
François de Miomandre de Sainte-Marie (en 1771) par Beauregard
François-Aimé de Miomandre de Sainte-Marie est un gentilhomme de la province de la Marche, garde du corps du Roi, compagnie du Luxembourg.
Le 28 mars 1779
François est reçu garde du corps du Roi.
Les Gardes du Corps ont le premier rang parmi les troupes de la Maison du Roi.
Ils comptent, en 1789, quatre compagnies, coiffées par un état-major : la compagnie écossaise, la compagnie de Villeroy, la compagnie de Noailles et celle à laquelle appartient François, la compagnie de Luxembourg.
Pour être reçu Garde du corps, il faut être né sujet du Roi, de quinze à vingt-deux ans, taille de cinq pieds six pouces, et noble : la preuve doit en être faite devant le généalogiste de la Cour, Jacob-Nicolas Moreau (1717-1808), historiographe de France depuis 1774 ; sont exceptés de cette règle les fils de chevaliers de Saint-Louis qui ont servi dans le corps.

Jacob-Nicolas Moreau est incarné par Michel Robin dans Les Adieux à la Reine (2012) de Benoît Jacquot
Ils font le service auprès de la Reine, du Dauphin, des autres enfants et des Dames de France. Monsieur, et le comte d’Artois ont chacun leurs gardes du corps, formant deux compagnies.
Quand ils accompagnent le Roi à cheval, les gardes du Corps portent le mousqueton du côté droit, et la crosse en haut.
Costume de garde du corps du Roi

François habite Châteauneuf-la-Forêt en Haute-Vienne.
Les gardes portent un habit bleu sur une veste, des culottes et des bas rouges. Cet uniforme leur vaut le surnom de « Maison bleue du Roi »; sur leurs épées, on peut lire l’inscription : Vive le Roy.

Garde du corps – l’uniforme de la 4e compagnie 1786
À Versailles, les gardes du corps du Roi sont logés entre la rue de l’Orangerie et l’avenue de Sceaux. Ils ont également des garnisons à l’extérieur de Versailles : Saint-Germain, Chartres et Beauvais.
La Caserne des Gardes françaises sur la Place d’Armes
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )
Étonnante caserne des Gardes Françaises, située sur la place d’Armes du château de Versailles. Érigée à la fin du règne de Louis XV, elle est entièrement en brique, couverte de tôles peintes afin de lui donner ce curieux aspect de tente. Elle fut détruite vers le premier tiers du XIXe siècle
En 1771, Louis-François Trouard édifie au sud de la Place d’Armes une caserne pour les Gardes françaises, masquant ainsi partiellement le Grand Commun. Au nord, du côté de la Chapelle, il avait prévu, en pendant, une caserne de même style pour les Gardes suisses.
L’ensemble évoque un campement militaire composé de tentes de toiles colorées.

Le bâtiment s’étend sur les deux tiers de la partie de la rue de la Chancellerie située entre les rampes du Château et l’entrée de la Petite Ecurie. Il comporte plusieurs étages où se trouvent les chambres et réfectoires des soldats, sergents et lieutenants. La caserne est construite en brique et recouverte d’une structure en tôle peinte à la manière d’un coutil rayé bleu.
A l’intérieur comme à l’extérieur, les effets de drapé, le dôme couronné de casques et de faisceaux, les tuyaux de poêle en forme de fût de canon forment un décor à la fois militaire et théâtral.
Les tôles peintes d’une partie de la façade sont ôtées, sans doute sous la Restauration et la caserne détruite peu après.


Le premier octobre 1789

Les gardes du corps du Roi donnent un banquet en l’honneur du régiment de Flandre arrivé depuis peu pour contenir d’éventuelles émeutes parisiennes. Le Roi, la Reine hésitent à paraître à cette fête qui a lieu dans l’opéra inauguré lors de leurs mariage, en 1770.

Le repas des gardes du 1er octobre 1789 dans Les Années Lumière (1988)
Les gardes ont alors entonné l’air de «Ô Richard, ô mon Roi» au milieu des vivats.

Eau-forte, vers 1817, de Paul Jakob Laminit (1773-1831)
Cette sympathie devenue si rare depuis des mois émeut tant les souverains que le Roi, la Reine et le Dauphin, même, descendent rejoindre les convives.



L’alcool échauffant le cœur des militaires ceux-ci redoublent d’ardeur envers leur Roi et arrachent leurs cocardes tricolores pour les fouler aux pieds et les remplacer par des cocardes blanches, symboles de la monarchie (nous pouvons aussi lire que ces cocardes étaient noires, à la couleur de la Reine, sans que l’on sache pourquoi cette couleur lui aurait été propre).



Dès le lendemain, les Parisiens s’alarment de ce qu’ils qualifient d’ «orgie» et pensent que le Roi s’apprêtent à briser la révolution grâce à l’appui de ses troupes… Voilà ce qui va entraîner ce que nous connaissons comme les Journées d’Octobre…
Le 5 octobre 1789

Image d’Un peuple et son Roi
Des milliers de femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.


Elles crient entre elles qu’elles vont trouver «le Boulanger, la Boulangère et le Petit Mitron!»…

Le Roi non plus n’est pas au château, il chasse dans les bois de Versailles, non loin de la porte de Châtillon. Il vient d’inscrire soixante-quatorze pièces à son tableau de chasse lorsqu’accourt un messager, M. de Cubières. Louis XVI lui ordonne d’aller prévenir la Reine, puis, sans attendre sa voiture, descend à bride rabattue les pentes de Meudon. Déjà, les premières «dames» débouchent dans l’avenue.
Images de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
Marie-Antoinette, messe entendue, après avoir déjeuné, est au hameau de Son cher Trianon. Elle s’est enquise de la santé d’un mouton, a nourri les canards, puis les poissons chinois du petit étang, avant de déplorer que le ruisseau ne perdit de son eau. Elle se repose dans Sa grotte, assise sur le banc de mousse, un livre à la main… lorsque Monsieur de Cubières arrive à Elle pour La prévenir de revenir au château. Se retourne-t-Elle alors en quittant Son univers qu’Elle ne reverra plus jamais?

Images du Versailles secret de Marie-Antoinette de Sylvie Faiveley et Mark Daniels (2018)

Au château, la panique monte. Les ministres supplient le Roi de se réfugier à Rambouillet avec sa famille. Il refuse. Marie-Antoinette déclare alors :
« Je sais qu’on vient de Paris pour demander ma tête; mais j’ai appris de ma mère à ne pas craindre la mort, et je l’attendrai avec fermeté».
La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
A deux heures du matin
«La Reine me fit dire à heures heures du matin qu’elle allait se coucher et qu’elle me conseillait d’en faire autant.»
Madame de Tourzel
Tout le monde décide d’aller se coucher… Le château s’assoupit pour quelques heures…

A cinq heures un quart du matin
Marie-Antoinette dort. Le bruit que font des gens sous Ses fenêtres La réveille.

Elle sonne, madame Thibault, Sa première femme de chambre en quartier :
« Que se passe-t-il
– Ce sont-là des femmes de Paris qui n’ont pas dû trouver à se coucher» répond madame Thibault.
Marie-Antoinette cherche à se rendormir…

Michèle Morgan (1956)
Image des Années Lumières (1989) de Robert Enrico
A six heures du matin
Comme mus par un signal convenu, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se rassemblent en rangs serrés. Menaçante, la foule s’approche du château et un groupe s’engouffre dans la cour par la grille de la chapelle, restée mystérieusement ouverte.

Les gardes du corps sont débordés. La meute se dirige vers les appartements de la Reine ( comment en connaissent-ils la voie?



On dit que le duc d’Orléans faisait partie de la foule pour la leur indiquer…) en hurlant.

En envahissant le palais, ils désarment les deux suisses avant de monter l’escalier de marbre ( de la Reine). Ils entrent dans la grande salle des gardes du corps, (aujourd’hui, la Salle du Sacre), puis dans la Salle des Gardes de la Reine, pendant que les soldats qui se trouvent dans la première pièce se replient dans l’antichambre donnant accès à l’aile du midi. François Miomandre de Sainte-Marie, court jusqu’à la première antichambre. «Sauvez la Reine, on en veut à Ses jours !» a-t-il juste le temps de s’écrier avant de s’effondrer sous les coups des assaillants.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
« Les brigands et les femmes qui n’étaient pas occupés à cette boucherie, montèrent par le grand escalier : un garde du corps, nommé Moreau, qui voulait leur fermer le passage, fut maltraité horriblement. Il se dégagea après des efforts inouïs et parvint à joindre ses camarades et à se replier avec eux dans la salle du roi et dans la grande salle. La foule les poursuivit, enfonça un panneau de la porte, et chercha a les percer à coups de pique. Ils se retirèrent dans d’autres pièces ; une partie de la populace se précipita par cette ouverture et se dirigea principalement du côté de l’appartement de la reine, en proférant contre elle des imprécations atroces.»
« La reine n’était pas encore levée ; un garde du corps entr’ouvrit la porte de la première antichambre et prévint ses femmes du danger qui la menaçait. Lui et cinq ou six de ses camarades vinrent se ranger devant la porte de sa chambre, tandis que les brigands tâchaient de se faire jour. Ce garde du corps était M. de Miomandre de Sainte-Marie ; il a déposé depuis au Châtelet que, le 6 octobre au matin, il était descendu pour s’opposer à l’envahissement du château par la foule armée et qu’il avait dit : « Mes amis, vous aimez le roi et vous venez l’inquiéter jusque dans son palais ! » Qu’alors il fut attaqué par ces furieux, qu’il leur échappa et, pensant au danger que pouvait courir la reine, se hâta de la prévenir de se sauver ; qu’entendant ces brigands vomir contre cette princesse les plus horribles imprécations, il cria à Mme Tiebault, femme de chambre de la reine : « Madame, sauvez la reine, on en veut à sa vie ! Je suis seul contre deux mille tigres, mes camarades ont été forcés de quitter la salle ! » Que dans ce moment un de ces furieux lui donna sur la tête un coup de crosse de fusil et le laissa pour mort sur la place. La reine s’habilla à la hâte et se réfugia chez le roi par une porte dérobée, tandis que le roi se rendait chez elle par un autre chemin. On lui amena ses enfants, et Madame Elisabeth vint la rejoindre.»
Mémoires de Jean-Philippe-Guy le Gentil, comte de Paroy
Les assassins n’ont plus que deux pièces à traverser pour atteindre la chambre de la Reine: la Salle des Gardes et le Salon où l’on dresse habituellement le grand couvert, celui de la Reine.

Image de Marie-Antoinette de Jean Delannoy

Jane Seymour dans Les Années Lumière (1989)
Les femmes de la suite de la Reine, Mesdames de Jarjayes, Thibault et Auguié ( la sœur de Madame Campan), qui ont veillé toute la nuit, ferment à double tour les portes de la Salle des Gardes et des deux Antichambres, avant de réveiller la Reine. qu’elles arrachent à demi-vêtue (Madame Thibault Lui passe une jupe et Elle se trouve dans l’appartement du Roi en tenue du matin très modeste… Elle se changera pour partir vers Paris) et Lui font emprunter, en toute hâte, le passage secret à la tête du lit de Sa chambre officielle qui conduit chez le Roi.


Karine Vanasse (2007)



Elle arrive par la porte centrale de la photo suivante dans l’Œil de Bœuf:

… Salon qu’Elle doit traverser pour atteindre la porte de la chambre du Roi :
Or… Angoisse!!! La porte est fermée… Il faut à la Reine et Ses femmes attendre quelques minutes terribles avant qu’un domestique, Louis-Antoine Marquand, garçon de garde-robe, ne les entende frapper… quel n'(est) pas son étonnement en voyant sa souveraine à moitié nue, se dérobant aux coups des assassins!

Jane Seymour est Marie-Antoinette dans Les Années Lumières de R. Enrico (1989)

Lorsque la Reine est enfin sauve, nouvelle angoisse ! Le Roi n’est pas là : il a emprunté le passage du Roi pour aller secourir son épouse…
« Cette multitude d’assassins monta l’escalier de marbre, se jeta à droite dans la salle des gardes de la reine, en vomissant des injures les plus atroces contre cette princesse, et en demandant sa tête à grands cris.
Le comte d’Hézecques
Les gardes blessés, assommés, se dérobent dans la grande salle.
Varicourt, le frère de Mme de Villette, la fameuse Belle-et-Bonne de Voltaire, est entraîné, conduit à l’homme à la grande barbe, et bientôt sa tête est à côté de celle de Deshuttes.
Durepaire et Miomandre de Sainte-Marie, après avoir averti par leurs cris les femmes de la reine, donnent le temps, par leur vigoureuse résistance, de barricader la porte.
Miomandre reçoit un coup de crosse de fusil sur la tête ; le chien pénètre le crâne ; et sa tête aurait augmenté les trophées sanglants de cette matinée, si plusieurs de ses camarades, réfugiés dans la grande salle, et revenant sur leurs pas pour se soustraire à une autre bande de brigands montés par l’escalier des Princes, ne l’eussent secouru et ne se fussent fait jour jusqu’à l’autre salle qui précédait les appartements du roi.
Aux cris de sa garde égorgée, la reine, que la fatigue et l’inquiétude avait forcé à prendre un peu de repos, est réveillée.
Son effroi lui permit à peine de prendre un léger vêtement, et de se soustraire au danger, en se réfugiant près de son époux.
(…)
On a dit, dans le temps, que ces monstres, ayant pénétré jusqu’au lit de la reine, avait percé les matelas à coups de baïonnettes.
Le fait est faux ; ils n’allèrent pas plus loin que la salles des gardes.
La lutte qui s’y engagea donna le temps d’assurer la porte. J’ai examiné moi-même le lit de la reine, deux jours après, sans y trouver aucune trace de violence.
Il est à remarquer que les gardes du corps, dans l’intérieur du château, n’avaient point leurs armes chargés, et ne purent, par conséquent, se défendre contre les brigands qu’avec leurs épées ; et que bientôt les portes eussent été enfoncées si le général La Fayette, sorti enfin de son sommeil, ne fût arrivé avec la garde soldée de Paris, et n’eût véritablement sauvé la famille royale, en éloignant ces cannibales.»

Miomandre est laissé pour mort, gisant sur le sol, baignant dans son sang, par les émeutiers qui l’épargnent ainsi… rassemblant ses forces, il peut donc se relever et se traîner jusqu’à la porte de glace qui ouvre chez le Roi (l’Œil-de-Bœuf) .

Là, un garde Suisse lui prête un bonnet de laine et un manteau gris, déguisement grâce auquel il parvient à s’évader. Accompagné de Monsieur du Repaire, dans la même situation que lui, il sort du château et se réfugie dans une cave de Versailles, alors que du Repaire a pu aller se cacher dans les bois de Saint-Cloud. Des personnes de la maison de Monsieur de Poix viennent secourir Miomandre dans cette cave. Il est porté à l’infirmerie comme un domestique de Monsieur de Poix et vêtu de la livrée.

« Ces bandits, qui n’éprouvaient aucun obstacle, massacrèrent deux gardes du corps qui étaient en sentinelle sous la voûte de l’appartement de Mesdames, tantes du roi, et leur firent couper la tête par un monstre qui les suivait, et qui se faisait appeler Coupe-tête.
Madame de Tourzel, gouvernante des Enfants de France
Ils montèrent ensuite le grand escalier et allèrent droit à l’appartement de la reine. Les gardes du corps, quoiqu’en petit nombre, en défendirent l’accès avec le plus grand courage ; plusieurs furent blessés dangereusement, entre autres MM de Beaurepaire et de Sainte-Marie * ; mais ils eurent heureusement le temps de crier : «Sauvez la reine !»
Madame Thibaut, sa première femme de chambre, qui ne s’était heureusement pas couchée, n’eut que le temps de lui donner une robe et de la faire sauver chez le roi.
A peine Sa Majesté avait-elle quitté la chambre, que ces scélérats en forcèrent l’entrée, et, furieux de ne l’y plus trouver, donnèrent des coups de pique dans son lit, pour ne laisser aucun doute sur le crime qu’ils se proposaient de commettre.»
* Note de Mme de Tourzel : M. Miomandre de Sainte-Marie est mort en émigration, et je ne l’ai pas vu depuis cette horrible journée.
Les membres de la famille royale et les ministres arrivent, les uns après les autres, chez le Roi, escortés par des gardes parisiens.




Cependant que les bandits sont refoulés de l’Œil-de-Bœuf, une scène immonde se déroule dans la cour : un homme à longue barbe ( je pensais cette apparition dans le film américain de 1938, incongrue, elle semble historique !) , «vêtu d’un costume d’esclave antique», et ayant appris, assure-t-il, au Maroc, le métier de bourreau, décapite messieurs des Huttes et de Varicourt, distribue leurs vêtements et asperge la foule de leur sang. Il fera préparer leurs têtes pour qu’elles soient fichées sur des piques.

Norma Shearer dans le film de Van Dyke de 1938
Image des Années Lumières (1989) de Robert Enrico
Arrive La Fayette _ qu’il a fallu réveillé, ce qui lui vaudra le surnom de Général Morphée…_ qui conseille au Roi de se présenter au balcon.

Le général Morphée : Sam Neil dans Les Années Lumières (1988) de Robert Enrico
Sans hésiter, alors que quelques balles viennent encore de frapper, Louis XVI fait ouvrir les fenêtres et se montre. Il est acclamé mais perçoit des cris : «A Paris! A Paris!»

Image de Louis XVI, l’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
La consigne semble venir de Marat qui fait partie de la foule…

L’Enfant-Roi de Jean Kemm ( 1923)
Soudain une clameur s’écrit «La Reine au balcon!»… la rumeur de Sa fuite envahit la populace… Marie-Antoinette prend le Dauphin dans Ses bras et Sa fille par la main, et majestueuse , Elle s’avance devant l’adversité …



Marie-Antoinette montrant ses enfants (1820), par Jean-Frédéric Schall (1752-1825)
On remarque que Schall a respecté le détail de la robe rayée jaune et blanc que porte alors la Reine…
Un cri jaillit : «Point d’enfants!», d’un geste Elle repousse Louis-Charles et Marie-Thérèse…
Michèle Morgan dans le film de Jean Delannoy (1956)


On La tire vers l’intérieur, La Fayette, qu’Elle n’aime guère _ et c’est réciproque_ ose La questionner :
« Quelle est l’intention de Votre Majesté? –Je sais le sort qui m’attend, mais mon devoir est de mourir au pied du Roi, et dans les bras de mes enfants. -Eh bien, Madame, venez avec moi. -Dussé-je aller au supplice, j’y vais.»
Michèle Morgan

Andrée Lionel est Marie-Antoinette dans l’Enfant-Roi (1923)
Elle voit se braquer les fusils. Imperturbable, Elle plonge en une révérence dont Elle a le secret…

Guy Tréjean et Michèle Morgan dans Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
La fille des Césars se retrouve sur la scène que forme le balcon avec Gilles César qui apostrophe la foule :
« La Reine reconnaît qu’Elle a été trompée, mais déclare qu’Elle ne le sera plus, qu’Elle aimera Son peuple et lui sera attachée comme Jésus-Christ à son Église.»
En signe de probation la Reine lève deux fois la main… mais ne lui pardonnera jamais!

A Madame Necker, Elle confie :
« Ils vont nous forcer, le Roi et moi, à nous rendre à Paris avec la tête de nos gardes du corps portées au bout de leurs piques!»

Dans le film de Sofia Coppola… (2006)
La Reine de retour dans Ses appartements après la scène du balcon, le 6 octobre 1789, Elle découvre les soldats massacrés et les dégâts des lieux :

Illustration d’une édition d’ Ange Pitou d’Alexandre Dumas
Contrairement à ce qu’évoque cette caricature, la chambre de la Reine n’a pas été atteinte par la populace

Le carrosse royal dans L’Enfant-Roi (1923)


Et en 1956


Le Départ du Roi de Versailles par Joseph Navlet


Le calvaire de la Famille Royale commence vers les Tuileries.


En février 1790
Revenu de ses blessures, M. Miomandre de Sainte-Marie est présenté à Louis XVI qui le décore de la croix de Saint-Louis qu’il portait lui-même.
« M. de Miomandre était, à Paris, lié avec un autre garde, nommé Bernard, qui avait reçu, le même jour, un coup de fusil des brigands, dans une autre partie du château. Ces deux officiers, soignés et guéris ensemble, à l’infirmerie de Versailles, se quittaient peu ; on les reconnut au Palais-Royal ; ils y furent insultés. La reine jugea qu’il fallait qu’ils quittassent Paris. Elle me dit d’écrire à M. de Miomandre de Sainte-Marie de se rendre chez moi, à huit heures du soir, et de lui communiquer le désir qu’elle avait de le voir en sûreté, et m’ordonna, quand il serait décidé à partir, de lui ouvrir sa cassette, et de lui dire, en son nom, que l’or ne payait point un service tel que celui qu’il avait rendu : qu’elle espérait bien être un jour assez heureuse pour l’en récompenser comme elle le devait ; mais qu’une sœur offrait de l’argent à un frère qui se trouvait dans la situation où il était dans ce moment, et qu’elle le priait de prendre tout ce qui était nécessaire pour acquitter ses dettes à Paris et payer les frais de son voyage. Elle me dit aussi de lui mander d’amener avec lui son ami Bernard, et de lui faire la même offre qu’à M. de Miomandre.
Les deux gardes arrivèrent à l’heure prescrite, et acceptèrent, je crois, chacun cent ou deux cents louis. Un moment après, la reine ouvrit ma porte ; elle était accompagnée du roi et de madame Élisabeth ; le roi se tint debout, le dos contre la cheminée ; la reine s’assit dans une bergère, madame Élisabeth, assez près d’elle ; je me plaçai derrière la reine, et les deux gardes restèrent en face du roi. La reine leur dit que le roi avait voulu voir, avant leur départ, deux des braves qui lui avaient donné les plus grandes preuves de courage et d’attachement. Miomandre prit la parole et dit tout ce que ces mots touchants et honorables pour les gardes devaient lui inspirer. Madame Élisabeth parla de la sensibilité du roi ; la reine reprit de nouveau la parole pour insister sur la nécessité de leur prompt départ : le roi garda le silence ; son émotion pourtant était visible, et des larmes d’attendrissement remplissaient ses yeux. La reine se leva, le roi sortit, madame Élisabeth le suivit ; la reine avait ralenti sa marche, et, dans l’embrasure d’une fenêtre, elle me dit : « Je regrette d’avoir amené le roi ici ! et je suis bien sûre qu’Élisabeth pense comme moi : si le roi eût dit à ces braves gens le quart de ce qu’il pense de bien pour eux, ils auraient été ravis ; mais il ne peut vaincre sa timidité. »
Henriette Campan
En 1791
La famille Miomandre de Sainte-Marie fuit vers la Belgique.
Le 3 septembre 1791
Les gardes du corps sont supprimés en 1791. Nombre d’entre eux participent à la contre-révolution mais la plupart intègrent la garde nationale. Le corps est rétabli en 1814, mais définitivement supprimé en 1830.
En 1792
François prend les armes contre la patrie et s’engage dans les gardes du Roi.
Après le licenciement de ce corps, il passe comme officier dans le régiment des Castres, à la solde de l’Angleterre. Il est en garnison à Jersey.
En 1796
François de Miomandre de Sainte-Marie meurt des suites de blessures de guerre.
Dan baldwin
Is it known where Francois de Miomandre de Sainte-Marie was buried? Was he buried in France or in Jersey?