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Louis XVI

La sexualité de Louis XVI

Louis XVI en armure

Introduction

Important sujet qui fut l’objet de milliers de kilomètres d’écrits depuis que le jeune Dauphin de quinze ans s’est marié en 1770. Le sujet a déjà particulièrement été étudié et débattu mais en général seulement du point de vue de Marie-Antoinette. Or évidemment, les deux membres du couple sont inséparables pour cet aspect.

Les deux seuls ouvrages évoquant pleinement le sujet sont Louis XVI, Marie-Antoinette, vie conjugale, vie politique de Pierrette et Paul Girault de Coursac et plus récemment Le Mariage forcé ou Marie-Antoinette humiliée de Jean-Pierre Fiquet. Sinon, le sujet fait l’objet de nombreuses pages dans leurs biographies respectives, mais évidemment, il y en a beaucoup plus consacrées à Marie-Antoinette.

Je souhaite donc me pencher sur le cas plus précis de Louis XVI, en attendant vos propres commentaires et recherches là-dessus. Nous partons du postulat bien connu que Louis XVI n’est pas un homme de sexe, c’est le moins que nous puissions dire.

Comment en arrivons-nous à cette presque lapalissade ou pléonasme ?

Deux raisons essentielles : pas de favorite/maîtresse et les rapports conjugaux difficiles avec sa femme. Ces deux aspects feront l’objet de deux articles différents, mais complémentaires, le second s’expliquant mieux à la lumière du premier.

Ni favorites, ni maîtresses

Ainsi donc Louis XVI n’a jamais eu de favorite, à l’inverse de la très grande majorité de ses prédécesseurs depuis Charles VII (1422-1461) et il n’a aucune maîtresse connue.

Avant tout, il faut distinguer les deux termes, souvent confondus.

Tout le monde estime qu’une favorite est une maîtresse du Roi qui par plusieurs qualités de différents ordres mérite de devenir la première dame de la Cour. Or l’un ne signifie pas obligatoirement l’autre.

D’une part, il est aisé d’admettre qu’on puisse facilement être maîtresse sans jamais pouvoir espérer devenir favorite, consécration ultime. Mais il en va de même dans l’autre sens.

Il y a des favorites qui ne sont pas maîtresses ! Louis XIII a eu deux favorites : Marie de Hautefort et Louise de La Fayette.

Il est quasiment sûr qu’il n’a connu aucune relation charnelle avec elles.

Louis XV a vécu quinze ans avec madame de Pompadour pleinement favorite mais qui n’était plus sa maîtresse. Et il avait des maîtresses, nombreuses, qui ne deviendront jamais favorites. Madame de Pompadour «tenait» le Roi par autre chose. Son esprit.

Franck Ferrand pense et le prouve, confirmé par la biographie récente de Didier Le Fur, qu’il n’y a jamais eu (ou presque pas) de rapports sexuels entre Diane de Poitiers et Henri II.

N’oublions pas, pendant longtemps madame de Montespan refuser de céder charnellement à Louis XIV. Elle le tiendra toujours par autre chose. : son esprit universellement reconnu comme un des plus grands du XVIIe siècle. Mais on ne fait pas trop longtemps languir Louis XIV et elle a fini par être favorite sur les deux plans.

De même que madame de Maintenon, si elle a permis au Roi de vivre selon les préceptes de la religion en ne cherchant pas son plaisir hors mariage, fut surtout choisie parce qu’elle était certainement une des rares à pouvoir concurrencer intellectuellement madame de Montespan.

L’influence et l’impopularité des favorites

Ces dames étaient les premières de la Cour avant tout par leur esprit, au-dessus du commun.

La pauvre cruche d’Angélique de Fontanges lassait déjà Louis XIV avant qu’elle ne disparaisse tragiquement. Nous avons avec elle plus le cas d’une maîtresse que d’une favorite.

Le futur Louis XVI ne pouvait ignorer l’influence de ces grandes dames qui ont fait autant que les rois les règnes que nous connaissons. Lui si féru d’Histoire… Et lui surtout élevé par les dévots qui ne pouvaient que lui faire craindre cette influence «nocive».

D’autre part, personne n’ignore à quel point Louis XV vécut dans l’impopularité la plus criante du fait qu’il avait des favorites. Ce n’était pas ses petites maîtresses qui dérangeaient le public. Du moment que cela était caché, peu importait. Mais bien ses favorites déclarées, nobles ou pas, les sœurs de Nesle en souffrant aussi (voir le scandale de Metz). Il est le premier Roi à qui sera refusée la communion pour cette raison. Ce sera déjà le cas sous Louis XIV, mais avec nettement moins de conséquences car il lui suffisait d’éloigner quelques semaines madame de Montespan pour régler le problème.

Avant la deuxième moitié du XVIIe siècle et le XVIIIe siècle, il n’existait aucun problème par rapport à l’Église et donc pour le public. Celui-ci se contentait de ne pas aimer la favorite car elle était forcément accusée de puiser dans le Trésor royal et d’influence néfaste sur le Roi. Avec l’Église s’opposant à l’adultère, tout change dans l’opinion publique. Le Roi est devenu dès lors immoral, un mauvais exemple pour son peuple.

Fin XVIIIe siècle, on approche du XIXe, où la vie conjugale à la bourgeoise sera consacrée dans les couples royaux. C’était une attente souhaitée par le public. Une évolution des mœurs.

Mais déjà dans l’Histoire, bien avant la pudibonderie du XIXe siècle, qu’elle soit maîtresse ou favorite de cœur (d’intellect serait certainement le terme plus approprié), l’élue du Roi est viscéralement haïe par le peuple, détestée et combattue par une bonne moitié de la cour et tout simplement une source inépuisable d’intérêts pour l’autre moitié.

Bref une source de problèmes bien ancrés, à quoi il faut rajouter depuis peu le rejet moral.

Un choix déterminé ?

Le Dauphin (1754-1793) a connu madame de Pompadour (1721-1764) qui est morte alors qu’il avait déjà dix ans. Il ne peut ignorer les luttes entre elle et son père et ses tantes. Ne serait-ce que par son personnel d’éducation, tous choisis par Maurepas (1701-1781) avant qu’il ne soit congédié à cause de la favorite. Il a vu si je puis dire le bel esprit de Cour soumis à l’un ou l’autre camp. Il ne détestera pas Choiseul (1719-1785) pour rien.

Or au moment où il entre dans la puberté, alors qu’il peut croire son grand-père enfin rangé, après les deuils qu’ils partagent ( ses parents, le Dauphin et la Dauphine, la Reine, sa grand-mère), ne pouvant, du moins je l’espère, connaître encore le système des petites maîtresses (j’ose espérer qu’on protégeait les enfants royaux de ce côté-là), Louis XV offre publiquement le spectacle d’un désordre immoral pire que tout ce qui a précédé. Enfin, si nous nous mettons à la place d’un petit-fils de quatorze ans. Et l’objet du scandale sera installé là où est morte sa mère…

D’autant que la femme est superbement belle, ce qui est reconnu de tous, même de ses pires ennemis. Et sensuelle comme jamais il n’y a eu dans la longue liste des favorites.


Madame du Barry par Drouais

Est-ce que le jeune garçon en fut quelque peu troublé ? Partagé entre sa colère et ses sens qui se développent au même moment ? Je rappelle qu’il a quatorze ans, un âge particulier… Évidement nous n’en savons rien. Et comme nous parlons de Louis XVI, la réponse sera pour tout le monde : NON, ce n’est pas possible. Parce que nous sommes conditionnés en connaissant la suite.

En tout cas, si le Dauphin rejette la favorite, il ne prend pas en haine la femme elle-même. C’est ce qu’elle représente qu’il combat. Pas Jeanne Bécu devenue comtesse du Barry (1743-1793). Car au final, il sera toujours poli avec elle, au contraire de sa femme et ses tantes. Il partagera les chasses et les soupers de son grand-père et de sa favorite. Il sera même reçu à Louveciennes :

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S’il l’a fait enfermée quelques temps à la mort de son grand-père, certainement pour « punir » une femme qui a si longtemps vécu dans le péché, il lui « rend » Louveciennes, alors que rien ne l’en obligeait. Louveciennes appartient à la Couronne, ce n’est pas une propriété privée de la comtesse. Il la laisse vivre très confortablement, à recevoir qui elle veut, même des têtes couronnées. Elle est juste interdite de séjour à la cour. Nous dirons que l’honneur est sauf.  Encore que nous savons qu’elle s’est parfois rendue discrètement à Versailles lors de soirées d’été sur les terrasses. Et Marly est si près de son domaine…

Pour un Roi qui tient à respecter la morale, notamment catholique, il fait surtout preuve d’une très sympathique tolérance envers l’ancienne maîtresse de son grand-père. Qu’il a pourtant reçu plus que froidement lors de sa présentation.

J’en viens donc à la formulation de l’hypothèse qui ressort de mon premier point : Louis XVI aurait fait le choix volontaire de ne pas prendre de favorite. Il en connaissait les dangers, l’a vécu de plein fouet entre 1769 et 1774, c’est-à-dire à l’âge où se construit la sexualité de tout un chacun.

Louis XVI souhaitait plus que tout être populaire, ne pas être détesté comme le fut son grand-père. D’où par exemple le rappel des anciens parlements. Et il sait que l’un des principaux griefs contre son grand-père, et tous les rois avant lui, fut l’installation d’une favorite. Chose que le public ne peut plus désormais accepter. Je ne parle pas des courtisans à la vie libertine dont le quotidien n’a rien à voir avec 90% du peuple, très attaché à sa religion.

Personne ne peut mettre en doute qu’il avait la volonté de moderniser la monarchie et la vie de cour. Que ce fut réellement le cas, c’est un autre débat, en tout cas, il le voulait sincèrement. Un vent de nouveauté est arrivé à son avènement. Et dans cet élan de modernisation, dans cette « révolution » dont tout le monde parlait alors, pourquoi ne pas éliminer aussi celle qui est vue comme la cause des malheurs du peuple et qui fait de la cour un lieu de perdition ? C’est évidemment de la naïveté de sa part mais je rappelle qu’il n’a que dix-neuf ans et demi. Il se veut un roi vertueux. Il se promène durant le premier été de son règne avec sa femme dans le bois de Boulogne et ils s’embrassent devant toute la foule. C’est mignon. Image factice de bonheur conjugal mais idéale pour être populaire.

Tabatière montrant sur toutes ses faces les portraits des mmebres de la famille royale lors de l'avènement de Louis XVI
Tabatière montrant sur toutes ses faces les portraits des mmebres de la famille royale lors de l’avènement de Louis XVI

Certes, il s’est trompé. Car il a oublié que la favorite sert d’écran. Elle le protège. Il a laissé ce rôle à sa femme et nous en connaissons les conséquences…

Mais par principe, comment le lui reprocher ? Car au final, malgré notre esprit gaulois, nous préférons tout de même un chef d’État sérieux en ménage qu’un coureur de jupons…

D’autant que ce n’est pas son mentor Maurepas qui allait lui conseiller de prendre une favorite !

Et comment des hommes vertueux comme Turgot (1727-1781), Malesherbes (1721-1794), Vergennes (1719-1787) ou même Necker (1732-1784) pouvaient-ils lui conseiller le contraire ?

Des maîtresses cachées ?

Néanmoins, qu’il fasse le choix de ne pas prendre de favorite, n’exclue pas celui d’avoir des maîtresses.

Louis XVI a forcément appris au plus tard à la mort de son grand-père, mais certainement avant, et accepté ce qui s’était passé avant l’installation de madame du Barry et qu’il s’agissait d’une pratique bien rodée, avec valets de chambre en rabatteurs. Ne serait-ce parce qu’il a respecté le testament de son grand-père qui réglait le sort de ses nombreux enfants nés de ses petites maîtresses. L’a-t-il appris à propos de son père qui ne faisait guère mieux de son côté, malgré son chef du parti dévot ?

La question n’est pas de déterminer si c’est bien ou mal. C’est ce qu’en a pensé Louis XVI. Et hypothétiquement, s’il a pu prolonger ce système de manière encore plus discrète.

Louis XVI par Kucharski

D’autant que quelques témoignages montrent un Louis XVI parfois sensible au charme féminin : il n’hésite pas à embrasser de bon cœur plusieurs fois une dame présentée jusqu’à qu’on lui signale en riant qu’elle n’est pas duchesse, on tente de lui donner une actrice qu’il avait visiblement particulièrement remarquée, il aurait eu quelques attentions marquées pour madame de Châlons, ce qui aurait exigé une discussion sérieuse avec Marie-Antoinette selon Mercy (1727-1794), il complimente la beauté de la femme du maire de Paris Chambon devant son médaillon lors de son premier trajet à la Convention…

Mais rien de plus. Pas de traces concrètes d’un passage à l’acte. On parle de la mère d’Ernestine Lambriquet mais qu’en penser sérieusement si l’on doute à juste titre de la fameuse opération (et de tout ce qui en découle) ?

Bref rien

A moins qu’il fut particulièrement discret.

Conclusion

Car j’en reviens à mon propos de départ, le fait de ne pas vouloir/pouvoir passer à l’acte n’aurait en aucun cas empêcher l’installation d’une favorite. Nous pouvons penser que celle qui fut au plus près du rôle a été Madame de Polignac (1749-1793). Mais malgré toutes les faveurs qui venaient également de sa part, elle est bien officiellement favorite de la Reine et non du Roi.

Louis XVI craignait plus que tout d’être influencé, notamment par une femme. C’est une donnée essentielle de sa relation avec Marie-Antoinette. Qu’elle y ait réussi ou non n’est pas le propos ici.

Si Louis XVI a bien un défaut, c’est sa misogynie. Or par définition, une favorite l’aurait encore plus influencé. Ses tendances, ses goûts personnels, ses envies propres, nous n’en saurons pratiquement jamais rien. Personne ne nous en parle et certainement pas Louis XVI. J’évoquerai plus tard ses rapports conjugaux.

Mais si nous prenons juste l’aspect «libre», c’est-à-dire hors mariage dont il n’a pas eu le choix lui non plus, nous ne pouvons rien affirmer puisqu’il n’y a pas de sources. Personne ne peut dire qu’il aimait ou pas le sexe. Il a très bien pu avoir des petites maîtresses lui aussi. Rien ne l’interdit de le penser. Il aurait juste été particulièrement discret. Pourquoi ne serait-ce pas le cas ? Car on s’appuie sur ce qu’on connaît de ses rapports avec sa femme ? Mais justement !

Quel témoin dit qu’il n’aimait pas le sexe ? Personne. Mercy parle de ce qui le lie à sa femme. C’est toute la nuance. Pourquoi Thierry de Ville d’Avray (1732-1792) ou le duc de Richelieu (1696-1788) qui le fréquentaient de très près auraient-ils tenté de lui présenté des femmes qui se seraient tout à fait dévouées de bonne grâce si ce n’était pas envisageable ? C’est bien parce qu’ils savaient que les possibilités existaient.

Et l’un d’eux est tout de même un des libertins les plus célèbres ! Il a donc une grande expérience en la matière ! Or semble-t-il malgré ses tentatives qui ne se sont visiblement pas couronnées de succès, le duc n’a pas subi le courroux du jeune Roi. Ce qui prouve une certaine ouverture et aucun complexe à ce sujet.

Louis XVI n’avait simplement pas envie de s’importuner avec une femme. Visiblement si l’on suit quelques témoignages crus, il est construit comme tous les hommes et son corps répondait de la façon habituelle. Ce n’est pas pas parce qu’il n’aurait pas aimé le sexe qu’il n’a pas eu de favorite. Cela n’a rien à voir comme tente de le prouver ma démonstration.
Et ce n’est pas parce que cela ne fonctionnait pas avec sa femme qu’il n’aurait pas aimé le sexe non plus.
Enfin bref nous n’en savons rien mais il est important de sortir des sentiers battus.

Jusque-là on en faisait un quasi-asexué, un impuissant, un malformé, que sais-je, encore (ah si, j’ai déjà lu un homosexuel refoulé). Or rien de tout cela ne l’aurait empêché de prendre une favorite. Il n’en veut pas, voilà tout.

J’espère que cet article permettra de voir les choses autrement.

La sexualité du Roi est, par essence même, liée à sa Reine.
Si Louis XV, à vingt ans, était père de cinq enfants, c’est que Marie Leszczynska était de sept ans son aînée. Marie-Antoinette est plus jeune que Louis XVI d’un an.

Eh pourtant , lorsque Marie-Antoinette donne naissance à Madame Royale , le 19 décembre 1778, Elle est plus jeune ( Elle a vingt-trois ans) que Marie Leszczynska ( elle a alors vingt-quatre ans) à la naissance de ses premières jumelles le 14 août 1727.

Comment Louis-Auguste aurait-il pu avoir une sexualité normale avec une enfant de quatorze ans (au moment de leur mariage) qui en paraissait douze, alors que lui était bien développé pour ses quinze ans, il mesurait 1,78 mètre, soit la même taille que son grand-père. On sait qu’il continuera à grandir, mais il a déjà une taille adulte ( c’est la mienne aussi ).

Les pamphlets ont donc jasé quant à la possibilité du Roi

Si un petit-fils de Louis XV s’est bien fait circoncire, ce n’est pas Louis-Auguste, mais Ferdinand Ier, duc de Parme, fils de sa fille aînée Elisabeth de France (1727-1759) et époux de Marie-Amélie de Habsbourg-Lorraine (1746-1804), sœur de Marie-Antoinette.

Il semble que l’Autriche a pu entretenir la rumeur, car on a dit que c’était chez Mercy que Louis XVI aurait été opéré. Mais une circoncision provoque très souvent un œdème assez important ! D’autant plus gênant avec le port de la culotte,  les courtisans l’aurait vu aisément, puisque Louis-Auguste n’aurait pas pu monter à cheval pendant plusieurs jours.

Et puis de toute façon, Louis XVI notait toutes ses maladies, les traitements pris, ses alitements… Et ce n’est pas la pudeur qui aurait pu cacher l’opération qui se serait obligatoirement sue de façon officielle.

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