
Armand Louis de Gontaut, duc de Lauzun puis de Biron par Antoine Vestier
Armand-Louis de Gontaut Biron, comte de Biron à sa naissance, marquis de Gontaut (1758), puis duc de Lauzun (1766), puis duc de Biron et Pair de France (1788), marquis de Châtel et de Caraman, baron de Lesquelen.
En 1692, Louis XIV avait créé le duché de Lauzun pour Antoine Nompar de Caumont (1632-1723), qui avait commencé sa carrière à la Cour sous la dénomination de marquis de Puyguilhem et qui se faisait
appeler depuis la mort de son père comte de Lauzun.
Le 13 avril 1747
Naissance de Armand-Louis de Gontaut Biron, comte de Biron, fils unique d’Antoinette-Eustachie Crozat du Châtel (1728-1747) et de Charles-Antoine-Armand marquis, puis duc de Gontaut (1708-1798) qu’elle a épousé en 1744.
Le 16 avril 1747
Sa mère, Antoinette Crozat du Châtel meurt à seulement vingt ans, d’une fièvre puerpérale, privant l’enfant d’amour maternel et suscitant en lui une quête effrénée de l’amour féminin… Armand-Louis de Gontaut-Biron est marqué par une enfance difficile , si courante chez ces rejetons de la haute aristocratie. Il n’aura jamais de liens véritables avec son père, septième duc de Biron, honnête homme et soldat méritant qui a décidé de quitter le service à la suite d’une blessure reçue en 1743 à la bataille de Dettingen, pendant la Guerre de Succession d’Autriche.
Il s’était lié avec Marie-Anne (1717-1744), marquise de La Tournelle puis duchesse de Châteauroux. qui fut la favorite de Louis XV en 1742. Il a été son fidèle garde-malade jusqu’à sa mort en 1744.

Marie-Anne de Châteauroux par Nattier
Charles-Antoine de Gontaut obtient les faveurs de celle qui succède à la duchesse de Châteauroux dans le lit du Roi, la célèbre marquise de Pompadour, dans le boudoir de laquelle il est élevé, car son père en est un familier. L’enfant , tel un chérubin, fait la lecture à la favorite et l’amuse par son espièglerie, son charme, ses gentillesses.

Gontaut est donc amené à suivre la cour tant à Versailles que dans ses déplacements à Fontainebleau, Compiègne, Choisy ou La Muette.
Pour demeurer libre de ses mouvements, il confie ce fils dont il ne sait que faire , aux soins de sa belle-sœur, Louise Crozat du Châtel (1737-1801), qui tente de compenser son manque d’affection maternelle, étant elle-même sans enfant.
« L’embarras de me trouver un bon gouverneur engagea mon père à confier ce soin à un laquais de feu ma mère, qui savait lire et passablement écrire, et que l’on décora du titre de valet de chambre pour lui donner de la considération …»
Armand-Louis de Lauzun, dans ses mémoires

Louise Crozat du Châtel par François Boucher
En 1750, elle avait épousé Étienne-François de Choiseul (1719-1785), comte de Choiseul puis duc de Choiseul-Stainville, le futur tout-puissant ministre de Louis XV, dès 1758, grâce à la protection de Madame de Pompadour.
Étienne-François de Choiseul
Armand Louis, qui réside donc le plus souvent à Versailles, chez sa tante qui le promène dans tous les salons, a une jeunesse orageuse. Il brille dans la société du premier ministre et ne tarde pas à s’y faire une réputation de séducteur.
Son père l’introduit dans le cercle du Roi où il commence sa carrière de séducteur mondain.
Blond, avec un visage ravissant, il a un maintien et une allure supérieurs de grand seigneur qui étonnent à son âge et charment Louis XV. Il connaît alors le sort de nombre d’enfants de l’aristocratie que l’on exhibe à la cour tels de petits singes savants, pour distraire leurs aînés par leur ingénuité.
Le 2 février 1757
Versailles, Louis-Antoine de Gonteau, son père, est fait chevalier des ordres du Roi (quarante-neuvième promotion).
Le 14 octobre 1757
Son père est gouverneur du Vivarais, du Velay et des Cévennes.
En 1758
Louis-Antoine est créé duc de Gontaut, c’est le premier du nom.
En 1759
« L’on me fit entrer à douze ans dans le régiment des gardes françaises, dont le roi me promit la survivance, et je sus, à cet âge, que j’étais destiné à une fortune immense et à la plus belle place du royaume, sans être obligé de me donner la peine d’être un bon sujet.»
Louis-Armand de Lauzun
En janvier 1761
Quelques mois avant son quatorzième anniversaire, Armand-Louis intègre le régiment des Gardes françaises, alors commandé par son oncle le duc de Biron, avec le grade d’enseigne à drapeau.
Lui-même est déjà persuadé de son succès militaire et confesse avec cynisme :
« Je sus à cet âge que j’étais destiné à une fortune immense et à la plus belle place du royaume, sans être obligé de me donner la peine d’être un bon sujet!»
En 1761
Armand-Louis est nommé sous-lieutenant.
En 1762
La carrière de séducteur d’Armand-Louis commence à quinze avec une soubrette de Madame de Pompadour lors d’un séjour dans son château de Ménars, au bord de la Loire.

Le château de Ménars
En février 1764
Il est nommé lieutenant.
En 1765
Il a dix-huit ans lorsqu’il fait la conquête de la jeune belle-sœur de sa tante Choiseul, Thérèse de Clermont d’Amboise (1746-1789) qui vient d’épouser Jacques-Philippe de Choiseul, comte de Stainville, le 3 avril 1761.

Thérèse de Clermont d’Amboise
Louis-Armand décide sans ambages de la séduire:
« Je vis pour la première fois Madame de Stainville le jour de ses noces (1761) et elle me fit une impression qui depuis ne s’est effacée. J’en devins tout de suite passionnément amoureux et on en fit des plaisanteries qui le lui apprirent.»
En 1766
Armand Louis de Gontaut-Biron est créé duc de Lauzun par brevet d’honneur du Roi Louis XV à l’occasion de son mariage.
En février 1766
Il est nommé aide-major surnuméraire.
Le 4 février 1766
À dix-neuf ans, il épouse Amélie de Boufflers, fille de Charles Joseph duc de Boufflers. Le couple vit presque toujours séparé et n’aura jamais d’enfant.

Marie-Amélie de Boufflers
« Madame de Lauzun est un chef-d’œuvre d’éducation, la femme la plus parfaite que j’ai connue.»
Baron de Besenval
« La grande considération dont jouit Madame de Lauzun n’est pas due à sa seule vertu. C’est à une pureté intérieure, c’est au caractère de ses pensées qui se peint dans tous ses mouvements et dont sa physionomie est l’ouvrage, qu’elle doit l’estime et les égards dont elle est entourée. Madame de Lauzun rougit dès qu’on la regarde et rougit encore de s’être aperçue qu’on la regardait… »
Germaine de Staël
A peine mariée, Amélie est déjà une femme bafouée, Armand-Louis se perd dans les conquêtes : avec l’actrice Eugénie de Beaubours de la Comédie de Versailles, avec Anne Thoynard de Jouy, comtesse d’Esparbès et nièce de Madame de Pompadour, avec la princesse de Tingry… il alterne sans autre raison que son plaisir les liaisons entre les théâtreuses et les dames de la Cour.
En 1767
Il reçoit son brevet de colonel.
Il fréquente Jeanne de Vaubernier qui n’est pas encore la comtesse du Barry.
« Elle m’inspira des désirs et ne refusa pas de les satisfaire.»

Portrait de la comtesse Du Barry en Flore (1769) par François-Hubert Drouais
En octobre 1767
Il est nommé capitaine-commandant de la compagnie colonel des Gardes françaises.
C’est dans sa vie de galanterie qu’il fait la connaissance du duc de Chartres, futur duc d’Orléans, né le même jour que lui et du prince de Guéménée. L’un comme l’autre le pousseront dans l’ opposition politique au trône de Louis XVI et l’introduire dans l’intimité de Marie-Antoinette.
En 1769
Il se bat en Corse sans ordres ni autorisation mais avec un grand courage : il reçoit pour cette campagne, par dispense d’âge la croix de Saint Louis.
Le 16 mai 1770

Le Dauphin Louis-Auguste épouse l’Archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche.

Marie-Antoinette par Ducreux

Le mariage vu par Sofia Coppola (2006)
Le 24 décembre 1770
Le duc de Choiseul (1719-1785) , l’un des principaux artisans du mariage franco-autrichien ( il était chef du gouvernement de Louis XV entre 1758 et 1770), est exilé à cause de son orientation libérale dont la pratique politique s’apparente à une cogestion implicite avec les adversaires de la monarchie absolue.

Portrait de Choiseul par Louis-Michel Van Loo
Armand-Louis, par fidélité et solidarité familiale, décide de s’attacher à la disgrâce de son oncle et prend le chemin de Chanteloup.
Château de Chanteloup
Mais l’exil ne lui plaît pas longtemps et il est plus long que le présageait le ministre, alors Lauzun revient à Versailles.
« Le duc de Lauzun, le romanesque amoureux […], le coureur de femmes sur les grands chemins, le Lovelace qui avait celle-ci et puis qui avait celle-là, selon le noble et chaste jargon de la cour, le duc de Lauzun devenu duc de Biron, commandant pour la Convention dans la Vendée : quelle pitié ! Le baron de Besenval, révélateur menteur et cynique des corruptions de la haute société, mouche du coche des puérilités de la vieille monarchie expirante, ce lourd baron compromis dans l’affaire de la Bastille, sauvé par M. Necker et par Mirabeau, uniquement parce qu’il était Suisse : quelle misère ! Qu’avaient à faire de
François-René de Chateaubriand
pareils hommes avec de pareils événements ? Quand la Révolution eut grandi, elle abandonna avec dédain les frivoles apostats du trône : elle avait eu besoin de leurs vices, elle eut besoin de leurs têtes : elle ne méprisait aucun sang.»
En janvier 1771
« Je fus à Versailles, au bal de Madame la Dauphine et j’y fis événement. Tout le monde m’entoura pour me demander des nouvelles de Chanteloup et tout le monde semblait me savoir gré de mon courage. Je ne jouai de ma vie un plus beau rôle. Madame la Dauphine vint à moi avec cette grâce déjà inséparable de ses actions et me dit :
« Comment se porte Monsieur de Choiseul? Quand vous le reverrez, dites-lui que je n’oublierai jamais ce que je lui dois et que je prendrai toujours pour lui l’intérêt le plus sincère. »
Je retournai à Chanteloup après ma garde pour raconter cela à Monsieur de Choiseul et j’y passai tout le reste du temps où je n’étais pas de service.»

La Dauphine Marie-Antoinette
Marie-Antoinette, qui aime les uniformes, n’est pas insensible à cet officier de belle prestance qui porte à ravir sa tenue bleue galonnée d’argent.
En juin 1772
Lauzun accompagne Chartres qui visite Marie-Antoinette. Chartres conduit lui-même sa voiture légère à la mode anglaise et nul valet ne les accompagne.
Au printemps 1773
Armand-Louis se sacrifie à nouveau à l’anglomanie pour aller goûter aux délices de la saison mondaine britannique.
Il tombe sous le charme de la princesse polonaise Izabella Czartoryska (1746-1835), qu’il rencontre chez Lady Harrington.

La princesse Izabella Czartoryska par Alexandre Roslin
Elle sera l’un des grands amours de sa vie.
« Ma figure est comme mon esprit, le plus grand mérite de l’un comme de l’autre tient à l’adresse avec laquelle je sais en doubler la valeur.»
La princesse Izabella Czartoryska
Après un duel et une réconciliation avec Nicolas, Prince Repnine (1734-1801), Lauzun arrache Izabella de son amant russe et part avec elle en voyage dans le nord de l’Europe.
En février 1774
Lauzun reçoit le commandement de la Légion Royale. Il part ensuite pour un long séjour pour l’est de l’Europe, à Varsovie, où il rejoint une grande dame polonaise. Il est très bien accueilli par Catherine II puis par Frédéric II. Pendant ce séjour, il adresse aux cours de Saint-Pétersbourg et de Versailles des mémoires sur les affaires de Pologne, où il a l’idée de donner la couronne au comte d’Artois.
Le 10 mai 1774
Louis XV meurt de la petite vérole à Versailles vers quatre heures de l’après-midi. Il avait soixante-quatre ans.

Le Dauphin Louis-Auguste devient Roi sous le nom de Louis XVI

Louis XVI par Roslin
En mars 1775
Lauzun revient à Versailles. Il se rend fréquemment chez les Guéménée où il retrouve Chartres et le comte d’Artois avec lequel il partage une maîtresse anglaise : l’éblouissante Lady Barrymore.

Il a aussi des vues sur la comtesse de Dillon, dame du Palais de la Reine mais elle choisira finalement le prince de Guéménée.
Le 9 mars 1775
A peine arrivé, le duc de Lauzun gagne une des courses hippiques nouvellement arrivées d’Angleterre et dont raffole la jeune cour, en particulier Marie-Antoinette. Celles-ci se déroulent dans la plaine des Sablons, à l’orée du bois de Boulogne.
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims.

Le 4 octobre 1775
Course hippique de nouveau gagnée par le cheval du duc de Lauzun. Le jockey est un petit anglais récompensé par la Reine :
« C’est hier que le nouveau Newmarcket français a ouvert sa carrière. Il n’y a paru que quatre contendants, mais ils étaient de bonne sorte. C’était M. le comte d’Artois, M. le duc de Chartres, M. le duc de Lauzun et M. le marquis de Conflans. Le jockey du duc de Lauzun a gagné très lestement le prix, ou pour mieux dire la poule qui n’était que de vingt-cinq louis par tête de coureur. Le cheval vainqueur est bas-normand. La course a commencé vers une heure ; elle a été vive et n’a pas duré plus de six minutes, quoique la terrain parcouru soit très considérable, puisque c’était trois fois le tour de la plaine des Sablons. On avait élevé dans le milieu un belvédère pour la Reine qui était belle comme le jour, et le jour était charmant. Elle a pris le plus grand plaisir à ce spectacle, s’est fait présenter le petit anglais qui montait le cheval victorieux, a félicité le duc de Lauzun et consolé les vaincus avec une grâce infinie, en un mot elle n’a manqué à rien de ce qu’il faut faire pour être parfaitement aimable. Toute la cour et toute la ville se sont trouvés à cette course comme de raison. »
(Correspondance secrète, t. II, p. 483.)
Le 6 octobre 1775
Une course de chevaux aux Sablons oppose Lauzun à Artois, Chartres, Guéménée, au marquis de Conflans et de Voyer, pour les plus prestigieux… La foule est énorme. La Reine a tant insisté pour être présente que le Roi a cédé. La course commence à une heure de l’après-midi. Elle ne dure que six minutes mais elle est âprement disputée puisqu’il faut faire trois fois le tour de la plaine des Sablons. Lauzun l’emporte sur ses adversaires.

Course de chevaux sous le Premier Empire par Debucourt
Dès lors le succès des courses est tel qu’il y en aura presque chaque semaine, parfois en fonction des déplacements de la Cour, aux Sablons, à Vincennes, à La Muette, à Fontainebleau ou même à Rambouillet.
Automne 1775
Séjour au château de Fontainebleau. La faveur de Lauzun auprès de la Reine est alors à son zénith. Il se rêve un grand avenir auprès de cette toute jeune souveraine :
« Je m’attachai sincèrement à la Reine, dont les bontés et la confiance me touchaient. Je voulus lui faire gouverner un grand empire, lui faire jouer à vingt ans le rôle le plus brillant qui pût à jamais la rendre célèbre. Je voulus enfin qu’elle devînt l’arbitre de l’Europe ; mais plus je désirais la couvrir de gloire, plus il me semblait que je devais rendre facile la route qui devait la conduire à l’immortalité. J’osai m’adresser à l’impératrice de Russie, et lui demander si elle voulait après elle laisser encore l’empire du monde entre les mains d’une femme. J’en indiquai aisément les moyens. Il fallait qu’un traité avantageux à la France, et dont la Russie n’eût point à rougir, signé de l’impératrice, et revêtu des formalités nécessaires, fût déposé entre les mains de la Reine de France, et qu’avec de telles armes elle eût le courage de plaider devant le Roi et son Conseil une cause sans réplique. Je ne m’étais pas trompé en comptant sur l’impératrice : elle reçut avidement mes propositions, m’honora de pouvoirs sans limites, et ne me donna d’autres instructions que d’allier par la Reine, à quelque prix que ce fût, son empire au sien. La Reine ne m’écouta pas sans étonnement : le développement d’un si vaste plan lui en imposa. Elle me demanda du temps pour y réfléchir, et je vis que tout était perdu. Il n’y avait rien cependant que je n’aimasse mieux risquer que d’avoir le plus petit reproche de négligence ou d’impatience à me faire, et j’attendis.»
Mémoires du duc de Lauzun
«Ma faveur cependant paraissait monter au plus haut degré. La reine ne croyait pouvoir trop faire
Mémoires du duc de Lauzun
pour un homme qui voulait tant faire pour elle. Peut-être même cédait-elle autant à un goût particuier (plus inspiré par la bizarrerie de mon existence que par tout autre motif) qu’à ce qu’elle croyait me
devoir. Elle sortait rarement sans moi, ne me permettait pas de quitter la cour, qui était alors à Fontainebleau, me faisait toujours place près d’elle au jeu, me parlait sans cesse, venait tous les soirs chez madame de Guéménée, et marquait de l’humeur lorsqu’il y avait assez de monde pour gêner l’occupation où elle était presque toujours de moi. Il était impossible qu’une telle conduite ne fût pas remarquée; cependant, comme mes manières n’étaient pas familières, que je n’intriguais pas, que je ne demandais rien ni pour moi ni pour personne, le peuple avide des courtisans, avant de se déclarer
pour ou contre moi, cherchait s’il ne pouvait tirer quelque utilité de mon crédit.»
Marie-Antoinette l’impose même à la princesse de Lamballe, sa surintendante, afin de pouvoir souper et danser chez elle, avec une étiquette moindre que dans ses appartements.
Néanmoins, ses espoirs vont vite s’envoler.
A propos d’un autre projet prévoyant de placer le comte d’Artois sur le trône de Pologne, le duc de Lauzun revient à la charge quant à son plan de réunir la France et la Russie sous la houlette de Marie-Antoinette :
« (…) et je vis avec une douleur inexplicable combien cela était au-dessus de ses forces et de son courage ; elle me montra tant d’effroi et si peu de caractère, que je dus dès lors ne plus compter sur elle.»
Mémoires du duc de Lauzun
Marie-Antoinette ne manque certainement pas de courage mais fait preuve ici tout simplement de réalisme.
Le même automne, Marie-Antoinette lui offre la survivance de la compagnie des gardes-du-corps du duc de Villeroy. Lauzun refuse, arguant qu’il ne souhaite obtenir aucune place à la cour, de crainte que sa faveur décline.
auzun refuse, arguant qu’il ne souhaite aucune place à la cour, de crainte d’une défaveur. Marie-Antoinette se récrie, cela n’arrivera jamais, lui affirme-t-elle !
Alors d’après les mémoires du duc se joue une scène des plus éloquentes :
«Madame la princesse de Bouillon me reprocha chez madame de Guéménée d’être triste et occupé, et me dit, en riant, que j’avais une grande passion dans le coeur; — Si cela est, répondis-je en plaisantant, elle est malheureuse ; car il faut convenir que j’en vois rarement l’objet. — On ne dit pas cela, répliqua madame de Bouillon, et on assure que vous êtes fort bien reçu, — Au moins dites-moi le nom de ma passion; il est juste que je le sache aussi. — Il s’agit d’un trop grand personnage pour oser le nommer ; il y a cependant si peu de monde dans la pièce, que je veux bien vous confier que c’est la reine. — Madame de Guéménée rougit et s’embarrassa. — Il faut donc, lui dis-je le plus froidement possible, qu’elle soit informée de cette belle nouvelle, et je vais sur le champ la lui apprendre sans citer personne, comme de raison (en fixant madame de Bouillon, qui me parut entièrement déconcertée) ; et je sortis de la chambre. Je montai chez la reine que je rencontrai en allant au salut. Je la suppliai de m’accorder une demi- heure d’audience après le salut. Elle me dit de l’attendre, me fit entrer dans son cabinet dès qu’elle fût revenue, et me dit : — Qu’y a-il-de nouveau ? —J’ai cru devoir informer Votre Majesté que l’on osait mal interpréter mon attachement sans bornes à sa personne, et que l’on poussait l’audace jusqu’à blâmer les bontés dont elle m’honore. J’ose la supplier d’en diminuer les marques trop frappantes, et de me permettre de me présenter moins souvent devant elle. —Y pensez-vous ? reprit-elle avec colère; devons-nous céder à d’insolents propos que je n’aurai pas dû craindre ? et serais-je excusable de leur sacrifier l’homme du monde sur qui je compte le plus et de qui l’attachement m’est le plus nécessaire? — Oui, Votre Majesté le doit, et j’ai dû m’y attendre ; quelque affreux qu’il soit pour moi de renoncer à la douceur de lui consacrer mes services et ma vie, je dois m’y résoudre, profiter puisque les circonstances l’exigent, de l’asile que m’offre une grande princesse, et fuir les persécutions que l’on me prépare de toutes parts dans ma patrie. —Vous croyez donc que je ne vous défendrai pas ?
— J’ose supplier Votre Majesté, j’ose même exiger, comme seul prix de mon dévouement absolu, qu’elle ne se compromette pas en me soutenant ; je suffis pour me défendre. —Comment ! vous voulez que j’aie la lâcheté……. Non, M. de Lauzun, notre cause est inséparable, on ne vous perdra pas sans me perdre ! — Oh ! Madame, l’intérêt particulier d’un sujet peut-il être comparé aux grands intérêts de la reine ? — D’un sujet tel que vous, Lauzun ? Ne m’abandonnez pas, je vous en conjure; que deviendrai-je, si vous m’abandonnez ? Ses yeux étaient remplis de larmes. Touché moi-même jusqu’au fond du coeur je me jetai à ses pieds : — Que ma vie ne peut-elle payer tant de bontés ! Une si généreuse sensibilité ! Elle me tendit la main, je la baisai plusieurs fois avec ardeur sans changer de posture. Elle se pencha vers moi avec beaucoup de tendresse ; elle était dans mes bras lorsque je me relevai, je la serrai contre mon coeur qui était fortement ému ; elle rougit, mais je ne vis pas de colère dans ses yeux. — Eh bien! reprit-elle en s’éloignant un peu,
n’obtiendrai-je rien? — Le croyez-vous, répartis-je avec beaucoup de chaleur, suis-je à moi? N’êtes-vous pas tout pour moi? C’est vous seule que je veux servir, vous êtes mon unique souveraine! Oui! (continuai-je plus tristement), vous êtes ma reine, vous êtes la reine de France ! Ses regards semblaient me demander encore un autre titre, je fus tenté de jouir du bonheur qui paraissait s’offrir. Deux raisons me retinrent; je n’ai jamais voulu devoir une femme à un instant dont elle pût se repentir et je n’eusse pu supporter l’idée que madame Czartoryska se crût sacrifiée à l’ambition ; je me remis donc assez promptement : — Je ne prendrai point de parti, dis-je sérieusement, sans les ordres de Votre Majesté; elle disposera de mon sort.— Allez-vous-en, me dit-elle ; cette conversation a duré assez, et n’a peut-être été que trop remarquée. Je fis une profonde révérence, et me retirai.»

On est consterné devant tant de fatuité ! Lauzun représente dans ses mémoires la caricature de ces aristocrates internationaux devant qui le pouvoir, les succès diplomatiques, les batailles et les femmes de toute l’Europe s’inclinent. Le modèle d’un Fersen.
Notons cependant que Lauzun, entretemps devenu duc de Biron, puis général révolutionnaire meurt guillotiné en 1793. Il n’a donc pas lui-même entièrement rédigé ses mémoires qui courent de 1747 à 1783 mais seulement laissé quelques papiers épars. L’ensemble fut remonté et sûrement complété par d’autres mains. La version manuscrite qui en résulte sera lu clandestinement sous l’Empire et contre laquelle va s’opposer Talleyrand jugeant la plupart des anecdotes apocryphes mais en confirmant d’autres. Madame Campan va quant à elle s’offusquer des passages concernant Marie-Antoinette. Le manuscrit sera interdit par Napoléon mais finalement édité sous Louis XVIII en 1822.
Les mémoires continuent sur les intrigues internationales, notamment son plan avec la Russie, Lauzun jugeant Marie-Antoinette, par sa lâcheté politique, responsable de la mauvaise opinion des ministres à son égard, et qui d’après lui n’ont qu’un souhait : l’enfermer à la Bastille. Mais celle-ci lui promet toujours les plus éclatantes faveurs et en attendant lui suggère la charge de premier écuyer de sa maison, en succession du comte de Tessé. Comme si cela ne suffisait pas, elle espère en faire le gouverneur du fils qu’elle n’a toujours pas. Lauzun joue alors la carte de l’humilité en arguant n’avoir pas les qualités nécessaires pour éduquer le futur roi. On est confondu devant tant d’exagérations !
Mais le pire arrive :
«La conversation dura encore quelque temps; ensuite là reine parla bas à madame de Guéménée qui s’approcha de moi et me dît, en riant, à mi-voix :
—Etes-vous très attaché à la plume de héron blanche qui était à votre casque lorsque vous avez pris congé ; la reine meurt d’envie de l’avoir, la lui refuserez-vous ? —Je répondis que je n’oserais la lui offrir, mais que je me trouverais très heureux
qu’elle voulut bien la recevoir de madame de Guéménée. J’envoyai un courrier la chercher à Paris, et madame de Guéménée la lui porta le lendemain au soir. Elle la porta dès le jour suivant et lorsque je parus à son dîner, elle me demanda comment je la trouvais coiffée, je répondis : — Fort bien ! — Jamais, reprît-elle avec infiniment de grâce, je ne me suis trouvée si parée, il me semble que je possède des trésors inestimables !
Il eût assurément mieux valu qu’elle n’en eût pas parlé, car le duc de Coigny remarqua et la plume et la phrase, et il demanda d’où venait cette plume ; elle dit avec assez d’embarras que je l’avais rapportée à madame de Guéménée de mes voyages et qu’elle la lui avait donnée. Le duc de Coigny en parla le soir à madame de Guéménée avec beaucoup d’humeur, lui dit que rien n’était plus ridicule et plus indécent que ma manière d’être avec la reine, qu’il était inouï de faire aussi publiquement l’amoureux, et incroyable qu’elle eût l’air de le trouver bon. Il fut assez mal reçu et songea aux moyens de m’éloigner.
Mon projet, et c’était le parti le plus sage, était de passer une grande partie de l’hiver en Italie ; mais jamais la reine n’y voulut consentir ; et pour m’éloigner au moins quelques jours de la cour,
vers la fin de Fontainebleau, je fis un voyage à Chanteloup, où je trouvai tout le monde extrêmement occupé de ma faveur. Madame la duchesse de Gramont surtout, fondait les plus hautes espérances sur mon crédit près de la reine. Elle ne tarda pas à m’en parler et à me dire que le goût que la reine avait pour moi ne me rendait rien difficile près d’elle. Je lui dis qu’elle me traitait avec distinction, à la vérité, mais que ne prétendant à aucun crédit, et étant résolu à ne jamais rien demander, je ne
pouvais juger quelle en était la mesure. Madame de Gramont répliqua qu’elle ne voulait pas m’engager à lui confier mon secret, si je n’en avais pas l’intention, mais que personne ne doutait que le goût de la reine pour moi n’eût eu les suites qu’il devait naturellement avoir, et que je ne fusse son amant ; que par conséquent elle ne me faisait pas l’injure de penser que je ne ferais pas tous mes efforts pour ramener le duc de Choiseul à la tête du ministère. J’assurai madame de Gramont qu’elle ne saurait plus mal juger l’espèce de liaison que j’avais avec la reine ; que je n’étais nullement à portée d’intriguer ni de lui donner des conseils ; et que, quand j’aurais sur elle une influence que je n’avais pas, je lui étais trop attaché pour la porter jamais
à se mêler des ministres du roi ; que tout le monde savait combien j’étais dévoué à M. le duc de Choiseul, et que, quand je le pourrais, je croirais lui rendre un très-mauvais service en le mettant à la tête des affaires. — Et pourquoi ? reprit madame de Gramont avec une grande vivacité. — C’est, lui dis-je, que M. le duc de Choiseul n’aurait plus maintenant qu’à perdre ; que le but des gens les plus ambitieux ne pouvait être que de réunir une grande réputation et une haute considération à de belles places et à une fortune considérable ; qu’il n’y avait pas en Europe de ministre qui eût joui d’autant de réputation et de considération; qu’il était peut-être le seul qui eût vu le prince qui l’avait exilé abandonné pour lui de ses courtisans même ; qu’en redevenant ministre, on le rendrait peut-être responsable des événements malheureux amenés par les fautes de ses prédécesseurs. —M. le duc et madame la duchesse de Choiseul furent de mon avis ; mais madame de Gramont continua de répéter avec chaleur que tous ceux qui aimaient M. de Choiseul devaient désirer le voir encore gouverner un grand royaume, et dans tous les genres augmenter sa, fortune. Je ne me laissai pas persuader ; malgré son attachement pour la reine, je ne pouvais me dissimuler tous les inconvénients qu’aurait pour elle M. de Choiseul subjugué par une femme aussi impérieuse que sa soeur. On continua de me fort bien traiter à Chanteloup. où je restai encore quelques jours; mais madame de Gramont me jura une haine éternelle.»
A notre connaissance, jamais cet extrait n’est apparu aussi complet dans aucune biographie consacrée à Marie-Antoinette. Seule l’histoire de la plume de héron ornant la coiffure de la jeune et jolie reine a intéressé ses biographes, soulignant seulement dans quel embarras elle se retrouve vis-à-vis d’un grand séducteur.
Or ici, il est explicitement dit que tout est orchestré de Chanteloup, lieu d’exil de l’ancien ministre de Louis XV et dont la soeur ne cache pas l’ambition.

Marie-Antoinette est ici clairement l’enjeu de la lutte entre les deux bords politiques qui s’opposent depuis le règne de Louis XV. D’un côté le parti anti-autrichien, plus ou moins représenté par Mesdames, dit aussi le parti dévot, héritier de la ligne du Dauphin père de Louis XVI, de l’autre les choiseulistes que Marie-Antoinette soutient ostensiblement depuis son mariage. Les anti-autrichiens financent la campagne de calomnies contre la jeune reine, lui attribuant des amants les plus impossibles (dont le prince de Lamballe décédé en 1768 !). Avec ce passage, nous découvrons que le parti choiseuliste n’est pas en reste car lui souhaite réellement lui donner un amant, non seulement le moins discret mais surtout à leurs bottes. Ainsi, Choiseul, et surtout sa soeur (qui n’a jamais digéré avoir été évincée par madame du Barry) pensent pouvoir manipuler la jeune Reine et de là son époux le Roi, pauvre benêt qui laisse faire sa femme en tout.
Comment aucun biographe, historien n’a-t-il pu évoquer ce fait ? Même les Girault de Coursac l’occultent, eux dont la thèse principale est de montrer Marie-Antoinette comme la créature des choiseulistes amenée à dominer son mari ? Les Girault de Coursac ont aussi un autre cheval de bataille : ignorer les mémorialistes, à leurs yeux tous menteurs ou apocryphes. On ne peut leur donner entièrement tort sur ce point mais même si Lauzun n’a jamais écrit cela de lui-même, même si jamais la cour concurrente de Chanteloup n’a jamais fomenté un tel complot, il était une évidence pour l’auteur post-Lauzun de ces mémoires rédigées entre la Terreur et la Restauration que les choiseulistes voulaient donner à Marie-Antoinette un amant de leur parti, puissant et célèbre dans toute l’Europe.
On lit bien avec ce passage et ceux précédents que Marie-Antoinette est en effet embarrassée. Elle se sait l’enjeu de ces partis. D’un côté ceux qui veulent la voir «repasser la Barrière», mettant fin à l’alliance avec l’Autriche car reine pourvue d’amants aux yeux du public et de l’autre ceux qui veulent effectivement lui donner un amant afin de retrouver ou renforcer leur pouvoir. Marie-Antoinette se sait piégée et doit en même temps ménager ses amis choiseulistes qu’elle croit être ses seuls soutiens à la cour. D’où son port de la plume de héron au Grand Couvert.
Mais le plus difficile à cerner reste l’attitude de Louis XVI. En effet, dans la suite de ses mémoires, Lauzun explique :
«Le roi me renvoyait toujours près d’elle, et me disait d’y rester. Il paraissait approuver cette manière d’être avec moi, et avait d’autant plus de mérite que les propos tenus dans le public étaient venus jusqu’à lui, qu’il ne s’était pas contenté de très-mal recevoir ceux qui avaient osé les lui répéter, mais que dès cet instant, il avait commencé à me traiter infiniment mieux, et à être aussi honnête pour moi que son caractère pouvait le comporter.»
Bref, cela ne dérange pas le moins du monde Louis XVI que le public puisse imaginer son épouse pourvue d’un amant et le favorise d’autant plus. D’un côté, le choiseuliste qu’est Lauzun ne cache pas son mépris qu’il a du Roi et de l’autre, le piège dans lequel se retrouve Marie-Antoinette est d’autant plus profond que c’est son propre époux qui l’y met !
Mais d’autres choiseulistes commencent à voir le danger dans lequel se trouve Marie-Antoinette : Lauzun se plaint de la faveur en hausse du baron de Besenval et de la comtesse de Polignac ce même automne 1775 qui chacun dans son style va assurer une véritable influence sur la Reine, en faveur de Louis XVI de surcroît. Nous l’avons vu, le duc de Coigny a tout fait aussi de son côté pour prévenir le danger. Lauzun parle de rivalité d’amants potentiels, mais c’est bien une lutte politique que nous avons sous les yeux. Un autre ami de la Reine vient ensuite s’interposer entre Lauzun et Marie-Antoinette : le comte d’Esterhàzy.
Des anciens serviteurs eux ne décolèrent pas comme madame Campan :
«Le duc de Lauzun (depuis duc de Biron ), qui a figuré dans la révolution parmi les intimes du duc d’Orléans, a laissé des Mémoires encore manuscrits, où il insulte au caractère de Marie-Antoinette. Il raconte une anecdote d’une plume de héron : voici la version véritable.
M. le duc de Lauzun avait de l’originalité dans l’esprit, quelque chose de chevaleresque dans les manières. La reine le voyait aux soupers du roi et chez la princesse de Guémenée : elle l’y traitait bien. Un jour il parut chez madame de Guémenée en uniforme avec la plus magnifique plume de héron blanc qu’il fût possible de voir ; la reine admira cette plume : il la lui fit offrir par la princesse de Guémenée. Comme il l’avait portée, la reine n’avait pas imaginé qu’il pût vouloir la lui donner ; fort embarrassée du présent qu’elle s’était, pour ainsi dire, attiré, elle n’osa pas le refuser, ne sut si elle devait en faire un à son tour, et, dans l’embarras, si elle lui donnait quelque chose, de faire ou trop ou trop peu, elle se contenta de porter une fois la plume, et de faire observer à M. de Lauzun qu’elle s’était parée du présent qu’il lui avait fait.
Dans ses Mémoires secrets, le duc donne une importance au présent de son aigrette, ce qui le rend bien indigne d’un honneur accordé à son nom et à son rang. Son orgueil lui exagéra le prix de la faveur qui lui avait été accordée. Peu de temps après le présent de la plume de héron, il sollicita une audience ; la reine la lui accorda, comme elle l’eût fait pour tout autre courtisan d’un rang aussi élevé. J’étais dans la chambre voisine de celle où il fut reçu ; peu d’instants après son arrivée, la reine rouvrit la porte, et dit d’une voix haute et courroucée : « Sortez, Monsieur. » M. de Lauzun s’inclina profondément et disparut. La reine était fort agitée. Elle me dit : « Jamais cet homme ne rentrera chez moi. » Peu d’années avant la révolution de 1789, le maréchal de Biron mourut. Le duc de Lauzun héritier de son nom, prétendait au poste important de colonel, du régiment des gardes-françaises. La reine en fit pourvoir le duc du Châtelet : voilà comme se forment les implacables haines. Le duc de Biron s’attacha aux intérêts du duc d’Orléans, et devint un des plus ardents ennemis de Marie- Antoinette.»
Mémoires de madame Campan

Rassurons-nous, le duc de Lauzun est resté encore bien en cour longtemps après cette histoire. Madame Campan prouve que comme tout bon mémorialiste qui se respecte elle n’hésite pas à exagérer. La version de Lauzun étant encore manuscrite quand elle écrit, elle se doute que peu de gens en feront la comparaison. Or, même aujourd’hui, malgré les deux textes sous les yeux, peu d’historiens remettent en cause les dires de la bonne Henriette. Or Lauzun n’a pas été expulsé de la cour après sa visite à la Reine. Mais on se doute aussi que cette visite ne s’est aucunement déroulée comme il l’a décrite.
Tous les ingrédients d’une faveur qui a eu l’air d’être plus qu’elle ne fut sont là. Or, on le voit Lauzun n’a fait que vivre dans ses fantasmes.
En parallèle, Louis XVI fait tout également pour nourrir l’amitié entre Lauzun et son jeune frère le comte d’Artois :
«Il apprit un jour, pendant l’hiver, que M. le comte d’Artois était sorti seul, à cheval, très matin; il en fut fort inquiet, et craignit qu’il n’eût eu quelque querelle. On lui dit que j’étais avec lui, et il étonna beaucoup tous les gens qui l’entouraient, en
disant fort tranquillement : — Puisque M. de Lauzun est avec lui, je n’ai pas d’inquiétude; il ne lui laissera pas faire de sottises, et il en eût prévenu la reine s’il en eût prévu qu’il n’eût pu empêcher.»

On a l’impression de deux relations tissées par Louis XVI avec un Lauzun au coeur de sa toile.
Le 15 décembre 1775
Marie-Antoinette se moque superbement des libelles qui courent sur le Roi et elle-même :
«Nous sommes dans une épidémie de chansons satiriques. On en a fait sur toutes les personnes de la Cour, hommes et femmes, et la légèreté française s’est même étendue sur le Roi. La nécessité de l’opération a été le mot principal contre le Roi. Pour moi, je n’ai pas été épargnée. On m’a très libéralement supposé les deux goûts, celui des femmes et celui des amants. Quoique les méchancetés plaisent assez dans ce pays-ci, celles-ci sont si plates et de si mauvais ton qu’elles n’ont eu aucun succès, ni dans le public ni dans la bonne compagnie.»
Marie-Antoinette, Correspondance, édition établie par Evelyne Lever, p. 235
Marie-Antoinette qui n’a que vingt ans fait preuve ici d’une grande naïveté. Elle rit de la supposée impuissance de son époux, elle rit de ce qu’en conséquence, on ne peut que lui prêter des amants et des maîtresses. Elle pense ces méchancetés si bêtes qu’elles ne peuvent avoir de succès auprès de l’opinion. Ce n’est tellement pas sérieux à ses yeux qu’elle expose la situation de manière amusante à sa mère qu’elle sait pourtant extrêmement bigote et pointilleuse sur le sujet. Et qui ne risque certainement pas d’en rire. D’année en année, Marie-Antoinette va déchanter et prendra dans une dizaine d’année la mesure des horreurs débitées sur elle.
Une chose est sûre : tout le monde s’attend à ce que la jeune Reine se désennuie de son triste mari auprès des femmes qui forment son entourage, mais aussi auprès des seigneurs qui composent sa cour. Lauzun en première ligne.
Hiver 1775-1776
Le duc de Lauzun file le parfait amour avec lady Barrymore, dame dont évidemment d’après Lauzun Marie-Antoinette est jalouse. Cependant, le comte d’Artois humilie le duc de Lauzun en plein bal de l’Opéra : le jeune prince et la maîtresse de Lauzun sont retrouvés ensemble dans une loge. Le héros des mémoires qui ne tarit pas sur toutes les faveurs qui lui tombent dessus, il se retrouve ridiculisé par le frère du Roi. Un Roi qui a tout fait pour que Lauzun ne quitte plus son cadet.

Alors a-t-on vraiment en face de nous un Louis XVI si aveugle ? Ou bien celui décrit par Aurore Chéry qui est prêt à tout pour se débarrasser de sa femme ? Et si, lorsqu’il a compris que sa femme avait été piégée par les choiseulistes n’avait-il pas à son tour orchestré une intrigue ? Louis XVI serait bien un intrigant mais apparemment Aurore Chéry n’a pas réussi à correctement démêler ses intrigues, en en supposant là où il n’y en avait pas et négligeant celles pourtant flagrantes.
Il sait que son épouse doit ménager les choiseulistes et lui-même s’il refuse de revoir le duc de Choiseul à Versailles, nombre de personnes de son entourage appartiennent à ce parti. Il a fait croire l’été précédent qu’il avait cédé au caprice de sa femme pour revoir le duc de Choiseul mais son accueil montre bien ce qu’il en était réellement. Que son épouse porte ostensiblement la plume de héron au Grand Couvert. Les choiseulistes se croiront récompensés de leurs efforts. Louis XVI favorise encore plus Lauzun qui ne se connaît plus de bornes. Mais tout s’écroule ensuite. Celui sur qui pleut toutes les faveurs se retrouve ridiculisé. Et son parti du coup également. On comprend mieux dès lors la haine de madame de Gramont contre Lauzun, trop fat pour s’apercevoir du piège. Des choiseulistes plus édulcorés ont tenté de prévenir Lauzun. Mais celui-ci est trop sûr de lui pour s’imaginer piégé par le Roi lui-même.
Louis XVI n’a pas forcément envie de se débarrasser de sa femme, comme le pense Aurore Chéry. Elle lui est utile à plus d’un titre. Là clairement Marie-Antoinette lui sert dans sa lutte contre les choiseulistes.
Au même moment se déclenche l’affaire de Guines qui met encore en jeu l’opposition entre choiseulistes et dévots. Marie-Antoinette sera vivement éclaboussée dans cette affaire. Elle apparaît comme victorieuse, imposant ses vues à son mari, mais sa réputation en est au final altérée. Le duc de Coigny fait tout pour que Marie-Antoinette s’en mêle le moins possible, voulant la sauvegarder contre son propre orgueil, quand Lauzun l’y entraîne, prétextant l’honneur de la Reine tenue à protéger ses fidèles.
En février 1776
La Reine organise, dans la Galerie des Glaces, un bal masqué pour le carnaval dont le thème est le règne d’Henri IV. Lauzun choisit une tenue entièrement noire qui contraste avec sa blondeur. Il porte des collants et une culotte bouffante ( un haut de chausses) qui mettent admirablement en valeur ses jambes de cavalier. Mais surtout, il arbore un énorme diamant sur calot à aigrette qu’il a crânement penché sur son front suscitant l’admiration des hommes et l’envie des femmes.
Henri IV par Pourbus
Printemps 1776
Monsieur de Saint-Germain, nouveau ministre de la Guerre décide une réforme des légions de dragons. Celle de Lauzun doit disparaître. La Reine l’ayant appris avant que la nouvelle ne soit publique, obtient du ministre pour son ami le commandement du Royal-Dragons du maréchal de Schomberg, Lauzun ayant refusé celui des Gardes du corps. Armand-Louis faisant la fine bouche, Marie-Antoinette persuade le Roi que le régiment lui soit offert gratuitement , faveur que la Cour ne manque pas de commenter.
Avril 1776
Course aux Sablons avec pour principaux concurrents le comte d’Artois, le duc de Chartres et le duc de Lauzun, vainqueur. Marie-Antoinette se montre une fois de plus enthousiaste pour ces courses.
Le public murmure.
Peu après, lors d’une chasse aux bois de Boulogne Marie-Antoinette a le caprice d’échanger un de ses chevaux avec celui d’un piqueur du duc de Lauzun. Le duc de Coigny qui les accompagne est scandalisé.
Mai-Juin 1776
Le comte de Saint-Germain propose à Lauzun un régiment de dragons. Celui-ci refuse mais Louis XVI lui promet le premier régiment étranger vacant en échange.

Favori de Marie-Antoinette, Armand Louis de Gontaut-Biron est donné comme son amant.
Grand et très bien fait, ayant conservé sa blondeur enfantine, les yeux verts, il arbore une attitude altière qu’accentuent un long nez droit, un menton volontaire et un regard condescendant qu’il garde toujours mi-clos.
Un anneau d’or à l’oreille droite … est-ce une prescription médicale pour améliorer sa vue de militaire comme on le pense alors?

Le duc de Lauzun par Louis-Auguste Brun
Ce dessin le représente au moment de sa plus grande faveur auprès de la Reine. Le costume date en effet le croquis : le duc est en «chenille» et doit être en bottes ; c’est la tenue négligée à la mode anglaise des jeunes gens que la reine, oubliant l’étiquette, ne craignait pas d’admettre dans sa tribune aux courses de Fontainebleau ou de la plaine des Sablons.
C’est peut-être dans cette même tenue que Lauzun accompagne la Reine, lorsqu’Elle se promène au bois de Boulogne. Elle a obtenu qu’on en ouvre les portes, toujours fermées du temps du feu roi.
« Elle s’y montrait sans garde; elle parlait à tout le monde avec une affabilité qui la faisait aimer de ceux qui l’approchaient et elle recevait elle-même les placets qu’on lui présentait ; et c’est ainsi que l’empressement de voir leur souveraine engageait des Parisiens à se rendre en foule à La Muette. C’était une procession continuelle de voitures ... »
Mémoires de Lauzun
Eté 1776
Lauzun est auprès de son régiment du Royal-Dragon à Sarre-Louis. réputé comme étant le régiment le plus insubordonné, Lauzun raconte dans ses mémoires que tout se passa pour le mieux entre lui et ses soldats. Il prend du bon temps avec le couvent de chanoinesses à côté.
Octobre 1776
Séjour à Choisy.
Après quelques mois d’absence, Marie-Antoinette revoit le duc de Lauzun. Le duc de Coigny ne cache pas sa jalousie :
«La reine me reçut parfaitement bien, montra une grande joie de me revoir, et me parla bas longtemps. Je sortis de la chambre ; et lorsque je rentrai j’eus le temps d’entendre le duc de Coigny disant : — Vous n’avez pas tenu votre parole : vous aviez promis de ne pas lui parler beaucoup et de le traiter comme tout le monde. — Il ne me fut pas difficile de deviner qu’il parlait de moi. Quelques instants après, la reine vint me parler, et je lui dis :
— Prenez garde, vous vous ferez gronder encore une fois. — Elle fut embarrassée, et finit cependant par en convenir et en plaisanta avec moi.»
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58316323/f338.item.r=reine
Néanmoins est-ce vraiment de la jalousie ou bien une manière de protéger une jeune femme de vingt ans contre un élément du parti choiseuliste des plus dangereux ?

Si Lauzun se plaint dans ses mémoires de la lutte des favoris de Marie-Antoinette contre sa personne, il ne se gêne pas de son côté, bien que n’en parlant pas dans ses mémoires plus que douteuses :
« Le duc de Lauzun a imaginé d’attaquer la comtesse de Polignac et de la perdre, en produisant des preuves d’infidélité envers la Reine, en ce que des lettres de cette auguste princesse à sa favorite auraient été communiquées à d’autres personnes.
Quoique le fait soit très possible, et que j’en ai eu moi-même de violents soupçons, la tête désordonnée et légère de l’accusateur, son défaut absolu de preuves, et le caractère d’intrigue que portait son projet, l’ont fait avorter .»
Mercy à Marie-Thérèse
Lauzun se sentant abandonné par son parti tente de se rapprocher de Maurepas. Du coup, il perd tout : ses anciens alliés, dont Marie-Antoinette et ne se fait pas pour autant accepté de ceux qui le voient comme un dangereux arriviste.
Voilà résumé son histoire avec Marie-Antoinette :
« Ambitionnant, comme tous les prétendus amis de la reine, de diriger sa conduite, la princesse de Guéménée s’appliquait à lui trouver des mentors. Ni Coigny ni Guines n’ayant réussi car ils y mettaient trop peu de formes, elle songea au beau duc de Lauzun, l’un des plus brillants jeunes loups de la cour, pour lequel elle avait eu quelques faiblesses.
Mme de Guéménée, le mauvais ange de Marie-Antoinette, Françoise Kermina
Armand de Gontaut-Biron avait tous les charmes de son temps, « un de ces hommes en qui finissait un monde », comme l’a dit Chateaubriand. Spirituel et chevaleresque, fastueux — il était couvert de dettes —, dandy avant la lettre — il venait d’acclimater en France les courses de chevaux —, il multipliait les conquêtes féminines et Mme de Guéménée programma pour lui celle de la reine.
Marie-Antoinette avait un goût enfantin pour les uniformes, Mme de Guéménée lui exhiba donc son protégé paré d’une plume de héron blanc à son casque. La reine parut l’apprécier, aussi la princesse suggéra-t-elle à Lauzun de la lui offrir. Marie-Antoinette, un peu embarrassée, se crut obligée de la porter le lendemain. Lauzun y vit un feu vert et se conduisit de telle sorte qu’il fut immédiatement mis à la porte. «Jamais cet homme ne rentrera chez moi», dit la reine, furieuse, à sa femme de chambre.
Le duc de Coigny, jaloux, en profita pour déclencher une cabale contre Lauzun et celui-ci, pour se soustraire à une disgrâce menaçante, s’en alla conquérir le Sénégal. La reine, peu rancunière, l’annonce avec plaisir à Mme de Guéménée :
Je connais trop votre amitié pour vos amis, ma chère princesse, pour ne pas m’empresser à être la première à vous faire compliment sur la nouvelle que le roi vient de recevoir que M. de Lauzun a pris le Sénégal. [… ] J’oubliais de vous dire que cette prise s’est faite sans que personne n’ait été blessé.
En fait, tout le monde à la cour riait des aventures coloniales de Lauzun. La France étant en guerre avec l’Angleterre, il proposa à Sartine, le ministre de la Marine, un raid de diversion sur la côte d’Afrique. Saint-Louis fut pris triomphalement en janvier 1779, mais il n’y avait rien à prendre. Les Anglais, décimés par les mutineries et les épidémies, se réduisaient à une vingtaine de soldats qui se rendirent de très bonne grâce. Pour tout butin, les Français ne trouvèrent que quelques biscuits avariés et des tonneaux d’eau-de-vie à demi vides que lampèrent d’un trait les concubines du sultan venues en visite. Lauzun bien sûr séduisit la plus belle. Elle lui offrit un bœuf, il lui envoya un tambour.»
« On assure que Monsieur de Lauzun a été blessé jusqu’au cœur de cette leçon et que depuis il se présente à peine au regard de Sa Majesté.»
La baronne d’Oberkirch, Journal
Novembre 1776
Séjour à Fontainebleau.
Lauzun souhaite partir pour les Indes où des rumeurs de guerres se profilent. Marie-Antoinette refuse ce départ. Lauzun explique ne pouvoir en parler au comte de Maurepas car Marie-Antoinette le lui aurait interdit. C’est surtout parce que le vieux conseiller du Roi lutte vigoureusement contre les choiseulistes. Tous les favoris de la Reine tentent alors désespérément de réduire le crédit de Lauzun, inutilement semble-t-il d’après lui. Marie-Antoinette :
«mourait de peur de sa société».
Nous apprécions une fois de plus le degré d’exagération du mémorialiste. En tout cas, il est certain qu’il s’est mis à dos une grosse partie de la cour, notamment nombre de choiseulistes, dont le duc de Choiseul, qui peuvent craindre à juste titre ses excès. Heureusement pour eux, et certainement pour Marie-Antoinette, le duc de Lauzun se retrouve peu après endetté jusqu’au cou, le plaçant dans une situation très gênante. La Cour et le Ville le blâment d’y entraîner la duchesse de Lauzun qui n’a qu’à se plaindre d’un tel époux. Elle se console alors avec le duc de Guines. Bref, tout le monde le lâche.
Pour la première fois apparemment, Marie-Antoinette :
«m’offrit sa protection, un peu trop en reine pour la circonstance.»
Louis XVI lui promet pour services rendus à la Couronne de belles sommes d’argent que Lauzun refuse en gentilhomme. Le Roi le traite toujours merveilleusement bien à son coucher. On peut se demander si ce n’est pas encore stratégique de sa part. D’une part, il s’oppose à l’attitude des choiseulistes envers l’un de ses membres les plus éminents désormais rejeté, d’autre part il atténue sa chute qu’il a lui-même désirée pour la rendre encore plus difficile.
Il se retrouve obligé de vendre une grande partie de ses biens. Au prince de Guéméné. Pour ceux connaissant la suite, je vous laisse savourer l’ironie. Si c’est vrai, c’est sidérant. Si c’est uniquement de la main de l’auteur des mémoires post-Lauzun, il appréciait l’humour.
Le 17 janvier 1777
«Nous sommes parvenus à lui démasquer le duc de Lauzun, qui est un des plus dangereux personnages et la reine s’est décidée à lui refuser désormais tout accès de confiance.»
Lettre de l’ambassadeur Mercy
Plus d’apartés entre eux, plus de promenade à cheval, plus de siège pour lui au jeu de la Reine où il doit désormais rester debout.
Il est préférable de s’éloigner. Il rejoint Sarrelouis son nouveau régiment.
Durant son absence, les Polignac, poussés par Vaudreuil et Coigny, en profitent pour ruiner un peu plus son crédit. Ils répandent que Lauzun s’est rapproché de Maurepas que la Reine déteste.
Le poste de premier écuyer de la Reine que Lauzun n’a pas osé accepter est confié au comte Jules de Polignac sur les instances de sa femme.
En août 1777
« La Reine donne toujours les preuves d’une familiarité que certains esprits chagrins réprouvent. L’autre jour , à Choisy, ayant admiré les plumes qui ornaient la tête d’une danseuse, elle en a accepté une dont elle s’est parée sans façons.»
Madame Campan
Les dettes commencent à devenir criantes. Ses dépenses somptuaires, son écurie de course, ses maîtresses, ses voyages continuels , tout a contribué à obérer ses finances dans des proportions effrayantes.
Ce sont les Guéménée, eux-mêmes perdus de dettes, qui vont sortir Lauzun de ce mauvais pas. Afin de faire face aux créances les plus criantes, la princesse accepte d’engager ses diamants. Puis le prince rachète l’ensemble de ses créances et se fait céder la quasi-totalité du patrimoine foncier d’Armand-Louis. En contrepartie, ils lui versent une rente annuelle de quatre-vingt mille livres qui lui permettent encore une vie très confortable.
Le 1er septembre 1777
Madame de Polignac ayant refusé la place de dame du palais comme celle de dame d’atours, avec les dividendes qui vont avec , la Reine fait attribuer à Monsieur de Polignac la survivance de la charge de premier écuyer, au détriment du duc de Lauzun auquel la place avait été proposée.
Le 11 mars 1778
Il vend les biens de sa baronnie du Châtel en Bretagne (comprenant les terres de Lorient, Châtel, Carman et Recouvrance) à Henri Louis Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéméné, qui fait peu de temps après, le 2 octobre 1782, une faillite retentissante.
Il se porte volontaire pour servir contre l’Angleterre, lors de la Guerre d’indépendance américaine.
Le 1er septembre 1778
Il obtient le commandement du Corps des volontaires étrangers de la Marine, fort à l’origine de huit légions. Il est alors chargé de commander l’expédition de conquête du Sénégal (1778-1779).

Planche 43 in « Uniformes militaires des troupes françaises sous Louis XVI »,
Aquarelle, 1779
Photo (C) Paris – Musée de l’Armée Dist. RMN-Grand Palais / Marie Bruggeman
Le 19 décembre 1778
Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant est surnommée «Mousseline» par la Reine.

Des rumeurs prêtent Lauzun pour père à l’enfant royal…
Le 25 décembre 1778
Armand-Louis embarque à Brest pour les côtes d’Afrique à bord du Fendant, bâtiment de soixante-quatorze canons, accompagné de deux vaisseaux de ligne, deux frégates, quelques corvettes et une douzaine de bâtiments de transport, escadre commandée par le marquis de Vaudreuil.
Le prince de Ligne nous confirme le complot des choiseulistes, mais apparemment il y a d’autres partis de la cour qui manoeuvrent eux aussi :
«C’est à de semblables promenades à cheval, tout seul avec la reine, quoique entourée de son fastueux cortège royal, qu’elle m’apprenait mille anecdotes intéressantes qui la regardaient, et tous les pièges qu’on lui avait tendus pour lui donner des amants. Tantôt c’était la maison de Noailles qui voulut qu’elle prit le vicomte. Tantôt la cabale Choiseul qui lui destinait Biron.»
Le 21 mars 1779
« Monsieur de Lauzun, avec deux vaisseaux et un très petit nombre de troupes, a pris votre Sénégal qui était la base de votre traite des nègres […] si dans cet exploit il avait trouvé quelques mines d’or, cela vaudrait bien autant pour lui que la gloire qui lui en reviendra.»
Madame du Deffand à Horace Walpole
A son retour, Lauzun est reçu froidement par Sartine et le Roi lui adresse à peine la parole. Afin de lui donner une occupation, le ministre le nomme inspecteur général des prisonniers de guerre : une voie sans intérêt et sans issus pour un homme qui désire de l’action.
Le 1er mars 1780
Il est nommé Brigadier de Dragons, sous les ordres de Rochambeau. Il rencontre alors Axel de Fersen ( 1755-1810) dont il va devenir la référence militaire… et séductrice.
« Je me suis particulièrement lié avec le duc de Lauzun. Les opinions sont partagées sur son compte, vous en entendrez dire du bien et du mal. Les premiers ont raison, les seconds ont tort. S’ils le connaissaient ils changeraient d’avis et rendraient justice à son cœur.»
Axel de Fersen à son père
Le 5 mars 1780
Il devient colonel-propriétaire de la Légion des volontaires étrangers de Lauzun, ancienne deuxième Légion des volontaires étrangers de la Marine. Avec cette légion mixte d’un millier de volontaires (infanterie, cavalerie et artillerie), il joue un rôle décisif dans la guerre d’indépendance américaine.

Armand-Louis de Gontaut-Biron
En octobre 1781
Siège de Yorktown en octobre – combat de Gloucester. Il est chargé de porter au Roi Louis XVI, la nouvelle de la victoire de Yorktown.

Le 24 octobre 1782
La Reine donne à Madame de Polignac la place de Gouvernante des Enfants de France en remplacement de Madame de Guéménée, victime de la faillite de son mari ( d’un passif de trente-trois millions de livres).
Yolande de Polignac Au chapeau de paille par Élisabeth Vigée Le Brun (1783)
En juin 1783
De retour aux États-Unis, il rentre définitivement en France.
En 1783

Tenue des hussards de Lauzun
Pour son action en Amérique, il devient mestre de camp-propriétaire du régiment des hussards de Lauzun, sixième régiment de hussards en 1791, qui devient cinquième régiment de hussards en 1793.
Le 1er janvier 1784
Il est promu maréchal de camp .
La baronne d’Oberkirch raconte dans ses mémoires que Lauzun suivait la Reine pas à pas et s’installait à sa porte comme un chien de garde. Mais Elle ne faisait pas attention à lui.
De désespoir et au moment où Elle montait dans son carrosse pour revenir de Trianon à Versailles, il tomba sur un genou, lui présentant l’autre pour qu’elle l’utilise comme marche-pied, au lieu de la petite marche de velours destinée à cet effet.
La Reine alors le regarda pour la première fois, et prétendant ne pas le reconnaître, Elle appela Son page et lui dit :
« Dites, je vous prie, monsieur, qu’on renvoie ce garçon ; c’est un maladroit, il ne sait même pas ouvrir la portière d’un carrosse.»

Marie-Antoinette par Joseph Boze
« Le premier motif du dégoût prononcé de la Reine pour le duc de Lauzun, vint de l’attachement réel de Sa Majesté pour la duchesse d’Orléans. Marie-Antoinette avait profondément ressenti l’injure faite à son amie, privée de l’affection du duc d’Orléans , son mari , grâce aux compagnies immorales où le duc de Lauzun l’avait entraîné. Parmi les personnes dont le duc d’Orléans fit ainsi la connaissance , figurent une certaine dame Duthée et madame Buffon».
Catherine Hyde
En 1785
« Mme de Travenard fit éteindre les flambeaux et confia le maniement au duc de Lauzun. Dès les premières images, l’assistance fut conquise. Elle commença à manifester bruyamment sa joie ; mais à mesure que les images devinrent plus licencieuses, les rires cessèrent et l’on n’entendit plus que « des froissements d’étoffes »…
Enfin, les couples « cherchèrent sur le mol des tapis à reproduire les scènes et les scènes que le duc projetait sur le mur; mais tous n’y parvenaient point, l’artiste dont l’imagination était grande , ayant conçu des figures souvent difficiles à exécuter (…) Le Duc de Lauzun, qui avait dû, trois fois de suite, quitter la lanterne pour se régaler des charmes d’une spectatrice », crut bon d’annoncer que la séance allait se terminer et projeta la dernière plaque.Dès que l’image parut sur le mur, il y eut un cri d’étonnement . La femme qui venait d’apparaître , nue et dans une posture fort inconvenante, avait les traits de Marie-Antoinette…
Guy Breton, Histoires d’amour de l’Histoire de France
Cette apparition eut un effet surprenant . Tous les hommes retrouvant leur vigueur, se jetèrent sur leurs voisines.
On apprit ainsi qu’un grand nombre de courtisans étaient amoureux de leur souveraine…»
Disgracié par la Reine, Lauzun est ensuite exclu des réunions de Madame de Polignac, dans lesquelles il cherchait à s’incruster.
« Le duc de Lauzun (depuis duc de Biron), qui a figuré dans la Révolution parmi les intimes du duc d’Orléans, a laissé des Mémoires encore manuscrits , où il insulte au caractère de Marie-Antoinette.
Mémoires de Madame Campan
Il raconte une anecdote d’une plume de héron : voici la version véritable .
M. le duc de Lauzun avait l’originalité dans l’esprit , quelque chose de chevaleresque dans les manières. La reine le voyait aux soupers du roi et chez la princesse de Guémenée en uniforme avec la plus magnifique plume de héron blanc qu’il fût possible de voir ; la reine admira cette plume : il la lui fit offrir par la Princesse de Guéménée. Comme il l’avait portée , la reine n’avait pas imaginé qu’il pût vouloir la lui donner ; fort embarrassée du présent qu’elle s’était , pour ainsi dire , attiré , elle n’osa pas le refuser, ne sut si elle devait en faire un à son tour, et , dans l’embarras, si elle lui donner quelque chose , de faire ou trop ou trop peu, elle se contenta de porter une fois la plume, et de faire observer à M. de Lauzun qu’elle s’était parée du présent qu’il lui avait fait.
Dans ses Mémoires secrets, le Duc donne une importance au présent de son aigrette, ce qui le rend bien indigne d’un honneur accordé à son nom et à son rang. Son orgueil lui exagéra le prix de la faveur qui lui avait été accordée. Peu de temps après le présent de la plume de héron, il sollicita une audience , la reine la lui accorda, comme elle l’eût fait pour tout autre courtisan d’un rang aussi élevé. J’étais dans la chambre voisine de celle où il fut reçu ; peu d’instants après son arrivée, la reine rouvrit la porte, et dit d’une voix haute et courroucée : « Sortez Monsieur. »
M. de Lauzun s’inclina profondément et disparut. La reine était fort agitée. Elle me dit : « Jamais cet homme ne rentrera chez moi. »
Peu d’années avant la révolution de 1789, le Maréchal de Biron mourut.
Le duc de Lauzun, héritier de son nom, prétendait au poste important de Colonel du régiment des gardes-françaises. La reine en fit pourvoir le duc du Châtelet ; voilà comme se forment les implacables haines. Le duc de Biron s’attacha aux intérêts du duc d’Orléans , et devint un des plus ardents ennemis de Marie-Antoinette.»
Le 31 mai 1786
Le Parlement acquitte le cardinal de Rohan dans l’Affaire du Collier mais Madame de La Motte est condamnée à être marquée au fer rouge et détenue à perpétuité.
En 1788
Lauzun devient duc de Biron et Pair de France.
Le 8 août 1788
Convocation des États-Généraux pour le 1er mai 1789.
Le 23 octobre 1788
A la mort de son frère Louis Antoine de Gontaut et par testament de celui-ci du 31 janvier 1788, Charles-Antoine hérite des titres de duc de Biron et Pair de France, mais s’en défait au profit de son fils Armand-Louis de Gontaut Biron. Il reprend aussi le titre de Baron de Ruffey et seigneur de Saint-Julien-les-Sennecey.
Le 23 octobre 1788
A la mort de son frère Louis Antoine de Gontaut et par testament de celui-ci du 31 janvier 1788, Charles-Antoine hérite des titres de duc de Biron et Pair de France, mais s’en défait au profit de son fils Armand-Louis de Gontaut Biron. Il reprend aussi le titre de Baron de Ruffey et seigneur de Saint-Julien-les-Sennecey.
En même temps que du duché, Armand-Louis hérite de son oncle du somptueux hôtel de Biron, rue de Varenne ( c’est l’actuel Musée Rodin) .

Le 5 décembre 1788
Le Parlement de Paris accepte le doublement du Tiers, défendu par la Reine, mais ne se prononce pas sur la question du vote par ordre ou par tête. Louis XVI se fâche et déclare aux parlementaires :
« c’est avec l’assemblée de la Nation que je concerterai les dispositions propres à consolider, pour toujours, l’ordre public et la prospérité de l’État »
En février 1789
Le capitaine Jennings de Kilmaine est l’un des fondateurs de la loge de l’Amitié Éternelle à l’Orient de Lauzun, loge maçonnique créée par les officiers de Lauzun à Verdun. D’abord orateur de la loge, il devient Premier surveillant de cette loge .
Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux.

Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.
Élu député aux États généraux de 1789 par la noblesse du Quercy, Lauzun se rallie à la Révolution, et entre dans le parti du duc d’Orléans.
« Un concours de circonstances fatales entraîna M. de Lauzun dans l’abîme. Mais la principale cause de ses malheurs ne fut pas, comme on pourrait le croire, un amour ardent de la liberté et des idées exaltées de républicanisme. Avec une mauvaise tête, il avait l’esprit juste. Il savait bien que le gouvernement démocratique ne convient point à un grand peuple, moins aux Français qu’à tout autre. C’est ce que je lui ai entendu dire plusieurs fois et ses principes n’ont jamais varié. Mais en prenant parti contre la cour , il croyait pouvoir se venger d’une offense personnelle, sans compromettre sa sûreté ni celle de l’Etat. Il imagina trop légèrement qu’ils allaient revenir ces temps de la Ligue ou de la Fronde, où les grands seigneurs pouvaient impunément montrer leur mécontentement. Voilà ce qui le perdit.»
Le duc de Lévis
Le 4 juin 1789
Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Image des Années Lumières (1989) de Robert Enrico
Aimée de Coigny eut pour Biron un fort vif et assez long accès de tendresse, et elle lui écrivit d’aimables lettres, de Naples, par exemple, « où la lune est plus notre divinité qu’ailleurs… La mer semble être là exprès pour la réfléchir et l’adorer ; à peine veut-elle être agitée, et on voit bien seulement quand elle gémit, que c’est l’amour uniquement qui l’agite. »
Victor du Bled : Revue des Deux Mondes
Quelques-unes de ces lettres indiquent que Biron ressentit quelque ennui d’une correspondance fort dangereuse avec cette enfant terrible, émigrée rentrée en France sans autorisation.
« Tuons-nous pour qu’il n’en soit plus question, ou aimons-nous tendrement, sans objection, sans contrainte. »
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Tableau de Jacques-Louis David
Le 11 juillet 1789
Renvoi de Necker
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.


La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.

Armand-Louis décide de se faire appeler le «citoyen général Biron».
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 5 octobre 1789
Des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers six heures du matin
Comme mus par un signal convenu, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se rassemblent en rangs serrés. Menaçante, la foule s’approche du château et un groupe s’engouffre dans la cour par la grille de la chapelle, restée mystérieusement ouverte. Les gardes du corps sont débordés. La meute se dirige vers les appartements de la Reine ( comment en connaissent-ils la voie? On dit que le duc d’Orléans faisait partie de la foule pour la leur indiquer…) en hurlant.
Les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée.

A sept heures du matin
Toute la Famille Royale finit enfin par se retrouver dans la chambre de parade du Roi, qui donne sur la cour de marbre envahie par la populace…
Le peuple dans la cour de marbre dans Les Années Lumières (1988)
Arrive La Fayette _ qu’il a fallu réveillé, ce qui lui vaudra le surnom de Général Morphée…_ qui conseille au Roi de se présenter au balcon. Sans hésiter, alors que quelques balles viennent encore de frapper, Louis XVI fait ouvrir les fenêtres et se montre. Il est acclamé mais perçoit des cris : «A Paris! A Paris!»

Le Roi est contraint d’accepter et il rentre.
On perçoit le duc d’Orléans, en frac gris, cocarde tricolore au chapeau, il se promène sur la place d’Armes en compagnie de son ami le duc de Lauzun devenu depuis peu duc de Biron mais resté un des héros d’Amérique.

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.
Biron est en lien avec Mirabeau qu’il informe de l’évolution de la situation.
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération.

Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.

Le 21 juin 1791
La famille royale est arrêtée à Varennes.
Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Le Roi est suspendu.
Le 28 juin 1791
Le duc d’Orléans, effrayé par la tournure des événements, renonce à tout projet de régence.
Le 9 juillet 1791
La Convention nomme Biron général à l’armée du Nord, puis à l’armée du Rhin.
Le 14 septembre 1791
Le Roi prête serment à la Constitution.

Le 16 décembre 1791
Biron prend la tête de l’armée du Var qui devient l’armée d’Italie.
Le «général Biron» est sur tous les fronts.


En 1792
Lieutenant général sous la Convention, il combat d’abord à l’Armée du Nord, puis à l’Armée du Rhin.
Le 20 juin 1792

La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.
Le Roi refuse.
Le 10 août 1792
Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale.

Le 10 août 1792, le dernier acte de Louis XVI, Roi des Français, est l’ordre donné aux Suisses «de déposer à l’instant leurs armes».

La position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent. La note du Roi est alors exécutée et l’on ordonne aux défenseurs de se désengager. Le Roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.

Des 950 Gardes suisses présents aux Tuileries, environ 300 sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l’ordre du roi de rendre les armes en plein combat.

Le 13 août 1792
La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles. Quatre pièces du couvent leur avaient été assignées pendant trois jours.
Le 3 septembre 1792
Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.
Massacre de la princesse de Lamballe
Massacres dans les prisons.
Le 20 septembre 1792
Le duc d’Orléans, Philippe Égalité, cousin du Roi, est élu député à la Convention.

Le général Biron
Victoire de Valmy, considérée comme l’acte de naissance de la République.
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.
Le 3 décembre 1792
Pétion (1756-1794) renforce la décision de faire juger Louis XVI par la Convention.
Le 11 décembre 1792
Louis comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. M. de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.
Le 26 décembre 1792

Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.
Image de L’Anglaise et le Duc (2001) d’Eric Rohmer
Du 16 au 18 janvier 1793
La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.

Alain Libolt interprète le duc de Biron dans L’Anglaise et le Duc (2001) d’Eric Rohmer

Le lundi 21 janvier 1793
Exécution de Louis XVI

En mai 1793
Le général Biron commande l’armée d’Italie, puis à partir de mai, les armées de l’Ouest contre les Vendéens. Il prend Saumur sur les Vendéens et les bat à Parthenay.
Il est dégoûté par ce genre de guerre contre le peuple français et donne sa démission. Il devient immédiatement suspect.
Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette.

Le 6 novembre 1793
Le duc d’Orléans est guillotiné.

Le 19 novembre 1793
Jeanne du Barry est transférée à la Conciergerie, l’antichambre de la mort.
Le 6 décembre 1793
Son procès s’ouvre devant le Tribunal révolutionnaire présidé par Fouquier-Tinville (1746-1795).
Le 7 décembre 1793

Jeanne du Barry est condamnée à la guillotine.
Le 8 Décembre 1793

Marie-Jeanne Bécu de Vaubernier, comtesse du Barry est guillotinée à Paris.
Fin décembre 1793

Appelé à Paris pour rendre des comptes, Biron est accusé de trahison par le Comité de salut public pour avoir offert sa démission, il est arrêté. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il est condamné à mort.
Le 31 décembre 1793
Alors qu’il n’a jamais manifesté beaucoup d’attaches pour la vie, mais conservant sa superbe, il se fait livrer des huîtres et une bouteille de vin blanc qu’il partage avec son geôlier avant de monter dans la charrette des suppliciés.
Le 1er janvier 1794
« Le lendemain 11 nivôse 1793, on vint interrompre son déjeuner pour l’appeler au supplice. Il acheva tranquillement sa douzaine d’huîtres. Versant une rasade au bourreau, il lui tendit le verre:
– Bois, dit-il , tu dois avoir besoin de courage au métier que tu fais.
Et fièrement, il descendit dans la cour.»

« Il commençait une douzaine d’huîtres quand l’exécuteur vint le prendre . » Citoyen, dit-il, permets-moi d’achever . » Puis, lui offrant un verre : » Prends ce vin, ajouta-t-il, tu dois avoir besoin de courage, au métier que tu fais. » Il monta sur l’échafaud le 1er janvier 1794, se souvenant sans doute des jours de l’An de la monarchie et des pompes royales de Versailles. On dit qu’avant de mourir il prononça ces paroles : » J’ai été infidèle à mon Dieu, à mon ordre et à mon roi; je meurs plein de foi et de repentir.»
Imbert de Saint-Amand

Alain Libolt est le duc de Biron dans L’Anglaise et le Duc (2001) d’Eric Rohmer
Armand-Louis, duc de Lauzun, général Biron, est guillotiné place de la Révolution à Paris.
Le 27 juin 1794 ( 9 messidor an II )
Son épouse Amélie de Boufflers est guillotinée, comme « complice des trahisons de son mari » et inhumée au cimetière de Picpus.

Ses Mémoires qui vont de 1747 à 1783, sont publiés en 1822, et depuis, en 1858 avec biographie par Louis Lacour de La Pijardière.
« C’est, qu’en effet, en Lauzun s’incarne tout ce siècle frivole, élégant, jouisseur et blasé pour qui la Révolution sera un terrible et sanglant réveil. Il est le type, le symbole de ces viveurs de grande allure dont la race est perdue, et qui, au charme de la personne alliaient brillamment les impertinences de l’esprit.»
Pol André
Hubin
Magnifique ! Merci
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