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La marquise de Genlis

Félicitée du Crest de Saint-Aubin, comtesse puis marquise de Genlis

Le 

Naissance de Caroline-Stéphanie-Félicitée du Crest de Saint-Aubin au château de Champcery, Fille de Pierre César du Crest, marquis de Saint-Aubin à Issy-l’Évêque .

Dans son enfance, conformément à un usage alors fréquent dans la noblesse de province, son père, après avoir fourni la preuve de huit quartiers de noblesse pour Félicité, la fait recevoir chanoinesse dans un des chapitres du Lyonnais.

En juillet 1763

A la mort de son père, sa veuve, marquise de Saint-Aubin, et ses deux enfants – Félicité et son frère – se trouvent soudain jetés, sinon dans la pauvreté comme on l’a dit, du moins dans une certaine gêne. Comme chanoinesse, elle est appelée « la comtesse Félicité de Lancy », parce que son père était seigneur et patron de cette petite ville. Pendant cette période, elle acquiert un savoir encyclopédique qui lui sera utile par la suite.

En novembre 1763

Elle épouse Charles Alexis Brulart, comte de Genlis, puis marquis de Sillery.

En 1771

Félicitée espérait entrer dans la maison de Marie-Joséphine de Savoie (1753-1810) . Les Brûlart, refusant de s’abaisser à en faire la demande à la comtesse du Barry  (1743-1793), ainsi qu’il en était de rigueur à l’époque, Félicité dut se rabattre sur la maison d’Orléans.

Le 14 février 1771

Mariage du comte de Provence, frère du Dauphin et de Marie-Joséphine de Savoie.

Au début de 1772

 Madame de Montesson (1736-1806), sa tante, la fait admettre comme « dame pour accompagner » la duchesse de Chartres (1753-1821), belle-fille du duc d’Orléans, tandis que le comte de Genlis était nommé capitaine des gardes du duc de Chartres, futur Philippe Egalité (1747-1793). Ces deux postes comportaient le logement au Palais-Royal ainsi que des gages de 6 000 livres pour le mari et 4 000 pour la femme de celui-ci.

Marie-Adélaïde de Bourbon, duchesse de Chartres puis d’Orléans

Pendant l’été 1772

À peine arrivée, la comtesse de Genlis entame une liaison avec le duc de Chartres. alors que la duchesse était partie en cure à Forges-les-Eaux, cette liaison tourne à la passion.

Madame de Genlis fait ses débuts comme animatrice du salon de la duchesse de Chartres, au Palais Royal.

Le 6 octobre 1773

Naissance de Louis-Philippe , futur roi des français ( 1830-1848).

Dès 1773, Madame de Genlis propose au duc de Chartres divers gouverneurs possibles, mais, celui-ci les rejetant tous, elle propose d’éduquer les enfants elle-même.

Louis Philippe d’Orléans, duc de Chartres, par Reynolds

Cette proposition est acceptée. La charge est délicate étant donné que vers l’âge de sept ans, l’usage était que les princes « passent aux hommes » pour être confiés aux soins d’un gouverneur assisté d’un sous-gouverneur. Félicité de Genlis ne fut pas nommée gouverneur. De cette manière, elle put diriger l’éducation de Louis-Philippe jusqu’au moment où elle pouvait en être officiellement chargée. En attendant, il est convenu avec la duchesse de Chartres qu’elle prendra en main l’éducation des deux jumelles nées en 1777 et que, pour ce faire, elle s’installera avec elles dans un couvent. En fait, elle alla s’établir dans un petit bâtiment appelé pavillon des Chartres ou pavillon de Bellechasse, spécialement construit sur un terrain dépendant du couvent des dames chanoinesses du Saint-Sépulcre au Faubourg Saint-Germain. À cette époque, elle se lie avec la baronne de Montolieu (1751-1832) qui devient une amie intime.

Elle reçoit désormais des invités au pavillon Bellechasse.

Le duc de Chartres la nomma « gouvernante » de ses enfants, au nombre desquels Louis-Philippe, futur roi des Français, qui lui vouera toute sa vie une véritable adoration. Ainsi dans ses Mémoires, le roi Louis-Philippe raconte l’éducation spartiate que ses frères et sœurs ainsi que lui-même avaient reçue de Mme de Genlis. Il qualifie cette éducation de « très démocratique», et assure qu’adolescent, il a été quasiment amoureux d’elle, en dépit de sa sévérité. L’ensemble de ces princes et princesses la préférèrent d’ailleurs toujours à leur propre mère.

Madame de Genlis par Louis André Fabre

Félicité de Genlis se fait connaître par ses principes sur l’éducation des jeunes gens et par de nombreux ouvrages littéraires. Elle rencontre Rousseau (1712-1778) et Voltaire (1694-1778), est l’amie de Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814), de Talleyrand (1754-1838), de Juliette Récamier (1777-1849), et compose une œuvre riche de quelque cent quarante volumes. Son premier essai, Théâtre à l’usage des jeunes personnes, reçut les éloges de Marmontel (1723-1799), d’Alembert (1717-1783) et Féron (1718-1776).

Le 3 juin 1785

Sophie von La Roche dresse ce (trop?) joli portrait de Mme de Genlis à Saint-Leu:

« Paris, le [3] juin 1785. J’ai pu réaliser mon projet de voir la comtesse de Genlis et de m’entretenir avec elle. C’est une femme pleine de mérites et de bonté. Celui qui, comme moi, la voit et l’écoute pendant six heures se demande si c’est sa prestance, son cœur ou son esprit qui l’emportent. Mais certainement, dans un dessein de perfection, les Grâces se sont jointes au Génie du savoir, car ce dernier  anime tout ce qu’elle pense et les trois déesses planent autour de sa personne, de ses gestes, de ses travaux, de sa conversation, du ton de sa voix et jusqu’aux plis de sa robe. J’ai rarement vu une personne de notre sexe aussi simple dans ses manières et en même temps aussi noble. Mais je vais vous raconter, mes enfants, toute cette belle journée ! J’avais écrit à la comtesse par l’intermédiaire de monsieur Friedel lui disant que j’avais vu chez le comte Buffon un des plus grands hommes de la Nation et que je désirais à présent faire aussi la connaissance de la femme la plus méritante de France. Sa réponse fut courtoise et pleine de modestie. Si je voulais prendre la peine de déjeuner avec elle à Saint-Leu le jeudi ou le vendredi, elle m’enverrait des chevaux de relais à Saint-Denis.
(…)
La comtesse apparut, vêtue de simple mousseline, sa belle chevelure châtain débordant d’une coiffe d’une grande simplicité. Elle avait des manières nobles et courtoises et inspirait respect, affection et confiance. Elle nous mena aussitôt vers une partie haute et isolée de son jardin qui offrait de deux côtés des vues splendides.
(…)
Sa valeur morale est aussi honorable que ses connaissances sont admirables, car elle n’accepte aucune rémunération de ses élèves, malgré des revenus ne dépassant pas deux cents thalers. Par contre, elle n’accepte que les personnes pour lesquelles son enseignement peut être utile. J’avais l’impression que les mérites de cette femme n’avaient d’égal que l’éloquence généreuse avec laquelle la comtesse raconta son histoire.
(…)
Je ne saurais ni décrire le charme de ses paroles ni celui de son attitude, mais je ressentais profondément la grande valeur de cette femme. Elle déjeuna avec nous alors que d’habitude elle ne prend qu’une tasse de chocolat ou de bouillon pour ensuite lire et écrire pendant que les autres déjeunent. La comtesse elle-même reste dans l’entourage des enfants sept heures par jour ; ceux-ci apprennent à connaître les nations et leur langue avec des maîtres venus de ces pays, parlent anglais avec l’Anglais, italien avec l’Italien, bientôt ce sera le tour d’un Allemand ; un peintre leur parle de son art et leur apprend à dessiner.
(…)
Elle n’aime point Voltaire, Diderot et Helvétius et n’arrive pas à pardonner au grand esprit de ces hommes qui tous, chacun à sa manière, ont affaibli le respect de la religion et donc la motivation d’être vertueux et honnête, au point qu’il faille maintenant redoubler d’efforts pour actionner les bons ressorts de l’âme. Elle disait tout cela avec la chaleur des meilleures intentions pour le bonheur des hommes. Ses yeux magnifiques et tout son visage se paraient alors d’un éclat semblable au reflet d’une douce flamme. Je n’oublierai jamais l’impression qu’ont produite sur moi sa personne et cette belle alliance de vivacité et d’activité avec une douce et calme présence.
(…)
Je félicitai la digne mère de Madame de Genlis pour sa fille et lui dit mon admiration pour les nombreuses occupations de cette chère femme. Mais elle me répondit que sa fille ne se donnait pas autant de peine qu’on aurait pu le croire, car elle avait non seulement un esprit rapide mais, depuis sa douzième année, notait tout ce qui lui paraissait remarquable dans ses lectures et ses conversations. (…) Lorsqu’elle me promit que je recevrai l’un de ses jolis travaux, je la remerciai en la priant d’y ajouter sa silhouette découpée qui compenserait un peu la distance qui me séparerait d’elle. Sa mère, voyant mon admiration affectueuse envers sa fille, pensa au portrait de la comtesse, gravé en Angleterre, qui était dans sa chambre et eut la bonté de me l’offrir. (…) C’est une gravure noire, haute de dix pouces environ, ovale ; la comtesse vêtue d’une robe anglaise ajustée et d’un chapeau de paille est assise à son bureau, la plume à la main ; un rouleau de papier devant elle porte le titre
« Annales de la vertu » ; un autre est déroulé et est intitulé « Théâtre d’éducation » ; un globe terrestre orne le bureau ; l’inscription Stéphanie Félicité Ducrest Comtesse de Genlis, Gouvernante des enfants de Monsieur le Duc de Chartres est suivie de ces vers :

Vertus, grâce, talents, esprit juste, enchanteur,
Elle a tout ce qu’il faut pour embellir la vie,
C’est le charme des yeux, de l’oreille, du cœur,
Et le désespoir de l’envie. »

Extrait du Journal d’un voyage à travers la France, 1785, par Sophie von La Roche, traduit par Michel Lung, Thomas Dunskus et Anne Lung-Faivre,  (1787)

Madame de Genlis by Lemoine.jpg
Portait de Félicité par Lemoine

Le 18 novembre 1785

A la mort de son père, Louis-Philippe, duc de Chartres, hérite du titre de duc d’Orléans.

Le duc d’Orléans par Antoine Callet

L’éducation des Princes au XVIIIe siècle,
L’exemple de Madame de Genlis
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles – passion )

Félicitée de Genils

Dotés à leur naissance d’une titulature, les jeunes Princes sont immédiatement soumis à une stratégie de différenciation qui les intègre dans un ordre familial, social, un ordre qui est également politique puisqu’ils assurent la continuité de l’Etat Royal.
Princes et princesses se situent aux confins de plusieurs catégories : élite sociale, élite politique ou nobiliaire, jeunesse. Sexe, aînesse et position dans la parenté les marquent précocement en leur attribuant une place particulière tant dans l’espace que dans la continuité familiale.

Maquette d’une machine à manège pour lever l’eau

Au palais, ils vivent dans un espace réservé, séparés de la cour. Ils sont entourés d’adultes qui ne sont pas leurs parents. Ils ne voient leurs parents que dans des temps et des espaces limités, souvent en public. Leur enfance est nettement cloisonnée entre le temps des femmes, gouvernantes et nourrices puis après que les garçons aient atteint leurs sept ans, le temps des hommes, gouverneurs et précepteurs.

Leur éducation est une affaire d’Etat étant donnée la nécessité de la transmission politique, ce qui clôt en un mot bien rapide la question de la fracture intergénérationnelle.

A l’âge de sept ans, la séparation est d’abord physique : les garçons changent de lieu d’éducation, de l’Aile des Princes vers leur appartement d’éducation.

Livre sur les vices et les vertus

Cette séparation hautement symbolique correspond à un changement de personnel : le «passage aux hommes». Les princes sont placés entre les mains d’une équipe d’une quinzaine d’hommes portant soutanes et habits de cour.

Les pères choisissent le personnel éducatif qui encadre l’enfant de jour comme de nuit pendant plus d’une dizaine d’années. L’enfant n’est jamais laissé seul. Il vit avec ce personnel dirigé par son gouverneur à qui le père a délégué son pouvoir paternel et d’éducation. Il passe plus de cinq heures par jour à étudier, à quoi s’ajoutent les charges de représentation curiale. Il est aidé, conseillé et soutenu en public tandis qu’il est morigéné en privé.

Epée de cour pour un enfant

Le passage aux hommes est donc une étape dans la vie d’un garçon. Il fait naître le sentiment d’isolement nécessaire de l’adulte face au pouvoir.

Grâce à sa position dans la société, la Comtesse de Genlis est présentée à la Cour, deux ans après son mariage. En 1770, elle espérait entrer dans la maison de la future comtesse de Provence. Les Brûlart, refusant de s’abaisser à en faire la demande à la comtesse du Barry, ainsi qu’il en était de rigueur à l’époque, Félicité doit se rabattre sur la Maison d’Orléans.

Globe terrestre à mouvement d’horlogerie

La comtesse de Genlis se charge également de l’éducation des enfants d’Orléans et notamment de celle du futur Roi des Français, qu’elle élève avec l’idée d’en faire un nouveau Saint Louis.

Dès la naissance de Louis-Philippe en 1773, elle propose au duc de Chartres divers gouverneurs possibles, mais, celui-ci les ayant tous rejetés, elle propose d’éduquer les enfants elle-même. Cette proposition est acceptée.

Maquette de machine à vapeur

La charge est délicate étant donné que vers l’âge de sept ans, l’usage était que les princes «passent aux hommes» pour être confiés aux soins d’un gouverneur assisté d’un sous-gouverneur. Félicité de Genlis n’est pas nommée gouverneur.

De cette manière, elle peut diriger l’éducation de Louis-Philippe jusqu’au moment où elle en est officiellement chargée. En attendant, il est convenu avec la duchesse de Chartres qu’elle prendra en main l’éducation des deux jumelles nées en 1777 et que, pour ce faire, elle s’installera avec elles dans un couvent.

Maquette d’un atelier de cloutier

En fait, elle va s’établir dans un petit bâtiment appelé Pavillon de Chartres spécialement construit sur un terrain dépendant du couvent des dames chanoinesses du Saint-Sépulcre au Faubourg Saint-Germain.

De 1789 à 1791

Madame de Genlis tient un salon, que fréquente le duc d’Orléans, et où se retrouvent Talleyrand, David (1748-1825) et de jeunes députés de la Constituante comme Lameth (1760-1829), Barère (1755-1841)ou Barnave (1761-1793) .

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

Image des Années Lumière (1989) de Robert Enrico
Son mari, Philippe d’Orléans est incarné par Jean-Claude Dreyfus dans L’Anglaise et le Duc  d’Eric Rohmer (2001)
Jean-Claude Dreyfus dans L’Anglaise et le Duc  d’Eric Rohmer (2001)

En 1791

Sous l’influence de sa gouvernante, Louis-Philippe entre au club des Jacobins et soutient notamment la formation de la Constitution civile du clergé. 

La leçon de Harpe de sa fille Louise-Marie-Adélaïde par Théodore Giroust (1791)

Rivale de la duchesse d’Orléans dans le cœur des enfants, celle-ci la renvoie. Le duc prive donc son épouse de ses enfants.

Le 20 juin 1791

Évasion de la famille royale.

Le 21 juin 1791

Le Roi et la famille royale sont arrêtés à Varennes.

Chez l’épicier Sauce à Varennes, par Prieur

Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.

Le Roi est suspendu.

Le 28 juin 1791

Le duc d’Orléans, effrayé par la tournure des événements, renonce à tout projet de régence.

Philippe Egalité

Le 25 juillet 1792

Philippe-Egalité se sépare officiellement de son épouse, Marie-Adélaïde.

Le 10 août 1792

Sac des Tuileries.

Le Roi est suspendu de ses fonctions.

Le 13 août 1792

La famille royale est transférée au Temple avec la princesse de Lamballe et madame de Tourzel et sa fille, après avoir été logée temporairement aux Feuillants.

La Tour du Temple

Le 3 septembre 1792

Massacres de septembre … La princesse de Lamballe est assassinée.

Massacre de la princesse de Lamballe

Le 15 septembre 1792

Élu à la Convention nationale par le département de la Seine, Philippe d’Orléans siège avec les Cordeliers, au milieu de la Montagne, sous le nom de Philippe Égalité.

Philippe-Egalité

Talleyrand s’est plu à nous apprendre qu’afin de mettre un point final à l’éducation du jeune Louis-Philippe, quand il eût dix-sept ans, Mme de Genlis lui enseigne … ce que seule une femme pouvait enseigner ! A quarante-trois ans, Félicité était encore très désirable . Là où le père avait passé, pourquoi pas le fils ? écrit Michel de Decker dans La duchesse d’Orléans

Le 21 septembre 1792

Abolition de la royauté.

Louis-Philippe (1792)

Le futur Louis-Philippe écrira à sa mère :

« Dès notre plus tendre enfance, on nous avait empli la tête de toutes ces idées fausses sur lesquelles repose la Révolution. On s’était efforcé de nous ôter le sentiment de ce que nous sommes et je puis vous dire qu’on craignait que vous nous le communiquiez . Ces idées fausses ont certainement fort contribué à vous séparer de la famille et ont été la cause de ce que je regretterai toute ma vie et dont je préférerais ne pas me souvenir, et dont vous m’avez défendu, chère maman, de vous parler. J’ai reconnu trop tard leur fausseté. Mais enfin, je l’ai reconnue et j’ai vu que j’étais dans une mauvaise route et que vous seule, dans ma famille, aviez bien jugé la Révolution.»

Le 11 décembre 1792

Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois. Il est autorisé à choisir un avocat. Il demandera l’aide de Tronchet, de De Sèze et de Target. Celui-ci refusera. M. de Malesherbes (1721-1794) se portera volontaire.

Du 16 au 18 janvier 1793

La Convention vote la mort du Roi. Philippe Égalité est l’un de ceux qui ont donné leur voix pour la peine capitale.

Le vote d’Orléans dans Marie-Antoinette (1938) de Van Dyke

Le rôle de Philippe-Égalité dans la condamnation à mort de Louis XVI scandalise sa famille, le 21 janvier 1793.

En 1793

Pendant la Terreur, Madame de Genlis s’enfuit en Angleterre.

En mars-avril 1793

A Tournai, elle aide Dumouriez (1739-1823), Égalité fils et son gendre le général Valence à comploter contre la République. Résultat : le ministre de la Guerre, le marquis de Beurnonville, et des commissaires venus en pourparlers se font arrêter par Dumouriez. Ils seront échangés fin 1795 avec Madame Royale.

Le 16 octobre 1793

Exécution de Marie-Antoinette sur la place de la révolution.

Le 31 octobre 1793

Le marquis de Sillery, son mari, est guillotiné , au nombre des vingt-et-un collègues grondins.

Le 6 novembre 1793

C’est Philippe Egalité qui monte à l’échafaud.

Image de L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac

En 1799

Vivant alors à Berlin, âgée de cinquante-trois ans, frappée par « le joli visage et la noblesse de sa tournure », Félicitée prend un enfant à la famille de sa logeuse, lui fait changer de religion et de prénom, afin qu’il porte celui de son fils mort, et l’élève à sa façon à Paris, ainsi qu’elle l’écrit elle-même :

« Je demandai cet enfant à sa mère, en lui déclarant que je l’élèverais dans la religion catholique ; elle y consentit sans résistance, elle parut même charmée de me le donner, je le pris avec moi, et je l’appelai Casimir, du nom de mon fils que j’avais perdu. »

Bannie de Prusse par le Roi Frédéric-Guillaume II pendant son émigration ( « Je n’exclurai jamais Mme de Genlis de ma bibliothèque, mais ne la souffrirai pas dans mes États  » ), elle se fendit d’une épigramme vengeresse au moment de passer la frontière et de signer l’engagement de ne plus revenir dans le pays :

« Malgré mon goût pour les voyages
Je promets avec grand plaisir
D’éviter, et même de fuir
Ce Royaume dont les usages
N’invitent pas à revenir
»

En 1801

 Bonaparte l’autorise à rentrer en France, l’utilise comme espionne. Elle tient salon à titre de bibliothécaire de l’Arsenal ( 6000 livres de pension ) . En revanche, Bonaparte n’admirera jamais Germaine de Staël (1766-1817), qui fut considérée, sa vie durant, comme la rivale de Madame de Genlis ;   en fait, il la détestait.

Madame de Genlis

La cour de Napoléon Ier connaît sa part de novices au niveau de l’Étiquette et des bonnes manières. C’est Madame de Genlis qui sert de conseillère à l’Empereur. Celui-ci apprécie beaucoup ses services car elle passe pour la grande spécialiste dans ce domaine.

Ce en quoi elle semble d’accord puisqu’elle fait cet autoportrait éloquent :

«Vertus, grâces, talents, esprit juste, enchanteur,
Elle a tout ce qu’il faut pour embellir la vie.
C’est le charme des yeux, de l’oreille et du cœur
Et le désespoir de l’envie .»

En 1827

Madame de Genlis se retire, dans une pension de famille, faubourg du Roule, tenue par Madame Afforty, belle-mère du jurisconsulte et abolitionniste François-André Isambert (1792-1857).

Avant de rendre l’âme, Madame de Genlis a la satisfaction de voir son dernier élève, Louis-Philippe d’Orléans, accéder à la royauté.

Victor Hugo (1802-1885) rapporte les confidences que le Roi lui avait faites sur Madame de Genlis.  Celle-ci, raconte-t-il également, se plaignait de « la ladrerie du roi » et confia :

« Il était prince, j’en ai fait un homme ; il était lourd, j’en ai fait un homme habile ; il était ennuyeux, j’en ai fait un homme amusant ; il était poltron, j’en ai fait un homme brave ; il était ladre, je n’ai pu en faire un homme généreux. Libéral, tant qu’on voudra ; généreux, non. »

 Le 31 décembre 1830

Félicitée de Genlis meurt à Paris, faubourg du Roule, dans une pension de famille où elle s’était retirée depuis 1827.

Dans ses mémoires, Madame de Genlis continue dans la même tonalité:

« Il est une louange que je puis me donner, parce que je suis sûre que je la mérite ; c’est que j’ai toujours eu l’esprit parfaitement juste, et par conséquent un grand fonds de raison ; et cependant j’ai fait mille étourderies, mille actions déraisonnables, et personne au monde n’a moins réfléchi que moi sur sa conduite, ses intérêts et sur l’avenir : en même temps, qui que ce soit aussi n’a autant réfléchi sur tout ce qui ne lui était pas personnel, sur ses lectures, sur les hommes en général, sur le monde, et enfin sur des chimères.»

Le 

Elle est inhumée au cimetières du Mont-Valérien à Suresnes.

Lors de son enterrement, le doyen de la Faculté des Lettres de Paris déclare:

« Pour honorer et célébrer dignement la mémoire de Madame de Genlis, ce seul mot doit suffire : son plus bel éloge est sur le trône de France !»

Le 

Ses restes sont transférés, , dans la 24e division du cimetière du Père-Lachaise.

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