
1754
Le 23 août 1754
A six heures vingt-quatre du matin
Naissance à Versailles de Louis-Auguste de France, duc de Berry, futur Louis XVI (1754-1793), fils du Dauphin Louis-Ferdinand (1729-1765) et de Marie-Josèphe de Saxe (1731-1767).

Louis-Auguste , duc de Berry et son petit frère, comte de Provence
1755
On raconte qu’au commencement de l’automne 1755, l’Impératrice, tenant son cercle à Schönbrunn, demanda en riant au duc de Tarouka :
« Aurai-je un fils ou une fille ?
– Un prince, assurément, Madame, répondit le courtisan.
– Eh bien ! reprit Marie-Thérèse, je gage deux ducats que je mettrai au monde une fille. »
Le 2 novembre 1755
A sept heures et demie du soir .
Naissance à la Hofburg, à Vienne, de Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine (en allemand, Maria Antonia Josepha Johanna von Habsburg-Lothringen), quinzième des seize enfants qu’auront François Ier (1708-1765), Empereur du Saint-Empire et Marie-Thérèse d’Autriche (1717-1780), Reine de Hongrie et de Bohême.




Marie-Thérèse d’Autriche par Martin van Meytens
Le duc de Tarouka avait perdu : il envoya à l’impératrice le prix du pari, enveloppé dans cet ingénieux quatrain du poète Métastase :
« J’ai perdu : l’auguste fille m’a condamné à payer. Mais s’il est vrai qu’elle vous ressemble, tout le monde a gagné.»
La petite Archiduchesse est portée sur les fonts baptismaux par Son frère et Sa sœur, Joseph (1741–1790, il a quatorze ans) et Marie-Anne ((1738-1789, elle a donc dix-sept ans) , au nom du Roi et de la Reine du Portugal (Joseph Ier, le Réformateur, et Marie-Anne d’Espagne), Ses parrain et marraine, dont ils portent d’ailleurs les prénoms. Elle est baptisée par l’archevêque de Vienne, le cardinal Migazzi sous les noms de Maria Antonia Josépha Johanna de Lorraine.

L’Archiduchesse Marie-Anne
« Le 3, l’empereur se rendit chez les Augustins, vêtu d’un manteau de drap et avec le cortège public, pour l’office des âmes, le sermon, etc. Ensuite, il y a eu l’ordination au baptême, qui s’est déroulée dans la première et belle antichambre (parce que les chambres des chevaliers ont été raccourcies d’une fenêtre lors de la dernière construction et de la nouvelle distribution des chambres, et qu’elles sont donc devenues trop petites pour les mêmes activités solennelles) et qui a été établie par notre seigneur l’archevêque. »
Le prince Johann Josef Khevenhüller-Metsch, maître de cérémonie de l’Impératrice Marie-Thérèse
La cour est pendant deux jours en grande tenue, pendant un jour en petite. Il y a deux jours de fêtes, le 5 et le 6 novembre, spectacle gratis et passage libre aux portes de la ville. L’Impératrice, sérieusement indisposée à la suite de ses couches, ne célébrera son rétablissement que le 14 décembre 1755, dans la chapelle de la Cour.






La petite Madame Antoine et Sa grande sœur, qui est aussi Sa préférée, Charlotte

Un portrait de Marie-Antoinette (la petite fille en rose) attribué à Martin Van Meytens ou à son atelier. La petite fille à côté de Marie-Antoinette est probablement Sa sœur Marie-Caroline (aurait-elle été malade pour porter les cheveux courts? ). Ou, autre hypothèse, Son frère Ferdinand, et cela expliquerait la coiffure. Jusqu’à l’âge de 4/5 ans d’âge il n’y avait pas de distinction dans l’habillement des enfants.
Le 17 novembre 1755
Naissance à Versailles de Louis-Stanislas Xavier de France, comte de Provence, futur Louis XVIII (1755-1824).
1756
Le 12 février 1756
A l’occasion de l’anniversaire de leur père, tous les Archiducs et Archiduchesses sont déguisés, y compris la plus jeune, Antonia, qui n’a que trois mois.
Le 1er mai 1756
Signature à Versailles du traité d’alliance entre la France et l’Autriche, mettant fin à plus de deux cent cinquante ans de rivalité entre les deux puissances. Cet événement sera appelé «Le Renversement des Alliances. » Dès lors les nouveaux alliés chercheront à marier leur descendance afin de consolider cette alliance. Trente-six ans plus tard, cette alliance sera caduque avec la déclaration de guerre de la France révolutionnaire contre l’Autriche.





Le 8 décembre 1756
Naissance à la Hofburg à Vienne de l’Archiduc Maximilien François d’Autriche (1756-1801), futur évêque de Münster et archevêque-électeur de Cologne.

Portrait de la famille impériale par Martin Van Meytens, 1756
1757

Marie-Josèphe, Marie-Caroline, Marie-Antoinette et Maximilien
Le 16 février 1757
C’est au tour de l’Archiduchesse Marie-Christine d’être malade.
Fin février 1757
Maladie très grave de l’Archiduchesse Marie-Anne.
Le 9 octobre 1757
Naissance à Versailles de Charles-Philippe de France, comte d’Artois, futur Charles X.
1759
Le 23 septembre 1759
Naissance à Versailles d’Adélaïde Clotilde Xavière de France, dite Madame Clotilde, future reine de Piémont-Sardaigne.

Le comte d’Artois et sa sœur Madame Clotilde par Drouais

Portrait familial (1759), peinture attribuée à Wagenschoen
1760

Madame Antoine en 1760, aquarelle de Johann Christoph von Reinsperger

Les Archiduchesses Marie-Josèphe, Marie-Caroline et Marie-Antoinette et le petit Archiduc Maximilien (1760)

Madame Antoine en 1760 par Johann Michael Millitz
Octobre 1760
Mariage de Son frère l’Archiduc héritier Joseph avec Isabelle de Bourbon-Parme, petite-fille du Roi de France Louis XV et premier mariage scellant l’alliance de 1756 entre les Bourbons et les Habsbourgs.
Sérénade dans la salle de la Redoute, Martin van Meytens et son atelier. Le couple impérial est au centre, entouré par les nouveaux mariés, Joseph près de son père, Isabelle près de sa belle-mère. Les quatre autres archiducs se répartissent ensuite, deux par deux, puis les archiduchesses se divisent en deux groupes de quatre de part et d’autre, en ordre décroissant.
Réunion de la famille impériale à l’occasion des fêtes du mariage de l’Archiduc héritier Joseph et d’Isabelle de Parme ; le couple impérial est au centre, entouré par les nouveaux mariés, le marié près de son père, la mariée près de sa belle-mère. Les quatre autres Archiducs se répartissent ensuite, deux par deux, puis les Archiduchesses se divisent en deux groupes de quatre, chaque série commençant par une des aînées, soit Marie-Anne, soit Marie-Christine, suivies ensuite de leurs cadettes par ordre décroissant. Marie-Antoinette est donc une des deux petites Archiduchesses aux extrémités, l’autre étant Marie-Caroline.

Miniature de Reisperger en 1760, où la petite Antonia est entourée de ses sœurs Charlotte (Caroline) et Josèphe
Vers ses cinq ans, la petite archiduchesse est confiée à un aya, madame de Brandis.
1761
Le 18 janvier 1761
Mort de l’Archiduc Charles-Joseph (1745-1761), héritier en second des Habsbourgs et fils préféré de Marie-Thérèse.

L’Archiduc Charles-Joseph par Johann Christoph von Reinsperger
Le 22 mars 1761
Mort de Louis-Joseph-Xavier, duc de Bourgogne. Son frère Louis-Auguste, duc de Berry, le futur Louis XVI, devient le successeur potentiel de ses père et grand-père.

Louis-Joseph, duc de Bourgogne, malade
1762

Les trois filles les plus jeunes de Marie-Thérèse: Marie-Josèphe, Marie-Caroline et Marie-Antoinette
par Martin Van Meytens (détail )

Le 20 mars 1762
Naissance de Marie-Thérèse, fille de l’Archiduc Joseph, héritier du trône des Habsbourg et d’Isabelle de Bourbon-Parme. Elle est la petite-fille aînée de l’Impératrice.

Marie-Thérèse, fille de Joseph II
Juin-Novembre 1762
Le peintre suisse Liotard dessine au pastel tous les membres de la famille impériale.

Le 13 octobre 1762
Concert du jeune Wolgang Gottlieb Mozart, âgé de six ans devant la famille impériale dans un salon du château de Schönbrunn. L’enfant désireux de montrer toute sa fougue tombe sur le sol dans son élan sur son clavier. A cette occasion, la famille impériale aurait ri, sauf la plus jeune des archiduchesses qui l’aurait aidé à se relever. Il lui aurait répondu : «Je vois que vous êtes bien bonne. Plus tard je vous épouserai !»

Héliogravure après la peinture d’Eugen Von Blas
L’anecdote est vraisemblablement apocryphe mais rien n’affirme le contraire non plus.

Plus assurément, le petit prodige n’a pas hésité à courir dans les bras de l’Impératrice.

Images de Melody Eterne (1940) un film italien de Carmine Gallone
En décembre 1762

En 1762, Marie-Christine réalise cette gouache, portrait de la famille impériale dans un intérieur bourgeois.
La Saint-Nicolas, d’après une gravure de Jacobus Houbraken


Le 22 décembre 1762
Mort de Sa sœur Marie-Jeanne-Gabrielle (1750-1762).

L’Archiduchesse Marie-Jeanne-Gabrielle par Pierre Benevaux

L’Impératrice Marie-Thérèse
1763
Nuit du 26 au 27 novembre 1763
Mort d’Isabelle de Bourbon-Parme. Chagrin immense de la famille impériale. On ignore quels furent les sentiments de la jeune Antonia à ce sujet. Isabelle n’évoque jamais la plus jeune des Archiduchesses dans sa correspondance avec Marie-Christine.

1764
Le 3 mai 1764
Naissance à Versailles de Élisabeth Philippe Marie Hélène de France, dite Madame Élisabeth (1764-1794).

Madame Elisabeth par Drouais
1765

Détail du tableau peint par Johann Georg Weickert: l’Archiduchesse Antonia




Le 4 juillet 1765
L’Empereur François-Etienne, l’Impératrice Marie-Thérèse, les Archiducs Joseph et Léopold, les Archiduchesses Marianne et Marie-Christine partent pour Innsbruck où sera célébrer le mariage de Léopold avec l’Infante Marie-Louise. Les plus jeunes de la fratrie restent à Vienne. C’est la dernière fois que Marie-Antoinette voit son père.
Le 5 août 1765
Mariage de l’Archiduc Léopold avec Marie-Louise d’Espagne à Innsbruck.
Le 18 août 1765
Mort de Son père, l’Empereur François Ier, lors des festivités du mariage de Léopold à Innsbruck.
François-Etienne par Pompeo Batoni, en 1771, qui entoure l’Empereur des figures emblématiques de la Justice,
de la Clémence, de la Force et de la Vérité, qu’il lui fait désigner d’un geste auguste.
Portrait posthume par Johann Zoffany en 1777
Il avait pris congé en larmes de sa dernière fille, Marie-Antonia, avant de quitter Vienne.


Marie-Antoinette racontera, en 1790, à Mesdames de Tourzel, de Fitz-James et de Tarenteaux que l’Empereur François Ier, partant pour l’Italie, d’où il ne devait jamais revenir , rassemble ses enfants pour leur dire adieu :
« J’étais la plus jeune de mes sœurs, ajoute Marie-Antoinette, mon père me prit sur ses genoux, m’embrassa à plusieurs reprises, et, toujours les larmes aux yeux, paraissant avoir une peine extrême à me quitter. Cela parut singulier à tous ceux qui étaient présents, et moi-même je ne m’en serais peut-être pas souvenue si ma position actuelle , en me rappelant cette circonstance, ne me faisait voir pour le reste de ma vie une suite de malheurs qu’il n’est que trop facile de prévoir.»


Avènement de Joseph II qui partage le pouvoir avec Marie-Thérèse.

Le 5 octobre 1765
Première communion de Marie-Antoinette avec son frère Maximilien. Le lendemain, la famille impériale doit faire ses dévotions en l’honneur de l’Empereur décédé.
Le 20 décembre 1765
Mort du Dauphin, Louis-Ferdinand, à Fontainebleau. Son fils, Louis-Auguste, le futur Louis XVI, devient Dauphin de France.

Le Dauphin Louis-Ferdinand par Anne-Baptiste Nivelon, 1764

Louis-Auguste, Dauphin de France par Louis-Michel Van Loo

Marie-Antoinette, par Pierre Pasquier –
Museum Liaunig, Neuhaus (Carinthie, Autriche)
1766

Marie-Antoinette se reflétant dans un miroir,
détail du portrait de sept Archiduchesses par Martin van Meytens , 1766
Janvier 1766
Mariage de l’Archiduchesse Marie-Christine (1742-1798) avec Albert de Saxe-Teschen (1738-1822), frère de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe, mère du duc de Berry.


Marie-Antoinette assistant au Repas des noces de l’Archiduchesse Marie-Christine par Auerbach (en 1773)
Le 1er février 1766
Marie-Antoinette assiste à la cérémonie faisant de sa sœur Marie-Anne l’abbesse du chapitre des Nobles Dames de Prague.

Madame Antoine
Une anecdote qui concerne Marie-Antoinette enfant est reprise dans une lettre de Marie Sidonie Chotek née Clary-Aldringen(1748-1824) :
« Hier, après avoir été à la bénédiction à Saint Michel, nous nous sommes rendus chez les princesses Swartzenberg, où nous avons pêché avec beaucoup de chance, dix-neuf poissons. L’arrivée des archiduchesses Carlotta (Maria-Caroline) et Antoinette et des petits archiducs (Ferdinand et Maximilien), a mis fin à notre divertissement ; l’archiduchesse Antoinette a dit à Mademoiselle Drüin (gouvernante des comtesses Clary) en lui serrant la main : « Apportez-moi Christiane et Teresa À Schönbrunn.»
Christiane et Thérèse sont les plus petites sœurs de Marie Sidonie. Les filles ont grandi à la Cour de Marie-Thérèse et sont amies d’enfance de Marie-Antoinette.

Dans la peinture où Marie-Antoinette enfant danse avec Ses frères Ferdinand et Maximilien, Christiane et Thérèse apparaissent aussi, au deuxième rang dans le groupe de quatre bergers, avec leurs frères Joseph et Wenceslas.
Le 3 février 1766
Visite de la famille impériale de la fabrique de laiton à Wiener-Neusdadt.
Le 6 février 1766
Course de traîneaux et carrousel à Schoënbrunn.
Le 8 avril 1766
Mariage de sa sœur Marie-Christine avec Albert de Saxe, duc de Teschen.
Il s’agit du seul mariage d’amour autorisé par Marie-Thérèse. Etant la première à convoler, on ignore si les autres Archiduchesses espèrent le même traitement.
1767
Le 13 mars 1767
Mort de la Dauphine Marie-Josèphe de Saxe ( née le 4 novembre 1731), mère du futur Louis XVI
Marie-Josèphe de Saxe par Jean-Marc Nattier
En 1767
L’Archiduchesse Marie-Elisabeth (1743-1808) est atteint de petite vérole. Elle s’en sort mais enlaidie, elle ne peut plus prétendre au mariage.

L’Empereur Joseph II et ses sœurs Marie-Anne et Marie-Elisabeth
Le 28 mai 1767
Mort de Marie-Josepha de Bavière, seconde épouse de l’Empereur Joseph II.
Le 15 octobre 1767
Mort de l’Archiduchesse Marie-Josèphe (1751-1767), sœur de Marie-Antoinette.

L’Archiduchesse Marie-Josèphe
1768

Le 19 janvier 1768
Lors de son retour en Autriche avec les siens, Wolfgang-Amadeus Mozart est à nouveau reçu par Marie-Thérèse et Joseph II, en présence de Marie-Antoinette, à Schönbrunn.

Au printemps 1768
Messmer, directeur des écoles de Vienne, enseigne la rédaction à la future Dauphine, Gluck le clavecin, Wagenseil le piano-forte, Reutter le chant.
Marie-Thérèse emploi les grands moyens afin de préparer sa fille aux usages de sa future Cour.

Noverre est chargé d’apprendre à Marie-Antoinette les danses à la mode à la Cour de France. Il Lui donne «cette démarche aérienne qui fera tant de légende».

Marie-Thérèse demande qu’on lui envoie de Paris pour sa fille un ecclésiastique versé dans la littérature et l’histoire capable d’initier Marie-Antoinette à la vie qui l’attend à Versailles. L’abbé de Vermond est dépêché à Vienne. Le mentor et son élève s’entendent à merveille. Le programme comprend l’étude de la religion de la langue et la littérature française, l’histoire, les usages de la Cour de France et les généalogies des grandes familles qui la composent.
Devenue Reine, Marie-Antoinette écrira fort bien le français avec clarté et précision. En revanche, Elle conservera une orthographe quasi phonétique, chose courante à l’époque et une écriture enfantine constellée de «pavés d’encres».
Le 7 avril 1768
Comme ce sera plus tard le cas pour Marie-Antoinette, le mariage de celle qui devient Marie-Caroline a lieu à Vienne par procuration.
En avril 1768
Au moment de quitter Vienne, Marie-Caroline saute de la voiture au dernier moment pour donner à son Antoine adorée une série d’étreintes passionnées et larmoyantes.
Le 12 mai 1768
Mariage de l’Archiduchesse Marie-Caroline avec Ferdinand Ier des Deux-Siciles.
Novembre 1768
Arrivée à Vienne de l’abbé de Vermond (1735-1806), précepteur de Marie-Antoinette.


Marie-Antoinette par Antonio Pencini
1769
Le 22 avril 1769
Mariée et munie d’un nom mieux sonnant que Bécu, Madame la comtesse du Barry, est présentée à la Cour de France .




Portrait de la petite Antonia (1770) par Hauzinger 
Le 13 juin 1769
Louis XV demande officiellement la main de l’Archiduchesse Maria-Antonia pour le Dauphin.


Le 27 juin 1769
Mariage par procuration de l’Archiduchesse Marie-Amélie avec Ferdinand Ier, duc de Parme.
En septembre 1769
Marie-Antoinette passe une nuit avec Sa mère et Ses sœurs, Anne et Elizabeth, au château de Goldegg.

Toutes les quatre se rendent à Mariazell, le sanctuaire dédié à la Vierge, auquel Marie-Thérèse est particulièrement attachée: c’est le lieu de pèlerinage le plus important en Autriche.

Avant le départ de Marie-Antoinette pour la France, l’Impératrice voulait emmener sa fille en pèlerinage et prier pour Son avenir.

1770
Apprenant , par l’Abbé de Vermond , que les dents de l’Archiduchesse Antonia sont mal plantées et généralement peu satisfaisantes, Mercy-Argenteau trouve un spécialiste français, Laveran, qui assure pouvoir rectifier le tout en trois mois à peine… Arrivé à Vienne, il semble avoir réussi dans sa tâche : alors que les uns et les autres détaillent point par point tous les traits de la Dauphine et Reine , ils ne disent rien de Ses dents

Sont-ce Marie-Antoinette et l’Abbé de Vermond (1735-1806),Son confesseur, puis lecteur ordinaire?

La leçon d »Histoire de Marie-Antoinette par Anton Telser
Le 23 janvier 1770
Mort de sa nièce Marie-Thérèse, fille de Joseph II.
Le 7 février 1770
A cinq heures et quart du soir, premières règles de Marie-Antoinette : l’Archiduchesse peut donc être mariée !

Le 16 février 1770
Louis XV assure Madame Louise (1737-1787), sa dernière fille, qu’il ne l’empêchera pas de se faire religieuse. Peu après, à la surprise de ses proches, elle entre au Carmel de Saint-Denis, où elle devient sœur Thérèse de Saint-Augustin. Elle entend prier pour le salut de son père.

Madame Louise
Le 2 avril 1770
Le Dauphin Louis-Auguste écrit à l’Archiduchesse Marie-Antoinette :
« Madame ma Sœur et Cousine, je reçois une marque bien touchante de l’estime que l’Impératrice, madame ma Sœur et Cousine, fait paraître de moi, en vous accordant à mes vœux et à ceux du Roi, mon seigneur et grand père. Le consentement que vous voulez bien donner à une union qui met le comble à mon bonheur, me cause la plus sensible joie et me pénètre de reconnaissance. J’attendais avec la plus vive impatience qu’il me fût permis de vous en assurer. J’ai chargé le sieur marquis de Durfort, ambassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire du Roi, de vous présenter mon portrait. Je vous prie de le recevoir comme un gage de sentiments qui sont gravés dans mon cœur pour vous et qui dureront autant que ma vie. Je suis, Madame ma Sœur et Cousine,
Votre affectionné Frère et Cousin Louis Auguste »

Le 3 avril 1770
Marie-Antoinette reçoit solennellement le portrait du Dauphin Louis-Auguste.

Maria-Antonia par Liotard
Semaine sainte du 8 au 13 avril 1770
Retraite de Marie-Antoinette avec Son confesseur afin de se préparer à Ses Pâques et Son mariage.



Marie-Antoinette par Franz-Xavier Wagenschön

Afin d’instruire sa fille de son prochain rôle, Marie-Thérèse Lui installe un lit d’appoint dans sa propre chambre.



Le 14 avril 1770
Le contrat du mariage est signé.







Le 16 avril 1770

L’ambassadeur de France à Vienne, le marquis de Durfort, demande officiellement la main de l’Archiduchesse au nom de Louis XV.

Le 17 avril 1770
L’Archiduchesse Maria-Antonia renonce officiellement à Ses droits sur l’Autriche
Maria-Antonia par Antonio Pencini (1770)
Le 19 avril 1770

Mariage par procuration de Marie-Antoinette et du Dauphin à l’église des Augustins de Vienne:


A six heures après-midi, à la sonnerie des trompettes et au son des tympans, toute la Cour de Marie Thérèse, se rend à l’église des Augustins de Vienne. L’Archiduchesse, toute souriante, porte une robe de drap d’argent. Sa traîne est portée par la comtesse Trautmannsdorf pendant que Sa mère la conduit dans l’allée. L’Impératrice Marie-Thérèse accompagne sa fille à l’autel et l’Archiduc Ferdinand qui a dix-sept mois de plus que Marie-Antoinette, habillé en soie blanche, avec une bande bleue drapée sur la poitrine, remplace le Dauphin.





L’église des Augustins est une église paroissiale, une vaste structure reliée à l’aile Léopoldina de la Hofburg (les appartements privés de la famille impériale) par un long couloir.

Joseph II conduit le cortège, puis l’Impératrice Marie-Thérèse et derrière elle l’Archiduc Ferdinand qui donne la main à Marie-Antoinette. Pour l’occasion Gluck a créé une composition pour orgue qui résonne dans l’église.


![“I have always been motivated by good intentions. I hope that God will be merciful towards me.
”
–Maria Theresa on the night of her death, November 29, 1780 [translation: Margaret Anne Macleod]](https://66.media.tumblr.com/23273e6cffb9a1555bf556d6000ed815/cf508b0f97a76386-af/s500x750/52356c242b6beec7f3993889d2b12189cb8e0b2d.jpg)
L’Impératrice Marie-Thérèse
La messe est dite par le nonce du pape, Monseigneur Visconti, assisté par le curé de la Cour, Briselance. Les prie-Dieu des « mariés » sont recouverts de velours rouge brodé d’or ; quand les deux mariés s’agenouillent, ils répondent à la question du nonce, une formule latine: « Volo et ita promitto » ( « je veux et je le promets»). Les anneaux, dont l’un sera livré par Marie-Antoinette au Dauphin, sont bénis ; Ferdinand glisse au doigt de sa sœur l’anneau de rubis du Dauphin et la fait ensuite se lever pour l’embrasser sur les joues ; après quoi Briselance s’apprête à prononcer l’acte Nuptial, Kaunitz l’authentifie et Durfort le légalise (en fait, ce dernier acte aurait dû revenir au beau-frère de Marie-Antoinette, Albert de Saxe Teschen, mais Versailles a fait savoir au prince qu’il ne fallait pas qu’il se dérange et qu’il pouvait laisser sa place à l’ambassadeur). Albert n’a pas objecté, mais pour le dîner de mariage, il ne veut pas entendre de raison, donc Durfort n’assiste pas au banquet et reste chez lui. Le comte de San Giuliano, grand maître des cuisines impériales, a accompli des merveilles ce soir-là. Cent cinquante invités sont admis, non pas à dîner, mais à admirer les neuf princes convives qui mangent dans de la vaisselle d’or.
Le 21 avril 1770
« Le départ de la Dauphine était prévu à neuf heures le lendemain matin, 21 avril. L’heure matinale était délibérée. Quel que soit l’avenir brillant de la mariée, ces séparations n’étaient pas, et ne pouvaient guère s’attendre à être, des occasions heureuses. Le comte Khevenhuller a rapporté dans son journal qu’on espérait éviter la détresse qui avait accompagné les adieux des archiduchesses Marie-Caroline et Marie-Amélie. En avril 1768, Marie-Caroline avait sauté de la voiture au dernier moment pour donner à son Antoine adorée une série d’étreintes passionnées et larmoyantes. En cette froide matinée de printemps, c’est l’impératrice qui serre encore et encore sa fille contre elle. « Adieu, ma très chère enfant, une grande distance va nous séparer… Faites tant de bien aux Français qu’ils puissent dire que je leur ai envoyé un ange. » Puis elle s’est effondrée et a pleuré. Joseph Weber, avec sa mère la nourrice, fut autorisé à regarder le cortège partir. Il se rappelait toujours comment Madame Antoine, incapable de contrôler ses propres sanglots, tendait encore et encore le cou par les fenêtres, pour apercevoir une dernière fois sa maison.»
Marie-Antoinette, Le Voyage – Antonia Fraser




Marie-Antoinette part pour la France, au cours d’un voyage qui durera plus de vingt jours et qui comportera un cortège d’une quarantaine de véhicules.


Tout le monde, l’Impératrice, la Dauphine, la famille impériale, la Cour, pleure à chaudes larmes. Marie-Thérèse Lui remet ses Instructions à relire tous les 21 du mois.


Règlement à lire tous les mois
« A votre réveil vous ferez tout de suite, en vous levant, vos prières du matin à genoux et une petite lecture spirituelle, ne fût-ce même que d’un seul demi quart d’heure, sans vous être encore occupée d’autre chose ou avoir parlé à personne. Tout dépend du bon commencement de la journée et de l’intention, dont on la commence, ce qui peut rendre les actions même indifférentes bonnes et méritoires. C’est un point, sur lequel vous serez très exacte, son exécution ne dépend que de vous, et il peut en résulter votre bonheur spirituel et temporel. Il en est de même avec les prières du soir et examen de conscience ; mais je répète encore, celles du matin et la petite lecture spirituelle sont des plus importantes. Vous me marquerez toujours, de quel livre vous vous servez. Vous vous recueillerez pendant le jour le plus souvent que vous pourrez, surtout à la sainte messe. J’espère que ;vous l’entendrez avec édification tous les jours, et même deux les dimanches et les jours de fête, si c’est coutume à votre cour. Autant que je souhaite que vous soyez occupée de la prière et bonne lecture, aussi peu voudrais-je que vous pensiez introduire ou faire autre chose que ce qui est de coutume en France ; il ne faut prétendre rien de particulier, ni citer ce qui est ici d’usage, ni demander qu’on l’imite ; au contraire il faut se prêter absolument à ce que la cour est accoutumée à faire. Allez, s’il se peut, l’après-dînée, et surtout tous les dimanches aux vêpres ou au salut. Je ne sais pas si la coutume est en France de sonner l’angelus, mais recueillez-vous alors, si non en public, du moins dans votre cœur. Répondez agréablement à tout le monde, avec grâce et dignité : vous le pouvez, si vous voulez. Il faut aussi savoir refuser. Dans mes états et dans l’empire vous ne sauriez vous refuser à accepter des placets, mais vous les donnerez tous à Starhemberg, et vous adresserez tout le monde à lui ou à Schaffgotsch, si le premier était empêché, en disant à tout le monde, que vous les enverrez à Vienne, ne pouvant faire rien de plus. Depuis Strasbourg vous n’accepterez plus rien, sans en demander l’avis de M. ou de Mme de Noailles, et vous renverrez à eux tous ceux qui vous parleront de vos affaires, en leur disant honnêtement, qu’étant vous-même étrangère, vous ne sauriez vous charger de recommander quelqu’un au roi. Si vous voulez, vous pouvez ajouter, pour rendre la chose plus énergique : « l’Impératrice, ma mère, m’a expressément défendu de me charger d’aucune recommandation ». N’ayez point de honte de demander conseil à tout le monde, et ne faites rien de votre propre tête. Vous avez un grand avantage, que Starhemberg fera avec vous le voyage de Strasbourg à Compiègne ; il est très aimé en France, il vous est très attaché. Vous pouvez lui tout dire et tout attendre de ses conseils ; il restera encore huit à dix jours à Versailles. Vous pouvez m’écrire sincèrement par son canal ; tous les commencements de mois j’expédierai d’ici à Paris un courrier : en attendant vous pourriez préparer vos lettres pour les faire partir tout de suite à l’arrivée du courrier. Mercy aura l’ordre de l’expédier d’abord. Vous pouvez de même m’écrire par la poste, mais sur peu de choses, et que tout le monde peut savoir. Je ne crois pas que vous deviez écrire à votre famille, hors dans des cas particuliers et à l’empereur, avec qui vous vous arrangerez sur ce point. Je crois que vous pourriez encore écrire à votre oncle et tante de même qu’au prince Albert. La reine de Naples souhaite votre correspondance ; je n’y trouve aucune difficulté. Elle ne vous dira rien que de raisonnable et d’utile ; son exemple doit vous servir de règle et d’encouragement, sa situation ayant été en tout et étant bien plus difficile que la vôtre. Par son esprit et par sa déférence elle a surmonté tous les inconvénients, qui ont été grands ; elle fait ma consolation et a l’approbation générale. Vous pouvez donc lui écrire, mais que tout soit mis en façon à pouvoir être lu par tout le monde. Déchirez mes lettres, ce qui me mettra à même de vous écrire plus ouvertement ; j’en ferai de même avec les vôtres. Ne faites aucun compte sur les affaires domestiques d’ici ; elles ne consistent que dans des faits peu intéressants et ennuyants. Sur votre famille vous vous expliquerez avec vérité et ménagement : quoique je manque souvent d’en être entièrement contente, vous trouverez peut-être que c’est ailleurs encore pis, qu’il n’y a ici que des enfantises et jalousies pour des riens, qu’autre part c’est bien plus soutenu. Il me reste encore un point par rapport aux Jésuites. N’entrez dans aucun discours, ni pour, ni contre eux. Je vous permets de me citer et de dire que j’ai exigé de vous de n’en parler, ni en bien, ni en mal : que vous savez, que je les estime, que dans mes pays ils ont fait grand bien, que je serais fâchée de les perdre, mais que si la cour de Rome croit devoir abolir cet ordre, je n’y mettrais aucun empêchement ; qu’au reste j’en parlais toujours avec distinction, mais que même chez moi je n’aimais pas à entendre parler de ces malheureuses affaires.»
Marie-Thérèse

Portrait miniature de l’Impératrice Marie-Thérèse
« Restez bonne Allemande.»

Le lien entre la mère et la fille sera assuré par Florimond de Mercy-Argenteau (1727-1794) , ambassadeur de Marie-Thérèse en France depuis 1766) qui a , envers sa pupille, un rôle presque paternel…

Le comte de Mercy-Argenteau
Le cortège avance par étapes quotidiennes de huit à neuf heures. Le premier soir, Antonia arrive à l’abbaye baroque de Melk, où Elle retrouve Son frère Joseph.

L’abbaye de Melk qui domine le Danube
« Le premier soir, on arrive à l’abbaye baroque de Melk, lancée tel un éperon sur le Danube où Marie-Antoinette retrouve son frère Joseph. Les élèves des moines bénédictins ont préparé un spectacle pour leurs hôtes princiers. Marquée par les fatigues du voyage, Marie-Antoinette a du mal à le suivre. »
L’abbé de Vermond
Dans le message du marquis de Durfort au duc de Choiseul, l’ambassadeur écrit que la Dauphine est arrivée en bonne santé à Melk, qu’un opéra allemand a été joué pour la princesse par les élèves de l’abbaye, que le duc peut facilement imaginer combien Madame la Dauphine s’est amusée.
Le 23 avril 1770
Le temps est maussade. Les trois cent soixante-seize chevaux nécessaires au transport sont relayés toutes les deux heures.
Le 24 avril 1770
Il pleut encore. Après seulement six heures de berline, Marie-Antoinette pénètre dans Altheim où Elle fait bonne chère et passe une paisible nuit.
Le 25 avril 1770
Marie-Antoinette quitte les terres de l’Archimaison , franchit la Salzach puis l’Inn. La voici dans l’électorat de Bavière, hérissé d’évêchés indépendants et de principautés plus ou moins souveraines, les uns comme les autres convaincus de leur importance grâce à la considération intéressée dont, depuis deux siècles, les diplomates accrédités par Paris font preuve à leur égard. Le soir, Altheim, Alt-Oetingen accueille la voyageuse.

Le 26 avril 1770
Louis-Auguste reçoit de sa belle-mère la lettre suivante :
« Votre épouse, mon cher Dauphin, vient de se séparer de moi ; comme elle faisait mes délices, j’espère qu’elle fera votre bonheur ; je l’ai élevée en conséquence parce que , depuis longtemps, je prévoyais qu’elle devrait partager votre destinée. Je lui ai inspiré l’amour de ses devoirs envers vous, un tendre attachement, l’attention à imaginer et à mettre en pratique les moyens de vous plaire ; je lui ai recommandé avec beaucoup de soin une sincère dévotion envers le Maître des Rois, persuadée que l’on fait mal le bonheur du peuple qui nous est confié, quand on manque envers Celui qui brise les sceptres et renverse les rois comme il lui plaît. Aimez donc vos devoirs envers Dieu, je vous le dis, mon cher Dauphin, et je l’ai dit à ma fille. Aimez le bien des peuples sur lesquels vous régnerez toujours trop tôt. Aimez le Roi, votre aïeul, inspirez et renouvelez cet attachement à ma fille ; soyez bon comme lui ! Rendez-vous accessible aux malheureux ; il est impossible qu’en vous conduisant ainsi, vous n’ayez pas le bonheur en partage. Ma fille vous aimera, j’en suis sûre, parce que je la connais ; mais plus je réponds de son amour et de ses soins, plus je vous demande de lui vouer le plus tendre attachement.
Adieu, mon cher Dauphin, soyez heureux, rendez-la heureuse ! Je suis toute baignée de larmes.
Votre tendre mère, Marie-Thérèse.»
L’Impératrice-Reine est plus tendre avec son gendre qu’avec sa fille qu’elle vient de quitter pour toujours…
Les haltes se font ensuite à Enns, Lambach, Altheim, Alt-Oetingen, Nymphenburg, la résidence d’été des électeurs de Bavière près de Munich, Ausbourg, Guntzbourg, Riedlingen, Stockach, Donaueschingen et enfin Fribourg.
A Guntzbourg et à Fribourg il a été prévu des haltes de deux jours pour que Marie-Antoinette se repose des fatigues d’un voyage harassant.
Ce même jour
Halte près de Munich chez l’électeur de Bavière, frère de Sa belle-sœur décédée Josepha, au château de Nymphenburg. La jeune Dauphine a droit à une journée de repos dans le pavillon d’Amalienburg au milieu des jardins.
Le 27 avril 1770
Marie-Antoinette profite de la journée de halte pour admirer les trésors de Nympheenbourg.
Le 27 avril 1770
Il pleut. La route d’Augsbourg présente peu d’attraits. La ville, toutefois procure passablement de satisfactions pour ravir le passage de la Dauphine.
Dimanche 29 avril 1770
La caravane quitte Augsbourg pour gagner Günsburg où la princesse Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont (1714-1773), attend la fille de son frère. La marche dure neuf heures. Madame la Dauphine, affectée d’un coryza (c’est un rhume ou une rhinopharyngite), commence à éprouver les fatigues, sinon du voyage, du moins d’une aussi longue représentation.
A Güntzbourg est prévue une halte de deux jours pour que Marie-Antoinette se repose des fatigues d’un voyage harassant. Elle passe de longs moments avec Sa tante, la princesse Charlotte de Lorraine, abbesse de Remiremont.

Anne-Charlotte de Lorraine
Depuis neuf jours, les visites succèdent aux fêtes et les banquets aux concerts. La sœur de feu l’Empereur veille à fortifier la santé chancelante de la Dauphine et de Ses dames mais prend à cœur de leur apporter des divertissements.
Le 30 avril 1770
Si l’on ne se remet pas en route, on avance un peu. Marie-Antoinette est conviée à visiter la chapelle de Königinbild, sur la route de Burgau. Au sortir du sanctuaires, douze jeunes filles viennent saluer la princesse les bras chargés de fleurs des champs. L’une des demoiselles se détache pour réciter une ode au sérénissime couple où s’exprime le souhait de les voir vivre centenaire. A peine Madame la Dauphine a-t-Elle pris le temps de remercier que l’abbesse L’incite à regagner Güntzbourg afin d’y présider une distribution de mangeailles au menu peuple. On bat des mains devant les saucisses et les chapons, puis, les petits rassasiés, les grands songent à réparer leurs forces. La voyageuse préside un banquet de cent-trente-deux couverts.
Le 1er mai 1770
Petite étape car les santés sont encore fragiles. Les carrosses prennent la route d’Ulm et, quittant la Bavière, passent en Souabe.

Le prince de Starhemberg écrit , non sans satisfaction, au duc de Choiseul :
« Tout le monde paraît enchanté de la Princesse que je vous amène, et je souhaite seulement qu’elle réussisse aussi bien en France que dans tous les lieux où nous avons passé jusqu’à présent.»
Georg Adam von Starhemberg par Alexander Roslin
Le 2 mai 1770
L’étape est marquée à Stockach, grand bourg de quelque deux mille âmes.
Le 4 mai 1770
Marie-Antoinette est à Donaueschingen.

Le 5 mai 1770
Marie-Antoinette et Sa suite arrivent à Fribourg-en-Brisgau.
Le 6 mai 1770
Le cortège de Marie-Antoinette atteint l’abbaye de Schütter près de Kehl puis traverse la Forêt-Noire et parvient sans encombre, l’étape est courte, jusqu’au moutier. Monsieur le comte de Noailles, ambassadeur extraordinaire, vient saluer Madame la Dauphine.

Philippe de Noailles
Le 7 mai 1770
Un carrosse, couronné de bouquets de fleurs d’or, s’arrête aux premières maisons de Strasbourg. Monsieur d’Autigny, chef du magistral, s’avance et commence une harangue en allemand. Marie-Antoinette penche la tête de la portière et gracieusement l’interrompt :
« Ne parlez point allemand, messieurs, à dater d’aujourd’hui, je n’entends d’autre langue que le français.»
Marie-Antoinette
Dès les premiers pas de la princesse sur la terre de France, son seul sourire attire et séduit. Sa marche aérienne, Son port d’Archiduchesse, l’attitude un peu fière de Sa tête et de ses épaules imposent. Un teint «mêlé, de bien à la lettre, de lis et de roses…»
Marie-Antoinette a l’effet d’un bouquet des fleurs de champs.
«C’est une odeur de printemps !» s’exclame Burke.
Le spectacle strasbourgeois est aussi frais que le sourire de la petite Dauphine. Des enfants déguisés en bergers et bergères Lui offrent des bouquets, des jeunes filles jettent des fleurs sous les pas des chevaux et des garçonnets costumés en cent-suisses font la haie.
On Lui présente le cardinal de Rohan, les comtes formant le conseil de la cathédrale, les députés, succèdent trente-six dames de la noblesse d’Alsace aux mines graves et sévères.
Ce dauphin qui n’a pas encore seize ans et dont Melle Cosson de la Cressonnière faisant paraitre dans le Mercure ce quatrain :
«Un Auguste mariage
L’enlève aux vœux de sa cour
C’est Psyché dans son jeune âge
Qu’on mène à l’Amour»
« Êtes vous bien empressée de voir le Dauphin ?»
Lui demande l’une de Ses dames.
Et Elle de répondre malicieusement toujours avec Son sourire :
« Madame, je serai à Versailles dans cinq jours, le sixième je pourrai plus aisément vous répondre.»
Marie-Antoinette
Ce n’est pas à Versailles que «Psyché dans son jeune âge» doit rencontrer l’Amour, mais en forêt de Compiègne…

Entrée de Marie-Antoinette à Strasbourg, le 7 mai 1770
Marie-Antoinette, comme on L’appelle désormais, est «remise» à la France sur un îlot du Rhin, considéré comme une frontière symbolique.

Arrivée de Marie-Antoinette à Strasbourg
Elle prend congé de Sa suite autrichienne ainsi que de Son chien, Mops.

Marie-Antoinette est officiellement « échangée » entre la France et l’Autriche sur une île du Rhin près de Kehl. Cette île, encore habitée dans les années précédant la Première Guerre mondiale, est connue sous le nom d’«île de la Commission » (Kommissionsinsel), en référence à la commission d’échange de Marie-Antoinette.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Projet du frontispice des catalogues des livres de la bibliothèque de Madame la Dauphine
Jacob-Nicolas Moreau et Charles Joseph Dominique Eisen, 1770
La princesse quitte Sa robe de voyage «en gros de Tours» et revêt une «robe et un jupon d’étoffe d’or».
« Elle (la Dauphine) passa ensuite dans le salon commun, suivie de toute sa cou allemande. On y avait dressé une espèce de trône surmondé d’un dais ; une grande table était placée au milieu de la salle, de l’autre côté se trouvaient M. de Noailles et M.M. Bouret et Gérard » nous dit le compte-rendu officiel.»

Plan de la structure construite pour la remise ou cérémonie de remise de Marie-Antoinette. La structure est conçue avec deux salles autrichiennes et françaises égales de chaque côté du salon de remise.[crédit: Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]
Après lecture et signature des actes de remise et de réception
« Le commissaire impérial (le prince de Starhemberg) donna la main à Madame la Dauphine pour la conduire du côté de la table où M. le comte de Noailles se tenait. Le commissaire plénipotentiaire du Roi prit alors la main de cette princesse pour la conduire vers la Cour française qui dans ce moment sortit du Cabinet français où elle s’était tenue jusqu’alors, et entra dans la salle de remise. M. le comte de Noailles présenta à Madame la Dauphine le comte de Saulx-Tavannes son chevalier d’honneur, la comtesse de Noailles sa première dame d’honneur, et celle-ci lui présenta le reste de sa maison et de l’accompagnement. Dès ce moment les fonctions des personnes attachées à Madame la Dauphine commencèrent.»
Elle fait la connaissance de Sa nouvelle suite composée du comte de Saulx-Tavannes, chevalier d’honneur de la Dauphine, du marquis de Granges, maître des cérémonies, du comte de Tessé, premier écuyer, du chevalier de Saint-Sauveur, commandant des gardes du corps de la Dauphine, du maréchal de Contades, commandant de la province, du marquis de Vogüé, commandant en second.

Anne de Noailles
Suivent les dames désignées pour accompagner la princesse, la comtesse de Noailles (1729-1794) qui sera Sa dame d’honneur jusque 1775 et qu’Elle surnommera très vite «Madame l’Étiquette», les duchesses de Villars et de Picquigny, la marquise de Duras, les comtesses de Mailly et de Saulx-Tavannes qui avaient toutes fait partie de la maison de feue la Reine Marie Leszczynska.

La comtesse de Noailles est interprétée par Judy Davis dans le film Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006)
En principe, la suite autrichienne de la Dauphine aurait dû se retirer après la remise. Mais contrairement à la coutume observée lors des mariages princiers, deux des personnes qui L’ont accompagnée depuis Vienne La suivront à Versailles : Starhemberg qui a été invité aux fêtes du mariage, et l’abbé de Vermond.
Cette dérogation aux usages nous vaut la très intéressante correspondance de Starhemberg avec Marie-Thérèse.
Le 8 mai 1770
Marie-Antoinette repart sur la route de Paris, jusqu’à Saverne. Elle parcourt tout l’est de la France, par Nancy et Lunéville, Commercy, Châlons, Reims et Soissons.
Le 9 mai 1770
Elle s’arrête à Nancy, ex-capitale du Duché de Lorraine devenue française depuis seulement quatre années. Elle se recueille en l’église des cordeliers, devant les tombeaux de Ses ancêtres paternels, les ducs de Lorraine et de Bar.


Le 10 mai 1770
Le cortège de Marie-Antoinette fait halte à Bar-le-Duc.
Le 11 mai 1770
Le cortège fait étape à Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne).

Pour célébrer le passage de la Dauphine, on édifie une porte monumentale à Elle dédiée, la Porte Dauphine, aussi appelée la Porte Sainte-Croix.
Le 12 mai 1770
La caravane arrive à Soissons où Marie-Antoinette séjourne quarante-huit heures.

Marie-Antoinette par Ducreux
Le 14 mai 1770
Après avoir traversé l’est de la France en liesse, Marie-Antoinette rencontre le Dauphin pour la première fois dans la forêt près de Compiègne.


La rencontre entre le Dauphin et sa future épouse a lieu, au pont de Berne, dans la forêt de Compiègne. Le Roi, le Dauphin et la Cour sont là pour accueillir le cortège de Marie-Antoinette.


À Sa descente du carrosse, la Dauphine fait la révérence au Roi et est présentée par lui au duc de Berry, lequel Lui fait un discret baiser sur la joue.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

« Louis XV fut enchanté de la jeune dauphine ; il n’était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses reparties. Elle obtint encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu’on la vit dépouillée de tout l’éclat des diamants dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d’une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l’Atalante des jardins de Marly. Les poètes célébrèrent ses charmes, les peintres voulurent rendre ses traits.»
Madame Campan


Ils gagneront ensemble le château de Versailles.
Le 15 mai 1770
Le cortège se rend au château de la Muette où Marie-Antoinette est présentée au comte de Provence et au comte d’Artois, et où Elle fait connaissance avec la nouvelle et dernière favorite du Roi, la comtesse du Barry.
Le 16 mai 1770
vers neuf heures
Marie-Antoinette, coiffée et habillée en très-grand négligé, part pour Versailles, où doit se faire Sa toilette nuptiale .
Le Roi et le Dauphin ont quitté la Muette après le souper, à deux heures du matin, afin de recevoir la Dauphine.
A dix heures du matin

Arrivée de Marie-Antoinette à Versailles


Le cortège de la princesse arrive dans la cour royale du château, devant les haies des gardes françaises et gardes suisses qui présentent les armes à son passage dans un roulement de tambours. On accompagne la princesse jusqu’à un appartement du rez-de-chaussée du corps central, contigu à l’appartement de la Dauphine où habite présentement le Dauphin.

Elle est livrée aux mains de Sa dame d’atours, des dames qu’Elle a rencontrées à Strasbourg et aux femmes de chambres qui La vêtent d’un somptueux grand habit à grand panier de brocart blanc brodé d’argent, car en tant que future Dauphine, elle ne peut revêtir du brocart d’or, le manteau royal ou la couronne.

Le Roi passe chez Elle aussitôt Son arrivée, L’entretient longtemps, et Lui amène quelques personnes qu’Elle ne connait point encore qui sont deux enfants : les sœurs de Son époux, Mesdames Clothilde et Elisabeth, qu’Elle peut recevoir sans être coiffée ni habillée.

Mesdames Clotilde et Elisabeth
Peu de temps avant de monter à l’étage, le Roi Lui présente ensuite le comte de Clermont et la princesse de Conti, absents à la rencontre de Compiègne.
Le Dauphin Louis-Auguste a revêtu un bel habit de chevalier de l’ordre du Saint-Esprit en réseau d’or enrichi de diamants.
A une heure de l’après midi
Le cortège de la famille royale part du Cabinet du Roi, précède par le marquis de Dreux Brézé, grand maitre des cérémonies et d’un aide des Cérémonies.
Les époux apparaissent et vont devant se donnant la main, escortés d’un page du Roi portant le bas de robe de la Dauphine et de Madame de Noailles, suivant la nouvelle princesse.
Puis marchent les princes du sang entourés de leurs services d’officiers et de gentilshommes, les frères du Roi, le Roi seul, suivi de Madame Clotilde, de Mesdames , des princesses du sang et de soixante-dix dames de la Cour en grand habit.

Le coup d’œil est extraordinaire.
Ce sont les plus somptueuses toilettes qu’on porte depuis longtemps et telles qu’on n’en a pas vues porter aux récents mariages de la princesse de Lamballe et de la duchesse de Chartres. Tous les yeux et pensées vont à la mariée qui est éblouissante de grâces et fort souriante. A la chapelle, les suisses forment la haie, frappent leurs tambours et soufflent dans leurs fifres pour annoncer l’entrée du Roi.
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.







Les mariés sont décrits comme gauches et timides.
Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)



A la chapelle royale, sur les gradins en amphithéâtre de la nef, des galeries des tribunes, tout le monde se lève au moment où l’orgue éclate, annonçant l’entrée du cortège royal.

Le coup d’œil est merveilleux et le soleil descend à flots par les larges baies sur les toilettes étincelantes de pierreries.
Des centaines d’invités attendent.
Les orgues retentissent. Louis XV s’arrête un instant à son prie-Dieu, placé face à l’autel en bas de la chapelle Les mariés vont jusqu’aux marches de l’autel – à l’emplacement fixé par Louis XIV où s’agenouillent depuis plus d’un siècle, les couples royaux et princiers : la cérémonie du mariage va débuter.


L’archevêque de Reims présente l’eau bénite à Sa Majesté et monte à l’autel pour commencer la bénédiction par son discours.

Au moment de la bénédiction, le Roi, les princes et princesses s’avancent en groupe et se rassemblent autour des époux : le grand aumônier bénit d’abord treize pièces d’or et un anneau d’or ; il les présente au Dauphin, qui met l’anneau au quatrième doigt de la main gauche de la Dauphine , et Lui donne les treize pièces d’or.


Après la bénédiction
Le Roi retourne à son prie-Dieu et la messe débute chantée par la Musique du Roi, placée derrière l’autel. « Des gardes du corps, placés à distance dans les tribunes , font observer le silence et même agenouiller ceux qui auraient des distractions».
A l’offertoire
Les époux vont à l’offrande et à la fin du Pater, le poêle de brocart d’argent est tenu, du côté du Dauphin, par l’évêque de Senlis, du côté de la Dauphine, par l’évêque de Chartres , est étendu – selon l’usage liturgique – au dessus de leur tête.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
La messe dite
Le curé de la paroisse de la Cour, Notre-Dame de Versailles apporte selon l’usage ce jour , le registre à la chapelle royale. Louis XV signe le premier l’acte de mariage. Après le Dauphin et la Dauphine, signent, dans l’ordre protocolaire, les frères du marié, sa sœur, ses tantes et enfin les deux premiers princes du sang.
Au moment de signer l’acte de mariage

La nouvelle Dauphine commet une maladresse restée célèbre…

La petite histoire et le registre conservé nous indique que la nouvelle Dauphine, probablement émue et tremblante, a laissé un pâté sur Sa signature :
Ensuite tandis que le grand aumônier de France et l’humble curé de la paroisse apposent leur signature, le cortège se reforme : le Dauphin passant à son rang immédiatement avant le Roi, la dauphine, venant la première derrière eux.
Le cortège se reforme et traverse à nouveau le Grand appartement où se pressent cinq mille personnes.
Des murmures d’admiration saluent le passage des jeunes mariés.

Il y a encore des milliers de personnes entrées durant la messe dans le grand appartement et la Galerie, mais la porte centrale du salon de la Paix s’est à peine fermée sur la dernière dame de la Dauphine, que les suisses font évacuer toutes les pièces afin de les disposer pour le soir : les tapissiers des menus retirant immédiatement les gradins, plaçant les barrières et dressent les tables pour le jeu.

Retournée dans l’appartement du rez-de-chaussée, la Dauphine reçoit les serments des officiers de Sa maison par un défilé de révérences et d’hommages : ils doivent «prêter serment» entre ses mains, en présence du comte de Saint-Florentin, ministre de la maison du Roi.
D’abord la dame d’honneur, les douze dames du palais, viennent le chevalier d’honneur, le premier maitre d’hôtel, le premier aumônier, le surintendant des finances de la Maison, les intendants, les trésoriers, l es gentilshommes servants, le secrétaire des commandements, le premier écuyer et les contrôleurs généraux. Ceux-ci ont eux-mêmes reçus au préalable, le serment des employés subalternes.
Monsieur de Saint-Florentin dit les noms et indique les fonctions à la Dauphine. Ensuite la comtesse de Noailles présente les ambassadeurs et les ministres des cours étrangères.
Les présentations faites
Le duc d’Aumont, premier gentilhomme de la chambre du Roi en exercice, s’avance et donne, au nom de son maître, une clef d’or à la princesse.
La Dauphine ouvre alors un cabinet de velours rouge, brodé d’or, qui contient Sa » corbeille de mariage » : les présents officiels du Roi sont une parure d’émail bleu avec chaine de diamants, un étui de coté, une boite de poche et un éventail entouré de diamants où l’art parisien s’est surpassé lui même pour la Dauphine. dans les tiroirs du cabinet, la princesse trouve, tout soigneusement étiquetés, des objets de souvenir, montres , étuis ciselés qu’Elle distribue ensuite de Sa main aux personnes présentes, enchantée d’être conviée déjà à faire tant d’heureux.
Après un dîner servi en petit couvert dans l’appartement de la Reine, va commencer le jeu de lansquenet dans la grande galerie, le feu d’artifice que l’on espère maintenir car l’orage gronde et le festin royal qui va réunir les vingt-deux convives de la famille royale.

Tabatière -Paul-Nicolas Ménière, Musée Cognacq-Jay
A la nuit
« Quand, en peu de temps, on (a) tout illuminé, les habits (sont) beaucoup plus brillants à la lumière… Ce nouvel éclat, joint à celui de l’illumination de la Galerie, (fait) un très grand effet. La table de jeu du Roi surtout , entourée de trois ou quatre rangs de dames superbement habillées, et la masse des diamants (font) un coup d’œil remarquable.»
Le duc de Croÿ
![Versailles
[credit: © EPV / Thomas Garnier]](https://66.media.tumblr.com/4323584eadef6979b3a7048107f16b48/tumblr_nhkbd2a0t31qatfdco1_500.jpg)



A dix heures
Le Roi passe au festin royal dans la grande salle d’Opéra royal, œuvre d’Ange-Jacques Gabriel, qui est alors inaugurée.
A partir de 1748, Ange-Jacques Gabriel reprend les plans de ses prédécesseurs. Les premiers de travaux de gros œuvre sont exécutés. Les difficultés financières et les atermoiements quant à l’aménagement intérieur conduisent à les interrompre en 1756. Ils reprennent entre 1763 et 1765 avant d’être à nouveau arrêtés. La décision de terminer l’Opéra Royal intervient en 1768, lorsqu’est conclu le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.

Un lieu doit être trouvé pour célébrer les festivités. Assisté du machiniste Blaise-Henri Arnoult, Gabriel met la touche finale aux plans de l’Opéra Royal. Celui-ci est achevé en deux ans au terme d’un chantier pharaonique sur lequel travaillent nuit et jour des centaines d’ouvriers.

Arnoult le conçoit de manière à accueillir soit des spectacles soit des festivités. Lors des grandes réceptions, le plancher de la salle est rehaussé au niveau de la scène par des crics toujours en place, formant un gigantesque plateau d’environ 50 mètres sur 20 mètres. En revanche, dans la configuration spectacles, l’Opéra Royal accueille jusqu’à 1336 spectateurs. Une machinerie répartie sur 35 mètres de hauteur permet d’effectuer des changements de décors spectaculaires à la vue du public. La salle, entièrement exécutée en bois, dispose en outre d’une acoustique exceptionnelle.

L’aménagement intérieur combine innovation et classicisme. En remplaçant les loges par des balcons superposés, Gabriel améliore le confort visuel et l’acoustique de la salle. Au dernier étage, des miroirs reflètent des demi-lustres, créant un effet de profondeur et de légèreté. De grands artistes contemporains participent au chantier : Augustin Pajou est chargé du décor sculpté et exécute lui-même les boiseries des loges tandis que Louis-Jacques Durameau supervise le décor peint et réalise le grand plafond, Apollon préparant des couronnes aux hommes illustres dans les Arts.

Le 16 mai 1770, la salle est inaugurée lors du festin de mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette.

Le grand festin du mariage dans l’opéra royal

La Dauphine fait la connaissance de la princesse de Lamballe (1749-1792) qui est invitée à la table royale.

La princesse de Lamballe ( détail de La famille du duc de Penthièvre)
Lors du repas
Le Roi recommande à son petit-fils de ne pas trop se gaver pour la nuit qui l’attend, il reçoit cette répartie qui en dit plus long que le Dauphin l’imaginait :
« Pourquoi? je dors toujours mieux quand j’ai bien mangé….»
Après le festin a lieu le cérémonial du coucher du nouveau couple delphinal.





Image du film de Van Dyke (1938)
L’assistance assiste au coucher des époux.
Les jeunes mariés sont conduits dans la chambre nuptiale, celle de Marie-Antoinette. La couche est bénie par l’archevêque de Reims. Le Roi passe sa chemise de nuit au Dauphin et la duchesse de Chartres à la Dauphine. Ils vont au lit en présence de toute la Cour afin de montrer qu’ils partagent bien le même lit.

Le mariage ne sera pas consommé cette nuit-là…




Lorsque Marie-Antoinette devient Dauphine, Elle devient la première femme de France…rôle qui incombait depuis deux ans sinon officiellement, du moins dans les fastes de la Cour à Madame du Barry (1743-1793), de trente-trois ans plus jeune que Louis XV, son royal amant à qui elle aurait appris des plaisirs nouveaux…

Le 17 mai 1770
La série des fêtes de mariage débute par la présentation générale de toute la Cour à la Dauphine.
« Tous les hommes et les femmes de la cour ou qui se dis(ent) tels à la faveur de leurs beaux habits qu’ils avaient faits pour se fourrer là, se rend(ent) à cet appartement où on s’écras(e), et les belles dames en grand habit f(ont) pitié dans la foule. Il (est) décidé qie les hommes passer(ont) devant. On s’écras(e) à la porte, on pass(e) pêle-mêle, mais les titrés reç(oivent) la joue à l’ordinaire, ce qui les distingu(e). On travers(e) par des garde-robes, et on (a) bien de la peine à se tirer des chaises à porteurs.»
Le duc de Croÿ
Pour inaugurer l’opéra royal, l’œuvre le Persée de Lully est représentée. L’œuvre a aussi été revisitée, car les goûts musicaux du temps ont changé depuis sa composition. Elle a été raccourcie. Mais l’échec est total : la jeune Marie-Antoinette semble s’être endormie à la moitié du spectacle.
Voici ce qu’en rapporte venimeusement Papillon de la Ferté, responsable des « menus plaisirs » du Roi :
« Ce spectacle était bien mieux que nous ne pouvions l’attendre, après tant de préparatifs et avec des machines dont les mouvements étaient encore si peu connus par les ouvriers. Madame la Dauphine ne semble pas l’avoir prise en sympathie. Il est vrai que c’est une œuvre très sérieuse pour ceux qui ne connaissent pas encore bien le spectacle et n’aiment pas la musique».
Denis Papillon de la Ferté (1727-1794)
Nous savons pourtant combien ce n’est pas le cas…
Le 18 mai 1770
Ce jour est prévu pour le repos au milieu de toutes ces fêtes. Il n’y a que dîner chez Madame la Dauphine. Elle dîne seule, le Dauphin étant allé à la chasse avec le Roi.
Le 19 mai 1770
A six heures du soir
Un bal paré est donné en l’honneur du mariage royal.



En plantation, le décor d’Émile Bertin de 1957 évoquant le décor du bal paré.
Source : « Architectures de Théâtre à Versailles, lieux présents et lieux disparus », B. Saule, V. Pruchnicki, S. Castelluccio, J. C. le Guillou, J. P. Gousset, J. de la Gorce, R. Masson
La plupart des duchesses et des «grands d’Espagne femelles» n’y assistent pas. Louis XV a, en effet, consenti, à la demande de Marie-Thérèse, à ce que cette fois seulement Mademoiselle de Lorraine, la cousine française de la Dauphine, soit admise à danser tout de suite après les princesses du sang. Et les duchesses ont protesté en refusant d’assister au bal paré.
Le mariage vu par Sofia Coppola (2006)
Il y a cependant foule à la salle d’Opéra, illuminée comme le 16 , et le Dauphin et la Dauphine dansent le premier menuet, «tout le monde se tenant debout ou grimpé sur des banquettes».

Jean-Michel Moreau le Jeune, Château de Versailles
« Madame la Dauphine dans(e) de très bonne grâce et comme bien habituée à représenter. Monsieur le Dauphin à cause de sa vue ( le duc de Croÿ fait partie des gens qui ont cru le Dauphin myope lors des derniers sacrements de sa mère; la vue obscurcie par les larmes. Il ne tardera pas à changer d’avis devant l’adresse du jeune prince au tiré.) et qu’il n’est pas dans sa force, ne danse pas si bien. Les jeunes princes dans(ent) de bon cœur sans se gêner.»
Le duc de Croÿ
A dix heures
Le Roi se place à la croisée du milieu de la Galerie des Glaces et donne le signal du feu d’artifice.
![Versailles
[credit: © EPV / Thomas Garnier]](https://66.media.tumblr.com/4323584eadef6979b3a7048107f16b48/tumblr_nhkbd2a0t31qatfdco1_500.jpg)
Un peu d’une heure plus tard


On assiste à la grande illumination du jardin et la fête pour le peuple qui danse à son tour dans les salles de bal aménagées au Salon de Musique et au Salon des Orangers.

Pendant plus de quinze jours
Bals, représentations théâtrales et fêtes publiques se succèdent.
Le 30 mai 1770
A l’occasion du feu d’artifice tiré à Paris pour célébrer le mariage du Dauphin, une fusée tombe sur le décor et l’enflamme, semant la panique dans la foule : une bousculade meurtrière cause la mort de cent trente-deux personnes.

Les jeunes époux sont atterrés. Le Dauphin écrit aussitôt au lieutenant de police, Sartine :
« J’ai appris les malheurs arrivés à mon occasion, j’en suis pénétré. On m’apporte en ce moment ce que le Roi me donne tous les mois pour mes menus plaisirs. Je ne puis disposer que de cela. Je vous l’envoie, secourez les plus malheureux. J’ai beaucoup d’estime pour vous.»
Louis-Auguste
La lettre est accompagnée d’une somme de 6 000 livres.
La Dauphine et Madame Adélaïde suivent cet exemple honorable.

Image du Versailles secret de Marie-Antoinette (2018) de Sylvie Faiveley
Du 27 juin au 7 juillet 1770
Séjour de Marie-Antoinette à Marly.

Marie-Antoinette (1770) par Ducreux
Le 12 juillet 1770
Marie-Antoinette, alors jeune Dauphine depuis le mois de mai précédent, conte à Sa mère, Marie-Thérèse, le déroulement de Ses journées :
« (…) je me lève à dix heures, ou à neuf heures, ou à neuf heures et demie, et, m’ayant habillée, je dis mes prières du matin, ensuite je déjeune, et de là je vais chez mes tantes, où je trouve ordinairement le roi. Cela dure jusqu’à dix heures et demie ; ensuite à onze heures, je vais me coiffer. (…) A midi est la messe : si le roi est à Versailles, je vais avec lui et mon mari et mes tantes à la messe ; s’il n’y est pas, je vais seule avec Monseigneur le Dauphin, mais toujours à la même heure. Après la messe, nous dînons à nous deux devant tout le monde, mais cela est fini à une heure et demie, car nous mangeons fort vite tous les deux. De là je vais chez Monseigneur le Dauphin, et s’il a affaires, je reviens chez moi, je lis, j’écris ou je travaille, car je fais une veste pour le roi, qui n’avance guère, mais j’espère qu’avec la grâce de Dieu elle sera finie dans quelques années. A trois heures je vais encore chez mes tantes où le roi vient à cette heure-là ; à quatre heures vient l’abbé (de Vermond) chez moi, à cinq heures tous les jours le maître de clavecin ou à chanter jusqu’à six heures. A six heures et demie je vais presque toujours chez mes tantes (…) A sept heures on joue jusqu’à neuf heures (…) A neuf heures nous soupons, (…) nous allons nous coucher à onze heures. Voilà toute notre journée.»
Marie-Antoinette
Le 16 juillet 1770
Louis-Auguste tombe malade d’un gros rhume, avec une toux violente. Il ne pourra se rendre à Compiègne le lendemain.
Les gazettes prétendent que le Dauphin crache du sang et rappellent les circonstances de la mort de son père, qui a succombé de ce que les contemporains ont pris pour un «rhume négligé», accompagné de crachements de sang. Il s’agit pourtant d’un rhume banal.
Le 17 juillet 1770
Louis XV est plus inquiet pour son petit-fils et remet son départ pour Compiègne.
Le 18 juillet 1770
Sur l’ordre des médecins, le premier chirurgien du Roi La Martinière saigne le jeune prince qui inscrit sur son agenda cet événement qui ne se reproduira jamais plus:
«Mercredi 18. J’ai été saigné.»
Le Dauphin Louis-Auguste
Ce même jour
Marie-Antoinette écrit à Mercy :
« Notre malade est assez bien mais pourtant on le saignera ce soir.»
Le 19 juillet 1770
Le Roi ordonne à son premier chirurgien La Martinière d’examiner son petit-fils et de lui dire s’il existe chez le jeune homme des obstacles physiques à la consommation de son mariage. A près avoir pratiqué l’examen, La Martinière a pleinement rassuré le Roi.
Le 20 juillet 1770
Rassuré par l’état du Dauphin, Louis XV se rend à Compiègne. Il devait partir le 17.
Le 23 juillet 1770
Louis XV fait part à l’Infant Ferdinand, son petit-fils (celui-là même qui a effectivement souffert du phimosis que l’histoire attribue à Louis-Auguste),à la fois de ses inquiétudes et de leur heureux dénouement.
Le 1er août 1770
« L’indisposition du Dauphin donne à penser, et je crains qu’il ne vivra pas longtemps.»
Marie-Thérèse à Mercy
Mercy n’a pas informé l’Impératrice au jour le jour comme un événement de cette importance aurait pu le demander. Il ne fait qu’une légère allusion à la maladie du Dauphin le 4 août et sans rien dire de nature à rassurer Marie-Thérèse. On imagine que ses conclusions inquiètes proviennent des gazettes qui ont dû lui parvenir.
Depuis sa maladie
Le Dauphin ne couche plus dans l’appartement de sa femme comme auparavant, et la consommation de leur mariage reste encore suspendue. Il n’y a aucune cause inquiétante.
Le 2 août 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.

Le 8 août 1770
« Il y (a) grande chasse à laquelle Madame la Dauphine assist(e) avec Mesdames. Quelques représentations que l’on (a) faites à Monsieur le Dauphin pour se modérer un peu dans cet exercice, il prend ce jour-là par une chaleur excessive une telle fatigue qu’il ne p(eut) se soutenir de lassitude.»
Mercy à Marie-Thérèse
Mesdames Sophie, Victoire et Louise, cette dernière étant déjà retirée au Carmel
Le 14 août 1770
Marie-Antoinette parle du Dauphin à Mercy en lui disant qu’Elle en est contente, que tous les petits défauts de son extérieur proviennent de l’éducation négligée qu’il a eue, mais que son fond est excellent, qu’il est le meilleur enfant et du meilleur caractère ; rien ne La gêne dans Ses conversations avec le Dauphin, il marque du plaisir à L’entendre et de la confiance, quoiqu’il soit fort réservé sur le chapitre des gens qui l’entourent. Elle est à présent bien assurée que Louis-Auguste connaît bien le duc de La Vauguyon et son fils et qu’il ne les aime ni ne les estime.

Le 27 août 1770
Le voyage de Compiègne s’achève et, après un bref séjour chez le prince de Condé à Chantilly, la Cour regagne Versailles.
Le château de Chantilly
Le 1er septembre 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 10 septembre 1770
Cérémonie de la prise de voile de Madame Louise
Le 20 septembre 1770
Le Dauphin dort avec la Dauphine.

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Le 1er octobre 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
D’octobre à fin novembre
Séjour de la Cour à Fontainebleau

Le 5 octobre 1770
« Versailles, 5 octobre 1770
Ma chère bonne Amélie, je vous remercie de ce que vous m´écrivez sur l’état de Monsieur le Dauphin. Son accès de fièvre n’a plus reparu. Cette attention est d´autant plus aimable de votre part, que vous êtes dans un état à songer avant tout à vous-même. J´ai voulu vous en écrire malgré ma lettre d´avant-hier. Nous-avons été bien intéressés, Monsieur le Dauphin et moi avons regardé le beau livre, que nous a remis de votre part le comte d’Argental sur les fêtes de votre mariage. Les estampes sont très bien faites, J´ouvrirai souvent ce livre-là pour me retrouver avec vous. L´Italie, comme le répétait souvent le bon Metastase, est toujours le pays des arts. Notre vie, ici, est le mouvement perpétuel quand il y a ce qu´on appelle appartement et jeu.
Lettre envoyée par Marie-Antoinette à Sa sœur Marie- Amélie
Le roi continue a être très-bien avec moi. La petite maladie de Monsieur le Dauphin l´avait d´abord rendu sombre, sa convalescence l´a tout ouvert. Et il s´est montré très affectueux et gai. Nous partons demain avec le Roi, Madame Adélaïde, Madame Victoire et Madame Sophie, pour Choisy, d´où je vous écrirai pour avoir de vos nouvelles et vous dire combien je suis heureuse d´être tante. Je trouve que vous n´entrez pas dans assez de détails sur votre vie à Parme. Faites-moi donc vivre avec vous! Adieu, chère bonne, je vous embrasse de tout mon cœur. Non-seulement je ne trouve pas mauvais que Monsieur le Duc m´embrasse, je le lui rends en bonne sœur.
J´ai reçu, ce matin une lettre de Christine. La Grande-Duchesse de Toscane et son mari sont à Schoenbrunn avec le Duc de Courland et ne partiront pas avant d´avoir assisté à la fête de notre chère maman. Faites bien mes compliments à Monseigneur le duc de Parme.»

Marie-Amélie, portrait de la Hofburg d’Innsbruck
Le 10 octobre 1770
« Madame la Dauphine dès qu’elle m’a vu, m’a dit de la suivre dans son cabinet. Elle avait le cœur gros et les yeux rouges. Elle m’a avoué qu’elle avait pleuré et a même recommencé en me parlant de Monsieur le Dauphin ; voici l’occasion . Madame la Dauphine n’avait point de chevaux pour sortir ; elle craignait de s’ennuyer , et pour remplir sa journée elle a arrangé la veille qu’elle irait avec des chevaux de poste à Saint Denis où Mesdames devaient aller à cheval et en voiture. Elle a réfléchi qu’elle serait obligée de quitter le Dauphin aussitôt après le dîner, que ce dîner même déplairait au Dauphin parce qu’il serait obligé de dîner avec les dames ; par ces considérations elle a fait le sacrifice de son amusement et rompu son projet. Elle l’a conté à son époux, elle en espérait quelques petits mots de douceur et de remerciements, elle n’y a trouvé que froideur et le laconisme le plus désobligeant. En me contant cette doléance, la Dauphine se rappelait d’autres petits chagrins et conclue amèrement qu’il est bien dur de vivre avec un homme sans sentiment et qui ne tient aucun compte de ce qu’on fait pour lui. Madame la Dauphine était fort émue, je l’étais moi-même, et de ce que je vois, et de ce que je crains pour cet hiver. Elle a à peine fini de pleurer lorsqu’on vient lui dire que Madame Adélaïde est revenue chez elle ; la Dauphine y est allée en me disant de l’attendre ; un moment après Monsieur le Dauphin est venu chez sa tante ; M. le Dauphin est rentrée chez lui . Madame la Dauphine sans dire un mot a pris son livre et son peignoir et s’est mise entre les mains de ses friseurs ; je me suis retiré.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Le 20 octobre 1770
Brouille entre le Dauphin et la Dauphine.
Le 27 octobre 1770
Le Dauphin aurait dit à Marie-Antoinette ce qu’il pensait de Ses menins.
« Il en résulte que ce jeune prince réfléchit sur ses entours et sait les apprécier. Ce n’est que depuis bien peu de temps qu’il s’en explique vis à vis de Madame la Dauphine, laquelle maintenant donne à son langage, à ses petites caresses et à la totalité de son maintien la tournure la plus parfaitement convenable à s’assurer un entier ascendant sur l’esprit de son époux, ce qui journellement lui réussit de plus en plus et avec des progrès très remarquables.»
Mercy à Marie-Thérèse
Représentation de l’opéra Les Deux Avares de Grétry (paroles de Falbaire).
« Madame la dauphine, alors âgée de quinze ans, éclatante de fraîcheur, parut mieux que belle à tous les yeux. Sa démarche tenait à la fois du maintien imposant des princesses de sa maison, et des grâces françaises ; ses yeux étaient doux, son sourire aimable. Lorsqu’elle se rendait à la chapelle, dès les premiers pas qu’elle avait faits dans la longue galerie, elle avait découvert, jusqu’à l’extrémité de cette pièce, les personnes qu’elle devait saluer avec les égards dus au rang, celles à qui elle accorderait une inclination de tête, celles enfin, qui devaient se contenter d’un sourire, en lisant dans ses yeux un sentiment de bienveillance fait pour consoler de n’avoir pas de droits aux honneurs.»
Madame Campan
Le 31 octobre 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 1er novembre 1770
Les Archiduchesses Marie-Anne et Marie-Christine offrent chacune à leur sœur Marie-Antoinette un présent : une table réalisée par Marie-Christine et un cadeau resté inconnu par Marie-Anne.
Le 4 novembre 1770
La Dauphine se promène à cheval.

Le 5 novembre 1770
La Dauphine réitère la promenade à cheval… Elle ne peut plus supporter l’idée de monter sur des ânes.
Le 6 novembre 1770
Depuis longtemps, la Dauphine exhorte Son époux à ne pas rester si tard à la chasse et l’a prié d’en revenir à une heure raisonnable.
Selon Mercy, le Dauphin revient tard, et suivant sa coutume, longtemps après le Roi : il trouve la Dauphine chez Sa Majesté, il s’approche d’Elle, d’un air embarrassé et Lui dit : «Vous voyez, je suis revenu à temps.» Madame la Dauphine répond d’un ton assez sec : «Oui, voilà une belle heure!»
Le soir, on se rend au spectacle, Le Mariage fait et rompu, comédie en vers de Fresnay (1721), puis ballet, Aeglé, pastorale héroïque de 1748 sur un poème de P. Laryon et une musique de P. de La Garde, maître de musique des Enfants de France ( soixante-quatre personnes sur scènes ! ) . Le Dauphin est boudé tout le temps au retour du théâtre. Il cherche à avoir une explication. Marie-Antoinette lui fait alors un sermon énergique où Elle lui représente avec vivacité tous les inconvénients de la vie sauvage qu’il mène ; Elle lui fait voir que personne ne peut résister à ce genre de vie d’autant moins que son air et ses manières rudes ne donnent aucun dédommagement à ceux qui lui sont attachés et qu’en suivant cette méthode, il finira par détruire sa santé et par se faire détester. Le Dauphin reçoit cette leçon avec douceur et soumission, il convient de ses torts, promet de les réparer et demande formellement pardon à sa femme.

Le 7 novembre 1770
On s’aperçoit que le Dauphin témoigne à la Dauphine un empressement d’attentions et d’amitié plus vif que de coutume.
L’après-midi il monte à cheval.
Le 8 novembre 1770
Spectacle : Les Carrosses d’Orléans (1680) de Jean de La Chapelle.
Dimanche 11 novembre 1770
Messe, jeu et souper public, c’est le grand couvert.
Le 12 novembre 1770
Grande chasse à laquelle la Dauphine assiste avec Mesdames.
Le 13 novembre 1770
Messe avec le Roi. Théâtre, le soir : L’Amitié à l’épreuve de Favart et Voisenon, c’est une comédie à ariettes sur une musique d’André Grétry (1741-1813).

André Grétry par Élisabeth Vigée Le Brun
Le 15 novembre 1770
Plusieurs spectacles : Les Plaideurs, de Jean Racine et La Fête de Flore de Razins de Saint-Marc et Jean-Claude Trial.
Le 23 novembre 1770
Retour à Versailles.
Le 24 novembre 1770
Lors d’une chasse du Roi, Marie-Antoinette et Ses tantes voient leur voiture embourbée près de Choisy. Obligées d’en sortir, la princesse perd Son soulier dans la boue et les voilà à faire tout le chemin jusqu’au château sous la pluie. Marie-Antoinette ayant froid souhaite s’approcher du feu mais brûle ses vêtements ! Du coup elle s’enrhume.
De retour à Versailles, Son appartement n’étant pas chauffé, Son rhume empire.
Le 29 novembre 1770
Guérie, Marie-Antoinette peut de nouveau suivre les chasses du Roi. Cette fois-ci, elle est accompagnée de sa jeune belle-sœur Madame Clotilde, appelée par Mercy Madame Marie.
Son postillon tombe et se retrouve écrasé par les quatre chevaux.
La Dauphine prend les choses en main, fait envoyer des chirurgiens et organise le retour du blessé à Versailles dans des conditions qui n’aggraveraient pas son état.
Cet acte de bonté de sa part a beaucoup plu même si certains se sont ingéniés à réduire son geste en lui expliquant que les gens d’écurie n’ont pas de cœur. Cette dernière remarque peu amène envers les gens du peuple a beaucoup déplu à Marie-Antoinette qui considère qu’un pauvre a autant de cœur, sinon plus, qu’un riche.
Ballets le soir.
Le 30 novembre 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 2 décembre 1770
Marie-Thérèse à Marie-Antoinette :
« J’attends le tableau de Liotard avec empressement, mais dans votre parure, point de négligé, ni dans l’habillement d’homme, vous aimant à voir dans la place qui vous convient.»


Marie-Antoinette Dauphine (1770) par Philippe Jacob Nicomedo
Le 17 Décembre 1770
Mercy à Marie-Thérèse :
« Liotard travaille au portrait de l’archiduchesse et je compte que votre majesté le recevra dans le courant de janvier prochain.»
Le 24 décembre 1770
Le duc de Choiseul (1719-1785) , l’un des principaux artisans du mariage franco-autrichien ( il était chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770), est exilé à cause de son orientation libérale dont la pratique politique s’apparente à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue.

Mercy doit entreprendre une triple action auprès de l’Impératrice :
– obtenir qu’elle désavoue les conseils qu’elle avait tout d’abord donnés à sa fille de ne se conduire que d’après les avis de Mesdames ; qu’elle les aide, lui et l’abbé de Vermond à combattre leur influence sur Marie-Antoinette
– lui donner le change sur la colère grandissante de Louis XV contre la Dauphine en attribuant cette colère au refus de la jeune femme de traiter poliment Madame du Barry et les gens de la société du Roi, et aux conseils qu’Elle est supposée donner à Son mari s’imiter Sa conduite à leur égard.
– lui faire admettre progressivement que les gens du parti dominant ennemis de Choiseul, que la favorite elle-même, sont ses nouveaux alliés pour la Dauphine et contre le Dauphin.
Paul et Pierrette Girault de Coursac
Le 30 décembre 1770
Marie-Antoinette a Ses règles.
1771
En janvier 1771
« Je fus à Versailles, au bal de Madame la Dauphine et j’y fis événement. Tout le monde m’entoura pour me demander des nouvelles de Chanteloup et tout le monde semblait me savoir gré de mon courage. Je ne jouai de ma vie un plus beau rôle. Madame la Dauphine vint à moi avec cette grâce déjà inséparable de ses actions et me dit :
« Comment se porte Monsieur de Choiseul? Quand vous le reverrez, dites-lui que je n’oublierai jamais ce que je lui dois et que je prendrai toujours pour lui l’intérêt le plus sincère.»
Je retournai à Chanteloup après ma garde pour raconter cela à Monsieur de Choiseul et j’y passai tout le reste du temps où je n’étais pas de service.»
Armand-Louis , duc de Lauzun
Le 6 janvier 1771
« Un autre courrier vint nous porter la disgrâce des Choiseul. J’avoue, j’en suis bien affectée… N’oubliez jamais que votre établissement était l’ouvrage des Choiseul, qu’ainsi vous n’oublierez jamais de leur devoir de la reconnaissance… mais ne vous laissez induire dans aucune faction, restez neutre en tout ; faites votre salut, l’agrément du Roi et la volonté de votre époux.»
Marie-Thérèse à Marie-Antoinette
Le 23 janvier 1771
« Quant aux grâces naturelles , il est impossible de les posséder à un degré plus marqué et d’en faire un meilleur usage : en cela S.A.R. ne s’est jamais oubliée ou démentie un instant. A l’occasion des bals qui se donnent tous les lundis à Versailles, il n’est sorte d’attention ou de bonté que Madame la Dauphine ne fasse éprouver à ceux qui s’y trouvent. Personne n’est oublié, tout le monde sort enchanté de ces petites fêtes.»
L’abbé de Vermond à Marie-Thérèse
Le 26 janvier 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 13 février 1771
« Il n’est encore rien survenu relativement aux projets que paraissait avoir formé le Dauphin de vivre avec la Dauphine dans l’intimité que comporte leur union. Cette conduite qui ne tient qu’au moral, n’en est pas moins inexplicable et fâcheuse ; je tâche d’employer tous les moyens possibles pour éloigner de l’esprit de Madame l’Archiduchesse toute réflexion sur cet objet, en ne lui présentant que les beaux côtés de sa position, c’est à dire la certitude d’être aimée par le prince son époux et de posséder sa confiance. La santé de S.A.R. est parfaite et s’annonce par la régularité de ses règles qu’elle a eues le 26 de janvier ; toute sa figure embellit, sa taille est bien remise par l’usage des corps de baleines, et Mme la Dauphine observe maintenant avec assez de soin tout ce qui tient à la propreté et à la parure.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 14 février 1771
Mariage du comte de Provence, frère du Dauphin et de Marie-Joséphine de Savoie.

Le 22 février 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 25 février 1771
« Les bals de cour ont été continués tous les lundis du Carnaval, et Madame la Dauphine a rendu ces fêtes charmantes par les grâces dont elle a comblé les dames qui y ont été admises.»
Mercy à Marie-Thérèse


Le 17 mars 1771
« Quoique le mariage tarde à être consommé, je remarque depuis quelques semaines plus de familiarité et de mystère entre M. le Dauphin et Mme la Dauphine. S.A.R. qui parlait souvent et même un peu légèrement de sa position, est maintenant silencieuse sur ce chapitre, et j’en augure des suites d’autant plus certaines que M. le Dauphin est réellement amoureux de Mme l’Archiduchesse.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 21 mars 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Dans la nuit du 21 au 22 mars 1771
« Monsieur le Dauphin a passé la nuit avec Madame la Dauphine.»
Mercy
Le 22 mars 1771
« Votre Eminence partagera sûrement ma joie, Monsieur le Dauphin a passé la nuit avec Madame la Dauphine. On a beaucoup parlé et de bonne amitié. Je compte qu’il reviendra ce soirs et les jours suivants. Madame la Dauphine avait promis de ne rien exiger, elle a tenu parole et la tiendra plusieurs jours, elle est dans temps de la générale (expression conventionnelle pour indiquer la venue des règles). Quelque besoin que j’ai de voir V.E., je ne crois pas pouvoir quitter dimanche Madame la Dauphine.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Le 9 avril 1771
Marie-Antoinette a Ses règles huit jours en avance.
Le 16 avril 1771
Mercy annonce enfin que le portrait de Marie-Antoinette par Liotard est sur le point de partir.
Le 4 mai 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 7 mai 1771
L’Impératrice se dit ravie des expéditions de Mercy, mais « du portrait moins, se tient-elle toujours aussi droite, est-elle coiffée ainsi ? J’attends le grand portrait de Liotard avec impatience (…) Si vous pouvez m’envoyer en attendant son habillement à cheval, chapeau sur la tête, en petit, si cela se peut, même si la ressemblance n’y est pas.»
A ne pas confondre avec celui de Kranzinger, dont la « ressemblance frappante » est à protéger à tout prix, pour ne pas gâcher le plaisir de la Sacrée Majesté.
Les 11, 12 et 13 mai 1771
Petit séjour à Fontainebleau pour accueillir Marie-Joséphine de Savoie.

Le 29 mai 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 6 juin 1771
Marie-Thérèse écrit à Mercy :
« J’attends toujours avec impatience le portrait de ma fille, supposant qu’il réussira mieux que celui en petit ; comme il a valu cependant 1800 livres de France à Liotard, je trouve qu’il est toujours le même »
Du 6 au 20 juin 1771
Séjour de Marie-Antoinette à Marly.
Le 22 juin 1771
« Depuis quelques semaines, Madame la Dauphine a repris la coutume de jouer avec des enfants, et malheureusement sa première femme de chambre (madame Thierry) en a deux, c’est-à-dire un garçon de six à sept ans et une fille de douze, l’un et l’autre très bruyants, malpropres et remplis d’inconvénients. Madame l’Archiduchesse passe une grande partie de la journée avec ces enfants qui gâtent ses habits, déchirent et cassent les meubles et mettent le plus grand désordre dans l’arrangement des appartements … Lorsque S.A.R. s’est livrée quelques heures de suite à la dissipation, il est impossible de fixer son attention sur rien.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 23 juin 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Les 26, 27 et 28 juin 1771
La Dauphine garde la chambre. Sa maladie semble être la suite de Son imprudence d’être allée se promener à cheval en étant déjà enrhumée et ayant Ses règles.

Kirten Dunst dans Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Le Dauphin réprimande sa femme pour les imprudences qu’Elle a prises et le peu de soin qu’Elle prend de Sa santé.
Avant le séjour de Compiègne
Le Dauphin fait signifier à l’abbé de Vermond de sortir lorsqu’il l’entend annoncer ou qu’il le voit entrer chez la Dauphine.
Le 15 juillet 1771
Départ de la Cour pour Compiègne.
Le 18 juillet 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 11 août 1771
Sous l’influence de Sa mère et de Ses tuteurs, Marie-Antoinette se prépare à mettre un terme au silence qu’Elle impose à la maîtresse du Roi, lors d’une mise en scène rigoureusement planifiée. Madame du Barry se rend, comme convenu, au cercle de la Dauphine : la Cour au grand complet guette les deux femmes. Mais alors que Marie-Antoinette s’approche de la favorite pour, enfin, lui adresser un mot, Madame Adélaïde, mise dans la confidence par la jeune Dauphine, L’en empêche en s’écriant :
« Il est temps de s’en aller ! Partons, nous irons attendre le Roi chez ma sœur Victoire !»

Coupée dans Son élan, Marie-Antoinette lui emboîte le pas, plantant là Madame du Barry humiliée, au milieu de la Cour témoin de ce terrible affront.

Le conflit Dauphine/ favorite vu dans la série télévisée Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc
Elle est encouragée par le clan Choiseul et Mesdames, filles de Louis XV.
Le 12 août 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 6 septembre 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 1er octobre 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 7 octobre au 19 novembre 1771
Séjour de la Cour à Fontainebleau

Le couple delphinal par Martin van Meytens (1771)
Le 14 octobre 1771
Bal à Fontainebleau
Le 26 octobre 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 28 octobre 1771
Bal à Fontainebleau
Le 3 novembre 1771
Chasse à courre : après avoir suivi en voiture, Marie-Antoinette monte à cheval.

Marie-Antoinette
Le 4 novembre 1771
Bal à Fontainebleau
Le 9 novembre 1771
Spectacle : Zémire et Azor d’André Grétry
Le 11 novembre 1771
Bal à Fontainebleau
Le 13 novembre 1771
La Dauphine se rend à la chasse du cerf. Elle est tant soit peu enrhumée, et le Dauphin a l’attention d’exiger de sa femme reste dans une voiture fermée et ne monte pas dans les calèches qui servent en de pareilles occasions.
Le 15 novembre 1771
Le Dauphin vient dans l’après-midi dans le cabinet de la Dauphine. L’abbé de Vermont qui était avec Elle se retire dans la pièce voisines où sont les femmes de chambre.
Le 20 novembre 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 15 décembre 1771
Marie-Antoinette a Ses règles.
1772
Le 1er janvier 1772
Images colorisées de Marie-Antoinette (1938) de Van Dyke
Alors que la comtesse Du Barry, entourée de la duchesse d’Aiguillon et de la maréchale de Mirepoix, se présente au lever de la Dauphine au milieu d’une foule nombreuse, Marie-Antoinette prononce les paroles tant attendues, quelques mots restés célèbres :
« Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles »
C’est tout.



La scène dans la série télévisée Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc
« Je lui ai parlé une fois, mais je suis bien décidée à en rester là et cette femme n’entendra plus jamais le son de ma voix.»
Elle tiendra parole !
Le 9 janvier 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 23 janvier 1772
« Les amusement de cet hiver consistent rn deux spectacles par semaine et un bal. Madame la Dauphine y paraît avec toutes les grâces possibles. Elle danse mieux que par le passé.»
Mercy à Marie-Thérèse
Les 25 et 26 janvier 1772
Séjour de Marie-Antoinette à Marly.
Le 3 février 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 28 février 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 24 mars 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.

Kirsten Dunst dans Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Le 18 avril 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 13 mai 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
En juin 1772
La Dauphine reçoit le duc de Chartres accompagné du duc de Lauzun. Chartres conduit lui-même sa voiture légère à la mode anglaise et nul valet ne les accompagne.
Le 7 juin 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 2 juillet 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 9 août 1772
Marie-Antoinette a Ses règles avec un retard de treize jours.
Le 3 septembre 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 8 septembre 1772
« Vous me reprochez, ma chère Christine, de ne pas t’avoir parlé de mes belles petites sœurs Clotilde et Elisabeth ; c’est vrai que je n’en ai pas eu l’occasion. Leur éducation n’est pas encore finie, elles sont confiées à une dame, Madame de Marsan, et en été, je les vois peu, alors que je les vois souvent quand elles sont à Versailles.
Marie-Antoinette à Sa sœur Marie-Christine
Madame, c’est-à-dire Clotilde, reste ce qu’elle était, une petite fille très gentille, souriante, ouverte, qui veut plaire à tout le monde et peut être aimée par tout le monde. À treize ans, elle est raisonnable comme si elle avait vingt ans. Elisabeth a huit ans et demande beaucoup d’attention à son éducation.
Clotilde a enchanté tout le monde à la fête [il s’agit d’une fête offerte par les deux sœurs] saluant toutes les dames avec un bisou sur la joue l’une après l’autre, alors qu’Elisabeth leur a offert sa main à embrasser.
Au revoir chère sœur, je vous embrasse sur les deux joues.»
![Marie Antoinette, dauphine of France; engraving by Johann Elias Haid. 18th century. [credit: Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie]](https://66.media.tumblr.com/d895034eb69efc1f13df0b8ef6cdf762/tumblr_oshvqtw4sz1qatfdco1_500.jpg)
Marie-Antoinette, Dauphine
On remarque l’estime de Marie-Antoinette pour Clotilde mais aussi l’affection pour Sa sœur Marie-Christine. La relation entre Christine et Marie-Antoinette deviendra plus compliquée au fil des ans, mais leur correspondance est restée affectueuse pendant un certain temps. Deux ans seulement avant Sa mort, Marie-Antoinette se réconciliera avec Sa sœur à qui Elle enverra ses bijoux avant la fuite de Varennes.
Le 28 septembre 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 6 octobre au 17 novembre 1772
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
![Portrait of Marie Antoinette by Joseph Diffred Duplessis, 1772. [credit: © Château de Versailles, Dist. RMN-Grand Palais / Christophe Fouin]](https://66.media.tumblr.com/3e14ebb6ad04200372cbe706e316ef87/tumblr_ocowurr1hJ1qatfdco1_500.jpg)
Marie-Antoinette (1772) par Duplessis
Le 23 octobre 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 3 novembre 1772
Lord et Lady Spencer et leur fille Georgiana, future duchesse de Devonshire sont de visite en France. Celle-ci se lie d’amitié avec Marie-Antoinette. Les deux femmes conserveront une tendre correspondance épistolaire jusqu’à la révolution.
Est-ce lors de cette visite que Georgiana offre un bichon à la Dauphine ?

Niche d’un chien de Marie-Antoinette par Claude Sene ( vers 1775)
Le 3 novembre 1772

Georgiana Spencer par Joshua Reynolds
Lord et Lady Spencer et leur fille Georgiana, future duchesse de Devonshire sont de visite en France.
« Le soir venu, c’est dans le salon de Mars éblouissant de lumières que Marie-Antoinette apparut aux Spencer. Le regard de la jeune Dauphine se posa sur celui de Georgiana séduite par tant de charme et de beauté. Début d’une vive et durable amitié, un penchant soudain attira l’une vers l’autre la jeune Anglaise et la future Reine de France.»
G. Castel-Çagarriga
Le 5 novembre 1772
La Dauphine monte à cheval. Elle est vêtue en grand uniforme de chasse.

Marie-Antoinette, en amazone ou habit de chasse, par l’Autrichien Joseph Krantzinger
Le 17 novembre 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.

Le 12 décembre 1772
Marie-Antoinette a Ses règles.
1773
En 1773, Marie-Antoinette commande deux portraits tissés, de Sa mère Marie-Thérèse d’Autriche et de Son frère Joseph II, à la Tapisserie des Gobelins et les fait encastrer en haut des miroirs, au-dessus de la cheminée et face à celle-ci. Les portraits sont exécutés par le lissier Michel-Henri Cozette (1744-1822).



dans la chambre de la Reine
Le 6 janvier 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 16 janvier 1773
« Madame la Dauphine se montre à ces bals avec toutes les grâces possibles.»
Mercy à Marie-Thérèse

Le 31 janvier 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 11 février 1773
La Dauphine se rend incognito à Paris avec son époux et le comte et la comtesse de Provence au bal masqué de l’Opéra.

Le Bal des Ifs, sous Louis XV par François Nicolas Martinet
Le 25 février 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 22 mars 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 16 avril 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 11 mai 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.

A Saint-Hubert, le Dauphin révèle à son grand-père que le mariage est consommé. Marie-Antoinette n’est pas là puisqu’Elle ne va jamais aux petits voyages de chasse du Roi.
Le 12 mai 1773
Le Dauphin a un accès de fièvre.
Le Roi parle à la Dauphine de la nouvelle quant à la consommation du mariage et , malgré la réticence de la princesse, il la publie. Elle se répand aussitôt «pendant que M. le Dauphin prend médecine», précise Vermond.
Le 17 mai 1773
« Le bruit court ici que Monsieur le Dauphin est véritablement mon mari, mais il n’en est rien encore, quoique je crois que cette maladie nous a fait grand tort, étant un peu plus avancés qu’à l’ordinaire. Cela aurait pu finir plus tôt, au lieu qu’à cette heure cela sera encore bien reculé.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
Le 5 juin 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 8 juin 1773
Le Dauphin et la Dauphine font leur entrée officielle à Paris.
L’entrée solennelle à Paris du Dauphin et de la Dauphine
C’est un triomphe populaire.
![“[Louis XVI] spoke to his august consort in an infinitely cordial and tender manner, saying among other things that he loved her with all his heart and that he could swear to her he had never had the least feeling or sentiment for any woman, but for...](https://66.media.tumblr.com/27adf92ee2362fec771c3ddf6489ff52/tumblr_oq21n4jwhq1qatfdco1_500.gifv)
Image de Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy
Le 30 juin 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 8 juillet 1773
La Cour arrive à Compiègne.
Le 17 juillet 1773
« Je puis bien dire à ma chère maman et à elle seule que depuis que nous sommes arrivés ici (à Compiègne), mes affaires sont fort avancées, et je crois le mariage consommé quoique pas dans le cas d’être grosse ; c’est pour cela même que Monsieur le Dauphin ne veut pas qu’on le sache encore. Quel bonheur si j’avais un enfant au mois de mai. Pour mes règles, je les ai toujours fort et bien, vous pouvez bien croire que je ne monte à cheval dans ce temps-là.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
« J’ai lieu de croire que les tentatives pour la consommation du mariage ont été réitérées, mais avec des succès incomplets. Les médecins ont engagé M. le Dauphin à faire usage d’une préparation de limaille de fer, c’est un corroborant tonique très communément employé, et que l’on croit le plus convenable à l’état du jeune prince.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 31 juillet 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
A partir d’août 1773
Mercy se montre particulièrement scrupuleux dans ses rapports à l’Impératrice quant au danger qu’il y a pour la Dauphine à monter à cheval, maintenant qu’un changement favorable s’est produit dans l’état de Son mariage.
Le 14 août 1773
A une petite fête donnée par Madame de Durfort :
« Dans ces sortes de circonstances, il est impossible de déployer plus de grâces et de bonté que n’en marque Madame l’Archiduchesse.»
Mercy à Marie-Thérèse
« Je suis vivement et profondément blessé du silence que garde avec moi Madame la Dauphine sur les dispositions de Monsieur le Dauphin à mon égard; il est probable que depuis deux ans elle ne lui a pas parlé de moi.»
L’abbé de Vermond
Le 25 août 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 16 septembre 1773
Un spectacle est donné chez Madame de Durfort :
« Monsieur le Dauphin y paraît fort gai, parlant à tout le monde, et Madame la Dauphine y déploie les grâces qui causent toujours un nouvel enchantement à tous ceux qui ont l’honneur de l’approcher rn semblables occasions.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 26 septembre 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 6 octobre au 14 novembre 1773
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le 16 octobre 1773
Accident de Pierre Grimpier, vigneron d’Archères, âgé de trente ans et père de trois enfants, lors d’une chasse du Roi : il est grièvement blessé à la cuisse et au corps par un cerf poursuivi par la meute.
« Madame, il vient d’arriver un malheur affreux ; le cerf a sauté dans le jardin d’un pauvre vigneron, qui a été effrayé ; il a voulu fuir, le cerf l’ a tué. C’est sa malheureuse femme qui vient par ses cris de m’apprendre ce malheur. J’ai envoyé sur-le-champ du monde pour la secourir, et j’ai envoyé au rendez-vous pour avoir le chirurgien. Il n’a que trente ans et trois enfants dont j’aurai soin ; mais la pauvre femme, cela ne lui rendra pas son homme. […]»
Louis XV à Marie-Antoinette

« Madame la Dauphine suivait le roi à la chasse dans une voiture découverte, lorsqu’il se produisit un événement bien fâcheux. Le cerf, poursuivi de près par les chiens, sauta dans un jardin clos que travaillait alors son propriétaire. L’animal, qui ne voyait aucune issue, devint furieux… et encorna [l’homme] deux fois, une à la cuisse, l’autre au corps, le laissant mortellement blessé.
La femme du misérable… prise de désespoir, courut vers un groupe de chasseurs qu’elle apercevait au loin. C’était le roi et sa suite. Elle a crié à l’aide, annonçant l’accident de son mari et, à ce moment-là, s’est évanouie. Le roi ordonna qu’on s’occupât d’elle et, après avoir donné des marques de compassion et de bonté, il poursuivit sa route…
Mme la Dauphine, qui était revenue, descendit de voiture, courut vers la femme, et lui tendit du parfum au nez, qui la fit sortir de son évanouissement. Mme la Dauphine lui a donné tout l’argent qu’elle avait sur elle, mais ce qui était encore plus admirable, c’était la manière bienveillante et consolante dont SAR parlait à la pauvre femme. Enfin, Mme l’Archiduchesse, touchée, versa des larmes et, à ce moment-là, fit faire de même à plus d’une centaine de spectateurs…
Puis, ayant réclamé sa voiture, Mme la Dauphine donna l’ordre de reconduire la paysanne à sa chaumière qui était dans un hameau voisin *. Son Altesse Royale attendait sur place le retour de sa voiture; elle s’enquiert de la prise en charge du blessé… Je ne puis décrire à Votre Majesté la grandeur ou l’intensité de la sensation provoquée par l’événement, non seulement parmi les courtisans, mais plus encore parmi les habitants de Fontainebleau….
Le public de Paris [semble très ému] chaque fois que le nom de Mme la Dauphine revient, il évoque un cri universel de joie et d’admiration.»
Mercy à Marie-Thérèse


La Dauphine et la comtesse de Provence descendent de voiture pour porter assistance à l’homme et sa famille.

La scène va marquer les esprits.
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Le 18 octobre 1773
Spectacle à Fontainebleau.
Le 21 octobre 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 23 octobre 1773
Comédie, La Rosière de Salency
Le 24 octobre 1773
Commencement du carnaval … une bonne excuse pour la Dauphine pour dormir seule. Cette fois encore, Elle fait de Son mieux pour éluder la promesse que Son mari Lui a arrachée.
Le 28 octobre 1773
Bal de la Dauphine.

Le 31 octobre 1773
Présentation de l’ambassadrice du Portugal, la comtesse de Souza, née Canillac.
Le 15 novembre 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 16 novembre 1773
Mariage du comte d’Artois, frère du Dauphin et de Marie-Thérèse de Savoie, sœur de la comtesse de Provence.

Marie-Thérèse redoute pour sa fille ce renforcement du clan savoyard à la Cour de France.

Le 19 novembre 1773
Bal paré et feu d’artifices au château de Versailles.
Marie-Antoinette qui avait, depuis deux jours, une légère indisposition, assiste à ce divertissement d’une loge accompagnée de Madame Elisabeth.

Le 24 novembre 1773
Bal masqué au château de Versailles.
Le 10 décembre 1773
Marie-Antoinette a Ses règles.
1774
Le 4 janvier 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 19 janvier 1774
Aux bals données par Madame de Noailles:
« Madame l’Archiduchesse y est toujours remplie de grâces et de bonté et enchante tous ceux qui sont admis à lui faire leur cour.»
Mercy à Marie-Thérèse
Mercy insiste de nouveau sur les conséquences pour le Dauphin des fatigues de la chasse.
Le 29 janvier 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 30 janvier 1774
Marie-Antoinette rencontre Axel de Fersen lors d’un bal à l’Opéra.

Emmanuelle Béart et Laurent Le Doyen dans Marie-Antoinette,
Reine d’un Seul Amour (1988) de Caroline Huppert




Le 23 février 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 20 mars 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Printemps 1774
On assiste, pendant le carnaval, au début de la faveur de la princesse de Lamballe.

Le 4 avril 1774
Le Dauphin a les oreillons.
Le 14 avril 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 19 avril 1774
Iphigénie en Aulide de Gluck triomphe lors de sa création à l’Opéra grâce au soutien de la Dauphine.
Kirsten Dunst incarne la Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006)
Le 27 avril 1774
Louis XV revient malade de Trianon.
Le 29 avril 1774
On diagnostique la petite vérole du Roi.
Le 30 avril 1774
Tout Paris accourt. Pour ne pas inquiéter le Roi, on ne lui parle que d’une fièvre militaire. Il montre ses boutons d’un air étonné. Ses filles le gardent le jour, Madame du Barry pendant la nuit. Louis XV est dérangé par les soins de ses filles.
Le 1er mai 1774
Le Roi se porte mieux, on continue donc à lui cacher la gravité de son mal.
Le 2 mai 1774
La nuit du Roi est calme ; l’éruption très abondante se continue sans accident.
Le 4 mai 1774
Le Roi congédie madame du Barry et l’envoie à Rueil.
A six heures du soir, il demande à Laborde, son premier valet, d’aller chercher Jeanne du Barry.
« –Elle est partie à Rueil, Sire!
-Ah! déjà ! »
Le 6 mai 1774
Il faut deux jours au Roi pour décider à se confesser.
Le soir, l’éruption qui a failli s’arrêter passe au pourpre.
Le 7 mai 1774
Le Roi reprend un peu de forces, «sa mine donne toute espérance». Cependant beaucoup de gens le regardent comme perdu. La conduite extérieure est toujours aussi bonne.
Le 8 mai 1774
L’agonie de Louis XV commence. On dispose une chandelle à la fenêtre de sa chambre. On l’éteindra en même temps que lui.

Image de Marie-Antoinette (2005) d’Alain Brunard

Norma Shearer
Le Dauphin et la Dauphine s’attendent à monter bientôt sur le trône…
« Dans une conjoncture si critique et si délicate, Madame la Dauphine a tenu la conduite d’un ange, et je ne puis comprimer mon admiration de sa piété, de sa prudence, de sa raison ; tout le public en est enchanté, et certainement à juste titre. S.A.R. s’est tenue dans la plus parfaite retraite même pour les personnes de son service, hors la famille royale. Elle n’a vu que l’abbé de Vermond et moi, c’est à dire pour s’entretenir et parler de suite.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 9 mai 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
L’état du Roi s’aggrave : les croûtes et les boutons séchés deviennent noirs, la filtration se fait en dedans et on remarque des eschares dans la gorge qui l’empêchent d’avaler.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt à trois heures et quart de l’après-midi

Louis XV

Le Dauphin devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Louis XV à peine mort, les courtisans se ruent vers le nouveau Roi.
Le petit-fils du défunt Roi, âgé de vingt ans, est tout de suite effrayé par le poids des responsabilités, plus qu’enivré par son nouveau pouvoir.

La nouvelle Reine Marie-Antoinette soupire :
« Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! »




Image de Marie Antoinette: La véritable histoire (2006)

Du 10 au 17 mai 1774
Séjour de la Cour au château de Choisy.

Le renvoi de Madame du Barry et l’exil du duc d’Aiguillon, ennemis du duc de Choiseul, sont vus comme des triomphes de la nouvelle souveraine.
« La créature est mise au couvent et tout ce qui porte ce nom de scandale est chassé de la Cour!»
Marie-Antoinette à Sa mère

Le duc d’Aiguillon
Sur les conseils de Madame Adélaïde, sa tante, Louis XVI fait entrer Maurepas au gouvernement.

Le 12 mai 1774
Madame du Barry reçoit à Rueil la lettre de cachet la reléguant à l’abbaye du Pont-aux-Dames, près de Meaux.
Du 17 mai au 16 juin 1774
Séjour de la Cour au château de La Muette.
Le 19 mai 1774
La vérole s’étant déclarée chez Mesdames qui sont restées auprès de leur père jusqu’au bout, la Cour quitte Choisy pour le château de La Muette.
Le 24 mai 1774
Le Roi offre le Petit Trianon à Marie-Antoinette qui souhaite avoir une résidence de campagne où échapper aux contraintes de Son rang. Elle y engage de grands travaux.
La ceinture de la Reine Marie-Antoinette
« Il existait encore chez les Français un sage antique et galant, dont les reines de France avaient désiré la conservation. A la mort du roi, les Français payaient à la nouvelle reine un droit connu sous le nom de ceinture de la reine. Marie-Antoinette apprend que ce droit pèse sur les classes les plus infortunées; que les privilégiés ont trouvé moyen de ne pas y contribuer : elle supplie le roi de s’opposer à sa perception. Cet acte généreux plaît à Louis XVI ; et l’universalité de la nation applaudit au désintéressement, à la bienfaisance de la jeune reine. La poésie devait conserver le souvenir de ce sacrifice. Le comte de Coutourelle se fit l’organe du peuple reconnaissant; il adressa à la reine le quatrain que nous citons :
Mémoires de Weber, frère de lait de Marie-Antoinette, reine de France
« Vous renoncez, charmante souveraine. Au plus beau de vos revenus. A quoi vous servirait la ceinture de reine ? Vous avez celle de Vénus. »
Le 3 juin 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 6 juin 1774
Marie-Antoinette pend la crémaillère de Sa nouvelle possession, en compagnie de Madame Clotilde (1759-1802), les Provence et les Artois, Ses belles-sœurs et beaux-frères et son royal époux qui, peu de temps après, lui remet la clef du domaine sertie de 531 diamants, exécutée par le serrurier François Brochois et l’orfèvre-joaillier Michel Maillar.
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Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Le 7 juin 1774
Le Roi dîne avec la Reine au Petit Trianon.
Du 17 juin au 1er août 1774
Séjour de la Cour au château de Marly… durant lequel, Marie-Jeanne Bertin (1747-1813) est présentée à la Reine par la duchesse de Chartres (1769-1821), belle-sœur de la princesse de Lamballe…

Très vite, la célèbre Mademoiselle Bertin devient la marchande de Mode attitrée de Marie-Antoinette.
Louis XVI, ses frères et la comtesse d’Artois se font inoculer.

Gabriel Dufay est Louis XVI dans le film de Thierry Binisti (2011)
Marie-Antoinette et la comtesse de Provence sont déjà immunisées contre la maladie. Mesdames Clotilde et Elisabeth sont jugées trop jeunes.
Le 28 juin 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 23 juillet 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Louis XVI et Marie-Antoinette reçoivent à dîner à Versailles
( texte et photographies de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Les soupers, qui ont lieu une à deux fois par semaine dans la Salle-à-Manger du premier étage, ont été institués à l’instigation de Marie-Antoinette.

Écoutant Sa mère et redoutant comme Elle la reprise des soupers de chasse, Elle avait devancé la menace en allumant un contre-feu :
« Les soupers de société devaient présenter bien avantages : celui de rapprocher les gens considérables et de mérité de la personne du Roi, d’en éloigner les sociétés de jeunes gens, de ne jamais séparer la Reine de son auguste époux» .
Mercy-Argenteau
Ils nécessitent un véritable bouleversement de l’Etiquette : l’abolition de la règle qui interdit aux Reines et aux Princesses de manger à la même table que des hommes qui n’appartiennent pas à la Famille Royale.

Dans un premier temps, Louis XVI dresse la liste des hommes conviés et la Reine, celle des femmes. Plus tard, ce sera le Roi qui la dressera le matin, la faisant porter à la Reine qui enverra à Paris Ses pages inviter les épouses de ceux qu’il aura choisis.


Les Dames, suivies des hommes, traversent les cabinets, puis la Salle-à-Manger et la Salle des Buffet et viennent se tenir un court instant dans le Salon. Le Contrôleur de la Bouche annonce que Leurs Majestés sont servies, et tous les invités refluent vers la Salle-à-Manger.

Dans les premiers temps, tous les convives sont assis autour de la table. Mais leur nombre augmentant jusqu’à plus de cinquante, même la table à rallonges de plus de six mètres, ne suffira pas. Les Seigneurs se disputent la place à une seconde petite table pour ne pas devoir se contenter de manger un morceau, debout, au buffet.

Du 1er août au 1er septembre 1774
Séjour de la Cour au château de Compiègne.
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Le 1er septembre 1774
Marie-Antoinette a Ses règles avec quinze jours de retard.
Le 26 septembre 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 5 au 10 octobre 1774

Séjour de la Cour au château de Choisy.
Du 10 octobre au 10 novembre 1774
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Tous les matins, la Reine reçoit une leçon de harpe d’une heure et demi voire deux heures.

Le 17 novembre 1774
A l’occasion des soupers dans les Cabinets:
« Cet établissement (des soupers) est devenu une nouvelle occasion pour la Reine à déployer les grâces vraiment charmantes qu’elle sait marquer à ceux qu’elle veut bien traiter.»
L’abbé de Vermond à Marie-Thérèse
Le 21 octobre 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 2 novembre 1774
Chasse en calèche.
Les 11 et 12 novembre 1774
Séjour de Louis XVI à La Muette.

Le 12 novembre 1774
Retour au château de Versailles.

Louis XVI rappelle les parlements.
Louis XVI par Roslin
Le 15 novembre 1774
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 27 novembre 1774
La jeune Reine se promène en traîneau… Le cocher tombe, le cheval s’emballe mais Marie-Antoinette parvient à prendre les rênes et à conduire sans difficulté le traîneau sans dommage.

Les fantaisies de la jeune Reine ne vont pas tarder à se transformer en «affaires». On n’avait encore jamais vu pareille extravagance !
Le 28 novembre 1774
Malgré les frayeurs que la Cour a pu avoir la veille, Marie-Antoinette repart de plus belle en promenade en traîneau !
Louis XVI et Marie-Antoinette par J.-J. Bernard
Le 18 décembre 1774
A propos des soupers dans les Cabinets :
« La Reine sait tellement bien mettre ces occasions à profit que tout le monde est plus enchanté que jamais de ses grâces ; elles forment le sujet des conversations journalières dans Paris, et on y relève sans cesse quelque nouveau trait de bonté et de charme de la Reine.»
Mercy à Marie-Thérèse
Après le 18 décembre 1774
Marie-Antoinette a Ses règles : le retard est inconnu mais on le sait supérieur à huit jours.
1775
Le 1er janvier 1775
Les princes et princesses, ainsi que les seigneurs et dames de la Cour, rendent leurs respects à Leurs Majestés, à l’occasion de la nouvelle année.
– Le Corps de Ville de Paris, ayant à sa tête le duc de Brissac, gouverneur de cette ville, s’acquitte du même devoir. Les hautbois de la Chambre exécutent, pendant le lever du Roi, plusieurs morceaux de musique.
Les chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, s’étant assemblés dans le cabinet du Roi, vers les onze heures du matin, Sa Majesté sort de son appartement, et se rend à la Chapelle, précédée de Monsieur, du comte d’Artois, du duc d’Orléans, du duc de Chartres, du prince de Condé, du duc de Bourbon, du prince de Conti, du comte de la Marche, et des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre. Les deux huissiers de la chambre portaient leurs masses devant Sa Majesté, qui était revêtue du manteau royal, ayant par-dessus le collier de l’Ordre et celui de la Toison d’Or. L’archevêque de Paris, prélat commandeur, célèbre la grand-messe, à laquelle la Reine, Madame, et Madame Clotilde assistent dans la tribune. La duchesse de Mortemart fait la quête. La messe finie, le Roi est reconduit à son appartement en la manière accoutumée. Il y a le même jour, grand Couvert, pendant lequel les musiciens du Roi exécutent plusieurs symphonies.

Les chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre, assistent au service anniversaire qui se célèbre pour les chevaliers défunts. Sa Majesté a ordonné qu’ils y paraissent tous en grand deuil et en pleureuses, à cause de la mort du feu Roi, Grand-Maître et Chef de l’Ordre, décédé dans l’année. La Reine, Madame, et Madame la comtesse d’Artois, y assistent dans la Tribune.

Le 9 janvier 1775
Bal chez la Reine.
Le 23 janvier 1775
Mercy donne un bal auquel assiste le Roi.
Le 6 février 1775
Bal chez la Reine.
Le 7 février 1775
L’Archiduc Maximilien (1756-1801) rend visite à sa sœur. Il voyage sous le pseudonyme de comte de Burgau. Voilà bientôt cinq ans que Marie-Antoinette n’a pas vu Son petit frère.

Il apporte bien quelques recommandations et conseils de leur mère, qui risquent fort d’être désagréables à entendre, mais quelle joie de se revoir après si longtemps ! Marie-Antoinette entraîne l’Archiduc dans le tourbillon des fêtes de Versailles sans se soucier, une fois de plus, des règles protocolaires. Il en résultera quelques difficultés avec les princes du sang, quelques bévues qui entameront encore un peu plus le crédit de la Reine auprès de la Cour.

Une telle insouciance ne peut qu’exaspérer un peu plus le pauvre Mercy qui doit déployer des trésors d’imagination et de patience pour essayer de convaincre la Reine que Sa vie est auprès de son époux. Marie-Antoinette écoute, fait mine d’entendre pour oublier aussitôt et retourner à Ses distractions sans lesquelles, avoue-t-Elle, Elle mourrait d’ennui !…

Marie-Antoinette, le Roi Louis XVI de France et l’Archiduc Maximilien, huile sur toile de Joseph Hauzinger : le tableau est réalisé un an après l’événement ; Hauzinger, l’un des peintres de la cour de Marie-Thérèse, pour dépeindre la Reine, utilisa comme modèle l’une de Ses sœurs. On ne sait pas qui des trois présentes à la Cour de Marie-Anne, de Marie-Elizabeth ou de Marie-Christine. Celle-ci, même si elle était mariée, revenait pratiquement toujours aux côtés de sa mère et c’est sans doute celle à laquelle ont été demandées les séances. Selon, en effet, une dame de Marie-Thérèse qui avait eu l’occasion de revoir Marie-Antoinette, Marie-Christine était la sœur qui Lui ressemblait le plus.

C’est un échec en termes de relations publiques et le jeune homme est rapidement surnommé «l’Archibête».
Le 20 février 1775
Bal de nuit dans le salon d’Hercule.
Le 23 février 1775
Souper et bal la nuit chez la comtesse de Noailles.
Le 27 février 1775
Bal et fête de nuit à la Grande Ecurie.
Le 9 mars 1775
Course hippique dans la plaine des Sablons à laquelle la Reine et la famille royale assistent :
«Cette course consistait en un certain espace de terrain à parcourir plus ou moins promptement. Plusieurs seigneurs de la cour avaient fourni des coursiers sur lesquels ils avaient assis des paris considérables. Ils étaient montés par des palefreniers accoutumés à ces sortes d’exercices. Outre la famille royale, on comptait, du nombre des princes du sang, M. le duc de Chartres et M. le duc de Bourbon. Il y avait une estrade élevée pour placer S. M. et la cour. Le cheval de M. le duc de Lauzun a eu l’avantage. Ce cheval mourut peu de temps après.»
Mémoires du duc de Lauzun, édition Gallica
Le 17 mars 1775
« Quoique le Carnaval m’ait bien amusée, je conviens qu’il était temps qu’il finît. Nous sommes remis à cette heure dans notre train ordinaire, et j’en profiterai pour causer davantage avec le Roi qui est toujours de très bonne amitié avec moi.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
De fin mars à mai 1775
Les émeutes connues sous le nom de «guerre des farines» témoignent de la crainte de manquer de pain…
Le 30 mars 1775
Louis XVI interdit à son épouse d’assister aux courses hippiques :
«Le Roi ne voulut plus que la Reine prît part à ces fêtes (…) On parlait d’un bâtiment que la Ville avait fait ériger dans la plaine des Sablons en l’honneur de la Reine, pour que S. M. pût y voir plus à l’aise les courses de chevaux et autres spectacles de ce genre. Il est venu depuis un ordre du Roi pour le défaire. D’ailleurs la Reine ne cachait pas les sévérités que son mari montrait parfois contre elle.»
Mémoires du duc de Lauzun, édition Gallica
Le 1er avril 1775
« Je doute qu’on voudra accorder à la Reine la distinction d’être sacrée en même temps que le Roi. Vous faites très bien de vous tenir à l’écart, de même que ma fille, dans la poursuite de cette affaire.»
Marie-Thérèse à Mercy
Le 20 avril 1775
« Pendant huit jours, un rhume fort léger a interrompu les promenades à cheval ou en voiture que (la Dauphine) a coutume de faire quand le temps le permet.
Mercy à Marie-Thérèse
La Reine a toujours regardé avec la même indifférence l’idée de participer au sacre du Roi ; il a gardé le manuscrit qui lui avait été remis par le duc de Duras, et on n’en a plus parlé. Il paraît un autre livre sur les cérémonies de sacre des rois et des reines de France ; j’en ai joint un exemplaire aux autres brochures que j’adresse au baron de Neny.»
Le 9 mai 1775
« Le Roi est revenu coucher chez la Reine ; il y avait six semaines qu’il s’en abstenait, cet éloignement faisait tenir beaucoup de propos ; j’en ai importuné la Reine pendant trois semaines sans lui faire impression ; la certitude qu’elle avait des dispositions du Roi lui faisait hausser les épaules lorsque je lui disais qu’on persuadait au public diminution de confiance et d’affection.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Le 5 juin 1775
Toute la cour se met en route pour Compiègne.
Du 7 au 10 juin 1775
Séjour de la Cour au château de Compiègne.

Les 8 et 9 juin 1775
Louis XVI et Marie-Antoinette sont au château de Fismes.
Du 9 au 16 juin 1775
Le Roi et la Reine séjournent à Reims.
Le 10 juin 1775
On pratique les vêpres du sacre.
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI par Duplessis
Louis XVI est sacré à Reims.


La Reine n’est que spectatrice des cérémonies.
« Le sacre a été parfait […]. Les cérémonies de l’Église [furent] interrompues au moment du couronnement par les acclamations les plus touchantes. Je n’ai pu y tenir, mes larmes ont coulé malgré moi, et on m’en a su gré […]. C’est une chose étonnante et bien heureuse en même temps d’être si bien reçu deux mois après la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement continue »
Marie-Antoinette à Sa mère
Manteau du sacre de Charles X et réplique de la couronne de celui de Louis XV

Détail du collier de l’Ordre du Saint-Esprit

Louis XVI et Marie-Antoinette couronnés par l’Amour, 1775 (craie avec encre et peinture à l’eau), par Gabriel Jacques de Saint-Aubin

Le couple royal gardera un très bon souvenir de la cérémonie du Sacre et des festivités consécutives. Marie-Antoinette écrit à Sa mère que « le sacre a été parfait […]. Les cérémonies de l’Église [furent] interrompues au moment du couronnement par les acclamations les plus touchantes. Je n’ai pu y tenir, mes larmes ont coulé malgré moi, et on m’en a su gré […]. C’est une chose étonnante et bien heureuse en même temps d’être si bien reçu deux mois après la révolte, et malgré la cherté du pain, qui malheureusement.»

Du 16 au 19 juin 1775
Louis XVI et Marie-Antoinette repassent par le château de Compiègne.

Le 22 juin 1775
Marie-Antoinette écrit à Sa mère :
« La comtesse d’Artois poursuit sa grossesse ; elle est très heureuse et n’a aucune crainte de l’accouchement. Bien sûr, elle est tellement petite qu’elle a suffit qu’ils lui disent qu’ils ne lui laisseraient pas prendre la «médecine noire» pour qu’elle touche les étoiles de la joie.»
Marie-Antoinette
Qu ‘ est-ce que la «médecine noire» Marie-Antoinette ne le précise pas, mais, contrairement à ce qu’on peut penser, il ne devait pas s’agir d’une étrange potion sortie d’un laboratoire de sorcières Au lieu de cela, il s’agissait d’une thérapie très en vogue à l’époque : la saignée par les sangsues, d’où le terme «médecine noire», car les sangsues sont noires. La saignée avec les sangsues a été pendant des siècles la panacée pour toute maladie. De la grippe à la goutte. En remplacement de la saignée, le sang était surtout extrait pour décongestionner des organes internes, pour extraire du sang et des humeurs «corrompus». il semble qu’il était recommandé quand on avait subi une peur, à ceux qui étaient de pression élevée au moment du changement de saison, aux touchés d’attaques cardiaques et aux femmes au neuvième mois de grossesse. Bien sûr, sans douleur, la vue des sangsues visant à sucer le sang ne devait pas être «beau à voir», d’où la joie de la comtesse d’Artois.
En juillet 1775
Départ de Monsieur et de Madame autorisés à suivre la nouvelle princesse de Piémont dans sa patrie d’adoption et le séjour «de quinze jours dans le plus grand incognito à Chambéry».
La Reine écrit «qu’il est affreux pour moi, de ne pouvoir espérer le même bonheur.»
Marie-Antoinette piquée au vif s’enferme dans Ses appartements pour pleurer à Son aise d’autant que le comte et la comtesse de Provence expriment bruyamment leur joie. Elle ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec Marie-Joséphine ravie de revoir sa famille, alors que Joseph II tarde à La visiter…

Maximilien, Marie-Elisabeth, Marie-Anne et Joseph II autour de Marie-Thérèse… L’œuvre est de Marie-Christine !
Le 28 juillet 1775
Chasse au sanglier avec la Reine, dans la forêt de Marly. Dîné à quatre heures à Marly. La Reine a chassé et soupé.
Marie-Antoinette nage en plein bonheur. Elle a totalement oublié la morosité qui régnait à Versailles dans les premiers mois qui avaient suivi son arrivée en France. Ce sont tous Ses rêves d’enfant qui se réalisent. Pour Elle, être Reine, c’est avoir le loisir de faire tout ce qu’Elle souhaite quand Elle le souhaite. Elle peut maintenant donner libre cours à toutes Ses fantaisies et ne va pas s’en priver.
La jeune Reine garde, de Sa vie de Dauphine, la fâcheuse habitude de se moquer des vieilles gens qu’Elle appelle les «siècles»…
« ….. Passé trente ans, je ne comprends pas comment on ose paraître à la Cour… »
Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Cela est devenu si coutumier que l’on chantonne à Paris :
«Petite Reine de vingt ans,
Qui traitez aussi mal les gens,
Vous repasserez en Bavière.»
Aujourd’hui, la petite Reine de vingt ans est heureuse et Elle ne se soucie guère de ce que l’on peut dire ou écrire à Son sujet ! Elle a l’impression d’être revenue à la Cour de Vienne ; Elle a retrouvé Son insouciance de petite fille. Forte de ce sentiment de liberté, Marie-Antoinette brave de plus en plus souvent l’Étiquette afin de donner libre cours à Ses désirs.
Elle parcourt Versailles et Paris et se moque des usages parce que les usages L’ennuient. Et bien sûr, tout cela n’est pas du goût de tout le monde. Mesdames tantes du Roi, les Orléans, les Provence, et une bonne partie des courtisans estiment que la Reine, en se livrant à ces plaisirs inhabituels, ne tient pas son rang. Certains prétendent même qu’Elle fait offense à la noblesse du Roi de France.
Marie-Antoinette n’a que faire de leurs remarques ni même de leurs sarcasmes ou de leurs perfidies : le peuple L’aime. Elle en reçoit la démonstration chaque fois qu’Elle se montre en public. Ainsi, lorsqu’en Janvier elle se rend à l’Opéra de Paris pour entendre, une nouvelle fois, son maître Gluck, les Parisiens lui font un tel triomphe que des larmes de joie coulent sur ses joues. Que sont les remarques ironiques des courtisans à côté de ces témoignages d’affection qui viennent du peuple ?
La Reine est heureuse. Heureuse d’être aimée, heureuse d’avoir un mari qui La comble de bienfaits, heureuse de vivre ! C’est aussi que Louis XVI n’est pas mécontent de La voir s’occuper d’autre chose que de politique et il se sert de madame de Polignac pour La confiner dans ces préoccupations futiles…

Le 6 août 1775
Naissance de Louis-Antoine, duc d’Angoulême, fils du comte et de la comtesse d’Artois.
Les courtisans ont immédiatement été informés de la naissance d’un garçon, et le tollé, les applaudissements et les cris de joie dans les couloirs et les salons où les gens s’attendaient ont été entendus dans le château et même le pays.
Marie-Antoinette est restée avec Sa belle-sœur jusqu’à ce que cette dernière soit lavée et remise au lit, puis elle est retournée dans Ses appartements où Madame Campan l’attendait et a pleuré amèrement.
La stérilité du couple royal fait jaser…
Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Le 12 août 1775
« La comtesse d’Artois a joyeusement accouché le 6 à trois heures trois quarts ; il y a eu trois moments très douloureux, mais globalement le travail n’a pas duré plus de deux heures. « J’étais toujours dans sa chambre : il ne me sert à rien de dire à ma chère mère combien j’ai souffert en voyant un héritier pas le mien ; cependant à la fin, j’ai décidé que ni la mère ni le bébé ne me manqueraient aucune attention nécessaire. »
Marie-Antoinette à Sa mère
Le 20 août 1775
Mariage de Madame Clotilde, Gros Madame, et du prince de Piémont, futur Charles-Emmanuel IV de Sardaigne, frère des comtesses de Provence et d’Artois.

Comme pour les mariages des frères de Clotilde les années précédentes, la réception du Grand Appartement accueille les courtisans dans les salons de parade du château. La fureur du jeu s’empare bientôt des invités. Le grand public est admis à défiler dans la Galerie des Glaces, heureux de saisir un instant la tête d’un illustre personnage. Ensuite, toujours sous l’œil attentif de la foule, la famille royale se réunit dans la soirée à l’Opéra de Versailles pour le souper du Grand Couvert sous les airs de la musique du surintendant Dauvergne.
Le lendemain, 22 août 1775
Les festivités publiques reprennent, Madame Clotilde n’a plus un moment de répit !
Ainsi, malgré ce splendide bal paré donné pour elle, Madame Clotilde paraît bien éclipsée par sa belle-sœur… Comme en témoigne Horace Walpole :
« On ne pouvait avoir des yeux que pour la reine. Les Hébé et les Flores, les Hélène et les Grâces ne sont que des coureuses de rue à coté d’elle. Quand elle est debout ou assise, c’est la statue de la beauté ; quand elle se meut, c’est la grâce en personne. Elle avait une robe d’argent semée de laurier-roses, peu de diamants et de grandes plumes. On dit qu’elle ne danse pas en mesure, mais alors c’est la musique qui a tort.»
Ni son charme juvénile, ni ses doux yeux candides, ni la splendeur de ses atours ne peuvent rivaliser avec la majesté innée de Marie-Antoinette.
Le 25 août 1775
L’ambassadeur de Sardaigne, le comte de Viry (1736-1813), donne une grande fête à Paris au Vauxhall à la barrière de Vaugirard. Un feu d’artifice et un bal masqué accueillent «l’univers entier», 6000 personnes !
Le 26 août 1775
La représentation d’une tragédie «Le Connétable de Bourbon» de M. de Guibert clôture les fêtes.
La comtesse de Noailles a donné sa démission. Le Roi m’accorde Madame de Lamballe pour surintendante, Madame de Chimay qui était Dame d’atours, pour Dame d’honneur, et Madame de Mailly, qui était Dame à moi, pour Dame d’atours.
Le Mercure en septembre 1779
Le 15 septembre 1775
Voici une lettre de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse par laquelle la Reine informe Sa mère de la santé de la comtesse :
« La Comtesse d’Artois est toujours merveilleuse, elle était à la chapelle dimanche dernier, le jour où les cinq semaines étaient passées. Le roi a fait don de mille Louis pour sa naissance, et son mari des bracelets à paillettes avec une étui aussi ornée de paillettes et un portrait du fils.»
Le 19 septembre 1775
Marie-Antoinette octroie à la princesse de Lamballe le titre très lucratif de « surintendante de la Maison de la Reine », dont la charge consiste à organiser les plaisirs de celle-ci. Ce titre avait été aboli par Louis XV en raison de son coût.

Du 3 au 9 octobre 1775
La Cour est au château de Choisy.
Le 4 octobre 1775
Course hippique gagnée par le cheval du duc de Lauzun. Le jockey est un petit anglais récompensé par la Reine :
« C’est hier que le nouveau Newmarcket français a ouvert sa carrière. Il n’y a paru que quatre contendants, mais ils étaient de bonne sorte. C’était M. le comte d’Artois, M. le duc de Chartres, M. le duc de Lauzun et M. le marquis de Conflans. Le jockey du duc de Lauzun a gagné très lestement le prix, ou pour mieux dire la poule qui n’était que de vingt-cinq louis par tête de coureur. Le cheval vainqueur est bas-normand. La course a commencé vers une heure ; elle a été vive et n’a pas duré plus de six minutes, quoique la terrain parcouru soit très considérable, puisque c’était trois fois le tour de la plaine des Sablons.
On avait élevé dans le milieu un belvédère pour la Reine qui était belle comme le jour, et le jour était charmant. Elle a pris le plus grand plaisir à ce spectacle, s’est fait présenter le petit
anglais qui montait le cheval victorieux, a félicité le duc de Lauzun et consolé les vaincus avec une grâce infinie, en un mot elle n’a manqué à rien de ce qu’il faut faire pour être parfaitement aimable. Toute la cour et toute la ville se sont trouvés à cette course comme de raison. »(Correspondance secrète, t. II, p. 483.)
Le 6 octobre 1775
Une course de chevaux aux Sablons oppose Lauzun à Artois, Chartres, Guéménée, au marquis de Conflans et de Voyer, pour les plus prestigieux… La foule est énorme. La Reine a tant insisté pour être présente que le Roi a cédé. La course commence à une heure de l’après-midi. Elle ne dure que six minutes mais elle est âprement disputée puisqu’il faut faire trois fois le tour de la plaine des Sablons. Lauzun l’emporte sur ses adversaires. La Reine prend le plus grand plaisir à ce spectacle pendant lequel on trépigne, on crie, on siffle, on applaudit au milieu d’un vacarme enfiévré.

Course de chevaux sous le Premier Empire par Debucourt
Dès lors le succès des courses est tel qu’il y en aura presque chaque semaine, parfois en fonction des déplacements de la Cour, aux Sablons, à Vincennes, à La Muette, à Fontainebleau ou même à Rambouillet.

Du 9 octobre au 16 novembre 1775
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Le duc de Lauzun propose à la Reine un plan permettant à celle-ci de devenir la plus puissante souveraine d’Europe, en réunissant la France à la Russie de Catherine II dont il est aussi le favori et dont il assure avoir l’autorisation. Marie-Antoinette ne répond pas et lui demande du temps pour réfléchir.
Automne 1775
Marie-Antoinette se lie d’amitié avec la comtesse de Polignac, une jeune femme de peu de moyens mais dont elle apprécie la gaieté d’esprit. La Reine se montrera généreuse envers cette amie et tout son entourage…

A propos d’un autre projet prévoyant de placer le comte d’Artois sur le trône de Pologne, le duc de Lauzun revient à la charge quant à son plan de réunir la France et la Russie sous la houlette de Marie-Antoinette :
«et je vis avec une douleur inexplicable combien cela était au-dessus de ses forces et de son courage ; elle me montra tant d’effroi et si peu de caractère, que je dus dès lors ne plus compter sur elle.»
Mémoires du duc de Lauzun
Marie-Antoinette ne manque certainement pas de courage mais fait preuve ici tout simplement de réalisme. C’est à cette époque aussi que Marie-Antoinette subit une cour appuyée du duc de Lauzun (1747-1793) qui Lui offre une plume de héron qu’Elle portera en Sa coiffure, ce qu’il aura la prétention de considérer comme une marque de faveur.

En novembre 1775
Marie-Thérèse prévoit un voyage à Goritz pour connaître les enfants de son fils Léopold, grand duc de Toscane.
Le 4 novembre 1775
Courses de chevaux anglais.
Le 10 novembre 1775
Opéra, La Tragédie Menzikoff, pour lequel le Roi tient à payer les costumes.

Marie-Antoinette à la harpe (1775), par Gauthier-Dagoty
Madame de Polignac présente un feuillet à la souveraine.

On pourrait croire qu’une partition de musique ou les paroles d’une chanson y sont inscrites En réalité, il s’agit d’une supplique que le peintre s’est permis d’insérer, de façon très discrète, dans le portait :
A la Reine.
Madame,
Monsieur, J.B.G Dagoty ayant eut l’honneur de peindre Votre majesté et de lui faire plusieurs portraits la supplie humblement de vouloir bien lui permettre de porter le titre de son peintre.
En effet, il vient de devenir officiellement Peintre de la Reine ! Visiblement très heureux de la tournure prise par sa carrière d’artiste, Dagoty ne résista pas à l’auto célébration de son succès…

Simon-Louis Boizot, 1775
Buste de Marie-Antoinette en Diane chasseresse, coiffée d’une longue tresse torsadée,
vêtue d’une tunique de chasseresse et couverte de la peau d’un fauve.

Le 12 novembre 1775
« Le Roi paraît redoubler d’amitié et de confiance pour moi, et je n’ai rien à désirer de ce côté-là. Pour l’objet important qui inquiète la tendresse de ma chère maman, je suis bien fâchée de ne pouvoir rien lui apprendre de nouveau ; la nonchalance n’est sûrement pas de mon côté. Je sens plus que jamais combien cet article est intéressant pour mon sort ; mais ma chère maman doit juger que ma situation est embarrassante et que je n’ai guère d’autres moyens que la patience et la douceur. J’ai toujours bonne raison d’espérer, et le Roi couche habituellement chez moi.»
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse
Le 4 décembre 1775
Les bals de la Reine reprennent mais chez la princesse de Lamballe. Marie-Antoinette y impose ses invités. Ces bals, et les soupers qui suivent seront moins contraignants que chez elle.
1776
En janvier 1776
L’Impératrice a l’intention de venir à Bruxelles. De là, elle viendrait à la frontière belge où Marie-Antoinette et Louis XVI viendraient la retrouver. La joie de revoir Sa mère après six ans de séparation est peut-être mitigée dans le cœur de la Reine par la crainte que la vieille souveraine vienne Lui faire le reproche de l’état de Son mariage. Elle n’en est pas moins «extraordinairement émue» !
En février 1776
La Reine organise, dans la Galerie des Glaces, un bal masqué pour le carnaval dont le thème est le règne d’Henri IV.

Le 14 janvier 1776
« Nous avons ici une quantité de neige si grande qu’on en a point vu tant depuis des années aussi va-t-on en traîneaux comme à Vienne. Nous y avons été hier ici.»
Marie-Antoinette à Sa mère
Le 31 mars 1776
« Pour l’opération à faire au Roi, j’en souhaite le meilleur succès ; mais je n’y compte guère sans en voir l’effet.
Marie-Thérèse
Le 10 avril 1776
« Je suis bien touchée de tout ce que ma chère maman pense sur les enfants que j’aurais pu avoir ; j’ai toujours plus d’espérance, et je suis convaincue que l’opération n’est plus nécessaire.
Marie-Antoinette à Marie-Thérèse

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Avant le 23 avril 1776
Au début de l’année, Pierre-Charles Bonnefoy du Plan (1732-1824) est nommé concierge et intendant du garde-meuble du Petit Trianon.

Pierre-Charles Bonnefoy du Plan par Joseph Boze
Le 10 mai 1776
La nouvelle parvient à Versailles que le voyage de Goritz n’aura pas lieu. Marie-Antoinette en est d’abord très inquiète, puis Elle se rassure de savoir que la santé de Sa mère n’est pas en jeu dans cette décision.
C’est ainsi que se prépare la seconde visite en France de Joseph II, l’année suivante …
Le 16 mai 1776
« Je dois croire _et tout semble l’indiquer_ que la Reine se trouve en position à devenir grosse, mais elle seule peut et doit sur cet article important en dire davantage à V.M.»
Mercy à Marie-Thérèse
Cette fois la question des obstacles physiques est bien réglée et ne sera plus jamais soulevée sinon par des historiens modernes.

Du 8 juin au 11 juillet 1776
Séjour à Marly

Les comtes de Provence et d’Artois restent à Versailles atteints de rougeole.
Le 11 juillet 1776
Souper à Trianon.
Le 23 juillet 1776
Souper et spectacle à Trianon.

Les coiffures extravagantes en vogue au début du règne de Marie-Antoinette sont appelées des «poufs», parfois agrémentés de fruits, bibelots, oiseaux. C’est notamment Léonard Autier, coiffeur de la Reine, qui introduit de telles coiffures. L’une d’elles est si haute qu’elle est appelée «monte-au-ciel».

Ute Lemper dans L’Autrichienne (1990) de Pierre Granier-Deferre
Le 5 août 1776
Naissance de Sophie, dite Mademoiselle d’Artois, fille du comte et de la comtesse d’Artois.

Sophie de Bourbon (1776-1783), dite Mademoiselle d’Artois
En août 1776
Construction du jeu de bague.
Le Jeu de bague du jardin anglo-chinois de Marie-Antoinette
« Le goût n’est pas seulement aux jardins chinois ; on raffolait de chinoiseries de toutes sortes, on donne des fêtes. La Reine veut avoir à Trianon un jeu de bague chinois comme celui de Monceau. Un dessinateur, à la fin de l’année 1775, va prendre le croquis de ce dernier, et, dès les premiers jours de 1776, un modèle en relief est présenté à Marie-Antoinette qui l’approuve.
Le Petit Trianon : histoire et description de Gustave Adolphe Desjardins
Le jeu de bague de Monceau consistait en un vaste parasol autour duquel tournait une plate-forme. Deux chimères caparaçonnées portaient les hommes. Les dames s’asseyaient sur deux sièges que des chinois à demi couchés tenaient de côté à bras tendus. Les bagues sortaient de lanternes suspendues au bord du parasol.
En imitant ce jeu à Trianon, Richard Mique l’embellit et l’amplifie. On a creusé, à l’ouest de la terrasse du château, une fosse destinée à cacher le mécanisme et les hommes chargés de le mouvoir. Au niveau du sol, une plate-forme pivote autour d’un mât couronné par un immense parasol. Ce mât est soutenu par un groupe de trois chinois, dont les corps évidés et les mains couvertes de plomb cachent les ferrures qui assurent la solidité de la construction. Au sommet du parasol, tourne une girouette ornée de deux dragons dorés. Quatre dragons ou chimères, à cornes de cuivre, servant de monture aux hommes, alternent avec autant de paons dont la croupe offre des sièges aux dames. Des chapeaux chinois font entendre leurs clochettes quand la mécanique est en mouvement. Toutes les sculptures, en chêne des Vosges et de Hollande, sont exécutées par Bocciardi (sculpteur ordinaire des Menus Plaisirs du Roi). Les bagues sortent de carquois disposés autour de la plate-forme. Plus tard, le choc de la lance fatiguant la reine, on imagine un jeu de balles que le mémoire du mécanicien Merklein qualifie aussi de jeu chinois.»
La rivière du Hameau est creusée.
L’orangerie de Trianon est aménagée en théâtre.
Le 10 août 1776
Souper à Trianon

Le 13 août 1776
Souper à Trianon.

Le 17 août 1776
Mercy écrit :
« Le duc de Coigny, premier écuyer du Roi, qui passe pour être beaucoup trop intimement lié avec la princesse de Guéménée, est maintenant celui des courtisans qui a le plus de crédit auprès de la Reine, et il vient en conséquence d’obtenir une demande contre laquelle je me suis inutilement récrié . Le fils de ce duc avait été très mal de la petite vérole, et il en est guéri sous les yeux plutôt que par les soins d’un médecin nommé Richard . Cet homme a demandé par la voie du duc de Coigny une place de fermier général des postes pour son fils; la Reine a fait créer cette place, n’y en ayant point de vacante, et elle a été donnée au fils du médecin .»
En août 1776
La Reine est souffrante, Elle a la migraine, la fièvre et il est même question d’annuler Fontainebleau.

Les 16 et 17 septembre 1776
Séjour du Roi au château de Choisy.
Le 26 septembre 1776
Souper et spectacle à Trianon.
Du 4 au 9 octobre 1776
Le Roi et la Reine sont à Choisy.

Le 6 octobre 1776
Le Roi et la Reine se rendent au château de Brunoy où Monsieur organise une fête magnifique en l’honneur de Marie-Antoinette.

Le 9 octobre 1776
La ménagerie est aménagée pour les acteurs.
Du 9 octobre au 16 novembre 1776
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Les 30 octobre et 1er novembre 1776
Louis XVI ayant concédé à sa femme le droit d’organiser une séance de jeu, celle-ci s’arrange pour la faire durer trois jours. La Reine laisse de fortes sommes sur le tapis vert.

Léa Gabrielle est Madame de Lamballe et Isabelle Gélinas Madame de Polignac

Image de Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975)
Ce jeu de trois jours se déroule chez Madame de Guéménée…

Kirsten Dunst dans Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
1777
La Reine fait placer dans un trumeau de glace entre-fenêtres le portrait du Roi Louis XVI d’après Louis-Joseph Duplessis.

Le 18 février 1777
Louis XVI note :
« J’ai payé à la reine 24000 en acompte sur les 162000 qu’elle doit à Boehmer pour les bracelets de diamant.»

Le 24 février 1777
Décès du parrain de Marie-Antoinette, le Roi Joseph Ier du Portugal (1714-1777).

Le 26 février 1777
Richard Mique propose à Marie-Antoinette son projet finalisé d’aménagement du jardin. Elle en écarte l’ermitage à cloche, le parc de moutons à la chinoise, le salon de colonnes d’eau jaillissante et la fausse ruine. Les autres fabriques sont confirmées, la réalisation de maquettes est engagée et les travaux de terrassement se poursuivent.
Le coût est estimé à 300 000 livres, ce qui provoque des tensions entre Mique, l’architecte, le comte d’Angiviller, l’ordonnateur des bâtiments du Roi et Necker, le directeur du Trésor, auxquelles seul le Roi parvient à mettre un terme.
Image du Versailles Secret de Marie-Antoinette
Le 10 mars 1777
L’ambassadeur de Tunisie Souleyman Agha est envoyé à Versailles par le Bey Ali II (règne de 1759 à 1782), il y rencontre les monarques français. Après avoir été reçu en audience par Louis XVI, Souleyman Agha et sa suite sont présentés à la Reine dans la galerie des glaces. Ministres, hauts dignitaires, ainsi qu’une multitude de courtisans, assistent à cette entrevue.

Pour anecdote, Marie-Antoinette, qui répond aimablement aux révérences et compliments de l’ambassadeur, est très impressionnée par les turbans de la délégation tunisienne. Souleyman Agha porte à cette occasion un habit somptueux, garni d’agrafes et de brandebourgs en or
Le 28 mars 1777
Louis XVI note :
« J’ai donné à la reine 14 400 pour le second paiement des boucles de Boehmer.»
Au printemps 1777
Le jeu de bague chinois est inauguré à proximité du petit château ; c’est un manège surmonté d’une immense ombrelle de six mètres de diamètre tournant sur un pivot. Le mât est soutenu par trois sculptures de Chinois, en chêne des Vosges et de Hollande, et au sommet tournait une girouette ornée de deux dragons dorés. Les joueurs prennent place sur quatre chimères à cornes de cuivre, les joueuses sur des paons, (Certains ont pu prendre les paons pour des autruches, car on avait diminué leurs queues, peut être à cause des robes …) et s’amusent à décrocher, avec des lances de cinquante centimètres de longueur, les anneaux de métal suspendus (les douze lances de bois garnies de pointes de cuivre et les quatre-vingt-quatre anneaux de laiton sont conservés dans deux coffrets de peau noire à l’extérieur et rouge à l’intérieur, les dragons sont protégés par des housses de toile garnie de frange, gland, filet, houppe et jasmin et les paons sont recouverts de drap écarlate et blanc). Le mécanisme, mû par deux serviteurs, a été installé dans une fosse et son entretien délicat a été confié à l’ingénieur royal Jean-Tobie Mercklein.

Marie-Antoinette en 1777 par Jean-Marie Ribou
Le 18 avril 1777
Visite de Joseph II en France. Il voyage en Europe sous le nom de comte de Falkenstein. A la requête de l’Impératrice , il rend visite à sa sœur pour tenter de comprendre la stérilité du couple royal.

Joseph arrive à neuf heure et demie. Sur sa demande, la Reine a envoyé l’abbé de Vermond pour l’accueillir dans la cour du château, car l’Empereur veut se rendre directement dans les petits cabinets de sa sœur, sans rencontrer âme qui vive. Fidèle à sa consigne, l’abbé, évitant les antichambres remplies de monde, lui fait emprunter corridors et escaliers dérobés qui le conduisent jusqu’à Marie-Antoinette encore revêtue d’un déshabillé et à peine coiffée.

Images du film Amadeus (1984) de Milos Forman : Jeffrey Jones y campe un Joseph II plus vrai que nature !
« Le premier moment entre lui et la reine fut des plus touchants; ils s’embrassèrent et restèrent longtemps dans l’attendrissement et le silence.»
raconte Mercy qui tient la confidence de Vermond.

Philippe Laudenbach incarne Joseph II dans la série Marie-Antoinette (1975)
de Guy-André Lefranc avec Geneviève Casile
Marie-Antoinette prend Son frère par-dessous le bras pour le conduire chez le Roi et de là chez les princesses.
Puis l’Empereur va chez Maurepas avec le comte de Belgiojoso. Ils ont à attendre neuf ou dix minutes, car le comte s’est seulement nommé au valet de chambre, sans annoncer le comte de Falkenstein. On les prie donc d’attendre car Maurepas est en entretien avec Monsieur Taboureau. Le prince d’Havré survient et fait signe au valet, qui, tout confus, ouvre la porte du cabinet. Monsieur de Maurepas se répand en excuses que l’Empereur fait cesser en disant :
« Monsieur, les affaires d’Etat doivent aller avant les visites des particuliers.»
Après les visites, le Roi, la Reine et l’Empereur dînent en trio. Joseph est fort en retenue, fort content et affecte presque du respect.
Au sortir de table, Joseph retourne à Paris.
Il fait très bonne impression sur Marie-Antoinette et Louis XVI ainsi que sur l’entourage par l’intérêt qu’il témoigne à la culture française.

Joseph II par Joseph Hickel
Lorsque l’Empereur arrive la première fois chez la Reine, Elle dit à Sa nombreuse Cour :
« Je ne vous présente point à mon frère, mais je vous présente mon frère.»
voulant faire sentir l’incognito qu’il a résolu de garder.
Il sera si émerveillé su bâtiment des Invalides, et surtout du dôme qu’il dit au Roi :
« Vous possédez le plus bel édifice de l’Europe.
_Lequel donc?
_Les Invalides
_ On le dit .
_ Comment, est-ce que vous n’avez pas encore examiné cet édifice?
_ Ma foi non.
_ Ni moi non plus, reprend la Reine.
_ Ah! pour vous, ma sœur, dit l’Empereur en souriant, je n’en suis pas étonné, car vous avez tant d’affaires !»
Le 22 avril 1777
Le matin
La Reine redoute de laisser Son frère en tête à tête avec Son mari.
Marie-Antoinette conduit Son frère à Trianon. ils y dînent sans autre suite que celle de madame de Mailly, dame d’atours et de madame de Duras, dame du palais.
Après le dîner
L’Empereur et la Reine se promènent seuls dans les jardins où ils ont une longue conversation. Joseph y aborde les négligences (supposées) de sa sœur à l’endroit du Roi, Son époux. Elle lui fait des aveux plus étendus sur Louis XVI et ses entours ; Elle convient des raisons de l’Empereur, en mettant cette restriction qu’il viendra un temps où Elle suivra de si bons avis.
Le 23 avril 1777
L’Empereur arrive à Versailles, l’abbé de Vermond qui l’attendait à la porte de l’appartement, l’introduit jusqu’au cabinet. On s’embrasse avec une tendresse marquée par les larmes, puis tous les deux rient. La Reine ne parle qu’allemand, et au bout d’une demi-heure, Elle prend Son frère par-dessous le bras pour le conduire chez le Roi et de là chez les princesses.
Puis l’Empereur va chez Maurepas avec le comte de Belgiojoso. Ils ont à attendre neuf ou dix minutes, car le comte s’est seulement nommé au valet de chambre, sans annoncer le comte de Falkenstein. On les prie donc d’attendre car Maurepas est en entretien avec Monsieur Taboureau. Le prince d’Havré survient et fait signe au valet, qui, tout confus, ouvre la porte du cabinet. Monsieur de Maurepas se répand en excuses que l’Empereur fait cesser en disant :
« Monsieur, les affaires d’Etat doivent aller avant les visites des particuliers.»
Après les visites, le Roi, la Reine et l’Empereur dînent en trio. Joseph est fort en retenue, fort content et affecte presque du respect.
Au sortir de table, il retourne à Paris.
Le 24 avril 1777
L’Empereur évite avec soin ce qui ressemble au cérémonial et garde l’incognito jusqu’à ne pas se faire scrupule d’aller visiter les ministres et les grands seigneurs. Il loge à Paris où la Reine va incognito souper avec lui chez le comte de Mercy.
Le 26 avril 1777
Joseph II participe à une course de chevaux donnée par le comte d’Artois.
L’équitation est un sport que la jeune Reine apprécie particulièrement…
Fière et royale, Marie-Antoinette apparaît sur les peintures comme une cavalière aguerrie. Elle apprécie ce sport qu’Elle pratique notamment avec de Sa belle-sœur, Madame Elisabeth. Mais ce qui marque réellement les esprits ce n’est pas tant qu’une femme monte à cheval mais plutôt que cette dernière pratique l’équitation à la manière d’un homme c’est-à-dire à califourchon. En effet il est d’usage que le sexe féminin monte en amazone permettant ainsi à la cavalière de porter sa jupe. Toutefois Marie-Antoinette, peu encline à respecter au pied de la lettre la tradition, préfère la monte à califourchon, habituellement réservée aux hommes et strictement défendue aux femmes.
Marie-Antoinette par Auguste Brun (1781)
Il est possible d’expliquer de deux façons cette interdiction. Tout d’abord pour des questions de mœurs: il semblait inconcevable qu’une femme puisse adopter une telle position, connotée sexuellement et nécessitant surtout de porter non plus une jupe mais un pantalon ( un loi interdisant le port du pantalon par une femme n’a été abrogée qu’en … 2013 ! ) , travestissement irrecevable à la Cour mais qui n’a pourtant pas arrêté la Reine. Avec l’avènement des Lumières et le développement de la médecine on estime qu’il n’est pas raisonnable pour une femme de monter ainsi, pour des raisons d’hygiènes et de santé. Bien sûr ces arguments ne sont en rien un frein pour Marie-Antoinette qui est bien décidée à se faire une place dans cet espace masculin et qui fait par la même montre de son émancipation, attitude que beaucoup lui reprocheront par la suite.
Force est de constater que ces reproches ne viendront pas uniquement des hommes de la Cour mais bel et bien des femmes, voyant d’un mauvais œil le goût de la Reine pour le monde équestre habituellement réservé au « sexe fort ». En réponse à leurs plaintes il est décidé ceci:
« Une nouvelle étiquette exige que les jours de chasse royale, la reine, les princesses de sang et les dames invitées se rendent en calèche à l’endroit où le cerf doit être forcé ».
Cette nouveauté est ainsi un moyen d’interdire à la Reine de jouir de ses sorties à cheval auprès des hommes, mais c’était sans connaître le tempérament de cette dernière qui a écrit par la suite
« Qu’ai-je promis ? De ne pas suivre la chasse ! Eh bien, je vais aller au-devant d’elle ! De cette façon je tiendrai ma parole et j’éviterai de me faire voiturer dans cette maudite calèche.»
Sa mère, Marie-Thérèse d’Autriche elle-même, ne manque pas d’intimer à sa fille de monter avec davantage de modération, sans pour autant renoncer à Sa passion mordante pour l’équitation.
Ainsi chaque jour, Marie-Antoinette se rend au manège de Versailles une heure durant afin de s’adonner à ce sport, montant tantôt en amazone, tantôt à califourchon et faisant ainsi un réel pied-de-nez aux réactionnaires de la Cour.
Le 27 avril 1777
Mercy, sortant de la maladie, se rend dans l’appartement de l’Empereur auquel il expose les points qui concernent le voyage de Joseph II :
- les motifs sur lesquels se fonde l’ascendant de la Reine sur Son époux. Il fait savoir que celui-ci se glorifie des charmes et des qualités de la Reine qu’il aime autant qu’il est capable d’aimer, mais qu’il La craint au moins autant qu’il L’aime, ce dont il cite des preuves.
- Il analyse les vrais sentiments de la Reine pour le Roi, observe qu’Elle le néglige trop et l’intimide souvent.
- Il prouve que les princes de la maison de Bourbon ne se sont tenus que par l’habitude, et surtout par celle qui les accoutume à parler d’affaires…
- Nécessité pour la Reine de songer avec le temps de former un ministère qui Lui soit dévoué…
- Il parle des fantaisies de la Reine, de Son goût pour les diamants, de Ses dettes, de la complaisance du Roi en facilitant les moyens de les payer…
- Il s’étend enfin beaucoup sur la passion du jeu et ses conséquences.
Le 29 avril 1777
Joseph se rend à Versailles, où il reste le soir. Ce n’est que deux semaines après son arrivée, que la Reine se résout à le laisser seul avec Son mari. Le Roi parle naturellement de sa position dans l’état de mariage, et avoue que jusqu’à présent ses forces physiques ne sont pas développées, mais qu’il s’aperçoit de leurs progrès journaliers ( ce qui implique des rapports quotidiens…) et qu’il espère d’avoir bientôt des enfants. L’Empereur se borne à le confirmer dans cet espoir et ne lui fait aucune autre question sur cette matière, la Reine ne lui en ayant rien laissé ignorer. Le Roi parle ensuite de quelques objets de gouvernement intérieur. Il reste vague ; l’Empereur ne veut l’embarrasser ni lui sembler trop curieux, il s’en tient à l’écouter et à ne parler que de manière à entretenir la conversation.
En mai 1777
L’événement dépeint concerne Antoine-Denis Dubois de Bellegarde (1734-1825), un officier des garde du corps du Roi, reconnu coupable d’avoir vendu frauduleusement des armes destinées à la réforme en 1767 et condamné par un conseil de guerre en 1770.

Grâce l’intervention de la Reine qui fit réviser son procès, il fut gracié en 1777 après que l’avocat Linguet eut pris son cas en main.

C’est l’annonce de cette grâce à son épouse, venue à Versailles , que retranscrit cette gravure. M. de Bellegarde obtiendra par la suite le poste de capitaine des chasses du comte d’Artois dans l’Angoumois. Au demeurant, ce militaire ne se montrera guère reconnaissant puisqu’acquis aux idées révolutionnaires et devenu député de la Charente, il votera la mort de Louis XVI.
![A painting by an unknown artist depicting Marie Antoinette giving alms; circa 19th century. [credit: kinyogo on ebay]](https://66.media.tumblr.com/35325ce6f1a36db08be90797427b6757/388f688b12c82a91-5f/s500x750/cd4ac6ef9e9b3607ea1905b17694a282282bee3a.jpg)
Ce tableau semble illustrer ce même épisode…
Le 5 mai 1777
Les modèles du Temple de l’Amour sont terminés.
Le 9 mai 1777
L’Empereur va à la chasse avec le Roi : ils montent en voiture ensemble. Ils peuvent alors poursuivre leurs conversations particulières. Au retour, Joseph détermine avec quelque peine la Reine à aller trouver le Roi dans son appartement. Elle s’y rend cependant et le ramène chez Elle où l’on joue au billard jusqu’au moment du souper chez Madame.
Pour la première fois depuis son arrivée, l’Empereur abandonne le ton d’affectueuse galanterie qu’il avait jusqu’alors adopté vis à vis de Marie-Antoinette : il L’envoie sèchement trouver le Roi et ne perd pas une occasion de Lui faire des réflexions désagréables devant des gens qui ne manquent pas de le rapporter au Roi.
Le 11 mai 1777
L’Empereur a une conversation fort affectueuse avec sa sœur : le ton de l’amitié et de la gaieté rétablit la confiance et la bonne volonté de la Reine. Si bien qu’Elle lui demande d’Elle-même des points par écrit pour Lui servir de règle sur Sa conduite à venir.
II résume ainsi la situation :
« Le Roi est mal élevé, il a l’extérieur contre lui , mais il est honnête, point sans quelques connaissances, mais faible pour ceux qui savent l’intimider, et par conséquent mené à la baguette, sans curiosité, sans élévation , dans une apathie continuelle, d’une vie très uniforme. Il est fort au reste, et paraît qu’il devrait pouvoir devenir père ; là-dessus il y a des mystères inconcevables ; il bande à ce que l’on dit, très ferme, il l’introduit même, mais il ne remue pas et se retire ensuite sans avoir déchargé. Nous ne faisons pas comme cela, et c’est être un « souffleur » d’un haras (cf l’étalon qui prépare les juments pour la saillie, qu’il ne pratique pas lui-même) qui est un fichu métier. La Reine est une très jolie et très aimable femme par tous les pays du monde, mais elle est ivre de la dissipation de ce pays, et bref, elle ne remplit ni les fonctions de femme ni celles de reine comme elle le devrait, car comme femme elle néglige absolument le Roi, elle le fait marcher plus d’autorité que par tous les autres moyens, elle ne se soucie ni de jour ni de nuit de sa société.»
Joseph II à son frère Léopold, grand-duc de Toscane
Le 13 mai 1777
Dîner à Trianon offert à Joseph II, souper et spectacle.
Le Roi est au château de Choisy.
Le 14 mai 1777
L’Empereur a passé la nuit à Versailles, il a logé dans la petite chambre d’une femme de chambre de la Reine attenante à la sienne. Il va voir le matin la grande et la petite Ecurie, la machine de Marly et le pavillon de Louveciennes, la comtesse du Barry s’y trouve alors. Il la rencontre dans les jardins et fait avec elle quelques moments de conversation. A son retour à Versailles, il a un entretien avec le Roi qui lui fait de nouvelles confidences sur son état de mariage.
Apprenant qu’il a visité la maison de Madame du Barry dont il connaît le passif avec Elle, Marie-Antoinette le boude. Une autre chamaillerie fraternelle a des origines plus frivoles :
Joseph est à la toilette de sa sœur , lui montrant les plumes en quantité et les fleurs qu’Elle porte sur la tête, Elle lui en demande son avis. Il lui répond sèchement qu’il trouve cette coiffure bien légère pour coiffer une couronne…
Le 15 mai 1777
« L’empereur alla dîner à Choisy où toute la famille royale l’attendait ; il communiqua à la Reine la lettre écrite par V.M. qui devait partir le lendemain par le courrier ; la Reine fut frappée d’un passage de cette lettre où l’empereur marque qu’il présume que son auguste sœur a senti la force de ses avis, l’empereur, pour ne pas paraître avoir cédé à sa manière de voir et de penser : la Reine avec franchise avoua à son auguste frère qu’il l’avait devinée dans ce point et qu’elle s’était proposée de lui dire la même chose un moment avant qu’il ne partît.»
Mercy à Marie-Thérèse
Le 18 mai 1777
Joseph est présent à la cérémonie de l’Ordre du Saint-Esprit. Il y rencontre Choiseul revenu de ses terres pour l’occasion, qu’il traite avec bonté. Il lui parle longuement mais d’objets indifférents. Le duc sera mécontent d’avoir tiré si peu parti du séjour de l’Empereur.
Joseph rapporte le fait au Roi et à la Reine l’après-midi. Il rapporte que si Choiseul avait été en place, sa tête inquiète et turbulente aurait pu jeter le royaume dans de grands embarras. Le Roi applaudit à cette observation, mais cela déplaît à la Reine.
Le 23 mai 1777
Il y a encore des vivacités entre l’Empereur et la Reine. Ils vont ensemble à la Comédie de la ville de Versailles, au retour, Marie-Antoinette évoque l’idée de se rendre le lendemain à la Comédie Italienne à Paris. Joseph observe que c’est un jour de jeûne, que le Roi ne dîne pas et qu’il serait mal de lui faire attendre trop tard son souper. Il ajoute à cela quelques raisons qui déplaisent à la Reine parce qu’elles sont dites en présence de deux dames du palais.
Le 27 mai 1777
La Reine participe à la chasse au sanglier du Roi dans la forêt de Marly.
Il y a encore une petite dispute entre le frère et la sœur en présence de Mercy ; il s’agit d’une bagatelle que la Reine désire et que Joseph conteste avec beaucoup de rigidité. Cette bagatelle entraîne une autre proposition de la part de l’Empereur : s’il avait été le mari de sa sœur, il aurait su diriger Ses volontés et les faire naître dans la forme où il les aurait voulu. Le vrai sens de ce propos n’est pas compris par la Reine. Elle y voit le projet de La dominer et cela La mortifie. Mercy apporte de la gaieté dans la conversation afin d’apaiser le ton de l’échange , puis il reste seul avec la Reine pour lui expliquer les paroles de Joseph, ce qui La calme.
Puis Joseph discute près de deux heures avec Louis XVI à propos du gouvernement de la France, du génie de la nation. Le Roi parle ensuite de son grand désir d’avoir des enfants et s’étend sur les conséquences importantes attachées à ce bonheur. Il s’exprime sur la Reine avec un épanchement de tendresse et relève avec satisfaction toutes Ses qualités charmantes.
Le 30 mai 1777
L’Empereur part ce soir, vraisemblablement au regret de tous les Français capables de sentir ses vertus et ses rares qualités personnelles.

Petit médaillon de forme ovale, contenant sous verre bombé dans un entourage en or les profils finement sculptés en ivoire deLouis XVI, de Marie-Antoinette, du comte de Provence, du comte d’Artois, de Henri IV, de Sully
et au centre de l’Empereur Joseph II d’Autriche, sur fond en tissu de couleur vert clair.
Cet objet commémoratif est réalisé à l’occasion de la visite officielle de l’empereur Joseph II à Versailles du 19 avril au 30 mai 1777.
Les adieux entre l’Empereur, le Roi et sa famille sont des plus tendres, mais ceux entre le frère et la sœur font verser des larmes. Joseph II passe un quart d’heure dans le cabinet de la Reine, seul avec Elle, et en le reconduisant, Marie-Antoinette sanglote, et lui fait des efforts pour cacher son émotion, non moins vive. Louis XVI lui a fait de superbes présents de tapisseries des Gobelins, de porcelaines…
Monsieur par le 10 juin et trouvera l’Empereur à Toulon. Ces deux princes ont d’abord été réservés l’un pour l’autre, mais depuis peu ils se sont rapprochés. Monsieur a de grandes qualités plus analogues au caractère de l’Empereur, que celles plus brillantes qu’heureuses du comte d’Artois.
En partant, Joseph promet à la famille royale qu’il reviendrait lui faire une visite l’année prochaine…
En Juin 1777
Fouilles de terrain sur l’emplacement du Temple de l’Amour.
Le 1er juin 1777
La Reine passe la journée à Trianon accompagnée des seules Mesdames de Lamballe et de Polignac.
Le 2 juin 1777
Départ de Versailles de Joseph II qui va visiter la France.
Le 4 juin 1777
« L’empereur, un moment avant son départ, m’a dit qu’il avait prié la Reine de me montrer les conseils qu’il lui a laissés par écrit. La Reine m’en a parlé le même jour et m’a paru frappée de l’instance avec laquelle son frère lui avait recommandé de me (les) communiquer. Elle ne m’en a pas reparlé depuis, et je n’en ai encore vu que la partie que l’empereur m’a montrée.»
Vermond à Mercy
Le 9 juin 1777
« Avec cela sa situation avec le Roi est singulière, il n’est son mari qu’à deux tiers, et puis, quoiqu’il l’aime, il la craint davantage, et notre sœur a plus le crédit d’une maîtresse que celui qu’une épouse devrait avoir, car elle le mène de force à des choses qu’il ne voudrait pas même. Cet homme est un peu faible, mais point imbécile, il a des notions, il a du jugement, mais c’est une apathie de corps comme d’esprit. Il fait des conversations raisonnables, il n’a aucun goût de s’instruire ni curiosité, enfin il n’est impuissant ni de corps ni d’esprit, mais le fiat lux n’est pas venu, la matière est encore en globe. Imaginez que dans son lit conjugal voici le secret : il a des érections fortes, bien conditionnées ; il introduit le membre, reste là sans se remuer deux minutes peut-être, se retire sans jamais décharger, toujours bandant, et souhaite le bonsoir. Cela ne se comprend pas, car avec cela il a parfois des pollutions nocturnes, mais en place ni en faisant l’œuvre jamais ; et il est content, disant tout bonnement qu’il ne faisait cela que par devoir et qu’il n’y avait aucun goût. Ah ! si j’aurais pu être présent une fois, je l’aurais bien arrangé ! Il faudrait le fouetter pour le faire décharger de colère comme les ânes. Ma sœur avec cela a peu de tempérament, et ils sont là deux francs maladroits ensemble. Voilà à peu près la situation des choses.»
Joseph II à son frère Léopold, grand-duc de Toscane
Le 18 juin 1777
Souper et spectacle à Trianon.
Le 29 juin 1777
Marie-Antoinette a Ses règles.
Necker devient directeur général des Finances.
Le 9 juillet 1777
Marie-Antoinette est malade. Mercy note que «la Reine, par un temps froid et humide, ayant voulu se promener à cheval, rentr(e) peu de temps après avec un frisson qui (est) suivi de mal de tête qui dur(e) neuf heures, et qui marqu(e) l’existence d’une fièvre tierce dont cependant les symptômes n’ont rien d’inquiétant.»
Mercy ajoute que «depuis que la Reine a été menacée de la fièvre, le Roi n’a plus passé les nuits chez elle, mais il y va les après-midi, et je sais à n’en pouvoir douter que la consommation du mariage a été plus avancée que dans aucun autre temps. Malgré cela, il est de la plus grande conséquence que la Reine ne laisse pas prendre au Roi l’habitude de faire lit à part. J’ai insinué là-dessus tout ce qu’il m’était permis de lire, et j’ai engagé le premier médecin Lassonne, ainsi que l’abbé de Vermond, à parler de cet article avec toute la force nécessaire à persuader la Reine.»
Le 24 juillet 1777
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 27 juillet au 3 août 1777
La Cour est au château de Choisy.

Le 15 août 1777
Marie-Antoinette s’est remise des menaces réitérées d’une fièvre tierce. Il faut cependant qu’Elle s’assujettit à une régime car quelques indices d’obstruction à la rate et une tendance à engendrer des humeurs glaireuses ont décidé Son premier médecin à Lui prescrire l’usage de certaines pilules d’ipécacuanha, et des bains. Il Lui autorise toujours les promenades et Ses amusements ordinaires. Le Roi revient passer la nuit chez la Reine mais ce n’est pas sans interruption, et avec cette habitude constante sur laquelle Mercy insiste toujours comme point le plus essentiel à maintenir.
Le 18 août 1777
Plus de sept ans après la célébration de leurs noces, le Roi et la Reine de France consomment enfin leur mariage (entre dix et onze heures du matin, après le bain de la Reine).
Le docteur Lassone, d’abord, l’ambassadeur Mercy, l’abbé de Vermond et l’Impératrice Marie-Thérèse ensuite sont tenus au courant par Marie-Antoinette Elle-même de ce grand événement dans Sa vie de couple.
En août 1777
« La Reine donne toujours les preuves d’une familiarité que certains esprits chagrins réprouvent. L’autre jour , à Choisy, ayant admiré les plumes qui ornaient la tête d’une danseuse, elle en a accepté une dont elle s’est parée sans façons.»
Madame Campan
Septembre 1777
Commencement de la construction du Temple de l’Amour.
Le 3 septembre 1777
L’inauguration du jardin anglais au Petit Trianon
Cette fête dure tout le jour.
Le Petit Trianon : histoire et description de Gustave Adolphe Desjardins
« Le parc représent(e) une foire : les dames de la cour (sont) les marchandes, la Reine tenait un café comme limonadière ; il y (a) des théâtres et des parades çà et là. »
D’après les mémoires de dépenses, on a figuré sur la pelouse, au moyen de planches et de châssis, une place publique avec des bornes et des fontaines placées dans des niches : on y voit des boutiques de boulanger, charcutier, rôtisseur et pâtissier. Ailleurs, une guinguette est entourée de vingt et un berceaux de treillage, chacun d’eux portant le nom d’une maison royale sur un écriteau. Plus loin, on rencontre un théâtre en plein vent, à la façade ornée de motifs d’architecture. Sur un autre point, c’est un cabinet de Cornus dont la devanture offrait diverses inscriptions. Des guirlandes de fleurs relient entre elles toutes ces fabriques, et au milieu du jardin, sur un socle peint en marbre rouge, s’élève un pavillon d’où l’on embrasse l’ensemble de la décoration. Le soir, le jardin est éclairé par 2600 lumières colorées. A l’extérieur, « les avenues du château (sont) bordées de boutiques de marchands de Paris qu’on (a) engagés à venir et à chacun desquels on (paie) quatre louis pour ses faux frais. »
Carlin, le célèbre arlequin de la comédie italienne, et Dugazon, de la comédie française, cachés dans des carcasses d’osier en forme de pie et de dindon, font une parade dans la boutique d’un oiseleur. Sur le théâtre improvisé, on représente des proverbes entremêlés de couplets, l’opéra-comique des Sabots et un ballet grotesque, les Meuniers, où l’on voit figurer un homme habillé en femme, un président, un commissaire, des meuniers, des savoyards et des paysans allemands. Enfin, au jeu de bague, entouré pour la circonstance d’un amphithéâtre de gradins, sur lesquels on a peint quarante vases de porcelaine garnis de fleurs, il y eut une fête chinoise, à laquelle les musiciens des gardes françaises, travestis en chinois, prêtèrent leur concours.
Le 3 septembre 1777
Marie-Antoinette a Ses règles avec un retard de seize jours.
Souper, illumination et spectacle à Trianon.

Les 24 et 25 septembre 1777
La Cour est au château de Choisy.

Le 28 septembre 1777
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 3 au 9 octobre 1777
La Cour est au château de Choisy.
Le 5 octobre 1777
Louis XVI note :
« J’ai donné à la reine pour le quatrième paiement de Boehmer : 15 580 Livres»
Du 9 octobre au 15 novembre 1777
Séjour de la Cour à Fontainebleau.

Le 23 octobre 1777
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 15 au 17 novembre 1777
Le Roi est au château de Choisy.

Le 17 novembre 1777
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 18 novembre 1777
Louis XVI et Marie-Antoinette inaugurent le théâtre Montansier de Versailles.

Le 18 décembre 1777
Marie-Antoinette a Ses règles avec un retard de huit jours.
1778
Le 14 janvier 1778
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 24 janvier 1778
Naissance du duc de Berry, second fils du comte et de la comtesse d’Artois.
En février 1778

« Un événement, tout simple en lui-même, attira des soupçons fâcheux sur la conduite de la Reine. Elle partit un soir avec la duchesse de Luynes, dame du palais : sa voiture cassa à l’entrée de Paris. Il fallut descendre ; la duchesse la fit entrer dans une boutique, tandis qu’un valet de pied fit avancer un fiacre. On était masqué, et en sachant garder le silence, l’événement n’aurait même pas été connu, mais aller en fiacre est pour une reine une aventure si bizarre, qu’à peine entrée dans la salle de l’Opéra, elle ne put s’empêcher de dire à quelques personnes qu’elle y rencontra :
Henriette Campan
» C’est moi en fiacre, n’est-ce pas bien plaisant ? »
De ce moment tout Paris fut instruit de l’aventure du fiacre : on dit que tout avait été mystère dans cette aventure de nuit ; que la reine avait donné un rendez-vous, dans une maison particulière, à un seigneur honoré de ses bontés ; on nommait hautement le duc de Coigny, à la vérité très bien vu à la cour, mais autant par le roi que par la reine.
Une fois que ces idées de galanterie furent éveillées, il n’y eut plus de bornes à toutes les sottes préventions désagréables du jour, encore moins aux calomnies qui circulaient à Paris sur le compte de la reine : si elle avait parlé à la chasse ou au jeu, à MM. Edouard de Dillon, de Lambertye, ou à d’autres dont les noms ne me sont pas présents, c’étaient autant d’amants favorisés. Paris ignorait que tous ces jeunes gens n’étaient pas admis dans l’intérieur de la reine, et n’avaient pas même le droit de s’y présenter ; mais la reine allait déguisée à Paris, elle s’y était servie d’un fiacre ; une légèreté porte malheureusement à en soupçonner d’autres, et la méchanceté ne manque pas de supposer ce qui ne peut même pas avoir lieu.»

Le 6 février 1778
La France reconnaît les États-Unis d’Amérique.
Le 8 février 1778
Marie-Antoinette a Ses règles.
En mars 1778
Commencement de la construction du Belvédère de Trianon.
Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.

Le 3 mars 1778
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 19 mars 1778
Conception de Madame Royale à Fontainebleau en fin de matinée, après le bain de Marie-Antoinette.

Du 17 mai au 6 juin 1778
Séjour de Marie-Antoinette à Marly :
« Un matin, à Marly, j’ai rencontré la reine Marie-Antoinette qui se promenait avec plusieurs dames de sa Cour. Toutes étaient en robes blanches, et si jeunes, si jolies, qu’elles me firent l’effet d’une apparition.»
Mémoires d’Elisabeth Vigée Le Brun

Fêtes offertes par Louis XVI pour la grossesse de la Reine au château de Marly.

Durant le séjour de la Cour à Marly , Marie-Antoinette fait une nouvelle dérogation à l’Étiquette. Elle a reçu à souper trois épouses de ministres : la comtesse de Maurepas, Madame de Sartines et Madame Amelot. La comtesse de Maurepas est si enchantée de cet honneur, refusé jusqu’ici, aux femmes de ministres, qu’elle a mangé tout ce qui lui a occasionné une violente indigestion.

Juin 1778
Fouilles de terrain sur l’emplacement de la nouvelle salle de comédie de Trianon.
« L’été de 1778 fut extrêmement chaud : juillet et août se passèrent sans que l’air eût été rafraîchi par un seul orage. La Reine, incommodée par sa grossesse, passait les jours entiers dans ses appartements fermés et ne pouvait s’endormir qu’après avoir respiré l’air frais de la nuit, en se promenant, avec les princesses et ses frères, sur la terrasse au-dessous de son appartement. Ces promenades ne firent d’abord aucune sensation ; mais on eut l’idée de jouir, pendant ces belles nuits d’été, de l’effet d’une musique à vent. Les musiciens de la chapelle eurent l’ordre d’exécuter des morceaux de ce genre, sur un gradin que l’on fit construire au milieu du parterre. La Reine, assise sur un des bancs de la terrasse, avec la totalité de la famille royale, à l’exception du Roi qui n’y parut que deux fois, n’aimant point à déranger l’heure de son coucher, jouissait de l’effet de cette musique. Rien de plus innocent que ces promenades, dont bientôt Paris, la France, et même l’Europe, furent occupés de la manière la plus offensante pour Marie-Antoinette.»
Des habitants de Versailles et des soldats voulurent jouir de ces sérénades et il y eut foule depuis onze heures du soir jusqu’à deux et trois heures du matin. Des hommes s’adressèrent à la Reine et leurs «conversations » furent révélées, déformées et calomniées. Quelques femmes inconsidérées osèrent s’éloigner et descendre dans le bas du parc mais la Reine, Madame et madame la comtesse d’Artois se tenaient par le bras et ne quittaient jamais la terrasse. Vêtues de robes de percale blanche avec de grands chapeaux de paille et des voiles de mousseline, lorsque les princesses étaient assises sur les bancs, on les remarquait difficilement ; debout, leurs tailles différentes les faisaient toujours reconnaître et l’on se rangeait pour les laisser passer.

Le 13 juillet 1778
Le Temple de l’Amour est achevé.

Le 31 juillet à dix heures et demie du soir
L’enfant royal donne son premier mouvement dans le ventre de sa mère…

Le 25 août 1778
Retour de Fersen à Versailles après un long séjour en Angleterre et en Scandinavie. La Reine le reçoit à la Cour:
« C’est une vieille connaissance!»

Du 20 au 27 septembre 1778
Séjour de la Cour au château de Choisy

Les 5 et 6 octobre 1778
La Cour est à Fontainebleau.

Du 7 au 28 octobre 1778
Séjour de la Cour au château de Marly où ont lieu de nombreuses fêtes offertes par Louis XVI pour la grossesse de la Reine.

Madame Elisabeth est de tous les voyages. Mesdames Tantes ne sont plus mentionnées lors des séjours pour Marly, préférant leur château de Bellevue.
Pendant ce séjour, un rouleau de louis faux a été substitué à un rouleau de louis véritable lors du jeu. Quelques dames de la Cour sont soupçonnées. Madame dit aux deux banquiers de la Reine, Messieurs de Chalabre et Poinsot, qu’on les « friponne ». Ils lui répondent qu’ils ne s’en sont pas aperçus, alors que ce n’est pas le cas mais ils n’osent pas le manifester.
Les 28 et 29 octobre 1778
Louis XVI et Marie-Antoinette sont à Fontainebleau.
Les 4 et 5 novembre 1778
Louis XVI et Marie-Antoinette reviennent à Fontainebleau.

Le 18 décembre 1778, vers minuit
La Reine ressent les premières douleurs et fait appeler Son mari à une heure et demie. Pendant ce temps, Madame de Lamballe, surintendante de Sa maison, court avertir la famille royale. Lorsque les douleurs La reprennent, avec violence, Marie-Antoinette s’installe dans un petit lit de travail dressé exprès près de la cheminée.
Les courtisans, massés dans l’antichambre de la Reine et le cabinet du Roi, sont si nombreux qu’ils se répandent jusque dans la Galerie des Glaces. Tous trépignent d’impatience. Lorsqu’on ouvre enfin les portes, ils s’élancent dans les appartements de la Reine et s’agglutinent jusqu’à Son lit. Même du temps de Louis XIV, on n’avait jamais vu une foule si dense ! La pauvre souveraine croit mourir, et serre les dents pour ne pas donner à ces yeux scrutateurs le spectacle de Sa souffrance.
La naissance est un supplice. Un instant, on croit que l’enfant est mort, mais des vagissements se font entendre : il vit. La Reine n’a pas le temps de s’en réjouir. Elle n’en peut plus. La tension, l’émotion, l’atmosphère confinée et étouffante, le vacarme des courtisans, le travail éreintant de douze heures… Elle est prise d’une convulsion et s’évanouit. Terreur du médecin. Il faut La saigner pour La réanimer et reprendre les suites naturelles de l’accouchement !
Marie-Antoinette n’apprend que plus tard qu’elle a donné le jour à une fille, et pleure abondamment.
Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant est surnommée «Mousseline» par la Reine.

Croquis de Saint-Aubin

Images de Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006)





Si elle n’est pas le Dauphin désiré, elle rassure sur la fertilité du couple royal et elle est très aimée de ses parents


1779
Le 15 janvier 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 7 au 9 février 1779
La Cour est au château de La Muette.
Le 15 février 1779
Marie-Antoinette a une entrevue avec le général La Fayette dans son hôtel de Noailles.

Le 5 mars 1779
Louis XVI et Marie-Antoinette se rendent à Notre-Dame de Paris pour une messe célébrant la naissance de Madame Royale ( vingt-huit carrosses y amènent le gotha de la Cour).
Le 9 février 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 6 mars 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 31 mars au 12 avril 1779
Marie-Antoinette attrape une rougeole très douloureuse, cause de violents maux de gorge et d’aphtes. Elle a ses règles.
La Reine est confinée dans ses appartements du château.
Du 12 avril au 21 avril 1779
Marie-Antoinette se retire à Trianon pour sa convalescence. C’est la première fois qu’elle y dort. Elle est toujours susceptible d’être contagieuse aux yeux du temps et doit donc préserver Sa petite fille et Son mari.
Elle est alors veillée par le comte d’Esterházy (1740-1805), le baron de Besenval (1721-1791) et les ducs de Coigny (1737-1821) et de Guînes (1735-1806).

Le baron de Besenval
« Les trois semaines que nous passâmes à Trianon furent très agréables, uniquement occupés de la santé et de l’amusement de la reine, de petites fêtes simples dans un lieu charmant , des promenades en calèches ou sur l’eau. Point d’intrigues, point d’affaires, points de gros jeux. Seule la magnificence qui y régnait pouvait faire soupçonner qu’on était à la cour.»
Valentin Ladislas, comte d’Esterházy

Valentin d’Esterházy
Des hommes en tant que garde-malades étaient alors indispensables puisque la rougeole pouvait entraîner de graves conséquences sur les dames potentiellement enceintes. Les moyens de contraception n’existaient pas encore et donc toutes ses dames du palais en âge de procréer pouvaient être enceintes. De plus, dans ces situations de maladies contagieuses à risque pour les femmes, Marie Leszczynska agissait de même et personne ne trouvait rien à redire…

Le duc de Guînes

Le duc de Coigny

Mais outre ces garde-malades qui font scandale, la Reine est aussi veillée par Monsieur, Madame, le comte d’Artois et la princesse de Lamballe. Madame de Polignac manque à l’appel car atteinte de rougeole elle-aussi. La maison entière de la souveraine s’est établie au Grand Trianon et Marie-Antoinette doit recevoir quelques instants ses dames d’honneur et d’atours. Seules les dames du palais ne sont pas conviées. Il faut dire aussi qu’il s’agit d’une maladie qui peut être d’une extrême gravité pour les femmes enceintes. Or beaucoup d’entre elles, jeunes mariées, sont susceptibles de l’être.
En 1779
Marie-Antoinette, accablée par de douloureux maux de tête, rechigne à prendre Ses médicaments dont le goût La révulse….
Le pharmacien Sulpice Debauve (1757-1836) décide donc d’innover, il mélange le remède à du beurre de cacao. Cette savoureuse invention comble Marie-Antoinette qui baptise ces médaillons en chocolat en Pistoles.

Après le titre de chocolatier officiel de Louis XVI, Sulpice Debauve obtient le brevet de Chocolats du Premier Consul Napoléon Bonaparte, et en 1800, Il s’associe à son neveu, Jean-Baptiste Auguste Gallais, pour créer la Maison qui portera leurs deux noms.

La première boutique ouvrira ses portes en mai, rue Saint Dominique (Paris 7e).

Du 25 avril au 22 mai 1779
Séjour à Marly.
Les dames de la Cour sont jalouses de la duchesse de Villequier (1732-1799): Marie Antoinette n’ayant pu manger deux fois avec Louis XVI, pour occuper la place de cette dernière à côté de lui, il a nommé la duchesse de Villequier.

Louis XVI, dans un divertissement, ayant désiré voir le sieur Préville (1721-1799), comédien à la Comédie Française, celui-ci qui n’est pas dans cette habitude, a fait des efforts extraordinaires et s’est fait une entorse.
Le 26 avril 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 17 au 19 mai 1779
Fêtes au château de Marly.
Le 21 mai 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 27 mai 1779
La Reine participe à la chasse au sanglier du Roi dans la forêt de Marly.

Les 1er, 11, 15 et 21 juin 1779
Soupers à Trianon
Mi-juin 1779
Marie-Antoinette fait une fausse-couche.

Le 14 juillet 1779
Marie-Antoinette a Ses règles peu abondantes et décolorées, (comme cela arrive parfois au premier terme d’une grossesse) avec un retard de vingt-neuf jours.
Le 8 août 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 2 août 1779
Commencement de la construction du Rocher.
Fin août 1779
La nouvelle salle de comédie est achevée.
Théâtre de la Reine par Christian Milet
Le 9 septembre 1779
« La Reine a bien voulu se trouver au feu d’artifice exécuté par Griel dans la salle de bal. Elle s’y est rendue en simple particulière, y a assisté de même, et l’on a admiré sa bonté de souffrir qu’une foule de femmes et d’hommes vînt se mettre debout devant elle et lui masquer le spectacle, sans que l’avertissement plusieurs fois répété à ces indiscrets, qu’ils empêchaient Sa Majesté de voir, les ait engagés à se déranger.»
Bachaumont
Le 16 septembre 1779
Marie-Antoinette a Ses règles avec un retard de quatorze jours.
Du 5 au 10 octobre 1779
La Cour est au château de Choisy.

Le 11 octobre 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 15 au 31 octobre 1779
Séjour à Marly.

Le 23 octobre 1779
Madame Elisabeth part pour Choisy où elle doit se faire inoculer.

Le 5 novembre 1779
Dîner à Trianon.
Le 18 novembre 1779
Marie-Antoinette a Ses règles avec un retard de treize jours. On évoque une fausse couche…
Le 13 décembre 1779
Marie-Antoinette a Ses règles.
1780
En 1780
Marie-Joséphine de Provence désire l’installation d’une petite salle-à-manger et d’un salon en hémicycle contigu pour servir au jeu et au billard nécessaire aux soupers qu’elle offre chaque soir à la famille royale . Cette salle-à-manger destinée aux « soupers des petits cabinets »- soupers intimes sans domestiques dont a parlé Pierre de Nolhac dans ses ouvrages – est installée dans les anciennes pièces de service de la Dauphine détruites situées sous le cabinet doré de la Reine, là on a installé provisoirement un billard avant 1779. Cette salle-à-manger paraît bien étroite car toute la famille royale est conviée par la princesse : à savoir le Roi, la Reine, Monsieur, le comte et la comtesse d’Artois, les trois Mesdames tantes et Madame Elisabeth quand elle sera en âge. Cette petite pièce ouvrant par une fenêtre sur la cour intérieure de la Reine, appelée dès lors « cour de Monsieur », est donc prolongée sur l’appentis, pris sur l’ancien oratoire de la Dauphine, sous la terrasse du cabinet doré de la Reine.

Chacun, sauf le Roi, apporte son repas qui est placé par le service sur des plats posés sur une grande table ovale dressée dans la seconde chambre de Madame. Les serviteurs se retirent alors et chaque convive compose son repas en se servant soi-même et en prenant assiettes et argenterie qui ont été placées sur des servantes.
Le 7 janvier 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 7 au 9 février 1780
La Cour est au château de La Muette.
![A portrait of Marie Antoinette by Auguste-Louis-Jean Baptiste Riviere, 1780. [source: Osenat, via Auction.fr]](https://66.media.tumblr.com/a31d27f5cff46c3dd19660f290c60df7/tumblr_p64ouqnXKv1qatfdco1_500.jpg)
Marie-Antoinette (1780) par Auguste-Louis Rivière
Le 13 février 1780
Présentation à la Cour de Versailles du prince héréditaire Georges Guillaume de Hesse Darmstadt, frère du landgrave Louis IX de Hesse, voyageant incognito en France sous le nom de comte d’Epstein.
Le séjour est ponctué de réceptions quasi officielles malgré l’anonymat des illustres visiteurs et d’invitations plus ou moins privées, notamment à Trianon chez la Reine.

Image de Marie-Antoinette de Sofia Coppola (2006)

La Reine a la joie de recevoir la visite des princes de Hesse : Elle avait grandi avec les princesses Louise et Charlotte:
« Nous avons ici un grand nombre de princes de Hesse, écrit la reine à sa mère, le 15 février. Le prince Georges y est avec tout sa famille : sa femme ( née princesse Louise de Leiningen ), son second fils (le prince Georges) , son gendre ( le prince héréditaire de Hesse futur landgrave Louis X de Hesse ), ses deux filles ( la princesse Louise Gabrielle de Hesse, future landgravine de Hesse Darmstadt et la princesse Charlotte Wilhemine de Hesse, princesse de Mecklembourg Streliz ) et sa belle-sœur. Je compte que les quatre femmes viendront à un de mes jours de cette semaine, me voir, pour les deux princes ils sont déjà venus. Le fils du prince Georges surtout réussit très bien ici. Il est très aimable. Pour le pauvre père, il est malade depuis qu’il est à Paris. »
Lettres conservées dans les archives de la famille de Hesse, publiées par Evelyne Lever

La princesse Louise de Hesse-Darmstadt par Carmontelle, vers 1780
Le 26 février 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Au printemps de 1780
« Marie-Antoinette ordonne des agrandissements dans les communs du Petit Trianon. L’enceinte de ces dépendances, sous Louis XV a la même étendue qu’aujourd’hui, mais les bâtiments n’en occupent que la moitié. Les cuisines et offices donnent du côté du jardin ; et, sur le devant, il n’existe qu’un corps de logis destiné au logement du Suisse, à gauche de la porte cochère qui donne entrée dans la cour des cuisines ; tout le reste, vers le salon frais, est occupé par des potagers. Mique propose de supprimer ces derniers et d’élever des constructions à la place. D’après son plan les communs se trouvent divisés en trois parties :
1. Un premier groupe près du château, comprenant la chapelle, la sacristie, le corps de garde des ouvriers pompiers, et le logement du suisse ;
2. Les cuisines et offices dans une cour allongée avec le garde-meuble et l’appartement du concierge ;
3. Dans la portion la plus éloignée de l’habitation, des écuries pour les chevaux de la Reine et des remises.»
« Petit Trianon, histoire et description » Gustave Desjardins
Le 22 mars 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 15 avril 1780
Fin du séjour des princes de Hesse
Pendant ces mois, Marie-Antoinette, en excellente hôtesse et amie sincère, multipliera pour divertir Ses invitées, des bals, des réceptions, plusieurs promenades, des visites à Trianon et à Marly, les accompagne pour faire des courses dans les magasins à la mode de Paris, les conseille, en femme élégante au gout assuré, par des billets – qui sont conservés les archives de la Maison de Hesse – dans leurs achats de toilettes et le choix de leurs tenues .

Fête à Versailles avec Louis XVI et Marie-Antoinette , aquarelle et gouache, 33 x 69 cm
Le 16 avril 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 25 avril au 22 mai 1780
La Cour est au château de Marly.
Le 29 avril 1780
Dîner à Trianon pour la famille de Darmstadt.
En mai 1780
Quelques spectacles intimes.
Le 11 mai 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 16 mai 1780
« La reine est une très belle femme, un très beau teint, et elle est en effet belle ; elle était habillée très élégamment, elle portait un corset et un jupon vert clair recouvert d’une taille argent transparente, jupon et mains pliées, arrangé à différents endroits, de grands bouquets de roses, un surprise grand bouquet de fleurs de lilas blancs, avec gaze, plumes, rubans et diamants mélangés entre cheveux. Son cou était complètement découvert et orné d’une fine chaîne en diamant, dont elle avait aussi de beaux bracelets ; elle était sans gants, je suppose pour montrer ses mains et ses bras, qui sont sans doute les plus blancs et les plus beaux que j’aie jamais vus. »
Eliza Capot, comtesse de Feuillide, née Hancock à sa cousine Phylly Walter
Le 1er juin 1780
Le petit théâtre de Trianon est inauguré avec le Roi et le Fermier et La Gageure imprévue de Michel-Jean Sedaine (1719-1797). Illuminations.

Natacha Régnier dans C’était Marie-Antoinette de Jean-Paul Scarpitta (2009)

C’est le début des représentations privées dans lesquelles la Reine joue souvent l’un des premiers rôles.
Le 5 juin 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Fin juin 1780
La pièce située au-dessus du boudoir de Trianon devient une bibliothèque.
Le 30 juin 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 1er juillet 1780
Images du Versailles de Marie-Antoinette
Début de la construction de la grotte, œuvre de l’architecte Richard Mique (1728-1794), probablement achevée à la fin du mois d’août.

En août 1780
L’Archiduc Maximilien, frère de Marie-Antoinette, devient archevêque de Münster et prince électeur de Cologne grâce en partie à l’appui de la France.
La Reine se réjouit de cette union entre Ses deux patries.

Le 1er août 1780
Spectacle à Trianon : La Gageure imprévue de Sedaine et Le Roi et le Fermier de Sedaine et Monsigny.
Le 9 août 1780
Marie-Antoinette a Ses règles avec quinze jours de retard.
Le 10 août 1780
Spectacle à Trianon : On ne s’avise jamais de tout de Sedaine et Monsigny et les Fausses Infidélités de Barthe.
Septembre-octobre 1780
Construction du corridor de tentes reliant le Jeu de Bague à la salle de comédie. Il sert pour la première fois pour le spectacle du 12 octobre.
Le 3 septembre 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 6 septembre 1780
Spectacle à Trianon : L’Anglais à Bordeaux de Farvart et Le Sorcier de Poinsinet et Philidor.
Le 13 septembre 1780

Promenade de deux heures de Marie-Antoinette à Marly.
Du 10 au 20 septembre 1780
Séjour de la Reine à Trianon.

Richard Todd et Michèle Morgan dans le film de Jean Delannoy (1956)

Le 19 septembre 1780
Spectacle à Trianon : Rose et Colas de Sedaine et Monsigny puis Marie-Antoinette joue en costume Le Devin du Village de Jean-Jacques Rousseau pour une poignée d’intimes sélectionnés avec soin.

Le 20 septembre 1780
Jules de Polignac est élevé au rang de duc héréditaire de Polignac. La comtesse de Polignac devient ainsi duchesse.
Le 28 septembre 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Du 10 au 12 octobre 1780
Séjour de la Reine à Trianon.

Le 12 octobre 1780
Spectacle à Trianon : Le Devin du village et Le Roi et le Fermier.
Du 13 au 31 octobre 1780
Séjour de la Cour à Marly.

Le comte de Maurepas, chef du conseil royal des finances, étant fort tourmenté par la goutte, n’est pas du voyage de Marly ; son séjour à Paris y conduit quelques fois Louis XVI.
Le 23 octobre 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 17 novembre 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
Le 29 novembre 1780
Mort de l’Impératrice Marie-Thérèse après une courte maladie.

La nouvelle du décès de Marie-Thérèse n’arrive à Versailles que le 6 décembre 1780 :
« La douleur de la reine fut telle qu’on devait la prévoir et la craindre. Une heure après avoir appris cet événement, elle prit le deuil de respect, en attendant que le deuil de Cour fût prêt ; elle resta enfermée dans ses cabinets pendant plusieurs jours, ne sortit que pour entendre la messe, ne vit que la famille royale et ne reçut que la princesse de Lamballe ou la duchesse de Polignac. Elle ne cessait de parler du courage, des malheurs, des succès et des pieuses vertus de sa mère.»
Madame Campan

C’est pour Marie-Antoinette, «le plus affreux malheur».


Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Joseph II est désormais seul à la tête de l’Empire.

que l’on retrouve dans le film de Sofia Coppola

Le 10 décembre 1780
La Reine de France écrit à l’Empereur, en lui demandant de prendre soin de Ses sœurs restées en Autriche, les Archiduchesses Marie-Anne, Marie-Christine et Marie-Elisabeth :
« Il ne me reste qu’à vous recommander mes sœurs. Elles ont encore plus perdu que moi. Elles seraient bien malheureuses.»
Marie-Antoinette
Le 12 décembre 1780
Marie-Antoinette a Ses règles.
1781

Augmentation des communs et construction du corridor du Jeu de Bague: on complète l’ensemble par une petite galerie semi-circulaire en treillage, surmontée d’un toit de pagode chinoise en écailles de poissons, avec des dragons aux angles, des dauphins sur les arêtes, des girouettes au sommet. Des guirlandes, des glands, des clochettes pendent de toutes parts. Les couleurs sont les plus éclatantes et dont le salon central ovale est meublé de douze bancs de bois peint avec des dossiers à entrelacs chinois, pour le confort des spectateurs.

Lors de travaux réalisés dans le château de Gabriel l’année suivante, on crée en sous-sol une galerie qui permet un accès direct, sous le perron menant au jeu de bague, à une porte placée sur le demi-palier de l’escalier central. Ce divertissement a des détracteurs, qui critiquent sa frivolité et reprochent l’opposition de style avec le château tout proche. C’est sans doute aussi ce jeu qui participera aux reproches faits à la Reine lors de sa disgrâce.

Le 6 janvier 1781
Marie-Antoinette a Ses règles.

Le 15 janvier 1781
Décès de la marraine de Marie-Antoinette, Marie-Anne d’Espagne, Reine du Portugal (1717-1781), qui avait été fiancée à Louis XV en 1721, mais fut renvoyée à Madrid en 1725, l’avenir de la dynastie royale française ne pouvant attendre qu’elle soit nubile. En 1729 elle a épousé Joseph Ier du Portugal (1714-1777), et a été régente de Portugal à partir de 1776 lorsque la santé de son époux ne lui permit plus d’exercer le pouvoir.

Le 20 janvier 1781
Conception de Louis-Joseph.

L’inscription sur le cadre : « Donné par la Reine à M. du Chilleau, évêque de Châlons-sur-Saône, son aumônier en 1781 ».
Le 28 février 1781
« Je crois, ma chère sœur, que vous vous frappez beaucoup trop de la franc-maçonnerie pour ce qui regarde la France.
Lettre de Marie-Antoinette à Sa sœur Marie-Christine
Elle est loin d’avoir ici l’importance qu’elle peut avoir en d’autres parties de l’Europe, par la raison que tout le monde en est. Ce n’est qu’une société de bienfaisance et de plaisir ; on y mange beaucoup, et l’on y parle, et l’on y chante…
Ce n’est nullement une société d’athées déclarés, puisque Dieu y est dans toutes les bouches ; on y fait beaucoup de charités. La princesse de Lamballe m’a raconté toutes les jolies choses qu’on lui a dites, mais on y a vidé plus de verres encore qu’on y a chanté de couplets.»
L’époux de Marie-Christine, Albert de Saxe Teschen, est d’ailleurs lui-même franc-maçon.
Le 4 avril 1781
Promenade à Marly de Marie-Antoinette en compagnie de Madame Elisabeth pour se rendre compte de l’état d’avancement des travaux de Ses appartements.
Du 22 avril au 20 mai 1781
Séjour à Marly.
Le 19 mai 1781
Jacques Necker démissionne. Après l’échec de Turgot, on attendait des miracles de cet étranger, ancien commis de banque et protestant de surcroît. Mais comment assainir les finances de l’État sans s’attirer la haine des parlements, des courtisans et… du Roi ?
« Je ne regrette que le bien que j’avais à faire et que j’aurais fait si l’on m’en eût laissé le temps. »
C’est sur ce regret vertueux que Necker, directeur général des Finances, prend congé de Louis XVI.

On accuse la Reine d’être responsable de la démission de Necker et de la faillite de l’Etat. C’est faux, bien entendu, Ses dépenses s’élevant tout au plus à 8% des revenus royaux.
Toujours est-il qu’Elle devient Madame Déficit.
Le 31 mai 1781
Le Belvédère est achevé.

Du 25 au 30 juin 1781
Séjour de la Reine à Trianon.

Le 27 juin 1781
Spectacle à Trianon : La Fête d’amour de Favart et Chevalier et Jérôme et Fanchonnette de Vadé.
Le 29 juin 1781
Spectacle à Trianon.
Du 15 juillet au 2 août 1781
Séjour de la Reine à Trianon.

Le 16 juillet 1781
Spectacle à Trianon : L’aveugle de Palmyre de Desfontaines et Rodolphe et La Matinée et la veillée villageoises, ou le Sabot perdu de Piis et Barré.
Le 18 juillet 1781
Concert nocturne dans le jardin français.
Le 20 juillet 1781
Spectacle à Trianon : La Petite Iphigénie de Favart et Voisenon.
Le 26 juillet 1781
Spectacle à Trianon : Les Deux Porteurs de chaise de Piis, Barré et Chardin et illumination en l’honneur de Monsieur, frère du Roi.
Du 29 juillet au 5 août 1781
Nouveau séjour de Joseph II à Versailles.

Il arrive de très bon matin à l’ambassade d’Autriche, Mercy le conduit à l’hôtel de Valois où il logera. Les matelas, les lits de plume, les coussins qu’ont avaient préparés pour lui sont bientôt retirés par son ordre. Après trois heures de repos, il se drape de son incognito et accompagné d’une seule personne, il monte dans un carrosse de place pour aller visiter l’église Sainte-Geneviève, dont il a vu avec plaisir les progrès, autant qu’il a désapprouvé la destruction du jardin du Luxembourg où il s’est ensuite fait conduire.
En fin d’après-midi
Il change d’habit et de carrosse pour se rendre à Versailles, où il a considéré la tendresse du cœur de sa sœur si réjouie de le revoir.
Les deux premiers jours du séjours de l’Empereur se passent à l’intérieur du château, où le Roi et la Reine partagent avec lui tous les plaisirs réservés à une famille unie par les liens de l’amitié autant que par ceux du sang.
Le 31 juillet 1781
Le Roi part à midi pour Saint-Hubert. L’Empereur et sa sœur vont à Trianon d’où ils reviennent pour le retour du Roi.
Utilisant Trianon comme lieu de retraite, Marie-Antoinette ouvre parfois Son domaine à l’occasion de fêtes qu’Elle donne à Ses hôtes de passage. C’est le cas en 1781, lorsqu’Elle reçoit Son frère, l’Empereur Joseph II, de passage à Versailles. Au programme de cette fête du 1er août, une représentation d’Iphigénie en Tauride de Gluck sur la scène du théâtre que la Reine a inauguré l’année précédente, un souper et une illumination des jardins, agrémentée d’un concert champêtre. L’illumination est une reprise (avec un certain nombre d’améliorations) de celle que Marie-Antoinette avait offerte quelques jours plus tôt (le 26 juillet) à son beau-frère, le comte de Provence.
Le tableau de Châtelet illustre l’une ou l’autre de ces illuminations
Illumination du Belvédère du Petit Trianon en 1781 par Claude-Louis Châtelet
Lors de ce séjour, Joseph II aurait contracté une union morganatique avec une jeune comtesse qui mourut en couches. Sa sœur aurait fait élever l’enfant du mariage, Whilhemine , à Versailles, dans une petite maison du parc où la comtesse de Gramont avait logé auparavant ; la baronne d’Oberkirch qui en parle, dit que la fille de l’Empereur est le portrait même de sa tante… est-ce elle qu’on appellera la Comtesse des Ténèbres?
Le 1er août 1781
Fête donnée en l’honneur du comte de Falkenstein, souper, spectacle et illumination à Trianon.


Du 5 au 16 septembre 1781
Séjour de la Cour au château de La Muette.

Lorsqu’il apprend que Marie-Antoinette attend un nouvel enfant, le Roi se souvient de l’enfer lors de la naissance de Madame Royale, et il refuse de Lui faire subir le même supplice. Il prend des libertés avec le protocole.
Le 22 octobre 1781
Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François.
La Reine a très bien passé la nuit, Elle sent quelques douleurs en s’éveillant, mais Elle se baigne malgré tout. Les douleurs reprennent à dix heures et demie.
Seuls les membres de la famille royale, quelques dames de la Maison de la Reine et le garde des Sceaux sont autorisés à pénétrer dans la chambre de la Reine. Que les autres patientent dans le salon voisin ! Louis XVI accepte de les laisser entrer au tout dernier moment, et encore, ils restent bloqués au fond de la pièce, pour que l’air puisse circuler correctement.
« La reine est accouchée d’un dauphin aujourd’hui à une heure vingt-cinq minutes après midi… On avertit Mme la duchesse de Polignac à onze heures et demie. Le roi était au moment de partir pour la chasse avec Monsieur et M. le comte d’Artois. Les carrosses étaient déjà montés, et plusieurs personnes parties. Le roi passa chez la reine ; il la trouva souffrante, quoiqu’elle n’en voulut pas convenir. Sa majesté contre-manda aussitôt la chasse. Les carrosses s’en allèrent. Ce fut le signal pour tout le monde de courir chez la reine, — les dames, la plupart dans le plus grand négligé, les hommes comme on était. Le roi cependant s’était habillé. Les portes des antichambres furent fermées, contre l’usage, pour ne pas embarrasser le service, ce qui a produit un bien infini. J’allai chez la duchesse de Polignac, elle était chez la reine ; mais j’y trouvai Mme la duchesse de Guiche, Mme de Polastron, Mme la comtesse de Grammont la jeune, Mme de Deux-Ponts et M. de Châlons. — Après un cruel quart d’heure, une femme de la reine tout échevelée, tout hors d’elle, entre et nous crie : « Un dauphin ! mais défense d’en parler encore. » Notre joie était trop grande pour être contenue. Nous nous précipitons hors de l’appartement, qui donne dans la salle des gardes de la reine. La première personne que j’y rencontre est Madame, qui courait chez la reine au grand galop. Je lui crie : « Un dauphin, madame ! quel bonheur ! » Ce n’était que l’effet du hasard et de mon excessive joie ; mais cela parut plaisant, et on le raconte de tant de manières que je crains bien que cela ne servira pas à me faire aimer par Madame…
« L’antichambre de la reine était charmante à voir. La joie était au comble, toutes les têtes en étaient tournées. On voyait rire, pleurer alternativement des gens qui ne se connaissaient presque pas. Hommes et femmes sautaient au cou les uns des autres, et les gens les moins attachés à la reine étaient entraînés par la joie générale ; mais ce fut bien autre chose quand, une demi-heure après la naissance, les deux battants de la chambre de la reine s’ouvrirent, et qu’on annonça M. le dauphin. Mme de Guéménée, toute rayonnante de joie, le tint dans ses bras, et traversa dans son fauteuil les appartements pour le porter chez elle. Ce furent des acclamations et des battements de mains qui pénétrèrent dans la chambre de la reine et certainement jusque dans son cœur. C’était à qui toucherait l’enfant, la chaise même. On l’adorait, on la suivait en foule. Arrivé dans son appartement, un archevêque voulut qu’on le décorât d’abord du cordon bleu, mais le roi dit qu’il fallait qu’il fût chrétien premièrement. Le baptême s’est fait à trois heures après midi … »
Stedingk, ambassadeur de Suède en France, à Gustave III
La Reine se met sur Son lit de travail à une heure et un quart (juste à la montre de Louis XVI ) . L’accouchement ne dure que cinq quarts d’heure.


« On n’avait pas osé dire d’abord à la reine que c’était un dauphin, pour ne pas lui causer une émotion trop vive. Tout ce qui l’entourait se composait si bien que la reine, ne voyant autour d’elle que de la contrainte, crut que c’était une fille. Elle dit : « Vous voyez comme je suis raisonnable, je ne vous demande rien. » Le roi, voyant ses inquiétudes, crût qu’il était temps de l’en tirer. Il lui dit, les larmes aux yeux : « M. le dauphin demande d’entrer. » On lui apporta l’enfant, et ceux-qui ont été témoins de cette scène disent qu’ils n’ont jamais rien vu de plus touchant. Elle dit à Mme de Guéménée, qui prit l’enfant : « Prenez-le, il est à l’état ; mais aussi je reprends ma fille. » Il est temps que je finisse ce bulletin ; je demande très humblement pardon à votre majesté du désordre qui y règne. On me dit que le courrier part, et je n’ai pas le temps de le mettre au net. »
Stedingk, ambassadeur de Suède en France, à Gustave III
Les corps de métiers défilent à Versailles pour offrir des cadeaux au nouveau-né.

Des célébrations sont données dans tout le royaume.

Médaille célébrant la naissance du Dauphin


Jubilé pour la naissance du Dauphin

Allégorie de la naissance du Dauphin Louis-Joseph

Marie-Antoinette présentant le Dauphin à la France par Gérard Gautier (1723 – 1795).
Groupe en terre cuite.

![Detail from an engraving of Marie Antoinette and the dauphin, Louis Joseph.
[source: French Revolution Digital Archive]](https://66.media.tumblr.com/abc616131663b2c302cb831d4bb7a77f/tumblr_ofgeo216JW1qatfdco1_500.jpg)
Marie-Antoinette et Louis-Joseph

La naissance de Dauphin assoie Marie-Antoinette dans Sa situation pour laquelle on L’a mariée. Elle n’est plus seulement l’épouse du Roi (actuel), Elle est aussi la mère du prochain Roi.

Le 30 octobre 1781
Le Dauphin est venu au monde voici huit jours…
Il pèse 13 livres et mesure 22 pouces de long.

Sa nourrice est une simple paysanne, bien fraîche, bien portante, nommée Geneviève Poitrine, et qui a eu le bonheur de l’emporter sur des femmes d’une naissance plus distinguée.
En novembre 1781
Les mémoires des fournisseurs témoignent que trente-et-un habits pour monter à cheval sont livrés à la Reine (Marguerite Jallut).
Décembre 1781
Commencement des travaux du corridor du jeu de bague.
1782
Du 20 au 23 janvier 1782
La Cour est au château de La Muette.
Fin janvier 1782

Marie-Antoinette tombe de cheval ce qui provoque une fausse couche. La Reine souffre d’une jambe… Elle déclare un érysipèle qui rend une de Ses joues quelque temps cramoisie…
Cette mauvaise jambe La fera toujours boiter…
Le 2 mars 1782
Mort de Madame Sophie, tante de Louis XVI.

Du 3 au 6 mars 1782
Séjour à Marly de Mesdames Tantes, en deuil de leur sœur, Madame Sophie.
La famille royale vient régulièrement leur rendre visite.
Début d’année 1782
La Reine se coince le pouce droit dans une porte ce qui L’empêche d’écrire pendant plusieurs jours.
En 1782
Fontaine à parfum, paire de perroquets et paire d’aiguières de Marie-Antoinette ( aujourd’hui au Louvre)
( texte et photographies de Christophe Duarte – Versailles passion )

Achetés en 1782 par la Reine pour Sa collection personnelle, cet ensemble orne le Cabinet Doré. La fontaine à parfum de Marie-Antoinette est un objet d’art composite associant cinq pièces en porcelaine de Chine turquoise d’époque Kangxi (1662-1722). Une petite urne couverte gaufrée d’un léger motif de fleurs et fruits, transformée en fontaine avec un robinet, est soutenue sur un brancard par deux lions bouddhiques muselés ou «chiens de Fô», dont le mâle a perdu sa boule de brocard et reçu en remplacement une boule d’agate.


Le tout est posé, comme la petite cuvette sur trépied, sur un plateau rond probablement plus grand à l’origine, agrémenté d’une bordure en bronze à motifs de congélations et pattes de lion.

Les couleurs profondes mais lumineuses de la porcelaine émaillée contrastent subtilement avec le bronze ciselé et doré, pour faire de cette fontaine un objet d’art unique empreint de charme et d’exotisme.

Le 17 mars 1782
La baronnie de Fenestrange est accordée au duc Jules de Polignac …
En avril 1782
Madame Campan, dans ses Mémoires, raconte qu’elle a lu à Louis XVI et Marie-Antoinette Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais … Catastrophe ! Elle rapporte les paroles du couple royal :
« C’est détestable, ce ne sera jamais joué, il faudrait détruire la Bastille pour que la représentation de cette pièce ne soit pas une inconvenance dangereuse. Cet homme se joue de tout ce qu’il faut respecter dans un gouvernement.
– On ne la jouera donc point ? dit la Reine.
– Non, certainement, répondit Louis XVI, vous pouvez en être sûre. »


Le 9 avril 1782
Marie-Antoinette inaugure la salle du théâtre de l’Odéon ( à Paris ) dans lequel la troupe de la Comédie-Française s’est installée le 16 février 1782.

Le 11 avril 1782
Spectacle à Trianon : La Matinée et la veillée villageoises, ou le Sabot perdu de Piis et Barré et Le Sage étourdi de Boissy.
En mai 1782
Marie-Antoinette, qui a eu successivement un catarrhe violent et un érysipèle au visage (dû à la blessure de la jambe lors de l’accident équestre de fin janvier 1782), est parfaitement rétablie. Durant cette indisposition, Marie-Antoinette n’a pas eu de fièvre, de sorte que Son état n’a donné aucune espèce d’inquiétude. Cette incommodité l’oblige de garder l’appartement. Le voyage de Marly avait été contremandé.
Du 7 au 18 mai 1782
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 15 mai 1782
Le Roi chasse le chevreuil aux Costeaux-de-Jouy. Il soupe à Trianon.
Le 16 mai 1782
Le Roi chasse et revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 17 mai 1782
Le comte et de la comtesse du Nord arrivent à Fontainebleau, où les attendent les envoyés du Roi, et leur ambassadeur, le prince Baradinsky.
Samedi 18 mai 1782
Souper à Trianon.

Marie-Antoinette, Madame Royale et Louis-Joseph par Charles Leclercq
Le 19 mai 1782
Le comte du Nord se rend incognito à Versailles pour assister à la procession des chevaliers des Ordres du Roi.
Le 20 mai 1782
Le comte et la comtesse du Nord font leur arrivée, cette fois-ci officielle, à Versailles.

Le 22 mai 1782
Décès en couche de la princesse Louise de Hesse, duchesse de Mecklembourg Strelitz ( à l’âge de vingt-neuf ans), qui était une amie de la Marie-Antoinette, fort peinée de cette disparition, qui La marquera au point de L’inquiéter quant à Ses grossesses futures…
Le 23 mai 1782
Au soir, grand spectacle à l’opéra du château de Versailles. On y donne l’Aline ou la Reine de Golconde, livret du chevalier de Boufflers et musique de M. de Monsigny.
Le 26 mai 1782
M. de Beaumarchais lit devant le comte et la comtesse du Nord le manuscrit du Mariage de Figaro, encore interdit à la scène.
Le 1er Juin 1782
La comtesse du Nord se rend à Bagatelle où le comte d’Artois lui fait les honneurs.

Le 2 juin 1782
Le couple impérial et la Reine assistent au bal de l’Opéra. Dans la salle de l’opéra animée par une centaines de musiciens, deux mille femmes coiffées de plumes rivalisent de splendeur.
Le spectacle de cette foule en grande parure est «magnifique par la quantité et l’éclat des bijoux». Ouvrant le bal avec le comte d’Artois, la Reine est habillée à la Gabrielle d’Estrées :
« Une chapeau noir à plumes blanches, une masse de plumes de héron, rattachées par quatre diamants et une ganse de diamants, ayant pour bouton le diamant nommé Pitt, valant deux millions ; un devant de corps tout en diamants, une ceinture de diamants sur une robe de gaze d’argent, blanche, semée de paillettes, avec des bouillons en or rattachés par des diamants.»
Souvenirs du vicomte de Valfons
Au centre on reconnaît le couple royal :

Le 6 juin 1782
Fête à Trianon en l’honneur du comte et de la comtesse du Nord, souper, spectacle, Les Sabots de Cazotte et Duni, Isabelle et Gertrude de Favart et Les Deux Chasseurs et la Laitière d’Anseaume et Duni, et illumination.

Tableau de Joseph Navlet
La Reine donne une représentation à Trianon pour la comtesse du Nord. Elle y chante Zémire et Azor de Grétry, la Jeune Française au sérail de Gardel.
Le Grand Duc Paul de Russie (1754-1796-1801) et son épouse,
Maria Féodorovna, née Sophie-Dorothée de Wurtemberg-Montbéliard (1759-1828),
alias le comte et la comtesse du Nord.
Après le dîner de trois cents couvert, Trianon est illuminé.
Le 8 juin 1782
Le Roi chasse et revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.

Grand bal en l’honneur du comte et de la comtesse du Nord puis souper chez la princesse de Lamballe, «où le respect ne gêne pas le plaisir». On y joue au loto, la Reine danse quelques contre-danses.

Le 10 juin 1782
Départ pour Chantilly, où tout est splendide et enchanteur.

L’Hallali au cerf dans le parc de Chantilly, offert au comte et à la comtesse du Nord. ( le 12 juin 1782)
Copie du tableau de Jean-Baptiste Le Paon, Musée Condé – Chantilly
Le comte du Nord et le prince de Condé forment une véritable amitié.
Le 15 juin 1782
Le Roi et la Reine accompagnent les «Nord» en promenade à Marly.

Les 18 et 19 juin 1782
La Cour est au château de Choisy.
Le 19 juin 1782
La «cour russe» reprend son chemin. La famille royale fait ses adieux lors du dîner, à Choisy. On leur montre la table mouvante.
Les «Nord» se rendent à Orléans, Ménars, Blois, Amboise, Tours, Angers, Nantes, Lorient, Rouen …. pour finalement quitter Strasbourg et la France le 16 septembre.
Le 22 juin 1782
Le Rocher de Trianon est achevé.

Le 21 juin 1782
Décès de Georges-Guillaume de Hesse-Darmstadt (1722-1782).

Georges-Guillaume de Hesse-Darmstadt
Du 7 au 21 juillet 1782
Séjour de la Reine à Trianon.

Le 8 juillet 1782
Le Roi chasse et revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 10 juillet 1782
Louis XVI chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 11 juillet 1782
Le Roi dîne à Bellevue et chasse le chevreuil à la Porte-Dauphine. Il soupe à Trianon.
Le 12 juillet 1782
Le Roi chasse et revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 14 juillet 1782
Le Roi soupe à Trianon.
Le 16 juillet 1782
Le Roi tire au Butard. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 17 juillet 1782
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 18 juillet 1782
Louis XVI chasse le cerf au Moulin-Neuf de Saint-Arnoul . Il dîne à Saint-Hubert et soupe à Trianon.
Le 19 juillet 1782
Louis XVI chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 20 juillet 1782
Louis XVI chasse le cerf aux Costeaux-de-Jouy et soupe à Trianon.

Le 13 août 1782
Grand’messe, vêpres, salut et procession au dehors. Le Roi soupe à Trianon.
Du 15 au 24 août 1782
Séjour de la Reine à Trianon.
Le 21 août 1782
Louis XVI chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 22 août 1782
Louis XVI chasse à la plaine de Chambourcy et tue cent soixante-cinq pièces. Il soupe à Trianon.
Le 24 août 1782
Louis XVI chasse aux Fours-à-Chaux, il tue quatre-vingt-six-huit pièces et dîne puis soupe à Trianon.
Début septembre 1782
Leurs Majestés viennent de partir à Compiègne. Le Roi va se tuer pendant quatre jours à la chasse. Puis il reviendra à Versailles. La Reine restera deux journées à Louvois, en Champagne, dans la magnifique maison de campagne de Mesdames Adélaïde et Victoire. De là, Elle ira à la Muette où le Roi ira également passer quelques temps.

Du 1er au 9 septembre 1782
Séjour de la Cour à Compiègne.
Le 7 septembre 1782
Mort de Madame de Dillon, l’une des Dames du palais de la Reine.
Du 9 septembre au 3 novembre 1782
Séjour au château de la Muette pour l’inoculation de Madame Royale. Le Dauphin reste à Versailles avec ses sous-gouvernantes puisque Madame de Guéménée a accompagné sa sœur.
Le 10 septembre 1782
« Quand Madame Royale eut quatre ans, la Reine se plut à la conduire voir, sa tante, et au retour de chaque visite on avait quelque trait touchant ou intéressant à raconter. Ainsi une fois, la Reine avait conduit la jeune princesse au monastère, et, comme elle était à la veille d’être inoculée, on ne lui avait fait servir qu’une très-légère collation. Madame Royale, qui avait encore faim, ne fit aucune observation, et se contenta de ramasser jusqu’aux moindres miettes de pain. L’une des religieuses fit alors l’observation que la soumission et la sobriété de la jeune princesse semblaient annoncer chez elle quelque vocation pour la vie des Carmélites, et elle demanda à la Reine si, la chose étant, elle en ressentirait quelque déplaisir. « Loin de là, répondit celle-ci , j’en serais au contraire très flattée. » Marie-Antoinette, ayant désiré que toutes les religieuses vissent sa fille, demanda à celle-ci , quand toute la communauté fut réunie, si elle n’avait rien à leur dire : «Mesdames, répondit la petite princesse, qui n’avait alors que quatre ans, priez pour moi à la messe. » Son bon ange lui disait-il dès lors combien elle aurait besoin du secours de Dieu pour traverser tant d’infortunes, cachées encore dans les ténèbres de l’avenir?…»
Souvenirs de Quarante ans 1789-1830. Récits d’une Dame de la Dauphine de Comtesse Pauline de Galard de Béarn
Le 27 septembre 1782
La Reine revient tout particulièrement à Compiègne pour donner ses ordres à l’établissement de son nouvel appartement dans «l’aile de la reine», ceux de ses enfants à côté, mettant au point la distribution des appartements et le choix des décorations. Elle demande, comme à Versailles, de relier les deux chambres des souverains, un passage secret en sous sol.
« Bâtiments et décors achevés attendirent en vain ceux à qui ils étaient destinés. Ni Louis XVI ni Marie-Antoinette ne virent leurs appartements achevés et meublés.»
écrira J.M. Moulin

Le 1er octobre 1782
Banqueroute des Guéménée.
Le 20 octobre 1782
Démission de la princesse de Guéménée dans sa charge de gouvernante des Enfants de France.

Le 24 octobre 1782

La Reine donne à Madame de Polignac la place de Gouvernante des Enfants de France en remplacement de Madame de Guéménée.

Cela accroît la jalousie de certains courtisans envers le clan Polignac.
Marie-Antoinette, qui a passé de nombreuses heures ruineuses à jouer aux fameuses fêtes de cartes de la Princesse où il était dit que les jeunes n’ont pas émergé pendant des jours, fait de son mieux pour aider le couple. Elle et la princesse n’ont jamais été les meilleures amies – Victoire est plus âgée que Marie-Antoinette et plutôt trop sophistiquée à Ses goûts – mais elles s’entendent assez bien pour qu’Elle veuille l’aider d’une manière ou d’une autre, ce qu’elle a fait en obtenant un prêt pour le prince et organiser également pour Louis XVI l’achat de leur propriété à Montreuil pour la Princesse Élisabeth.
Du 4 au 6 novembre 1782
La Cour séjourne à Fontainebleau.
1783
Commencement de la construction du Hameau de Trianon.
« Ai-je besoin de parler des aumônes que Marie-Antoinette a faites? parlerai-je des années 1776, 1783, 1788, 1789?
–Jamais dépense, ne fut plus agréable à mon cœur» disait Marie-Antoinette.
Une autre fois elle répond :
«Sans doute nous faisons souvent l’aumône : mais il y a peu de gens de notre état qui sachent la faire. »
Que de bienfaits n’a-t6elle pas enfouis dans cette classe, qui sans être indigente avait sans cesse des besoins! Que d’ingrats elle a faits! Quel est le service qu’elle ait refusé! la fondation qu’elle n’ait pas protégée! La recommandation qu’elle n’ait pas répétée! Pour qui étaient-elles donc ces sollicitations continuelles, ces grâces, ces emplois? N’était-ce pas pour faire des heureux, et pour en multiplier le nombre?»
Le Chevalier de Maistre
Du 20 au 23 janvier 1783
Séjour de la Cour au château de La Muette.
Le 3 mai 1783
Madame Élisabeth (1764-1794) a dix-neuf ans. Le Roi, son frère, lui offre le domaine de Montreuil à Versailles.


Le 29 mai 1783
« La Reine qui se proposait de représenter aujourd’hui sur le théâtre du Petit Trianon l’opéra-comique du » Tonnelier « , dans lequel Elle tient le rôle de Fanchette, n’a pu se procurer cet amusement parce que hier à la répétition Elle s’est foulé le pied et que pendant la nuit l’enflure est augmentée .
Journal du marquis de Bombelles
Quelques personnes croient que cet accident n’a pas été assez considérable pour empêcher la Reine de donner son spectacle, mais qu’on L’a avertie que ce genre d’amusement, le jour de l’Ascension, serait un nouvel objet de critique, surtout dans le moment où les chansons satiriques paraissent en grand nombre malgré les soins que se donne la police pur en découvrir les auteurs.»
Le 31 mai 1783
Elisabeth Vigée Le Brun est reçue à l’Académie royale de peinture par ordre du Roi et grâce à la faveur de la Reine dont elle est devenue la portraitiste attitrée.
Élisabeth Vigée Le Brun par elle-même
Son tableau de la Reine en «Robe en chemise» exposé au Salon de l’Académie cette même année, est source de critiques nombreuses: la tenue de Marie-Antoinette est considérée comme indécente.
Portrait de Marie-Antoinette en chemise à la Reine (1783)
Le tableau fait scandale. Le public s’offusque de voir sa Reine apparaître en chemise, au lieu de resplendir dans tous les atours de sa fonction. On La dit habillée comme une femme de chambre et des satiristes rebaptisent le tableau La France sous les traits de l’Autriche réduite à se couvrir d’une pane. L’affaire prend même, comme toujours, un tour politique quand certains persiflent que l’Autrichienne veut couler les soyeux de Lyon au profit des drapiers de Flandre… à l’époque région administrée par l’Autriche. A la hâte, ce portrait sera remplacé par le fameux portrait de «Marie-Antoinette à la rose» où la Reine arbore une robe de cour plus classique, en soie couleur «suie des cheminées de Londres».
Marie-Antoinette à la rose

Jane Seymour est Marie-Antoinette dans Les Années Lumières (1989) de Robert Enrico
Juin 1783
Absent de France depuis 1779, le comte de Fersen rentre d’Amérique où il a soutenu la cause des Insurgents.
Du 2 au 7 juin 1783
Premier séjour de la Reine à Trianon avec Madame Royale.

Ute Lemper dans L’Autrichienne (1990) de Pierre Granier-Deferre

Le 2 juin 1783
Louis XVI chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 5 juin 1783
Louis XVI chasse à Bellevue, chasse le chevreuil à l’avenue de Trivaux, puis il soupe à Trianon où il y a spectacle.
Le 6 juin 1783
Louis XVI chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon où il y a petite comédie.
Les 18 et 19 juin 1783
Séjour de la Cour au château de Choisy.
De mi-juin au 12 juillet 1783
Séjour de la Cour au château de La Muette.

Durant l’été 1783
Les princesses de Hesse-Darmstadt reviennent à Versailles. Pierre de Nolhac nous informe que les princesses logent durant ce séjour dans l’ancien logement de Madame de Polignac au premier étage de l’aile vieille n° 26, prêté par le grand chambellan de France, le prince de Bouillon:
«un des plus beaux de Versailles »
Newton – Espace du Roi – p.107
Le Chevalier d’Isle écrit dans ses lettres à propos de ce second séjour:
« La Reine a pour son été les trois princesses de Hesse Darmstadt qu’elle aime fort et qu’elle loge ici dans l’ancien appartement de Madame de Polignac, elles sont accompagnés de leur frère, le prince Georges ».

Louise de Hesse-Darmstadt
Ces trois princesses sont donc Louise de Hesse (1721-1829), Louise de Leiningen (1729-1818) et la princesse Charlotte Wilhemine de Hesse (1755-1785), princesse de Mecklembourg Streliz ).
Le 9 août 1783
Fête et illumination à Trianon en l’honneur de la femme de l’ambassadeur d’Angleterre, la duchesse de Manchester.

Illumination du belvédère et de la grotte au Petit Trianon par Châtelet, 1785
Le 25 août 1783
La Cour apprend une nouvelle grossesse de Marie-Antoinette. La Reine en est mécontente et s’enferme dans ses appartements ; ses dames trouvent porte close.
« Marie-Antoinette fait un ébranlement de fruit pour lequel Elle reste au lit ou sur une chaise longue pendant neuf jours ( selon Son accoucheur M. de Vermond, frère de l’abbé ).»
Le marquis de Bombelles dans son Journal
Du 1er au 9 septembre 1783
Séjour de la Cour au château de Compiègne.
Le 19 septembre 1783
Face à la place d’Armes, Le Martial d’Etienne de Montgolfier s’élève dans le ciel .

De toile de coton encollée de papier sur les deux faces, le ballon mesure 18,47 mètres de haut sur 13,28 de large et pèse 400 kg. Il se nomme Le Réveillon, du nom de son ami Jean-Baptiste Réveillon, directeur de la Manufacture royale de papiers peints. Celui-ci a réalisé un décor à fond bleu azur aux chiffres du Roi – deux L entrelacés – reliés par divers ornements, le tout doré.

La démonstration a lieu devant Louis XVI et la famille royale, dans l’avant-cour du Château, noire de monde.

Des animaux, par précaution, ont été retenus pour le vol. Annoncés par un coup de canon, un mouton, un canard et un coq embarquent à une heure après midi dans le panier rond en osier, accroché au ballon par une corde.

La famille royale dans le film Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Onze minutes plus tard, un second coup retentit, annonçant que le panier est prêt à partir.

Le ballon s’élève, à la stupéfaction et sous les acclamations du public. Il monte à 500 mètres. Endommagé par une déchirure, il descend lentement huit minutes plus tard, après avoir parcouru 3,5 km. Il atterrit dans le bois de Vaucresson.

A l’atterrissage les animaux sont retrouvés vivants et bien portants. L’expérience est un succès. En guise de récompense, les animaux, véritables héros des airs, sont recueillis par Louis XVI à la Ménagerie de Versailles.

La famille royale dans le film Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Pilâtre de Rozier devient le premier homme d’un vol habité.
Le 26 septembre 1783
Une première officieuse du Mariage de Figaro a lieu à Gennevilliers , chez le comte de Vaudreuil. La Reine y était attendue. On ne sait si Elle a pu s’y rendre : les témoignages divergent.
Du 9 octobre au 24 novembre 1783
Long séjour de la Cour à Fontainebleau.
Ce séjour compte de nombreuses courses de chevaux.

Le 20 octobre 1783
Soirée chez Diane de Polignac.

Diane de Polignac par H.P. Danloux
En novembre 1783
Présence de Giacomo Casanova (1725-1798) à Fontainebleau.

Casanova par Raphaël Mengs
Le 3 novembre 1783
Marie-Antoinette fait une fausse-couche. On ignore depuis combien de temps Elle était enceinte.
Le 4 novembre 1783
Louis XVI nomme Charles-Alexandre de Calonne ( 1734-1802) contrôleur général des Finances sous la pression de la Reine.
Le 18 novembre 1783
Louis XVI nomme le baron de Breteuil (1730-1807) secrétaire d’État de la Maison du Roi , ministre d’État; il remplace M. Amelot de Chaillou.

Le baron de Breteuil par Ménageot
Le 18 novembre 1783
Chimène ou le Cid de Sacchini est un échec au grand désarroi de Marie-Antoinette.
Le 21 novembre 1783
Mort du comte de Maurepas ( né en 1701).
Louis XVI est ému de perdre son mentor.

L’expérience du vol du ballon d’Etienne de Mongolfier est renouvelée, avec des hommes cette fois, devant le Dauphin au château de La Muette.

Le 1er décembre 1783
Marie-Antoinette assiste aux Tuileries au premier vol d’une montgolfière à hydrogène réalisé par Jacques-Alexandre César (1746-1823) et son collaborateur Marie-Noël Robert (1760-1820).
Le 5 décembre 1783
Mort de Mademoiselle d’Artois, la fille du comte et de la comtesse d’Artois.
Le 29 décembre 1783
Le Roi achète le domaine de Rambouillet au duc de Penthièvre pour y chasser.

Il y fait construire une Laiterie pour la Reine.


1784
Au début de l’année, les maisons du Hameau sont couvertes.

Au château, le petit salon du premier étage est transformé en billard.
En 1784
« La Reine conduisait ses enfants, deux fois l’An, au Carmel de Saint-Denis. Une fois, Madame Royale, âgée alors de cinq à six ans, laissa tomber son mouchoir; la Reine, par un regard, lui témoigne le désir qu’elle a de le lui voir ramasser elle-même ; et comme les religieuses se baissaient pour lui épargner ce soin : « Non, non, ma tante, dit la « Reine à Madame Louise, je ne le permettrai pas : c’est ici la maison de l’humilité ; je veux « que ma fille, tout enfant qu’elle est, y reçoive « une leçon d’obéissance et de modestie ».
Les Bourbons martyrs, ou, Les augustes victimes (1821)
Le 19 mars 1784
Spectacle à Trianon : L’Amitié sur le trône de Linières et Les On-dit (du chevalier de Boufflers.
Calendrier de l’année 1784
Le 27 avril 1784
La première officielle du Mariage de Figaro a lieu à la Comédie-Italienne.
Le 17 mai 1784
Marie-Antoinette vient pour la première fois à Rambouillet… qu’Elle n’aime pas !
Le 28 mai 1784
Chasse au sanglier avec la Reine, dans la forêt de Marly. Dîné à quatre heures. La Reine a chassé et soupé.
Le 3 juin 1784
La Reine revient à Rambouillet… pour la journée.
Le 7 juin 1784
Le comte de Haga, alias le Roi Gustave III de Suède (1746-1792), arrive à la Cour incognito et à l’improviste.

Gustave III de Suède
« Le comte de Haga était tombé à la cour comme une bombe. Le roi était à la chasse à Rambouillet, la reine le fit prévenir en toute hâte. (…) Les valets de chambres ne se rencontrèrent point là quand il le fallut ; ils avaient emporté les clefs, on ne savait où les prendre. Le comte de Haga était déjà chez la reine ; le roi dans sa bonté ne voulait pas le remettre ; des gens de la cour aidèrent Sa Majesté à s’habiller tant bien que mal… On était si pressés que tout fut fait de travers sans qu’on s’en aperçût. Il avait une de ses boucles de souliers en or et l’autre blanche, une veste en velours au mois de juin ! et ses ordres tout à rebours (ses emblèmes royaux à l’envers), il n’était bien poudré que d’un côté et le nœud de son épée ne tenait pas. La reine en fut frappée et se contraria. Quant au roi, au contraire, il en rit beaucoup, et fit rire le comte de Haga.»
La baronne d’Oberkirch

Le Roi de Suède a accepté l’invitation que Louis XVI lui avait adressée en février.
On joue Le Dormeur éveillé de Marmontel et Piccini.
Gustave III ne repartira que le 20 juillet.
Le 11 juin 1784
Dernières règles de Marie-Antoinette avant Sa troisième grossesse.
Le 21 juin 1784
Fête donnée en l’honneur du comte de Haga (Gustave III), souper, spectacle et illumination à Trianon.
C’est une soirée fastueuse. Les invités, tout de blanc vêtus selon le désir de la souveraine, commencent par assister au Dormeur éveillé de Marmontel, puis ils se rendent par le parc illuminé jusqu’au temple de l’Amour. Là, une foule est massée, car la Reine a permis «à toutes les personnes honnêtes» d’entrer dans le parc à condition qu’elles aient un habit blanc.

Raphaëlle Agogué est Marie-Antoinette (2011) pour Thierry Binisti
Derrière le Temple de l’Amour, en vue de son illumination pour cette fête mémorable entre toutes ( la plus belle de toutes celles que Marie-Antoinette donna à Trianon ) , une tranchée avait été creusée dans laquelle un grand feu consuma le nombre prodigieux de 6400 fagots de bois !

« Soudain, une flamme s’éleva derrière le Temple et, en quelques secondes, le parc entier parut brûler. Des colonnes d’étincelles montaient vers la cime des arbres et les nuages s’empourprèrent. »
« Après l’embrasement du Temple, on servit un souper dans les pavillons du jardin français. Au petit matin, Gustave III, ravi par cette fête grandiose, remercia Marie-Antoinette. Il ignorait, le pauvre, que, sans l’amour, la France, n’eût certainement pas fait tant d’honneur à son pays.»
Illumination du belvédère et de la grotte au Petit Trianon par Châtelet, 1785
« A la table du Roi, on a servi quatre-vingts entrées et quarante-huit entremets. A la grande table d’honneur quarante-huit entrées et soixante-quatre entremets .
Journal du secrétaire Franc, cité par Félix Moeschlin dans Le beau Fersen
Menu : oreilles d’agneau à la Provençale, esturgeon à la broche, sauce à la glace, rôt de bif de chevreuil, d’un chevreuil tué par le Roi lui-même, compote de faisans … »
La Reine ne danse point … Elle a l’esprit ailleurs …
Gustave III fait le compte-rendu de cette réception :
« On a joué sur le petit théâtre le « Dormeur réveillé », par M. de Marmontel, musique de Grétry (c’est « le Dormeur éveillé » de Piccini) avec tout l’appareil des ballets de l’Opéra réunis à la Comédie Italienne. La décoration de diamants termina le spectacle. On soupa dans les pavillons des jardins et, après souper, le jardin anglais fut illuminé. C’était un enchantement parfait. La Reine avait permis de se promener aux personnes honnêtes qui n’étaient pas du souper et on avait prévenu qu’il fallait être habillé en blanc ce qui formait vraiment le spectacle des Champs-Élysées. La Reine ne voulut pas se mettre à table, mais fit les honneurs comme aurait pu faire la maîtresse de la Maison la plus honnête. Elle parla à tous les suédois, et s’occupa d’eux avec un soin et une attention extrêmes. Toute la famille royale y était, les charges de la cour, leurs femmes, les capitaines des gardes du corps, les chefs des autres troupes de la Maison du Roi les ministres et l’ambassadeur de Suède (M. de Staël). La princesse de Lamballe fut la seule des princesses de sang qui y était. La Reine avait exclu tous les princes, le Roi ayant été mécontent d’eux.»


Le 23 juin 1784
Décollage de la montgolfière Marie-Antoinette de la cour des Ministres du château de Versailles, en présence de la famille royale.

Ascension de la mongolfière Marie-Antoinette,musée Mandet
La Reine a donné Son patronage à l’aéronaute, Pilâtre de Rozier (1754-1785).






Le 25 juin 1784
Conception de Louis-Charles, duc de Normandie, selon Paul et Pierrette Girault de Coursac.
Le 27 juin 1784
Marie-Antoinette joue sur la scène de Trianon le rôle de Rosine du Barbier de Séville de Beaumarchais devant un public choisi comprenant le Roi de Suède.
Joelly Richardson est Marie-Antoinette dans The Affair of the Necklace de Charles Shyer (2001)

Raphaëlle Agogué est Marie-Antoinette en Rosine
dans Louis XVI, L’Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
Le 7 juillet 1784
Marie-Antoinette et le comte d’Artois donnent à dîner au comte de Haga (Gustave III) au château de Marly.
Du 20 juillet au 8 août 1784
Séjour de la Reine à Trianon.

Le 18 juillet 1784
Un bal en l’honneur du Roi Gustave III est donné dans l’Opéra royal.
Le 20 juillet 1784
Louis XVI chasse le chevreuil au Butard, puis soupe à Trianon.

Image du docu-fiction de David Grubin
Le 23 juillet 1784
Le Roi chasse et ne prend rien. Il visite la Muette et soupe à Trianon.
Le 24 juillet 1784
Louis XVI chasse le chevreuil au pavillon d’Orsine, puis soupe à Trianon.
Dimanche 25 juillet 1784
Vêpres et salut. Louis dîne et soupe à Trianon.

Le 27 juillet 1784
Le Roi chasse et ne prend rien. Il visite la Muette et soupe à Trianon.
Le 28 juillet 1784
Louis XVI visite Bellevue et la Muette, chasse le chevreuil au Butard, puis soupe à Trianon.
Le 29 juillet 1784
Le Roi soupe à Trianon.
Le 31 juillet 1784
Spectacle à Trianon : Le Comédien bourgeois de Carmontelle, Les Amours d’été de Piis et Barré et Berlingue de Despréaux.
En août 1784
« Marie-Antoinette, en signe d’estime, offre à Georgiana une chemise décorée de dentelles légères et, profitant de la chaleur estivale, la duchesse l’exhibe triomphalement au bal du prince de Galles, soulignant qu’elle porte ce que la Reine de France lui a donné. De cette façon, elle attribue manifestement à Marie-Antoinette la propagation (sinon l’invention) de cet article, la légitimant à nos yeux et surtout aux yeux de Ses contemporains, en tant que grande inspiratrice de tendances et créatrice d’image (rôle auquel l’auteure tenait grand plus long que sa propre couronne). Les jours suivants, le Lady ‘ s Magazine a enregistré que – désormais tout le gentil sexe, de quinze à cinquante ans et plus … apparaît dans des robes de mousseline blanche avec de larges bandes – : sur la vague de son succès mondain, Georgiana a réussi à introduire la chemise à la reine en Angleterre et elle aurait inexorablement pris pied, caractérisant la mode des prochaines années.»
Fabrizio Casu
Dimanche 1er août 1784
Le Roi dîne avec ses tantes et soupe à Trianon.
Le 2 août 1784
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 4 août 1784
Le Roi tire à la plaine de Poissy et soupe à Trianon.
Le 5 août 1784
Le Roi visite la Muette, dîne à Bellevue et soupe à Trianon.
Le 8 août 1784
Le Roi tire à la plaine de Chambourcy, et soupe à Trianon.
Le 11 août 1784 à minuit
Le cardinal de Rohan croit rencontrer la Reine dans le Bosquet de Vénus du parc de Versailles… c’est en fait Nicole Leguay, modiste (?), costumée comme la Reine…et voilée !

Du 28 août au 19 septembre 1784
Séjour de la Reine à Trianon.
Kirsten Dunst ( 2006)

Marie-Antoinette et Ses enfants par Wertmüller

Marie-Thérèse et Louis-Joseph (1784) par Elisabeth Vigée Le Brun
Le 2 septembre 1784
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 3 septembre 1784
Le Roi chasse le cerf à Port-Royal. Il soupe à Trianon.
Le 8 septembre 1784
Louis XVI dîne et soupe à Trianon.
Le 9 septembre 1784
Le Roi chasse au Petit-Saclé et soupe à Trianon.
Le 10 septembre 1784
Le Roi chasse le cerf à Port-Royal. Il soupe à Trianon.
Le 11 septembre 1784
Louis XVI tire à la plaine de Velisy, et soupe à Trianon.
Dimanche 12 septembre 1784
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 13 septembre 1784
Louis XVI visite Trianon pour le Dauphin, il tire à la plaine de Saclé, et soupe à Trianon.

Ute Lemper dans L’Autrichienne (1990) de Pierre Granier-Deferre
Le 14 septembre 1784
Le Roi chasse le cerf à Marcoussy. Il soupe à Trianon.
Le 15 septembre 1784
Spectacle à Trianon : Le Barbier de Séville de Paisiello.
Le 16 septembre 1784
Le Roi tire à la plaine d’Arcueil. Il soupe à Trianon.
Le 17 septembre 1784
Le Roi chasse et ne prend rien. Il soupe à Trianon.
Le 18 septembre 1784
Spectacle à Trianon : Dardanus de Sacchini.
Automne 1784
A la requête de Son frère Joseph II, la Reine intervient pour influencer l’attitude de la France dans l’affaire dite des Bouches de l’Escaut.
Du 11 au 13 octobre 1784
La Cour fait un court séjour à Fontainebleau.
Le 21 octobre 1784
Dîner avec Mesdames Tantes.
Du 8 au 10 novembre 1784
La Cour fait à nouveau un court séjour à Fontainebleau.
Le 21 novembre 1784
Mort de Claude Richard père ( né le 13 août 1705), jardinier du Petit Trianon.
1785
Achèvement des maisons du Hameau de la Reine.

Construction d’un yacht pour la Reine exclusivement réservé aux voyages à Fontainebleau ( ce cadeau coûtera 60 000 livres ), qui témoigne de Son intention d’y venir fréquemment.

Mais le yacht ne sera utilisé que deux fois.
En 1785
Marie-Antoinette acquiert cet automate de «joueuse de dulcimer» ou tympanon, avec – dit-on – une robe et des cheveux qui viennent de la Reine. Il est réalisé par le fabriquant d’horloges Pierre Kintzing et l’ébéniste de la Cour David Roentgen (1743 – 1807). La Reine l’offre à l’Académie des Sciences.


Le fauteuil pivotant de Marie-Antoinette
1785
de Claude Sené
Chiffre de la Reine «Garde Meuble de la Reine»
Numéro d’inventaire : 467
(Source texte et photos : Hillwood Museum)

Ce fauteuil a été conçu comme une chaise de coiffeuse. Son dossier bas et son assise enveloppante facilite le poudrage des cheveux.
La chaise porte la marque du fabricant Claude Sené, ainsi que le cachet du «Garde meuble de la Reine». La forme incurvée en forme de tonneau de cette chaise pivotante permet de combiner le dossier et les bras en une seule section.

Les accoudoirs courbes ont une volute audacieuse en haut sculptée d’un motif d’acanthe et en bas reposant sur un triglyphe.

Une bande de feuilles et de perles sert de décoration entre les deux zones ainsi que sur le dossier de la chaise. Le siège circulaire, tapissé de cuir et tournant sur un axe central, est orné d’une bande similaire de feuilles stylisées. Sa base est sculptée de bandes de perles et de feuilles d’acanthe. Les quatre pieds de la console comportent une grande feuille d’acanthe à chaque genou et des perles descendent jusqu’à chaque pied.
Le 1er février 1785
Le «collier de l’affaire» est livré au cardinal de Rohan (1734-1803) qui le remet à Jeanne de La Motte (1756-1791), s’attendant à ce qu’il soit donné à Marie-Antoinette.

Madame de La Motte et ses complices le font démonter et les diamants sont vendus à la pièce.
Le 20 février 1785
Le Roi offre à Marie-Antoinette le château de Saint-Cloud qu’il a acheté au duc d’Orléans.
Le château de Saint-Cloud
Elle souhaite pouvoir y résider avec Ses enfants; l’air y est jugé très sain. Que les ordres y soient donnés «De par la Reine» engendre de nombreuses critiques…
Pour la naissance de Son second fils, Louis-Charles, Marie-Antoinette recourt à un subterfuge qui, sans abolir la pratique intrusive de l’accouchement public, Lui permet d’en limiter la pénibilité.
Le 27 mars 1785 au petit matin
La Reine sent que le travail est imminent. Elle ne met dans la confidence que Son amie la duchesse de Polignac, et donne le change face aux courtisans pour dissiper leurs soupçons. Elle se fait ainsi violence pour repousser jusqu’à l’extrême limite le moment d’en faire l’annonce officielle.
Le Mercure de France rapporte que la Reine a accouché « après un travail fort court » et que de tous les princes du sang, seul le duc de Chartres se trouvait au baptême de l’enfant, « les autres princes et princesses n’ayant pu se rendre assez tôt pour s’y trouver ».
La ruse de la souveraine a parfaitement fonctionné !
Le 27 mars 1785 à sept heures et demie du matin
Naissance de Louis-Charles, duc de Normandie, surnommé «Chou d’Amour» par Marie-Antoinette, Dauphin en 1789 et déclaré Roi de France en 1793 par les princes émigrés sous le nom de Louis XVII. Son parrain est Monsieur, comte de Provence et sa marraine Marie-Caroline, Reine de Naples.

L’enfant est plus robuste que son frère aîné. La Reine l’aime passionnément.
Le 6 mai 1785
Florens-Louis Heidsieck présente ses vins à Marie-Antoinette.

Le tableau situe la scène dans la chambre de la Reine.

Le 24 mai 1785
Lors de Sa visite de Relevailles à Paris, Marie-Antoinette constate que Sa popularité a diminué…
Le 26 mai 1785
Séjour de la Reine à Trianon pour quelques jours.

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Le 8 juin 1785
Marie-Antoinette est choquée par le peu d’empressement que Lui marquent les parisiens:
« Mais que leur ai-je donc fait?» s’exclame-t-Elle en rentrant aux Tuileries devant ce premier signe d’impopularité…
Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
Du 19 juin au 12 juillet 1785
Séjour de la Reine à Trianon.

La princesse de Lamballe (Gabrielle Lazure), la duchesse de Polignac ( Claudia Cardinale)
et Marie-Antoinette (Jane Seymour) au hameau de Trianon dans Les Années Lumières (1989) de Robert Enrico
Le 20 juin 1785
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 22 juin 1785
Le Roi dîne et soupe à Trianon. Service de la Reine à la chapelle.
Le 23 juin 1785
Le Roi chasse le chevreuil au pavillon de Trivaux. Il dîne à Trianon. Service de la Reine à Notre-Dame.
Les 24, 26 et 29 juin 1785
Bals à Trianon , dans une tente dressée dans le jardin français.
Le 27 juin 1785
Le Roi dîne et soupe à Trianon. Promenade à la ménagerie.
Le 28 juin 1785
Le Roi chasse le chevreuil au Butard, il en prend un et tue vingt-trois pièces. Il soupe à Trianon.
Le 1er juillet 1785
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 2 juillet 1785
Le Roi chasse le chevreuil dans la forêt de Marly et soupe à Trianon.
Le 8 juillet 1785
La Reine se rend à Rambouillet.
Le 12 juillet 1785
La Reine reçoit une lettre des bijoutiers de la Cour à propos du collier acquis en Son nom par le cardinal de Rohan. Elle n’y comprend rien et brûle le document en présence de Madame Campan.

Le 25 juillet 1785
Marie-Antoinette revient à Rambouillet.
Le 29 juillet 1785
Baptême du duc d’Angoulême, fils aîné du comte et de la comtesse d’Artois.
Du 1er au 24 août 1785
Séjour de la Reine à Trianon.

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Le 1er août 1785
Ne voyant rien venir, Böhmer interroge Madame Campan qui l’informe que le billet est détruit. Böhmer s’écrie alors :
« Ah ! Madame, cela n’est pas possible, la Reine sait qu’elle a de l’argent à me donner ! »
Le bijoutier annonce à Madame Campan que la commande a été passée par Rohan sur ordre de la reine. N’en croyant rien, la femme de chambre lui conseille d’en parler directement à la Reine.
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 2 août 1785
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 4 août 1785
Le Roi ne peut tirer à Meudon à cause de la pluie. Il soupe à Trianon.
Le 5 août 1785
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 7 août 1785
Vêpres et salut . Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 8 août 1785
Le Roi tire à la plaine de Chambourcy et soupe à Trianon.

Marie-Antoinette par Sicardi (1785)
Le 9 août 1785
Böhmer est reçu par Marie-Antoinette qui, entendant le récit, tombe des nues. Elle lui avoue ne rien avoir commandé et avoir brûlé le billet. Furieux, Böhmer rétorque :
« Madame, daignez avouer que vous avez mon collier et faites-moi donner des secours ou une banqueroute aura bientôt tout dévoilé ».
La Reine en parle alors au Roi et au baron de Breteuil, ministre de la Maison du Roi.
Le 11 août 1785
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 12 août 1785
Le Roi tire à la plaine de Gournay et soupe à Trianon.
Dimanche 14 août 1785
Vêpres et salut. Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 15 août 1785

Le cardinal de Rohan
Le cardinal de Rohan est convoqué par le Roi : il avoue son imprudence mais nie être l’instigateur de l’affaire, faute qu’il rejette sur Madame de La Motte. Il est arrêté le jour même en habits liturgiques dans la Galerie des Glaces devant toute la Cour, alors qu’il se rend à la chapelle du château pour célébrer la Messe de l’Assomption : on le soupçonne d’avoir voulu flétrir l’honneur de Marie-Antoinette. Les proches des Rohan et les ecclésiastiques sont outrés.

Tableau de Joseph Navlet

Le 18 août 1785
Le Roi tire à la plaine de Montrouge et soupe à Trianon.
Le 19 août 1785
Spectacle à Trianon. Le Barbier de Séville de Beaumarchais (joué à la Comédie-Française dès 1775) est donné à Trianon dans le théâtre privé de Marie-Antoinette : le comte d’Artois joue encore Figaro, le comte de Vaudreuil (amant de Madame de Polignac) interprète Almaviva et… Marie-Antoinette Rosine.

Raphaëlle Agogué est Marie-Antoinette en Rosine
dans Louis XVI, L’homme qui ne voulait pas être Roi, de Thierry Binisti (2011)
C’est le dernier spectacle représenté dans le théâtre de la Reine sous l’Ancien Régime ( on y rejouera sous Louis-Philippe).
Le 28 août 1785
On célèbre la cérémonie de baptême du duc d’Angoulême, dix ans, et du duc de Berry, qui a sept ans et demi. Le Roi et la Reine sont les parrains du duc d’Angoulême. Les parrains du petit-duc de Berry sont Carlos III, Roi d’Espagne (représenté par le comte Provence) et sa marraine, Marie Antoinette d’Espagne, Reine de Sardaigne (représentée par la comtesse de Provence).

La comtesse d’Artois et ses trois enfants : le duc d’Angoulême (1775),
Mademoiselle d’Artois (1776) et le duc de Berry (1778)
A la chapelle royale de Versailles, la cérémonie est précédée par Armand de Roquelaure, évêque de Senlis. Aucun prince n’a le ruban bleu sur son costume. Les cent gardes suisses sont en grande tenue.
A partir du 4 septembre 1785
Séjour d’un mois de la Cour au château de Saint-Cloud, pendant lequel le Dauphin Louis-Joseph est inoculé.

Le 23 septembre 1785
Dernières règles de Marie-Antoinette avant Sa quatrième grossesse.
Le 7 octobre 1785
Conception de la petite Madame Sophie.
Du 10 octobre au 16 novembre 1785
Séjour de la Cour à Fontainebleau où Marie-Antoinette se rend en yacht par la Seine.
Madame Royale est, pour la seconde fois, du séjour à Fontainebleau. Durant ce séjour, elle est insupportable. Marie Antoinette lui passe tout.
Le 2 novembre 1785
Opéra : Pénélope de Niccolò Piccini (1728-1800)
Le 17 novembre 1785
Mort du duc d’Orléans. Son fils, le duc de Chartres, le futur Philippe Égalité, succède au titre.
Le 27 décembre 1785
Axel de Fersen écrit à Gustave III :
« Madame de Polignac se soutient toujours elle est toujours aussi bien qu’elle était, mais depuis le départ de M. Calonne les individus de sa société ne sont plus rien et n’ont aucun crédit. La Reine est assez généralement détestée, on lui attribue tout le mal qui se fait et on ne lui sait pas gré du bien.
Le choix de M. Necker serait fort bon et l’Archevêque se serait fait beaucoup d’honneur s’il l’avait appelé quand il a été fait ministre principal. On a une grande idée, et avec raison, de l’honnêteté et des talents de cet homme… Le Roi est toujours faible et méfiant, il n’a de confiance qu’en la Reine, aussi il paraît que c’est elle qui fait tout, les ministres y vont beaucoup et l’informent de toutes les affaires, on a beaucoup dit dans le public que le Roi commençait à boire que la Reine entretenait cette passion et profitait de son état pour lui faire signer tout ce qu’elle voulait, rien n’est plus faux il n’a pas le penchant pour la boisson et dans la supposition qu’on fait ce serait un vice trop dangereux pour les suites qu’il, pourrait avoir, car une autre pourrait surprendre au Roi une signature aussi bien que la Reine.
Depuis que l’anglomanie s’est glissée dans tous les esprits, Versailles a été plus désert qu’a 1 ‘ordinaire, pour y ramener du monde on dit, qu’il va y avoir des soupers trois fois par semaine chez la Reine, on doit s’assembler à 9’h. jusqu’à 11h. Je crois que cela n’est pas encore décidé, il y a jeu les samedis et dimanches.»
1786
Construction du boudoir Turc de Marie-Antoinette à Fontainebleau


Le 26 avril 1786
Le Roi est allé à la forêt de Marly voir les animaux enfermés au lieu d’aller chasser le chevreuil.
Le 11 mai 1786
Visite de Ferdinand, duc de Modène (1754-1806) et son épouse, frère et belle-sœur de Marie-Antoinette, qui restent jusqu’au 17 juin. Ils voyagent sous le nom de comte et comtesse de Nellembourg selon la coutume des grands qui cherchent une sorte d’anonymat qui ne dure jamais longtemps.

Ferdinand d’Autriche, gouverneur du Milanais
Ferdinand et Marie-Béatrice visitent en famille Marie-Antoinette à Versailles. A la Cour comme à la ville, tous les yeux sont fixés sur Ferdinand et son épouse.
« L’Archiduc et l’Archiduchesse de Milan ont extrêmement plu par leur affabilité charmante. Mais leur arrivée a encore répandu quelque froideur au milieu de la famille royale. Ils se sont dispensés des visites de prévenance pour les princes du sang. Monsieur et Madame ont résolu de ne point se trouver aux fêtes qui leur étaient destinées, et sont allés passer le temps au Luxembourg. M. le comte d’Artois est de son côté parti pour Cherbourg. L’Archiduc et le prince de Condé se trouvèrent ensemble dimanche dans la chambre du Roi. Sa Majesté dit au premier :
« Connaissez-vous le prince de Condé? »
L’Archiduc répondit qu’il ne l’avait jamais vu.
« Eh bien, le voilà !… »
Cette brusque apostrophe embarrassa l’Archiduc, qui se vit forcé d’approcher M. le prince de Condé. Celui-ci l’attendit et le reçut avec dignité et froideur.
Le 17 mai 1786
Dîner offert à Trianon à l’Archiduc Ferdinand et sa femme.
Le 18 mai 1786
« Marie-Antoinette s’ennuie maintenant avec Son frère et sa femme, Elle les souhaite tous les deux dans le fond de l’Italie. Ils restent au moins trois semaines encore .»
Le duc de Dorset à Georgiana du Devonshire
Du 22 au 29 mai 1786
Séjour de la Reine à Trianon.

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)

Le 31 mai 1786
Le Parlement acquitte le cardinal de Rohan dans l’Affaire du Collier mais madame de La Motte est condamnée à être marquée au fer rouge et détenue à perpétuité.

La réputation de Marie-Antoinette est ternie par l’événement.
Elle est effondrée, à Madame de Polignac, Elle confie:
« Le jugement qui vient d’être prononcé est une insulte affreuse [mais] je triompherai des méchants en triplant le bien que j’ai toujours tâché de faire ».

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Juin 1786
Voyage de Louis XVI à Cherbourg… Il visite les travaux du port de Cherbourg le 23 juin 1786.



Le 9 juillet 1786
Le matin, la Reine commence à se sentir mal. Tout d’abord, Elle nie que cela puisse être des douleurs de travail. Elle poursuit Sa propre routine, qui comprend la messe dans la chapelle royale. Ce n’est qu’à quatre heures et demie de l’après-midi que les ministres dont la présence est obligatoire sont convoqués.
à sept heures et demie du soir
Naissance de la princesse Sophie-Hélène-Béatrix, dite Madame Sophie, dernier enfant de Louis XVI et Marie-Antoinette. Selon les usages le bébé est immédiatement baptisé.

Mesdames Tantes ont été consultées sur le choix du prénom; cela ressusciterait-il des souvenirs douloureux de leur sœur bien-aimée? Mesdames Adélaïde et Victoire ont répondu qu’elles n’avaient absolument aucune objection; au contraire, elles aimeraient plus que jamais leur nouvelle petite- nièce.
Sa santé sera toujours fragile…
![A portrait of Marie Antoinette by an unknown artist, 19th century. [credit: Delon-Hoebanx, via Auction.fr]](https://66.media.tumblr.com/8b103b976a77c542a1a345fdc6411940/tumblr_p5nh8dxk3p1qatfdco1_500.jpg)
Marie-Antoinette, portrait anonyme du XIXe siècle
Le 17 juillet 1786
Dîner offert à Trianon au comte et à la comtesse de Nellembourg, alias l’Archiduc Ferdinand (1754-1806) et sa femme, Marie-Béatrice d’Este.
Le 4 août 1786
Fêtes au Petit Trianon pour le voyage de l’Archiduchesse Marie-Christine (1742-1798), gouvernante des Pays-Bas et sœur de Marie-Antoinette.

Marie-Christine d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas
Marie-Antoinette prévient Mercy très nettement qu’Elle n’a pas envie de supporter la présence de Sa sœur au quotidien et qu’il a à s’arranger pour prévoir un emploi du temps qui La débarrasse de Marie-Christine le plus souvent possible. De fait, si Louis XVI et son beau-frère s’entendent très bien (rappelons qu’Albert était le dernier frère de Marie-Josèphe de Saxe, la propre mère de Louis XVI), les rapports entre Marie-Christine et Marie-Antoinette sont d’une froideur glaciale, et Marie-Antoinette, contrairement à l’usage, ne fait organiser pour Sa sœur ni réception à Trianon, ni aucune soirée de gala particulière.
Du 29 août au 24 septembre 1786
Séjour de la Reine à Trianon.

Marie-Antoinette en amazone par Wertmüller
« A la fin de 1786, à Fontainebleau, la Reine eut prise avec Madame de Polignac, et celle-ci fut assez injustement maltraitée ; il s’agissait d’un médecin donné au duc de Normandie, depuis Louis XVII, à l’insu de sa mère, dans l’objet de lui épargner de l’inquiétude. Ce soin fut pris de travers et des reproches sur des bienfaits vinrent à la suite. Madame de Polignac fut outrée, elle voulut se retirer. Grande alarme de sa société, grand embarras de la Reine. On engagea le Roi à retenir la gouvernante de ses enfants, en lui permettant un voyage en Angleterre au printemps, et acceptant sa démission en attendant, sauf à la lui rendre au retour, ce qui fut exécuté. »
Le comte de Saint-Priest dans ses Mémoires
Le 29 août 1786
Louis XVI tire au Petit-Saclé et soupe à Trianon.
Le 30 août 1786
En partant à six heures un quart du matin, le Roi se promène à Fontainebleau et y dîne. Il chasse en revenant dans la plaine de Chailly et soupe à Trianon.
Le 31 août 1786
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
« Vienne, ce 31 août 1786( … ) J’ai été charmé du voyage que le Roi a fait et de la façon qu’il a réussi. Je désirerais bien qu’une autre fois la Reine pût être de la partie, sans y mettre trop d’apprêt ni de gêne, pour l’éloigner un peu de la race Polignac .»
Joseph II à Mercy
Le 2 septembre 1786
Le Roi chasse à la plaine de Saint-Nom. Il soupe à Trianon.
Dimanche 3 septembre 1786
Louis XVI dîne et soupe à Trianon.
Le 4 septembre 1786
Le Roi ne peut chasser aux Loges à cause de la pluie. Il soupe à Trianon.
Le 5 septembre 1786
Festivités pour les relevailles de la Reine qui se rend à Notre-Dame et à l’église Sainte-Geneviève … pas d’opéra cette fois. En revanche, Elle se rend au Jardin des Plantes pour en découvrir le cabinet d’histoire naturelle.
Le 6 septembre 1786
Le Roi chasse à la plaine de Villepreux et tue trois cent soixante-dix-neuf pièces. Il soupe à Trianon.
Le 7 septembre 1786
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.

Le 8 septembre 1786
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 9 septembre 1786
Le Roi chasse le cerf au poteau de la Ville-Dieu, il en prend deux et soupe à Trianon.
Du 10 au 13 septembre 1786
La Cour est à Compiègne.
Le 13 septembre 1786
Louis XVI tire à neuf heures à la plaine de Compiègne, dîne à deux heures trois quart et revient par Trianon.
Le 14 septembre 1786
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 15 septembre 1786
Louis XVI tire à la plaine d’Arcueil et dîne à Trianon.
Le 16 septembre 1786
Le Roi déjeune à Saint-Hubert, chasse le cerf aux Plein-Vaux et soupe à Trianon.
Dimanche 17 septembre 1786
«Vêpres et salut»; Louis XVI dîne et soupe à Trianon.

Le 18 septembre 1786
Louis XVI tire à la plaine de Saclé, tue trois cent trente-neuf pièces et soupe à Trianon.
Le 19 septembre 1786
Le Roi déjeune à Saint-Hubert, chasse le cerf à la Loge-Porée et soupe à Trianon.
Le 20 septembre 1786
Louis XVI tire à la plaine de Rungis, tue trois cent quatre-vingt-quatre pièces et soupe à Trianon.
Le 21 septembre 1786
Le Roi chasse et ne prend rien. Il dîne au hameau et soupe à Trianon.
Le 22 septembre 1786
Louis XVI tire à la plaine de Chevilly et soupe à Trianon.
Le 23 septembre 1786
Le Roi chasse le cerf à Saint-Hubert, il en prend un et soupe à Trianon.
Dimanche 24 septembre 1786
Le Roi dîne à Trianon.
Du 10 octobre au 16 novembre 1786
Marie-Antoinette, soucieuse de préserver l’intimité de Ses nouveaux appartements de Fontainebleau, n’autorise l’accès à personne.
« La Demoiselle Contat, que tout Paris adore pour son talent et pour sa beauté, était curieuse de voir le jolie cabinet que la Reine s’est fait faire à Fontainebleau.
Elle pria le Maréchal de Duras de lui procurer cette satisfaction. Nos deux curieux arrivent dans le Boudoir. La Reine, que l’on croyait occupée ailleurs, entre tout à coup. Nos amateurs, surpris et confus, ne purent éviter le mépris dont le juste courroux de la Souveraine les accabla».

Désormais, Marie-Antoinette ferme la porte lorsqu’Elle sort et prend la clé avec Elle ce qui fait que personne ne peut entrer en Son absence.

Le 29 décembre 1786
Louis XVI convoque une Assemblée de Notables qui se tiendra en février 1787.
1787
Depuis son déménagement, la comtesse de Provence dispose du palier du nouvel escalier de l’ancienne antichambre de la princesse de Lamballe devenue une première antichambre à une fenêtre où se tient sa sentinelle. La seconde salle est l’ancien petit salon où la princesse de Lamballe avait coutume de recevoir la Reine. C’est maintenant une seconde antichambre, plus grande à deux fenêtres, qui sert de salle-à-manger, où elle continue à convier la famille royale à souper «tous les soirs, à huit heures précises ». Les convives se régalent du traditionnel potage aux petits oiseaux, que la princesse prépare elle-même . Chaque membre de la famille fait apporter son dîner, auxquels on met la dernière main dans de petites cuisines à portée de l’appartement de Madame.
« Excepté les jours où il donnait à souper chez lui, le Roi n’y manquait pas un seul jour … »
Mémoire du comte d’Hézecques
Le lundi 1er janvier 1787
Marie-Antoinette va au théâtre, où Elle invite, le prince de Ligne, dans Sa loge.
Le 8 avril 1787
Renvoi de Calonne. Marie-Antoinette intervient pour faire nommer Loménie de Brienne (1727-1794), proche de Son lecteur, l’abbé de Vermond.

Le Cardinal Loménie de Brienne (vers 1770)
En avril 1787
Le duc et la duchesse de Polignac (1749-1793) passent deux mois en Angleterre dont six semaines à Bath. Ils semblent également missionnés d’aller trouver Madame de La Motte à Londres pour calmer les bruits qu’elle y fait courir contre Marie-Antoinette. Il est faux que Madame de La Motte ait en son pouvoir des lettres qui puissent compromettre la Reine, «mais toute calomnie répandue contre (Elle) exerce sur les esprits prévenus plus d’empire que la vérité».
En mai 1787

Marie-Antoinette et Ses enfants par Wertmüller
« La Reine ayant eu le bonheur de conserver la tendre amitié de Madame Louise, venait, deux fois l’année, à Saint-Denis, pour rendre ses devoirs à Sa tante. Elle lui amenait Ses jolis enfants, dont toutes ces bonnes Religieuses se montraient idolâtres; et la visite du jour de l’An était plus particulièrement consacrée aux cadeaux. Lorsque le duc de Normandie fut en sevrage, on le transporta chez la Fille de Louis XV, qui brûlait d’impatience de le voir. La Communauté, réunie en cercle, admira tout à son aise ce beau petit garçon, dont la physionomie, déjà distinguée comme celle de sa mère, promettait un si brillant avenir.»

La Reine accompagnée de Louis-Charles de visite à l’hôpital des enfants abandonnés
« Comme on allait se séparer pour remonter dans les voitures, la Prieure bienveillante articula ces mots: Nos quatre Novices, que retiennent en ce moment les travaux de la Buanderie, vont être bien affligées de n’avoir pas vu ce que nous voyons!… Mais ce sera pour une autrefois.
L. Lafont d’Aussonne dans des Mémoires secrets et universels des Malheurs et de la Mort de la Reine de France
— « Non, non, ma chère Tante, s’écria la Reine aussitôt : Je comprends la privation de ces saintes filles. Allons toutes, de ce pas, à la Buanderie, que « je n’ai pas encore remarquée. Mon Fils voyagera dans votre monastère, et ne s’en portera que mieux. »
On se transporta gaiement jusqu’aux verdures où coule la jolie rivière intérieure. Les quatre Novices et les Sœurs Converses eurent la satisfaction de voir la Reine, et de baiser la main de son cher Enfant.»

Cloître du carmel de Saint-Denis
Le 1er mai 1787
Le Dauphin est remis «entre les mains des hommes»
Le 25 mai 1787
Dissolution de l’Assemblée des Notables qui s’était ouverte le 22 février.
Le 25 juin 1787
« Demain je vais chasser à Rambouillet avec le Roi. La Reine y va souper…»
Madame Élisabeth
Le 11 juin 1787
Louis XVI se promène à pied dans le jardin et à Trianon.
Le 18 juin 1787
La mort de Madame Sophie avant son premier anniversaire éprouve la Reine qui s’inquiète aussi pour la santé de Son fils aîné.


Le Cabinet du Levant du Grand Trianon est la Chambre de Marie-Antoinette, qui n’y couche jamais, dans laquelle meurt Madame Sophie.
Image de Marie-Antoinette de Sofia Coppola
Le 21 juin 1787
Marie-Antoinette s’enferme seule au Petit Trianon avec Madame Élisabeth, sans suite, pour pleurer Sa fille.
Portrait de Marie-Antoinette et Ses enfants (1787) par Élisabeth Vigée Le Brun,
Madame Sophie devait figurer dans le berceau mais le deuil l’a laissé vide…

Les Polignac reviennent précipitamment de Londres à Versailles.

Le 24 juin 1787
Séjour de la Reine à Trianon pour quelques jours (?).

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Le 1er juillet 1787
La Reine préside un bal donné à Trianon.

Michèle Morgan dans le film de Jean Delannoy (1956)
Quiconque sera «vêtu honnêtement» pourra entrer à Trianon a décidé Marie-Antoinette en annonçant les portes ouvertes de Son domaine le dimanche.

Le 1er août 1787
Louis XVI chasse le chevreuil à la forêt de Marly. La Reine couche à Trianon.
Du 1er au 25 août 1787
Séjour de la Reine à Trianon.

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Le 2 août 1787
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 4 août 1787
Le Roi chasse et revient bredouille, il dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 5 août 1787
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Les 5, 7 et 11 août 1787
Bals à Trianon.
Dimanche 5 août 1787
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon. Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 7 août 1787
Le Roi chasse et ne prend rien, il dîne et soupe à Trianon.
Le 9 août 1787
Le Roi chasse et ne prend rien, il dîne et soupe à Trianon.
Le 10 août 1787
Le Roi chasse et ne prend rien, il dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 12 août 1787
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon. Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 14 août 1787
Le Roi chasse et ne prend rien, premières vêpres, Louis XVI doit se purger, il dîne à Trianon.
Le 16 août 1787
Louis XVI chasse le cerf au Pont de la Ville-Dieu. Il soupe à Trianon.
Le 17 août 1787
Le Roi chasse et ne prend rien, il dîne et soupe à Trianon.
Le 18 août 1787
Louis XVI chasse le chevreuil aux Côtreaux-de-Jouy. Il soupe à Trianon.
Dimanche 19 août 1787
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon. Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 20 août 1787
Louis XVI chasse le cerf au Pont de la Ville-Dieu. Il soupe à Trianon.
Le 21 août 1787
Louis XVI soupe à Trianon.
Le 22 août 1787
Le Roi tire aux Fours-à-chaux. Il soupe au Hameau de Trianon.
Le 23 août 1787
Louis XVI chasse et revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 24 août 1787
Le Roi chasse le cerf à Dampierre et il soupe à Trianon.
Du 10 octobre au 16 novembre 1787
Dernier séjour de la Cour de Louis XVI à Fontainebleau.
Les jeux de hasards sont prescrits par le Roi.
![Marie Antoinette, reine de France et de Navarre : [estampe] / dessiné par Le Barbier l'aîné 1787 ; gravé par Cazenave | Gallica](https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6941719s/f1.medres)
Marie-Antoinette. gravure. 1787
La Reine s’ennuie pendant ce séjour qui comporte dix-sept spectacles répartis sur douze soirées.
Été 1787
Fronde du Parlement de Paris contre les réformes de Loménie de Brienne.
On réclame la convocation des États généraux…
Du 3 au 9 novembre 1787
La Cour est à Fontainebleau.
Le 19 novembre 1787
Louis XVI impose l’enregistrement des édits au Parlement.
Le duc d’Orléans est exilé en raison de son comportement rebelle.
Le 23 décembre 1787
Mort, au Carmel de Saint-Denis, de Madame Louise ( née le 15 juillet 1737), tante de Louis XVI, qui se nomme désormais Sœur Thérèse de Saint-Augustin.

1788
Dès le début de l’année, on note une nette aggravation de la santé du Dauphin. Il a de la fièvre et des douleurs articulaires. Au fil des mois, son état empire encore.

Marie-Antoinette au chevet de Son fils, dans le film de W.S. Van Dyke (1938)
Le 3 mai 1788
Publication par le Parlement de Paris de la Déclaration des Lois fondamentales du Royaume.
Marie-Antoinette au Livre par Elisabeth Vigée Le Brun, 1788
Cette composition a des vues politiques. On craint alors pour la santé du Roi, et si Louis-Joseph venait à lui succéder, Marie-Antoinette devrait être nommée régente. C’est à cette aptitude que vise ce tableau, qui est rempli de symboles. On peut noter la trilogie de couleurs : bleu, blanc et rouge. Comme c’est le 17 juillet 1789 qu’on présente la cocarde tricolore au Roi, on ne peut voir en la Reine qu’une inspiratrice du nouveau drapeau français… Accusée d’avoir trompé Louis XVI, de nombreux pamphlets affirment que ses enfants sont illégitimes. Pour leur répondre, Marie-Antoinette porte Ses quatre rangs de perles, un rang par enfant, montrant bel et bien leur légitimité. Elle rappelle également son lien avec la nature, le langage des fleurs. Dans le bouquet se trouve une branche de lilas, symbole de la fertilité. La branche de lilas posée sur la table symbolise encore la mort de la petite Sophie-Béatrice, décédée en 1787. Enfin, Marie-Antoinette tient dans sa main un livre. Accusée d’être peu attentive à ce qu’Elle fait, incapable de se concentrer longtemps, et de peu se cultiver, Elle montre sur ce tableau qu’elle peut arrêter son activité pour se consacrer au peintre, et on peut noter qu’Elle est arrivée à la fin de Son livre.

Charlotte de Turckheim est Marie-Antoinette dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Du 14 mai au 15 juin 1788
Séjour de la Cour au château de Saint-Cloud.

Marie-Antoinette par Alexandre Kucharski
Le 13 juillet 1788
Louis XVI dîne à Bellevue. En y allant, il visite à Meudon le Dauphin. La Reine couche à Trianon.
Du 15 juillet au 14 août 1788
Séjour de la Reine à Trianon.

Diane Krüger est Marie-Antoinette dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)
Le 17 juillet 1788
Départ de Rambouillet à huit heures, après la messe, le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 19 juillet 1788
Louis XVI rend visite à son fils à Meudon. Il chasse le chevreuil au pavillon de Trivaux , il soupe à Trianon.


Dimanche 20 juillet 1788
«Vêpres et salut». Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 22 juillet 1788
Départ à sept heures et demie de Rambouillet avant la messe, Louis XVI dîne et soupe à Trianon.
Le 23 juillet 1788
Une fluxion empêche Louis-Auguste de chasser le chevreuil. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 24 juillet 1788
Louis XVI chasse mais revient sans rien. Il dîne avec ses tantes, à Bellevue, et soupe à Trianon. Voici le menu :
Le 25 juillet 1788
Louis XVI chasse mais revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 27 juillet 1788
«Vêpres et salut». Le Roi dîne au Hameau.
Le 29 juillet 1788
Départ à huit heures de Rambouillet après la messe, Louis XVI revient par Trianon pour voir le Dauphin, il y dîne et y soupe.

Images des Années Lumières (1989)
Le 30 juillet 1788
Louis XVI dîne et soupe à Trianon.
Le 2 août 1788
Départ à huit heures de Rambouillet après la messe, Louis XVI revient après dîner par Meudon pour voir le Dauphin, il dîne et soupe à Trianon.
Dimanche 3 août 1788
«Vêpres et salut». Le Roi dîne à Trianon.
Le 4 août 1788
Louis XVI chasse mais revient bredouille. Il dîne et soupe à Trianon.
Le 6 août 1788
Départ à huit heures de Rambouillet après la messe, Louis XVI revient après dîner par Meudon pour voir le Dauphin, il dîne et rend visite le soir à Trianon.

Images de Louis XVI, L’homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti

Le 7 août 1788
Louis XVI est ausculté par son médecin, il suit la messe chez lui et soupe à Trianon.
Le 8 août 1788
Louis XVI chasse mais revient bredouille. Il dîne au Hameau et soupe à Trianon.
Convocation des États-Généraux pour le 1er mai 1789.
Dimanche 10 août 1788
Départ à huit heures de Rambouillet après la messe à la paroisse. Audience des ambassadeurs indiens ; «Vêpres et salut».
Réception à Versailles des trois ambassadeurs du sultan de Mysore Tipû Sâhib, dans le Salon d’Hercule, venus demander de l’aide à Louis XVI contre les prétentions colonialistes anglaises.

Réception par Louis XVI des ambassadeurs Tipû Sâhib, XIXe siècle
Le Roi dîne et soupe à Trianon.
Le 11 août 1788
Louis XVI tire aux Fours-à-Chaux. Il va visiter Trianon où il dîne et soupe.
Le 12 août 1788
Louis XVI dîne à Bellevue et soupe à Trianon.

Marie-Antoinette en Erato, la Muse de la poésie lyrique et érotique
(1788), par Ludwig Guttenbrunn
Le 14 août 1788
Départ à huit heures de Rambouillet après la messe. Il rend visite à Trianon à une heure et à Meudon à trois heures et demi. Premières vêpres. Il soupe à Trianon et la Reine revient après.
Le 25 août 1788
Renvoi de Loménie de Brienne et rappel de Necker (1732-1804) dont la popularité est considérable dans tous les milieux.

Jacques Necker par Duplessis
Le garde des sceaux Barentin dit de Marie-Antoinette qu’Elle garde «le plus profond silence ; il était cependant aisé de démêler qu’elle ne désapprouvait pas le doublement du tiers.»

Marie-Antoinette au Diadème (1788) par Alexander Kucharsky
1789
Le jeudi 9 avril 1789
Louis XVI préside la cérémonie du lavement des pieds dans la grande salle des gardes. Après avoir entendu une prédication prononcée par son Grand Aumônier Montmorency-Laval, il s’agenouille pour laver lui même les pieds de treize enfants pauvres, à qui il sert ensuite un repas composé de treize plats. Pour le service des treize plats il est aidé des membres de la Famille Royale. Une cérémonie identique est accomplie par la Reine, qui lave les pieds de treize jeunes filles pauvres.
Image d’Un Peuple et son Roi (2017) réalisé par Pierre Schoeller
Le dimanche de Pâques, le 12 avril 1789
Les Souverains prennent les repas de midi au Grand Couvert.

Images de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola
A la date du 13 avril 1789
Le Roi écrit dans son journal : «mes Pâques à la paroisse, vêpres dans la petite tribune, j’étais enrhumé». Ce qui signifie qu’il est allé à l’Église Notre Dame de Versailles, paroisse du Château pour assister à la messe et y communier. Seule la communion pascale étant de précepte pour les fidèles et devant être reçue dans la paroisse de leur résidence. L’après-midi, il assiste aux Vêpres célébrées dans la Chapelle du Château depuis un des oratoires vitrés.
En mai 1789
Jeanne de La Motte, qui avait été payée pour ne pas écrire ses «souvenirs» publie ses mémoires complétés par la prétendue correspondance échangée entre la Reine et le cardinal…
Le 4 mai 1789
Procession à Versailles de la cour et des nouveaux députés des États-Généraux arrivés dans la ville royale entre l’église de Notre-Dame et l’église Saint-Louis.

Tandis que le duc d’Orléans est acclamé par la foule, la Reine est huée. La princesse de Lamballe soutient Marie-Antoinette de crainte qu’elle ne tombe par tant d’émotions.

Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux à l’hôtel des Menus Plaisirs à Versailles.
On compte 1 214 députés, dont 308 du Clergé, 285 de la Noblesse et 621 du Tiers-État.

La Reine se rend à la salle escortée par les Gardes du Corps du Roi, et accompagnée dans sa voiture par la comtesse de Provence, Madame Elisabeth, Mesdames Adélaïde et Victoire et par la princesse de Chimay sa Dame d’Honneur. La duchesse d’Orléans, la duchesse de Bourbon, la princesse de Conti et la princesse de Lamballe, en robes de Cour et somptueusement parées, se rendent à la salle de l’assemblée dans leurs voitures et prennent place dans les tribunes derrière le Roi. Les fastes de l’Ancien régime vivent là leurs dernières heures.

Louis XVI fait un discours dans lequel il fait preuve d’excellentes intentions et donne de bonnes promesses.

Y sont réunis tous les protagonistes de la révolution future…

Pour Sa dernière représentation en majesté, la Reine est revêtue d’une robe de cour mauve et Sa coiffure est garnie de couronnes impériales. Au soleil, les diamants et la robe en tissu argenté de Marie Antoinette brillent d’une splendeur incomparable. Bien que le costume ait été calculé pour effacer Son image de la dame de Trianon vêtue d’une chemise, elle a en fait simplement montré la «richesse et la grandeur» que, selon La Fare, elle a continué à apprécier au détriment du peuple.


Elle est pâle et a les traits tirés : Elle s’inquiète pour la santé de Son fils aîné atteint de tuberculose osseuse.

Le Salon de la Paix

« L’appartement de la Reine s’ouvre par le salon de la Paix. Le salon ne forme, à vrai dire, qu’un prolongement de la Galerie de Louis XIV. Sous Louis XVI, une porte mobile et une tenture l’en séparaient, qu’on enlevait les jours de grandes réceptions. C’était le salon des concerts et surtout des jeux de la Reine. C’est là d’ordinaire que les étrangers de distinction lui étaient présentés et recevaient d’elle cet accueil dont le souvenir leur restait si doux. Ces réunions sont celles qui montrent le mieux la familiarité de l’ancien Versailles. Au moment des États Généraux, il y eut plusieurs fois « grand appartement » à la Cour et jeu public de la Reine, en l’honneur des députés ; ils y vinrent en grand nombre, et l’on vit un bon curé de campagne, en vieille soutane suivre la partie de Sa Majesté, accoudé sans façon sur le dossier du fauteuil royal. C’est aussi la pièce que traversait Marie-Antoinette pour se rendre à la chapelle.»
Marie-Antoinette de Pierre de Nolhac
Fin mai 1789
« La Reine se couchait très tard, ou plutôt cette infortunée princesse commençait à ne plus goûter de repos. Vers la fin de mai, un soir qu’elle était assise au milieu de la chambre ( verte du rez-de-chaussée), elle racontait plusieurs choses remarquables qui avaient eu lieu au cours de la journée ; quatre bougies étaient placées sur sa toilette; la première s’éteignit d’elle-même, je la rallumai ; bientôt la seconde, puis la troisième s’éteignirent aussi ; alors la reine, me serrant la main avec un mouvement d’effroi me dit : Le malheur peut rendre superstitieuse. Si la quatrième bougie de ce chandelier s’éteint à son tour, rien ne pourra m’empêcher de regarder cela comme un sinistre présage !La quatrième bougie s’éteignit. fit observer à la reine que les chandelles avaient probablement été coulées dans le même et qu’un défaut à la mèche s’était naturellement trouvé au même endroit puisque les bougies s’étaient éteintes dans l’ordre où on les avait allumées.»
Mémoires de Madame Campan

Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Ses parents se retirent à Marly pour le pleurer. Il est enterré avec un cérémonial réduit à Saint-Denis compte tenu le contexte économique difficile.

Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Louis XVI et Marie-Antoinette au chevet de Louis Joseph à Meudon
La Cour doit porter le deuil à Versailles, selon des règles bien précises.
Il ne suffit pas de s’habiller de noir. A Versailles, lorsque la Cour prend le deuil du prince Louis-Joseph, décédé à l’âge de sept ans et trois mois dans la nuit du 3 au 4 juin 1789, hommes et femmes durent se conformer à un dress code des plus précis.
« Ce deuil connaîtra plusieurs périodes successives. «la première, du 7 juin au 11 juillet inclusivement, les hommes prendront l’habit de drap noir complet avec les boutons, manchettes et effilés (sorte de franges, NDLR) unis, boucles et épées bronzées, chapeaux sans plumes, les femmes prendront pour douze jours la robe de laine, la coiffe en crêpe, les bas, les gants, l’éventail et les pierres noires, les boucles bronzées, le 19 juin elles quitteront la coiffe et conserveront jusqu’au 11 juillet inclusivement le reste de l’étiquette ci-dessus». La seconde période s’étalera du 12 juillet au 15 août inclus, date de la fin du deuil. Cette fois, «les messieurs prendront l’habit de soie noire, manchettes effilés de mousseline brodée, ou entoilages, boucles blanches, épées d’argent, chapeaux à plume», écrit-il. Quant aux dames, elles porteront, du 12 juillet jusqu’au 1er août, «la robe de soie noire et les diamants», puis du 1er au 15 août «les robes noires et blanches sans rubans de couleur».
Le bailli de Virieu, ministre du duc de Parme Ferdinand IV
Le 7 juin 1789
La Reine doit recevoir les révérences de deuil de plusieurs centaines de dames toutes de noir vêtues. Le deuil solennel s’ouvre pour deux mois et demi .
Du 14 au 21 juin 1789
Dernier séjour de la famille royale au château de Marly, toute à son deuil. Mesdames Tantes sont présentes.



« Le lendemain des funérailles [du dauphin Louis-Joseph], le roi et la reine quittent Versailles et se rendent à Marly. Ce fut leur dernier séjour dans ce château. Après leur immense chagrin il leur est doux, loin de la cour et loin des États-Généraux, de goûter quelques instants de vrai repos. Les nobles perspectives des bosquets et des eaux, l’horizon calme et bleu qu’on découvre de la terrasse, la demi-solitude, les appartements plus intimes conviennent mieux que l’imposant Versailles à une grande tristesse.
Vicomte Fleury, Les derniers jours de Versailles, 1929
M. d’Angivilliers, présageant que Louis XVI irait peut-être à Marly, a, dès les derniers jours d’avril, fait mettre en état les bâtiments.
Les réparations, qui s’élèvent à 24000 livres, furent peu nombreuses et localisées au corps du château, la chapelle et les pavillons ayant été tout récemment remis à neuf, ainsi que les corps de garde et les écuries. Aussi se borne-t-on en juin à réparer les fourneaux de la cuisine-bouche, les tables, les planches, les porte-manteaux et le jeu des croisées. Le Garde-Meuble remplace les tabourets et les banquettes qui ont été apportés à Versailles.
On sable le jardin, mais, hélas ! les grandes eaux ne pourront pas fonctionner avant la Pentecôte, car il n’y a plus que cinq pieds d’eau dans le grand réservoir. Le duc du Châtelet ordonne d’aménager avec soin les chambres des officiers de la garde du roi, ces messieurs étant fort difficiles. Enfin, on entoure d’un palis à lapins les bosquets de Marly et de Luciennes. M. Thierry de Ville-d’Avray depuis quinze jours prépare les logements.
Deux ameublements complets destinés à Madame, fille du roi, et au duc de Normandie sont arrivés de Saint-Cloud le 18 mai. Le 21, le Garde-Meuble apporte soixante-quatorze tables à écrire, vingt-trois commodes de bois de noyer, six chaises d’affaire “en pot à l’œil” et deux coffres garnis de flambeaux d’argent. On tend aux fenêtres de la chambre de la reine et de la chambre du roi des rideaux de vitrage en mousseline brodée et on déploie, au-dessus des lits, d’immenses moustiquaires.
De nombreux sièges sont tapissés de damas cramoisi ou bleu. On accroche dans la chambre de Madame d’Artois quatre portières de rideaux en gros de Tours cramoisi à galon d’or, et l’on recouvre de drap vert Sedan les tables de jeux.
Le prince de Poix fait nettoyer les lanternes à réverbère qui éclairent les cours, les escaliers, les corridors, les avenues, les bosquets et les grilles. On prévoit également la dépense journalière de quatre-vingt-quatorze bougies pour illuminer les escaliers intérieurs, les entresols du cabinet des tours et du cabinet chinois, le salon de jeux et la salle à manger et enfin trente-deux bougies pour les quatre girandoles de la table et les flambeaux ambulants.
Dernier détail, les lingères préparent les draps qui sont seulement fournis aux invités à l’occasion des petits séjours de Leurs Majestés. Chaque chose sera à leur place pour l’arrivée du roi et de la reine. Le voyage, à cause du deuil, sera très simple, la suite de Leurs Majestés très restreinte ; elle comprend : un écuyer cavaldacour, deux écuyers de main, les officiers des cent suisses, le porte-manteau, le porte-malle, un contrôleur ordinaire, le premier médecin, le premier valet de chambre de Louis XVI, les dames d’honneur et les femmes de Marie-Antoinette.
La famille royale se réunira pour souper. Seuls, le dauphin et Madame, fille du roi, prendront leurs repas dans leurs appartements. Une table de huit à dix couverts sera préparée pour les dames d’honneurs « sans aucune division dans les chambres sous quelque prétexte que ce soit ».
Ces recommandations impérieuses n’empêchent pas les courtisans de laisser leurs serviteurs faire la cuisine dans les antichambres boisées des pavillons, au grand désespoir du sieur Boutherone-Desmarais, inspecteur du domaine de Marly, qui, après en avoir rendu compte au prince de Poix, écrit, le 17 juin, au directeur général des bâtiments que « les menuiseries sont à présent si engraissées qu’il faut les gratter et les imprimer à l’huile pour les rendre habitables ». Le dommage est si grand que le gouverneur de Marly décide même d’écrire au concierge du domaine une lettre bien motivée et ostensible afin que de pareils dégâts ne se renouvellent pas.
Ces quelques jours de repos passent rapidement. Le 15, Sa Majesté va chasser le cerf à Port-Royal. Plusieurs fois, le roi retourne à Versailles. La reine, toute à sa douleur, fait célébrer en dix jours soixante-dix messes pour le repos de l’âme du premier dauphin.
On imagine les promenades des courtisans dans le parc que l’été rend si beau et dans le grand salon, après souper, le cercle autour de la reine. Peu à peu, le souverain reprend son insouciance. Écartant de sa pensée tous les ennuis du pouvoir, il dit souvent, en parlant des membres des États-Généraux : « Qu’ils me laissent ce qu’ils veulent : je ne désire que de les rendre heureux. ».
Bientôt les parties de cartes interrompues reprennent. Le 15 juin, Sa Majesté joue avec le comte de Luxembourg, le marquis de Belsunce, le prince de Vaudémont, le comte de Lorges, le marquis de Cinas et Monsieur. A la lumière des bougies, les louis d’or brillent sur le tapis vert de la table. La soirée se termine par un reversi. (…) »


En juin 1789
Alors que la Reine passe dans le salon de l’Œil-de-Bœuf avec Louis-Charles et Marie-Thérèse :
« La reine passa avec ses deux enfants, leur chevelure blonde semblait attendre des couronnes … Elle me fit, en jetant un regard avec un sourire, ce salut gracieux qu’elle m’avait déjà fait le jour de ma présentation. Je n’oublierai jamais ce regard qui devait s’éteindre si tôt.»
François-René de Chateaubriand, Mémoires d’Outre-Tombe

Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Tableau de Jacques-Louis David
Le 27 juin 1789
A Versailles, la nouvelle de l’acceptation par le Roi de la réunion des Trois Ordres en Assemblée nationale amène le peuple fou de joie, à envahir les cours du château où, sur la terrasse de Midi la Reine présente le nouveau Dauphin, Louis-Charles.

Le 11 juillet 1789
Renvoi de Necker
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.



Le Roi est à la chasse.



Il rentre bredouille et note «Rien» dans son journal…

Réveillé dans la nuit par le duc de la Rochefoucault qui l’informe de la situation, il interroge:
« C’est une révolte?
_Non, sire! C’est une révolution!»

Le 15 juillet 1789
Rappel de Necker sous la pression populaire.
Le 16 juillet 1789
Les Polignac émigrent sous les conseils de la Reine: la duchesse est très impopulaire; on la juge débauchée et intéressée.

A minuit, Madame de Polignac et sa famille montent en carrosse pour s’enfuir. On apporte à la duchesse un billet de la Reine :
« Adieu la plus tendre des amies, le mot est affreux ; voilà l’ordre pour les chevaux. Adieux. Je n’ai que la force de vous embrasser.»

Madame de Polignac quitte Versailles et la France parce que c’est que le Roi le lui ordonne. Et en s’éloignant de Marie-Antoinette qui lui donne une bourse de 500 louis, elle croit sincèrement que les esprits échauffés contre la Reine vont se calmer. Par ailleurs, elle n’a pas le choix, son mari et sa belle-sœur décident (toujours) pour elle, en l’occurrence il s’agit de sauver sa tête mise à prix .
Et puis, et ce n’est pas la moindre des raisons : Madame de Polignac est mère. Elle se doit à ses enfants. Jules et Melchior sont encore très jeunes et à sa charge .


Le 17 juillet 1789
Enfin les Polignac, quittant Versailles, s’imaginent s’éloigner quelques mois, puis rentrer paisiblement une fois le calme revenu . Ils n’imaginent pas qu’ils partent pour toujours ! Du reste n’emportent-ils rien, ou pas grand-chose .

Madame de Tourzel (1749-1832) devient Gouvernante des Enfants de France.

Le 17 juillet 1789
Départ du Roi de Versailles dans Les Adieux à la Reine (2012) de Benoît Jacquot
Réception de Louis XVI à l’Hôtel de Ville de Paris.

Le 4 août 1789
Abolition des privilèges.

La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 25 août 1789
Versailles. Venus, comme chaque année, souhaiter une bonne fête au Roi en ce jour de la Saint-Louis, les représentants de la ville repartent bien mécontents. Marie-Antoinette les a reçus, couverte de bijoux et entourée de Sa Maison. Mais irritée de ce que Bailly, le maire de Paris, ne s’était pas agenouillé devant Elle, Elle lui a répondu dédaigneusement et s’est contentée de balbutier quelques mots peu aimables à La Fayette qui Lui présentait la garde nationale. Puis Elle les a tous congédiés d’un signe de tête, sans dissimuler Sa mauvaise humeur.
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 1er octobre 1789
Fête des gardes du corps du Roi en l’honneur du régiment de Flandres à l’Opéra de Versailles en présence de la famille royale.

Cette sympathie devenue si rare depuis des mois émeut tant les souverains que le Roi, la Reine et le Dauphin, même, descendent rejoindre les convives. Dans l’euphorie générale, un Garde demande la permission de placer le petit Dauphin sur l’immense table en fer-à-cheval que celui-ci parcourt de bout en bout sans renverser le moindre verre. La famille royale fait le tour de la table, dit un mot aux uns et aux autres, puis rentre dans ses appartements.

L’alcool échauffant le cœur des militaires ceux-ci redoublent d’ardeur envers leur Roi et arrachent leurs cocardes tricolores pour les fouler aux pieds et les remplacer par des cocardes blanches, symboles de la monarchie ( j’ai aussi lu que ces cocardes étaient noires, à la couleur de la Reine…).


L’air «Ô Richard, ô mon Roi, l’univers t’abandonne», tiré d’un opéra de Grétry, est chanté par les soldats. Il devient un signe de ralliement royaliste.



Le peuple croit à une orgie antidémocratique…

Le 5 octobre 1789

Diane Krüger dans Les Adieux à la Reine de Benoît Jacquot (2012)

Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.
Image du Versailles Secret de Marie-Antoinette








La famille royale se replie dans le château…


Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis.






La Reine s’échappe en jupon par la porte dérobée à la tête de Son lit de la chambre d’apparat.




Arrive La Fayette _ qu’il a fallu réveillé, ce qui lui vaudra le surnom de Général Morphée…_ qui conseille au Roi de se présenter au balcon.



La Fayette conduit la Famille Royale dans la Chambre du Roi.

Au moment où la Reine arrive enfin chez Son mari après avoir failli être assassinée, Madame de Tourzel amène de toute urgence le petit Dauphin de quatre ans. la gouvernante n’a eu que le temps d’avertir la jeune princesse. Marie-Antoinette ne voyant pas sa fille, repart par des couloirs et escaliers dérobés communiquant entre les appartements du Roi, de la Reine et de leurs enfants.

Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.


Elle s’avance sur le devant du balcon en tenant Ses enfants par la main.

La foule hurle : «Pas d’enfant !!!« . D’un geste , Elle les repousse vers l’intérieur, et, seule, affronte l’ennemi qui grouille dans la cour de marbre …


La fille des Césars se retrouve sur la scène que forme le balcon avec Gilles César qui apostrophe la foule :
« La Reine reconnaît qu’Elle a été trompée, mais déclare qu’Elle ne le sera plus, qu’Elle aimera Son peuple et lui sera attachée comme Jésus-Christ à son Église.»


En signe de probation la Reine lève deux fois la main… mais ne lui pardonnera jamais !



A Madame Necker, Elle confie :
« Ils vont nous forcer, le Roi et moi, à nous rendre à Paris avec la tête de nos gardes du corps portées au bout de leurs piques!»

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.


L’arrivée de la famille royale à Paris le soir du 6 octobre 1789
Deux des gardes royaux qui ont survécu à l’attaque parisienne du château trouvent refuge à Louveciennes chez Madame du Barry. Ayant pris connaissance du secours que Jeanne leur apporte, Marie-Antoinette lui écrit une lettre de remerciement…
Le 7 octobre 1789
Les membres du Parlement, du moins ceux qui sont disponibles, viennent faire leurs compliments au Roi et à la Reine.
« Il semblait que, dans l’espace de dix jours, dix années se fussent écoulées sur leurs têtes. La physionomie du Roi était empreinte d’un caractère de résignation, il comprenait que ses maux n’étaient pas arrivés à leur terme. La douleur de la Reine avait quelque chose de plus ferme et qui laissait percer l’indignation. Elle tenait son fils sur ses genoux, et, malgré le courage dont elle avait donné depuis quarante-huit heures tant d’héroïques preuves, on ne pouvait s’empêcher de croire que ce fils était une sauvegarde dont elle acceptait la protection. Lorsqu’elle nous reçut, il fut facile de lire dans ses yeux qu’elle voyait dans les nôtres à quel point les tristes félicitations que nous apportions étaient en contradiction avec les sentiments de nos cœurs, combien il nous en coûtait d’avoir à prononcer ces phrases banales, consacrées par l’usage en des temps de bonheur, et de ne pouvoir en articuler d’autres. »
Le chancelier duc d’Audiffret-Pasquier
Quand le Roi et la famille royale sortent de la messe, les gardes du corps font la haie : sans armes, sans chapeaux et les habits déchirés de la veille.
On s’installe les premiers jours sans commodités, ni confort, dans un environnement vieilli, démodé ou succinct. Puis on s’organise peu à peu ; très vite du mobilier, des objets décoratifs et des tapisseries arrivent de Versailles.
C’est dans l’appartement de madame de Tourzel, pendant les quelques jours de calme qui suivent leur arrivée à Paris, que la Reine vient prendre le thé et assister aux petits jeux de Madame Royale, du Dauphin, de Pauline de Tourzel et des enfants des autres dames invitées à ces petites réunions. Pendant que la Reine s’entretient avec les autres dames dans le salon, Pauline a la haute surveillance et la direction des amusements. Ces douces réunions n’ont qu’une courte durée. Bientôt, la Reine cesse de se rendre chez madame de Tourzel dans la crainte de la compromettre en lui témoignant trop d’affection.
Le 8 octobre 1789
Les députés Fréteau et Mirabeau proposent d’instaurer le titre de Roi des Français à la place de celui de Roi de France.
Comme la foule persiste à s’agglutiner sur la terrasse des Tuileries, des femmes prétendent parler à la Reine d’une levée des gages portant sur les dépôts du Mont-de-piété. Le sujet est des plus délicats car il concerne les plus démunis :
« Les personnes qui entour(ent) cette princesse (la Reine) en ce moment l’engag(ent) à acquiescer à leur désir. Je l’en dissuad(e), lui représentant le danger de compromettre sa dignité (…) J’offr(e) à la reine de parler moi-même à ces femmes avec Madame de Chimay, sa dame d’honneur. Elle y consen(t) et, de l’appartement de cette dernière, qui donn(e) sur la terrasse des Tuileries, nous haranguons cette multitude (…) Cette démarche la satisf(ait). Le rassemblement se dissip(e).»
Madame de Tourzel
Deux jours plus tard, le Mont-de-piété est autorisé à permettre le retrait sans gage des objets d’une valeur inférieur à un louis.
Afin de rédiger un procès-verbal sur ce qui s’est passé durant ces journées d’octobre, les commissaires de police viennent interroger la Reine qui leur réplique :
« J‘ai tout vu, j’ai tout entendu et j’ai tout oublié.»
Le 10 octobre 1789
L’Assemblée adopte cette nouvelle titulature.
Le 16 octobre 1789
« La Reine, qui a eu un courage incroyable, commence à être mieux vue par le peuple. J’espère qu’avec le temps et une conduite soutenue, nous pourrons regagner l’amour des Parisiens, qui n’ont été que trompés. Mais les gens de Versailles, monsieur ! avez-vous jamais vu une ingratitude plus affreuse? Non, je crois que le ciel, dans sa colère, a peuplé cette ville de monstres sortis des enfers. Qu’il faudra du temps pour leur faire sentir leurs torts! Et si j’étais roi, qu’il m’en faudrait pour croire à leur repentir! Que d’ingrats pour un honnête homme! Croiriez-vous bien, monsieur, que tous nos malheurs, loin de me ramener à Dieu, me donne un véritable dégoût pour tout ce qui est prière. Demandez au ciel pour moi la grâce de ne pas tout abandonner… Demandez aussi que tous les revers de la France fassent rentrer en eux-mêmes ceux qui pourraient y avoir contribué par leur irréligion.»
Madame Elisabeth à l’abbé de Lubersac
Le 19 octobre 1789
A regret, la Reine renonce à un projet de fuite que Lui proposait Son secrétaire des commandements, Augeard, marquis de Buzancy (1732-1805). Déguisée en gouvernante, Elle devait gagner l’Autriche avec Ses deux enfants pour demander asile à Son frère.
Mais le plan prévoyant que Louis XVI ne serait pas averti de Sa fuite, la Reine ne put y consentir.
« Mon devoir, a-t-Elle tristement déclaré à Augeard, est de mourir aux pieds du Roi.»
Peu après l’installation de la Famille Royale à Paris
La Reine, effrayée par une rumeur, s’adresse à madame de Mackau :
« Ah ! mon Dieu, Mackau, les paysans de Vaucresson viennent de se révolter contre les dragons de Lorraine, et il y a eu un massacre affreux ! »C’est à Vaucresson que se trouvent les terres familiales de Hanet, qu’il gère, et où la veille il était encore.
« Empressé de tranquilliser la Reine, je crus devoir faire observer que le mal n’était peut-être pas aussi grand qu’on paraissait l’avoir dit. La reine me jeta un regard plein de courroux, et s’écria :
« Comment, Monsieur, pas si grand ! Lorsque le sang des Français coule de toutes parts, et que… ».La Reine se retire aussitôt ; Hanet demande à Madame de Mackau de rassurer la Reine sur la situation exacte de Vaucresson ; il rentre chez lui et y reste vingt-quatre heures, victime d’une fièvre qui le retient au lit. « Ce ne fut que le lendemain à la messe que, placé par mes fonctions derrière le siège de Madame Royale, je pus apercevoir dans les yeux de la reine qu’elle était totalement revenue de sa prévention de la veille, et au sortir de la chapelle elle poussa la bonté jusqu’à me dire :
Pierre-Louis Hanet, frère de Cléry
« Vous aviez bien raison, Hanet, le mal n’était pas aussi grand »
Et le roi, qui se trouvait tout près, ajouta :
« Oui, l’on m’avait bien trompé ! »
Je ne sais quel vertige s’empara de moi en entendant parler ainsi Leurs
Majestés ; mais cette subite transition du chagrin le plus amer à la satisfaction la plus complète exalta tellement mes esprits, que je me permis de dire tout haut au roi :
« Oui, Sire, on vous a trompé, on vous trompe, et l’on vous trompera toujours. »
Novembre 1789
Les pages de la Reine reçoivent leur congé pour le 1er janvier 1790.
Marie Antoinette commence à se porter mieux ; mais Elle ne sort encore qu’en chaise. On assure que Son indisposition est la suite de l’effroi dont Elle fut saisie, lorsque le 5 octobre, Elle fut obligée de se sauver, en chemise, dans la chambre du Roi.
Les Tuileries
C’est souvent un petit bourgeois, et moins encore, qui fait près du Roi les fonctions de capitaine des gardes.
Service de la garde nationale au château des Tuileries auprès de la Famille Royale
Le Roi est toujours suivi, lorsqu’il sort, même pour aller à la Chapelle, d’un chef de division de la garde nationale.
La Reine et M. le Dauphin sont suivis aussi, chacun, par un commandant de bataillon ; Madame Royale et Madame Elisabeth par des capitaines.
Devant les portes des chambres du Roi et de la Reine, les gardes nationaux, qui veillent la nuit comme le jour, mettent des matelas pour y passer la nuit.
Le service au château des Tuileries
Chaque bataillon de la garde nationale de Paris monte la garde aux Tuileries pendant vingt-quatre heures.
Chaque commandant de service, auprès du Roi, de la Reine et du Dauphin, vient prendre l’ordre en arrivant, dans le cas où ils voudraient sortir. Les capitaines en font de même auprès des autres membres de la Famille Royale.
Un problème de santé oblige Marie-Antoinette à boiter plusieurs semaines.
Le 5 novembre 1789
Toute la noblesse, restée à Paris, se fait un devoir de se présenter assidûment chez le Roi. il y a donc une forte affluence, dans les semaines qui suivent l’installation du Roi, aux Tuileries.
Les jeunes nobles ne portent pas la cocarde tricolore, alors que Louis XVI la porte.
Les femmes portes d’énormes bouquets de lys à leur côté et sur la tête, et dans des nœuds de rubans blancs.
Le 19 novembre 1789
Mort de l’Archiduchesse Marie-Anne, abbesse du Chapitre de Prague et sœur de la Reine, à Klagenfurt.

L’Archiduchesse Marie-Anne
Le 7 décembre 1789
La Cour prend le deuil pour deux mois suite au décès de l’Archiduchesse Marie-Anne, sœur de la Reine.
Le 31 décembre 1789
La Reine va en chaise faire une visite à Mesdames. Sa Majesté a voulu voir aussi comme elles étaient logées. Peu après la Reine revient dans Ses appartements, en le plaignant beaucoup de la douleur que Son pied lui fait », Elle fait dire qu’elle ne sortirait pas du tout le jour ni le lendemain du premier de l’an.
1790
La présence du Roi et de la Reine à Paris, et leur grande bonté produisent un excellent effet sur le peuple, et font perdre du terrain au parti du duc d’Orléans.
Philippe d’Orléans
Dès janvier 1790
Marie-Antoinette fait supprimer tous Ses abonnements dans les différentes salles de spectacle, non par peur de s’y montrer mais parce qu’Elle considère qu’une dépense de 6 000 livres pour chacune des loges qu’Elle occupe sera mieux employée au soulagement des pauvres.
Le 4 Janvier 1790
La Reine boîte toujours beaucoup. Cependant Ses douleurs de pied deviennent de jour en jour moins aiguës.
Un Tapissier est mort subitement dans les appartements de la Reine. le cadavre a été déposé au Corps-de-Garde, où il est resté toute la nuit.
Le Roi, la Reine , Monseigneur le Dauphin et Madame Royale ont été tous ensemble hier à la Messe. Mesdames, Tantes de Sa Majesté, vont à une autre Messe.
Le 6 Janvier 1790
La Reine s’est fait faire un soulier en manière de brodequin , pour Son pied malade et s´est essayée à marcher un peu dans le jardin. Sa Majesté est ensuite allée à la Messe avec le Roi, accompagnée de Ses augustes enfants.
Jeudi 7 janvier 1790
Début ce jour et jusqu’au 22 janvier, de la deuxième époque pour le deuil de Marie-Anne d’Autriche, abbesse du Chapitre de Prague et sœur de la Reine.
La Reine a permis, ces jours derniers, que les filles orphelines des Invalides, pour lesquelles Sa Majesté a fondé quatre places dans une Maison établie depuis deux ans par Mademoiselle Okennedi, au Faubourg Saint-Antoine , Lui soient présentées. Sa Majesté, toujours guidée par les mouvements de Sa sensibilité, a daigné donner à ces orphelines de nouvelles marques de Sa bienfaisance; Elle a même ordonné qu’on conduisit ces pauvres enfants chez Monseigneur le Dauphin et chez Madame Royale, qui les ont accueillies avec une bonté si attendrissante, qu’ils leur ont fait verser des larmes ; Madame Royale leur a fait beaucoup de questions qui marquent le plus vif intérêt, et a fini par ces mots dignes d’être à jamais gravés dans le cœur de tous les Citoyens vertueux :
« Mes enfants , je ferai tout ce que je pourrai pour vous rendre heureux.»
Madame Royale
La Reine s’est fait porter en chaise dans Sa Loge à la Messe du Roi.
Mardi 9 février 1790
Le Roi, la Reine et le Dauphin sont venus à la cathédrale, sans gardes et sans aucune suite. Ils sont descendus de voiture à la porte de l’église. Louis XVI et Marie Antoinette tiennent la main de M. le Dauphin. Le peuple, attendri et plein de joie, répète mille fois : « Vive le Roi, vive la Reine, vive M. le Dauphin. » Louis XVI contemple son peuple, et des larmes se sont échappées. Le peuple crie une seconde fois : « vive la Reine ». Alors le Dauphin se met à claquer des mains. Le Roi et la Reine entendent ensuite la messe à l’autel de la vierge.
Après la messe, le Roi, la Reine et le Dauphin se sont rendus aux Enfants Trouvés ; ils se sont ensuite retirés, à douze heures, accompagnés de Monsieur Bailly et du marquis de La Fayette.

Le 9 Janvier 1790
Le Roi et Madame Élisabeth ont été faire un tour de Tuileries après la messe. La Reine, malgré Son goût pour la promenade, n’a pas voulu y aller aujourd’hui , afin de ne plus retarder l’entière guérison de Son mal de pied. Sa Majesté marche cependant assez facilement, et n’éprouve plus aucunes douleurs.
Dimanche 10 Janvier
La Reine s’est fait porter chez Mesdames, l’après midi; de-là Sa Majesté a passé chez Monseigneur le Dauphin, et n’en est sortie qu’à l’heure du souper.
Le 11 Janvier 1790
Le Roi et la Reine vont à la messe ensemble, ce qui jadis n’était pas l’étiquette, mais l’étiquette n’étant plus qu’une aristocrate antique et surannée, chacun commence enfin à. s’en moquer et à braver ses ridicules oracles.
Le 12 Janvier 1790
La Reine va de bonne, heure, â la messe, avec Madame Royale. Elle va ensuite à la promenade , et là , Elle trouve le Dauphin qui prend ses ébats. Madame Élisabeth vient les joindre peu après. La Reine a abordé quelques Députés -qu’Elle a rencontrés, et qu’elle s’est entretenue avec eux. Sa Majesté ne se ressent plus de Son indisposition.
Le 16 janvier 1790
Le Roi cause, à son coucher du décret de l’Assemblée Nationale, relatif à M. Albert de Rioms, et parle avec intérêt de l’Orateur éloquent qui l’a défendu, ( M. de Champagpy. )
« Sire , lui dit un député, Monsieur d’Albert de Rioms avait besoin d’un pareil avocat, contre un agresseur sans ménagement, monsieur Ricard, car je ne crains pas de dire à Votre Majesté que M. Ricard a poussé la féroce énergie de sa déclamation , jusqu’à prétendre que Votre Majesté n’avait eu que des hommes tels que Monsieur d’Albert pour vous servir, elle tremperait aujourd’hui son Sceptre dans le sang de ses Peuples.
—Ah quelle, horreur! s’écria ce bon Prince, avec un mouvement plein d’indignation.»
Le 21 Janvier 1790
Le comte d’Albert de Rioms vient faire sa cour à la Reine. Sa Majesté lui dit, avec la sensibilité la plus touchante :
« Vous avez été bien, malheureux, et je vous assure que nous en avons été bien fâchés.»
Le Rôdeur

Le 10 février 1790
Le couple royal assiste sans tambour ni trompette à une messe basse à Notre-Dame puis, en sortant de la cathédrale, juste à côté du parvis, rend visite à l’hôpital des Enfants-Trouvés. Le caractère officiel d’une telle démarche fait aussitôt l’objet d’une illustration anonyme dans le Journal des Révolutions, aujourd’hui au misée Carnavalet : on y voit le Roi, la Reine et le Dauphin déambuler au milieu des deux longues rangées de berceaux occupés par les nombreux bébés abandonnés.

En 1776, l’hôpital s’est vu confier 6419 enfants abandonnés en une seule année !
Samedi 13 février 1790
La Cour a été très nombreuse, l’après-midi, et très brillante chez la Reine. On a joué, jusqu’au soir, un jeu plus que modéré, uniquement pour occuper l’assemblée. Après le jeu, chacun s’est retiré très bourgeoisement chez soi.

Marie-Antoinette par Kucharski
Le 19 février 1790
Reconnu coupable d’avoir projeté de faire évader le Roi Louis XVI et sa famille du palais des Tuileries, Thomas de Mahy, marquis de Favras (1744-1790), est pendu en place de Grève, à Paris.

Il meurt courageusement, sans avoir impliqué quiconque.
Le 20 février 1790
La mort à Vienne de Joseph II constitue une perte affective et politique pour Marie-Antoinette. Léopold II (1747-1792), leur frère, devient Empereur des Romains.


Le 8 avril 1790
Première communion de Madame Royale en l’église de Saint-Germain l’Auxerrois, paroisse des Tuileries.

Été 1790
La famille royale est autorisée à séjourner à Saint-Cloud.
Le 11 juin 1790
La Cour s’installe au château de Saint-Cloud, chacun occupe son logement ordinaire: les Enfants de France et la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, au rez de chaussée du corps central donnant sur le jardin de l’orangerie; Madame Elisabeth, au rez de chaussée donnant sur le jardin, à proximité du vestibule; Louis XVI, au premier étage, donnant sur le bassin du fer à cheval; et Marie-Antoinette, au premier étage, donnant sur la cour d’honneur.
Cette répartition fait suite aux travaux engagés par Richard Mique, premier architecte de la Reine.
Le duc de Villequier, premier gentilhomme de la chambre, le duc de Brissac, capitaine-colonel des Cent Suisses, et le comte Esterhazy disposent aussi d’un logement. Mademoiselle de Tourzel dispose d’une simple chambre.
Le marquis de La Fayette dispose aussi d’un logement, mais ne l’occupe pas et retourne coucher chaque soir à Paris.
Marie-Antoinette médite alors sur le passé, regarde le présent en face, interroge l’avenir. Elle passe en revue les diverses périodes de Sa destinée déjà si féconde en contrastes. Elle évoque tous les souvenirs de la Burg et de Schoenbrunn, du château de Versailles et du Petit Trianon.
Un jour, Elle se promène avec Madame de Tourzel, la Duchesse de Fitz-James et la Princesse de Tarente. Se voyant entourée de gardes nationaux, dont une partie se compose de soldats déserteurs des gardes françaises, Elle dit, les larmes aux yeux :
« Que ma mère serait étonnée , si elle voyait sa fille, femme et mère de Rois, ou du moins d’un destiné à le devenir, entourée d’une pareille garde! Il semblait que mon père eût un esprit prophétique , le jour où je le vis pour la dernière fois.»
L’impression que ces paroles de la Reine font éprouver à Mesdames de Fitz-James, de Tarente et de Tourzel est si vive que toutes trois fondent en larmes.
Des bruits courent selon lesquels la famille royale projette de s’évader…
Un après-midi de l’été 1790
Le château de Saint-Cloud est presque vide. Madame Campan fait la lecture à Marie-Antoinette, qui travaille à Son métier dans l’une des pièces de Son appartement, dont un balcon donne sur la cour d’honneur. Elles entendent un bruit sourd causé par des voix. Sur ordre de Marie-Antoinette, Madame Campan, s’approche de la fenêtre, et aperçoit sous le balcon plus de cinquante personnes : des femmes jeunes ou âgées, de vieux chevaliers de Saint-Louis, de jeunes chevaliers de Malte et quelques ecclésiastiques. Marie-Antoinette se lève, ouvre la fenêtre et paraît sur le balcon. L’une des femmes dit: « Ayez du courage, Madame, les bons français souffrent pour vous et avec vous ; ils prient pour vous, le Ciel les exaucera ; nous vous aimons, nous vous respectons, nous vénérons notre vertueux Roi. »
Marie-Antoinette fond en larmes. Madame Campan fait signe au groupe que, par prudence, il faut s’éloigner. La petite troupe s’éloigne en envoyant des baisers à la Reine.
Le dimanche 20 juin 1790
La Cour quitte le château de Saint-Cloud.
A son retour au château de Tuileries, à la descente de Sa voiture, Marie Antoinette entend le peuple crier:
« Vive la Reine »
Le 3 juillet 1790
Dans les jardins du château de Saint-Cloud, Marie-Antoinette rencontre le marquis de Mirabeau qui Lui expose son plan pour sauver la monarchie.

L’entrevue de Saint-Cloud, image des Années Lumières (1989)
,avec Peter Ustinov et Jane Seymour

« Elle est bien grande, bien noble et bien malheureuse. Mais je La sauverai. Rien ne m’arrêtera. Je périrai plutôt !» a-t-il déclaré en revenant.

Le 12 juillet 1790
Constitution civile du clergé.
Le 13 juillet 1790
Les «fédérés», venus de tous les coins de France, sont invités à se rendre aux Tuileries :
« On les f(ait) défiler devant (le roi) et la famille royale au pied du grand escalier des Tuileries. Le roi demand(e) le nom de chaque députation et parl(e) à chacun de ses membres avec une bonté qui redoubl(e) encore leur attachement. La reine leur présent(e) ses enfants et leur dit quelques mots avec cette grâce qui ajout(e) un nouveau prix à tout ce qu’elle d(it). Transportés de joie, ils entr(ent) dans les Tuileries aux cris de « Vive le roi ! »»
Madame de Tourzel
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération
Le 14 juillet, tout est prêt, y compris un Autel de la Patrie et un arc de Triomphe construit pour l’occasion à l’emplacement actuel de la Tour Eiffel. Les fédérés de toutes la France défilent dessous avec leurs tambours et leurs drapeaux ; ils sont 100 000 (selon les syndicats et 50 000 selon la police – on trouve les deux chiffres dans les sources). La foule des Parisiens prend place sur les talus que l’on a élevés autour de l’esplanade. Louis XVI prend place dans le pavillon dressé devant l’École militaire.




Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)


Le Roi prête serment de fidélité aux lois nouvelles :
« Moi, roi des Français, je jure d’employer le pouvoir qui m’est délégué par la loi constitutionnelle de l’État, à maintenir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois».
La Reine, se levant et montrant le Dauphin :
« Voilà mon fils, il s’unit, ainsi que moi, aux mêmes sentiments».



Du 5 au 11 août 1790
Louis XVI a un abcès à la joue. Il s’est formé à la gencive. On lui fait prendre du petit lait. L’Assemblée nationale se fait envoyer régulièrement, de Saint-Cloud, des bulletins de santé rédigés par les médecins du Roi. Chaque compte rendu est lu, en début de séance, par l’un des secrétaires de l’Assemblée nationale.
Pendant l’indisposition du Roi, Marie Antoinette reçoit et accueille tous ceux qui se présentent pour s’informer de la santé de Son époux.
Le 27 août 1790
Baptême du fils du boulanger François tué lors des émeutes du 21 octobre 1789. Louis XVI et Marie-Antoinette en sont parrain et marraine. Les souverains se sont fait représenter à l’église de la Madeleine.
Le 31 août 1790
Bouillé réprime une révolte de la garnison contre les officiers à Nancy.
Mardi 31 août 1790
Madame Eloffe, marchande de modes de la Reine, livre deux bonnets de nuit de taffetas blanc doublé. A cette époque, Marie Antoinette a pris de l’embonpoint, ce qui nécessite l’élargissement des poignets de trois douzaines de Ses chemises par madame Eloffe.
Le 4 septembre 1790
Démission de Necker.
Dimanche 12 septembre 1790
L’affluence est considérable au château de Saint-Cloud. Les personnes présentes paraissent chercher la présence du Roi et de la Reine qui caractérise l’amour du peuple pour leurs souverains.
Louis XVI et Marie-Antoinette se promènent, le soir, dans le parc, et sont accueillis par des applaudissements. On se presse autour de leur voiture.
Le 16 septembre 1790
Marie-Antoinette, par une suite de sa bienfaisance envers les prisonnières, ou poursuivies pour dettes de mois de nourrice, envoie 100 000 livres qui ont procuré la liberté à soixante-seize pères et mères de famille.
Septembre 1790
La Cour est fort mécontente des décrets, de l’Assemblée nationale, sur la chasse, de la nécessité où le Roi s’est trouvé de supprimer sa Vénerie. Marie Antoinette a pris Son époux par son seul endroit sensible, en le persuadant qu’on voulait le priver du plaisir de la chasse. Louis XVI a eu l’humeur, et l’a même laissé entrevoir à la députation de l’Assemblée nationale, en lui disant qu’il n’avait pas le cœur content.
On assure que les braconniers répandus dans le parc de Versailles sont une ruse de la Reine, qui a fait courir le bruit qu’on pouvait chasser librement sur les plaisirs du Roi.
Fin septembre 1790
Louis XVI est toujours sombre et rêveur. Marie Antoinette, au contraire, est gaie. Elle donne des concerts comme Elle le faisait l’année dernière, à pareille époque et dans les mêmes circonstances.
Le 18 septembre 1790
Le Roi et la Reine font leur apparition à l’Opéra. On y représente Psyché de Pierre Gardel.
Le 22 octobre 1790
Le Roi songe à quitter la capitale considérant qu’on l’a contraint à sanctionner le décret de la Constitution civile du clergé.
Le 23 octobre 1790
La Reine est offensée à l’Opéra.
Courant novembre jusqu’au 8 décembre 1790
Séjour de la famille royale au château de Saint-Cloud.

La Reine informée de la détresse où se trouvait l’école royale gratuite de dessin, Marie-Antoinette, fondatrice de cet établissement, s’est empressée suivant les mouvements habituels de sa bienfaitrice, d’envoyer à cette école une somme de 1 200 livres pour que le nombre des prix destinés à exciter l’émulation des mille cinq cents élèves qu’elle instruit ne soit pas diminuée.
Cette faveur et cette grâce inattendue viennent d’être annoncées dans les douze classes de l’école ; elles ont été reçues avec un sentiment profond que devait inspirer l’intérêt que Marie-Antoinette a daigné prendre à l’éducation de cette jeunesse laborieuse.
Le 26 décembre 1790
Le Roi sanctionne le décret sur la Constitution civile du clergé.
1791
Le 1er janvier 1791
Louis XVI et Marie-Antoinette reçoivent les hommages de la Famille Royale, de la Cour, de la municipalité de Paris et de la garde nationale de Paris. La députation de la municipalité, accompagnée de celle de la garde nationale, est conduite chez le Roi et chez la Reine par les officiers des Cérémonies.
Vers midi, le Roi, accompagné de Monsieur, et précédé des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, marchant processionnellement, et portant, ainsi que Louis XVI, l’habit de l’Ordre, se rend à la Chapelle du château des Tuileries, où il entend la grand’messe chantée par sa Musique, et célébrée par Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis et premier aumônier du Roi. La Reine et la Famille Royale y assistent dans la tribune. Madame Stanislas de Clermont-Tonnerre a fait la quête.
C’est la dernière fois que les chevaliers du Saint-Esprit s’assemblent, et que Louis XVI revêt le costume et le collier de l’Ordre.
Louis XVI et Marie Antoinette soupent au Grand Couvert.
M. Pétion de Villeneuve, maire de Paris, refuse de faire le compliment du nouvel an à Marie-Antoinette.
Le duc d’Orléans ne paraît pas à la procession de l’Ordre du Saint-Esprit ; il y envoie ses deux fils le duc de Chartres et le duc de Montpensier. On remarque qu’eux seuls, avec le comte d’Estaing, portent la cocarde tricolore au lieu de la cocarde verte de l’Ordre du Saint-Esprit.
A l’occasion du nouvel an, l’usage est de donner l’aubade sous les fenêtres du Roi. La Musique du Roi se rend au château des Tuileries, et interprète plusieurs reprises, en allusion à la liquidation des dettes de l’Etat décidée par l’Assemblée nationale, l’air de l’opéra-comique « des dettes ».
Louis XVI dispose, à cette date, dans sa caisse de 280 926 livres, et reçoit 12 000 livres.
Des vainqueurs de la Bastille viennent présenter, pour étrennes, à Monsieur le Dauphin, un domino fait de pierre et de marbre de cette prison d’Etat.
Sur le couvercle sont gravés des vers :
« Des pierres et des murailles, qui renfermaient d’innocentes victimes de pouvoir arbitraire, ont été transformés en jouet pour être offert, Monseigneur, comme un hommage de l’amour du peuple et pour vous apprendre qu’elle est sa puissance. »
Projet d’évasion de la famille royale (plan de Fersen, Bouillé et Breteuil) …

Le 5 janvier 1791
A l’occasion d’une audience avec Monsieur Fevan Nunez, ambassadeur d’Espagne en France, Marie Antoinette lui livre Ses sentiments. Elle lui confie qu’Elle se méfie, par-dessous tout, des actions entreprises par les princes émigrés et qu’Elle place tous Ses espoirs dans l’influence que peut avoir, sur l’Assemblée nationale, une coalition étrangère composée de l’Autriche, de l’Espagne, de la Sardaigne et de la Suisse.
Le 11 février 1791
La famille royale se promène au Jardin du Roi (aujourd’hui Jardin des Plantes). Elle y reçoit les honneurs des forts du port au charbon.

Le 14 février 1791
Le ministre de la Marine Claret de Fleurieu déclare officiellement l’expédition La Pérouse perdue. Ce qui n’empêche pas d’envoyer des recherches.
Dans la semaine du 14 au 20 février 1791
Marie Antoinette va voir Madame au Luxembourg, malgré l’antipathie qui a toujours régné entre elles deux, et qu’elles n’ont pas cherché à cacher. Elles ont ensemble et seules un entretien de deux heures.
Marie-Joséphine de Savoie, comtesse de Provence par Joseph Boze
Le 15 février 1791
On a retrouvé les bijoux de Madame du Barry . Les voleurs avaient dérobé chez elle pour plusieurs millions de joyaux quatre jours plus tôt.
Le 20 février 1791
Départ de Mesdames Adélaïde et Victoire qui partent pour Rome.
Le Roi doit intervenir pour qu’elles soient autorisées à quitter le territoire français.
Le 22 février 1791
La foule envahit le palais du Luxembourg, résidence du comte de Provence pour empêcher tout départ du frère du Roi.
Le 1er mars 1791
Mesdames Tantes sont autorisées à se rendre à Rome.
Le 7 mars 1791
La Reine entretient une correspondance avec Son frère l’Empereur, Léopold II, où Elle lui demande de menacer la France de ses armes.
Une lettre envoyée de Bruxelles par Mercy-Argenteau vient d’être interceptée et transmise à l’Assemblée.
Florimond de Mercy-Argenteau
Le 20 mars 1791
Marie-Antoinette écrit à Artois :
« J’espère, mon cher frère, que mes tantes vous ont parlé de moi et vous ont dit et bien prouvé que ce n’est ni manque d’amitié, ni manque de confiance, qui fait que nous avons été si longtemps sans vous écrire. Ma sœur a dû vous parler aussi pour moi du voyage que vous vouliez faire à Vienne. Si vous m’aviez consultée, je vous en aurais dissuadé. Mais, croyez que jamais je n’eusse écrit à d’autres que vous pour vous en empêcher. Votre frère, quoique se portant mieux, n’est pas encore en état de vous écrire (…)»
Le 22 mars 1791
L’assemblée constituante décrète que les reines ne seront plus régentes. Seul un prince obtiendra ce droit. La garde du souverain mineur restera néanmoins confiée à sa mère.
Le 26 mars 1791
Loménie de Brienne renvoie son chapeau de cardinal au pape après avoir accepté la constitution civile du clergé.
Le 28 mars 1791
Mirabeau tombe malade.
Avril 1791
Pour tenter de récupérer ses chers bijoux, Madame du Barry se rend à nouveau à Londres…alors qu’elle est étroitement surveillée par un certain Blache, agent de la police française, qui envoie régulièrement à Paris un rapport sur ses activités.
Le 2 avril 1791
Mort de Mirabeau ( né le 9 mars 1749) ; il est inhumé au Panthéon.

Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau
On ne découvre que plus tard qu’il avait entretenu des liens avec le Roi et la Reine. Il sera alors dépanthéonisé…
Le 17 avril 1791
Louis XVI reçoit la communion du cardinal de Montmorency, prêtre réfractaire.

Le 18 avril 1791
La famille royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.

Tableau de Joseph Navlet
Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen.

Michèle Morgan et Richard Todd dans le film de Jean Delannoy ( 1956)
Le 24 avril 1791
La famille royal est obligée d’entendre la messe pascale à l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois célébrée par l’abbé Corpet, prêtre jureur.
Le 26 mai 1791
L’Etat alloue au Roi et sa famille une liste civile de vingt-cinq millions de francs chaque année. En cas de veuvage, la Reine recevra un douaire de quatre millions.
Madame Eloffe, Sa marchande de modes, raccommode, pour Marie-Antoinette, un volant de mousseline brodée qui était déchiré.
Le 19 juin 1791
« J’étais chez la reine pour prendre ses derniers ordres , lorsque M. de Montmorin (ministre des affaires étrangères) lui apporta u ne très grande lettre qu’elle lut avec beaucoup d’attention . Quand il fut sorti de chez elle : « Il n’y a plus, dit-elle, à balancer pour notre départ : voici une lettre de l’Empereur (Son frère) qui nous engage à ne pas la différer. »»
Madame de Tourzel
Le 20 juin 1791

Image du docu-fiction de David Grubin (2005)
Évasion de la famille royale.

Départ de Monsieur et Madame ( le comte et la comtesse de Provence) qui prennent la route de Gand.

Le 21 juin 1791
Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.



Les Provence passent la frontière.



Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.

Le passage de la berline royale devant l’Hôtel de ville de Châlons , par Joseph Navlet
Jérôme Pétion et Antoine Barnave montent dans la berline royale à Châlons-en-Champagne. Pendant le voyage du retour, Marie-Antoinette converti Barnave (1761-1793) à Sa cause.



Ils entameront une correspondance clandestine.

Antoine Barnave
Le Roi est suspendu.
En rentrant aux Tuileries, Marie-Antoinette se rafraîchit de ce voyage épuisant et si angoissant et en se regardant dans le miroir, Elle s’aperçoit que Sa chevelure blond cendré est devenue aussi blanche que celle d’une femme de soixante-dix ans…



Marie-Antoinette par Alexander Kucharski
Quand la Reine se préoccupe de n’inquiéter personne de ceux Qui les ont aidés pour ce malheureux voyage :
Déclaration de la Reine
« Je déclare que le roi, désirant partir avec ses enfants, rien dans la nature n’aurait pu m’empêcher de le suivre. J’ai assez prouvé, depuis deux ans, dans plusieurs circonstances, que je voulais ne le quitter jamais. Ce qui m’a encore plus déterminée, c’est l’assurance que j’avais que le roi ne voulait pas quitter le royaume : s’il en avait eu le désir, toute ma force eût été employée pour l’en empêcher.
La gouvernante de mon fils était malade depuis trois semaines, et n’a reçu les ordres que peu de temps avant le voyage ; elle en ignorait absolument la destination. Elle ,’a emporté avec elle aucune espèce de hardes, et j’ai été obligée moi-même de lui en prêter.
Les trois courriers n’ont pas su la destination ni le but de leur voyage. Sur le chemin on leur donnait de l’argent pour payer leurs chevaux ; ils recevaient l’ordre pour la route. Les deux femmes de chambre ont été averties dans l’instant même du départ, et l’une d’elles, qui a son mari dans le château, n’a pu le voir avant le départ.
Monsieur et Madame devaient venir nous joindre en France ; ils ne sont passés dans le pays étranger que pour ne pas nous embarrasser et ne pas faire manquer les chevaux sur la route.
Nous sommes sortis par l’appartement de M. de Villequier, en prenant la précaution de ne sortir que séparément et à plusieurs reprises.»
Signé, Marie-Antoinette.
Marie-Antoinette entame avec Antoine Barnave une correspondance secrète par l’intermédiaire du chevaliers de Jarjayes (1745-1822).
Antoine Barnave entre alors en correspondance suivie avec la souveraine et La rencontre à plusieurs reprises.
Malgré un échange de lettres quasi quotidien pendant de nombreux mois, les différents projets ne se concrétisent pas.
Pour des raisons de prudence, c’est Jarjayes qui écrit à la place de Barnave , soit sous sa dictée, soit en recopiant un texte préparé.
Barnave rejoint alors les monarchistes constitutionnels du club des Feuillants, ce qui lui vaut la haine du peuple parisien et des jacobins lesquels dénoncent « Barnave noir derrière, et blanc devant ».
Caricature de Barnave en politicien jouant double jeu.
La comtesse de Jarjayes permet d’acheminer cette correspondance, du moins dans les premiers temps, quand la Reine est sous étroite surveillance aux Tuileries, après le retour de Varennes, c’est-à-dire pendant environ trois mois. Femme de chambre de Marie-Antoinette, jouissant d’une entière confiance, elle donne à son mari les lettres destinées à Barnave, et remet à la Reine les lettres en réponse de Barnave, apportées par le comte.

Table à écrire de Marie-Antoinette, œuvre de Riesener
Marie-Antoinette écrit la lettre sur une table placée près de Son lit, et la cache sous un livre. Sur un signe convenu, la comtesse s’approche , fait semblant d’effectuer un rangement ; elle s’empare de la lettre en tournant le dos à la porte et la glisse dans son corsage.

Quand son mari vient, elle se jette dans ses bras et, pendant qu’ils s’étreignent, elle place la lettre dans la poche du comte. Celui-ci, dès qu’il le peut, se rend auprès de Barnave à qui il remet la missive royale. Ce dernier, après en avoir pris connaissance, dicte sa réponse au comte de Jarjayes, qui l’apporte à sa femme, laquelle la remet discrètement à Marie-Antoinette.
Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick : Marisa Berenson est Lady Lyndon
Il existe, bien sûr des variantes à ce scénario, toutes les façons d’agir ont pour but de déjouer la surveillance.

Dans certains cas, Marie-Antoinette donne des instructions précises à Son agent :
« Je désire, par l’attachement que je vous connais pour ma personne et pour le bien public, que vous cherchiez à voir M. Barnave et que vous lui disiez que …»



Le 26 juin 1791
Suite au départ réussi de Monsieur, le duc d’Orléans refuse d’être candidat à la régence.
A la fin juin 1791
La Reine peut voir tous les jours à volonté les dames de Sa Maison. Au début, les dames doivent se faire inscrire chez le commandant du château pour y être admis. Après deux semaines, le marquis de La Fayette se détermine à donner des cartes qu’il ne signe pas car il a déjà beaucoup dépassé les ordres de l’Assemblée.
Les cartes sont de différentes couleurs. Chaque prince a la sienne, et elles sont signées de la principale personne de la Maison et du chef de la garde.
Marie-Antoinette obtient que la marquise de Tourzel reste auprès du Dauphin, grâce à l’influence de la duchesse de Luynes sur quelques députés de l’Assemblée nationale. Elle reste consigner dans la chambre du Dauphin, sous la surveillance d’un aide de camp du marquis de La Fayette.
Le 6 juillet 1791
De Padoue, l’Empereur Léopold II invite les souverains d’Europe à exiger avec lui la liberté du Roi de France.
Le 15 juillet 1791
Les clubs des Jacobins et des Cordeliers réclament l’abdication de Louis XVI.
Le 16 juillet 1791
Scission au club des Jacobins entre ceux voulant garder le Roi et ceux réclamant sa déchéance. Les modérés forment le club des Feuillants.
Le 17 juillet 1791
Fusillade du Champ-de-Mars, rebaptisé Champ-de-la-Fédération.

Le 18 juillet 1791
Drouet reçoit 30 000 francs de récompense pour avoir reconnu le Roi.
200 000 francs à répartir sont promis à toute personne pouvant donner des informations sur le départ de la famille royale.
D’août à décembre 1791
On fait aux Tuileries d’importants travaux de décoration et d’ameublement, particulièrement dans l’appartement de la Reine ; Sa chambre à coucher, Son salon, Sa salle-à-manger sont rénovés.
Le 3 septembre 1791
Une garde constitutionnelle est offerte au Roi.
Le 14 septembre 1791
Le Roi prête serment à la Constitution.
Louis XVI, roi de France en roi citoyen (1791), par Jean-Baptiste-François Carteaux (1751 – 1813)
« Sur proposition de M. de La Fayette, on décréta la mise en liberté de toutes les personnes détenues à l’occasion du voyage du roi (…) on accorda une amnistie à ceux qui avaient contribué au voyage de Varennes (…)
Madame de Tourzel
Le décret de l’amnistie m’ayant rendu la liberté, je repris mes fonctions auprès de Mgr le Dauphin et de Madame et je les suivis le lendemain à l’Assemblée. Nous allâmes dans une loge préparée pour la reine (…) Le roi prononça, debout et découvert, le serment prescrit par l’Assemblée»
Le 20 septembre 1791
En fin d’après-midi, la famille royale assiste à la représentation de Psyché à l’opéra.
Le carrosse de la famille royale circule ensuite le long des Champs-Elysées où elle est acclamée.
Le 25 septembre 1791
Louis XVI et Marie Antoinette, Madame Royale et Madame Elisabeth se rendent à l’Opéra, pour assister à la représentation de « Psyché » au théâtre de l’Académie royale de Musique. Ils sont accompagnés de la Famille Royale. Les acclamations sont unanimes et multiples.
Le 26 septembre 1791
La famille royale paraît à la Comédie-Italienne. Partout Marie-Antoinette se montre gracieuse et affable ; mais l’humeur n’y est plus et madame de Staël, voyant bien souvent la pâleur de Son visage, ne peut s’empêcher de noter «Elle s’effor(ce) d’être aimable. Mais on s’aperçoit une profonde tristesse à travers son obligeant sourire.»
Le 30 septembre 1791
Dernière séance de l’assemblée constituante. Aucun député ne pourra être réélu pour la prochaine assemblée.
Une amnistie générale est décrétée pour tout fait d’émeute depuis 1788.
Le 1er octobre 1791
Première séance de l’Assemblée législative comprenant 745 députés : 264 Feuillants, 136 Jacobins et 345 non-inscrits.
Le 5 octobre 1791
Entrevue secrète avec Barnave.
Le 8 octobre 1791
Marie-Antoinette assiste avec le Roi , au théâtre des Italiens, à la représentation de L’Amant Jaloux, opéra-ballet de Grétry.
Le 31 octobre 1791
Décret contre les émigrés, invités à revenir en France sous peine de confiscation de leurs biens.
Le 9 novembre 1791
Le comte de Provence est sommé de rentrer en France.
Le 11 novembre 1791
Le Roi oppose son veto aux décrets des 31 octobre et 9 novembre.
Le 14 novembre 1791
Pétion est élu maire de Paris.
Le 29 novembre 1791
Décret faisant des prêtres réfractaires à la Constitution civile du clergé des «suspects».
Le 1er décembre 1791
La Reine se rend la Comédie-Française, rebaptisée Théâtre de la Nation (à l’Odéon), car Elle souhaite voir l’acteur Préville jouer l’un de ses meilleurs rôles, celui de Géronte dans Le Bourru bienfaisant de Goldoni ; selon la presse, Elle y reçoit «les marques d’une satisfaction universelle, et les mêmes hommages l’ont accompagnée dans sa route jusqu’aux Tuileries».
Le 2 décembre 1791
Marie-Antoinette écrit à Barnave :
« J’ai eu lieu d’être très contente, hier, au spectacle.»
Le 4 décembre 1791
Décès de Mozart qui laisse inachevé son Requiem. En apprenant cette mort, Marie-Antoinette doit probablement repenser à Son unique rencontre, à Vienne, avec le petit prodige ; c’était le 13 octobre 1762 , Elle avait presque sept ans et lui six.
En fin d’année 1791
La princesse de Lamballe ou la marquise de Tourzel organisent des soirées dans leurs appartements, . Marie Antoinette y vient presque tous les soirs. Elle y joue, au tric-trac, avec la princesse de Lamballe, le baron de Vioménil, le comte d’Haussonville, le chevalier de Coigny, le comte de Paroy … qu’Elle fait l’honneur d’admettre de cet intérieur. Madame Royale y vient aussi souvent avec son frère le Prince Royal : elle a treize ans et lui sept ans. Ils jouent au volant ou à d’autres jeux. Mademoiselle Pauline de Tourzel, âgée de quinze ans, prend part à leur jeu. Madame Royale la traite en amie intime.
Le 19 décembre 1791
Le Roi oppose son veto au décret sur les prêtres insermentés.
Le 29 décembre 1791
Marie-Antoinette se rend à l’opéra assister au ballet de Psyché. On donne également Les Prétendus de Lemoyne. Elle y est acclamée.
1792
Le vendredi 20 janvier 1792
Marie-Antoinette, accompagnée de Ses enfants, se rend à la Comédie Française où des acclamations les accueillent. Ils assistent à la représentation Des Evénements imprévus, comédie en trois actes, mêlée d’ariettes d’Hèle et musique de Guétry.
C’est le dernier témoignage de sympathie donné à la famille royale.
Le 9 février 1792
Décret sur la confiscation des biens des émigrés.
Le 13 février 1792
Visite clandestine de Fersen aux Tuileries.
Le 20 février 1792
La Reine paraît à la Comédie-Italienne pour la dernière fois.

Michèle Morgan (1956)
Elle est saluée par Madame Dugazon qui chante : « Ah! que j’aime ma maîtresse» dans Les Événements Impromptus.

Rosalie Dugazon
Le 1er mars 1792
Léopold II, le frère de Marie-Antoinette, meurt.

Avènement de Son neveu François II, qui sera couronné Empereur le 19 juillet.
L’assemblée législative adopte le principe de la «décollation mécanique» pour rendre la peine de mort la moins douloureuse possible à l’aide d’une machine proposée depuis 1789 par le docteur Guillotin qui se bat contre la peine de mort.
Louis XVI y apporté des conseils techniques.

Le 25 mars 1792
Ultimatum de la France sur l’Autriche.
Le 29 mars 1792
Mort du Roi Gustave III de Suède, qui avait beaucoup d’amitié pour Marie-Antoinette.

Au cours du bal masqué de l’Opéra royal de Stockholm, le Roi est assassiné d’un coup de pistolet par Jacob Johan Anckarström.

Le 20 avril 1792
Déclaration de guerre au Roi de Bohême et de Hongrie, François II.
Le 27 mai 1792
Décret sur la déportation des prêtres réfractaires.
Le 29 mai 1792
Décret supprimant la garde constitutionnelle du Roi.
Le 1er juin 1792
L’actrice Rosalie Dugazon a été remerciée. Sa trop grande fidélité à la Reine l’oblige à une retraite forcée.

L’actrice Rosalie Dugazon dans son rôle de Nina, par Elisabeth Vigée-Lebrun, 1787
Le 8 juin 1792
Décret de formation d’un camp de fédérés à Paris.
Le 11 juin 1792
Louis XVI oppose son veto aux décrets des 27 mai et 8 juin.
Lui et la Reine sont désormais surnommés «Monsieur et Madame Veto».
Le 14 juin 1792
Danton propose que Louis XVI répudie Marie-Antoinette afin de mettre fin à la soi-disant influence autrichienne.
Le 20 juin 1792
Le peuple des faubourgs, encadré par des gardes nationaux et ses représentants, comme le brasseur Santerre (10 à 20 000 manifestants selon Roederer), pénètre dans l’assemblée, où Huguenin lit une pétition. Puis elle envahit le palais des Tuileries.
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Le peuple de Paris pénétrant dans le palais des Tuileries le 20 juin 1792 par Jan Bulthuis, vers 1800

Escalier monumental des Tuileries (avant sa destruction)

« Avec le courage passif qui est le sien », selon Michel Vovelle, le Roi subit sans faiblir pendant deux heures le défilé de la foule, accepte de coiffer le bonnet phrygien et boit à la santé de la Nation pour faire passer les paroles de Legendre :
« Monsieur, vous êtes un perfide, vous nous avez toujours trompés, vous nous trompez encore », mais refuse de retirer son veto comme de rappeler les ministres girondins, invoquant la loi et la constitution.
Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine,
elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.

La Reine n’a pu parvenir jusqu’au Roi ; elle est dans la salle du conseil et on avait eu de même l’idée de la placer derrière la grande table, pour la garantir autant que possible de l’approche de ces barbares … les révolutionnaires passent devant Elle afin de L’observer :


On voit bien que l’auteur de cette peinture s’est inspiré d’un buste de Marie-Antoinette (celui de Lecomte) pour La représenter
« Elle avait attaché à sa tête une cocarde aux trois couleurs qu’un garde national lui avait donnée. Le pauvre petit dauphin était, ainsi que le roi, affublé d’un énorme bonnet rouge. La horde défila devant cette table ; les espèces d’étendards qu’elle portait étaient des symboles de la plus atroce barbarie. Il y en avait un qui représentait une potence à laquelle une méchante poupée était suspendue ; ces mots étaient écrits au bas : Marie Antoinette à la lanterne. Un autre était une planche sur laquelle on avait fixé un cœur de bœuf, autour duquel était écrit : cœur de Louis XVI. Enfin un troisième offrait les cornes d’un bœuf avec une légende obscène.
L’une des plus furieuses jacobines qui défilaient avec ces misérables s’arrêta pour vomir mille imprécations contre la reine.
Sa Majesté lui demanda si elle l’avait jamais vue : elle lui répondit que non ; si elle lui avait fait quelque mal personnel : sa réponse fut la même mais elle ajouta : « c’est vous qui faites le malheur de la nation.
– On vous l’a dit, reprit la reine ; on vous a trompée. Epouse d’un roi de France, mère du dauphin, je suis française, jamais je ne reverrai mon pays, je ne puis être heureuse ou malheureuse qu’en France ; j’étais heureuse quand vous m’aimiez».
Cette mégère se mit à pleurer, à lui demander pardon, à lui dire : «c’est que je ne vous connaissais pas ; je vois que vous êtes bien bonne».



Mesdames de Lamballe, de Tarente, de La Roche-Aymon, de Mackau entourent alors la Reine, ainsi que Madame de Tourzel qui souligne dans ses Mémoires :
« La Reine était toujours dans la chambre du Roi, lorsqu’un valet de chambre de Mgr le Dauphin accourut tout hors de lui avertir cette princesse que la salle était prise, la garde désarmée, les portes de l’appartement forcées, cassées et enfoncées, et qu’on le suivait.
On se décida à faire entrer la Reine dans la salle du Conseil, par laquelle Santerre faisait défiler sa troupe pour lui faire quitter le château. Elle se présenta à ces factieux au milieu de ses enfants, avec ce courage et cette grandeur d’âme qu’elle avait montrés les 5 et 6 octobre, et qu’elle opposa toujours à leurs injures et à leurs violences.
Sa Majesté s’assit, ayant une table devant elle, Mgr le Dauphin à sa droite et Madame à sa gauche, entourée du bataillon des Filles-Saint-Thomas, qui ne cessa d’opposer un mur inébranlable au peuple rugissant, qui l’invectivait continuellement.
Plusieurs députés s’étaient aussi réunis auprès d’elle.
Santerre fait écarter les grenadiers qui masquaient la Reine, pour lui adresser ces paroles : » On vous égare, on vous trompe, Madame, le peuple vous aime mieux que vous le pensez, ainsi que le Roi ; ne craignez rien « .
– » Je ne suis ni égarée ni trompée, répondit la Reine, avec cette dignité qu’on admirait si souvent dans sa personne, et je sais (montrant les grenadiers qui l’entouraient) que je n’ai rien à craindre au milieu de la garde nationale « .
Santerre continua de faire défiler sa horde en lui montrant la Reine. Une femme lui présente un bonnet de laine ; Sa Majesté l’accepte, mais sans en couvrir son auguste front. On le met sur la tête de Mgr le Dauphin, et Santerre, voyant qu’il l’étouffait, le lui fait ôter et porter à la main.
Des femmes armées adressent la parole à la Reine et lui présentent les sans-culottes ; d’autres la menacent, sans que son visage perde un moment de son calme et de sa dignité.
Les cris de « Vivent la Nation, les sans-culottes, la liberté ! à bas le veto ! » continuent.
Cette horde s’écoule enfin par les instances amicales et parfois assez brusques de Santerre, et le défilé ne finit qu’à huit heures du soir.
Madame Elisabeth, après avoir quitté le Roi, vint rejoindre la Reine, et lui donner de ses nouvelles.
Ce prince revint peu après dans sa chambre, et la Reine, qui en fut avertie, y entra immédiatement avec ses enfants.»

Image de Marie-Antoinette (1938)

Vers dix heures du soir
Pétion et les officiers municipaux font évacuer le château.
Même s’il a subi une humiliation, Louis XVI a fait échouer la manifestation, par son obstination imprévue et sa fermeté tranquille, et il se tient désormais sur ses gardes.
Surtout, elle renforce l’opposition royaliste, le déchaînement de la foule et le courage du Roi suscitant un courant d’opinion en sa faveur. Des départements parviennent à Paris adresses et pétitions pour dénoncer la manifestation, même si de nombreux clubs envoient des pétitions hostiles au Roi.
Pétion est suspendu de ses fonctions de maire.
Louis XVI conserve sa détermination à défendre la Constitution en espérant un sursaut de l’opinion en sa faveur, ce qui se manifeste le 14 juillet, troisième fête de la fédération, étant l’objet de manifestations de sympathie.
En juillet 1792
« La reine était si mal gardée et il était si facile de forcer son appartement que je lui demandai avec instance de venir coucher dans la chambre de Mgr le Dauphin. Elle eut bien de la peine à se décider (…) Elle finit par y consentir mais seulement les jours où il y aurait du bruit dans Paris.»
Madame de Tourzel
A partir de ce moment, la Reine, la gouvernante et le Dauphin cohabitent dans cette chambre pendant les nuits.
« Mgr le Dauphin, qui aim(e) beaucoup la reine, enchanté de la voir coucher dans sa chambre, cour(t) à son lit dès qu’elle (est) éveillée, la ser(t) dans ses petits bras en lui disant les choses les plus tendres et les plus aimables.»
Madame de Tourzel
En juillet 1792
La Landgrave Louise engage son frère Georges de Hesse (1754-1830) à se rendre à Paris pour chercher avec quelques amis dévoués, à enlever des Tuileries, la Reine est Ses enfants.
En apprenant cela, Marie-Antoinette écrit à Louise de Hesse-Darmstadt:
« Votre amitié vos soins, Madame, m’ont touchée jusqu’au fond de l’âme. La personne qui repart pourra vous dire les raisons qui l’ont retenue si longtemps ; il vous dira que même à présent je n’ose pas le voir chez moi ; il m’aurait pourtant été bien doux de parler avec lui de vous, à qui je suis tendrement attachée ; non, ma Princesse, en sentant tout le prix de vos offres, je ne puis les accepter.
Je suis vouée pour la vie à mes devoirs et aux personnes chères dont je partage les malheurs, et qui, quoi qu’on en dise, méritent tout intérêt par le courage avec lequel elles soutiennent leur position.
Le porteur de cette lettre pourra vous donner des détails sur ce moment-ci et sur l’esprit du lieu que nous habitons : on dit qu’il a beaucoup vu et juste. Puisse un jour tout ce que nous faisons et souffrons rendre heureux nos enfants, c’est le seul vœu que je me permette.
Adieu, ma Princesse, ils m’ont tut ôté, hors mon cœur que me restera toujours pour vous aimer, n’en doutez jamais ; c’est le seul malheur que je pourrois supporter .
Je vous embrasse tendrement. Mille compliments à tous les vôtres.
Je me sens plus que jamais enorgueillie d’être née Allemande.»
Cette lettre fait allusion à ce projet, qui ne put être exécuté, car la Reine de peur de se compromettre, ne veut pas même voir le Prince Georges. Marie-Antoinette refuse donc en redisant Son affection pour Sa famille mais aussi Son devoir face à la France.
Le 11 juillet 1792
«La patrie en danger».
Après le 14 juillet 1792
Madame Campan rapportent les inquiétudes de la Reine :
« Je commence à redouter un procès pour le roi ; quant à moi, je suis étrangère, ils m’assassineront, que deviendront nos pauvres enfants? »
Un torrent de larmes suit ces douloureuses exclamations. Madame Campan veut Lui donner une potion anti-spasmodique, qu’Elle refuse en disant que les maux de nerfs sont la maladie des femmes heureuses, que l’état cruel dans lequel Elle est réduite rend ces secours inutiles. En Ses temps heureux, la Reine avait souvent des crises spasmodiques mais Sa santé est des plus égales car les Facultés de Son âme soutiennent Ses forces physiques.
A Son insu, Madame Campan Lui a fait faire un corset semblable au gilet du Roi ; mais Elle ne veut pas en faire usage :
« Si les factieux m’assassinent ce sera un bonheur pour moi, ils me délivreront de l’existence la plus douloureuse.»
Marie-Antoinette
Le 20 juillet 1792
La sentence prononcée en 1786 contre madame de La Motte _qui vient de mourir à Londres_ est cassée.
Il s’agit d’une mise en accusation indirecte de la Reine.

Le 25 juillet 1792
Signature du manifeste de Brunswick, une mise en demeure de la France, sommée de respecter la famille royale. Les Parisiens sont outrés par le ton belliqueux du texte lorsqu’il est connu en France quelques jours plus tard.
Un soir, de la fin juillet 1792
Alors qu’il y a, au château des Tuileries, une excellente garde nationale, Marie-Antoinette va au petit jardin du prince royal, dont Elle revient par la terrasse par la terrasse d’eau. Des fédérés, qui passent sur le quai, ayant aperçu la Reine, se mettent à tenir de très mauvais propos et à chanter une chanson détestable, en affectant de La regarder sans ôter leur chapeau. Marie-Antoinette veut se retirer, mais les gardes nationaux La supplient de n’en rien faire et de leur laisser apprendre à ces fédérés qu’on ne les redoute pas. Ils se mettent alors à crier « Vive le Roi et la Famille Royale ».
Le 3 août 1792
Une majorité de sections de Paris demande la déchéance de Louis XVI.
Jeudi 9 août 1792
Marie-Antoinette va alternativement chez le Roi, et chez Ses enfants, accompagnée de Madame Elisabeth, et retourne dans le cabinet du Roi.

Le 10 août 1792
La journée du 10 août commence en réalité dans la nuit du 9 au 10 août. En pleine nuit, le tocsin sonne au couvent des Cordeliers. Une heure plus tard, toutes les églises de Paris répondent au signal donné par Danton.

Ce sont les quarante-huit sections de Paris, dont les révolutionnaires se sont rendus maîtres. Danton lance alors les sections parisiennes à l’assaut de l’hôtel de Ville, met à la porte la municipalité légale et y installe sa «commune insurrectionnelle », qui s’effondrera le 9 thermidor avec Robespierre.

Geneviève Casile, Marie-Antoinette (1976), observe le ciel rouge de Paris ce matin-là…
Le deuxième acte se joue alors. Le commandant de la garde Nationale, Galliot de Mandat, favorable à Louis XVI, est convoqué à l’hôtel de ville. C’est un piège. Dès qu’il y pénètre, il est assassiné. Son corps est jeté dans la seine, et sa tête, plantée sur une pique. Antoine Santerre (1752-1809), le roi des faubourgs, le remplace.

Antoine Santerre

Les Tuileries constituent le dernier objectif. Pour défendre le palais, le Roi peut compter sur ses mille à mille deux cents gardes Suisses, sur trois cents chevaliers de Saint louis, sur une centaine de nobles et de gentilshommes qui lui sont restés fidèles. La Garde nationale est passée dans le camp adverse. Seul le bataillon royaliste des «filles de Saint Thomas» est demeuré fidèle au souverain.

On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide alors de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.



