MARIE-ANTOINETTE…MUSE DE LA MODE OU FASHION VICTIM ?
On associe facilement Marie-Antoinette à la fascination de la Mode tant Mademoiselle Bertin, Sa «marchande de modes» a su s’imposer dans l’Histoire à Ses côtés… Ainsi allons-nous voir qu’au début du règne la Reine est sans doute victime de Sa liberté mais qu’en suite Elle s’en libère, justement, et guide davantage la mode qu’Elle ne la suit…
Lorsque Antonia devient Marie-Antoinette, le 7 mai 1770, Elle revêt une tenue à la française qui tient tout-à-fait des robes que portait Madame de Pompadour sur les si beaux portraits de Boucher .
Cette tenue de cérémonie est la robe à la française qui est née sous la Régence (1715-1723) : sur un panier articulé repose la jupe, pouvant atteindre jusque cinq mètres à la base de sa circonférence, au-dessus de laquelle
est porté le manteau de robe à plis Watteau dans le dos…
… une pièce de toile fendue était cousue aux deux premiers plis formant un faux dos de corsage.
Glenn Close est la sublime marquise de Merteuil des Liaisons Dangereuses (1989) de Stephen Frears
Le laçage du corset ; caricature du XVIIIe siècle
Les œillets de cette pièce permettent de lacer et de tendre les côtés de corsage sur le corps à baleine (ce qu’on nomme communément le corset) après avoir boutonné ou lacé les compères, de petits devants de corsage qui forment une sorte de faux gilet cousu dans l’échancrure de la robe, sous les devants.
Ainsi que nous le montre l’habillage de la marquise de Merteuil que joue superbement Glenn Close dans Les Liaisons Dangereuses de Stephen Frears, 1989
Ces compères sont ornées échelles de rubans ou échelles de nœuds. Les manches ont la forme d’un cornet double : court à la saignée où il est froncé et long sous le coude se terminent par des manchettes à trois rangs …
Pour les jambes et les pieds, le bas blanc triomphe avec ses coins brodés et son soulier blanc à boucles portant deux longues oreilles avec émaux et pierres vraies ou fausses : ce soulier se hausse sur les plus incommodes talons du monde, dont la mode est maintenue par la corporation nouvelle des talonniers, à qui elle assure le gagne-pain.
Tenue jusqu’alors basse, la coiffure remonte à partir de 1750, les cheveux se relevant sur le sommet de la tête en cimier agrémenté de nombreuses boucles et deux grandes anglaises tombant sur les épaules , avec une crête de ruban dite huppe , et, bien entendu, la poudre.
Et cette coiffure prend de telles proportions qu’il faut en revenir à mettre des perruques qui s’appellent des chignons .
… silhouette à laquelle Milena Canonero, costumière de Sofia Coppola, est fidèle dans le film de 2006 :
Composition et élaboration du grand habit de cour
L’expression « grande habit » désigne un ensemble de vêtements féminins particuliers qui, portés tous ensemble, composent une figure remarquable. (voir le portrait de mode de la comtesse d’Artois par Claude-Louis Desrais, ci-dessous) Trois éléments vestimentaires de dessus – le grand corps, la jupe, le bas de robe ou queue de jupe – sont associés à un élément de dessous, de taille conséquente : le panier. Cette combinaison est exclusivement réservée au grand habit. S’y ajoutent un certain nombre d’accessoires de dentelle ou de lingerie. À partir des mémoires de la comtesse d’Artois, ceux-ci peuvent être classés en deux catégories suivant la régularité de leur présence dans les livraisons de grands habits. La première catégorie regroupe les accessoires indispensables. Certains, indissociables de leur grand habit, comme les glands pour relever le bas de robe, sont l’objet de livraisons groupées avec les vêtements. D’autres, plus interchangeables, telles les mantilles et les manches de cour, bénéficient de livraisons indépendantes. La deuxième catégorie, non exhaustive, regroupe des accessoires indifféremment portés avec le grand habit ou des robes, et dont la livraison est plus ponctuelle. Cette étude se concentrera sur les éléments de costume et les accessoires indispensables au grand habit.
À l’exception du corset, le grand corps, la jupe et le bas de robe sont bien connus. Le grand corps est une cuirasse baleinée qui gaine le haut du corps de la femme. Il se distingue du corps de ville par un baleinage plus dense et une fermeture par laçage, toujours placée au dos. Le large décolleté est prolongé par des épaulettes, très basses, qui forment un départ de manches. Les mémoires de la comtesse d’Artois révèlent la présence fréquente du corset, à la fois dans les livraisons de sa couturière et de ses marchandes de modes. En effet, si le corps est traditionnellement l’œuvre du tailleur, la confection des corsets est, elle, dévolue à la couturière. Ainsi, pour le quartier d’octobre 1775, cette dernière livre cinq corsets, dont celui d’un grand habit de satin blanc brodé de paillettes d’or et de plumes de toucan. D’après l’Art du tailleur, ouvrage de François-Alexandre-Pierre de Garsault, les corsets ne sont pas baleinés. Fermés derrière ou devant, ils sont simplement raidis par des buscs. Un corsage attribué à la reine Marie-Antoinette, conservé au musée Galliera, pourrait bien être un corset de grand habit. Sa forme reproduit en effet celle d’un grand corps au large décolleté et aux départs de manches plissés. La présence de nombreux trous d’épingles atteste qu’il a servi et a été rehaussé d’éléments décoratifs. Plusieurs essais de mannequinage dans les ateliers du musée Galliera ont établi que ce corsage, non baleiné mais muni d’une poche à busc sur le devant, était porté sur un corps à baleines. Ainsi, à la lueur des mémoires de la comtesse d’Artois, le corsage du musée Galliera se révèlerait être un corset, version assouplie du grand corps qui devait remplacer ce dernier dans les circonstances où le grand apparat n’était pas exigé par l’étiquette, ainsi que dans le cas de grossesses ou de relevailles. Porté sur un corps à baleines moins rigide que le grand corps, il était assorti à la jupe et au bas de jupe, et lui aussi était garni par les soins des marchandes de modes. Le corset de Galliera servit sans doute à madame Éloffe comme support pour des essais de décors. Panier, corps et corsets aux mensurations des clientes étaient en effet commandés par les fournisseurs ou confiés à ces derniers pour leur servir de modèle.
La jupe et le bas de robe sont aisément identifiables. Le terme de bas de robe dérive de l’ancienne appellation du grand habit, à la fin du XVIIe siècle. Alors appelé robe, il se composait d’un haut baleiné avec une jupe attenante. Ce nom était opposé à celui de manteau en usage pour les robes à manches enfilées sur un corps. Dans son Art du tailleur, François-Alexandre-Pierre de Garsault publie un patron de bas de robe : celui-ci est constitué de plusieurs lés d’étoffe parallèles, assemblés verticalement, incurvés sur les côtés et arrondis à leurs extrémités. À la taille, le bas de robe plissé est garni d’agrafes pour s’accrocher aux ganses et autres agrafes placées au bas du corps. La jupe est portée sur le grand panier, jupe de toile de lin ou de taffetas de soie élargie par des cerceaux d’osier ou de baleines. L’histoire française de ce vêtement de dessous, descendant du vertugadin et du garde-infant espagnol, mystérieusement apparu à Paris au début du XVIIIe siècle, demande encore à être précisée.
Chaque livraison de grand habit est généralement accompagnée d’un ensemble d’accessoires. Fournis par la marchande de modes, ces derniers sont soit assortis entre eux, soit au décor même du grand habit. La palatine est un ornement de cou. En décembre 1676, la princesse Palatine, seconde épouse de Monsieur, frère du roi, relate comment elle lança cette mode après avoir entortillé une vieille zibeline autour de son cou pour se réchauffer. Au XVIIIe siècle, la palatine est une bande de dentelle, de réseau ou de fourrure, qui se place toujours autour du cou. Dans le long mémoire d’octobre 1773 relatif au trousseau de la princesse, les palatines sont fréquemment assorties à leur grand habit. Il en est ainsi de « la grande palatine de cour en réseau d’or riche et brillant, entrelacé d’une guirlande d’agrémens brodé en paillettes comptées et toutes petites fleurs de paillons assortis à l’étoffe […] », livrée avec le grand habit de Pont Beauvoisin de satin blanc brodé en paillettes et paillons. Il existe également des palatines de corsets, mentionnées dans les livraisons de la marchande de modes Rose Bertin pour les années 1779-1780. Mais la livraison de palatines avec les chamarrures et garnitures fournies pour les grands habits de la comtesse d’Artois n’est pas systématique. En revanche, celle des mantilles est récurrente. Celles-ci sont aisément identifiables grâce à l’ouvrage de Garsault, où une partie du chapitre de la marchande de modes, dévolue à la « mantille de cour ou de grand habit », est illustrée par un patron. Il s’agit d’un mantelet court dans le dos, aux longues extrémités et dénué de capuchon. Il est formé au bas pour s’adapter à la pliure des bras.
Des éléments de dentelle ou de lingerie complètent le grand corps. Ses petites manches sont prolongées par une manche légère de toile fine de lin ou de coton sur laquelle sont cousus un volant simple puis des volants froncés en leur centre, surnommés suivant une tradition orale petits bonshommes. Les mémoires de la comtesse d’Artois ne reprennent jamais cette dernière dénomination. En revanche, les marchandes de modes fournissent, indépendamment des ornementations des grands habits, des grandes et des demi-manches de cour en dentelle, assorties à des collerettes et à des tours de gorge en dentelle. Ces manches de cour pourraient correspondre à ces volants froncés qui sont eux-mêmes ornés de bracelets de cour et de nœuds de manches confectionnés dans l’étoffe du grand habit. Enfin, tous les grands habits sont systématiquement livrés avec les glands destinés à relever le bas de robe. La présence obligée de cet accessoire est confirmée par l’étude d’une autre série importante de mémoires quittancés correspondant à des grands habits, signés par Rose Bertin et conservés à l’Institut national d’histoire de l’art.
Les étapes de la fabrication du grand habit, plus complexes qu’il n’y paraît, enrichissent également la connaissance de ce dernier. Grâce à l’abondance des sources, il est en effet possible d’étudier le rôle des fournisseurs à travers les mémoires de la comtesse d’Artois, ce qui soulève un certain nombre d’interrogations. La spécialisation des métiers relevée dans les encyclopédies relatives aux « arts de l’habillement » dans la seconde moitié du XVIIIe siècle est a priori confirmée. L’élaboration d’un grand habit se répartit entre le tailleur, auteur du corps et du bas de robe, la couturière qui confectionne la jupe (et ici le corset), et la marchande de modes, responsable de l’ornementation du grand habit et de la fabrication de ses accessoires (voir la comtesse d’Artois par Desrais ci-dessus). Les fournisseurs de la comtesse d’Artois sont des habitués de la cour. La demoiselle Motte, les époux Sigly, le marchand de soie Le Normand et les marchandes de modes figurent également dans l’« État de la garde-robe de Marie-Antoinette » pour les années 1781 et 1782. En 1773, le sieur Sigly fournit corps et bas de robe, en particulier pour les grands habits liés aux cérémonies du mariage mais, curieusement, il ne livre plus de bas de robe jusqu’en 1780. Les grands habits de ces dernières années ont-ils été portés sans bas de robe ou le fonds d’archives serait-il incomplet ? En effet, malgré la richesse de ce dernier, la reconstitution de la chaîne de fabrication d’un grand habit ne peut être systématisée. L’idéal serait de retrouver les différentes interventions des fournisseurs, comme pour ce grand habit fond taffetas lilas pailleté argent, fourni pendant l’été 1775, dont Sigly, tailleur, a garni le corps pour 54 livres. Sigly, couturière, en a confectionné le corset et la jupe pour 24 livres, madame Benoist, la broderie pour 1 192 livres et madame Alexandre la chamarrure pour 3 200 livres, auxquelles s’ajoutent un bouquet, une paire de barbes et une boîte pour 74 livres. Le tout s’élève à la somme de 4 544 livres. En outre, certains documents introduisent des doutes quant aux techniques de confection elles-mêmes. Ainsi, le 22 novembre 1779, Le Normand et Compagnie, marchands d’étoffe, adressent à madame Sigly, couturière, un certain nombre d’aunes d’étoffe destinées à des grands habits, auquel s’ajoute « un grand habit corps et corset de satin rose brodé, fermé de boutons de diamants entourés de cannetille et un brodé autour très riche… 1 500 [livres] ». S’agirait-il d’un grand habit en pièces, c’est-à-dire non monté et livré pour cette dernière opération à la couturière ? L’habitude de livrer des costumes en pièces, au décor placé ou « à disposition », est attestée par de nombreux exemples conservés dans les collections publiques et privées. Ce qui légitimerait, aussi étonnant que cela puisse être, un mode de fabrication et de commercialisation analogue pour un grand habit.
Pascale Gorguet Ballesteros
ÉPOQUE LOUIS XVI… ou plutôt MARIE-ANTOINETTE (1774-1789)
La disparition du Roi Louis XV, qui n’était plus le Bien-Aimé depuis longtemps, est marquée _résultat de sa vie dissolue, de ses fautes nombreuses, et des maladresses de ses ministres par une explosion de joie. Et ce mouvement populaire se traduit immédiatement dans la Mode, principalement chez les femmes, qui, croyant au retour de l’abondance prochaine, se coiffent de symboliques épis de blé…
Une vague de luxe vestimentaire passe sur la France entière; et, se dégageant avec une sorte de fièvre des principes d’austérité dans lesquels Elle avait été élevée par Sa mère Marie-Thérèse, Marie-Antoinette, semble vouloir compenser des privations antérieures imposées par Madame l’Étiquette, en déployant un faste qui contraste étrangement avec les goûts très simples de Louis XVI.
La conseillère favorite, celle qui a ses grandes et ses petites entrées à toute heure auprès de la Reine, est Mademoiselle Bertin , modiste rue Saint-Honoré, qui, de cette intimité et de cette autorité prise sur la Souveraine, tire le titre sous lequel les uns sérieusement, les autres par moquerie, la surnomment «le ministre de la Mode».
Ministre dont l’influence, d’ailleurs, s’étendait hors des frontières puisqu’elle avait pris coutume d’envoyer chaque année dans les cours étrangères son ambassadrice chargée de mission : une poupée vêtue des dernières modes inventées par son imagination.
Les modes des années 1775 à 1778 sont, pour la plupart, le produit des fantaisies de la Reine combinées avec les imaginations de Mademoiselle Bertin_et Louis XVI ne réagit que mollement contre les extravagances dont il est entouré.
Je ne peux que vous recommander l’excellent ouvrage de Michelle Sapori, aux Éditions du Regard,
Rose Bertin, Ministre des modes de Marie-Antoinette, 2003…
La Reine apprécie les tons pastel, le vert d’eau, le bleu, le lilas, le rose également mais privilégie le blanc.
Elle inspire des tonalités nouvelles, telles la couleur «cheveux de la Reine» une nuance blond cendré de sa chevelure ou encore « puce » que Louis XVI baptise d’après un habit violet-brun de son épouse, rapidement déclinée en d’infinies nuances : cuisses de puce, ventre de puce, dos de puce, puce effrayée…
La couleur Puce, sorte de rouge brunâtre sous diverses nuances, le Cheveux de la reine, gris-noisette un peu cendré et le œil de roi, censé approcher le plus possible de la teinte très particulière, bleu-gris, des yeux de Louis XVI, sont les couleurs à la mode !
«Cet été la reine ayant choisi une robe de taffetas d’une couleur rembrunie, le roi dit en riant : c’est couleur de puce ; et à l’instant toutes les femmes de la Cour voulurent avoir des taffetas puces. La manie passa aux hommes : les teinturiers furent occupés à travailler des nuances nouvelles. On distingua entre la vieille et la jeune puce, et l’on sous-divisa les nuances même du corps de cet insecte : le ventre, le dos, la cuisse, la tête se différencièrent. Cette couleur dominante semblait devoir être celle de l’hiver. Les marchands intéressés à multiplier les modes, ayant présenté des satins à la reine, S. M. en a choisi principalement un d’un gris cendré. Monsieur s’est écrié qu’il était couleur des cheveux de la reine. À l’instant la couleur puce est tombée, et l’on a dépêché des valets de chambre de Fontainebleau à Paris pour demander des velours, des ratines, des draps de cette couleur. »
Louis de Bachaumont dans ses Mémoires en 1775
« Je vais vous mettre au courant : ayez un habit puce, une veste puce, une culotte puce, et présentez-vous avec confiance ; voilà tout ce qu’il faut aujourd’hui pour réussir à la Cour.»
Le baron de Besenval
A cette époque, certaines couleurs sont très imagés ; soupirs étouffés, plaintes amères, cuisse de nymphe émue ou de l’actualité telles que les couleurs de boue de Paris.
Gazette des atours de Marie-Antoinette 1782
Elle affectionne les tissus fleuris sur fond unis et les motifs rayés dits « au zèbre » très à la mode
Petite parenthèse pour goûter à la saveur de ces noms de couleurs XVIIIe grâce à cet extrait du catalogue d’exposition Modes et Révolutions du musée Galliera, 1989:
Les couleurs avec un astérisque sont considérées comme foncées :
- aurore (orangé)
- bleu de ciel *
- bleu noir*
- boue de Paris *
- café
- capucine
- carmélite * (bleu très foncé avec teinte violette)
- cédrat (écarlate)
- chair
- chocolat
- citron
- col de canard*
- coquelicot
- cramoisi
- cuisse de nymphe émue
- cul de bouteille*
- écarlate*
- fauve
- gorge-de-pigeon
- gris américain*
- gris d’ acier
- gris d’ardoise*
- gris de perle
- gris de more ou de maure
- lilas
- loup*
- merde d’oie
- mouche cantharide (vert doré très brillant de l’insecte méditerranéen)
- nakarat (rouge tirant sur l’orange)
- noisette
- œil-du-roi
- paille foncée
- pistache
- ponceau
- puce
- puce foncé
- prune de monsieur
- queue de serin
- ramona (violet-marron)
- sang-de-bœuf
- souffre
- souci de hanneton (gris havane)
- suie brûlée (marron)
- vert (gros)
- vert naturel *
- vert dragon*
- vert pomme*
« Madame *** était dernièrement à l’Opéra avec une robe soupir étouffé, ornée de regrets superflus, avec un point au milieu, de candeur parfaite, une attention marquée, des souliers des cheveux de la reine, brodés en diamants en coups perfides, et le venez-y-voir en émeraudes ; frisée en sentiments soutenus, avec un bonnet de conquête assurée, garni de plumes volages, avec des rubans d’œil abattu, ayant un chat sur les épaules, couleur de gens nouvellement arrivés, derrière une Médicis, montée en bienséance avec un désespoir d’opale et un manchon d’agitation momentanée !»
Le Journal politique et littéraire du mois de mai 1776
« Si je fais couper un habit chez mon tailleur, eh bien, autant vaut-il prendre la couleur du jour, Caca dauphin, que Prune monsieur. C’est une suprême folie, vous écrierez-vous ; mais tout le monde à la Cour est ainsi, il n’y a point de réponse à cela. Il ne faut jamais disputer des goûts ni des couleurs. Je quitte mon habit Opéra brûlé, mon frac Tison, et je m’habille ce soir en Caca dauphin, d’après l’échantillon véritable et reconnu. Je saurai bien distinguer les nuances, et je dirai alors tout comme un grand
seigneur, c’en est, ce n’en est pas.»Louis-Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris
Le vêtement fait tous ses efforts, sous la direction du costumier royal pour ressembler à une robe de théâtre :
Large panier sur lequel reposent les robes de cour
La fameuse robe de Karl Lagerfeld qui s’inspire directement de Marie-Antoinette
Tilda Swinton dans Orlando (1992) de Sally Potter : on lui revêt un panier
pour accueillir une robe conçue par Karl Lagerfeld
Les paniers ont jusqu’à cinq mètres de tour, et se couvrent d’une nuée de bouquets, bouillonnés, coques, nœuds de gaze, guirlandes, falbalas, cousus dans tous les sens.
Dans ses Mémoires, le marquis de Valfons énumère les deux cent cinquante manières de garnir une robe, et chaque garniture reçoit un nom sentimental :
doux sourire, ou composition honnête, ou désir marqué par exemple… L’étoffe à la mode est le tulle, tissu aérien et fragile.
Les modèles les plus courants de robe sont :
– la polonaise, très ouverte au corsage avec une jupe courte qui laisse entrevoir les chevilles et petite veste sous la polonaise. C’est une variante de la robe à la française, qui s’ouvre donc en V renversé sur la jupe, mais qui est séparée en trois pans (on a évoqué la raison du nom de ce modèle comme émanant du partage de la Pologne…) : les deux ailes et la queue, qui ont un jeu de rubans intérieurs qui permettent de retrousser à la mesure du désir de la dame chaque pan de sa robe…qui repose sur l’arrière sur un petit panier , le faux-cul, ancêtre de la tournure, qu’on appelle le polisson, qui galbe les hanches sur l’arrière. En bas de jupe se trouve un volant à tête bouillonnée (très froncé). Sous la poitrine, un nœud souligne le décolleté, c’est le bien nommé parfait contentement. Les manches sont en sabot.
L’habit à l’Insurgente
«Plus occupé du soin de plaîre aux femmes de la cour, que de se montrer à leurs yeux avec toute la morgue d’un ministre, qui feint d’être profondément livré à de graves méditations, quoique dans le fond il ne songe à rien, M. de Calonne était toujours pour elles un homme charmant, & il avait à leur égard, banni de ses audiences la sévère étiquette ; les dames y venaient en caraco, en pierrot, c’est à dire en déshabillé : la duchesse de Luines, entr’autres, y vint en jocquet, une petite badine à la main. Des amis froids & flegmatiques firent sentir qu’il ne convenait pas de se présenter ainsi chez un ministre du roi ; qu’il devait soutenir les prérogatives de sa place, & traiter la chose moins philosophiquement. En conséquence, ses valets de chambre annoncèrent que dorénavant personne, de quelque rang & qualité qu’il fût, ne serait admis les jours d’audience, dans les salles & cabinets du contrôle général, qu’en habit décent.»
– Le caraco, emprunté à un costume provincial, c’est essentiellement une robe à la française, jupe coupée à la hauteur des hanches et formant une sorte de petite veste d’allure paysanne, qui fera l’enthousiasme de Marie-Antoinette à Trianon…
Une formule analogue l’avait précédé : le casaquin , robe volante coupée à la hauteur des hanches ; plus tard il en sera de même de la robe à l’Anglaise , par rapport au juste.
– La robe à l’Anglaise
La robe à l’Anglaise, en redingote largement ouverte que les clientes du docteur Tronchin portent afin de tronchiner, c’est-à-dire d’effectuer des marches à pied prescrites par ce médecin à la mode; ce modèle apparaît donc vers 1778-1785 : c’est une robe sans corps baleiné et sans paniers, caractérisée par une longue pointe baleinée descendant au milieu du dos jusqu’au dessous de la taille ; elle ferme devant sur un gilet ; les côtés de la jupe s’ouvrent sur un jupon généralement de même étoffe.
Enfin , sur les épaules se jettent les chats ou palatines de duvet de cygne, et diverses dentelles, qui se nomment médicis , archiduchesse, henri-quatre et collet-monté.
La description de la toilette d’une Reine de la mode en 1778 tourne au rébus :
« Mademoiselle Duthé était dernièrement à l’Opéra avec une robe de soupirs étouffés, ornée de regrets superflus, un point au milieu de candeur parfaite, garnie en plaintes indiscrètes, des rubans en attentions marquées, des souliers cheveux de la Reine brodés de Diamants en coups perfides, et les venez-y-voir en émeraudes ; frisée en sentiments soutenus, avec un bonnet de conquête assurée , garni de plumes volages et de rubans d’œil abattu, un chat sur le col couleur de gueux nouvellement arrivé, et sur les épaules une médicis montée en bienséance, et son manchon d’agitation momentanée.»
Pendant la majeure partie de Son règne, Marie-Antoinette n’a pas conservé Ses robes, à l’exception de quelques-unes qu’Elle préférait personnellement. Dans la tradition royale française, une partie du privilège d’être une dame de la Maison de la Reine est que chaque saison, la Reine se débarrasse de la plupart de Ses robes et des effets de Sa garde-robe. Les dames peuvent alors soit réutiliser les articles pour leur propre usage, soit (comme c’était plus courant) les vendre, entiers ou en morceaux (dépouillés en dentelle, tissu, perles, etc.). Ces robes sont soit démontées pour les matériaux et dispersées aux quatre coins du monde, soit transmises et retravaillées sans que les familles n’en connaissent la provenance.
A partir de 1781
Après lui avoir fait des reproches pour ses dépenses trop importantes, Marie-Antoinette est critiquée cette fois pour sa trop grande simplicité… C’est en effet grâce à Elle que la chemise à la reine ou gaulle fait fureur. C’était surtout une robe d’intérieur , du moins à la Cour, et on la faisait en gaze ou en soie. Sa légèreté est relativement apparente car elle se porte au dessus d’une autre robe, une polonaise ou une anglaise, qui sont corsetées…réalisant ainsi le paré négligé si cher à Élisabeth Vigée Le Brun dans la composition de ses portraits…
Il serait, ce me semble, anachronique d’imaginer qu’à Trianon Marie-Antoinette se promenait sans corset comme le feront les Merveilleuses à la toute fin du XVIIIe siècle…
Nous le percevons bien sur ces portraits :
La chemise à la Reine tombe droit avec un haut falbala au bas de la jupe et est très décolletée. Le tour de gorge , qui sous Louis XV était bouillonné ou en dentelle, devint une collerette Médicis , comme au début du XVIIe siècle , mais plus décolleté.
Ce qu’on appelle la robe Empire, en vogue sous Napoléon Ier et Joséphine trouve sa genèse en l’audace de Marie-Antoinette qui ose privilégier le confort à l’encontre des convenances dues à Son rang.
Au début su XIXe siècle
Cette mode qui promulgue l’aisance accentue le parti pris par Marie-Antoinette : la robe Empire est une chemise à la Reine moins évasée et sans dessous, alors qu’il semble peu probable que les femmes de la Cour de Louis XVI aient pu délaisser le corps léger à baleines.
Au début su XIXe siècle
Cette mode qui promulgue l’aisance accentue le parti pris par Marie-Antoinette : la robe Empire est une chemise à la Reine moins évasée et sans dessous, alors qu’il semble peu probable que les femmes de la Cour de Louis XVI aient pu délaisser le corps léger à baleines.
En 1783
Marie-Antoinette fait scandale en posant pour Élisabeth Vigée Le Brun, pour la première version du tableau « A la Rose»… on dit que la Reine s’est fait peindre en chemise et la portraitiste doit repeindre une nouvelle version qui sied mieux à l’état de son royal modèle.
Le terme de gaulle est péjoratif et n’a sans doute jamais été employé par la Reine …
Disposant de peu de temps, l’artiste substitue donc à l’œuvre indécente un nouveau portrait où Marie-Antoinette paraît avec le même visage, dans la même attitude, cette fois-ci au devant d’un paysage, mais surtout vêtue d’une robe couleur «suie des cheminées de Londres» dont le taffetas de soie garni de dentelles et la façon à la française ne pouvait que satisfaire les soyeux lyonnais, qui commençaient déjà à prétendre que la Reine voulait leur ruine…
Vers le milieu des années 1780, Marie-Antoinette commence à mieux contrôler Sa garde-robe et à réduire ses dépenses excessives en matière de mode. Il est plus courant de La voir garder ses robes et les faire modifier chaque saison plutôt que de suivre la voie traditionnelle consistant à les offrir à Ses dames et à acheter des articles entièrement nouveaux pour la saison suivante. Quant à ces robes, elles ont été soit détruites, soit perdues à cause de divers événements survenus pendant la révolution.
Mais le triomphe féminin est la coiffure dont le maître se nomme Léonard Autier, grand favori de Marie-Antoinette avec Mademoiselle Bertin. Coiffure si haute, si surchargée que les caricaturistes montrent les coiffeurs arrivant chez leurs clientes avec une échelle, tandis, qu’en fait réel, les dames sont contraintes de se mettre à genoux dans les carrosses et se voient interdire l’amphithéâtre de l’Opéra.
Cette coiffure est, en effet, un édifice à plusieurs étages, surmonté d’un bonnet, dont on compte deux cents types différents, avec rubans, plumes, accessoires qui vont jusqu’à la reproduction célèbre de la frégate la Belle-Poule avec tout son agrément…
Les plumes surtout sont une folie : on les met par trois, et une moquerie de Beaumarchais les fait baptiser «quesaco», ou par dix qui sont d’autruche ocellées d’yeux de paon et se disent à la Minerve.Les coiffures extravagantes en vogue au début du règne de Marie-Antoinette sont appelées des «poufs». C’est notamment Léonard Autier, coiffeur de la Reine, qui introduit de ces coiffures. L’une d’elles est si haute qu’elle est appelée «monte-au-ciel».
Les poufs leur font concurrence et se chargent d’oiseaux empaillés , de fruits , de légumes, de poupées , de joujoux, de bibelots ou d’oiseaux, ce qui ne les empêchent pas de se dire au sentiment . Et les noms deviennent aussi extravagants que les sujets :
coiffures au lever de la Reine , à la Gabrielle de Vergy , à la frégate la Junon , rivale de la Belle-Poule , au chien couchant , au parc anglais, à la Victoire , à l ‘Eurydice, cardinal sur la paille (référence à l’incarcération du cardinal de Rohan durant l’Affaire du Collier) ou au moulin à vent.
Cette jeune Dame vêtue d’une robe à l’Anglaise détroussée et coiffée à l’Assyrienne dit l’Hérisson d’une page d’un cahier des Modes des années 1780 ressemble curieusement à Marie-Antoinette:
« 27 février 1785. La Reine est extrêmement grosse ( Louis-Charles doit naître le 27 mars), non seulement du ventre, mais de tous ses membres : quoique le Sieur Vermont qui ne va plus quitter Versailles, la rassure, elle a quelques inquiétudes sur son état ; & sa religion lui a prescrit de prendre les précautions d’une ame Chrétienne. Sa Majesté s’est déjà confessée deux fois, & a fait ses dévotions. Les courtisans en sont très alarmés, ils craignent que la cour ne devienne triste, que les intriguent ne changent de tournure & que le règne des prêtres n’arrive.
En outre, Sa Majesté a envoyé chercher Mlle Bertin & lui a dit qu’au mois de Novembre elle auroit trente ans : que personne ne l’en avertiroit vraisemblablement ; que son projet étoit de réformer de sa parure les agrémens qui ne pouvoient aller qu’avec ceux d’une extrême jeunesse ; qu’en conséquence elle ne porteroit plus ni de plumes ni de fleurs.
On sait aussi que l’étiquette pour ses robes est changée ; que la Reine ne veut plus de Pierrots, ni de Chemises, ni de Redingotes, ni de Polonnoises, ni de Levites, ni de Robes à la Turque, ni de Circassiennes ; qu’il est question de reprendre les Robes graves & à plis : que les Princesses ont été invitées de proscrire toutes les autres pour les visites de cérémonie & que leur Dame d’honneur avertit les Dames qui viennent dans un autre costume, qu’elles ne peuvent être admises dans cet état sans une permission de Son Altesse qu’elle va demander.»
« Malgré l’hiver, beaucoup de femmes portent encore du blanc, c’est-à-dire en robes en mousseline », dit le Cabinet des Modes en novembre 1785 et le Petit tableau de Paris : « Plus de robes fantaisies, plus de garnitures sur les vêtements ! Un chapeau de paille avec un ruban, une simple écharpe autour du cou… Plus de chignons, de coiffures bouclées, de coiffure folles».
La silhouette conçue par Leclerc pour « La Galerie des modes et costumes français » de 1784, est en fait une chemise avec les mêmes manches à la mameluque que le portrait de Vigée Lebrun, mais sur le décolleté il y a un ruché surélevée qui rappelle les grands cou inamides du cinquième siècle ; c’est un fait intéressant car cela prouve que la renaissance des modes médiévaux et Renaissance (le style troubadour qui s’est terminé a été conçu par Théophile Gautier), bien qu’elle explose en plein romantisme, commence en fait à se faufiler quelques décennies plus tôt, avec l’avènement de la sensibilité néoclassique.
Louis-Auguste Brun de Versoix (1758-1815) peint Marie-Antoinette à cheval … à califourchon ! Elle porte donc un pantalon ! Catherine de Médicis (1519-1589) avait, certes , déjà troqué la robe contre un haut-de-chausse pour pratiquer ce même sport, mais ne fut pas suivie, l’exemple reste d’ailleurs assez singulier pour être remarqué.
Or, même si ce n’est qu’en 1800 , que le Sénat précise clairement que l’ordonnance du préfet de Paris interdit « le travestissement des femmes » (par le port du pantalon) ; une loi intégriste qui ne sera abrogée que le 12 juillet 2012 ! Ainsi, à l’instar de George Sand (1804-1876), qui est d’ailleurs Sa lointaine cousine, Marie-Antoinette va à l’encontre des mesures en vigueur qui interdisent qu’une personne porte l’habit de l’autre sexe… Il suffit de voir autour de vous pour constater combien l’audace de la Reine sera adoptée deux siècles plus tard par toutes les femmes.
Ainsi en 1967, Yves Saint-Laurent (1936-2008) crée-t-il le premier tailleur-pantalon, version inédite pour un tailleur, traditionnellement porté avec une jupe. Bien que le tailleur soit l’apanage du vestiaire masculin, Yves Saint Laurent l’adapte au corps féminin, comme il l’a fait pour le smoking. Les manches sont ajustées, la taille cintrée tandis que le pantalon large flatte la jambe. Il y ajoute des accessoires typiquement féminins, tels que les talons ou les bijoux, mais ne manque pas de faire porter à son modèle la cravate et le feutre d’homme. Voyez ci-dessus le portrait de la Reine par Brun de Versoix … Il semble que Marie-Antoinette ait été une muse pour Saint-Laurent …
En 1784
On construit la Tour de Malborough dans les jardins du Petit Trianon. Dès lors apparaît la mode de la robe à la Malborough :
Un pareil flot d’extravagantes folies ne pouvait pas, dans le désarroi des finances , ne pas amener des catastrophes dont la plus éclatante fut la faillite de Mademoiselle Bertin, en 1787, avec un passif de deux millions. Et le déficit , menaçant à la fois l’État et les particuliers, impose un recul brutal de la somptuosité vestimentaire, recul dont les élégants de la Cour sont les premières victimes, adoptant immédiatement par une opposition subite, la plus extrême sobriété.
L’habit de cérémonie disparaît ; le négligé est la règle de bon ton ; les nobles ruinés affectent de porter du drap de paysan.
Le 4 septembre 1785
« We have little new and interesting here. The Queen has determined to wear none but French gauzes hereafter.
How many English looms will this put down?»traduction :
Nous avons peu de nouveau et intéressant ici. La reine a décidé de ne plus porter que des gazes françaises.
Combien de métiers à tisser anglais cela va-t-il déposer ?Thomas Jefferson à Abigail Adams
Pour les détails en fournitures de mode, voir cet article :
Par le journal de madame Éloffe, nous constatons combien les retouches sont fréquentes, et combien une tenue peut-être détournée pour en devenir une autre, avec d’autres manchettes, un autre tour de gorge.
Grandes robes d’étiquette à la Cour de Marie-Antoinette
La famille de Charles-Germain de Saint-Aubin «dessinateur ordinaire des habits, vestes et culottes de sa Majesté » est liée à divers commerces de mode : petit-fils de Germain (1657-1734) brodeur de la duchesse de Lesdiguières, fils de Gabriel-Germain (1696-1756) brodeur du roi, Charles-Germain (1721-1786) est dessinateur exclusif en dentelles et broderies pour le marchand Dufourny; sa fille Marie-Françoise dite Marie (1753-1822) est l’épouse du plumassier du roi Jacques-Roch Donnebecq et son jeune frère Augustin (1736-1807) dirige un atelier de graveurs important où travailla François Watteau. Ce dernier est l’auteur en 1784-1786 de dessins de mode pour une suite de Cahiers de Costumes français publiés de 1778 à 1788 par Esnault et Rapilly plus connue sous le nom de Galerie des Modes. Or c’est précisément dans cette suite de 445 planches, numérotées en continu, que l’on trouve 18 gravures formant trois cahiers de six planches chacun intitulés Cahiers de grandes robes d’étiquette de la cour de France faisant suite aux costumes français, signés Saint-Aubin (sans prénom) et gravés par Dupin fils (Pierre-Julien ou Pierre-Victor).
« Grandes robes d’étiquette à la cour de Marie-Antoinette. Contribution de la famille Saint-Aubin aux métiers de la mode », par Françoise Têtard-Vittu, Versalia
Le 5 mai 1789
Louis XVI convoque les Etats généraux dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.
Les souverains sont alors confrontés à tous les futurs politiques qui vont provoquer la chute de la monarchie.
Le 1er décembre 1791
François-Augustin de Jarjayes (1745-1822), maître de camp, conseille à Marie-Antoinette de faire porter à la garde du Roi un uniforme aux trois couleurs qui sont aujourd’hui les trois couleurs françaises. Il préconise que la garde du Roi, déjà en bleu et blanc, change son collet jaune en rouge, le jaune étant la couleur de l’armée des émigrés à Coblentz. Sinon il faut s’attendre à une fermentation populaire :
«Faut-il perdre un royaume pour des couleurs, pour mille détails frivoles, alors même que pour le conserver, on s’arme de tant de constance et l’on fait tant de sacrifices ? On a le peuple français avec des rubans, avec des propos, avec des souris ; on perd également par de petites choses.»
Le 2 décembre 1791
La Reine répond ceci à Jarjayes :
« Il est impossible de changer davantage l’uniforme de la garde du Roi : tous les ordres pour les fournitures sont faites . On s’est d’autant plus pressé qu’il est essentiel que cette garde puisse, au moins en partie, commencer son service au mois de janvier. L’inconvénient du bleu céleste (qui ressemblait aux régiments étrangers) étant levé, le jonquille ne peut pas en avoir , puisque tout le monde sait que les grenadiers de France étaient ainsi et que, pour se rapprocher des couleurs de Coblentz, il faudrait prendre le ventre de biche. Quant aux trois couleurs, les cocardes, les cravates et tout ce qui est d’ordonnance pour les troupes de ligne étant suivi exactement, il n’y a pas un mot à dire. La cavalerie et :l’infanterie seront habillées de même, à quelques différences prêts. Cette uniformité paraît plus noble, plus imposante et surtout moins chère.»
Le 3 décembre 1791
Cette réponse vaut à la Reine cet avertissement de Jarjayes :
«Les trois couleurs mettent le peuple avec le roi contre les jacobins, le jaune met le peuple avec les jacobins contre le roi ; il n’y a rien à espérer, lorsqu’on balance entre un royaume et un uniforme.»
En 1793
Marie-Antoinette commande chez madame Eloffe une robe pour se vêtir à la Conciergerie dans une étoffe couleur Boue de Paris.
Retenons que l’accessoire est essentiel rehaussant les tenues élégantes. Parmi ces accessoires, l’éventail suscite un engouement auprès des femmes. Les brins sont en nacre ou en ivoire repercé et gravé, incrusté d’or, d’argent, de broderies, de plumes…
Il est aussi l’instrument essentiel des jeux de coquetteries et de séduction, certains éventails sont dotés de lorgnettes ( Elle fera cadeau du Sien à la comtesse du Nord, en 1781, émerveillée par cette subtilité ) et autres mécanismes ingénieux afin de permettre une confidence discrète, dissimuler avec élégance un sourire, une gêne ou une émotions trop vive.
Ainsi Marie-Antoinette s’est-Elle montrée fashion victim en voulant arborer avant tout le monde les créations de la première créatrice de Mode que fut Mademoiselle Bertin, qui avait besoin d’Elle comme figure de proue de la nouvelle tendance. Depuis que l’on reprend le XVIIIe dans les arts, la Mode, le théâtre ou le cinéma, c’est particulièrement (pas toujours à raison, d’ailleurs ! ) à Marie-Antoinette qu’on se réfère. Ainsi la Reine est-Elle devenue la muse du siècle des Lumières.
La «Marie-Antoinette»,
Une montre pour la Reine…
D’un diamètre de 60 millimètres, cette montre à fonctionnement automatique a été fabriquée avec 823 composants. Sertie de saphirs, elle bénéficie d’une boite en or 18 carats, d’un cadran en émail blanc et un autre cadran en cristal de roche.
C’est un chef-d’œuvre d’une grande complexité, comportant toutes les complications connues à l’époque où elle a été conçues, entre 1783 et 1827.
La «Marie-Antoinette» a été commandée pour la Reine par Axel de Fersen. Elle est créée par Abraham Louis Breguet brillant maître-horloger et fournisseur de la Cour. Louis XVI lui avait déjà acheté des montres pour les offrir la Reine.
La fabrication de la «Marie-Antoinette» a commencé en 1783, a duré quarante-quatre ans, jusqu’en 1827 et a été terminée par le fils d’Abraham Louis Bréguet, Antoine-Louis Breguet. Ni la Reine ni son créateur ne verront cette montre.
Le 3 mai 1917, la montre devient la propriété du britannique Sir Daniel Lionel Salomons qui l’avait repéré dans la vitrine d’une bijouterie à Londres, près de Regent Street. Ce passionné d’horlogerie avait constitué une grande collection de montres Breguet, plus de 124 pièces. A sa mort, la «Marie-Antoinette» revient à sa fille Vera, qui la lègue au Musée d’art islamique de Jérusalem, un musée qu’elle a fondé en hommage à son ami, l’universitaire Leo Aryeh Mayer.
Mais la montre est dérobée le samedi 16 avril 1983 dans le musée, avant d’être retrouvée vingt-quatre ans après, le 14 novembre 2007.
En janvier 2007
Nicolas Hayek, président du groupe horloger Swatch Group, a été contacté par un antiquaire qui prétendait l’avoir récupérée par hasard. Mais le musée de Jérusalem met la main sur l’objet avant que Nicolas Hayek puisse l’authentifier.
Durant sa disparition, Nicolas Hayek , alors président du groupe horloger Swatch Group, qui comprend la marque Breguet, demande en 2004 que soit réalisée une réplique. Ce à quoi s’attellent les horlogers de la manufacture Breguet.
Nicolas Hayek ayant participé à la restauration du Petit Trianon, la montre est présentée dans un coffret qui représente fidèlement le parquet du Château du Petit Trianon. Et pas n’importe quel bois puisqu’il s’agit de 3500 pièces sculptées dans un chêne présent au Parc du Château de Versailles durant le règne de la Reine.
Marie-Antoinette inspire la mode Haute Couture.
Marie-Antoinette a inspiré la mode Haute Couture. Marie-Antoinette est devenue une véritable icône, avec son style de vie somptueux et luxueux, dans la mode et les fêtes. Son amour pour le plaisir pouvait vraiment être vu à travers son comportement, car elle était très jeune. Le style de Marie-Antoinette est magnifiquement représenté dans le film de 2006, Marie-Antoinette, avec Kirsten Dunst et réalisé par Sofia Coppola. Les robes, les décors et les images, les fêtes et les desserts sont ravissants et rêveurs dans le film. Des designers tels que John Galliano, Alexander McQueen et Christian Lacroix ont également conçu de magnifiques robes inspirées de cette reine, et plus récemment, Kate Moss l’a dépeinte dans le numéro d’avril 2012 de American Vogue, photographiée par Tim Walker.
Kirsten Dunst in a Oscar de la Renta gown for Vogue September 2006
Alexander McQueen: Marie Antoinette and 17th century inspired collection 1998, modeled by Kate Moss
Marie-Antoinette, révélation (et révolution) de la haute couture
Cherrycordia inaugure cette semaine une série d’articles autour de l’histoire de la mode : on commence avec le rôle primordial de Marie-Antoinette dans la naissance de la Haute Couture !
La question de savoir si la mode part de la rue, ou si ce sont les créateurs qui la portent vers la rue, est l’un de ces débats existentiels tels que « De l’œuf ou la poule, qui était le premier ? » ou encore « Cette robe est-elle bleu et noir ou blanc et or ? ». En vérité, les inspirations de la mode peuvent venir de n’importe où, de la rue comme de l’Histoire, de l’art comme de la dernière pub Tampax… l’inspiration est partout ! Les tendances, par contre, partent du haut.
Qu’est-ce qu’une tendance ?
Reprenons une citation de cette chère Miranda Presley, le fashion gourou virtuel dans Le Diable s’habille en Prada :
« Vous, vous regardez dans votre placard, et vous choisissez, tiens, tenez ce pauvre vieux pull-over par exemple parce que vous voulez signifier aux autres que vous vous prenez trop au sérieux pour vous intéresser aux vêtements que vous devez mettre, mais ce que vous ignorez c’est que ce pull n’est pas simplement bleu, il n’est pas turquoise, il n’est pas lapis. En fait il est bleu céruléen, et vous êtes aussi parfaitement inconsciente du fait que, en 2002, Oscar de la Renta a créé une collection de robes bleu céruléen et je crois que c’est Yves Saint-Laurent n’est-ce pas qui a créé les vestes militaires bleu céruléen… Je crois qu’il nous faudrait une veste… Ensuite le bleu céruléen est vite apparu dans les collections de huit différents stylistes, et puis la tendance a influencé la plupart des grands magasins et puis s’est répandue dans les boutiques bon marché dans des sinistres endroits où vous avez sans doute repêché le vôtre dans un grand bac de pulls soldés. Bref, ce bleu céruléen représente des millions de dollars et un nombre incalculable d’emplois, et je trouve assez amusant que vous pensiez avoir fait un choix qui n’a pas été dicté par l’industrie de la mode alors qu’en fait vous portez un vêtement qui a été choisi pour vous par les personnes qui se trouvent dans ce bureau au beau milieu d’un tas de fringues. »
Une tendance est exactement ceci : un produit de mode conçu en amont par les créateurs pour une cible d’élite, qui se répand ensuite vers un public plus large pour atteindre la population de masse en version simplifiée et plus accessible. Ce sont ces mêmes tendances qui nourrissent le phénomène d’homologation dans le fait de se vêtir : on s’uniformise car les tendances infiltrent, envahissent très vite nos magasins et déterminent pour une courte période ce qui est « fashion ».
Parce qu’elles lassent tout aussi vite et parce qu’il faut bien pousser les gens à acheter, elles doivent être renouvelées régulièrement et toujours proposer des éléments nouveaux.
Les tendances démarrent donc en amont, et au dix-septième siècle, partir du haut veut dire partir de la Cour. Depuis l’Antiquité, la mode était un emblème de pouvoir réservé à une poignée de privilégiés, car la naissance dicte les apparences. On s’uniformise aux codes d’une certaine classe pour afficher et revendiquer son statut.
Versailles n’échappe pas à la règle : mieux qu’un post-it sur le front, ton habit annonce tout de suite ta condition. Si tu es paysan, de lin usagé tu seras vêtu car faire preuve d’originalité, c’est risquer de passer pour un fou bon pour l’asile. Mais si tu es noble, la folie c’est la vie, alors à toi les froufrous!
Malgré l’exubérance de cette époque, Louis XIV soumet hommes et femmes à un protocole strict. Les habits différencient les individus de la Cour selon leur rang et toute fantaisie découle des désirs du Roi. Si la coiffure ébouriffée d’une jeune femme après une folle chevauchée charme le Roi Soleil, toutes les femmes de la Cour s’empressent de relever leurs cheveux de la même manière. On copie les favorites, mais ce sont les hommes qui dépensent le plus dans ce jeu du paraître…
Bref, la mode à Versailles, c’est suivre l’étiquette sans prendre de risques. On retrouve le comportement collectif d’imitation mais il n’y a aucune spontanéité, aucun sens du style personnel car la mode appartient au Roi — et plaire au Roi, c’est garantir sa place et ses privilèges à la Cour. Comme notre impitoyable Anna Wintour, c’est donc Louis qui décide de ce qui est in ou out.
Ce fonctionnement aurait pu durer encore longtemps ! Si nous ne sommes pas condamné(e)s à devoir copier le look de nos dirigeant(e)s (doux Jésus), c’est en partie grâce à deux femmes : Marie-Antoinette et Rose Bertin. Nous connaissons tou(te)s l’histoire de notre reine Autrichienne accro du shopping et décapitée en 1793… après avoir ruiné les caisses de l’État par ses folles commandes. S’il est certain qu’elle n’était pas une reine exemplaire et que sa frénésie pour les habits ferait rougir Anna Dello Russo, on sous-estime souvent son rôle dans la création de la Haute Couture !
Marie-Antoinette est passionnée de mode jusqu’au fond de ses tripes (autant que je vénère le chocolat), et ne jure que par le girly et les falbalas, from tits to toes — des racines à la pointe des pieds, dirons-nous. Parfumée de rose, de lis et de violette, elle voue un amour sans borne aux ornements mais surtout aux accessoires : souliers incrustés de pierres précieuses, parures, perles, plumes, rubans, sans compter ses monumentales et architecturales coiffures à la Philadelphie, à la Cléopâtre, à l’insurgent par son fidèle Léonard… Elle pourrait être la sœur de Barbie, en somme.
Alors qu’est-ce qui la différencie d’une simple accro au shopping ? Ce qui différencie Walt Disney d’un simple dessinateur, Coco Chanel d’une simple styliste : une vision et une sacrée dose d’audace. La reine perçoit sa passion comme un art, elle aime et veut créer… mais pour créer, il faut de la liberté. Cette liberté, elle va se l’octroyer en dépit de l’étiquette, mais elle ne va pas le faire toute seule. C’est en tandem avec sa ministre des modes, Rose Bertin, qu’elle va bousculer les codes et les convenances.
Rose, c’est la couturière en vogue de l’époque, mais elle part de loin. Roturière née à Abbeville, elle apprend très vite les préceptes de la couture chez sa tante, mais aussi à écrire, lire et compter, point essentiel pour cette business-woman. Engagée à 19 ans au Trait Galant, maison de mode parisienne renommée, elle ouvre rapidement son propre magasin, Le Grand Mogol, dans le quartier de luxe de Paris. Elle dirige alors trente employé(e)s et habille toutes les femmes importantes de l’époque, notamment parce qu’elle est spécialisée en habits de présentation à la Cour qu’elle modernise à sa façon.
La concurrence est très rude et la jalousie monnaie courante : beaucoup tentent de piquer ses clientes. Mais son talent, puissant et indéniable, finit par payer. La Duchesse de Chartres l’introduit à Marie-Antoinette et Rose bénéficie donc de ce qu’on appelle « l’ascenseur social ».
C’est une rencontre clé entre deux passionnées ambitieuses, et elles vont tout de suite s’atteler à développer leurs idées, quitte à chambouler un peu la tradition. Elles passent des heures ensemble ; la mode devient une préoccupation à plein temps. Rose traite d’égale à égale avec la Reine et les princesses, chose rare à la limite de l’insolence, tolérée grâce à son immense talent. Pour la première fois, une couturière prend les rênes et ne se contente pas de suivre les désirs royaux. Rose propose, Marie-Antoinette dispose.
Ensemble, elles lancent de nombreuses tendances telles que la robe à la polonaise, le pierrot, la cuisse de nymphe… et surtout la fameuse robe en chemise, une longue tunique de mousseline blanche ceinturée par-dessus un corset, créée pour rêvasser au Trianon.
À la manière de Chanel, les deux compères veulent conférer plus de confort aux tenues et les simplifier. Aux lourdes robes ornées d’or, Marie-Antoinette préfère les habits de ville, plus légers et modernes, un concept que toutes les femmes s’empresseront de copier. Elle refuse souvent de porter le corset à baleines et limite l’usage officiel des encombrants paniers à coudes sous les robes. C’est ainsi que, progressivement, les tenues laissent plus de liberté au corps et s’allègent.
Marie-Antoinette veut devenir une icône et surprendre à chacune de ses apparitions. Rose lui fait donc découvrir de nombreuses étoffes légères et faciles à manier pour diversifier les tenues au maximum; la reine dessinera même quelques robes ! Après la rigueur du classicisme, un vent de légèreté et de fantaisie baroque plane sur le monde de la mode et se répercute sur les activités du palais : bals chaque semaine, représentations théâtrales, dîners, amusements et spectacles… Marie-Antoinette veut se divertir et saisir chaque occasion d’arborer ses nouvelles créations, si bien que les commandes de tissus et d’accessoires doublent pratiquement chaque année, entrainant des dépenses considérables.
Une tenue complète peut atteindre pratiquement 5000 livres ! Le Roi n’approuve pas, mais il préfère voir Marie-Antoinette concentrée sur ses hobbys que sur la politique. Et puis quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pas ?
Esthétisme et icônes : la naissance de la Haute Couture
C’est un renversement complet : ce n’est plus le roi mais la reine qui dicte la mode et les tendances. Mais plus que tout, ce n’est plus le protocole qui dicte les convenances mais l’esthétisme, et c’est bien là la vraie révolution. Si la ségrégation sociale et le statut sont toujours bien présents dans les tenues, on ne les conçoit cependant plus par obligation ou conformisme ; on les conçoit par plaisir ! Et ce, en diffusant la créativité.
Avant Marie-Antoinette, un grand couturier était privatisé. Mais l’Autrichienne veut valoriser les créateurs, stimuler les métiers de la mode et en mettre les meilleurs éléments sur le devant de la scène.
Chacun de ses modèles est unique, elle en a l’exclusivité, mais ils sont par la suite adaptés puis diffusés chez les marchands de mode (toute l’aristocratie se les arrache), puis le monde du spectacle et enfin les reines étrangères. Le véritable concept des tendances apparaît enfin. Nous avons celle qui conçoit, Rose, et l’influencer, l’égérie, la référence qui propage. La Haute Couture est née et le système pyramidal prend place : le créateur au sommet, les influencers juste en dessous, puis une clientèle de plus en plus large vers la base. Jusqu’à la tendance suivante, dans un constant renouvellement.
Il n’aura d’ailleurs pas fallu attendre Closer et Public pour bitcher sur les derniers habits des people, car les gazettes se développent et commentent les dernières tendances autant que les manies de la Cour. Bourgeois et nobles s’en donnent à cœur joie dans cette vague de liberté, tous se lâchent et surtout, tous s’observent.
Finalement, Marie-Antoinette c’est un peu la Lady Gaga ( boudoi29 ) de Versailles, encore plus maquillée : tout le monde la critique mais ne peut s’empêcher de l’observer. Elle exaspère autant qu’elle fascine et on se demande en permanence ce qu’elle va bien pouvoir inventer comme nouvelle excentricité.
Depuis, nous avons connu grand nombre d’égéries : Kiki de Montparnasse, Veronica Lake, Audrey Hepburn, Marilyn Monroe, Brigitte Bardot, Farrah Fawcett, Kate Moss… Pourquoi sommes-nous toujours tentées de puiser dans le look des influencers ? Parce qu’elles diffusent les nouveautés mais aussi parce qu’elles sont une inspiration. Ces femmes influentes et médiatisées étaient toutes reconnues pour leur style particulier, et s’en inspirer, c’est se donner le sentiment de se rapprocher de tout ce qu’elles incarnent.
J’ai passé l’âge d’avoir des idoles mais je rêve encore secrètement de porter une robe Dolce & Gabbana (le jour où je serai riche) pour me sentir un peu Monica Bellucci le temps d’une journée, les seins en moins… et que celle qui n’a jamais puisé dans le look d’une autre me jette le premier froufrou ! Heureusement, la mode véhicule l’homologation mais aussi, paradoxalement, la différenciation. Quelles que soient nos inspirations à nous, il nous revient l’art de les personnaliser et nous les réapproprier pour créer notre propre style.
En conclusion,. On retient de Marie-Antoinette sa frivolité, ce qui est indéniable. Mais cette reine était avant tout une esthète, qui au-delà de son plaisir personnel avait pour ambition de développer toute l’industrie de la mode et le goût de la fantaisie, de la liberté et du confort en dépit des règles et du qu’en dira-t-on.
Deux siècles se sont écoulés depuis sa mort, mais elle inspire encore les plus grands créateurs actuels — Chanel, Dior, Maxime Simoens et tant d’autres, qui savent bien que si la mode est ce qu’elle est aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à elle. Marie-Antoinette est une reine d’ombre et de lumière controversée, irréaliste, idéaliste, insouciante… et la toute première hit girl française !
https://www.madmoizelle.com/marie-antoinette-haute-couture-354311
http://blog.imperatrices.fr/2014/04/lindsey-wixson.html
En 2017, Katy Perry désire paraître Crazy et, pour ce faire, elle se glisse dans la peau de Marie-Antoinette le temps d’un clip :
Ce que la chanteuse dénonce c’est la contrainte de l’Etiquette et le carcan dans lequel la vêture enferme alors le corps…
A l’instar de ce que disait Mademoiselle Bertin, n’y a-t-il pas de nouveau que ce qui est oublié ?
En juin 2024
Marie-Antoinette fait Son retour au musée Grévin :
Je Lui aurais mis des pendants d’oreille plutôt que ces clips à la Bridgerton, mais l’on retrouve enfin Son visage dans cette statue de cire ! Mais enfin quelle hérésie, ou quelle inculture , enfin quelle désinformation que d’affubler la Reine du collier maudit de l’affaire qui a peut-être inauguré la révolution en ébranlant le trône ! Gabrielle Chanel avait vêtu Marie-Antoinette comme au début du règne jusqu’en 1792, dans La Marseillaise (1938) de Jean Renoir, cela correspondait à l’image d’Epinal que le public avait de la Reine. Mais là, c’est pour le blingbling accuser la Reine de ce dont Elle est complètement innocente ! Un outrage !!!
Voir cet article :
Sources :
- Antoinetthologie
- CAMPAN Henriette, Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette
- COPPOLA Sofia, Marie-Antoinette (2006)
- DELANNOY Jean, Marie-Antoinette, Reine de France (1956)
- DUARTE, Christophe, Versailles passion , groupe Facebook
- ENRICO Robert, Les Années Lumières (1989)
- IMBERT de SAINT-AMAND Arthur-Léon, Les Beaux Jours de Marie-Antoinette (1885) ; Paris E. DENTU, Editeur
- IVORY James, Jefferson à Paris (1995)
- LA TOUR DU PIN Henriette (de), Le cérémonial de la cour du dimanche narré par la marquise de La Tour-du-Pin, cité par Pierre de Nolhac, Histoire du château de Versailles (1899)
- LE BRAS-CHAUVOT Sylvie, Marie-Antoinette l’Affranchie – Portrait inédit d’une icone de mode (février 2020), chez Armand Colin.
- LEVER Evelyne, Marie-Antoinette (1991) ; chez Fayard
- Marie-Antoinette … racontée par ceux qui l’ont connue (2016) Les Cahiers Rouges ; chez Grasset
- NOLHAC Pierre (de), Le Château de Versailles au temps de Marie-Antoinette (1889)
- NOLHAC Pierre (de), La Reine Marie-Antoinette (1889)
- NOLHAC Pierre (de), Versailles au XVIIIe siècle (1918)
- NOLHAC Pierre (de), Autour de la Reine (1929)
- REISET comte (de), Modes et Usages au Temps de Marie-Antoinette , deux tomes (1885)
- SAPORI Michelle, Rose Bertin, couturière de Marie Antoinette (2010) ; chez Paris, Perrin (2010)
L’image: « George Sand » n’est pas l’image de George Sand , mais l’image de l’ecrivin : Colette.
George Sand portait egalement des vetements pour hommes.
Merci beaucoup, nous avons corrigé cette erreur, trouvée sur Internet.
Félicitations, je connais bien toute cette période des derniers éclats de la royauté en France , mais je dois dire que j’ai beaucoup appris avec cet article.
Je ne connaissais pas tous les différents modèles de robes et je vous félicite également pour le choix des photos extraites de films et de défilés de mode.
Bien cordialement
Paul