Le 13 juin 1780
PAR ORDRE DE LA REINE
RÈGLEMENT POUR TRIANON
Article premier.
Toutes les fois que Sa Majesté sera à Trianon, les ordres relatifs aux circonstances seront donnés aux Suisses, frotteurs et autres personnes nécessaires à son service par Bonnefoy , concierge dudit Château.
Article 2
Lorsque la Reine donnera repas, spectacle , concert ou autres fêtes, Sa Majesté voulant que le Château et jardins ne soient ouverts qu’aux personnes dont elle aura donné la liste à son concierge, ordonne que le service de la Cuisine-Bouche n’aura dorénavant aucune communication par l’intérieur avec les tables qui seront servies dans le bâtiment adhérent à la salle du spectacle.
Duchemin, contrôleur ordinaire de la Bouche de Sa Majesté, et quelques personnes désignées sur les consignes , s’il est nécessaire au service , seront les seuls de la Bouche qui pourront passer ,soit par la porte du perron de la Chapelle, soit par le Château, et communiquer aux dites tables par la porte de derrière le Théâtre. Il est ordonné à tous les autres de faire le tour par les dehors.
Article 3
Le concierge sera seul chargé de faire exécuter les ordres de Sa Majesté dans ce qui regarde la police du Château , jardins, salle du spectacle, théâtre, et à cet effet lui seul donnera des consignes aux Suisses, leur donnera les postes et fera poser des cadenas, par le serrurier du Gouvernement, aux portes qu’il jugera convenables .
Article 4
La porte du perron de la Chapelle et celle de derrière le Théâtre seront les seules par où passeront les personnes auxquelles Sa Majesté permet l’entrée de ses jardins.
Article 5
Les ouvriers des Bâtiments dénommés sur les consignes passeront par la porte du perron de la Chapelle et celle de la Ménagerie , s’il est nécessaire ; ceux du théâtre entreront par la ruelle près de la porte du jardinier.
Article 6
Le jardinier fera entrer ses ouvriers par sa porte, et à sept heures du soir la clef en sera remise au factionnaire, qui n’y laissera passer que ceux qui seront nécessaires, dont le jardinier aura précédemment donné les noms au concierge pour qu’ils soient insérés sur la consigne du suisse.
Article 7
Les officiers des Bâtiments nommés sur les consignes auront leur entrée par la porte du perron de la Chapelle et celle de la Ménagerie, ainsi que par celle donnant sur le théâtre et par celle du château.
Article 8
Les jours de spectacle, le service du théâtre et orchestre arrivera par la ruelle près de la porte du jardinier.
Article 9
Les Suisses employés toute l’année à la garde du jardin de Trianon n’y laisseront promener que ceux qui , étant entrés par le Château avec permission , seront accompagnés d’un frotteur ; Sa Majesté permettant néanmoins, pendant son absence , que les chefs attachés chacun dans leur partie au service de sa Maison puissent promener personnellement dans les jardins des gens convenables, défendant que toutes personnes subalternes dans le service y introduise qui que ce soit.
Article 10
Sa Majesté se référant pour le surplus aux ordres qu’elle a déjà donnés à son concierge, enjoint aux Suisses du Roi et autres chargés des consignes de les exécuter de point en point , leur ordonne de s’assurer des personnes qui par supercherie ou autrement voudraient les enfreindre , défendant à toutes personnes autre qu’à celles désignées par Bonnefoy de se mêler d’éteindre ou d’enlever les lumières du théâtre ou ailleurs ; Sa Majesté voulant qu’il lui soit rendu compte de ce qui pourrait se passer contraire à ses volontés.
Donné à Versailles , le 13 juin 1780.
Marie-Antoinette