Le marquis de La Fayette

La Fayette, en uniforme de lieutenant-général de 1791 par Joseph-Désiré Court (1834)

Le 6 septembre 1757

Naissance de Marie-Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette,  au château de Chavaniac, paroisse de Saint-Georges-d’Aurac en Auvergne. Il est le fils unique de Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (1733-1759), colonel aux Grenadiers de France et de Marie Louise Julie de La Rivière, d’une riche et noble famille de Saint-Brieuc (1736-1770).

Michel Louis du Motier, marquis de La Fayette
Marie Louise de La Rivière

Le 1er août 1759

Son père, Michel Louis Christophe du Motier, marquis de La Fayette (1733-1759) , meurt dans les bras du comte de Broglie (1719-1781) en Westphalie à l’âge de vingt-cinq ans, tué par un boulet de canon au cours de la bataille de Minden.  Son grand-père, le marquis de La Rivière (1690-1770), ancien lieutenant général des Armées du Roi, le fait venir à Paris pour son éducation. 

La Fayette est très bien entouré par ses proches parents. Ces derniers gèrent pour lui son immense fortune et veillent parfaitement à ses intérêts. Dans une situation similaire, beaucoup auraient perdu les pédales, car l’argent, les terres, les rentes font souvent tourner les têtes. Il n’en est rien pour le futur héros de la Guerre d’Indépendance. Il reste simple, facile d’accès et n’oublie pas ses compagnons de jeunesse avec lesquels il jouait enfant, même si ceux-ci sont roturiers, fils de manœuvres et de paysans. Toute sa vie, il gardera cette conviction qu’il faut aider les plus faibles, les exclus, les opprimés. Quand le moment viendra, il prendra la défense des protestants, des juifs, des Peaux-Rouges, des esclaves…

De 1768 à 1771

Gilbert étudie au collège du Plessis (actuel lycée Louis-le-Grand) et suit parallèlement une formation d’élève-officier à la compagnie des mousquetaires noirs du Roi. Il suit également les cours de l’Académie militaire de Versailles.

Le lycée Louis-le-Grand

Le 3 avril 1770

Décès de sa mère, Marie Louise Julie de La Rivière (née en 1736), elle a trente-quatre ans. À l’âge de douze ans, Gilbert de La Fayette se trouve orphelin, seul héritier potentiel de la fortune de son grand-père maternel, le marquis de La Rivière.

A treize ans, Gilbert est orphelin et millionnaire

Le 24 avril 1770

Son grand-père maternel, Joseph Yves, marquis de La Rivière (né en 1690), meurt à son tour et lui laisse une rente de 25 000 livres.

À la même époque

Un autre oncle meurt, lui laissant un revenu annuel de 120 000 livres ; ces 145 000 livres de revenu font de lui un des hommes les plus riches de France.

Élevé par sa tante, Louise Motier de La Fayette (1720-1811) et par sa grand-mère, Marie-Catherine de Suat de Chavagnac (née en 1690) Gilbert passe à Chavaniac une enfance libre et protégée dans les forêts d’Auvergne et rêve, à neuf ans, de chasser la bête du Gévaudan qui sévit dans sa région de 1763 à 1767.

Figure du Monstre qui désole le Gévaudan 

Le 11 avril 1774

Promu capitaine à dix-sept ans, il épouse Adrienne de Noailles (1759-1807), fille du duc de Noailles (Pair de France).

Adrienne de Noailles

En mai 1774

Gilbert devient capitaine à Metz .

Le 10 mai 1774

Louis XV meurt de la petite vérole, c’est son petit-fils, Louis Auguste (1754-1793), qui monte sur le trône.

Louis XV par Armand-Vincent de Montpetit
Louis XVI (1775) par Joseph-Siffred Duplessis

C’est alors que Gilbert fréquente la Cour.

Le jeune marquis, par sa naissance, par sa fortune et l’immense prestige de sa belle-famille est promis au plus bel avenir… à condition de ne pas se poser trop de questions. Or des questions, il s’en pose :

« Je vis avec mépris les grandeurs et les petitesses de la Cour, avec pitié l’insignifiance de la société, avec dégoût les minutieuses pédanteries de l’armée, avec indignations tous les genres d’oppression.»

Gilbert de La Fayette

Image d'une pièce américaine sur Adrienne de La Fayette

Marie-Antoinette qui l’appelle «Monsieur Blondinet» lui reproche de mal danser.

Jane Seymour est Marie-Antoinette dans Les Années Lumières (1988) de Robert Enrico

 

Comme Gilbert est entré dans la maison du comte de Provence, il se permet quelque désinvolture qu’il aurait mieux fait de taire : un jour que Provence se vante de sa mémoire, il lui répond que «la mémoire tient lieu d’esprit aux sots» !

Son beau-père, le duc d’Ayen, exaspéré doit le renvoyer précipitamment vers sa garnison de Metz…

Le 5 septembre 1774

Réunion à Philadelphie d’un congrès composé de délégués de douze colonies ( il n’y en a pas pour la Georgie). Il siège sept semaines et rédige une adresse destinée au Roi. Il décide alors la création de comités sur tout le territoire, alors que le Massachussets ne reconnaît plus l’autorité du Roi et prépare la constitution d’un gouvernement provisoire.

Le comte de Provence
George Washington prend la tête des insurgents, volontaires inexpérimentés mais déterminés à conquérir l'Indépendance des colonies américaines soumises à l'Angleterre

Dimanche 11 juin 1775

Louis XVI est sacré à Reims. La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin.

Louis XVI à Reims par Benjamin Warlop

 

En 1775

Bien qu’aristocrate et allié, par mariage, à la puissante famille des Noailles, La Fayette préfère entrer dans l’armée plutôt que de vivre de ses rentes. Marqué par les idées des Lumières, il entre très jeune en maçonnerie. Dans le sillage de son maître à penser, l’abbé Raynal, illustre franc-maçon de la célèbre Loge Les Neuf Sœurs, La Fayette devient l’un des champions français de la cause de l’indépendance américaine.
L’histoire de l’indépendance américaine est largement l’œuvre de francs-maçons. Qu’il s’agisse de la Boston tea-party, organisée par la Loge Saint-André de Boston, des rédacteurs réunis autour de Jefferson pour rédiger la Déclaration d’indépendance, tous francs-maçons, ou encore des cabinets civils ou militaires qui assistent George Washington durant cette période, tous les épisodes de cette lutte d’indépendance sont marqués par l’influence maçonnique. L’histoire culmine avec la scène de capitulation du général en chef des forces britanniques, Lord Cornwallis (lui-même franc-maçon) remettant son épée à un état-major d’officiers américains et d’officiers volontaires étrangers… tous francs-maçons.
Les relations franco-américaines se trouvaient facilitées à l’époque par les liens personnels tissés par des acteurs animés par un idéal commun.

Statue de La Fayette située au Puy-en-Velay
Gilbert et Adrienne de La Fayette dans le film de Jean Dréville (1962)
Le marquis de La Fayette, major général des armées des États-Unis d'Amérique, en pied ; Estampe, épreuve coloriée
Benjamin Franklin par Duplessis

En 1776

Naissance de leur première fille, Henriette du Motier (1776-1778).

En juin et juillet 1776

Préparation de la déclaration d’indépendance par Thomas Jefferson.

Le 4 juillet 1776

L’Indépendance est votée par les représentants de toutes les colonies. New York s’abstient, mais la votera le 9 juillet.

La Fayette - "La Fayette" de Jean Dréville (1962), avec Liselotte Pulver 19832315
                    Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville (1962)

Passionné par les idées des philosophes, fidèle aux idéaux de Liberté, l’annonce de la déclaration d’indépendance des colonies anglaises d’Amérique et la nouvelle des désastres essuyés par les insurgés devant New York confirme La Fayette dans sa résolution de se battre aux côtés de cette jeune nation.

Fin 1776

Voyage de Benjamin Franklin (1706-1790) à Paris.

Orson Welles interprète Benjamin Franklin pour Jean Dréville
Pascale Audret incarne Adrienne dans La Fayette (1961) de Jean Dréville
Théodore Pellerin incarne le jeune Gilbert de La Fayette dans la série Franklin (2024) créée par Kirk Ellis, Howard Korder
Au centre, La Fayette parade à Versailles avec le petit-fils de Benjamin Franklin, Temple
Théodore Pellerin incarne le jeune Gilbert de La Fayette dans la série Franklin (2024) créée par Kirk Ellis, Howard Korde

Le 7 décembre 1776

La Fayette signe un engagement pour servir en Amérique contre les Anglais comme major général.

En 1777

Naissance de leur seconde fille , Anastasie Louise Pauline du Motier (1777-1863) qui se mariera à Juste-Charles de Fay de La Tour-Maubourg.

Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette ( at the Florence Gould Theater in NYC)
Monument en hommage à La Fayette situé à Mount Vernon Place

La Fayette décide de s’engager dans la guerre révolutionnaire, pour se « couvrir de gloire » comme il le confesse volontiers à ses proches parents et amis.  Il arme un navire (La Victoire) et malgré l’opposition de sa famille et du Roi, il s’embarque, en compagnie de quelques autres officiers, pour l’Amérique. Ayant gagné la confiance des membres du congrès, adopté par George Washington, La Fayette obtient le titre de major général. Bien que blessé à la bataille de Brandywine, où il combat avec bravoure, il se voit attribuer le commandement de la division des volontaires de Virginie, à la tête de laquelle il se couvre de gloire.

Michel Le Royer dans La Fayette (1961) de Jean Dréville

Fin juin 1777

Reprise de Ticonderoga par les force de Burgoyne.

Le 6 août 1777

Victoire des insurgés à Oriskany.

Matthew Keagle est La Fayette dans The Lost Hero (2010) , un docu fiction américain de Thomas Beckner

Le 13 août 1777

Victoire des insurgés de John Stark (1728-1822) à Bennington.

John Stark

Le 21 août 1777

Reprise du fort Stanwik par le général Benedict Arnold (1741-1801).

Les Anglais de Saint Léger doivent l’évacuer.

 

Le 31 août 1777

Howe refoulé par Washington ne peut prendre Philadelpie et s’embarque pour la baie de Chesapeake d’où il gagne Elkton dans le Maryland.

Le général Benedict Arnold

Le 11 septembre 1777

Howe vainqueur à la bataille de Brandywine, où La Fayette est blessé.

Washington et La Fayette à la bataille de Brandywine par Vanderlyn
La Fayette est blessé au combat de Brandywine

Le 17 décembre 1777

La France reconnaît l’Indépendance de l’Amérique.

Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette

Le 19 septembre 1777

Première bataille de Saratoga entre les troupes d’Arnold et de Burgoyne. Elle reste sans résultat.

Le héros de l'Amérique a une liaison avec Aglaé de Barbentane, comtesse d'Hunolstein, peinte au pastel, par Mme Le Brun alors encore Melle Vigée. Mais lorsque La Fayette s'embarque pour l'Amérique, la belle Aglaé sombre dans la galanterie et la lubricité au point que sa famille se résout à la faire enfermer dans un couvent.

Le 26 septembre 1777

Les Anglais prennent Philadelphie évacuée par le Congrès qui se réfugie à Lancaster.

Washington est de nouveau nommé dictateur pour deux mois.

Le 4 octobre 1777

Bataille de Germantown : défaite de Washington.

Le 7 octobre 1777

Seconde bataille de Saratoga : victoire américaine.

Le 17 octobre 1777

Capitulation de Burgoyne.

Le 25 novembre 1777

La Fayette est vainqueur de quatre cents Hessois à Gloucester.

Hiver 1777-1778

Henry Clinton (1730-1795) succède à William Howe (1729-1814).

Henry Clinton
La Fayette pendant la campagne de Virginie (collection particulière)

1777-1778

Washington prend ses quartiers d’hiver à Valley Forge.

Cabale du comte Thomas Conway (1734-1800) visant à déconsidérer Washington au profit de Gates, le vainqueur de Saratoga.

Le 30 janvier 1778

En prévision du conflit qui s’annonce, Louis XVI ordonne le rappel des milices provinciales. 75 000 hommes vont ainsi être disponibles pour servir dans les garnisons de métropole, patrouiller comme garde-côtes, et fournir des volontaires à l’armée régulière.

Le 6 février 1778

Convention secrète franco-américaine signée avec Benjamin Franklin

C’est l’occasion de pouvoir se venger de la défaite de la guerre de Sept Ans (1756-1763) ; de plus, convaincu par la victoire américaine de Saratoga, la France signera deux traités d’engagement avec les colonies, le 6 février 1778. Le premier engagera une amitié réciproque et une alliance commerciale. Le second, tenu secret, consistera en une alliance militaire. Ainsi, les Américains recevront des aides financières et matérielles considérables ainsi que des renforts terrestres et le concours de la flotte. Les Insurgents reprendront espoir puisqu’avec le soutien naval des Français, il sera désormais possible de mettre en déroute la flotte britannique.

Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville de 1961
Frederick North

Le 17 février 1778

Frederick North (1732-1792) , Premier ministre anglais, se déclare prêt à céder aux demandes des insurgés, sauf sur l’indépendance.

En mars 1778

Louis XVI reçoit à Versailles une délégation américaine avec, à sa tête, Benjamin Franklin.

Tableau de Jean-Léon Gerome Ferris
Orson Welles est Benjamin Franklin dans Si Versailles m’était conté de Guitry (1954)
Louis XVI consultant des cartes de navigation par Benjamin Warlop

Le coût de cette aide au combat pour la liberté d’un peuple : un milliard !!!

Pour emprunter, Necker (1732-1804), son ministre des finances, doit inspirer confiance. Il va jouer la transparence. Il imagine de publier sous le nom de compte rendu le tableau des recettes et des dépenses de la monarchie pour 1781. Les recettes sont de 264 millions et les dépenses de 254 millions. L’excédent est de 10 millions. Voilà qui devrait rassurer les prêteurs. En réalité, Necker a dissimulé les dépenses de la guerre d’Amérique sous prétexte qu’elles relèvent de la conjoncture. Le déficit est de 90 millions.

Les caisses sont vides et des emprunts deviennent désormais impossibles!

Le 18 mai 1778

Battu, La Fayette fait une habile retraite à Barren Hill.

Le 17 juin 1778

« La Belle-Poule, commandée par Chadeau de la Clocheterie, appareille de Brest pour observer les mouvements des Anglais. À l’entrée de la Manche, elle est sommée de se rendre par la frégate anglaise HMS Arethuse. Sur le refus du commandant français, un combat est engagé. HMS Arethuse, démâtée de son grand mât, abandonne en se repliant sur son escadre.»

Auguste Louis de Rossel

Le Combat de la Belle-Poule contre l’Arethuse, par Auguste Louis de Rossel

Il s’agit du premier combat entre la marine française et la marine anglaise pendant la guerre d’Indépendance américaine …on connaît bien cette célèbre victoire héroïque de la Belle Poule de Chadeau de la Clochetterie surtout pour les répercussions dans la Mode qui avait enthousiasmé les dames jusqu’à leur faire jucher des frégates sur leurs coiffures poudrées :

Charlotte de Turckheim est Marie-Antoinette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)
Coiffure à la Belle Poule

Le 18 juin 1778

Les Américains reprennent Philadelphie.

Lambert Wilson est La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)

Le 28 juin 1778

Après l’évacuation de Philadelphie par les Anglais, il est chargé de harceler ces derniers et se montre efficace sous Washington qui bat Clinton à Monmouth qui reste une bataille indécise.

En février 1778

Après la victoire de Saratoga, la popularité qu’il acquiert en France contribue à la conclusion du traité franco américain.

Le 4 juillet 1778

Loyalistes et Indiens perpètrent le massacre des colons de la vallée du Wyoming.

Le 27 juillet 1778

Le combat d’Ouessant est l’un des premiers engagements qui opposent Français et Anglais dans la guerre d’Indépendance américaine.

Le 11 septembre 1778

« Au large d’Ouessant, la frégate de 32 canons la Junon commandée par le vicomte de Beaumont, rencontre la frégate anglaise de 28 canons HMS Fox, commandée par Lord Windsor. Après quelques heures de combat le HMS Fox, démâté, cesse de tirer. La Junon le remorque jusqu’à Brest.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat d’Ouessant par Théodore Gudin

Le 20 septembre 1778

« A la hauteur de Lisbonne, le vaisseau français le Triton commandé par le comte de Ligondès, est chassé par le vaisseau anglais HMS Jupiter et la frégate HMS Médée. Cerné par les deux bâtiments anglais, le capitaine de Ligondès met ses adversaires sur le même bord avant d’engager le combat. HMS Médée abandonne en premier, suivi du HMS Jupiter qui profite d’un grain violent pour échapper à la poursuite du Triton. Ce dernier, dont le gréement est endommagé, relâche à la Corogne.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Junon contre le Fox par Auguste Louis de Rossel

En automne 1778

George Washington est installé aux Plaines blanches, à l’est de l’Hudson, pendant que Henry Clinton est à New York.

En novembre 1778

Loyalistes et Indiens perpètrent le massacre de Cherry Valley.

En décembre 1778

Les Anglais prennent Savannah, puis conquièrent la Georgie.

En 1779

Trahison et fuite d’Arnold.

En février 1779

À la demande de Washington, La Fayette rentre en France. Il décide Louis XVI à envoyer un corps expéditionnaire en Amérique sous la direction de Rochambeau, en mars 1780.

Le Combat de Lisbonne par Auguste Louis de Rossel

Le 15 février 1779

Marie-Antoinette a une entrevue avec le général La Fayette dans son hôtel de Noailles.

Le 15 juillet 1779

Prise de Stony Point par les insurgés d’Antoine Wayre.

Le 17 août 1779

Auguste-Louis de Rossel conte les actions de la Junon et de la Gentille devant Plymouth, qu’il représentera aussi :

« Pendant que l’armée combinée de France et d’Espagne surveille l’entrée de la Manche, la frégate française la Junon navigue jusqu’à Plymouth. Elle rencontre la vaisseau anglais HMS Ardent le 17 août 1779 et engage le combat. Le capitaine Bernard de Marigny, commandant la Junon, observant que les sabords du vaisseau anglais ne sont ouverts que d’un seul côté, attaque l’autre bord en supposant qu’il n’est pas armé. La Junon est ensuite ralliée par la Gentille, et le HMS Ardent ne résiste pas longtemps.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Junon et la Gentille contre l’Ardent (1791)

De la Minerve à la Dominique, l’engagement de l’escadre de La Motte-Picquet en vue de Fort-Royal de la Martinique.

En septembre 1779

Bombardement de Savannah par la flotte du comte d’Estaing (1729-1794), celui-là même qui sera cité comme témoin au procès de Marie-Antoinette en octobre 1793.

Le 6 octobre 1779

« Le 4 octobre 1779, la frégate française de 32 canons la Surveillante, commandée par M. du Couëdic de Kergoualer, et le côtre de 10 canons l’Expédition appareillent de Brest pour observer les mouvements de la flotte anglaise.
Le 6 octobre , au large d’Ouessant, ils aperçoivent la frégate anglaise de 36 canons HMS Québec, commandée par Georges Farmer, ainsi que le cutter de 10 canons HMS Rambler.
Un combat s’engage entre les quatre bâtiments. Totalement démâtées, les deux frégates s’abordent. Le HMS Québec prend feu, mais la Surveillante arrive à se dégager avant que la frégate anglaise explose. L’Expédition et le HMS Rambler cessent le combat pour secourir les hommes à la mer. La Surveillante prise en remorque, rentre à Brest le 8 octobre au matin. Le tableau représente la fin du combat : la frégate anglaise, à gauche de la composition, est en train d’exploser, tandis qu’à droite la frégate française, démâtée, tente de s’éloigner. Au premier plan une chaloupe recueille les naufragés.
»

Auguste-Louis de Rossel

Le 18 décembre 1779

« Le 18 décembre 1779, le comte de la Motte-Piquet appareille de Port-Royal à la Martinique, à la tête de trois vaisseaux. Il va couvrir l’entrée d’un convoi français poursuivi par une escadre anglaise dans le canal de Sainte-Lucie. Après un rude combat, La Motte-Piquet remporte une magnifique victoire sur les treize vaisseaux anglais de l’Amiral Hyde Parker.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de La Surveillante contre le Québec (1789), 6 octobre 1779, par Rossel
Le Combat dans la rade de Fort Royal de la Martinique (1788) de Rossel

Le 24 décembre 1779

Naissance de Georges Washington de La Fayette,  Georges-Louis-Gilbert Dumotier de La Fayette à l’état civil (1779-1749). Son parrain est George Washington.

En avril 1780

La Fayette arrive à Boston sur la frégate L’Hermione.

L'Hermione reprend vie en 2015

Le 7 août 1780

Gilbert prend le commandement d’une unité d’élite de l’infanterie légère, les « riflemen ».

Le 12 mai 1780

Prise de Charleston. Henry Clinton peut contrôler la Caroline du Sud et la Georgie. Les partisans de Marion, Sumter et Pickers mènent la guérilla contre l’occupant.

Le 29 février 1780

Monsieur de la Fayette vient prendre congé du Roi avant de partir pour l’Amérique,  où il allait mettre son épée au service des insurgés.

Le 1er mars 1780

Le duc de Lauzun est nommé Brigadier de Dragons,  sous les ordres de Rochambeau (1725-1807). Il rencontre alors Axel de Fersen ( 1755-1810) dont il va devenir une référence militaire.

Le comte de Rochambeau
Réplique de l'Hermione à son arrivée à son port d’attache historique de Rochefort en 2019

Le 23 mars 1780  

Axel de Fersen part enfin pour les Amériques , où il participe à la guerre d’Indépendance américaine sous les ordres du comte de Rochambeau.

En 1780

En militaire avisé et fin diplomate, La Fayette obtient de Louis XVI l’envoi d’un corps expéditionnaire aux États-Unis.

Les courbes de baux à bord de l’Hermione, prévues pour renforcer la liaison entre les barrots horizontaux du pont et les membrures verticales.
Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick
Réplique de l'Hermione

En avril 1780

« Le 13 avril 1780, le comte de Guichen prend le commandement des forces navales françaises aux Antilles. Il appareille avec vingt-deux vaisseaux et six frégates pour couvrir un convoi qui se rend à Saint-Domingue.
Le 16 avril au matin, alors que l’escadre de Guichen atteint le canal de La Dominique, vingt-et-un vaisseaux anglais sont signalés au sud-est. Le 17 avril , un combat de ligne est engagé entre la flotte française et la flotte anglaise commandée par l’Amiral Rodney.
Profitant d’une manœuvre des Français pour rectifier leur ligne, les Anglais reprennent leur route.
Le combat prend fin sans que l’on puisse déterminer laquelle des deux forces navales est victorieuse.
»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Dominique du 17 avril 1780 (1789), par le chevalier de Rossel

Le 16 mai 1780  

Fersen, à bord du Jason depuis plusieurs semaines, part avec la flotte française pour l’Amérique.

En juillet 1780

Rochambeau débarque dans le Rhode Island avec six mille Français, parmi lesquels on compte le Suédois Axel de Fersen qui est nommé interprète du général, maîtrisant aussi bien le français que l’anglais. Fersen se fait apprécier de Rochambeau qui l’appelle son « premier aide de camp», se lie avec le duc de Lauzun qui lui promet le brevet de colonel commandant sa légion, et le marquis de Ségur, qui lui promet également de le nommer colonel en second. Fersen se conduit brillamment au siège de Yorktown en Virginie.

L'Hermione

Le 16 août 1780

Rawdon et Cornwallis battent Gates à Camden.

Le 7 octobre 1780

Victoire des patriotes sur les Anglais au Mont du Roi.

Fin 1780

La Hollande déclare la guerre à l’Angleterre.

En décembre 1780

Morgan bat les Anglais de Tarleton à Cowpers.

Nathanael Greene (1742-1786) est chargé par Washington de commander dans le Sud.

En 1781

Nathanael Greene est vainqueur de Cornwallis à Guilford Court House.

Nathanael Greene

Les Anglais se replient sur Charleston et les Carolines sont reprises.

Image de Barry Lyndon (1975) de Stanley Kubrick

Le 16 avril 1781

« Faisant route vers les Indes, l’escadre française commandée par Suffren décide de ravitailler aux îles du Cap Vert.  Le 16 avril 1781, cherchant à gagner le mouillage de la Praya, l’Artésien est envoyé en reconnaissance. Il signale une escadre anglaise au mouillage. Suffren engage le combat avec deux de ses vaisseaux, le Héros et l’Annibal. Ce dernier démâté est pris en remorque par le Sphinx ; Suffren rompt le combat en reprenant sa route vers le Cap de Bonne Espérance.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de la Praya par le chevalier de Rossel (1786)

En été 1781

Le marquis de Grasse Tilly (1722-1788) est vainqueur de Hood dans la Chesepeake : toute fuite est désormais interdite à Charles Cornwallis (1738-1805). Les troupes françaises de Rochambeau  attaquent sur la gauche, tandis que La Fayette et Washington sont à droite. Les options de Cornwallis s’épuisent, il tente d’envoyer des nègres atteints de la variole pour contaminer les troupes ennemies.

La réplique de l'Hermione construite à Rochefort en 2014
Le comte de Rochambeau par Augustin de Saint-Aubin

Le 21 juillet 1781

L’Hermione (1779) est construite d’après les plans de l’ingénieur Henri Chevillard. Il s’agit d’une frégate dite de 12, car sa batterie principale était armée de 26 canons de 12, à quoi s’ajoutent 6 canons de 6 sur le pont supérieur. En tout 32 canons. La longueur de sa coque est de 44,2 mètres (comme sa réplique de 2014). Son équipage compte environ 300 hommes. Réarmée au début des guerres de la Révolution, l’Hermione s’échoua sur des rochers au large du Croisic et sombra le 20 septembre 1793.

La réplique de l'Hermione construite à Rochefort en 2014
Le combat de Louisbourg (1788), du 21 juillet 1781, par Rossel

Le 5 septembre 1781

Combat de Chesepeake.

Le Combat naval devant la baie Chesapeake par Théodore Gudin   RMN-Grand Palais (Château de Versailles)/ Daniel Arnaudet/ Gérard Blot

Le 17 octobre 1781

Lorsqu’il retourne en Amérique à bord de l’Hermione, La Fayette, commandant d’une division légère de cavalerie, participe aux côtés des armées de Rochambeau (corps expéditionnaire Français), de Washington, et de la flotte française sous les ordres de De Grasse, à la capitulation des anglais à Yorktown.

Michel Le Royer est La Fayette dans le film de Jean Dréville (1961)

Le 19 octobre 1781

Cornwallis signe finalement la reddition :

Reddition de Cornwallis face à Washington

A partir du 28 septembre 1781

Washington et Rochambeau, soutenus par l’escadre de de Grasse, viennent aider La Fayette à assiéger Cornwallis dans Yorktown.

Le 19 octobre 1781

La ville capitule.

La bataille de Yorktown
La bataille de Yorktown: on y voit le général Rochambeau avec George Washington d’un côté et son aide de camp de l’autre. qui n’était autre qu’Axel de Fersen.

Revenu en France fin 1781, La Fayette est considéré comme un héros, mais ses opinions politiques l’éloignent de toutes responsabilités nationales.

Lambert Wilson incarne La Fayette dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Image d'une pièce sur Adrienne de La Fayette ( at the Florence Gould Theater in NYC)

Le 5 décembre 1781

La Fayette est nommé maréchal de camp dans l’armée française, à dater de la capitulation de Yorktown.

Les époux La Fayette

En 1782

Négociations secrètes entre Benjamin Franklin et lord Shelburne (1737-1805), sous-secrétaire d’Etat aux colonies.

« En janvier 1782, le comte de Grasse décide de s’emparer de Saint-Christophe avant de tenter une grande attaque sur la Jamaïque.
Le 11 janvier, il fait débarquer 6000 hommes dans l’île. L’escadre anglaise commandée par Hood arrive de la Barbade et réussit à attirer l’escadre française au large : virant de bord, elle vient ensuite occuper le mouillage que les français viennent de quitter.
Malgré tout, les troupes débarquées maintiennent leur position et assurent la possession de l’île à la France.
»

En février 1782

Le ministère de lord North est remplacé par celui de lord Ruckingham.

Le 12 avril 1782

Le marquis de Grasse est vaincu à la batailles des Saintes.

William Petty FitzMaurice , comte de Shelburne

Le 8 juin 1782

Bal donné pour Monsieur le comte et Madame la comtesse du Nord qui sont en séjour à Versailles.

Vers six heures un quart

Marie-Antoinette arrive, Elle est habillée dans le costume de Gabrielle d’Estrées ; un chapeau noir avec des plumes blanches, une masse de plumes de héron, rattachées par quatre diamants et une ganse de diamants, ayant pour bouton le diamant « Pitt », valant deux millions de livres ; un devant de corps tout en diamants, une ceinture de diamants sur une robe de gaze d’argent, blanche, semé de paillettes, avec des bouillons en or rattachés par des diamants.

Puis, on commence une seconde contredanse. Marie-Antoinette en dansera quatre, dont deux avec le marquis de La Fayette et des américains à qui Louis XVI parle très souvent, et que Marie-Antoinette traite avec une bonté et une préférence marquées.

Bal au XVIIIe siècle

Le 6 juillet 1782

« Pendant la guerre d’Indépendance américaine, une escadre française est envoyée dans l’Océan Indien pour récupérer les comptoirs perdus au cours de la guerre de Sept Ans. L’un des objectifs du Bailly de Suffren, chef de l’escadre, est de prendre Négapatam : la plus importante colonie hollandaise sur la côte de Coromandel.
Profitant d’un séjour de l’escadre à Gondelour, Suffren s’allie au sultan Hyder Alî – l’un des principaux opposants à l’installation du pouvoir britannique en Inde – afin d’augmenter son effectif.
Le 5 juillet 1782, l’escadre arrive en face de la rade de Négapatam où est mouillée l’escadre anglaise sous le commandement de l’amiral Hugues. Le 6 juillet au matin, les anglais sortent de la rade et engagent le combat.
Le Bailly de Suffren échoue, en partie à cause de l’indiscipline de ses troupes

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat de Negapatam (1791) par le chevalier de Rossel

En août 1782

Daniel Boone (1734-1820) est vainqueur des Natifs à la bataille des lue Licks.

Le 30 novembre 1782

Traité préliminaire anglo-américain.

Le 17 février 1783

« Le 17 février 1783, les frégates la Nymphe de 36 canons et l’Amphitrite de 32 canons, sorties de la Guadeloupe pour croiser au large des îles, aperçoivent le vaisseau anglais HMS Argo de 50 canons, qu’elles prennent en chasse. Après plusieurs heures de combat, le HMS Argo doit amener son pavillon. Les frégates françaises conduisent leur prise vers la Martinique.»

Auguste-Louis de Rossel

Le Combat du Scipion contre le London (1788) par Rossel
Le Combat de la Nymphe et l’Amphitrite contre l’Argo (1790) par Rossel

Le 19 avril 1783

Washington proclame la guerre terminée et licencie l’armée.

La Fayette et Washington (statue en bronze de Bartholdi réalisée en 1892, érigée place des États-Unis à Paris en 1895)

Le 20 juin 1783

« Il s’agit du cinquième et dernier combat de Suffren aux Indes, livré le 20 juin 1783. Après une courte et violente bataille, Suffren met en fuite l’escadre anglaise de l’Amiral Hughes et délivre Gondelour. Quelques jours plus tard, les préliminaires de paix ayant été signés, Suffren quitte l’Océan Indien à destination de la France.»

Auguste-Louis de Rossel

Le bailli Pierre-André de Suffren (1722-1788) en grand uniforme d’officier général de la Marine par Pompeo Batoni
Le Combat de Gondelour (1791) par le chevalier de Rossel

Le 30 novembre 1782

L’indépendance des États-Unis est reconnue par l’Angleterre.

En 1783

De retour en France, il apprend la reconnaissance de l’indépendance américaine par les anglais.

Image de Louis XVI, L'Homme qui ne voulait pas être Roi (2011) de Thierry Binisti
La Fayette par Francesco Giuseppe Casanova

Le 2 août 1783

Gilbert écrit à Georgiana, duchesse de Devonshire:

« Auvergne le 2 août 1783.
Madame la duchesse
Depuis longtemps paré du titre de votre chevalier, j’ai saisi la circonstance actuelle pour bien renouveler mon hommage. En servant la liberté, j’aimais à penser qu’elle vous est chère, et la plus belle cause peut croire être embellie par votre intérêt . Celui qui m’attache à vous, Madame la duchesse, vous répond de la part que je prends à tout ce qui vous regarde, en vous en offrant l’assurance . Permettez-moi d’ajouter que votre gravure est mon plus précieux trésor, et que rien n’égale mon empressement à vous aller rappeler une ancienne promesse.  Plein de reconnaissance pour les bontés que Mme de Coigny m’a témoignées de votre part, je me sens encouragé à vous en demander la continuation, et j’ose croire inutile d’assurer Votre Grâce de l’attachement, du dévouement et  du respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Madame la duchesse,
votre très humble
 et obéissant serviteur
 La Fayette

Permettez-vous, Madame la duchesse, que milady Spencer et Madame votre sœur trouvent ici l’hommage de mon respect, et que je présente tous mes compliments à Monsieur le duc de Devonshire.»

Le 3 septembre 1783

Traité de paix définitif de Versailles. L’Indépendance des Etats-Unis est reconnue.

Au cours de l’été 1784

Arrivée à Paris de Thomas Jefferson (1743-1726), comme ambassadeur et le restera jusqu’en novembre 1789.

Thomas Jefferson a toujours défendu l’idée d’une république : dans la Déclaration d’Indépendance de 1776, il affirme que le pouvoir royal est tyrannique. En fréquentant la Cour de Versailles, il critique la monarchie absolue de Louis XVI.

Charlotte de Turckheim et Michael Lonsdale sont Marie-Antoinette et Louis XVI dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory

Il soutient les valeurs de liberté et d’égalité dans ses œuvres et dans sa correspondance. Jefferson veut limiter les pouvoirs du président : en 1787, il souhaite restreindre son mandat à sept ans non renouvelables.

Nick Nolte est Thomas Jefferson dans le film d’Ivory. Gwyneth Paltrow est sa fille, Patsy

Il est opposé à tout faste cérémonial qui rappellerait la monarchie : lorsqu’il sera président, il refusera toujours de prononcer en personne le message annuel au Congrès, parce que cela lui rappellerait le discours du trône du Roi d’Angleterre.

Nick Nolte (Thomas Jefferson) et Lambert Wilson ( Gilbert de La Fayette ) dans Jefferson à Paris (1995) de James Ivory
Thomas Jefferson

En 1801, Jefferson sera élu troisième président des Etats-Unis d’Amérique.

Rencontre entre La Fayette et Washington à Mount Vernon en 1784

En 1784

Il accepte l’invitation de Washington à lui rendre visite. Ce sera un voyage triomphal dont les échos renforceront sa popularité en France.

« Quel est donc cet homme qu’une révolution n’a pu grandir, que le malheur n’empêche point d’être mépri­sable ?
Parcourons rapidement les traits de ce héros sans masque et sans échasses, et faisons-le descendre à sa vraie dimension. En vain j’étendrais le tableau, l’homme se raccourcirait toujours ; mais qu’on me pardonne quelques détails. Il ne faut souvent qu’un trait pour peindre les grands hommes, il en faut une infinité pour peindre les petits.
Quand La Fayette paraissant faire un usage héroïque de son nom, de sa fortune et de sa jeunesse, partit pour l’Amérique, il emporta avec lui cette espèce d’intérêt vulgaire qu’on accorde aux nouveautés.
De retour en France, La Fayette trouva une réputation toute faite et il en prit l’investiture. Il eut pour lui les femmes, qui cherchent si souvent la gloire dans le bruit, la profondeur dans le silence, la bravoure dans le maintien, et la raison de tout dans la mode.
Il cachait depuis quatre ans sa sourde ambition sous l’hypocrite éclat de quelques galanteries, lorsque les embarras du gouvernement lui donnèrent les plus grandes espérances. On assembla les notables ; mais, ô douleur ! La Fayette fut oublié. Aussitôt le ministre est entouré des manœuvres de l’intrigue et des supplications de la beauté. Plus occupé des personnes que des choses, M. de Calonne ne résista pas, et répara malheureusement la faute qu’il n’avait pas faite. On sait comment M. de La Fayette se fit aussitôt une vertu de l’ingratitude et s’arma contre le crédule ministre de toute la force des circonstances.
L’archevêque de Sens ayant rapidement conduit la France au bord des états-généraux, La Fayette brigua l’honneur de représenter un coin du royaume, et offrit de le sauver tout entier. Une foule de jeunes gens que son exemple avait attirés en Amérique, et qui en avaient apporté comme lui l’inoculation de la démocratie, entrèrent aussi aux états-généraux, ayant tous des idées neuves, tous certains de régénérer la nation, en guettant comme lui l’occasion de semer la république en France. 
Les états-généraux s’assemblent ; le roi peint en peu de mots la détresse des finances ; M. Necker parle longuement de la vertu et l’Assemblée perd en un jour l’espoir d’être corrompue et la crainte d’être réprimée…
Si La Fayette eût reçu de la nature un cœur droit ou du moins un esprit un peu vaste, il aurait songé d’abord à ralentir et à diriger la violente marche de l’insurrection ; mais, au contraire, il l’excite, il la justifie, que dis-je ? il la sanctifie en prononçant avec emphase cette maxime qui sera sa sentence : « L’insurrection est le plus saint des devoirs. »
Tel est en effet le caractère de La Fayette : dans ses principes le côté faux lui paraît toujours le côté neuf ; dans ses actions, il croit saisir le coin de grandeur, quand il a saisi le côté atroce. Ce qui le prouve, c’est l’horrible sang-froid avec lequel il contemple le long martyre de Foulon, et sa dernière parole en voyant l’infortuné Berthier sous la garde de huit soldats au travers de vingt mille assassins : « Ne faites pas, disait-il, de violence au peuple. »
Partout il justifie la force quand il pourrait fortifier la justice.
De jour en jour, il adule plus bassement le peuple. Il dit et écrit aux portefaix de Paris : « Exécuter vos ordres, mourir s’il le faut pour obéir à vos volontés, tel est le devoir sacré de celui que vous avez daigné nommer votre commandant général. »
… À la suite des mesures de contrainte prises envers le roi après la fuite à Varennes, l’Europe s’indigne et l’Assemblée s’effraie ; elle sent la nécessité de sauver le monarque, et le danger de pousser le peuple. Il est temps de donner une base et un terme à ses travaux ; elle arrête elle-même sa marche triomphale ; on décrète que le chef-d’œuvre de la Constitution sera présenté au roi, qu’il le signera sous peine du trône et de la vie.
La Fayette est assuré d’avoir dégoûté Louis XVI d’un nouveau départ ; et, voulant rester le maître du roi et de la Constitution, embrasse aussitôt le parti dominant dans l’Assemblée Nationale. Mais ce nouvel esprit de nos législateurs ne se communique pas, même à la dixième partie des fauteurs de la révolution ; la grande majorité murmure, elle se plaint qu’on l’ait poussée depuis plus de deux ans à la démocratie par tant de harangues, d’arguments et de crimes, pour tomber enfin dans une espèce de monarchie. L’anniversaire de la Fédération arrive, et cette époque ajoute aux moyens des mécontents et aux perplexités de l’Assemblée nationale ; car déjà le peuple est au Champ de Mars, il y est tout entier, il étend déjà la main sur l’autel de la Patrie ; il prête et reçoit des serments. À quels signes faudra-t-il donc reconnaître la souveraineté ? Lorsque au mois de juillet 1789 son insurrection contre le roi fut légitimée, avait-elle un si grand caractère ? L’Assemblée délibère, entre la souveraineté de ce peuple et la Constitution ; elle ose se décider pour son ouvrage contre ses souverains (car il faut ici parler son langage) ; la loi martiale est décrétée et La Fayette est chargé de ce périlleux ministère. Il hésite, il avance, il recule entre deux abîmes ; le premier coup de fusil parti sans son ordre a semé au Champ de Mars les dents du dragon. Ici commence un nouvel ordre de choses.
Le Corps législatif a perdu l’idolâtrie des peuples ; effrayé d’avoir enfanté ce qu’il n’a pas conçu, il précipite sa fin et brise, avant de se dissoudre, le sceptre de général dans les mains de La Fayette.
Ce que l’Assemblée n’a pas conçu et qu’elle a pourtant enfanté, c’est la secte dominante des Jacobins. Déjà les tribunes fourmillent et règnent partout sur les assemblées, comme les clubs sur les municipalités et le directoire, comme les bonnets sur les chapeaux. Déjà les piques se dressent fièrement entre les armes de ligne et les fusils de la milice bourgeoise. La nation subit la dernière métamorphose, et l’esprit de la révolution l’emporte d’un bout de la France à l’autre sur la lettre de la Constitution… (La Fayette) s’est caché dans ses terres, non pour jouir en paix du spectacle de cette liberté et de cette égalité qui lui ont coûté tant de crimes, mais pour échapper aux jacobins de Paris, pour briguer les voix des provinces, et se tendre encore redoutable ; aussi, dès qu’on songe à la guerre, obtient-il une armée. Il va camper aux frontières du Nord, où ce général n’expose que sa réputation et ses amis.
Enfin les jacobins, soit satiété, soit ennui des malheurs de la monarchie, se font les instruments de la Providence. Ils demandent à grands cris la tête de tous les députés constitutionnels et mettent un prix à celle de La Fayette. La nouvelle Assemblée décrète leur sentence.
Ce général, qui n’avait pas quitté son armée quand elle immolait Foulon, Berthier et les gardes du corps, quand elle menaçait les jours de Leurs Majestés, la quitte quand il est menacé lui-même ; il fuit. Il disparaît de la scène de la révolution, comme un héros de théâtre qui tombe et finit avant la pièce, se faisant un bouclier de ce nom d’émigré, dont il a fait un crime capital à tant de malheureux français.»

Antoine de Rivarol extrait de«La vie publique, de la fuite et de la captivité de M. de La Fayette».

Elsa Zylberstein est Adrienne de La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory
Adrienne de La Fayette

En 1785

La Fayette, de retour de la guerre d’Indépendance américaine, milite en faveur de « l’émancipation » des protestants français. Il entre en contact avec le nouveau député général des Églises du Désert, le pasteur Rabaut Saint-Étienne, qui, par son intermédiaire, rencontre le ministre d’État Malesherbes, favorable de longue date à l’idée d’un mariage civil pour les protestants.

La comtesse de Simiane, dame pour accompagner de la comtesse de Provence. Elle fut la maîtresse de La Fayette.

Le 8 août 1788

Louis XVI convoque les États-Généraux pour le 1er mai 1789.

Le 11 février 1789

Au n°177 passage de Valois s’ouvre un nouveau club. L’abbé Sieyès (1748-1836) a rassemblé dix amis qui, de leur côté, en ont choisi dix autres, ce qui élève à cent le nombre des membres de cette société. On en prévoit le double pour la prochaine réunion. Il réunit, pour débattre des questions du jour, des représentants de la noblesse libérale et de la grande bourgeoisie parmi lesquels on remarque La Fayette, Talleyrand, les frères de Lameth, Chamfort et Condorcet.

Le 17 avril 1789

La Fayette se fait élire -de justesse tant ses propos effraient ses pairs- député de la noblesse d’Auvergne aux Etats généraux. Mais il est furieux d’être soumis au mandat impératif , attaché à son ordre , de maintenir le principe du vote par ordre.

Il a dû crier bien fort car voilà qu’on l’accuse de prêcher la révolte.

« Il faut être bien abominable, s’écrie-t-il, pour dire qu’à la veille des Etats généraux, celui qui le premier les a demandés a l’infâme projet de bouleverser le royaume et d’y mettre le feu.»

Attaqué de toutes parts, La Fayette n’obtient guère de réconfort auprès de ses amis américains : Jefferson lui écrit qu’il commence à être «très inquiet» pour lui. Quant à Gouveneur Morris (1752-1816) , qui se dit «opposé à la démocratie par amour de la liberté», il estime que les projets de La Fayette sont «incompatibles avec les éléments qui composent la nation française»…

Le marquis serait-il plus démocrate que ses amis républicains?

« La Fayette est en ce moment aussi envié, aussi haï qu’il n’a jamais pu le désirer.»

Morris à Washington 

Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux à Versailles.

Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.

Lambert Wilson est La Fayette dans Jefferson à Paris de James Ivory (1995)
Ouverture des Etats Généraux

Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…

Jean-François Balmer est Louis XVI dans Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Sam Neill y est La Fayette

Gilbert de La Fayette est le député de la noblesse de Riom.

Sam Neil est La Fayette dans Les Années Lumière de Robert Enrico

Le 20 juin 1789

Serment du Jeu de paume

Tableau de Jacques-Louis David

Le 23 juin 1789

Mirabeau fait une réponse au marquis de Dreux-Brézé, grand maître des cérémonies, venu apporter l’ordre de dissolution de l’Assemblée constituante signé par Louis XVI :

« Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes».

Peter Ustinov est Mirabeau dans Les Années Lumière de Robert Enrico

Le 27 juin 1789

A Versailles, la nouvelle de l’acceptation par le Roi de la réunion des Trois Ordres en Assemblée nationale amène le peuple fou de joie, à envahir les cours du château où, sur la terrasse de Midi la Reine présente le nouveau Dauphin, Louis-Charles.

Le 11 juillet 1789

Renvoi de Necker

Le 13 juillet 1789

La Fayette est élu vice-président de l’Assemblée.

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

La prise de la Bastille dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Réveillé dans la nuit par le duc de la Rochefoucault  qui l’informe de la situation, le Roi interroge :

«C’est une révolte?
_Non, sire! C’est une révolution !»

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