
Sommaire :
- Le château médiéval
- Les constructions de Catherine de Médicis
- La Galerie du Bord de l’eau
- La Petite Galerie
- La galerie d’Apollon du Louvre : quand Colbert voulait faire du Louvre la plus prestigieuse des résidences royales
- La salle des Machines ou théâtre des Tuileries
- L’appartement de Marie-Antoinette
- La famille royale ramenée à Paris
- Dans l’intimité de Louis XVI : les 23 gouaches de Louis-Nicolas Van Blarenberguhe
- L’évasion vers Montmédy
- Le 20 juin 1792
- Le 10 août 1792
- L’Armoire de fer
- Napoléon Ier
- La Restauration
- Le Second Empire : le salon des Maréchaux
- Le salon d’Apollon
- L’escalier Lefuel
- L’incendie
Au XIIIe siècle
L’emplacement du palais était occupé par des terrains vagues et des fabriques de tuiles.
Au XIVe siècle
Le prévôt de Paris Pierre des Essarts (mort en 1349) y possédait un logis, dit hôtel des Tuileries, et quarante arpents de terre labourable. Le site se situait en dehors de l’enceinte de Charles V, construite de 1356 à 1386 et dont elle était séparée par un fossé alimenté par la Seine.
En 1500
Nicolas Ier de Neufville (????-1483) , secrétaire aux Finances, y fait bâtir un hôtel.
Louise de Savoie (1476-1531), mère de François Ier (1494-1547), incommodée dans l’hôtel des Tournelles par les eaux stagnantes, vient y habiter.
En 1518
Le Roi achète l’hôtel pour sa mère, qui en fait don au maître d’hôtel du Dauphin, Jean Liercoun, en 1527.


Le 10 juillet 1559
Henri II (1519-1559) meurt dans l’hôtel des Tournelles.

En 1563
Catherine de Médicis (1519-1589), sa veuve, quitte alors cette propriété dont l’ordre de démolition est donné par Charles IX (1550-1574).

La Reine achète la maison des Tuileries, plusieurs propriétés voisines, ainsi qu’un grand terrain appartenant à l’hôpital des Quinze-Vingts. Elle les fait raser et demande aux architectes Philibert Delorme (1514-1570), puis à la mort en 1570 de celui-ci, à Jean Bullant (1515-1570), d’y édifier un palais qui s’élèvera à l’ouest du Louvre. Le projet d’origine était ambitieux : deux grands bâtiments parallèles et perpendiculaires à la Seine, réunis par quatre ailes plus courtes, compartimentant ainsi trois cours intérieures. Mais seul le bâtiment occidental fut finalement construit. Un grand jardin à l’italienne, l’actuel jardin des Tuileries, est également aménagé entre le château et le glacis de l’enceinte (actuelle place de la Concorde).

Cet édifice comporte un pavillon central surmonté d’un dôme, doté d’un escalier suspendu sur voûte qui est considéré comme un chef-d’œuvre. Le pavillon est encadré de deux ailes. L’aile sud se termine par un pavillon, appelé pavillon de Bullant (construit en 1570) tandis que l’aile nord n’est pas achevée.
En effet, Catherine de Médicis, très superstitieuse, refuse finalement d’habiter aux Tuileries et s’installa à l’hôtel de Soissons, à l’emplacement de l’actuelle Bourse de Commerce, qu’elle fait bâtir en toute hâte, en 1574, près de l’ église Saint-Eustache.
La légende raconte que son astrologue Côme Ruggieri lui avait prédit qu’elle mourrait « près de Saint-Germain » et le palais se trouvait à proximité de l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois. En 1589, sur son lit d’agonie, à Blois, Catherine demandera son nom à son confesseur… il s’appelait Saint-Germain !

Sous le règne de Charles IX (1560-1574)
Le chantier de construction des Tuileries est progressivement abandonné.


Henri III (1551-1589) y donne quelques fêtes, mais n’y réside pas.


Le 12 mai 1588
Henri III s’enfuit cependant de Paris par le jardin des Tuileries, lors de la journée des barricades.

Au début du XVIIe siècle
Henri IV (1553-1610) décide de relier le Louvre au palais des Tuileries en faisant construire une longue galerie longeant la Seine, galerie dont l’amorce existait depuis quelques années. C’est ce que l’on appela le « Grand Dessein ».

De 1607 à 1610
La Grande-Galerie ou Galerie du Bord de l’eau (qui existe toujours) est édifiée par Jacques II Androuet du Cerceau (1550-1616).


Au même moment
Le palais des Tuileries est prolongé vers le sud par une aile appelée Petite-Galerie, destinée à raccorder le pavillon de Bullant à la Grande-Galerie : au croisement des deux bâtiments fut construit un pavillon, baptisé pavillon de la Rivière (et rebaptisé Pavillon de Flore en 1669). Le palais du Louvre et celui des Tuileries sont donc désormais reliés entre eux.
En 1610
Après la mort d’Henri IV, le palais connaît à nouveau une longue période d’abandon.

C’est Louis XIV qui décide de reprendre le chantier.
Le palais des Tuileries était en effet dissymétrique : la Petite-Galerie bâtie sous Henri IV n’avait en effet pas de pendant au nord.
Entre 1659 et 1666
Louis Le Vau (1612-1670) et François d’Orbay (1634-1697) construisent : d’abord un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Bullant (et qui est baptisé « pavillon du Théâtre »), ensuite une galerie destinée à faire pendant à la Petite-Galerie (et qui est baptisée « galerie des Machines »), enfin un pavillon destiné à faire pendant au pavillon de Flore (et qui est baptisé « pavillon de Pomone », puis « pavillon de Marsan »).


En 1666-1667
Le peintre Charles Le Brun (1619-1690) dirige différents chantiers aux Palais des Tuileries avec une importante équipe de peintres dont fait partie Charles de la Fosse (1636-1716).
La galerie d’Apollon du Louvre :
Quand Colbert voulait faire du Louvre la plus prestigieuse des résidences royales
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Le 6 février 1661, un incendie se déclenche dans la Petite Galerie lors du montage d’une scène pour un ballet. L’étage et ses décors sont dévastés. Après l’incendie, il est nécessaire de reconstruire cette partie du Louvre, fortement endommagée. Les travaux architecturaux sont confiés à Louis Le Vau, qui les réalise entre 1661 et 1663, tandis que Charles Le brun est chargé par Colbert d’élaborer le programme décoratif.


Il s’agit de la première galerie royale destinée à Louis XIV qui servira de modèle à la Galerie des Glaces du Château de Versailles vingt ans plus tard.


En 1682, Louis XIV quittant le Louvre pour Versailles, le chantier est arrêté.
L’Académie royale de peinture et de sculpture, installée au Louvre en 1692, entreprend rapidement de combler les vides du plafond, encore inachevé.


La réalisation des stucs sera confiée à quatre sculpteurs ; François Girardon pour le quart sud-ouest des murs latéraux, Gaspard Marsy pour le quart nord-ouest, Balthazar Marsy pour le quart nord-est et Thomas Regnaudin pour le quart sud-est.



Ils travailleront sur le projet de 1663 à 1667, sur les modèles fournis par Le Brun.

Des deux côtés de chaque voussure des extrémités, quatre stucs représentent chacun un groupe de deux captifs assis, adossés à un trophée d’armes, symbolisant les quatre continents que parcourt le soleil dans sa course journalière :
Gaspard Marsy, Les Captifs d’Afrique (1663-1664), dans le quart nord ouest, François Girardon, Les Captifs d’Asie (1663-1664), dans le quart sud-ouest, Thomas Regnaudin, Les Captifs d’Europe (1663-1664), dans le quart sud-est, Balthazar Marsy, Les Captifs d’Amérique (1663-1664), dans le quart nord-est.


Le palais est donc désormais symétrique et complet du nord au sud.

Cependant, plusieurs décennies se sont écoulées entre la construction des bâtiments situés au sud du pavillon central et de ceux situés au nord. L’édifice souffre donc d’une grande hétérogénéité sur le plan architectural. Le Roi ordonne qu’il soit donc largement modifié par Le Vau. Le pavillon central (baptisé « pavillon de l’Horloge ») est entièrement reconstruit dans le style classique : plus large, plus élevé, il est recouvert d’un dôme volumineux ; les ailes qui le flanquent, ainsi que la Petite-Galerie, furent également reconstruites.
À la fin du XVIIe siècle
Le palais des Tuileries présente donc l’aspect qu’il va définitivement conserver pendant deux siècles, long de 260 mètres, depuis le pavillon de Marsan au nord jusqu’au pavillon de Flore au sud.



À l’ouest du palais s’étend le jardin des Tuileries, jusqu’à la future place Louis XV (actuelle place de la Concorde) ; à l’est se trouve une vaste cour, appelée cour du Carrousel, elle-même prolongée par une place (la place du Carrousel), puis par un quartier de vieilles maisons (situé à l’emplacement de l’actuelle pyramide en verre), et enfin par la cour Carrée du Louvre.


De 1638 à 1652
Les Tuileries sont habitées par Anne Marie Louise d’Orléans , duchesse de Montpensier (1627-1693), dite la Grande Mademoiselle, cousine du Roi.

En 1660
La salle des Machines ou théâtre des Tuileries
(Texte et illustrations de Christophe Duarte)
La salle des Machines, également appelé théâtre des Tuileries, est la vaste salle de spectacle installée contre le pavillon de Marsan. C’est en référence à cette salle que furent inventées les expressions «côté cour» (du Louvre) et «côté jardin» (des Tuileries). Édifiée en 1660 sur ordre de Louis XIV et sur une idée du Cardinal Mazarin, elle pouvait accueillir près de quatre mille spectateurs.



Elle doit son nom au système mis au point par l’architecte italien Gaspare Vigarani (1588-1663), qui permettait des effets scéniques et des changements de décors à vue, lors des représentations d’opéra et de ballets, par l’usage de trappes et autres mécanismes. Le bâtiment lui-même fut réalisé par l’architecte Le Vau, dans l’esprit des bâtiments déjà existants, et la décoration intérieure fut confiée au peintre Charles Errard. Inaugurée le 7 février 1662 avec «L’Ercole amante» de Francesco Cavalli, elle ne fut quasiment pas utilisée sous le règne de Louis XIV, celui-ci ayant reporté toute son attention sur l’extension du château de Versailles.


Réhabilitée par Louis XV lorsque celui-ci se réinstalle au palais des Tuileries entre 1715 et 1722, les spectacles à effets y reviennent à la mode notamment sous la houlette de l’architecte et scénographe jean-Nicolas Servandoni entre 1738 et 1742. D’importants travaux, réduisant la scène de moitié, sont entrepris en 1763 par les architectes Soufflot et Gabriel.

De 1664 à 1667
Louis XIV habite les Tuileries.
De 1715 à 1722
C’est le jeune Louis XV (1710-1774) qui habite les Tuileries.
Le 26 août 1718
Un lit de justice se tient aux Tuileries.

Le palais est ensuite déserté et occupé par des courtisans auxquels le Roi octroie des logements de faveur, ainsi que par des artistes, des retraités et des personnes de toute condition.

Germain Brice nous fait une description détaillée de cet appartement :
Il nous conduit par le grand escalier de Levau à la salle des Gardes, immense pièce de près de 60 pieds en toutes dimensions, occupant tout l’étage du Pavillon Central. Le plafond, très élevé, est peint de quatre grands motifs en grisaille, figurant des bas-reliefs. Autant de tableaux ornent les murs. Ils représentent une armée en marche, une bataille, un triomphe, un sacrifice. On passe de là dans la première antichambre «dont le plafond paraît véritablement ouvert. Il est peint avec tant d’art qu’il semble que le jour entre par cette ouverture feinte». On y voit le Soleil assis sur son char qui s’élève à l’horizon. Le Temps, figuré par un vieillard, les ailes au dos, indique la course qu’il doit parcourir. La Renommée embouche ses trompettes. Elle est entourée des heures du jour sous la forme de nymphes légèrement vêtues. De semblables allégories décorent les panneaux séparant les douze fenêtres de la salle dont six ouvrent sur la cour et six sur la terrasse de Philibert Delorme. Cette belle décoration, œuvre de Nicolas Loir, est datée de 1668. La pièce suivante, éclairée par huit fenêtres (quatre sur la cour, quatre sur la terrasse) est la grande chambre du Roi. Le plafond, soutenu par des brasiers de stuc, présente une grande figure de «la Religion tenant un cartouche destiné pour un portrait».
Le grand cabinet qui suit est abondamment décoré d’emblèmes de la guerre, de l’abondance et des quatre éléments. On arrive ainsi à la Galerie dite des Ambassadeurs où Louis XIV recevait les envoyés des puissances étrangères : à la voûte est peinte, en différents tableaux, l’histoire de Psyché, copiée sur le plafond d’Annibal Carache à la galerie Farnèse. Mais, depuis 1715, on a dû diviser par des cloisons cette galerie afin d’assurer des locaux aux différents services du jeune Roi et ces aménagements n’ont pu être effectués sans grand dommage pour le décor dont elle était enrichie. Les appartements régnant du côté du jardin contenaient quelques peintures de Noël Coypel, de Philippe de Champaigne, de Mignard d’Avignon et de Nocret et la décoration n’en avait pas été modifiée depuis 1668. De ce côté, se trouvaient, de niveau avec les grands appartements, les cabinets où le jeune Louis XV vivait habituellement, sous la surveillance de sa gouvernante, madame de Ventadour. C’est pourquoi stationnaient continuellement, dans le jardin, des oisifs désireux de l’apercevoir.

Le 6 avril 1763
Chassé du Palais-Royal par un incendie, l’Opéra s’installe aux Tuileries, dans une salle de spectacles qui avait été aménagée par Louis XIV dans la galerie des Machines dite « salle des Machines » (ou « théâtre des Tuileries ») ; il y demeurera jusqu’en 1770, date à laquelle il fut remplacé par la Comédie-Française , qui y demeure jusqu’en 1782, puis par la troupe du « théâtre de Monsieur ».

Le 23 février 1775
La première du Barbier de Séville de Beaumarchais (1732-1799).


Appréciant la danse et la musique, Marie-Antoinette aime venir fréquemment se divertir dans la capitale et, en particulier, au bal de l’Opéra; Elle désire pouvoir se changer, et va, dans les premières années du règne de Louis XVI, au château de la Muette, en bordure du bois de Boulogne, puis dans un appartement mis à sa disposition au Garde Meuble de la Couronne, place Louis XV ( notre actuel hôtel de la Marine ).


Le 25 novembre 1783


Il semblera plus logique à la souveraine de se faire aménager un appartement au château des Tuileries, au rez-de-chaussée du corps de bâtiment jouxtant le pavillon de Flore. Ce logement est vaste, puisque la Reine se déplace avec une dame du palais, deux femmes de chambre, une femme de garde-robe, deeux coiffeurs, un garçon de la Chambre, trois officiers de la Bouche et deux de l’office, sans oublier huit domestiquesdisposant de petites chambres, sept autres dormant sur des lits de sangle dans la salle des gardes, quatre valets de pieddormant dans l’antichambe et deux dans le cabinet des nobles.


Secrétaire à cylindre réalisé par Jean-Henri Riesener (1734-1806) en 1784


Le 5 octobre 1789
Des milliers de femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château …

Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés du château de Versailles sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.






Quand la famille royale arrive dans «cette prison dissimulée sous le nom de palais», selon les mots du comte d’Hézecques, elle trouve une résidence très désorganisée, absolument pas préparée à recevoir une famille royale et tous les services qui s’y rattachent.
Dès le lendemain
Les membres du Parlement, du moins ceux qui sont disponibles, viennent faire leurs compliments au Roi et à la Reine.
« Il semblait que, dans l’espace de dix jours, dix années se fussent écoulées sur leurs têtes. La physionomie du Roi était empreinte d’un caractère de résignation, il comprenait que ses maux n’étaient pas arrivés à leur terme. La douleur de la Reine avait quelque chose de plus ferme et qui laissait percer l’indignation. Elle tenait son fils sur ses genoux, et, malgré le courage dont elle avait donné depuis quarante-huit heures tant d’héroïques preuves, on ne pouvait s’empêcher de croire que ce fils était une sauvegarde dont elle acceptait la protection. Lorsqu’elle nous reçut, il fut facile de lire dans ses yeux qu’elle voyait dans les nôtres à quel point les tristes félicitations que nous apportions étaient en contradiction avec les sentiments de nos cœurs, combien il nous en coûtait d’avoir à prononcer ces phrases banales, consacrées par l’usage en des temps de bonheur, et de ne pouvoir en articuler d’autres.»
Le chancelier duc d’Audiffret-Pasquier
On s’installe les premiers jours sans commodités, ni confort, dans un environnement vieilli, démodé ou succinct. Puis on s’organise peu à peu ; très vite du mobilier, des objets décoratifs et des tapisseries arrivent de Versailles. A part les toutes premières nuits, vraiment improvisées, on s’installe donc dans un château qui n’est ni le taudis ni le «camping» qu’ont bien voulu décrire certains : plus que la précarité du logement, c’est surtout l’état de choc des membres de la famille royale qui prévaut au tout début.
Patrick Barbier

Pour la chambre à coucher des petits appartements que Riesener avait livré, par ordre n°380 du 21 juillet 1784, une commode, une table de nuit et une toilette…
Quand la famille Royale arrive aux Tuileries, la Reine est la seule à trouver dans Son petit appartement un mobilier moderne dont une grande partie échappera aux ventes révolutionnaires.
Cette toilette connaîtra divers avatars et a sans doute alors perdu ses pots de porcelaine de Sèvres, ses flacons de cristal avec les couvercles et entonnoirs d’argent doré, le miroir, boîtes à poudres et tous les accessoires et un écritoire de trois pièces argentés.
Les appartements pour les membres de la famille royale et leurs principaux serviteurs sont rapidement répartis. Monsieur et son épouse préfèrent loger dans leur palais du Luxembourg.

Le 8 octobre 1789
Comme la foule persiste à s’agglutiner sur la terrasse des Tuileries, des femmes prétendent parler à la Reine d’une levée des gages portant sur les dépôts du Mont-de-piété. Le sujet est des plus délicats car il concerne les plus démunis :
« Les personnes qui entour(ent) cette princesse (la Reine) en ce moment l’engag(ent) à acquiescer à leur désir. Je l’en dissuad(e), lui représentant le danger de compromettre sa dignité (…) J’offr(e) à la reine de parler moi-même à ces femmes avec Madame de Chimay, sa dame d’honneur. Elle y consen(t) et, de l’appartement de cette dernière, qui donn(e) sur la terrasse des Tuileries, nous haranguons cette multitude (…) Cette démarche la satisf(ait). Le rassemblement se dissip(e).»
Madame de Tourzel
Un minimum de sécurité est donc nécessaire :


Exposition Louis XVI, Marie-Antoinette et la Révolution aux Archives nationales


Deux mois plus tard
Marie-Antoinette passe du premier étage au rez-de-chaussée, où Elle a Son cabinet de toilette, Sa chambre à coucher, Son salon. A l’instar de Versailles où Elle avait Sa chambre du rez-de-chaussée donnant sur la cour de marbre pour faciliter son repos du fait de Sa mauvaise jambe causée par un érysipèle en janvier 1781. Cet appartement est composé d’une salle des gardes, d’une salle des valets de pied, d’une salle des buffets, d’une pièce des Nobles servant de salle-à-manger, d’un salon et, enfin, d’une chambre. Marie-Antoinette dispose également de plusieurs cabinets aménagés en entresol, dont un boudoir-bibliothèque. Cet appartement a plutôt été bien entretenu â madame de La Marck : Marie-Antoinette fait cependant redécorer et remeubler cette suite de pièces qu’Elle occupera jusqu’à Son départ définitif.


Images de Marie-Antoinette (1956) de Guy-André Lefranc
Elle fait également aménager dans un entresol une bibliothèque où l’on rapatrie Ses livres de Versailles. Les quatre mille volumes qu’on y comptera suggèrent que pour la première fois de Sa vie, Marie-Antoinette lira assiduement. C’est un petit chien couché dans Sa chambre qui sert à avertir la souveraine lorsque que quelqu’un s’approche. Madame de Tourzel déplore qu’une Reine de France soit réduite à de telles extrémités.
« Le roi, qui v(eut) rapprocher de lui ses enfants, partag(e) son appartement avec Mgr le Dauphin et pr(end) pour lui les cabinets qui (sont) à la suite des appartements de la reine. Cette princesse occup(e) le rez-de-chaussée donnant sur la terrasse des Tuileries et, donnant à Madame, sa fille, les petits entresols au-dessus de la chambre du roi (…) On pratiqu(e) en outre de petits escaliers particuliers»
Madame de Tourzel

L’appartement de madame de Tourzel est au rez-de-chaussée du pavillon de Flore des Tuileries. Sa fille loge dans l’entre-sol au-dessus. Le Dauphin est placé près du Roi ; son appartement communique avec celui de sa gouvernante par un escalier dont elle et la Reine ont seules la clef.
« Les chambres du Roi et du Dauphin sont voisines : Louis XVI fait pratiquer un oculus qui lui permet, sans sortir de sa chambre de surveiller le sommeil de son fils. A côté du lit de Louis-Charles se dresse celui de la gouvernante. Les deux lits sont recouverts de damas vert, celui du Dauphin est rehaussé de franges. A côté, un cabinet sert à la fois de salle d’études et de salle de jeux à l’enfant.»
Jacques Bernot, Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI (2022)

L’ancien appartement de la Reine est occupé par Marie-Thérèse, Madame Royale ( 1778-1851) et son frère, le Dauphin Louis-Charles (1785-1795). La princesse dispose donc d’une antichambre, une chambre, un cabinet, un boudoir et plusieurs garde-robes.




Il s’agit du mobilier réuni pour aménager l’appartement du Roi Gustave III en 1784. Il avait appartenu au comte de Gamache qui l’avait acheté au marchand parisien François-Charles Darnault en 1778. Composé d’un canapé, de six fauteuils, de deux bergères et d’un écran de cheminée estampillés du menuisier Jean‑Baptiste II Tilliard, il était digne, par la richesse de son décor sculpté et doré, du mobilier royal. Il l’était d’autant plus que le dessinateur et entrepreneur le plus en vue de la Fabrique lyonnaise, Philippe de Lasalle, en avait conçu l’étoffe : un « gros de Tours broché fond satin à médaillons et figures, La Bouquetière et le Jardinier », l’une de ses plus célèbres compositions.



Louis-Charles, lui, dispose d’une salle des gardes, d’une antichambre, d’une pièce des Nobles, d’une chambre, de garde-robes et de plusieurs cabinets.

Madame Elisabeth s’installe au premier étage du pavillon de Flore :



Le rez-de-chaussée, côté jardin est à la disposition de la princesse de Lamballe, son appartement donnant directement sur celui de la Reine, comme il se doit pour la Surintendante de sa Maison.
La Bouche du Roi s’installe côté cour du pavillon de Flore.
Un jardin est aussi aménagé pour le petit Dauphin. Cela lui permet aussi des sorties dans la partie réservée au public, toujours en compagnie de sa gouvernante, mais aussi très régulièrement de sa mère et sa soeur, voire son père :
Marie-Antoinette s’installe au premier étage, côté jardin, tandis que Madame Elisabeth (1764-1794) occupe le rez-de-chaussée du pavillon de Flore. Des meubles sont rapportés de Versailles, des cloisons sont ajoutées ou abattues pour aménager les appartements de la famille royale qui vit dans une intimité renforcée et dans l’angoisse.

Madame Elisabeth est donc au rez-de-chaussée du côté cour du pavillon de Flore.
Mais pendant plusieurs jours, la multitude ne cesse d’encombrer les cours des Tuileries. Son indiscrétion atteint un tel point que plusieurs femmes des halles se permettent de sauter dans l’appartement de la princesse qui se voit contrainte de déménager au premier étage du même pavillon afin d’être à l’abri des regards importuns ou de l’invasion des poissardes.



Bergère de l’appartement de Madame Elisabeth au château des Tuileries. Elle est commandée pour l’appartement de Madame Elisabeth, au château des Tuileries, comme en atteste son étiquette d’origine « Pour le service de Madame Elisabeth aux Thuileries, Cabinet de l’entresol No 108l». Elle est attribuée à Jean Baptiste Sené (1747-1803), Boulard avec qui les commandes sont partagées, étant mort en 1789, et à Jacques Laurent (maître en 1755).

Louis XVI habite au-dessus de chez la Reine, dans l’appartement désigné, depuis le règne de Louis XIV, «appartement du Roi». Cet appartement privé, qui communique avec le grand cabinet, se compose de trois pièces ayant vue sur le jardin : un petit cabinet destiné au premier valet de chambre, la chambre à coucher du souverain et une bibliothèque. Il est ainsi auprès de ses enfants. Le Roi dispose également de pièces plus officielles : la salle des Cent-Suisses, la salle des gardes , une antichambre, la grande chambre et le cabinet du Conseil.

Louis XVI prend aussi trois pièces du rez-ce-chaussée, situées dans l’angle du pavillon intermédiaire, entre celui de Flore et celui du Centre, et dont l’une communique avec le cabinet de toilette de la Reine. Cette pièce sera transformée en atelier pour travailler les arts mécaniques et la serrurerie. Ainsi, chaque matin, après avoir donné les premiers instants de son lever à des actes de dévotion, le Roi descend, par un étroit escalier intérieur, dans son étroit appartement du rez-de-chaussée,inspectant son thermomètre, puis reçoit le bonjour de sa femme et de ses enfants. C’est là qu’il déjeune ensuite, un seul domestique le sert alors, et la Reine profite de ce moment pour venir causer avec lui. C’est de là aussi qu’il peut examiner, sans être vu, ce qui se passe dans le jardin, et prêter l’oreille aux propos qui se débitent jusque sous ses fenêtres.



Enfin, Mesdames, tantes du Roi, sont logées dans le pavillon de Marsan : Madame Adélaïde (1732-1800) occupe le rez-de-chaussée, Madame Victoire (1733-1799) le premier étage.
« Le service intérieur de la maison du Roi s’organise peu à peu aux Tuileries comme à Versailles, ainsi que celui de Madame Elisabeth et de la princesse de Lamballe. Le Roi y a ses heures de réception à son lever et à son coucher pour ceux qui ont eu l’honneur de la présentation ; le public le voit, quand il passe avec la famille royale pour aller à la messe. La Reine a repris dans Son intérieur Ses habitudes ordinaires et s’occupe beaucoup de l’éducation de monseigneur le Dauphin et de Madame Royale. Elle accompagne le Roi à la messe et a dans Son salon, deux fois par semaine, Son jeu de loto, où Elle admet les dames à qui Elle fait l’honneur d’une invitation. Les autres jours, elle descend ordinairement chez Mme de Tourzel, gouvernante des Enfants de France avec M. le Dauphin et Madame Royale, qui jouent avec Mlle Pauline de Tourzel et d’autres demoiselles. La Reine joue quelquefois au tric-trac avec la princesse de Lamballe et quelques personnes. Ordinairement elle fait la chouette. Elle aime fort la musique, mais il n’y aura pas de concert au château. Elle s’occupe à des ouvrages à l’aiguille et entreprend un grand travail de tapisserie, dont elle distribue à Ses dames des morceaux à faire.
La princesse de Lamballe a aussi quelques soirées brillantes dans ses appartements au pavillon de Flore. La Reine y assiste quelquefois, mais y reste peu et rentre dans Son intérieur, où Elle s’entretient avec quelques dames de tout ce qui concerne Sa position. Toute la noblesse, restée à Paris, se fait un devoir de se présenter assidûment chez le Roi; aussi l’affluence est-elle considérable aux Tuileries.»Mémoires du comte de Paroy
La famille royale est, chaque jour, assistée (pour ne pas dire surveillée) de 600 gardes nationaux, qui donnent au château des Tuileries une véritable allure de prison. Puis, afin de xissuader les curieux, on placera 162 gardes du corps aux entrées des appartements afin d’empêcher l’accès aux étages aux personnes mal vêtues. On refoute égalemnt des vols, beaucoup ayant été signalés à l’intérieur de la résidence royale.
Sans jamais se sentir bien dans cette résidence surveillée, les souverains tentent de relancer, autant que faire se peut, une vie de Cour avec ses obligations et son rituel. L’organisation absurde de certains espaces est telle qu’il faut emprunter une terrasse à découvert pour se rendre à la tribune de la chapelle. Les jours d’intempéries, on voit donc la famille royale passer avec des parapluies pour se rendre à cette tribune qui, trop petite pour accueillir tout le monde, laisse une partie des courtisans sous la pluie pendant qu’ils suivent la messe (une galerie de bois sera finalement construite pour couvrir la terrasse). Cette processions de silhouettes enrubannées qui traversent ces espaces, chaque jour à la même heure, sert de prétexte au peuple de Paris pour venir regarder la famille royale et souvent lui témoigner au passage son soutien par des acclamations et des applaudissements.
Patrick Barbier
Il faut installer à la hâte les bureaux, les 1860 officiers et domestiques de la Maison du Roi et les 490 autres au service de la Reine et des enfants de France, auxquels s’ajouent environ 4000 courtisans qui ne jouissent ni d’une fonction officielle ni d’un logement, mais qu’il faut prévoir de recevoir dans les espaces de représentation.

Le 16 octobre 1789
« La Reine, qui a eu un courage incroyable, commence à être mieux vue par le peuple. J’espère qu’avec le temps et une conduite soutenue, nous pourrons regagner l’amour des Parisiens, qui n’ont été que trompés. Mais les gens de Versailles, monsieur ! avez-vous jamais vu une ingratitude plus affreuse? Non, je crois que le ciel, dans sa colère, a peuplé cette ville de monstres sortis des enfers. Qu’il faudra du temps pour leur faire sentir leurs torts! Et si j’étais roi, qu’il m’en faudrait pour croire à leur repentir! Que d’ingrats pour un honnête homme! Croiriez-vous bien, monsieur, que tous nos malheurs, loin de me ramener à Dieu, me donne un véritable dégoût pour tout ce qui est prière. Demandez au ciel pour moi la grâce de ne pas tout abandonner… Demandez aussi que tous les revers de la France fassent rentrer en eux-mêmes ceux qui pourraient y avoir contribué par leur irréligion.»
Madame Elisabeth à l’abbé de Lubersac

Le jardin des Tuileries est réservé à la famille royale chaque matin jusqu’à midi, pour ses promenades quotidiennes, avant qu’il ne soit ouvert au public. Si par hard, il arrive que le Roi et la Reine ne puissent rentrer pour midi, une foule nombreuse accompagne leur promenade jusqu’au château, si respectueuse et e enthousiaste qu’une simple haie de valets suffit à faire écran et séparer les souverains de cette cohorte d’admirateurs et de curieux.
Le 8 avril 1790
Madame Royale fait sa première communion à l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois : le matin, Marie-Antoinette conduit Sa fille dans la chambre du Roi et lui dit :
« Ma fille, jetez-vous aux pieds de votre père, et demandez-lui sa bénédiction.»
L’enfant se prosterne , et son père, la relevant, lui adresse ces paroles :
« C’est du fond du cœur, ma fille, que je vous bénis, en demandant au ciel qu’il vous fasse la grâce de bien apprécier la grande action que vous allez faire ; votre cœur est innocent aux yeux de Dieu, vos vœux doivent lui être agréables. Offrez-les lui pour votre mère et pour moi, demandez-lui qu’il m’accorde les grâces nécessaires pour faire le bonheur de ceux sur lesquels il m’a donné l’empire, et que je dois considérer comme mes enfants; demandez-lui qu’il d’aide conserver dans le royaume la pureté de la religion, et souvenez-vous bien, ma fille, que cette sainte religion est la source du bonheur et notre sentier dans les adversités de la vie. Ne croyez pas que vous en soyez à l’abri ; vous êtes bien jeune, mais vous avez déjà vu votre père affligé plus d’une fois. Vous ne savez pas, ma fille, à quoi la Providence vous destine, si vous resterez dans ce royaume, ou si vous irez en habiter un autre. Dans quelque lieu où la main de Dieu vous pose, souvenez-vous que vous devrez édifier par vos exemples, faire le bien toutes les fois que vous en trouverez l’occasion. Mais surtout, mon enfant, soulagez les malheureux de tout votre pouvoir. Dieu ne nous a fait naître dans le rang où nous sommes que pour travailler à leur bonheur, et les consoler dans les peines. Allez aux autels où vous êtes attendue, et conjurez le Dieu de miséricorde de ne vous laisser oublier jamais les avis d’un père tendre.»
François Hue, huissier de la Chambre du Roi et premier valet du Dauphin


Saint-Germain-l’Auxerrois, paroisse de la famille royale à Paris
Le 10 décembre 1789
Le Roi se rend à pied, incognito, à l’église Sainte-Geneviève (l’actuel Panthéon) sans que personne le reconnaisse, et il s’arrête acheter des jouets pour son fils sur le Pont-Neuf, comme un simple particulier.
Le 10 février 1790
Le couple royal assiste sans tambour ni trompette à une messe basse à Notre-Dame puis, en sortant de la cathédrale, juste à côté du parvis, rend visite à l’hôpital des Enfants-Trouvés. Le caractère officiel d’une telle démarche fait aussitôt l’objet d’une illustration anonyme dans le Journal des Révolutions, aujourd’hui au misée Carnavalet : on y voit le Roi, la Reine et le Dauphin déambuler au milieu des deux longues rangées de berceaux occupés par les nombreux bébés abandonnés.
En 1776, l’hôpital s’est vu confier 6419 enfants abandonnés en une seule année !


Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération sur le Champ de Mars


Durant l’été 1790
La famille royale passe l’été au château de Saint-Cloud, la chambre-à-coucher de la Reine aux Tuileries est entièrement refaite, de façon luxueuse: les murs sont entièrement recouverts d’un pékin bleu et argent. Le lit et les chaises, dont les dorures sont restaurées, proviennent du mobilier destiné à la chambre du Roi de Suède Gustave III à Versailles : Le mobilier comporte des meubles provenant du fonds du Garde-Meuble de la Couronne et d’un ensemble pour la chambre ; un lit à quatre colonnes et à impériale avec couronnement sculpté, quatre fauteuils et huit pliants. Il devait être couvert d’un pékin fond blanc avec la tapisserie du Cabinet de la Reine à Versailles. Pour le Cabinet, un ensemble de six fauteuils, huit cabriolets et deux bergères ont été achetés pour l’occasion.
Un canapé et un écran complètent l’ensemble.



Le lit est agrémenté d’une lanterne ainsi que d’une crémaillère, afin d’y suspendre une pendule à répétition. La chambre est également meublée d’une commode recouverte d’un marbre blanc, d’un secrétaire en armoire et d’une toilette en marqueterie de bois gris satiné; le tout est garni de bronzes dorés. Enfin, le meuble est complété d’une bibliothèque en acajou, d’une paire de bras de lumière et de deux candélabres en bronze doré.

A l’automne 1790
« La Maison du Roi comporte encore tous les services de l’Ancien Régime : la Chapelle, la Chambre, les Ecuries. On se tient à l’immuable cérémonial du coucher du Roi ; la cérémonie doit impérativement comporter une conversation avec les courtisans, une oraison de l’aumônier, un long bougeoir de vermeil à la main ; la prière achevée, le Roi le fait remettre à l’un des seigneurs qu’il souhaite distinguer, honneur qu’on se dispute toujours et qui chaque soir fait un heureux pour vingt frustrés.»
Paul et Pierrette Girault de Coursac




Le 18 septembre 1790
Le Roi et la Reine font leur apparition à l’Opéra. On y représente Psyché de Pierre Gardel.

Le 1er janvier 1791
Dans l’intimité de Louis XVI :
Les 23 gouaches de Louis-Nicolas Van Blarenberguhe
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
L’heure n’est plus aux fastes de la Cour. Depuis plus d’une année, la Famille Royale a quitté Versailles pour Paris. Les scribes de l’administration s’affairent à dresser des inventaires des œuvres d’art présentées dans les salons du château. Au sein de l’appartement de Louis XVI, rien ne semble avoir changé depuis son départ. Sous la plume de ces scribes, le quotidien du Roi se dessine.
Dans le cabinet Intérieur dont les murs sont recouverts de dessins, de miniatures, d’estampes et de portraits, ont pris place cinq grands tableaux sous verre faits à la gouache dans leurs cadres de bois dorés, représentant le siège d’Ypres, de Menin, la bataille de Fontenoy, la bataille de Lawfeld et le siège de Tournay.







Dans la pièce de la vaisselle, deux autres gouaches sous verre évoquent également les batailles de Lawfeld et de Fontenoy.


Enfin, dans le Salon des jeux, ont été disposés deux autres grandes gouaches décrivant La surprise de ville de Gand, l’entrée du Roi à Mons, la prise de Berg-op-Zoom, le siège de Maestricht, le siège de Fribourg, le siège de Bruxelles, le siège de Namur, le siège des châteaux de Namur, le combat de Melle et le siège d’Osende.














L’auteur de ces gouaches est Louis-Nicolas Van Blarenberghe, né le 13 juillet 1716 à Lille.
Le 18 avril 1791
La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.

Cela accélère les projets de fuite, grâce à l’entremise du comte de Fersen…

Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.


Le 21 juin 1791
Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.

Un décret de l’Assemblée Nationale rattrape la famille royale qu’il oblige à rentrer sous escorte à Paris.
Antoine Barnave (1761-1793) est envoyé par l’Assemblée, en compagnie de Pétion (1756-1794) et de Latour-Maubourg (1756-1831), pour ramener la famille royale à Paris. Les trois députés rejoignent la berline royale au lieu-dit du Chêne fendu, sur la commune de Boursault.
Barnave est envoyé à la rencontre de la famille royale après la fuite interrompue à Varennes. Pendant les trois jours que dure le voyage de retour, il est touché par la dignité de la Reine, et le petit Dauphin fait une partie du voyage sur ses genoux.
Face au grossier Pétion, qui croit avoir séduit Madame Elisabeth, Marie-Antoinette trouve au jeune commissaire une réserve qui Lui paraît de bon aloi.


La Reine, le Dauphin, Barnave et le Roi puis Madame Elisabeth, Pétion, Madame de Tourzel et Marie-Thérèse dans la berline du retour de Varennes
par Benjamin Warlop
Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.


Le Roi est suspendu.
Dans les premiers jours
« La reine était obligée de se coucher, de se lever et de s’habiller devant ses gardes ; ils passaient à la lettres les nuits dans sa chambre. Ensuite, soit que M. de La Fayette sentit de lui-même l’indécence de ses ordres, ou qu’il eût en effet travaillé à calmer les têtes de sa garde, soit que le roi lui en a parlé, il adoucit la sévérité de ses dispositions, mais voici comment. Les gardes restaient dans la chambre de la reine tant qu’elle était levée ; mais lorsqu’elle jugeait à propos de se coucher, et pour tout le temps qu’elle restait dans son lit, les gardes se retiraient. Alors, l’un d’eux s’établissait dans cette espèce de tambour que formaient les deux portes de la chambre dans l’épaisseur du mur, de manière cependant que, la porte qui donnait dans la chambre restant toujours entr’ouverte, il pût voir ce qui se passait. Ce tempérament était un peu moins choquant, mais il ne mettait pas la reine à l’abri de la familiarité insultant de ses gardes. Un jour qu’étant couchée, elle ne pouvait pas dormir, elle allume une bougie à une lampe de nuit qui était à côté d’elle, et se mit à lire. Son garde qui s’en aperçut entre dans la chambre, ouvre les rideaux et s’assied familièrement sur son lit en disant : » Je vois que vous ne pouvez pas dormir, causons ensemble, cela vous vaudra mieux que de lire. » La reine contint son indignation et lui fit comprendre avec douceur qu’il devait la laisser tranquille.»
M. de Fontanges
Après leur arrestation, Madame de Tourzel et d’autres personnes liées à l’affaire de la fuite de Varennes sont gardées prisonnières et interrogées. La gouvernante n’est pas à la prison de l’Abbaye, mais gardée dans les appartements du Dauphin.
« La Reine montait chez M. le Dauphin, par un escalier qui communiquait intérieurement de son appartement dans celui de son fils ; elle passait chez M. le Dauphin accompagnée de quatre officiers ; elle trouvait la porte fermée. C’étaient les bornes de la prison de Mme de Tourzel, qui, étant suspendue de ses fonctions de gouvernante, était cependant constituée prisonnière dans une pièce de l’appartement du prince. Un des gardes frappait en disant : « La Reine ». Le garde de Mme de Tourzel qui habitait la même chambre qu’elle allait ouvrir à la Reine qui entrait pour prendre son fils et le mener chez le Roi par l’intérieur ; ils étaient suivis par huit officiers.»
La princesse de Tarente
Marie-Antoinette entame avec Barnave une correspondance secrète par l’intermédiaire du chevaliers de Jarjayes (1745-1822). Antoine Barnave entre alors en correspondance suivie avec la souveraine et La rencontre à plusieurs reprises. Malgré un échange de lettres quasi quotidien pendant de nombreux mois, les différents projets ne se concrétisent pas. Pour des raisons de prudence, c’est Jarjayes qui écrit à la place de Barnave , soit sous sa dictée, soit en recopiant un texte préparé. Barnave rejoint alors les monarchistes constitutionnels du club des Feuillants, ce qui lui vaut la haine du peuple parisien et des jacobins lesquels dénoncent « Barnave noir derrière, et blanc devant ».
La comtesse de Jarjayes permet d’acheminer cette correspondance, du moins dans les premiers temps, quand la Reine est sous étroite surveillance aux Tuileries, après le retour de Varennes, c’est-à-dire pendant environ trois mois. Femme de chambre de Marie-Antoinette, jouissant d’une entière confiance, elle donne à son mari les lettres destinées à Barnave, et remet à la Reine les lettres en réponse de Barnave, apportées par le comte. Marie-Antoinette écrit la lettre sur une table placée près de Son lit, et la cache sous un livre. Sur un signe convenu, la comtesse s’approche , fait semblant d’effectuer un rangement ; elle s’empare de la lettre en tournant le dos à la porte et la glisse dans son corsage.




Quand son mari vient, elle se jette dans ses bras et, pendant qu’ils s’étreignent, elle place la lettre dans la poche du comte. Celui-ci, dès qu’il le peut, se rend auprès de Barnave à qui il remet la missive royale. Ce dernier, après en avoir pris connaissance, dicte sa réponse au comte de Jarjayes, qui l’apporte à sa femme, laquelle la remet discrètement à Marie-Antoinette.
Il existe, bien sûr des variantes à ce scénario, toutes les façons d’agir ont pour but de déjouer la surveillance.
Dans certains cas, Marie-Antoinette donne des instructions précises à Son agent :
« Je désire, par l’attachement que je vous connais pour ma personne et pour le bien public, que vous cherchiez à voir M. Barnave et que vous lui disiez que … »
Marie-Antoinette


Le 20 septembre 1791
En fin d’après-midi, Louis XVI et Marie Antoinette, le Dauphin et Madame Elisabeth se rendent à l’Opéra, pour assister à la représentation de Psyché au théâtre de l’Académie royale de Musique. Ils sont accompagnés de la Famille Royale. Les acclamations sont unanimes et multiples.
Le 26 septembre 1791
La famille royale paraît à la Comédie-Italienne. Partout Marie-Antoinette se montre gracieuse et affable ; mais l’humeur n’y est plus et madame de Staël, voyant bien souvent la pâleur de Son visage, ne peut s’empêcher de noter «Elle s’effor(ce) d’être aimable. Mais on s’aperçoit une profonde tristesse à travers son obligeant sourire.»
D’août à décembre 1791
On fait aux Tuileries d’importants travaux de décoration et d’ameublement, particulièrement dans l’appartement de la Reine ; Sa chambre à coucher, Son salon, Sa salle-à-manger sont rénovés.
Le 1er décembre 1791
La Reine se rend la Comédie-Française, rebaptisée Théâtre de la Nation (à l’Odéon), car Elle souhaite voir l’acteur Préville jouer l’un de ses meilleurs rôles, celui de Géronte dans Le Bourru bienfaisant de Goldoni ; selon la presse, Elle y reçoit «les marques d’une satisfaction universelle, et les mêmes hommages l’ont accompagnée dans sa route jusqu’aux Tuileries».
Fin 1791
Le salon de compagnie de l’appartement de la Reine est réaménagé d’un damas lampas bleu, gris et blanc, décoré de cyclopes et de rosaces en tête de lion. L’ameublement raffiné est complété d’une table ronde en acajou avec tiroirs dals la frise et, au-dessus, quatre tiroirs à papiers et à écritoires en cuivre argenté. Ce meuble rappelle que la première activité de Marie-Antoinette aux Tuileries est d’écrire des lettres … par centaines.


Le 27 décembre 1791
Les vases jardins de la Chambre du Roi de Versailles sont envoyés aux Tuileries pour l’ameublement de la chambre du Roi où ils retrouvent les vases à têtes de lion.


Les mufles de lions font parties de l’emblématique royale. On les retrouve sur des pièces de mobilier d’apparat, mais surtout, sur les bronzes des deux cheminée en marbre turquin de la chambre de Louis XIV.



Les vases à têtes de lion
Le 29 décembre 1791
Marie-Antoinette se rend à l’opéra assister au ballet de Psyché. On donne également Les Prétendus de Lemoyne. Elle y est acclamée.
Le 20 février 1792
La Reine paraît à la Comédie-Italienne pour la dernière fois. Elle est saluée par Madame Dugazon qui chante :
« Ah! que j’aime ma maîtresse» dans Les Événements Impromptus.
Le 20 juin 1792
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto. Le Roi refuse.










En juillet 1792
« La reine était si mal gardée et il était si facile de forcer son appartement que je lui demandai avec instance de venir coucher dans la chambre de Mgr le Dauphin. Elle eut bien de la peine à se décider (…) Elle finit par y consentir mais seulement les jours où il y aurait du bruit dans Paris.»
Madame de Tourzel
A partir de ce moment, la Reine, la gouvernante et le Dauphin cohabitent dans cette chambre pendant les nuits.
« Mgr le Dauphin, qui aim(e) beaucoup la reine, enchanté de la voir coucher dans sa chambre, cour(t) à son lit dès qu’elle (est) éveillée, la ser(t) dans ses petits bras en lui disant les choses les plus tendres et les plus aimables.»
Madame de Tourzel



Le 10 août 1792
A sept heures du matin, les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale, qui siège dans la salle du Manège, qui se trouve le long du jardin (à l’emplacement de l’actuel carrefour entre les rues de Rivoli et de Castiglione). Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel.
Il ne sert à rien d’aller passer en revue des troupes qui sont tombées dans les bras des révolutionnaires.


Le Roi et la Reine sont perdus.











Traversant le jardin des Tuileries, le petit cortège royal pénètre dans la salle où se réunit l’Assemblée, d’ailleurs fort clairsemée. La présidence est occupée ce jour-là par Vergniaud. Louis XVI s’adresse à lui en disant :
« Je suis venu ici pour éviter un grand crime et je pense que je ne saurai être plus en sûreté qu’au milieu de vous. Vergniaud lui répond en ces termes : Sire, vous pouvez compter sur la fermeté de l’Assemblée nationale ; ses membres ont juré de mourir en soutenant les droits du peuple et les autorités constituées.»

Louis XVI et sa famille sont conduits jusque dans la loge grillagée du greffier de l’Assemblée nationale (ou loge du logotachygraphe) , où ils restent toute la journée.





Images des Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Le 10 août 1792, le dernier acte de Louis XVI, Roi des Français, est l’ordre donné aux Suisses «de déposer à l’instant leurs armes».

La position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent. La note du Roi est alors exécutée et l’on ordonne aux défenseurs de se désengager. Le Roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.








Des 950 Gardes Suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l’ordre du Roi de rendre les armes en plein combat.







La famille s’entasse dans cet antre : Louis XVI, Marie-Antoinette qui prend son fils sur ses genoux, Madame Élisabeth et Madame Royale. Elle y étouffera littéralement toute la journée.
Le petit Dauphin a faim et soif.Monsieur de Joly, dernier ministre de la Justice de Louis XVI, auquel le jeune prince donnait la main pendant le trajet du palais au Manège, se dévoue pour aller chercher un repas à la cantine de l’Assemblée. Par scrupule – et aussi sans doute en vertu d’une méfiance non sans raison -, il goûte tous les mets. À tel point même que Louis Charles lui dit : « Assez, ministre, assez ! ».
Le Roi est suspendu de ses fonctions.






Le 20 novembre 1792
Roland (1734-1793),ministre girondin de l’Intérieur, découvre l’existence de l’armoire de fer ,informé par l’artisan qui l’avait fabriquée, un serrurier nommé François Gamain (1751-1795).

Cette armoire, est une ouverture aménagée dans un mur, faisant office de coffre fort dissimulé par un lambris pivotant situé dans les appartements de Louis XVI. Elle est destinée à dissimuler la correspondance de Louis XVI avec, entre autres, Mirabeau (1749-1791), Maximilien Radix de Sainte-Foix, conseiller occulte du souverain, Joseph Duruey (1741- 1794) et Tourteau de Septeuil, ses banquiers, Arnaud de Laporte (1737-1792), intendant de la Liste civile sur laquelle des fonds étaient prélevés, François de Bonal (1734-1800), évêque de Clermont, etc. C’est à la suite de cette découverte que la dépouille de Mirabeau est retirée du Panthéon.

La révélation de l’existence de l’«armoire de fer» arrivait à point. Que contenait donc cette fameuse «armoire» ? Au total, 726 pièces, censées accréditer la collusion de « Louis Capet » avec les puissances ennemies de la Révolution.
Dans une étude très fouillée, publiée en 1982, Paul et Pierrette Girault de Coursac ont conclu à une forgerie destinée à perdre le Roi. Sans valider totalement cette thèse, la plupart des historiens admettent, aujourd’hui, que de nombreuses zones d’ombre subsistent…

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Le 10 mai 1793
La Convention s’installe aux Tuileries, dans la galerie des Machines aménagée par l’architecte Jacques-Pierre Gisors (1755-1818). Rien n’est modifié dans l’aspect extérieur des Tuileries lorsque la Convention s’y installe . En revanche, l’arrivée de l’Assemblée nationale est marquée par l’inscription sur la façade du Palais, de trois mots clefs de la mythologie républicaine. Le mot Unité était inscrit sur le pavillon de l’Horloge (au centre), Liberté sur le pavillon Marsan, et Égalité sur celui de Flore. On plante enfin un bonnet phrygien sur le sommet du pavillon de l’Unité. Il faut à l’intérieur, aménager une salle en conformité avec la vocation qu’on lui destinait. C’est celle dite « des Machines » qui est déblayée et offre un espace suffisant pour loger un vestibule dit « Salle de la Liberté » parce qu’elle est ornée d’une statue de dix mètres qui l’évoque et la salle des séances.
Le 31 mai 1793
La gauche républicaine est toujours prête à trahir et renier ses valeurs dans les moments les plus graves. Ainsi, elle a fait le choix de voiler les Droits de l’homme en s’alliant avec la nébuleuse extrémiste formée à la Commune de Paris, afin que leurs forces conjuguées écrasent la droite républicaine incarnée par les Girondins.


Le 27 juillet 1794
Robespierre est empêché de s’exprimer à la Convention et invectivé de toutes parts quand un des représentants « à mauvaise conscience », qui est proche de Fouché, demande le décret d’accusation contre lui.

La proposition est votée à main levée et Robespierre arrêté en compagnie d’Antoine de Saint-Just (1767-1794) et de Georges Couthon (1755-1794) qui sont emmenés par les gendarmes.


Sous le Directoire (1795-1799)
Les Tuileries abritent le Conseil des Anciens (1795-1799) jusqu’à sa suppression le 10 novembre 1799. Plus aucune assemblée parlementaire ne siégera au palais des Tuileries par la suite.
Le 19 février 1800
Napoléon Bonaparte (1769-1821), Premier consul, s’installe au palais, aménagé pour cela par l’architecte Leconte (1760-1818). Il prend pour logement le premier étage, occupant l’ancien appartement du Roi (il dort dans la chambre de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI). Si Cambacérès (1753-1824), Deuxième consul, préfère résider à l’hôtel d’Elbeuf, le Troisième consul Lebrun (1739-1824) s’installe dans le pavillon de Flore.
Napoléon Ier se maintient aux Tuileries, qui deviennent alors la résidence officielle de l’Empereur. Celui-ci occupe, au premier étage de l’aile sud, les anciens appartements royaux, la disposition et la dénomination des pièces restant inchangées.
Le 28 novembre 1804
Le pape Pie VII (1742-1823), venu à Paris pour sacrer Napoléon, s’installe dans le palais, où il réside jusqu’au 4 avril 1805. Il occupe l’ancien appartement de Madame Elisabeth, au premier étage du pavillon de Flore.


Le 2 décembre 1804
Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris et couronnement de Joséphine.


En 1806
Une salle de spectacles et une chapelle sont aménagées dans la galerie des Machines, tandis que les décors intérieurs sont remaniés par les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine (1762-1853). Le plafond de la salle à manger officielle est décoré d’allégories, qui représentent les quatre éléments, la guerre et la paix.

C’est également en 1806 que ces mêmes architectes édifient l’ arc de triomphe du Carrousel qui imite l’arc de Septime Sévère de Rome, constitue la nouvelle entrée officielle du palais en remplacement d’une ancienne porte du XVIIe siècle.




Le 20 mars 1811
Cent un coups de canons annoncent aux Parisiens la naissance tant attendue du fils de l’Empereur, au Palais des Tuileries. Constitutionnellement paré du titre de «Prince impérial », il reçoit en outre celui de « Roi de Rome ». C’est au rez-de-chaussée de l’aile sud que naît le fils de Napoléon et de Marie-Louise, Napoléon II (1811-1832), qu’on appelle l’Aiglon.

Par l’attention portée aux détails, l’œuvre constitue aussi un précieux témoignage de l’ameublement de la chambre de l’Impératrice, aménagée par les fameux architectes Percier et Fontaine au palais des Tuileries, incendié en 1871. Si l’imposant lit de parade, certes très transformé, est aujourd’hui conservé au château de Versailles, il ne reste hélas rien de la somptueuse toilette en vermeil offerte par la Ville de Paris en cadeau de mariage à l’impératrice en 1810. Œuvre du peintre Prud’hon, de l’orfèvre Odiot et du fondeur ciseleur Thomire, cet exceptionnel ensemble dont on admire ici des éléments sera fondu par Marie-Louise en 1836.



En 1814
Napoléon quitte le palais pour n’y plus revenir. Il y est remplacé par Louis XVIII (1755-1824).
Sous la restauration probablement . La galerie nord n’est pas faite mais on retrouve un corridor sans doute en bois reliant le pavillon central à la chapelle. Il permettait à Louis XVIII qui se déplaçait difficilement de ne pas emprunter l’escalier.
Une fois installé sur son trône, Louis XVIII regarde çà et là s’il ne voyait pas une abeille dans les tapisseries. Il dit à son frère le comte d’Artois :
«Mon frère, nous avons eu un bon concierge.»
On afflue de toute l’Europe pour être présenté au Roi Louis XVIII et à Madame. Les exilés retrouvent Paris. Les portes du palais sont grandes ouvertes à qui est bien habillé. La cour s’organise…








La salle du trône est habillée en outre de quatre grandes torchères en bois dorés surmontés de girandoles de Thomire (Mobilier national), ce tapis de la Savonnerie (partie centrale au Mobilier national, partie latérales aujourd’hui à Fontainebleau). Le programme magnifiant royauté et l’histoire des Capétiens et Bourbon prévoyait enfin la création de tapisseries des Gobelins à la gloire des grands rois de la dynastie. La conception de l’extraordinaire mobilier est l’œuvre de Jean-Démosthène Dugourc, Jacob-Desmalter réalisa les bois, Jean-François Lèbe leur dorure. Les tissus sont tissés à Lyon chez Grand frère.





Le 16 septembre 1824
Louis XVIII est le seul Roi de France à mourir aux Tuileries.

Son frère Charles X (1757-1836) l’y remplace, jusqu’à ce que la Révolution de Juillet 1830 l’en chasse et que le palais soit pillé par les émeutiers pour la deuxième fois de son histoire.

En 1825
La Dauphine tient à son rôle de Reine et veut donner tout son lustre à la cour. Mais ses bals y sont d’un profond ennui contrairement à ceux de la duchesse de Berry ou des Orléans installés au Palais Royal.



Jusqu’au 21 septembre 1831
Les Tuileries restent inhabitées , Louis-Philippe (1773-1850) préférant jusqu’ici résider dans sa demeure familiale, le Palais-Royal, soit contraint de s’installer au palais par Casimir Perrier, qui désirait rehausser le prestige de la monarchie de Juillet.


Son épouse, la Reine Marie-Amélie (1782-1866), le trouve triste et le compare à une casauba (casbah). La famille royale emménage donc au rez-de-chaussée de l’aile sud.
Pendant plus d’un an
On fait réaliser d’importants travaux de réaménagement qui coûtent plus de cinq millions de francs. Le palais prend alors son aspect définitif, avec notamment la création par les architectes Percier et Fontaine, d’un grand escalier dans le pavillon de l’Horloge.
Le Roi fait également creuser, dans le jardin des Tuileries, une tranchée qui permit de délimiter un jardin privé, clos de grilles, le long de la façade occidentale du palais.

En 1833
Louis-Philippe doit toutefois renoncer, faute d’argent, au projet de réunion du Louvre et des Tuileries sur le côté nord, présenté mais qui ne sera réalisé que par Napoléon III (1808-1873).






En février 1848
Trois petits jours. Et il en est fini de la monarchie française. Débutée le 22 février, la Révolution de 1848 mit un terme dès le 24 février au règne de Louis-Philippe. Le Roi des Français, monté sur le trône le 9 août 1830, n’a pas eu d’autre choix que d’abdiquer. Pourtant, deux mois auparavant, il n’imaginait nullement une telle issue. Face aux oppositions qui commençaient à monter, le souverain avait rétorqué à l’ambassadeur de Belgique -pays dont le Roi, Léopold Ier, n’était autre que son gendre :
«Ce ne seront pas les banquets de veau froid (allusion aux réformistes, NDLR) ni les Bonaparte qui me désarçonneront. Je suis bien assis sur mon cheval».
Son abdication met fin à la monarchie en France.
Le 24 février 1848
La famille royale est chassée des Tuileries, qui sont une nouvelle fois pillées. Louis-Philippe s’enfuit en famille de son palais des Tuileries pour ne plus jamais y revenir…
Or, si ce 24 février à onze heures, le monarque, qui arborait son uniforme, tentait encore de galvaniser les troupes, en fin de matinée, il avait compris que son sort était scellé. Le temps de signer son acte d’abdication en faveur de son petit-fils le comte de Paris -son fils aîné étant décédé accidentellement-, et le voilà en train de fuir de son Palais des Tuileries.
« Aidé par son épouse, la Reine Marie-Amélie (1782-1866), il s’est dépouillé de son uniforme et a revêtu un habit bourgeois, redingote et chapeau rond. Dehors, la foule gronde et se rapproche dangereusement. Vite, le couple royal, suivi de ses enfants, beaux-enfants, petits-enfants et de quelques fidèles, traverse le jardin des Tuileries et atteint la place de la Concorde»



«Un court instant, c’est la panique: les carrosses qui doivent leur permettre de partir ne sont pas au rendez-vous. Ils ont été arrêtés à leur sortie des écuries, tandis que le cavalier qui les précédait était abattu d’un coup de fusil. Une solution de remplacement est trouvée. Trois petits fiacres, plus discrets, sont envoyés à la famille royale qui s’y entasse «tant bien que mal et les véhicules, encadrés par deux escadrons de cuirassiers, partent au galop en direction de Saint-Cloud. Une fuite aux allures de sauve-qui-peut, au terme de dix-huit années d’un règne qui se prétendait « inexpugnable« ».

En décembre 1852
Après avoir été reconverti en hospice pour les invalides de guerre, le palais redevient résidence officielle lorsque Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, vient s’y installer, avant d’y être proclamé Empereur

Le Second Empire refait des Tuileries la résidence impériale. L’ancienne étiquette réapparaît (écuyers, chambellans, préfets du palais) tandis que les fêtes et les cérémonies donnent au palais un lustre inégalé.





Le 29 janvier 1853
Les Tuileries sont le théâtre du mariage civil de Napoléon III et d’Eugénie de Montijo (1826-1920).


Par ailleurs, l’architecte Visconti (1791-1853) est chargé par l’Empereur de donner au palais une nouvelle jeunesse. Il s’ensuit la démolition des maisons et des ruelles qui séparent encore la place du Carrousel de la cour Carrée du Louvre.

















En 1855
Une vue rare et exceptionnelle de 1855 montrant la construction du Pavillon Richelieu :
Le «Grand Projet» de Lefuel prenait vie…





Vers 1870
L’Empereur achève le Grand Dessein voulu par Henri IV et poursuivi par Napoléon en faisant prolonger, le long de la rue de Rivoli, la galerie que ce dernier avait édifiée. Pour la première fois, le palais des Tuileries et le palais du Louvre forment donc un seul et même ensemble, le plus vaste et l’un des plus majestueux d’Europe.
Le 4 septembre 1870
Après la défaite de Sedan, l’Impératrice Eugénie quitte le palais des Tuileries cerné par l’émeute. Elle s’enfuit par le pavillon de Flore, d’où elle passe dans la Grande Galerie du Louvre.




Uniforme de l’Impératrice Eugénie pour quand elle devait passer les troupes en revue.
Il a été taillé par Alexis Lavigne, son costumier-amazonier, fondateur de l’école Esmod
En 1871
Devenue maîtresse des lieux, la Commune fait des Tuileries le théâtre de fêtes et de concerts : des « concerts communards » ont ainsi lieu dans le salon des Maréchaux.
Le 10 mai 1871
Une soirée artistique est organisée au profit des blessés de la Garde nationale.
Le 18 mai 1871
Trois concerts consécutifs ont lieu, attirant une foule immense. Installé aux Tuileries avec son état-major, le chef fédéré Bergeret (1830-1905) déclare :
« Quand je quitterai les Tuileries, les Tuileries seront en cendres ».
Les 22 mai 1871
Les communards Dardelle, Bergeret, Bénot, Boudin et Madeuf font passer dans la cour cinq fourgons chargés de barils de poudre, bonbonnes de pétrole, de goudron liquide et d’essence de térébenthine qu’ils rangent sous le péristyle du pavillon central.
Le 23 mai 1871
Une trentaine de fédérés sous les ordres de Bénot, garçon boucher, Bergeret et Boudin parcourt tous les appartements du palais et asperge murs et planchers à pleins seaux de pétrole.
Un baril de poudre est placé dans le vestibule du pavillon de l’Horloge.
Peu avant neuf heures du soir, l’horloge du palais s’arrête sous l’action du feu.


Vers onze heures du soir, une explosion secoue le pavillon central, laissant le dôme s’abîmer dans une gerbe de flammes.
Le palais brûle pendant trois jours, et l’incendie se propage sur une partie du Louvre.


« Dans un accès de rage, les insurgés ont mis le feu au Louvre et aux Tuileries. Le laconisme du télégraphe nous empêche d apprécier toute l’étendue de cet acte de vandalisme, que ne justifient pas même les nécessités de la défense et qui ne saurait retarder d’une heure ni modifier en rien le dénouement de la lutte.
N’ayant pas le courage d’exécuter leurs criminelles menaces, les derniers partisans de la Commune, avant de tenter une fuite désespérée, ont allumé l’incendie derrière eux : ils n’ont pas osé s’ensevelir sous les ruines de Paris, mais ils n’ont pas reculé devant un acte de sauvagerie que n’eussent jamais entrepris les Prussiens, même dans les circonstances les plus désespérées».









Le 27 mai 1871
Il ne reste plus des Tuileries que des pans de murs noircis.
Le palais et le musée du Louvre, seront, cependant, épargnés des flammes grâce à l’opiniâtreté de Henry Barbet de Jouy (1812-1896), conservateur du Louvre et, surtout grâce à l’intervention du commandant de chasseurs qui demande à ses hommes de tout faire pour éviter la propagation des flammes vers les autres bâtiments, situés à l’est des guichets du Louvre et leurs précieuses collections.
Dès 1872
De nombreuses pétitions et requêtes sont déposées pour la restauration du palais, intégralement ou dans sa majeure partie. De fait, l’édifice est réparable, puisque seuls les planchers, la toiture et les décors se sont entièrement consumés.

En 1876
Des commissions parlementaires sont constituées : une commission sénatoriale écarte toute idée de voir disparaître les ruines. Haussmann (1809-1891), Lefuel (1810-1880) et Viollet-le-Duc (1814-1874) proposent des projets de sauvegarde des ruines ou de reconstruction d’un nouveau palais. La proposition principale consiste en la restauration de la seule partie centrale, isolée, des Tuileries, comprenant le pavillon de l’Horloge, les deux ailes et les deux pavillons du Théâtre et de Bullant, la Petite-Galerie et la galerie des Machines étant donc démolies.








Le 17 septembre 1879
Mais le projet est mis à mal par le décès de Viollet-le-Duc , puis par celui de Léonce Reynaud le 14 février 1880, enfin celui d’Hector Lefuel, le 26 décembre 1880, qui étaient tous trois des experts favorables à la reconstruction.
Le nouvel architecte responsable du chantier, Charles Garnier (1825-1898), est au contraire un adversaire de la restauration.

Le 30 mai 1881
Dans son rapport, il mentionne les difficultés à reconstruire le palais : ruines exposées trop longtemps aux intempéries pour être conservées, trop faible profondeur des ailes, nécessité de créer des caves contre l’humidité… et il propose un nouveau bâtiment à la place.
Le 21 mars 1882
Après maintes tergiversations, la Chambres des députés décide finalement de démolir les ruines.
De février au 30 septembre 1883
Les Tuileries sont démolies.


Ne subsistent que les pavillons de Flore et de Marsan, ainsi que deux galeries jusqu’aux guichets du Louvre. Désormais, une vaste perspective s’étend du jardin des Tuileries au palais du Louvre, laissant découvrir l’arc de triomphe du Carrousel, ancienne porte d’honneur désormais isolée au milieu d’une vaste esplanade.
En 1914
Voulant cueillir une fleur d’un des parterres du jardin des Tuileries, où elle a longtemps habité, L’ex-Impératrice Eugénie se fait sermonner par le gardien qui ne l’a pas reconnue.
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Le 26 juillet 2024
Le jardin des Tuileries devient le lieu d’accueil d’un symbole des jeux olympiques qui commencent alors en France….






Photographies de Samphors Moun




Photographies de Pierre Regnault


Sources :
- Antoinetthologie
- Marie-Antoinette et la Musique (janvier 2022) de Patrick Barbier ; Grasset
