
Epoque médiévale
Le château de Fontainebleau s’est développé à partir du donjon qui témoigne des origines médiévales du bâtiment. Celles-ci sont probablement antérieures à la présence royale mais c’est bien depuis la chambre du Roi, longtemps située au première étage (actuelles salles Saint-Louis), que s’exerce le pouvoir.
LE PREMIER CHÂTEAU
1137
La première mention du château de Fontainebleau dans une charte royale remonte à 1137, année de l’avènement de Louis VII le Jeune (1120-1137-1180).
De cette époque demeure le donjon, massive construction de forme carrée.
En 1169
Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, alors en exil en France, consacre la chapelle du château de Fontainebleau sous le double vocable de la Vierge et de Saint-Saturnin.
Aux origines du château de Fontainebleau …
(Texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau – la vraie demeure des Rois )
Un haut donjon carré, sans contrefort : tel est le premier Château de Fontainebleau, dont la silhouette se devine encore aujourd’hui, enchâssée dans les constructions de la Renaissance.

Caractéristique de l’architecture romane, ce donjon aux murs épais de 3 mètres comportaient en rez-de-chaussée une salle basse de 7,65 sur 7,70 mètres. Au premier étage, aux murs épais de 2,50 mètres se trouvait la Chambre du Roi, salle carrée de 8,70 mètres de côté. Le deuxième étage avait des murs épais d’un mètre. tel quel, le donjon était l’image d’une royauté en pleine expansion.

« Fontaine Belleau (ou Bliaud) » est entrée dans l’histoire en 1137, la première année du règne de Louis VII le Jeune, où pour la première fois une charte royale a été datée de cette résidence.


A la fin du XIIe siècle, la famille Royale Capétienne fréquente régulièrement Fontainebleau. Philippe Auguste y passe notamment les fêtes de Noël de 1192, au retour des croisades.


Fontainebleau prend une importance nouvelle sous Louis IX. Pieux et méditatif, le Roi aime à s’y retirer et y chasser. Il fait couvrir en tuile le toit du donjon et de la chapelle.

En 1259
Saint Louis, très attaché à son château-fort de Fontainebleau, fonde un couvent-hôpital dont il confie la charge aux moines trinitaires ou Mathurins. De cette disposition originelle subsistent les fondations de leur chapelle et des bâtiments conventuels, alors situés à proximité de l’actuelle chapelle de la Trinité. Philippe IV le Bel (1268-1314), fils de Philippe III et d’Isabelle d’Aragon naît et meurt à Fontainebleau.

La cour Ovale, au centre du château, tient sa forme singulière de l’ordonnancement de l’ancien château fort, celui-ci délimitant une cour octogonale aux angles arrondis. Elle est en partie délimitée par des façades en grès sur lesquelles court une galerie continue supportée par une rangée de colonnes.
La chapelle Saint-Saturnin
(Texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau – la vraie demeure des Rois )

La chapelle Saint-Saturnin est située entre la Cour Ovale et le Parterre, à l’extrémité de la Salle de Bal. C’est une chapelle double (ou à étage), comprenant en fait deux chapelles : une basse, pour les domestiques et les officiers, et une haute, l’étage noble, réservé au maître de maison et à sa famille.

Construite en pierre de taille et plus dégagée qu’elle ne l’est aujourd’hui, elle apparaissait comme le pendant du portique de Serlio avec lequel elle partageait de nombreux traits : arcs en anse-de-panier, chapiteaux de fantaisie, ici avec le cerf bellifontain.
On situe les débuts des travaux de la chapelle actuelle en 1541, mais le portique est de 1531. Par la suite, elle s’est trouvée enveloppée par l’aile de la Salle de bal, construite sous François Ier et Henri II, et par l’aile construite sous Henri IV entre le pavillon des Dauphins et la Chapelle, avec une façade sur cour imitant celle de la salle de bal. Elle est achevée en 1546.

La chapelle basse occupe l’emplacement d’une ancienne chapelle du XIIe siècle. Celle-ci ayant disparu sous François Ier, elle fut reconstruite puis restaurée sous Louis-Philippe qui y fait poser de grands vitraux réalisés par Émile Wattier. Dans les vitraux, peints sur les dessins de la Princesse Marie, on peut lire cette inscription : « Cette chapelle, bâtie en 1169 par le Roi Louis VII, a été consacrée par Saint Thomas Beckett« .

Dès le règne de François Ier, la chapelle haute aurait dû recevoir un riche décor religieux, mais celui-ci ne fut que partiellement mis en place. Dans ce décor, les douze pilastres de la chapelle devaient être ornés des fameux Apôtres émaillés réalisés par Léonard Limosin, qui furent finalement placés par Philibert Delorme au château d’Anet.
Le tableau «La Sainte Famille de François Ier» par Raphaël ornait le maître-autel avant d’être transféré au Louvre et d’être remplacé par une copie.

La tribune de l’orgue, réalisée sous Henri II, est dessinée par Philibert Delorme et exécutée le menuisier Scibec de Carpi, et a été entièrement refaite au XIXe siècle. Il ne reste de l’ancien ouvrage que deux colonnes ioniques en marbre, taillées par Ambroise Perret en 1554.

En 1612, une commande passée à Ambroise Dubois prévoyait l’exécution de six grandes toiles pour couvrir les fenêtres aveuglées. Leur réalisation fut interrompue par la mort de l’artiste en 1614, mais fut reprise en 1631 par son fils Jean Dubois qui partage alors son travail avec son oncle Claude d’Hoey. L’ensemble est aujourd’hui détruit, à part le décor peint en grisaille d’or en 1639 de la chapelle basse, par Claude d’Hoey.

La chapelle haute fut transformée en bibliothèque sous Napoléon Ier et le resta jusqu’au Second Empire et le déménagement des livres dans la galerie de Diane. La chapelle basse fut dotée sous Louis-Philippe de nouveaux vitraux, d’après les cartons de Marie d’Orléans.
En 1268
Philippe IV le Bel (1268-1314) est le premier Roi de France à naître au château et il y fait aménager des appartements en 1286.

Le 29 novembre 1314
Philippe le Bel est également le premier Roi à y mourir des suites d’une chute de cheval, après une longue agonie
En 1323
Isabelle de France, Reine d’Angleterre (1295-1358), vient à Fontainebleau rendre visite à son frère, Charles IV le Bel (1294-1328).

En 1332
c’est à Fontainebleau qu’est signé le contrat de mariage de Jean de France, futur Jean II le Bon (1319-1364) et Bonne de Bohème ( 1332-1349).

Charles VII (Roi de France de 1422 à 1461) entreprend des travaux d’agrandissement de l’enceinte castrale dès le début de son règne. Il y séjourne à plusieurs reprises pendant de longues périodes, excédant parfois six mois.
UN CHÂTEAU ET UN MONASTÈRE
C’est en bordure de ce qui constitue aujourd’hui la cour d’Honneur (ou cour du Cheval Blanc ou cour des Adieux) que Saint-Louis fonde un couvent-hôpital. Intégrée au logis principal ouvrant sur cette cour, l’actuelle chapelle de la Trinité (reconstruite au XVIe siècle) occupe l’emplacement de la chapelle conventuelle des religieux de la Sainte-Trinité ou moines Mathurins. Les bâtiments de ce couvent étaient alors construits sur le côté de la cour d’Honneur, comme le rappelle toujours le nom même de la cour ouvrant sur la ville et dite des Mathurins.
A partir de 1528
Le monastère sera racheté par François Ier (1515-1547) lors des agrandissements qu’il ordonne.

LA RENAISSANCE
Sous le règne des Valois, le donjon de saint Louis et l’enceinte médiévale se métamorphosent peu à peu en un véritable palais. Dans la seconde partie de son règne, François Ier marque son attachement particulier au château de Fontainebleau, ce que traduisent et ses travaux et ses fréquents séjours.

LES ROIS VALOIS EN LEUR PALAIS
La Renaissance imprime les premiers agrandissements notables du château de Fontainebleau. Aux campagnes de construction suivies des grands chantiers d’embellissements conduits par les artistes italiens s’ajoutent les séjours de la cour. François Ier (1494-1547) réside fréquemment à Fontainebleau « où il se plaît tant, que y voulant aller, il dit qu’il va chez soi ». Traquant « bêtes noires et bêtes rousses » dans la forêt.
De retour d’Italie, le jeune Roi transforme le château médiéval en véritable palais. Le souverain installe son appartement dans le donjon, qu’il perce de larges fenêtres et coiffe d’un toit d’ardoises. Et pour loger la cour, des ailes lui sont adjointes, décorées «à l’antique» par les artistes italiens de la première école de Fontainebleau. Le Primatice peint les galeries et dessine un jardin qu’il peuple de statues.

Salon «François Ier»
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Ce salon fut autrefois la Chambre de Louise de Savoie, puis celle d’Eléonore d’Autriche, seconde femme du Roi et soeur de Charles-Quint.

Antichambre de la Reine jusqu’à la Révolution, elle sert de Salle à Manger d’apparat sous Napoléon Ier.

La salle avait été décorée par Primatice. Il reste de cette décoration la cheminée ornée au milieu du manteau d’une peinture à fresque Noces de Vénus et d’Adonis, d’après un carton de Jules Romain.

Les tapisseries des Gobelins, qui appartiennent à la tenture des Chasses de Maximilien, dite aussi des «Belles Chasses de Guise», y ont été placées en 1865. Elles représentent l’audience de l’Empereur, le Départ pour la chasse, la Halte et le repos et le Cerf au bat-l’eau.
Les consoles en bois d’if, avec bonzes ciselés et dorés et les sièges sont de Jacob.

Le 6 janvier 1521, en pleine célébration de l’épiphanie. Par amusement, François Ier décide d’organiser une fausse bataille contre son cousin qui vient de tirer la fève quelques minutes auparavant. Hélas, l’affrontement vire au drame après qu’une bûche enflammée ait atteint le visage du Roi. Le souverain tombe dans le coma et s’en tire avec plusieurs cicatrices sur les joues. En conséquence, le Roi de France décide de se laisser pousser la barbe pour les masquer et par la même occasion lance une mode dans toutes les cours d’Europe.

Lepaute, Horloger de l’Empereur.
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Depuis François Ier et la reconstruction de la Chapelle de la Trinité, une horloge aux trois cadrans était visible dans la tour surmontée de son élégant campanile.

D’abord création de Jean Legagneur, en 1633, les cloches accompagnant l’horloge, du nom de Louise, Anne et Julie sont baptisées sous Louis XIV.
Un terrible incendie dans le Pavillon des Armes ravage le clocher et fait fondre les cloches.

En 1808, une nouvelle horloge est installée, œuvre de «Lepaute, Horloger de l’Empereur», ainsi que de nouvelles cloches.

L’antichambre du Col de Cygne
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )
Cette pièce correspond aux Étuves lorsque François Ier avait son Appartement des Bains à cet emplacement.

Précédent la Salle à manger de Louis XV et de Louis XVI, cette pièce devient la pièce des Buffets en 1784 sous Louis XVI.

C’est à cette date que la fontaine en plomb doré représentant un enfant jouant avec un cygne au milieu des roseaux, portée sur une coquille de marbre a été réalisée.

En actionnant le col du cygne vers la gauche, on faisait couler l’eau dans la vasque pour rafraichir les bouteilles de vin.
A partir de 1528

Le Roi séjourne surtout en hiver, date des premiers travaux qu’il ordonne.


En décembre 1536
Il accueille son futur gendre, Jacques V, Roi d’Ecosse (1512-1542).


L’Appartement des Bains de François Ier :
Des thermes antiques au cœur du château de Fontainebleau
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )
Imaginé par François Ier sur le modèle des thermes romains antiques, l’ensemble occupait le rez-de-chaussée du bâtiment sous la Galerie François Ier.

L’Appartement des bains se composait d’une enfilade de sept salles, que l’on parcourait d’ouest, où se situait l’entrée, en est où se trouvait l’appartement du Roi.
La première salle servait à se laver et à s’épiler.
La deuxième, désignée comme «sudatorium», servait à provoquer les sueurs.
La troisième pièce était celle du bain froid. Elle était décorée de fresques de Primatice.
Venaient ensuite trois pièces de repos dont les murs étaient décorés de lambris marquetés et dorés, sur une hauteur de deux mètres environ. On s’y délassait après le bain, des portes menant au jardin pour se rafraîchir, des cabinets servant de salles à manger.

1) Étuves chaudes et barbiers,
2) Études tièdes,
3) Bains,
4 – 5 – 6) Salles de repos,
7) Vestibule
La sixième pièce, affectée à des fonctions publiques, était la plus vaste. C’est là que se déroula, le 4 mai 1600, la Conférence de Fontainebleau entre catholiques et protestants.
Enfin, l’enfilade des bains s’achevait par un vestibule, donnant sur un escalier à vis par lequel on pouvait accéder à la Galerie François Ier.

Les quatre dernières pièces de l’appartement étaient décorées de peintures de chevalet, insérées dans des encadrements en stuc, comparables à ceux qui entourent les fresques de Rosso, à l’étage, dans la Galerie François Ier.
C’est dans ces pièces que François Ier avait rassemblé sa collection de peintures comme Le Grand Saint-Michel de Raphael ou La Joconde de Léonard de Vinci.

Sous le règne d’Henri IV, le décor original de l’Appartement des Bains est modifié. A l’occasion de ces travaux, les œuvres qui étaient conservées dans les salles chaudes et humides des bains depuis les années 1540, quand François Ier les y avait fait accrocher, sont transférées dans le cabinet des peintures pour y être conservées. Des copies remplacent les originaux.

L’aile sera finalement profondément remaniée sous Louis XIV, en 1697, afin d’y créer de nouveaux logements
Du 24 au 30 décembre 1539
C’est le fameux séjour de l’Empereur Charles Quint (1500-1558) que François Ier reçoit au pavillon des Poêles.

Une invitation «diplomatique» que Martin du Bellay rapporte dans ses Mémoires :
«Le Roi le festoya et lui donna tous les plaisirs qui se peuvent inventer, chasses, tournois, escarmouches et toutes sortes d’esbattements.»
Martin du Bellay

De 1541 à 1544
Réalisation des appartements de la duchesse d’Étampes, Anne de Pisseleu (1508-1580), favorite de François Ier. Le décor de stuc et de fresques, réalisé par Le Primatice, illustre la vie d’Alexandre le Grand.
Sous Louis XV
Cet appartement est remanié et devient l’escalier du Roi .



Henri II (1519-1547-1559), son fils y séjourne tout aussi régulièrement, poursuivant les travaux. Au château de Fontainebleau naissent d’ailleurs six des enfants que lui donne Catherine de Médicis (1519-1589).

Le 19 janvier 1544
Naissance du futur François II (1544-1560) ; il est baptisé à Fontainebleau le 10 février de la même année).
Le 2 avril 1546
Naissance d’Elisabeth, future Reine d’Espagne (1545-1568).
Le 12 novembre 1547
Naissance de Claude de France (1547-1575), future duchesse de Lorraine.
Henri II et la Salle de Bal
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )
Destinée à accueillir avec faste une cour toujours plus nombreuse, la Salle de Bal fait l’objet de tous les soins de Henri II, alors au début de son règne.

Dès 1548, le Monarque reprend le projet de son père François Ier, qui souhaitait ériger une loggia à l’italienne au sud de la Cour Ovale, mais il en modifie le partir, mal adapté au climat français.

De la loggia, dont les très hautes arcades ouvertes sur la cour et le jardin constituent le seul vestige, l’espace est transformé afin de devenir une grande salle susceptible d’impressionner courtisans et visiteurs et par la monumentalité de son architecture, par la subtilité de son décor, et enfin par les divertissements qui y sont donnés, notamment grâce à une tribune destinée aux musiciens.

La magnificence de la salle repose sur l’alliance du décor peint à fresque par Niccolo dell’Abate d’après des dessins du Primatice, qui met en scène les dieux de la mythologie gréco-romaine, et du bois sculpté des emblèmes d’Henri II par le menuisier italien Scibec de Carpi, qui vient recouvrir la partie inférieure des murs.

L’architecte Philibert Delorme décide en 1550 d’y associer un plafond a caissons en bois sculpté et peint, ainsi qu’un riche parquet de marqueterie aujourd’hui disparu.

La cheminée monumentale, occupant toute la hauteur du mur occidental, contribue à la somptuosité du décor, qui n’est cependant achevé qu’en 1556, soit trois ans avant la mort du Roi.


Le chantier de la Salle de Bal couvre ainsi l’ensemble du règne d’Henri II.

Le 19 septembre 1551
Naissance d’Edouard-Alexandre ( 1551-1589), futur Henri III (1574-1589) .
Le 18 mars 1555
Naissance de François (Hercule) , futur duc d’Anjou (1555-1584).
Le 24 juin 1556
Naissance de Victoire (Château de Fontainebleau, 24 juin 1556-Château d’Amboise, 17 août 1556) et de Jeanne qui meurt à la naissance.

Henri II et Catherine de Médicis poursuivent l’œuvre de leur devancier. Le palais est encore agrandi par le maître maçon Gilles Le Breton. Veuve et régente de leur fils aîné, François II, en 1559, la reine Catherine accentue encore le caractère italien de la décoration confiée à son compatriote florentin le Rosso. Elle donne encore à Fontainebleau des fêtes mémorables, après les couronnements de ses fils cadets, Charles IX et Henri III.
En 1560
Charles IX (1550-1559-1574) réunit l’assemblée des notables afin de pacifier les troubles religieux et c’est donc à Fontainebleau qu’est décidée la convocation des Etats généraux.


La galerie d’Ulysse
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )
Située dans l’aile sud du château, longue de plus de cent cinquante mètres, la galerie d’Ulysse formait une grande promenade menant de la terrasse du pavillon des Poêles au jardin de l’étang et aboutissait à un escalier ouvrant directement sur la grotte des Pins.

La réalisation de son décor prend plus de trente ans, commencée sous le règne de François Ier et terminée sous celui de Charles IX en 1571.


Primatice en livra les dessins et c’est Nicolo dell’Abate qui les interpréta et les mit en couleur sur les murs de la galerie. La voûte était occupée par un décor mythologique sur fond de grotesques, tandis que les parois étaient ornées de cinquante- huit scènes tirées de l’Odyssée d’Homère.

François Ier, comme Henri II, s’identifiait volontiers à Ulysse, héros téméraire mais prudent dont la ruse lui permit, malgré de nombreux dangers et errances, de retrouver Ithaque et Pénélope.

La galerie d’Ulysse sera détruite en 1738, sur ordre de Louis XV pour y créer de nouveaux appartements.

La salle des gardes
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Aménagée sous le règne de Charles IX, elle précédait l’Appartement Royal et des gardes assurant la sécurité du Souverain s’y tenaient en permanence.

Du décor d’origine, datant des années 1570, subsiste le plafond à poutres et solives et une frise à décor de trophées d’armes attribuée à Ruggiero de Ruggieri.


Le reste du décor a été réalisé sous Louis-Philippe, notamment le parquet de bois variés qui reprend le dessin du plafond, lorsque la pièce fut transformée en salon de réception. Napoléon III s’en servira de salle à manger ordinaire.

La cheminée, créée en 1836, intègre des éléments du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle : un buste d’Henri IV attribué à Mathieu Jacquet, deux figures provenant de la Belle Cheminée également par Jacquet, et un encadrement provenant de l’ancienne chambre de Henri II, dû à Pierre Bontemps.


Le grand vase en porcelaine de Sèvre, de style Renaissance, date de 1832. Il illustre des scène que la légende situait à Fontainebleau : Léonard de Vinci peignant la Joconde devant François Ier (Léonard de Vinci n’est jamais venu à Fontainebleau).

Lors du carnaval de 1564
Catherine de Médicis ordonne des fêtes somptueuses pour Charles IX, son fils, auxquelles assiste Ronsard.


En 1593
Henri IV (1553-1589-1610) reconstitue sa Cour à Fontainebleau, avant d’entrer dans Paris encore en proie aux Ligueurs.

Du 14 au 21 décembre 1599
Réception de Charles-Emmanuel, duc de Savoie (1562-1630).

LE XVIIe SIÈCLE
La dernière campagne de travaux d’agrandissements du château date du règne d’Henri IV qui fit de Fontainebleau sa résidence favorite après le Louvre. Tout au long du XVIIe siècle les séjours de la cour sont jalonnés d’événements décisifs.

LA FAMILLE ROYALE À FONTAINEBLEAU
Le 4 mai 1600
Alors que les conflits entre Catholiques et Protestants font rage, Henri IV (Roi de France de 1589 à 1610) assiste, à Fontainebleau, à la conférence contradictoire organisée entre Monseigneur Du Perron, évêque d’Evreux et le théologien protestant Duplessis-Mornay, portant sur les propositions avancées par ce dernier dans son Traité de l’Eucharistie.
Le premier Roi Bourbon fréquente assidûment le château qu’il dote d’une nouvelle cour des Offices et d’une entrée monumentale sur la ville ,ainsi que de nombreux bâtiments. Le canal est creusé et de nouveaux jardins sont créés.
Lors de ses séjours à Fontainebleau, la famille royale vit des moments importants.
La galerie des Cerfs
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Edifiée sous Henri IV, la galerie est ornée vers 1602 de vues cavalières des principales maisons royales et de leurs forêts, peintes à l’huile sur plâtre par Louis Poisson.

On découvre, par exemple, les domaines de Chambord, de Saint-Germain en Laye, d’Amboise, de Fontainebleau ou encore le grand projet d’Henri IV pour relier le Louvre au palais des Tuileries.

Entre chaque panneau, délimité par un cadre feint, est placé un trophée : la tête de cerf, réalisée en plâtre peint, porte des bois véritables.
Le plafond «à la française», avec ses poutres et solives apparentes, est peint vers 1639-1640 de trophées de chasse groupant hures de sangliers, têtes de loups, filets, épieux et fusils.

C’est ici que le petit Louis XIII, encore enfant, vient jouer.

Transformée en appartements au XVIIIe siècle, la galerie a retrouvé son état originel grâce aux travaux de restaurations entrepris par Napoléon III.
Le 12 juin 1601

Mariage de Concino Concini (1569-1617) et Leonora Dori, dite Galigaï (1568-1617).

Le 27 septembre 1601
Naissance du dauphin, futur Louis XIII (1601-1610-1643) .

La galerie des Chevreuils
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

La galerie des Chevreuils, élevée en 1601, disparut en 1833 lors des travaux menés par Louis-Philippe.

Son décor intérieur est connu par les dessins d’Antoine Laurent Castellan, juste avant la démolition.

La galerie était ornée de têtes de chevreuils sous lesquelles se trouvaient peintes diverses scènes de chasse d’Henri IV.

L’ordonnance de la façade sur le jardin, avec ses arcades séparées par des piles de maçonnerie, était répercutée sur les autres murs.
Le 14 juin 1602
Sur le plan politique, c’est à Fontainebleau que sont arrêtés, , le maréchal de Biron et le comte d’Auvergne, convaincus de trahison (le premier sera décapité à Paris, le 29 juillet).
Le 22 novembre 1602
Naissance d’Élisabeth (1602-1644), future Reine d’Espagne.
Le 25 avril 1608
Naissance du duc d’Anjou, futur Gaston (1608-1660), duc d’Orléans.
La Cour Ovale est considérablement modifiée sous Henri IV qui la fait agrandir à l’est et fermer par la porte du Baptistère :


Le 14 septembre 1606
Dans la cour Ovale, a lieu le baptême du Dauphin, futur Louis XIII, et de ses sœurs Élisabeth et Chrétienne.
Louis XIII passe une enfance heureuse à Fontainebleau, rythmées par les parties de chasse, de paume et les cours de dessin que lui prodigue Martin Fréminet. Plus tard, il vient y prendre les eaux.

Louis XIII, devenu majeur, poursuit les travaux. La cour des Princes est créée, et le fameux escalier « en fer à cheval » devient le nouveau fleuron architectural de la cour du Cheval blanc.

Le 7 juillet 1609
Mariage de César (1594-1665), duc de Vendôme, fils légitimé d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées avec Henriette de Lorraine, fille du duc de Mercœur.

La chapelle de la Trinité
( photographies de Christophe Duarte – Fontainebleau – La vraie demeure des Rois, la maison des siècles )
Ancienne église conventuelle des religieux Trinitaires installés ici par Saint Louis en 1259, celle-ci a été rattachée au château sous François Ier.




Reconstruite à partir de ce règne et sous celui d’Henri II, elle reçoit la voûte actuelle sous Henri IV et fut terminée par Louis XIII puis enrichie par Louis XIV, Louis XV et Louis XVI.
On doit au peintre Martin Fréminet (1567-1619) des scènes du mystère de la Rédemption de l’homme (les Trinitaires étant un ordre rédempteur) : L’Apparition de Dieu à Noé au-dessus de la tribune, L’Annonciation derrière le maître-autel, Le Christ du Jugement dernier entouré des sept premières intelligences au centre, ainsi que des personnages de l’ancienne Loi (rois de Juda, prophètes, vertus), peints sur la voûte entre 1608 et 1619.
![Château de Fontainebleau on Twitter: "[ Zoom 🔍 ] La voûte de la chapelle de la Trinité, peinte par Martin Fréminet… "](https://pbs.twimg.com/media/CtxjQ_qWAAY9ASR.jpg)
Le maître-autel, réalisé par le sculpteur italien Francesco Bordoni (1580-1654) en 1633, lequel est aussi l’auteur du dallage en marbre multicolore du sol, est entouré de statues de souverains (saint Louis à droite de l’autel avec les traits de Louis XIII, et Charlemagne à gauche avec les traits de Henri IV).


L’autel et le tabernacle d’origine se trouvent à l’église paroissiale de Fontainebleau où ils furent transférés à la Révolution.

Le tableau d’autel a quant à lui été peint par Jean Dubois le Vieux en 1642 et représente la Sainte Trinité au moment de la déposition de croix. La tribune, portée par des colonnes de marbre, est l’œuvre de Scibec de Carpi, tout comme la clôture du chœur datant de 1554. Philibert Delorme avait présidé à la création de deux oratoires : l’un pour Henri II réalisé en 1557, l’autre pour Diane de Poitiers.


Les deux sont détruits en 1605. Les boiseries et les grilles des chapelles sont l’œuvre du menuisier Jean Maujan, qui sous-traite avec Robert Andry en 1629. Barthélémy du Tremblay quant à lui avait commencé les peintures décoratives, terminées par son gendre Germain Gissey, associé à Jean Bertrand et Robert Cammel.





Le Plafond des Planètes,
Les reliques de la Chambre d’Henri II
( photographies de Christophe Duarte – Fontainebleau – La vraie demeure des Rois, la maison des siècles )
En 1556, l’architecte Philibert Delorme projette d’aménager un nouvel appartement pour Henri II, plus vaste et plus digne de la personne royale.

La chambre située au premier étage du Pavillon des Poêles, aujourd’hui détruit, devait en constituer le point d’orgue.
La réalisation de son plafond est confiée à Ambroise Perret en 1558.


Il est finalement transféré à son emplacement actuel en 1664 à l’occasion de l’aménagement de l’Appartement de la Reine-Mère Anne d’Autriche.

Ce plafond, délicatement sculpté et doré, est organisé en compartiments ornés de représentations des Dieux de l’Antiquité, chacun incarnant une planète.


Au centre, Apollon personnifie ainsi le Soleil. La symbolique des planètes, dont Henri II constituerait l’épicentre, rencontre ici l’un de ses premiers avatars, avant d’atteindre son apogée sous le règne de Louis XIV.

Les armoiries et chiffres qui décorent le plafond, adjonctions du XVIIe siècle, sont en revanche ceux d’Anne d’Autriche.

Un autre vestige témoigne de la splendeur passée de la Chambre d’Henri II : il s’agit du cadre de marbre blanc de la cheminée qui l’ornait, œuvre du sculpteur Pierre Bontemps, aujourd’hui remontée dans la Salle des Gardes, et qui entourait à la l’origine une peinture de Niccolo dell’Abate figurant Mars et Vénus.

Le 4 mai 1626
Pour trahisons, Louis XIII fait arrêter le maréchal d’Ornano, gouverneur de son frère Gaston.
L’Appartement d’Anne d’Autriche
( photographies de Christophe Duarte – Fontainebleau – La vraie demeure des Rois, la maison des siècles )

Cet appartement est devenu celui des Ancien Reines-Mères depuis que Anne d’Autriche devenue veuve s’y était retirée, sa partie ancienne est aménagée dans l’aile du XVIe siècle.
Sa partie neuve est déployée dans les espaces contigus du Gros Pavillon construit par Gabriel en 1750.
Depuis les deux séjours qu’y effectue Pie VII en 1804 et 1812-1814, il conserve l’appellation d’Appartement du Pape que seul le portrait de ce pontife par David exposé dans un cabinet rappelle aujourd’hui.
La somptuosité de ses décors, jointe à la qualité de son ameublement témoignent du grand goût éclectique de Napoléon III et d’Eugénie qui le firent redécorer dans les années 1860 en conservant les exceptionnels plafonds de l’ancienne chambre d’Henri II et de celle d’Anne d’Autriche.
La chambre :
Cette pièce est la chambre d’Anne d’Autriche qui la fait décorer par les peintres Charles Errard et Gilbert de Sève ver 1660.

Le premier réalise le décor du plafond et les lambris. Le second exécute pour les dessus de portes les portraits de la Reine sous les traits de Minerve et de sa bru Marie-Thérèse d’Espagne, sous les traits de l’Abondance.
Le mobilier en noyer sculpté de style Renaissance, comportant un lit à colonnes, deux tables de nuit, deux commodes, une console, un canapé, six fauteuils, six chaises, deux tabourets de pieds, a été livré en 1860 par la Maison Fourdinois.

Les deux tapisseries Le Triomphe de Mars et Le Triomphe de la religion appartiennent à la tenture des Triomphes des Dieux.

Le guéridon a été offert par le Pape Pie IX à son filleul le Prince Impérial. Son plateau est constitué d’une mosaïque de marbres.

L’Antichambre :
Dans ce qui est son antichambre, Anne d’Autriche fait installer le plafond de la chambre du Roi Henri II dit « aux Planètes », sculpté par le menuisier Amboise Perret en 1558. Il comporte neuf compartiments dont sept sont ornés de figures personnifiant les planètes.

Anne d’Autriche y fait ajouter son chiffre et celui de son fils, «AL», ainsi que ses armes.

Les grandes consoles en bois doré à figures égyptiennes ont été exécutées en 1787 par le menuisier Trompette et le sculpteur Butteaux.

Les tapisseries appartiennent à la tenture de La vie d’Alexandre Le Grand.
Le 16 septembre 1629
La ratification du traité de paix entre la France et l’Angleterre est signée.

Les 14 et 15 mai 1633
Promotion de quarante-neuf chevaliers du Saint-Esprit, dont celle du cardinal de Richelieu (1585-1642).

Le 25 septembre 1645
Dans la chambre du Roi, le contrat de mariage entre Ladislas IV, Roi de Pologne, et Marie de Gonzague est signé.
Du 19 au 23 août 1646
Henriette-Marie de France (1609-1669), Reine d’Angleterre et son fils le prince de Galles (1630-1685), futur Charles II (1660-1685) sont reçus à Fontainebleau.

A l’automne 1656 et à l’automne 1657
La Reine Christine de Suède (1626-1689) effectue deux séjours à Fontainebleau.

Le 10 novembre 1657
La Reine Christine fait assassiner Giovanni, marquis Monaldeschi (1626-1657), son grand écuyer, dans la galerie des Cerfs.

En 1660
Louis XIV, comme son père, apprécie les jardins qu’il fait redessiner par André Le Nôtre (1613-1700).

Le 17 août 1661
Se rendant depuis Fontainebleau à la fête donnée par Nicolas Fouquet (1615-1680) en son honneur au château de Vaux-le-Vicomte, Louis XIV (1638-1715) décide de faire emprisonner le surintendant.

Le 1er novembre 1661
Naissance du Dauphin Louis (1661-1711), fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683).


En juillet 1664
La chambre de justice chargée de juger Nicolas Fouquet tient séance à la chancellerie de Fontainebleau.
Le 29 juillet 1664
Le cardinal Chigi, légat du pape Alexandre VII, vient présenter au jeune Louis XIV les excuses du souverain pontife, à la suite de l’échauffourée survenue à Rome en 1662 entre les gardes corses du pape et les domestiques de l’ambassadeur de France. A l’occasion de cette visite, Molière reçoit l’approbation du légat pour son Tartuffe.

Le 31 août 1679
Le mariage par procuration de Charles II, Roi d’Espagne (1661-1700), et Marie-Louise d’Orléans (1662-1689), dite Mademoiselle, fille de Monsieur et d’Henriette d’Angleterre, est célébré dans la chapelle de la Trinité.

Le 2 septembre 1679
Au cours du même séjour , est signé le traité entre la France et la Suède d’une part, le Danemark et le duc de Holstein-Gottorp d’autre part.
Le 17 octobre 1685

L’Édit de Fontainebleau, ou Révocation de l’Édit de Nantes, est signé dans le cabinet de Madame de Maintenon (1635-1719).

Le 9 novembre 1685
Décès de Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti (1661-1685), gendre du Roi. Il avait épousé, en 1680, Marie Anne de Bourbon, dite « Mademoiselle de Blois » (1666-1739) , fille légitimée du Roi et de Mademoiselle de La Vallière (1644-1710).
Le 11 décembre 1686
Décès à Fontainebleau de Louis de Bourbon, prince de Condé, dit Monsieur le Prince, le Grand Condé (1621-1686).

Entre l’automne 1690 et l’automne 1700
Jacques II Stuart, ex-Roi d’Angleterre et sa femme Marie de Modène, effectuent dix séjours consécutifs à Fontainebleau, à l’invitation de Louis XIV.
Le 5 novembre 1696
Arrivée de Marie-Adélaïde de Savoie (1685-1712), future duchesse de Bourgogne.

Le 13 octobre 1698
Mariage par procuration de Léopold, duc de Lorraine (1679-1729) et d’Élisabeth-Charlotte d’Orléans, dite Mademoiselle (1676-1744), fille de Monsieur (1644-1701) et d’Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine (1652-1722).
Du 9 au 11 novembre 1700
Louis XIV tient plusieurs conseils chez Madame de Maintenon au terme desquels il prend la décision d’accepter le testament du Roi d’Espagne faisant du duc d’Anjou son héritier.
Au cours du séjour du 21 au 24 août 1712
Les négociations menées avec l’envoyé de la Reine Anne, Lord Bolingbroke, organisent la paix entre la France et l’Angleterre et mettent fin à la guerre de succession d’Espagne.
Le 26 septembre 1714
Frédéric-Auguste, prince électeur de Saxe, futur roi Auguste III de Pologne, est reçu sous le nom de comte de Lusace.

LE XVIIIe SIÈCLE
Les cérémonies du mariage de Louis XV (1710-1774) et de Marie Leszczynska (1703-1768), célébré dans la chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau, constituent sans nul doute l’événement le plus important du XVIIIe siècle.
Au Siècle des Lumières, Fontainebleau demeure ce château dans lequel se déroulent, à l’automne, les séjours de chasse. Les Rois de France profitent de ce que l’étiquette y est un peu plus relâchée qu’à Versailles pour y recevoir certaines visites diplomatiques de souverains étrangers ou encore, juste avant les mariages, profiter du voyage à Fontainebleau pour aller au devant de nouvelles princesses à accueillir.
Les 30 et 31 mai 1717
Pendant la minorité du Roi, le Tsar Pierre le Grand est reçu à Fontainebleau par le Régent. En un geste spontané qui a marqué l’Histoire, il saisit le jeune Louis XV dans ses bras, manifestant une affection quasi-paternelle. Séduit par « l’enfant roi », il aurait souhaité lui offrir sa fille en mariage, mais le projet échoue.

En 1724

Au cours du premier séjour qu’entreprend le jeune Roi – avec l’infante Marie-Anne-Victoire – commencent les travaux d’aménagement du nouveau théâtre, dans l’aile de la Belle-Cheminée ; la salle verra la création et la reprise de forts beaux spectacles tout au long du siècle.
Mais finalement, l’année suivante, le Roi revient à Fontainebleau pour y épouser une princesse polonaise.
Le 5 septembre 1725

Louis XV épouse Marie Leszczynska (1703-1768) : c’est unique mariage royal jamais célébré au château. Les mémorialistes rapportent que la Reine, parée comme une châsse, manque s’évanouir sous le poids de ses ornements sertis des joyaux de la couronne. Un festin est donné dans son antichambre, des comédies de Molière dans la salle de la Belle-Cheminé, un souper dans la salle de Bal. Les trois jours de festivités ordonnées, auxquelles assiste le jeune Voltaire, s’achèvent par un feu d’artifice, imaginé par Berrain.

Le 27 octobre 1743
Un traité d’alliance secret est signé entre la France et l’Espagne.
Le 18 octobre 1752
La première représentation du Devin de village de Jean-Jacques Rousseau a lieu en présence de l’auteur.
Salle du Trône ,
L’ancienne Chambre des Rois
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

De Henri IV à Louis XVI, tous les souverains ont dormi dans cette pièce.

Du règne de Louis XIII datent l’essentiel du plafond, une partie des lambris bas et les portes à fronton, les bas-reliefs à motifs guerriers et les médaillons situés sur le mur de la cheminée.

Verberckt et Magnonais complètent le décor de boiseries entre 1752 et 1754 et réalisent les lambris du mur situé face au Trône.

En 1808, Napoléon Ier transforme la chambre en Salle du Trône, soulignant ainsi la continuité du pouvoir.
A l’emplacement qu’occupait le lit prend place le dais, les deux enseignes sommées du « N » et l’estrade qui ont été réalisés par Jacob-Desmalter pour Saint-Cloud en 1804 sur les dessins de Percier et Fontaine.

Le fauteuil provient de la Salle du Trône de Saint-Cloud.

Sur la cheminée, en remplacement du portrait de Louis XIII peint par Philippe de Champaigne brûlé en 1793, l’Empereur fait placer sa propre image par Robert Lefèvre. En 1834, l’œuvre fut ôtée et remplacée par celle que nous voyons aujourd’hui, toile de l’école de Champaigne.

En 1754
La salle de théâtre est rénovée. Elle participe des grands travaux d’embellissement et de mise au goût du jours des décors du château.
Les salles Saint-Louis,
Au cœur du premier Château de Fontainebleau
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Fontainebleau, la vraie demeure des Rois )
Situées au cœur du donjon, elles abritaient la salle et la chambre du logis royal au le XVIe siècle.

– Première salle :
Première antichambre de l’Appartement du Roi, on l’appelait également Salle du Buffet. C’est ici que l’on dressait les buffets aux XVIIe et XVIIIe siècle lorsque le Roi prenait seul son repas en public dans la salle suivante.

Louis XV fait ouvrir la grande arcade qui relie cette salle et la suivante, afin de faciliter la circulation dans ses appartements.
Cinq des tableaux encastrés dans les boiseries sont dus au peintre Ambroise Dubois. Ils seront installés sous le règne de Louis-Philippe ainsi que le plafond en carton-pâte doré.

La pièce est meublée dans son état Second Empire avec des meubles de style Louis XIV.
– Deuxième salle :
Cette pièce est peut-être la plus vénérable du Château.

Située dans l’ancien donjon, seule partie du Moyen Âge conservée jusqu’à nos jour, elle fut la Chambre du Roi jusqu’à Henri IV, puis servit d’antichambre.

Son décor ancien disparaît sous Louis XV.

Les tableaux où figurent des enfants proviennent du Château de Marly. D’autres peintures illustrent des épisodes de la vie d’Henri IV.

Celui-ci est également représenté à cheval par Matthieu Jacquet sur le grand bas-relief de la cheminée, provenant de l’ancienne «Belle-Cheminée», aujourd’hui disparue.
La chambre de Louis XV
( texte et illustrations de Christophe Duarte – Fontainebleau, la vraie demeure des Rois )
« L’Appartement du Roi à Fontainebleau est aujourd’hui plus beau qu’à Versailles.»
Le marquis d’Argenson

La livraison, en 1754, des deux commodes de Joubert à Fontainebleau est liée aux travaux d’embellissement de la Chambre du Roi (actuelle salle du Trône) entrepris la même année par l’architecte Ange-Jacques Gabriel pour Louis XV.
Dans la pièce, celles-ci étaient destinées à prendre place devant les trumeaux d’entrefenêtre, ce qui explique leur relative petitesse.
« Du 20 septembre, livré par le Sr joubert ébéniste, pour servir dans la chambre du roy à Fontainebleau, deux commodes de bois violet et bois de rose à placages, bombées et chantournées à dessus de marbre brèche violette, l’une ayant pardevant deux grands tiroirs fermans à clef, l’autre à deux guichets aussi fermans à clef imitant les tiroirs à l’extérieur, le tout orné de compartiments, mains fixes et griffes de lion servant de pieds, longues de 3 pieds 8 pouces sur 2 pieds de large et 30 pouces de haut».
Journal du Garde-Meuble

La commode de la Chambre de Louis XV
( texte de Christophe Duarte – Fontainebleau, la vraie demeure des Rois et photographies d’Alexandre Lafore)
La commode fut livrée au Garde-Meuble en 1754, accompagnée d’une autre (disparue) presque identique, comme l’atteste le Journal tenu par cette administration :
« Du 20 septembre [1754], livré par le Sr Joubert ébéniste, pour servir dans la chambre du roy à Fontainebleau, n°1951, deux commodes de bois violet et bois de rose à placages, bombées et chantournées à dessus de marbre brèche violette, l’une ayant pardevant deux grands tiroirs fermans à clef, l’autre à deux guichets aussi fermans à clef imitanz les tiroirs à l’extérieur, le tout orné de compartimens, mains fixes et griffes de lion servant de pieds, longues de 3 pieds 8 pouces sur 2 pieds de large et 30 pouces de haut».

Le numéro d’enregistrement au Garde-Meuble (n°1951) est porté sur le bâti et le marbre de la commode conservée, qui correspond à la première citée comportant deux tiroirs.

Installées dans la chambre du Roi à Fontainebleau, les deux commodes passèrent, à une date non précisée, au château de Choisy, autre résidence de Louis XV aujourd’hui détruite. En 1764, elles se trouvent dans l’appartement du Roi, localisées dans son salon de compagnie. En 1788, elles sont envoyées au château de Marly (le n° « MN° 162 » porté sur l’œuvre l’atteste) et placées dans la chambre du Roi, où elles demeurent jusqu’à la Révolution.

On constate que, pendant tout leur parcours, les deux commodes sont toujours considérées comme des meubles de premier plan réservés au Roi. Leur sort ultérieur est inconnu, jusqu’à ce que l’une d’elles entre en possession, avant 1936, du comte Adolphe Niel.

A cette occasion, tout le mobilier de la pièce, qui remontait à Louis XIV, est renouvelé somptueusement. Les deux commodes de Joubert sont destinées à prendre place sous les trumeaux d’entrefenêtre.
Parallèlement, un exceptionnel «brocart fond bleu à fleurs, feuillages et compartiments d’or, partie glacé et partie frisé», tissé à Lyon dès 1731 sur un dessin de Lallié, fut remis au tapissier Lequeustre pour la garniture du lit, des deux fauteuils, des deux carreaux, des douze pliants, de l’écran et du paravent, ainsi que pour les étoffes de tenture et les rideaux de fenêtre.


De son côté, l’administration des Menus Plaisirs commande au fondeur Gallien, associé au doreur Gobert et à l’horloger Martinot, une riche pendule glorifiant Louis XIV à poser sur la cheminée (château de Versailles). En 1752, Claude de La Roue avait déjà livré pour l’éclairement de la pièce un superbe lustre de cuivre argenté et de cristal de Bohême à douze branches.


La commode de la Chambre de Marie Lesczcynska
En septembre 1755, cette commode est livrée à Fontainebleau pour l’usage de Marie Lesczcynska.
Celle de la The Wallace Collection fait partie d’une série de deux placées entre les fenêtres de sa chambre.
Ils témoignent de l’intérêt de la reine pour l’Orient, qu’elle exprime à travers une collection de porcelaine chinoise et de petits objets en laque et à travers des chinoiseries qu’elle choisit de peindre.
La commode témoigne également du savoir-faire de l’ébéniste Marchand, dont le cachet du fabricant est visible au dos, ainsi que la marque d’inventaire du palais.

De tels objets étaient destinés à évoquer le monde exotique de l’Orient mais ils ont également été conçus pour fonctionner dans un intérieur français contemporain, et la forme de cette commode et les montures en bronze doré auraient fait en sorte qu’elle s’intègre harmonieusement dans le reste du décor de la chambre.
Le 20 décembre 1765
Décès du Dauphin Louis-Ferdinand (1729-1765), fils unique de Louis XV meurt de la tuberculose dans son appartement, en bordure de la cour Ovale.


A l’automne 1768
Le Roi Christian VII de Danemark (1749-1808) y séjourne.

L’Escalier de la Reine,
Le cadre majestueux pour les tableaux d’Oudry
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau, la vraie demeure des Rois )

Louis XV a cherché à donner davantage d’espace et d’aise pour lui, sa famille et la Cour en remodelant Fontainebleau.

De nombreux percements améliorent la circulation dans les appartements. La création de l’Escalier du Roi dans l’ancienne chambre de la Duchesse d’Étampes, de l’Escalier de la Reine à l’autre extrémité s’accompagnent d’un redéploiement des appartements des souverains.

Construit en 1768 pour remplacer un ancien escalier du XVIe siècle logé dans le portique, cet espace fut successivement Salle des Gardes de Monsieur, frère de Louis XIV et Première Antichambre de la Dauphine en 1745.

Datant de cette campagne, les encadrements de porte et la rampe de fer forgé sont au chiffre de M.A.

En 1838, Louis-Philippe changera l’aspect de cet escalier en faisant poser un plafond à compartiments peints et dorés, fait encastrer des tableaux autour de la cage et peindre les murs en faux marbre.

Les peintures choisies évoquent la chasse avec des tableaux de François Desportes et de Jean-Baptiste Oudry.

L’exécution de la commande de d’Oudry s’échelonne de 1733 à 1746. Elle devait servir de modèles pour des tapisseries tissées à la manufacture des Gobelins. Une tenture ornait les Appartements du Roi à Compiègne. Louis XVI fit réaliser des miniatures de ces mêmes compositions pour Versailles.
D’octobre à fin novembre 1770
Séjour de la Cour à Fontainebleau.

Le 12 mai 1771
Accueil de Marie-Joséphine de Savoie (1753-1810), qui vient épouser le comte de Provence, futur Louis XVIII (1755-1824).

Du 7 octobre au 19 novembre 1771
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Quatre bals : les 14 et 28 octobre et les 4 et 11 novembre 1771
Du 6 octobre au 17 novembre 1772
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Du 6 octobre au 14 novembre 1773
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le 23 octobre 1773
Comédie, La Rosière de Salency
Le 16 octobre 1773
Accident de Pierre Grimpier, vigneron d’Archères, âgé de trente ans et père de trois enfants, lors d’une chasse du Roi : il est grièvement blessé à la cuisse et au corps par un cerf poursuivi par la meute.

La Dauphine et la comtesse de Provence descendent de voiture pour porter assistance à l’homme et sa famille.



La scène va marquer les esprits.
Le 18 octobre 1773
Spectacle pour la Cour à Fontainebleau.
Le 28 octobre 1773
Bal de la Dauphine.
Le 31 octobre 1773
Présentation de l’ambassadrice du Portugal, la comtesse de Souza, née Canillac.
Le 14 novembre 1773
Accueil de Marie-Thérèse de Savoie (1756-1805), sa sœur, qui vient épouser le comte d’Artois (1757-1836) , futur Charles X.

Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers trois heures un quart de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Du 10 octobre au 10 novembre 1774
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Tous les matins, la Reine reçoit une leçon de harpe d’une heure et demi voire deux heures.

Du 9 octobre au 16 novembre 1775
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Automne 1775
Marie-Antoinette se lie d’amitié avec la comtesse de Polignac, une jeune femme de peu de moyens mais dont elle apprécie la gaieté d’esprit. La Reine se montrera généreuse envers cette amie et tout son entourage…

Du 9 octobre au 16 novembre 1776
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
En 1777
Le Boudoir Turc
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau, la vraie demeure des Rois )


Escalier menant aux entresols

Niché dans les hauteurs du Château, le boudoir Turc est le dernier témoignage de décors de «turqueries royales» en vogue au XVIIIe siècle.

Les relations diplomatiques nouées entre la France et l’Empire Ottoman depuis Louis XV sont à l’origine de cette mode orientalisante dans les arts.

En 1777, Marie-Antoinette confie la conception de cet espace qui Lui servait de retraite, loin de la Cour, à l’architecte Richard Mique, également maître d’œuvre du théâtre et du hameau du Petit Trianon à Versailles.


Les frères Rousseau exécutent le décor de lambris sculptés et peints, semés d’arabesques et de symboles de l’Empire Ottoman, comme le croissant ou les personnages coiffés d’un turban. Des miroirs mobiles, innovations de l’époque, permettent d’occulter la fenêtre et de créer une atmosphère de reflets.


A partir de 1806, l’Impératrice Joséphine remeuble le boudoir, dont les meubles choisis par Marie-Antoinette ont été vendus sous la Révolution, et y installe sa «petite chambre à coucher». Elle commande à Jacob-Desmalter un mobilier garni d’un velours scintillant rappelant le fameux goût «à la turque» et orne la pièce de précieuses étoffes : mousselines brodées, taffetas ou encore festons lamés or à motifs vermiculés.




Du 9 octobre au 15 novembre 1777
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Du 9 octobre au 24 novembre 1783
Long séjour de la Cour à Fontainebleau.
L’Appartement de Madame Elisabeth se situe au rez-de-chaussée du bâtiment construit sous Louis XVI afin de doubler la Galerie François Ier.


C’est sous le Premier Empire que retournèrent à Fontainebleau une paire de fauteuils et le lit exécutés pour la «chambre boisée» de l’Appartement de Madame Élisabeth, mais qu’elle n’aura pas l’occasion de connaître, ayant tous été placés en 1791.
La paire de fauteuils est constituée d’un fauteuil d’époque transition venant du fonds du Garde-Meuble mais dont l’origine et l’auteur sont inconnus, et de sa copie réalisée par Sené et Laurent. Bien que relativement ancien, le modèle avait été qualifié de moderne et très riche dans son genre.

Les mêmes artisans sont les auteurs du lit dont les ornements sont plus modernes et inspirés du vocabulaire classique.

Ces trois meubles auxquels il faut ajouter des pliants cohabitèrent dans la chambre de la Princesse, unifiés par un «satin broché chenilles et soie, dessin à mosaïque», provenant de la récupération d’une étoffe tissée en 1772 pour la chambre de la comtesse d’Artois à Versailles.

Même si le temps des dépenses somptuaires était révolu, la manière dont la chambre de la sœur de Louis XVI est meublée est révélatrice de la considération que Thierry de Ville d’Avray lui porte et des économies qu’il estime pouvoir faire avec son appartement, puisqu’une partie des sièges et l’étoffe sont des remplois.
« Jamais je ne vis rien de si brillant que les voyages de Fontainebleau de 1783 et 1784. La reine, qui était alors dans tout l’éclat de sa jeunesse, se voyait entourée dans son intérieur d’amis de son choix ; elle recevait d’une foule d’étrangers distingués, comme de tous les Français, des hommages sincères ; on la regardait comme le plus doux ornement des fêtes qui embellissaient sa cour. Encourageant les lettres, protégeant les arts, répandant beaucoup de bienfaits, et ne désobligeant personne, elle ne connaissait encore d’une couronne que ses fleurs, et ne prévoyait pas qu’elle dût sitôt en sentir le terrible poids. »
Souvenirs du comte de Ségur, publiés par Alexis Eymery, Libraire-Éditeur, Paris, 1826
En 1785
Construction d’un yacht pour la Reine exclusivement réservé aux voyages à Fontainebleau ( ce cadeau coûtera 60 000 livres ), qui témoigne de Son intention d’y venir fréquemment.

Mais le yacht ne sera utilisé que deux fois.
Il a été construit exclusivement pour les voyages à Fontainebleau. Il a coûté la somme de 60 000 livres.
Le bateau est un magnifique coche d’eau doté d’un mât pour être halé à partir de la berge par des chevaux.
Au-dessus des cabines vitrées qui constituent les appartements de la Reine, se trouve un second pont d’où les passager peuvent observer le paysage.
La proue est constituée d’une sirène tenant devant elle, dans ses bras, un crustacé.
L’intérieur était composé de neuf pièces dont une chauffée à l’aide d’une cheminée surmontée d’une glace.

Il se compose d’un salon, une pièce de passage, un boudoir, une garde-robe pour la Reine, une garde-robe pour les Dames de la Reine, une salle à manger, un office, une salle des gardes et un hall d’accueil. Dans les cales, une cuisine possédant une cheminée permettait à la Reine de se restaurer.
Le mobilier en acajou est de Jacob.
Du 10 octobre au 16 novembre 1785
Séjour de la Cour à Fontainebleau où Marie-Antoinette se rend en yacht par la Seine. Parti de Corbeil le 30 septembre puis amarré à Saint-Cloud, le yacht est acheminé le 9 octobre au ponton à l’entrée de la plaine d’Ivry.
Du 9 octobre au 16 novembre 1786
Le dernier voyage à Fontainebleau de l’Ancien Régime a lieu . Il offre aux souverains l’occasion de découvrir les nouveaux aménagements qu’ils avaient ordonné l’automne précédent – en particulier le boudoir argent de Marie-Antoinette – et la création du ballet pantomime de Grétry – Le Déserteur – donné le 21 octobre fut particulièrement appréciée.
Marie-Antoinette, soucieuse de préserver l’intimité de Ses nouveaux appartements de Fontainebleau n’autorise l’accès à personne.


Chaque automne à l’époque de la chasse, Louis XVI, la Reine et la cour séjournent à Fontainebleau. C’est dans le cadre de ces séjours que Marie-Antoinette fait aménager Son boudoir en 1786. Conçu par Pierre Rousseau, il se distingue par la préciosité de ses décors, ses motifs naturalistes et floraux, son harmonie chromatique et ornementale : une table en auge et un bureau à cylindre parés de nacre signés par le grand ébéniste Jean-Henri Riesener.


A cette occasion, l’ouvrage entraîne le lecteur dans l’intimité de la Reine, et dévoile une femme raffinée éprise de style antique, très éloignée de sa traditionnelle image de superficialité.

La cheminée du Boudoir Turc
Dès le mois d’août 1776, Marie-Antoinette ordonne le réaménagement, dans un goût turc, de l’un de Ses cabinets situé à l’entresol. Initialement, la cheminée de l’ancien cabinet devait être conservée. C’est le Chef du Garde-Meuble de la Reine, Pierre-Charles Bonnefoy du Plan, qui préconise son renouvellement. Marie-Antoinette valide le dessin de Sa nouvelle cheminée. D’une finesse et d’une préciosité inégalées, les bronzes ciselés et dorés par Gouthère sont de vrais trésors. Les arabesques, les étoiles et les croissants de bronze répondent aux décors des boiseries sculptées et peintes par l’atelier des frères Rousseau. De tels décors étaient destinés à piquer la curiosité et à distraire la Reine en La transportant dans un orient fantasmé.







Pour le salon des Jeux de Marie-Antoinette, l’ébéniste Beneman livra en 1786 deux commodes exécutées sous la direction d’Hauré à partir d’un meuble de Stöckel.




Avec leur riche décor d’entrelacs végétaux et de plaques en porcelaine de Sèvres à figures antiques, elles complétaient le décor des murs de la pièce peint en style arabesque par Michel-Hubert Bourgois et Jacques-Louis-François Touzé d’après les dessins de l’architecte Pierre Rousseau.

Le 10 novembre 1786
Marquant le terme de la guerre d’Indépendance américaine, c’est à Fontainebleau que , Louis XVI signe le traité de commerce avec l’Angleterre.
En novembre 1786
Pour prévenir les convulsions que le Dauphin, Louis-Joseph, fait, la Faculté juge à propos la pose de ventouses derrière l’oreille. Madame de Polignac, sa gouvernante, craignant que cette opération assez répugnante n’impressionne vivement Marie-Antoinette veut la Lui cacher et écrit au Roi pour avoir son agrément . Il le donne et tient à être présent lors de l’application qui a lieu à Fontainebleau.
« A la fin de 1786, à Fontainebleau, la Reine eut prise avec Madame de Polignac, et celle-ci fut assez injustement maltraitée ; il s’agissait d’un médecin donné au duc de Normandie, depuis Louis XVII, à l’insu de sa mère, dans l’objet de lui épargner de l’inquiétude. Ce soin fut pris de travers et des reproches sur des bienfaits vinrent à la suite. Madame de Polignac fut outrée, elle voulut se retirer. Grande alarme de sa société, grand embarras de la Reine. On engagea le Roi à retenir la gouvernante de ses enfants, en lui permettant un voyage en Angleterre au printemps, et acceptant sa démission en attendant, sauf à la lui rendre au retour, ce qui fut exécuté. »
Mémoires du comte de Saint-Priest
Le 30 octobre 1787
Livré après le dernier séjour de Marie-Antoinette à Fontainebleau, le lit réalisé pour Marie-Antoinette.

Sa structure, invisible, est plutôt ordinaire, mais la partie supérieure en bois sculpté est recouverte de feuilles d’or. Ce sont les textiles qui lui donnent tout son éclat. Fournis par le soyeux lyonnais Prelle, ils sont ornés de décors floraux qui célèbrent l’amour et le repos.





A l’extrémité du ciel de lit, un enfant représentant le silence est entouré de fleurs de pavot, symbole du sommeil.

Ce meuble d’apparat est détesté par la Reine. Elle préfère des lits « à la polonaise » ou « à la turque » . Le meuble n’est, de toute façon, nullement destiné à abriter Son sommeil, mais seulement à l’apparat du lever et du coucher.

En 1805, décision est prise de le mettre à disposition de l’Impératrice Joséphine (1763-1814).

A cette occasion on enrichit les bois d’un tissu broché et chenillé en soie dont le tissage avait été engagé par le fabriquant Gaudin, achevé par Savournin et acquis par le garde-meuble royal en 1790.
Tout au long du XVIIIe siècle, la vie de cour à Fontainebleau, connaît une apogée que justifie pleinement la célèbre phrase de Talleyrand à Guizot :
« Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789, ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre »

Le Salon Vert ou Deuxième Salon de l’Empereur
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Cette pièce est le Second Salon de Madame de Lamballe en 1786 puis Salon des Nobles de Madame Elisabeth en 1791. Le Cardinal Fesch en fera son Salon en 1804.

C’est en 1810 qu’est installé le très riche ensemble en bois doré par le menuisier Pierre Brion, couvert de son velours vert.

Cet ensemble est complété par un guéridon en acajou de Jacob-Desmalter.

LE PREMIER EMPIRE
Trois séjours de la Cour Impériale semblent renouer avec le faste des voyages de l’Ancien Régime. Pourtant, s’il ne fallait retenir qu’une image du règne de Napoléon Ier, ne serait-ce pas celle des Adieux à la garde, au pied du célèbre escalier en Fer-à-Cheval ?
UN PALAIS, SUR LA ROUTE DE L’ITALIE
La vie au château de Fontainebleau sous le Premier Empire est étroitement liée à l’ascension et à la chute de l’Aigle. Il imprime sa propre marque dans « la vraie demeure des Rois ». Napoléon (1769-1821) est en effet le grand restaurateur du château de Fontainebleau qu’il remeuble intégralement au lendemain de la Révolution durant laquelle cette ancienne résidence des souverains a connu dépeçages et ventes des collections, comme les autres propriétés de la Couronne.
Le 20 novembre 1803
Napoléon vient pour la première fois au château de Fontainebleau inspecter l’École spéciale militaire installée en juin de la même année. Une seconde inspection l’y conduit à nouveau dès le 28 juin 1804. Le 29 juin, il visite le château en compagnie de l’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853) à qui il indique les premiers travaux à effectuer pour en faire une seconde résidence de campagne, après Saint-Cloud, pour les jours d’automne.
Napoléon Ier consacre douze millions de francs à restaurer « la vraie demeure des rois« . L’architecte Pierre-François-Léonard Fontaine rend tout son lustre au domaine.
En 1804
A la veille de son sacre en 1804, Napoléon Bonaparte décide de faire du château de Fontainebleau l’une de ses résidences. Il ordonne alors la rénovation du palais pour y accueillir le Pape Pie VII venu le couronner : le château est remeublé en dix-neuf jours seulement. Il poursuivra l’aménagement de ce fleuron des biens de la Couronne jusqu’à la fin de son règne.
Dans les petits Appartements du rez-de-chaussée se dévoile la vie privée de l’Empereur et de ses deux épouses, Joséphine et Marie-Louise.

Mais c’est aussi l’infatigable travailleur que l’on rencontre à Fontainebleau. L’administration de l’Empire occupe sans cesse Napoléon Ier, au point qu’il fait installer un lit dans son bureau.
Dès le 22 novembre 1804

Fontainebleau est une étape vers Paris pour le pape Pie VII (1742-1823), venu sacrer l’Empereur à Notre-Dame. Napoléon et Joséphine (1763-1814) viennent l’y accueillir.
Le 28 novembre 1804
Ils repartent pour Paris.
Le 2 décembre 1804
Le sacre a lieu à Notre-Dame de Paris.

Du 31 mars au 2 avril 1805
En route vers l’Italie Napoléon fait halte à Fontainebleau.

Le trône occupe l’emplacement du lit du Roi, sous l’alcôve.

On peut encore y trouver quelques Lys de l’ancienne royauté dans les dorures du plafond, bien que l’abeille était un symbole de l’empire Napoléonien (ainsi que l’aigle et le N sur chacune des deux enseignes). L’abeille fait référence au roi mérovingien Childéric, tandis que l’aigle se rapporte à la Rome impériale. La chambre de l’empereur à Constantinople était elle aussi de couleur pourpre. Ainsi, Napoléon peut s’inscrire dans l’Histoire.


La chambre de l’Empereur
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

La chambre de l’Empereur en 1804.

L’ensemble du mobilier de la Chambre de Napoléon à Fontainebleau en 1804 a pu être regroupé.


Du 12 au 17 juillet 1805
A son retour de campagne Napoléon fait à nouveau halte à Fontainebleau.
Les trois séjours de la Cour impériale
Du 21 septembre au 16 novembre 1807
Mille personnes sont logées dans le château, quatre mille dans la ville.


Le 28 septembre 1807
Au cours de ce premier séjour est signé le décret impérial organisant la cour des Comptes.
Le 10 octobre 1807
Un traité fixant les frontières entre l’Autriche et le royaume d’Italie est ratifié .

Le 15 octobre 1807
Un traité entre la France et le Danemark est conclu.
Le 27 octobre 1807
Une alliance secrète avec l’Espagne visant à démanteler le Portugal est conclue .
Le 6 novembre 1807
Réception du comte Tolstoï, nouvel ambassadeur de Russie.
La chambre de l’Empereur
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Napoléon fait de cette pièce, ancien « Cabinet de la poudre » (lieu servant à la toilette du Roi), sa chambre à coucher.

Les boiseries, la cheminée et les tableaux en dessus de porte ont été créés pour Louis XVI. L’Empereur les conserve mais les fait enrichir par des peintures en grisaille d’or du peintre Moench.

Le mobilier est installé en 1808. Il est recouvert d’un velours chiné tissé et rebrodé à l’identique de 1988 à 1995.
Le tapis orné de trophées militaires a été tissé à Aubusson en 1809.

Cette chambre devient la chambre à coucher des souverains de Napoléon Ier à Napoléon III.
La petite chambre de repos de Napoléon Ier,
Un nouveau cabinet pour l’Empereur
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

« Cette pièce ne sera plus un cabinet, mais elle est transformée en boudoir ou en seconde chambre à coucher. A cet effet, on ôtera la bibliothèque et on le décorera suivant sa nouvelle destination. On remplacera le canapé qui est au fond par un petit lit et le bureau par un joli petit meuble pour écrire. On donnera à cette pièce l’arrangement convenable pour sa nouvelle destination».
Napoléon à Duroc, le 14 novembre 1810

Début octobre 1807, pendant son séjour à Fontainebleau, Napoléon réorganise son appartement au Premier Etage. L’entrée se fera par la Galerie François Ier.

Le Cabinet topographique descend au rez-de-chaussée. La quatrième pièce est le cabinet.
Il est construit un petit escalier qui descend directement dans le Cabinet du rez-de-chaussée.

Le changement d’affectation et la création de cet escalier imposent de bâtir un hémicycle dans lequel viennent se loger des rayonnages de bibliothèque, car Napoléon ne travaille qu’entouré de livres.
Pour une grande part, ce projet est réalisé. Un rideau dans l’axe de la pièce, des draperies à la romaine dans le haut des murs et un trumeau de glacent en face de la cheminée meublent la pièce.
La chambre de l’Impératrice
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Cette chambre est un hymne à la grâce féminine.

Le tapis déploie ses motifs de festons de fruits, de généraux rinceaux, d’instruments de musiques.
Sur la cheminée, une pendule aux figures de Terpsichore et Erato, soit La danseuse de charme et l’Aimable.

Au fond de la pièce, le lit à l’orientale coiffé d’une impériale à quatre archivoltes.

Le mobilier de la chambre de l’Impératrice est installé pour Joséphine : le brocart des sièges et du lit dont les couleurs sont très fanées est d’origine. Seule transformation, la couchette a été agrandie pour deux personnes sous Louis-Philippe.

Le passé consulaire proche est rappelé à l’Impératrice par une commode en acajou dont les bronzes ornaient une commode de l’Hôtel que le couple Bonaparte possédait rue Chantereine.


Le boudoir de l’Impératrice
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Utilisé comme Cabinet de retraite par les Impératrices Joséphine puis Marie-Louise, l’ancien boudoir de Marie-Antoinette traverse sans dommage l’ère impériale.

Le château n’ayant pas été entretenu pendant presque deux décennies, quelques raccords de peinture et de dorure sont nécessaires.


Pièce privée des souveraines au XIXe siècle, l’ancien boudoir est remeublé dès 1804. Il y a une réelle intention d’en faire une pièce raffinée, ce que montrent les inventaires.

Cependant, aucun ameublement n’atteint le degré d’excellence de celui réalisé pour Marie-Antoinette. Les meubles qui figurent dans la pièce n’ont pas la qualité supérieure d’exécution de ceux de l’époque de Louis XVI.

Le salon d’étude de l’Impératrice
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Fontainebleau , la vraie demeure des Rois )

Les dimensions actuelle de la pièce remontent à l’avancement la façade sur le Jardin de Diane en 1751 et la création de la rotonde en 1773.

Elle fut d’abord la Salle à Manger du Roi en 1737. Madame Adélaïde en fit sa chambre en 1752 avant de devenir son Grand Cabinet en 1776. Louis XVI en fit son Salon des Jeux en 1783 et Madame Royale sa Pièce des Nobles en 1786.

Les boiseries datent de Louis XV et la corniche de 1773. Les dessus-de-porte sont de Hubert en 1859.

Ce salon a conservé de nombreux meubles installés pour Marie-Louise en 1810. Il évoque ses principales activités : table à écrire, boîte à lettre, métier à brider et chevalet.

Le piano-forte a appartenu à Hortense de Beauharnais. Les consoles en demi-lune et les chaises en acajou à dossier ajouré, de Jacob-Frères, proviennent de la Bibliothèque de l’Impératrice aux Tuileries et son installés en 1808 dans cette pièce.

Le 16 novembre 1807
L’Empereur repart pour l’Italie.
Le 1er janvier 1808
Au retour, Napoléon s’arrête à Fontainebleau seulement trois quart d’heure.
La bibliothèque de Napoléon Ier
La bibliothèque, installée en 1808 dans l’ancien Salon des Jeux du Petit Appartement de Louis XVI, dont les boiseries et les dessus-de-portes de Sauvage en sont les deniers témoignages, communique avec l’Appartement Intérieur de l’Empereur au premier étage par un escalier à vis.

Le mobilier est constitué en dehors des grands corps de bibliothèque, d’un grand bureau plat, d’un tabouret formant marchepied de Jacob Frères, provenant du mobilier du Général Moreau, acquis par l’Administration Impériale après la condamnation à l’exil de celui-ci.
Jacob-Desmalter fournit les chaises à incrustation d’ébène et étain, le pupitre à écrire debout, la table rognon et l’échelle de bibliothèque ainsi que le canapé de bois doré couvert de satin broché de la fin du XVIIIème siècle. Ce siège conçu pour la chambre de parade de l’Impératrice sera finalement installé dans cette pièce pour l’Empereur.

Les livres sont encore pour la plupart encore en place. Ils sont classés par thème, et selon un ordre commun à toutes les résidences impériales.
Du 23 mai aux premier jours de juin 1808
Le Roi d’Espagne, Charles IV et la Reine Marie-Louise séjournent à Fontainebleau, accompagnés du ministre Godoy.
Du 26 octobre au 14 novembre 1808
C’est au terme du deuxième séjour de la cour, que le divorce devenu inéluctable est annoncé à Joséphine.
Du 25 septembre au 16 novembre 1810
Troisième séjour au cours duquel la nouvelle Impératrice Marie-Louise, petite-nièce de Marie-Antoinette, découvre le château.
Le 4 novembre 1810
Dans la chapelle de la Trinité, le prince Charles-Louis Bonaparte, fils du roi Louis et de la reine Hortense (le futur Napoléon III), est baptisé.
Vers la fin de l’Empire…
Le 19 juin 1812
Alors que le pape a été arrêté et ses États saisis, marque le début de la captivité de Pie VII à Fontainebleau, dans l’ancien appartement des Reines-Mères (aujourd’hui l’appartement du Pape), celui-là même qui avait été aménagé spécialement à son intention pour le sacre, en 1804.
Le 19 janvier 1813
L’arrivée inopinée de l’Empereur et de l’Impératrice, de retour d’une chasse à Grosbois, précipitent les choses.

Le 25 janvier 1813
L’Empereur obtient de Pie VII un concordat mais…
Le 24 mars 1813
Le pape se rétracte. Face à la colère de Napoléon, il ne quittera sa geôle du château de Fontainebleau que l’année suivante, le 23 janvier 1814.
… Et l’abdication de Fontainebleau
Le 24 janvier 1814
Napoléon embrasse Marie-Louise et le Roi de Rome pour la dernière fois, il ne les reverra jamais. C’est la Campagne de France. Napoléon tient tête aux coalisés mais plie finalement face au nombre.
Le 30 mars 1814
Paris est pris. Le 31 mars Napoléon se réfugie à Fontainebleau
Le 2 avril 1814
Le Sénat vote la déchéance de Napoléon.
Le 5 avril 1814
La première abdication en faveur du Roi de Rome est annoncée.
Le 6 avril 1814
L’Empereur abdique une seconde fois et renonce au trône pour lui et sa famille. L’Empereur déchu signe à Fontainebleau son acte d’abdication, avant de tenter de se suicider…
Abdication de Napoléon Ier à Fontainebleau
Cet acte a lieu dans le Salon que l’on dit aujourd’hui « de l’abdication«
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau – la vraie demeure des Rois )

C’est sur le guéridon situé au milieu de la salle que Napoléon semble signer son acte d’abdication le 6 avril 1814, avant de faire ses adieux à ses troupes dans la Cour du Château.

Le brocard rouge et or à motif de lyres et de rosaces garnissant les murs et les sièges a été retissé à l’identique en 1986 et 1994.
Le mobilier Empire, mis en place en 1808, se compose notamment d’un guéridon et d’un ensemble de chaises, fauteuils et tabourets de pieds en bois dorés tendus de brocart rouge et or à motif de lyres et de rosaces, réalisés par Marcion, Jacob-Desmalter, et Thomire
La tableau de Paul Delaroche, conservé au Musée de l’Armée à Paris, représentant Napoléon dans ce salon, exprime la solitude et la détresse de l’Empereur à quelques jours de sa chute.

Le tableau illustre un extrait des Mémoires de Bourienne :
« Après avoir passé une partie de la nuit à Froidmanteau, l’Empereur se dirigea vers Fontainebleau où il arriva à six heures du matin. Il ne fit pas ouvrir les grands appartements, et se campa plutôt qu’il ne se logea dans le petit appartement qu’il affectionnait. Napoléon s’enferma dans son cabinet et y resta seul pendant la journée du 31 mars 1814».

Dans la nuit du 12 au 13 avril 1814
Napoléon tente de s’empoisonner.
Le 20 avril 1814
Napoléon fait ses célèbres Adieux à la garde.

Le 20 mars 1815
Napoléon ne repasse à Fontainebleau qu’une seule fois, dans la cour du Cheval blanc, pour passer ses grenadiers en revue de retour de l’île d’Elbe, en marche pour les Cent-Jours ; il s’y arrête de 10h à 14h.

Un intermède de cent jours…
La cour d’Honneur
Fermée sur trois côtés et regardant à l’ouest sur la ville depuis la destruction de la quatrième aile et la création d’une grille en 1809-1810, cette cour est devenue cour d’Honneur au cours du XVIIIe siècle.

Elle est bordée au nord par l’aile des Ministres (vers 1530), à l’est par le jeu de Paume (XVIIe et XVIIIe siècles) et l’aile de l’escalier en fer à cheval rythmée par cinq pavillons (pavillon des Armes, tour de l’Horloge, pavillon des Orgues, pavillon central et pavillon dit des Poêles) dont la construction s’étale du XVIe au XIXe siècle.
Au sud, le Gros Pavillon de Gabriel (1750) se prolonge par l’aile Louis XV (1739-1740 et 1773-1774) de la même agence.
La cour est fermée par le pavillon Renaissance en pendant de celui de l’aile qui lui fait face.
L’Empire a vécu et les Bourbons reprennent leurs marques dans l’antique demeure, sans y apporter de modification.
LA RESTAURATION ET LA MONARCHIE DE JUILLET
Sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, la Cour séjourne peu à Fontainebleau. Sous Louis-Philippe a lieu une campagne de restauration générale du château, à l’occasion du mariage du duc d’Orléans avec la princesse Hélène de Mecklembourg-Schwerin.
Le 15 juin 1816
Marie-Caroline, princesse de Bourbon-Siciles, venue en France épouser le duc de Berry, fils du comte d’Artois (futur Charles X) arrive, à Fontainebleau.

Renouant avec son prestigieux passé cynégétique, le château de Fontainebleau est le lieu de brefs mais fréquents séjours de chasse des princes de la maison de France.
Cette tradition se perpétue avec les fils de Louis-Philippe qui s’installent dans l’appartement des Chasses, ouvrant sur la cour Ovale et pour lequel sont envoyés les grands tableaux du XVIIIer siècle, œuvres d’Oudry, de Desportes, de Bachelier… avec la volonté de réinscrire le château dans son histoire. D’autres aménagements « historicistes » témoignent de cette volonté.
Le 5 mai 1821
Décès de Napoléon sur l’Île de Sainte Hélène.
Le 30 mai 1837
Mariage à Fontainebleau de Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans et fils aîné de Louis-Philippe, avec la princesse allemande Hélène de Mecklembourg-Schwerin. Les deux cérémonies des mariages catholique et protestant, tout comme les festivités qui sont organisées donnent lieu à d’importantes restaurations (chapelle de la Trinité, Salle de Bal…) et aménagements (salle des fêtes, dite Louis-Philippe – actuelle salle des Colonnes – appartement du Pape attribué au duc et à la duchesse…).

Pour accéder à la salle des Colonnes, il faut passer par la Cour Ovale, dans une aile construite sous François Ier et son fils Henri II. On découvre une salle aux dimensions impressionnantes, que le public ne peut pas voir dans le circuit de visite habituel. Le décor de cette salle, que l’on doit à l’architecte Eugène Dubreuil est de style néo-renaissance, avec de nombreux décors feints tels que les colonnes ajoutées sous Louis-Philippe, qui ne sont pas de marbre mais peintes ! Elles ne servent pas de support et sont en bois, contrairement aux apparences.

On y trouve vingt-quatre colonnes et un mélange entre le style classique et le style historique, et particulièrement un hommage à la Renaissance avec ses caissons qui font penser à ceux de la salle de bal. On la surnommait la « galerie Louis-Philippe », ce qui explique pourquoi on trouve un buste à son effigie.

La chambre de la Grande-Duchesse de Bade
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau – la vraie demeure des Rois )

Chambre à coucher depuis 1770, elle est réaménagée en 1837 pour la Duchesse d’Orléans avec sa tenture en soie rouge et le lit en bois doré à montants en faisceaux qui fut créé en 1787 par Hauré et Sené pour Louis XVI à Saint-Cloud et fut utilisé par Napoléon aux Tuileries.

Deux fauteuils de même provenance sont déposés sous le Second Empire et servent de modèle au menuisier Cruchet pour augmenter le nombre sièges. Il livre aussi le dais du lit, la console et le pare-feu.

La commode a trophée militaires de Stöckel et Benneman, saisie dans le Cabinet du Conseil du Château de Compiègne sous la Révolution, a inspiré Fourdinois pour la réalisation des deux chevets en 1859.

La Grande-Duchesse de Bade, cousine de Napoléon III, est la dernière à utiliser la pièce.

Les 20 et 21 novembre 1840
Visite de Marie-Christine (1806-1878), l’ex-reine d’Espagne (1829-1833).

Le 16 avril 1846
Pierre Lecomte, ancien garde de la forêt, tente d’assassiner Louis-Philippe (1773-1850).

Les 15 et 16 décembre 1846
Le bey de Tunis Sidi Achmet est reçu à Fontainebleau.
LE SECOND EMPIRE
Renouant avec les voyages de l’Ancien Régime et les séjours de son célèbre oncle, Napoléon III (1808-1873) organise la fête impériale au château de Fontainebleau.
VISITES ET CADEAUX DIPLOMATIQUES
Alors que se développent à la fois l’idée de villégiature et les prémices du tourisme, l’Empereur et l’Impératrice aménagent au château de Fontainebleau des appartements disposant d’un certain confort.

Les séjours, dont les invités sont issus à la fois du monde des arts, des lettres, de la politique, se déroulent avec régularité et sont de plus en plus longs. Toutefois, la diplomatie n’est jamais totalement absente, même si la société du couple impérial se veut plus détendue que la cour des précédents souverains.

En 1853
Napoléon III et Eugénie décident de la création d’un nouveau théâtre en 1853 dès leur premier séjour à Fontainebleau ! Inspiré de celui de Marie-Antoinette dont l’Impératrice était une grande admiratrice, ce théâtre de quatre cents places est le dernier exemple d’un théâtre de Cour.






![A photograph of the empress Eugenie as Marie Antoinette at a costume ball held at the Tuileries .[source: Gogmsite]](https://64.media.tumblr.com/c044fab4f535e3e6ae5ced2e9bfa0bc6/60927575620a4846-e9/s500x750/905f14e63fab30bad32e1d97ac267209e7d5426b.jpg)
Le fumoir de Napoléon III
Le cercle privé réservé aux hommes
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Fontainebleau – la vraie demeure des Rois )

La création du fumoir est significative de l’influence britannique qui s’exerçait sur la Cour de Napoléon III.
Durand son long exil en Angleterre, l’Empereur a pris le vice de la cigarette. L’Impératrice, au contraire, ne peut souffrir la fumée et l’odeur du tabac.

De là vient l’installation au rez-de-chaussée d’un fumoir, pièce réservée aux hommes, qui s’y retiraient après le repas, tandis que les dames passaient au salon.

Un plafond à la française ayant été découvert en cours des travaux, cet espace fut décoré dans le style du XVIIème siècle, considéré comme plus viril : lambris d’appui, tapisseries de « L’Histoire d’Artémise tendues au murs, chaises en cuir gaufré.

Mais cette pièce n’aura jamais grand succès, car la forme de sociabilité qu’elle implique est en rupture avec la tradition française, qui veut que les soirées soient consacrées à des conversations où se mêlent les personnes des deux sexes.

Les 15 et 16 décembre 1856
Le prince royal de Prusse (futur Empereur Guillaume Ier) est reçu à Fontainebleau.
Du 17 au 24 mai 1857
Le château accueille le Roi de Bavière Maximilien II. La même année sont reçus le Tsar et le grand-duc de Russie. A cette occasion la nouvelle salle du théâtre impérial, aménagé par Hector Lefuel dans l’aile Louis XV construite par Gabriel au siècle précédent, est inaugurée.

En 1856
La signature d’un traité franco-siamois a permis la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays. Un ministre plénipotentiaire est envoyé par Napoléon III au Roi de Siam, Rama IV Mongkut. Aux présents de l’Empereur répondent ceux du Roi.

Le 2 juin 1861
L’ambassade envoyée en France en 1860 arrive à Toulon .
Le 27 juin 1861
Réplique de l’ambassade de Phra Naraï reçue le 1er septembre 1686 par Louis XIV dans la galerie des Glaces, l’ambassade du Roi de Siam est reçue par Napoléon III dans la salle de Bal du château de Fontainebleau. De somptueux cadeaux diplomatiques sont offerts aux souverains.
Avec les prises de guerre provenant du Sac du Palais d’Été de Pékin, ils constitueront l’embryon des collections extrême-orientales exposées dans le musée Chinois de l’Impératrice, inauguré le 14 juin 1863.
La cour séjourne à Fontainebleau jusqu’en 1869.
Le 10 juillet 1914
L’Impératrice Eugénie (1826-1920) revient une ultime fois à Fontainebleau .

Le dernier voyage de l’Impératrice à Fontainebleau
« Une vieille dame élégante parcourt les jardins du château de Fontainebleau. Elle s’appelle Eugénie de Montijo. Rares sont ceux qui l’ont reconnue quand elle est arrivée en France. Aux Tuileries, un gardien qui n’a pas reconnu l’ancienne propriétaire des lieux, l’a grondée parce qu’elle a cueilli une fleur pour se souvenir. Elle est à Fontainebleau, pour revoir le musée chinois qu’elle a inauguré en grandes pompes en 1864.
Cinquante ans plus tôt, elle était sublime, noble, gracieuse, et surtout ces yeux bleus magnifiques qui ont fait chavirer les cœurs des français autant que celui de son mari Napoléon III.
A Fontainebleau, elle a connu les magnifiques bals parés que la Cour aimait donner. Avec un sourire, l’Impératrice déchue se souvient. Il a fallu plus de deux ans à Louis Napoléon Bonaparte pour qu’elle accepte enfin de l’épouser. C’est lors d’un séjour à Paris qu’elle a rencontré en 1849 à l’Elysée celui qui n’était encore que le Prince Président. Neveu de Napoléon Ier, il venait d’être élu Président de la République. La Cour n’était pas aveugle et savait bien l’Empereur amoureux, quand bien même il collectionnait les maîtresses. Certains la mettaient à ce niveau, notamment la femme d’un ministre qui l’a même traitée en public d’aventurière.
Prête à partir pour l’Espagne, elle a été retenue par celui qui entre temps est devenu Empereur des Français sous le nom de Napoléon III. Ils ont régné ensemble jusqu’à la défaite de 1870.
Contrainte à l’exil en Angleterre, elle y devient veuve. Et elle apprend l’indicible : la mort de son fils unique, lui qui a tant couru dans les allées de Fontainebleau. Juste avant, il a dit à sa mère «lorsqu’on appartient à une race de soldats ce n’est que par le fer qu’on se fait connaître !» et il est parti combattre en Afrique du Sud. Il y est mort tué par des zoulous. «C’était un lion» ont-ils dit en rendant son corps «parce que c’est l’animal le plus courageux que nous connaissions».
Eugénie quitte le château des souvenirs. Elle n’y reviendra plus jamais. Elle est mourra le 11 juillet 1920 à Madrid les yeux fixés sur le portrait de son fils. On peut n’être plus impératrice. On est à jamais une mère.»
Etienne Chilot «La dernière visite»

Sous l’occupation…
« Les allemands commencent à déménager de Fontainebleau. Le soir, les bureaux de l’Aile Louis XV sont évacués (…) Je fais ouvrir les fenêtre de l’Aile Louis XV à cause d’explosions possibles (…) Dans la nuit, des nouvelles explosions ont lieux à 2 heures, 4 heures et 7 heures. Encore des carreaux cassés à l’Aile Louis XV, au théâtre (côté jardin) et dans le musée (côté étang) (…) A 10 heures, je fais hisser le pavillon national sur le Pavillon du Fer à Cheval.»
Extrait du journal d’Albert Bray, Conservateur du Palais de Fontainebleau


Pendant la seconde guerre mondiale (1939-1945)
Le château est emballé comme pour une période de longue absence…




Mais on se sert de l’édifice, pour accueillir l’armée allemande.
La salle de bal devient le restaurant militaire :

Mai 2022


