Dauphin Louis-Auguste (1754-1793), personne n’ignore que la jeune fille est la plus riche héritière du royaume.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers quatre heures de l’après-midi. Il avait 64 ans.

Louis XV (1774) par Armand-Vincent Monpetit
Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.
En juillet 1774

Madame de Chartres et la princesse de Lamballe avaient décidé de dîner seules, à Vanves, chez la duchesse de Bourbon. Le duc de Chartres insista en vain pour les accompagner et finit par s’incliner devant leur volonté. Alors que les trois princesses allaient dîner, on vint les prévenir qu’un montreur d’animaux désirait leur faire voir un ours et un tigre parfaitement apprivoisés. Cette distraction imprévue piqua leur curiosité, et on introduisit les bêtes dans le parc. Les animaux ont commencé par des gentillesses qui les ont fait rire, puis, tout à coup, ils sont devenus méchants, ont brisé leurs chaînes et sont entrés au château. On avertit bientôt les princesses épouvantées qu’ils mangeaient tout ce qui se trouvait préparé pour le repas. Finalement, après beaucoup de singeries, l’ours et le tigre se démasquèrent ; c’étaient le duc de Chartres et le duc de Fitz-James… Voilà le genre de facéties auxquelles on ne se livrera jamais dans ce pays-ci.
Mémoires secrets de Bachaumont
Marie-Adélaïde de Bourbon est l’une des premières protectrices de la peintre Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842). Elle est aussi cliente de la marchande de Mode Mademoiselle Bertin….

Marie-Adélaïde de Bourbon
Marie-Adélaïde continue de mener une vie sage au Palais Royal, à Paris, fréquentant sa belle-sœur, Madame de Lamballe. Avec elle et son mari, elle entre dans la franc-maçonnerie.
Du 17 juin au 1er août 1774

Séjour de la Cour au château de Marly… durant lequel, la duchesse de Chartres présente Marie-Jeanne Bertin (1747-1813) à la nouvelle Reine.

Mademoiselle Bertin
Très vite, la célèbre Mademoiselle Bertin devient la marchande de Mode attitrée de Marie-Antoinette.
Le 3 juillet 1775
Naissance de son fils Antoine-Philippe (1775-1807), duc de Montpensier.
Le duc de Chartres et sa famille (1776) par Charles Lepeintre

Le Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims
Louis XVI à Reims


Le 23 août 1777
Naissance de sa fille Eugène-Adélaïde-Louise (1777-1847), dite « Mademoiselle de Chartres » (1777), « Mademoiselle d’Orléans » (1782), puis Mademoiselle (1783-1812) et Madame Adélaïde (1830).
et de sa jumelle (1777-1782), dite « Mademoiselle d’Orléans ».

Marie-Adélaïde jouant de la Harpe (1780)
Le 7 octobre 1779
Naissance de son fils, Louis-Charles (1779–1808), comte de Beaujolais.

Louis-Philippe, duc de Chartres

commandé en 1835 par le roi Louis-Philippe pour l’escalier d’honneur du château d’Eu


Le 18 novembre 1785

Louis-Philippe de Bourbon, duc d’Orléans, par Roslin

Feu Louis-Philippe de Bourbon, duc d’Orléans et sa famille par Carmontelle (1770)
A la mort de son père, Louis-Philippe, duc de Chartres, hérite du titre de duc d’Orléans.

Marie-Adélaïde, ayant réussi à acculer Madame de Genlis à la démission de son poste de gouvernante au terme d’une scène terrible, doit affronter la colère glaciale de son mari . Il se met en devoir de repenser entièrement l’éducation de ses enfants .

Madame de Genlis par Louis-André Fabre
La duchesse voulait les priver de leur Genlis ? Eh bien, il privera Marie-Adélaïde de ses enfants !
La malheureuse reçoit cette lettre de son monstrueux mari :
« Ma fille n’aura point de gouvernante mais une institutrice, qui mangera avec elle et qui aura toute autorité sur elle et sur les autres personnes attachées à son éducation . J’enverrai ma fille avec lesdites personnes dans une abbaye aussitôt qu’elle pourra partir sans donner d’inquiétude sur sa santé … Madame d’Orléans, lorsqu’elle ira la voir, ne lui amènera jamais qui que ce soit, sans exception, et sous aucun prétexte ne la fera sortir de son couvent . Ma fille n’ira au Palais-Royal que dans le cas où Mme d’Orléans serait malade . Elle n’y dînera jamais …
Pour ne pas mettre votre fille au désespoir, il faut que vous ayez bien pensé ce que vous lui direz quand elle vous demandera la raison de ce changement d’éducation . Il est nécessaire que je sois prévenu d’avance de ce que vous comptez lui dire, aussi je vous prie de me l’écrire clairement et positivement . Je vous donne vingt quatre heures pour faire cette réponse .
Comme le départ de Mme de Genlis change tous mes plans pour mes enfants, je vous préviens que j’envoie le second ( Montpensier ) dans quelques semaines voyager en France sur les côtes , jusqu’à ce que je l’emmène avec moi . Pour le dernier ( Beaujolais ) , je le retire aussi du Palais-Royal et je l’envoie à un port de mer finir son éducation parce que je le destine à la marine.
Voilà tous mes arrangements . Pendant quinze ans, je n’ai rien fait pour mes enfants sans vous consulter et sans agir de concert avec vous, mais vous montrez que vous n’avez aucun égard pour mon repos et à ma volonté sur eux et par là, c’est vous seule qui me forcez à vous ôter, sans retour, toute espèce d’influence sur leur éducation .»
Le duc de Penthièvre par Jean-Baptiste Charpentier

Marie-Adélaïde d’Orléans

Chantilly, musée Condé
Félicité-Stéphanie Ducrest de Saint-Aubin, née en 1746 d’une famille noble mais peu fortunée, reçut une éducation brillante due en partie à la générosité du financier Le Riche de La Popelinière qui s‘intéressait à elle. Mariée à l’âge de quinze ans au comte Bruslard de Genlis, plus tard marquis de Sillery, Madame de Genlis est introduite au Palais Royal par sa tante Madame de Montesson, qui était elle même la maîtresse avant de devenir l‘épouse morganatique du duc d‘Orléans le père. Devenue la maîtresse du jeune duc de Chartres avec lequel elle aura au moins une fille, Pamela, qu’elle adoptera par la suite et mariera à l’Irlandais Fitzgerald, elle est remplacée par Agnès Bouvier de Cépoy comtesse de Buffon, mais, en compensation de sa réputation accidentée, elle obtient le titre de «gouverneur» des enfants d’Orléans, ce qui lui assure une forte pension.

qui a en effet peint la comtesse de Genlis a l’époque de sa grande beauté en 1768.
L’éducation des Princes au XVIIIe siècle,
L’exemple de Madame de Genlis
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Madame de Genlis
Dotés à leur naissance d’une titulature, les jeunes Princes sont immédiatement soumis à une stratégie de différenciation qui les intègre dans un ordre familial, social, un ordre qui est également politique puisqu’ils assurent la continuité de l’Etat Royal.
Princes et princesses se situent aux confins de plusieurs catégories : élite sociale, élite politique ou nobiliaire, jeunesse. Sexe, aînesse et position dans la parenté les marquent précocement en leur attribuant une place particulière tant dans l’espace que dans la continuité familiale.

Maquette d’une machine à manège pour lever l’eau
Au palais, ils vivent dans un espace réservé, séparés de la cour. Ils sont entourés d’adultes qui ne sont pas leurs parents. Ils ne voient leurs parents que dans des temps et des espaces limités, souvent en public. Leur enfance est nettement cloisonnée entre le temps des femmes, gouvernantes et nourrices puis après que les garçons aient atteint leurs sept ans, le temps des hommes, gouverneurs et précepteurs.
Leur éducation est une affaire d’Etat étant donnée la nécessité de la transmission politique, ce qui clôt en un mot bien rapide la question de la fracture intergénérationnelle.
A l’âge de sept ans, la séparation est d’abord physique : les garçons changent de lieu d’éducation, de l’Aile des Princes vers leur appartement d’éducation.

Livre sur les vices et les vertus
Cette séparation hautement symbolique correspond à un changement de personnel : le «passage aux hommes». Les princes sont placés entre les mains d’une équipe d’une quinzaine d’hommes portant soutanes et habits de cour.
Les pères choisissent le personnel éducatif qui encadre l’enfant de jour comme de nuit pendant plus d’une dizaine d’années. L’enfant n’est jamais laissé seul. Il vit avec ce personnel dirigé par son gouverneur à qui le père a délégué son pouvoir paternel et d’éducation. Il passe plus de cinq heures par jour à étudier, à quoi s’ajoutent les charges de représentation curiale. Il est aidé, conseillé et soutenu en public tandis qu’il est morigéné en privé.
Epée de cour pour un enfant
Le passage aux hommes est donc une étape dans la vie d’un garçon. Il fait naître le sentiment d’isolement nécessaire de l’adulte face au pouvoir.
Grâce à sa position dans la société, la Comtesse de Genlis est présentée à la Cour, deux ans après son mariage. En 1770, elle espérait entrer dans la maison de la future comtesse de Provence. Les Brûlart, refusant de s’abaisser à en faire la demande à la comtesse du Barry, ainsi qu’il en était de rigueur à l’époque, Félicité doit se rabattre sur la Maison d’Orléans.

Globe terrestre à mouvement d’horlogerie
La comtesse de Genlis se charge également de l’éducation des enfants d’Orléans et notamment de celle du futur Roi des Français, qu’elle élève avec l’idée d’en faire un nouveau Saint Louis.
Dès la naissance de Louis-Philippe en 1773, elle propose au duc de Chartres divers gouverneurs possibles, mais, celui-ci les ayant tous rejetés, elle propose d’éduquer les enfants elle-même. Cette proposition est acceptée.

Maquette de machine à vapeur
La charge est délicate étant donné que vers l’âge de sept ans, l’usage était que les princes «passent aux hommes» pour être confiés aux soins d’un gouverneur assisté d’un sous-gouverneur. Félicité de Genlis n’est pas nommée gouverneur.
De cette manière, elle peut diriger l’éducation de Louis-Philippe jusqu’au moment où elle en est officiellement chargée. En attendant, il est convenu avec la duchesse de Chartres qu’elle prendra en main l’éducation des deux jumelles nées en 1777 et que, pour ce faire, elle s’installera avec elles dans un couvent.
Maquette d’un atelier de cloutier
En fait, elle va s’établir dans un petit bâtiment appelé Pavillon de Chartres spécialement construit sur un terrain dépendant du couvent des dames chanoinesses du Saint-Sépulcre au Faubourg Saint-Germain.
Le 31 mai 1789
« J’ai été dîner chez madame la duchesse de Polignac avec monseigneur le duc d’Orléans et son fils. La conversation a été très peu piquante.»
Marc de Bombelles

dans Marie-Antoinette (1938) de Van Dyke
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.

Madame de Genlis s’extasie avec ses élèves sur les ruines de la Bastille.
Le 16 juillet 1789
Fuite en exil de Yolande de Polignac et sa famille, dont sa belle-sœur, la comtesse Diane de Polignac et du comte d’Artois, son bien aimé frère.
Charles d’Artois
Le 17 juillet 1789
Réception de Louis XVI à l’Hôtel de Ville de Paris.

Peinture monumentale de Jean-Paul Laurens (vers 1887)
« La venue du roi à Paris forme , depuis juillet , l’idée centrale des partisans de Philippe , lequel sait sans doute qu’en 1715 , son bisaïeul le Régent avait transféré la cour à Paris. Dans la capitale , Louis XVI cautionnerait la Révolution sans pouvoir opposer de résistance. Et très vite, le pouvoir changerait de mains. La raison officielle en est toute trouvée : il s’agit pour le roi de se » jeter dans les bras de la nation », c’est à dire de se rendre aux révolutionnaires parisiens, détenteurs de la représentation nationale et du patriotisme par la volonté du Palais Royal.
La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.
La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Depuis le mois d’août, tous les prétextes sont bons aux agitateurs pour réclamer la marche des parisiens sur Versailles et la venue du roi dans la capitale. On explique qu’ainsi on obtiendra du pain pour Paris, que la Reine ne pourra plus affamer le peuple, que le Roi viendra passer la garde nationale en revue, ou que la troupe massée aux environs ne pourra plus attaquer la ville…

Son mari, Philippe d’Orléans est incarné par Jean-Claude Dreyfus dans L’Anglaise et le Duc d’Eric Rohmer (2001)


Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Jeudi 1er octobre 1789
La décision de Philippe d’Orléans de tenter un coup de force contre Versailles pour obliger le Roi à venir à Paris étant prise, il reste à fixer une date exacte pour le départ des parisiens. Mirabeau vient d’annoncer , fin septembre , des événements graves sous huit à dix jours. Les partisans du prince s’emploient à préciser la chose lors de leurs conciliabules de Passy , dans la maison de monsieur de Boulainvilliers, «occupée par les enfants du duc d’Orléans» et par madame de Genlis. C’est un voisin de cette maison dont la terrasse donne sur la Seine, M. de Coulommiers, capitaine dans la cavalerie parisienne , qui, entre autres, atteste la tenue de ces réunions préparatoires. La date retenue pour marcher sur Versailles sera le prochain lundi car , comme l’expérience le prouve, le dimanche convient à merveille pour échauffer les esprits. Mais comme les journées de juillet l’ont montré aussi , les partisans du prince pensent qu’il faudra deux ou trois jours pour parvenir au but.

Le lancement de l’insurrection exige des fonds importants. La chancellerie d’Orléans ayant de longue date préparé la chose _ l’émigration de Geoffroy de Limon à Ostende le confirme_, une somme de six ou sept millions arrive de Hollande pour les conspirateurs le jeudi Ier octobre. Cette somme est destinée « à payer le peuple pour l’exciter au soulèvement, et à payer le régiment de Flandre (…) alors à Versailles. Le comité de police de la ville de Paris parfaitement informé , laisse faire : la municipalité de Bailly ne saurait gêner l’action du Palais Royal.»
A Versailles

Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.


Le 1er octobre 1789 dans Les Années Lumières (1989)
Le peuple croit à une orgie antidémocratique…

L’air «Ô Richard, ô mon Roi, l’univers t’abandonne», tiré d’un opéra de Grétry, est chanté par les soldats. Il devient un signe de ralliement royaliste.
La date retenue pour marcher sur Versailles sera le prochain lundi car , comme l’expérience le prouve, le dimanche convient à merveille pour échauffer les esprits. Mais comme les journées de juillet l’ont montré aussi , les partisans du prince pensent qu’il faudra deux ou trois jours pour parvenir au but.
Le lancement de l’insurrection exige des fonds importants. La chancellerie d’Orléans ayant de longue date préparé la chose – l’émigration de Geoffroy de Limon à Ostende le confirme, une somme de six ou sept millions arrive de Hollande pour les conspirateurs le jeudi Ier octobre. Cette somme est destinée «à payer le peuple pour l’exciter au soulèvement, et à payer le régiment de Flandre (…) alors à Versailles. Le comité de police de la ville de Paris parfaitement informé , laisse faire : la municipalité de Bailly ne saurait gêner l’action du Palais Royal.»
Le 5 octobre 1789

Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

Madame Élisabeth est la dernière à s’éveiller à sept heures et demi du matin… Elle rejoint toute la famille royale réfugiée dans la chambre d’apparat de son frère.


La famille royale est ramenée de force à Paris.

Lorsque le convoi de la monarchie passe près de son domaine, alors que Madame Élisabeth le regarde, Louis XVI lui demande : «Vous saluez Montreuil?» et elle de lui répondre : «Sire, je lui dis Adieu.»
Les Tuileries
La famille royale s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Madame la duchesse d’Orléans, aux eaux de Spa par Victor-Amédée Faure (Chantilly)
Marie-Adélaïde d’Orléans par Élisabeth Vigée Le Brun, 1789
Le futur Louis-Philippe écrira à sa mère :
« Dès notre plus tendre enfance, on nous avait empli la tête de toutes ces idées fausses sur lesquelles repose la Révolution. On s’était efforcé de nous ôter le sentiment de ce que nous sommes et je puis vous dire qu’on craignait que vous nous le communiquiez . Ces idées fausses ont certainement fort contribué à vous séparer de la famille et ont été la cause de ce que je regretterai toute ma vie et dont je préférerais ne pas me souvenir, et dont vous m’avez défendu, chère maman, de vous parler. J’ai reconnu trop tard leur fausseté. Mais enfin, je l’ai reconnue et j’ai vu que j’étais dans une mauvaise route et que vous seule, dans ma famille, aviez bien jugé la Révolution.»


Marie-Adélaïde d’Orléans est interprétée par Aurore Clément
( qui n’a pas l’âge du rôle…) dans Marie-Antoinette (2007) de Sofia Coppola
Le 1er janvier 1791
Louis XVI et Marie-Antoinette reçoivent les hommages de la Famille Royale, de la Cour, de la municipalité de Paris et de la garde nationale de Paris. La députation de la municipalité, accompagnée de celle de la garde nationale, est conduite chez le Roi et chez la Reine par les officiers des Cérémonies.
C’est la dernière fois que les chevaliers du Saint-Esprit s’assemblent, et que Louis XVI revêt le costume et le collier de l’Ordre.
Louis XVI par Roslin
Louis XVI et Marie Antoinette soupent au Grand Couvert.
Le duc d’Orléans ne paraît pas à la procession de l’Ordre du Saint-Esprit ; il y envoie ses deux fils le duc de Chartres et le duc de Montpensier. On remarque qu’eux seuls, avec le comte d’Estaing, portent la cocarde tricolore au lieu de la cocarde verte de l’Ordre du Saint-Esprit.
En avril 1791
Accompagnée de sa fidèle dame d’honneur la marquise de Chastellux, Marie-Adélaïde se retire en Normandie auprès de son père, le duc de Penthièvre.


La leçon de Harpe de sa fille Louise-Marie-Adélaïde par Théodore Giroust (1791)
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.

Le 21 juin 1791

Le Roi et la famille royale sont arrêtés à Varennes.

Les Provence passent la frontière.
Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Le Roi est suspendu.

Le 28 juin 1791
Le duc d’Orléans, effrayé par la tournure des événements, renonce à tout projet de régence.
Le lendemain de l’évasion manquée de Louis XVI, Marie-Adélaïde et son père sont détenus au château d’Eu mais la mesure sera levée au bout de dix-neuf jours. Ils résideront ensuite aux châteaux d’Anet et de Bizy.
En mars 1792
Le duc d’Orléans tente de se rapprocher de la Cour. Il veut que ses fils paraissent chez la princesse de Lamballe, sa belle-sœur. Il espère ainsi savoir par eux ce qu’il s’y passe. Mais ils n’en sont pas moins suspects à la princesse de Lamballe, qui ne les reçoit qu’avec une sorte d’embarras. Ils s’en plaignent à leur père. Etant taxée d’animer un comité autrichien par le duc d’Orléans, elle dédaigne pendant quelques temps ces clameurs. Mais s’apercevant qu’elles prennent de plus en plus de consistance, elle prend celui de fermer entièrement sa maison, et de ne plus recevoir personne à l’exception de la Famille Royale.
Le 20 juin 1792
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.
Le Roi refuse.

Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine,
elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de La sauver.
Le 25 juillet 1792
Marie-Adélaïde se sépare officiellement de son époux.
Le 10 août 1792
Sac des Tuileries.

On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide alors de gagner l’Assemblée nationale.

La foule envahit la cour du château et cherche à gagner les étages supérieurs.

Le Roi est suspendu de ses fonctions.
Le 13 août 1792

La famille royale est transférée au Temple avec la princesse de Lamballe et madame de Tourzel et sa fille, après avoir été logée temporairement aux Feuillants.

Images des Années Lumière (1989) de Robert Enrico
Après un repas servi dans l’ancien palais du comte d’Artois ( où la famille royale espère encore être logée) , la messe est dite dans un salon.
![“[After 1791] Their Majesties did not perform their Easter devotions in public, because they could neither declare for the constitutional clergy, nor act so as to show that they were against them.
The Queen did perform her Easter devotions in 1792;...](https://66.media.tumblr.com/3ca73e95905b7c0f0be018b01da3927d/774e4cfdc22df9c5-82/s500x750/f2f3fd077c6b99b00e6c15a9ed4a5662e7affec1.jpg)

La Tour du Temple
Mais une semaine plus tard, on vient chercher tous ceux qui n’appartiennent pas à la Famille Royale stricto sensu. La Princesse est conduite à la prison de la Force.
Le 3 septembre 1792

Une foule armée de barres de fer, de piques et de bûches encercle les prisons de Paris, voulant y tuer les royalistes qu’une rumeur accuse d’y avoir caché des armes pour fomenter une contre-révolution. La princesse, tirée de sa cellule au matin du 3 septembre, est, d’après la reconstitution des procès-verbaux de la section des Quinze-Vingts, introduite devant une commission improvisée en hâte par les membres du comité de surveillance de la Commune du 10 août, et sommée de « nommer ceux qu’elle avait reçus à sa table».

On lui demande de témoigner contre Marie-Antoinette, et de jurer la haine du Roi et de la Reine. La Princesse refuse. Un gendarme lui glisse alors à l’oreille «Jurez, madame ou vous êtes morte».
Nouveau refus.
« La princesse de Lamballe est conduite à l’extérieur. En franchissant la porte, elle reçoit un violent coup de massue qui l’assomme ou la tue à moitié. Elle est ensuite traînée jusqu’à un endroit appelé cul de sac des prêtres, où on l’achève coup de piques et de hache. Alors, l’horreur se déchaîne. Sa tête, coupée, est plantée au bout d’une pique. On plante sur d’autres piques, son cœur et ses parties intimes. Le reste de son corps est traîne derrière le groupe qui se forme pour partir en procession dans les rues de Paris.»

Marie-Adélaïde et son père sont épouvantés par la fin atroce de leur belle-sœur et belle-fille, la princesse de Lamballe.
« La tête a été mise sur une pique et portée en triomphe… elle a été trempée dans un seau d’eau fraîche au coin du boulevard Beaumarchais et ensuite recoiffée par un homme de l’art.»
Le duc de Penthièvre considérait la princesse comme sa seconde fille et avait proposé la moitié de son immense fortune en échange de sa vie.
L’odieux convoi dans L’Anglaise et le Duc (2001) d’Eric Rhomer
La tête de Marie-Thérèse, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Cette tête, aurait finalement été déposée à sept heures du soir sur la table du comité de la section des Quinze-Vingts. Selon certaines versions, les domestiques du duc de Penthièvre auraient suivi de loin l’infâme procession, afin de récupérer les restes de leurs ancienne maîtresse pour lui donner une sépulture descente. Ils auraient même essayé de la sauver en criant à l’acquittement à la Force…. Mais on ignore si c’est vrai.
Le 15 septembre 1792
Élu à la Convention nationale par le département de la Seine, Philippe d’Orléans siège avec les Cordeliers, au milieu de la Montagne, sous le nom de Philippe Égalité.

Philippe-Egalité
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.

Son fils Louis-Philippe (1792)
Le 11 décembre 1792
Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. M. de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.
Le 26 décembre 1792
Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.

Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.


Le rôle de son mari Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI scandalise son père, le duc de Penthièvre qui ne se remettra pas de l’exécution du souverain, le 21 janvier 1793.


Le 3 mars 1793
Le duc de Penthièvre sent qu’il ne lui reste plus que quelques heures à vivre. Il se fait habiller et placer dans un fauteuil pour recevoir le viatique et bénir la foule prosternée, qui vient contempler une dernière fois son bienfaiteur.
Le 4 mars 1793
Au point du jour, on entend le duc de Penthièvre murmurer ces mots : « Sortez de ce monde, mon âme, partez ». Et il expire. Il meurt respecté de tous pour sa droiture et sa charité.
Après la désertion du général Dumouriez, qui entraîne dans sa fuite le jeune duc de Chartres, tous les Orléans sont arrêtés. Déclarée suspecte, Marie-Adélaïde est assignée à résidence à Bizy.

Le château de Bizy
Le 3 juillet 1793
Louis-Charles, Louis XVII, est enlevé à sa mère et confié au cordonnier Antoine Simon (1736-1794).
La Séparation de Marie Antoinette et Son Fils (1856) par Edward Matthew Ward
Le 2 août 1793 à deux heures quarante du matin
Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.

Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette sur la place de la révolution.


Le 6 novembre 1793

Le duc d’Orléans est guillotiné.
Image de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac
Surnommée la « veuve Égalité », Marie-Adélaïde est incarcérée à la prison du Luxembourg. Elle impressionne ses geôliers par sa piété et son courage.


Le 10 mai 1794
Madame Élisabeth est exécutée à son tour.
En 1794 après la chute de Robespierre
Libérée, Marie-Adélaïde trouve refuge dans la pension de Jacques Belhomme , où elle rencontre le conventionnel Jacques-Marie Rouzet, comte de Folmon (1743-1820).
En 1796
Ses fils Antoine de Montpensier et Louis de Beaujolais sont libérés mais doivent s’expatrier aux États-Unis. Elle ne les reverra plus.
À Paris, Rouzet est devenu membre du Conseil des Cinq-Cents et Marie-Adélaïde vit dans une certaine aisance.
Après le 4 septembre 1797
Coup d’Etat du 18 fructidor an V
Un décret oblige tous les Bourbons à quitter la France. Marie Adélaïde se réfugie en Espagne, avec sa belle-sœur, Bathilde d’Orléans, duchesse de Bourbon. Rouzet l’y retrouve secrètement et tous deux vivent à Sarrià, puis à Figueras, où sa fille Adélaïde les rejoindra pour quelque temps.
C’est en exil que Marie Adélaïde apprend le décès prématuré de ses deux fils cadets, Antoine de Montpensier et Louis de Beaujolais, morts de maladie.

Antoine d’Orléans, duc de Montpensier (1797)

Louis d’Orléans, comte de Beaujolais (1797) par Jacob Frans Gregorious
Le 18 mai 1807
Décès de son fils Antoine-Philippe (1775–1807), duc de Montpensier, emporté par la tuberculose pulmonaire qu’il avait contractée, tout comme le comte de Beaujolais, son petit frère.

Antoine-Philippe d’Orléans, duc de Montpensier

Louise-Adélaïde par François Baron Gérard
Le 30 mai 1808
Décès de son fils Louis-Charles (1779–1808), comte de Beaujolais, miné par la tuberculose aggravée par l’excès de boisson.

Louis-Charles d’Orléans, comte de Beaujolais
En décembre 1808
Le conflit entre la France et l’Espagne oblige Marie-Adélaïde et Rouzet à fuir aux Îles Baléares.
En 1809
Après une séparation de seize ans, son fils Louis-Philippe vient demander son autorisation d’épouser Marie-Amélie de Bourbon-Siciles (1782-1866). Marie Adélaïde accepte cette union et l’accompagne à Palerme, où le mariage est célébré le 25 novembre 1809.

Louis-Philippe et Marie-Amélie
En 1811
Mais après un séjour commun de deux ans, les relations entre mère et fils sont devenues orageuses. Marie-Adélaïde et Rouzet partent pour Minorque, à Mahon.

Le 28 juin 1814
Après la chute de l’Empire, Marie-Adélaïde et Rouzet regagnent la France. Ils ne sont pas inquiétés pendant les Cent-Jours. Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille, dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l’actuelle chapelle royale Saint-Louis du château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents, de sa femme et de ses enfants après avoir dû céder Rambouillet à la Reine en 1783. Louis-Philippe agrandira la nécropole en faisant creuser des cryptes.
En 1815
Ils ne sont pas inquiétés pendant les Cent-Jours ( du 1er mars au 7 juillet 1815). Cette année-là, Marie-Adélaïde projette de restaurer la sépulture de sa famille, dont les restes ont été abandonnés dans une fosse commune. Elle fait bâtir la partie haute de l’actuelle chapelle royale de Saint-Louis au château de Dreux, où son père avait fait déposer les cercueils de ses parents , de sa femme et de ses enfants après avoir dû vendre Rambouillet à la Reine en 1783. Louis-Philippe agrandira la nécropole en faisant creuser des cryptes.
Elle tente de reconstituer une partie de sa fortune passée, ce qui l’amène à intenter de nombreux procès.
Le 18 septembre 1816
Louise-Elisabeth de Tourzel (1749-1832) reçoit en son château d’Abondant la duchesse douairière d’Orléans, qui a à peu près son âge et qu’elle connaît depuis toujours, quoique les jeux de cour les aient placées dans des coteries différentes.

Elles évoquent peut-être les dernières heures de la princesse de Lamballe puisque la duchesse (nouvellement ainsi titrée par Louis XVIII) de Tourzel les a partagées avec elle.
En 1820
Mort de Jacques-Marie Rouzet, comte de Folmon.

Louise Marie Adélaïde de Bourbon, 1821
Le 23 juin 1823

Gisant de Marie-Adélaïde à la chapelle royale de Dreux
Marie-Adélaïde succombe à un cancer du sein, après une longue et douloureuse agonie, au château d’Ivry-sur-Seine. Elle ne verra pas l’avènement de son fils Louis-Philippe Ier, en juillet 1830.


Elle est inhumée à Dreux.