
Claude de Noailles par Benjamin Warlop
Le vendredi 4 mars 1729
Naissance d’Anne-Claude-Louise d’Arpajon à Arpajon, en Île-de-France.
Elle est la fille de Louis d’Arpajon, marquis de Châtres, secrétaire du Roi ( en 1720), chevalier de Saint-Louis, chevalier de la Toison d’Or de la branche espagnole (1667-1736) et d’Anne-Charlotte Le Bas de Montargis (1697-1767).
Le 27 novembre 1741
Claude d’Arpajon épouse Philippe de Noailles ( 1715-1794 ) et devient princesse de Poix.

Claude d’Arpajon
![“The evening before, on leaving the Luxembourg, [the duc de Mouchy] said to those who regarded him with interest: ‘At seventeen I went up to the assault for my king; at seventy-eight I go to the scaffold for my God; my friends, I am not...](https://66.media.tumblr.com/e817117210f436901c023e542aca4d1a/tumblr_oiwfuwRXWf1qatfdco1_500.jpg)
Le duc de Mouchy
Puis son mari reçoit de son père la grandesse d’Espagne et la terre de Mouchy le Chatel est érigée en duché .
En 1745
Naissance de sa première fille Louise Henriette Charlotte Philippine de Noailles (1745-1832), future duchesse de Duras, qui sera Dame du Palais des Reines Marie Lezczynska et Marie-Antoinette.
En 1747
Naissance et mort de son fils Charles Adrien de Noailles, prince de Poix.
Son mari reçoit grandesse par le Roi d’Espagne, faisant d’elle, pendant un demi siècle, la duchesse de Mouchy.

En 1748
Naissance de son fils, Louis Philippe de Noailles (1748-1750), prince de Poix.
En 1750
Décès de son fils, Louis Philippe de Noailles (1748-1750), prince de Poix.
Naissance de son fils Daniel François Marie de Noailles (1750-1752), marquis de Noailles puis prince de Poix.
En 1752
Décès de son fils Daniel François Marie de Noailles (1750-1752), marquis de Noailles puis prince de Poix.
Naissance de son fils Philippe Louis Marc Antoine de Noailles (1752-1819 ), prince-duc de Poix et duc de Mouchy.
Le 17 avril 1756
Naissance de son fils Louis Marc Antoine de Noailles ( 1756-1804 ), vicomte de Noailles.
En 1766
Anne-Claude est nommée Dame d’honneur de Marie Lesczsyńska (1703-1768), charge qui lui donne droit à un appartement de fonction assez grand.
L’Appartement de «Madame l’Étiquette»
( texte et illustrations de Christophe Duarte ; Versailles passion )
Elle est hébergée dans l’Aile du Nord, près de la Chapelle, situé au rez-de-chaussée de l’Aile du Nord dans l’aile appelée le « gros pavillon ».
Situation de l’Appartement au rez-de-chaussée de l’Aile du Nord
Cet appartement se compose d’un Cabinet et derrière une garde robe à armoire, d’une chambre à coucher avec deux cabinets d’alcôve et un corridor à armoires à habits, d’une seconde antichambre servant de salle-à-manger et une première antichambre sur le corridor public, d’un salon de compagnie avec les bains derrière.
Derrière le cabinet de toilette, un escalier d’entresol emmène au-dessus de ces pièces. Trois grandes chambres, plusieurs garde robes à chaise, une chambre de femme-de-chambre et une grande garde robe à habits le compose.
Plan de l’Appartement au rez-de-chaussée


Hélène Vincent incarne Madame l’Étiquette
dans le téléfilm Marie-Antoinette de Caroline Huppert (1988)


Plan des entresols


La commode dite «de Madame Adélaïde» à Versailles, œuvre de Gilles Joubert
« Le 11 janvier 1755 est livré par Joubert ébéniste pour servir à Madame Adélaïde à Versailles, une commode vernis Martin fond blanc à fleurs et filets rouges et dessus de marbre sérancolin faites en armoire à deux battants, fermant à clef, ornée d’une entrée de serrure et de chaussons en griffe de lion de cuivre ciselé et argenté, longue de 3 pieds et demi sur 19 pouces de profondeur et 30 pouces de haut».
Mais la commode arrivant à Versailles n’est pas dirigée sur l’Appartement de Madame Adélaïde. Son nom est barré sur le registre et remplacé par «Garde-Meuble». Elle est donc envoyée pour une raison inconnue au garde-meuble de Versailles.
Plus tard, nous la retrouvons aux inventaires du mobilier de Versailles avec l’indication «sans numéro», placée chez Madame de Boucheman, mère du concierge du château. Elle est ainsi décrite : «Sans n°, Madame Boucheman mère, une commode peinte en jaune bouquets de fleurs en rouge ouvrant à deux vantaux, sabots griffe de lion en cuivre argenté, 3 pieds et demi de large».
Elle est placée par la suite chez la comtesse de Noailles.

Vers 1767
La principauté de Poix et la grandesse passent à leur fils, afin qu’à son mariage, sa femme (Anne de Beauvau) puisse avoir le tabouret (en tant que Grande d’Espagne, elle a rang de duchesse).
Durant l’automne 1767
Un rhume négligé donne à Marie Leszczyńska de fréquents accès de fièvre qui l’affaiblissent rapidement. Son état devient préoccupant. Le Roi revient à son chevet, suivant les progrès des langueurs et de la tuberculose.
Dernier réveillon de Marie Leszczyńska : Une coutume s’était instaurée dans la famille royale : chaque 31 décembre à minuit, Louis XV et son épouse, assis de part et d’autre de la pendule astronomique de Passemant, assistent au changement d’année entourés de leurs enfants et petits-enfants …
Mi-juin 1768
Marie Leszczyńska montre une fatigue de vivre à laquelle le docteur Lassonne ne trouve pas de remède… elle n’a pourtant que soixante-quatre ans …
Le 24 juin 1768
A dix heures du soir
Mort de la Reine Marie Leszczyńska dans la chambre de son appartement de Versailles, au milieu des siens. Elle est la dernière Reine de France à mourir avec sa couronne.

Estimée pour ses qualités, elle est nommée deux ans plus tard Dame d’honneur de la nouvelle dauphine Marie-Antoinette. Ce sera le rôle de sa vie !

Madame de Noailles dans Marie-Antoinette à Versailles (1979) de Blue Peter

Elle part pour la frontière, avec l’ensemble de l’entourage français, à la rencontre de la future souveraine âgée de quatorze ans, qui pose pour la première fois le pied sur le sol Français le 7 mai 1770.

Le 6 mai 1770
Le cortège de Marie-Antoinette atteint l’abbaye de Schütter près de Kehl puis traverse la Forêt-Noire et parvient sans encombre, l’étape est courte, jusqu’au moutier. Monsieur le comte de Noailles, ambassadeur extraordinaire, vient saluer Madame la Dauphine.

Philippe de Noailles
Le cortège arrive à Schuttern où Marie-Antoinette passe la dernière nuit sur les terres allemandes. Des feux de canon et le carillon saluent les nouveaux venus. Le peuple se place le long du mur de cloître et acclame. La fête trouve son point culminant dans un feu d’artifice pompeux.

Le 7 mai 1770
Un carrosse, couronné de bouquets de fleurs d’or, s’arrête aux premières maisons de Strasbourg. Monsieur d’Autigny, chef du magistral, s’avance et commence une harangue en allemand. Marie-Antoinette penche la tête de la portière et gracieusement l’interrompt :
« Ne parlez point allemand, messieurs, à dater d’aujourd’hui, je n’entends d’autre langue que le français.»
Marie-Antoinette
Dès les premiers pas de la princesse sur la terre de France, son seul sourire attire et séduit. Sa marche aérienne, Son port d’Archiduchesse, l’attitude un peu fière de Sa tête et de ses épaules imposent. Un teint «mêlé, de bien à la lettre, de lis et de roses…»
Marie-Antoinette a l’effet d’un bouquet des fleurs de champs.
«C’est une odeur de printemps !» s’exclame Burke.

Le spectacle strasbourgeois est aussi frais que le sourire de la petite Dauphine. Des enfants déguisés en bergers et bergères Lui offrent des bouquets, des jeunes filles jettent des fleurs sous les pas des chevaux et des garçonnets costumés en cent-suisses font la haie.
On Lui présente le cardinal de Rohan, les comtes formant le conseil de la cathédrale, les députés, succèdent trente-six dames de la noblesse d’Alsace aux mines graves et sévères.

Marie-Antoinette, comme on L’appelle désormais, est «remise» à la France sur un îlot du Rhin, considéré comme une frontière symbolique.
La princesse quitte Sa robe de voyage «en gros de Tours» et revêt une «robe et un jupon d’étoffe d’or».
« Elle (la Dauphine) passa ensuite dans le salon commun, suivie de toute sa cour allemande. On y avait dressé une espèce de trône surmondé d’un dais ; une grande table était placée au milieu de la salle, de l’autre côté se trouvaient M. de Noailles et M.M. Bouret et Gérard » nous dit le compte-rendu officiel.»


La rencontre de la Dauphine dans Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
Madame de Noailles part à la rencontre de Marie-Antoinette à la frontière avec l’ensemble de l’entourage français à l’arrivée de la Dauphine en France.
Madame de Noailles est incarnée par Judy Davis dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola ( 2006)
Arrivée de la Dauphine dans Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert:
La comtesse de Noailles recueille Marie-Antoinette à Son arrivée à Strasbourg. Elle sera Sa dame d’honneur jusqu’en 1775. Elle a la responsabilité de veiller à ce que la Dauphine à Versailles respecte bien les us et coutumes de la cour de Versailles.
Très attachée au protocole, elle ne parvient, pourtant, pas à instruire la Dauphine de ses fonctions représentatives, et protectrices à l’égard des importuns.

Plan de la structure construite pour la remise ou cérémonie de remise de Marie-Antoinette. La structure est conçue avec deux salles autrichiennes et françaises égales de chaque côté du salon de remise.[crédit: Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]
Le discours de Noailles pendant la remise :
« La commission honorable que le Roi mon maître a bien voulu me confier met le comble à la reconnaissance que je dois à ses bontés. Il ne manque à mon bonheur que de pouvoir peindre fidèlement à Madame la Dauphine les sentiments de Sa Majesté et tout son empressement de la voir partager bientôt sa tendresse avec la famille royale. La nation dont je suis également l’interprète soupirait après l’instant heureux qui annonce à deux grands empires la perpétuité de leur bonheur en garantissant aux deux plus anciennes maisons de l’univers la durée des nœuds qui les unissent. Que ne devons-nous pas espérer d’une princesse élevée aux vertus par une auguste mère, la gloire de son sexe, et le modèle des rois ? Formée par de si grands exemples, Madame la Dauphine trouvera dans la félicité dont elle jouira l’heureux gage de celle qu’elle promet à la France. »

Après lecture et signature des actes de remise et de réception
« Le commissaire impérial (le prince de Starhemberg) donna la main à Madame la Dauphine pour la conduire du côté de la table où M. le comte de Noailles se tenait. Le commissaire plénipotentiaire du Roi prit alors la main de cette princesse pour la conduire vers la Cour française qui dans ce moment sortit du Cabinet français où elle s’était tenue jusqu’alors, et entra dans la salle de remise. M. le comte de Noailles présenta à Madame la Dauphine le comte de Saulx-Tavannes son chevalier d’honneur, la comtesse de Noailles sa première dame d’honneur, et celle-ci lui présenta le reste de sa maison et de l’accompagnement. Dès ce moment les fonctions des personnes attachées à Madame la Dauphine commencèrent.»
Après le discours, Noailles tend la main à Marie-Antoinette qui dépasse la table, symbolisant la frontière, et se trouve en face de Sa nouvelle suite française apparaissant juste au moment où la suite autrichienne cède la place.
Elle fait la connaissance de Sa nouvelle suite composée du comte de Saulx-Tavannes, chevalier d’honneur de la Dauphine, du marquis de Granges, maître des cérémonies, du comte de Tessé, premier écuyer, du chevalier de Saint-Sauveur, commandant des gardes du corps de la Dauphine, du maréchal de Contades, commandant de la province, du marquis de Vogüé, commandant en second.

Anne de Noailles
Suivent les dames désignées pour accompagner la princesse, la comtesse de Noailles (1729-1794) qui sera Sa dame d’honneur jusque 1775 et qu’Elle surnommera très vite «Madame l’Étiquette», les duchesses de Villars et de Picquigny, la marquise de Duras, les comtesses de Mailly et de Saulx-Tavannes qui avaient toutes fait partie de la maison de feue la Reine Marie Leszczynska.
Après les présentations, Madame la Dauphine monte dans le carrosse du Roi pour entrer dans la ville ; les régiments de cavalerie du Commissaire général, ayant à leur tête le marquis de Vogüé, ont l’honneur de La saluer. Son entrée dans la ville est annoncée par une triple décharge de toute l’artillerie des remparts, et par le son des cloches de toutes les églises. Le maréchal de Contades se trouve à la porte de la ville à la tête de l’état-major de la place, qui a l’honneur de saluer la Dauphine. Marie-Antoinette traverse toute la ville au milieu des régiments d’infanterie de la garnison, qui bordent la haie : en passant devant l’hôtel-de-ville, elle voit couler les fontaines de vin que le magistrat fait distribuer au peuple.
Gisèle Touret incarne Madame de Noailles
dans la série télévisée Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc :
En principe, la suite autrichienne de la Dauphine aurait dû se retirer après la remise. Mais contrairement à la coutume observée lors des mariages princiers, deux des personnes qui L’ont accompagnée depuis Vienne La suivront à Versailles : Starhemberg qui a été invité aux fêtes du mariage, et l’abbé de Vermond.
Marie-Antoinette se rend au palais épiscopal où elle met pied à terre. Le cardinal Armand Gaston de Rohan, à la tête des comtes de la cathédrale, a l’honneur de La recevoir et de La complimenter ; tous les corps sont ensuite admis à l’honneur de Lui être présenter. Madame la Dauphine, après avoir diné à son grand couvert, permet au magistrat de Lui présenter les vins de ville ; cette cérémonie et terminée par une fête de Bacchus. Elle se rend ensuite, au milieu des cris redoublés de Vive le Roi, à la comédie française. Au retour du spectacle, la Dauphine trouve toutes les rues illuminées par les soins du magistrat.
À minuit, Elle se rend dans la salle de la comédie où le maréchal de Contades donne un bal.

Strasbourg

Théâtre de l’Hymen devant le palais Rohan à l’occasion du mariage de Marie-Antoinette en 1770
Cette dérogation aux usages nous vaut la très intéressante correspondance de Starhemberg avec Marie-Thérèse.
Le 8 mai 1770
Après la messe, la Dauphine revient dîner à son grand couvert au Palais épiscopal, d’où Elle part à quatre heures pour se rendre à Saverne. La distance est courte de Strasbourg à Saverne où la Dauphine parvient dès sept heures du soir.

Saverne
Dans l’avenue du château qui sert de résidence aux cardinaux de Rohan, un bataillon du régiment Dauphin, commandé par le duc de Saint-Mégrin, et un détachement du régiment Royal-Cavalerie, commandé par le marquis de Sérent, forment une double haie dans l’avenue. Un bal est aussitôt donné en Son honneur; elle éprouve si peu de fatigue qu’Elle danse jusqu’au moment de l’inévitable feu d’artifice : il est neuf heures. A l’extrémité d’une longue allée dont tous les arbres s’illuminent à droite et à gauche, se dresse un arc de triomphe portant en larges traits de feu les armes de France, de Lorraine et d’Autriche. Elle soupe, environnée de toute Sa Cour, et, pour cette dernière soirée, les dames autrichiennes sont admises à Sa table, en même temps que le cardinal de Rohan offre un festin de deux cents couverts.
Le 9 mai 1770
Le lendemain, Elle entend la messe, déjeune, fait Ses adieux aux fidèles Autrichiens qui L’ont suivie le plus longtemps possible et doivent reprendre aussitôt la route de Vienne. Toutefois Stahremberg, bien que remplacé dans sa mission par Noailles, et autorisé à raccompagner jusqu’à Versailles; Mercy se trouve également du cortège, et il reste ainsi à la princesse deux visages presque familiers.
Elle parcourt tout l’est de la France, par Nancy et Lunéville, Commercy, Châlons, Reims et Soissons.

Nancy
Elle s’arrête à Nancy, ex-capitale du Duché de Lorraine devenue française depuis seulement quatre années. La nuit tombe lorsque, parvenant à Nancy, Elle est reçue à la porte Saint-Nicolas, toute brillante de lumières, par le marquis de Choiseul-la-Baume, commandant en Lorraine, entouré de son état-major, et par le corps municipal, tandis que les grenadiers de France, les dragons de Schomberg, les régiments d’Orléans et Chartres-Cavalerie La saluent au passage. Des fenêtres de l’hôtel du gouvernement, Elle peut encore contempler des illuminations.

Le couvent des Cordeliers à Nancy
Elle se recueille en l’église des cordeliers, devant les tombeaux de Ses ancêtres paternels, les ducs de Lorraine et de Bar.


L’Arrivée de Marie-Antoinette par John Varley
Le 10 mai 1770
Le cortège de Marie-Antoinette fait halte à Bar-le-Duc.

Le palais de Justice de Bar-le-Duc
A Bar-le-Duc, où Elle n’arrive qu’à dix heures et demie du soir, aux sons de la musique de la Légion royale commandée par le comte de Coigny, Elle ne manifeste ni lassitude, ni ennui lorsqu’il Lui faut recevoir de nouveaux hommages et de nouvelles députations, admirer un feu d’artifice encore et des illuminations dont le principal motif représente le triomphe de l’amour conjugal avec le temple de Vénus, dessiné sur un transparent lumineux, qui doit vraisemblablement, pour la circonstance, s’adjoindre un autel de la fidélité.
Le 11 mai 1770
Peu d’heures sont consacrées au repos, car Elle repart à neuf heures du matin, après avoir déjà entendu la messe, reçu quelques compliments et présidé une distribution de pain aux pauvres de la ville.

Le cortège fait étape à Châlons-sur-Marne (aujourd’hui Châlons-en-Champagne). Sur les limites de la Champagne, un peu avant Saint-Dizier, Elle rencontre l’intendant de cette province, Rouillé d’Orfeuil, qui se joint au cortège et La reçoit dans son hôtel à Châlons, alors que deux escadrons du régiment Royal-Dragons et un détachement des gardes du corps du Roi rendent les honneurs. Le marquis de Chauvelin, maître de la garde-robe, L’attend dans cette ville.

Pour célébrer le passage de la Dauphine, on édifie une porte monumentale à Elle dédiée, la Porte Dauphine, aussi appelée la Porte Sainte-Croix.

La préfecture de la Marne, l’hôtel des Intendants Marie-Antoinette y passe la nuit du 11 mai 1770.
Entre autres hommages, Elle reçoit ceux de six jeunes filles pauvres, dotées à cette occasion par le corps municipal, qui, sur le point elles aussi de contracter mariage, Lui adressent un compliment avec ces derniers vers pleins de promesses et aussi d’encouragement :
Nous donnerons des sujets à la France
Et vous lui donnerez des Rois.
Puis se déroule un programme exactement semblable à celui des jours précédents, complété par un spectacle composé d’un divertissement, La partie de chasse de Henri IV, et d’une comédie, Lucile.
Le 12 mai 1770
La caravane arrive à Soissons où Marie-Antoinette séjourne quarante-huit heures.

Soissons
Marie-Antoinette descend au palais épiscopal. Arcs de triomphe, fleurs, guirlandes, couronnes, devises, concerts, feux d’artifice, illuminations, rien n’e fu’est épargné pour Lui faire une réception des plus brillantes. On a dressé deux arcs de triomphe richement décorés : l’un en dehors de la porte de Reims, l’autre au carrefour de Panleu. Depuis ce dernier jusqu’au palais épiscopal, chaque côté de la rue est orné d’un cordon d’illumination en verres de couleurs, et au-dessus d’un cordon de fleurs et de deux rangs de guirlandes de feuillages entrelacés de nœuds et de couronnes de gaze d’or et d’argent, portant un grand nombre de devises et d’emblèmes. La première journée est consacrée à des actes de dévotion. Le duc de Gesvres, gouverneur de la province, Lui présente, de la part du Roi et du Dauphin, les cadeaux de noces et la riche toilette avec laquelle la fille de Marie-Thérèse doit paraître devant les figures fardées de la Cour de Louis XV.
« Histoire de la ville de Soissons », Jean Leroux

Palais épiscopal et abbaye Saint-Vincent de Soissons par François-Denis Née

Marie-Antoinette par Ducreux

Le feu d’artifice tiré en présence de Madame La Dauphine dans l’archevêché de Soissons,
les 12 et 13 Mai 1770.

Le 14 mai 1770

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux
Après avoir traversé l’est de la France en liesse, Marie-Antoinette rencontre le Dauphin pour la première fois dans la forêt près de Compiègne.
A la fin de la journée, suivi du Dauphin, de Mesdames et de ses principaux officiers, mais laissant à Choiseul la satisfaction de prendre les devants, Louis XV se rend à la rencontre de la Dauphine jusqu’au pont de Berne, sur la lisière de la forêt formée par l’Aisne en face de Rethondes. Les carrosses, partis de Soissons à deux heures, ne se font pas attendre au rendez-vous. Marie-Antoinette met pied à terre, suivie de toute Sa maison.
D’un mouvement spontané, elle précède Choiseul, Stahremberg, le comte et la comtesse de Noailles, pour venir s’agenouiller devant le Roi; Elle est présentée par lui au duc de Berry, lequel Lui fait un discret baiser sur la joue.

Rencontre du Dauphin Louis-Auguste et de l’Archiduchesse Marie-Antoinette,
La Guerre des Trônes, France 5, 2023
Avec Son joli geste d’enfant soumise et aimante, Elle implore protection au milieu des courtisans curieux, Elle s’offrait à Sa nouvelle famille, et il y a autant de confiance que de grâce dans Son abandon : se souvenant de ce qu’Elle a entendu, assurée d’être heureuse puisqu’on célèbre partout Son bonheur, trop jeune aussi pour concevoir des doutes ou des craintes, Elle croit trouver un nouveau père dans le vieux monarque, un époux capable de toutes les attentions et de toutes les délicatesses dans son petit-fils, dans Choiseul enfin un protecteur ou un guide qui ne lui fera jamais défaut. Mais Louis XV, après avoir, en La relevant, fouillé du regard Ses charmes délicats, se préoccupe du souper de la Muette où il compte, dès le lendemain, La mettre en présence de Madame du Barry. Choiseul se demande sans doute si le triomphe de sa politique, précisé par ce mariage, ne va pas être suivi bientôt d’une brutale disgrâce. De son côté, le Dauphin regrette toujours les journées de chasse perdues et demeure incapable du plus léger sourire : il éprouve une visible indifférence auprès de l’épouse cependant bien séduisante qui vient partager son existence.
Le mariage de Marie-Antoinette, de Maurice Boutry

a rencontre entre le Dauphin et sa future épouse a lieu, au pont de Berne, dans la forêt de Compiègne. Le Roi, le Dauphin et la Cour sont là pour accueillir le cortège de Marie-Antoinette.

Louis-Auguste, Dauphin de France
par Louis-Michel Van Loo
« Louis XV fut enchanté de la jeune dauphine ; il n’était question que de ses grâces, de sa vivacité et de la justesse de ses reparties. Elle obtint encore plus de succès auprès de la famille royale, lorsqu’on la vit dépouillée de tout l’éclat des diamants dont elle avait été ornée pendant les premiers jours de son mariage. Vêtue d’une légère robe de gaze ou de taffetas, on la comparait à la Vénus de Médicis, à l’Atalante des jardins de Marly. Les poètes célébrèrent ses charmes, les peintres voulurent rendre ses traits.»
Madame Campan

Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux
Après cette entrevue, le Roi remonte en carrosse pour retourner à Compiègne. Il fait mettre Madame la Dauphine dans le fond auprès de lui, et Monseigneur le Dauphin se place sur le devant : la comtesse de Noailles monte dans le carrosse du Roi. Madame la Dauphine est conduite, en arrivant au château de Compiègne, dans l’appartement qui Lui a été préparé. Le Roi, ainsi que le Dauphin, Lui donne la main jusque dans Son appartement, où le duc d’Orléans, le duc et la duchesse de Chartres, le prince de Condé, le duc et la duchesse de Bourbon, le prince de Conti, le comte et la comtesse de la Marche, le duc de Penthièvre et la princesse de Lamballe sont présentés par Sa Majesté à cette princesse.

Le Château de Compiègne par Jean-Marie Moulin
Ils gagneront ensemble le château de Versailles.
Le 15 mai 1770
La Dauphine quitte Compiègne et s’arrête à Saint-Denis, aux Carmélites, pour rendre visite à Madame Louise. Marie-Antoinette résidera au château de la Muette la veille de Son mariage. L’étiquette interdit à la Dauphine de passer la nuit à Versailles avant Son mariage.

Le cortège arrive à sept heures du soir au château de la Muette, où Marie-Antoinette est présentée au comte de Provence et au comte d’Artois. Elle découvre la magnifique parure de diamants que Lui offre le Roi. Au souper, madame du Barry obtient de Louis XV de s’asseoir à la table de Marie-Antoinette. Marie-Antoinette sait ne pas manquer au Roi ; et, après le souper, comme des indiscrets Lui demandent comment Elle a trouvé madame du Barry : « Charmante, » fait-elle simplement.
«Histoire de Marie-Antoinette », Edmond de Goncourt et Jules de Goncourt
Noémie Lvovsky est la comtesse de Noailles dans Jeanne du Barry de Maïwenn
Le 16 mai 1770
vers neuf heures
Marie-Antoinette, coiffée et habillée en très-grand négligé, part pour Versailles, où doit se faire Sa toilette nuptiale. Le Roi et le Dauphin ont quitté la Muette après le souper, à deux heures du matin, afin de recevoir la Dauphine.
A dix heures du matin

Arrivée de Marie-Antoinette à Versailles


Le cortège de la princesse arrive dans la cour royale du château, devant les haies des gardes françaises et gardes suisses qui présentent les armes à son passage dans un roulement de tambours. On accompagne la princesse jusqu’à un appartement du rez-de-chaussée du corps central, contigu à l’appartement de la Dauphine où habite présentement le Dauphin.

Image de la série Marie-Antoinette (2022) de Pete Travis pour Canal+
Elle est livrée aux mains de Sa dame d’atours, des dames qu’Elle a rencontrées à Strasbourg et aux femmes de chambres qui La vêtent d’un somptueux grand habit à grand panier de brocart blanc brodé d’argent, car en tant que future Dauphine, elle ne peut revêtir du brocart d’or, le manteau royal ou la couronne.

Image de la série Marie-Antoinette (2022) de Pete Travis pour Canal+
Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.
Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)
Lorsque Marie-Antoinette devient Dauphine, Elle devient la première femme de France … rôle qui incombait depuis deux ans sinon officiellement, du moins dans les fastes de la Cour à Madame du Barry (1743-1793)…
Le 19 mai 1770
Un bal paré est donné en l’honneur du mariage royal.
Le mariage vu par Sofia Coppola (2006)
La Dauphine fait la connaissance de la princesse de Lamballe (1749-1792) qui est invitée à la table royale.
« Lorsque ( Madame de Noailles ) fut nommée dame d’honneur, elle me répéta plusieurs fois que le Roi avait exigé qu’elle fut, auprès de Madame la Dauphine, une espèce de gouvernante : elle a été rien moins que cela . Elle avait sans doute d’excellente qualités, mais elle n’eut jamais cette aménité qui gagne la confiance d’une jeune princesse, et ce talent de plaire sans lequel, si l’on instruit parfois, on ne conduit point .»
Jacob Nicolas Moreau , Mes souvenirs
Madame de Noailles gardait le souvenir d’une Reine âgée, sérieuse, dévote, qui n’a que l’Étiquette pour s’imposer de par sa naissance médiocre et son statut de Reine délaissée. Elle se retrouve avec une Archiduchesse qui n’a rien à prouver quant à Son rang et qui n’aspire qu’à son bon plaisir.
Madame de Noailles est incarnée avec brio par Judy Davis dans Marie-Antoinette de Sofia Coppola ( 2006)






La comtesse de Noailles paraît raide et peu chaleureuse face à la Dauphine qui voit en elle une nouvelle gouvernante. Marie-Antoinette, ayant le sentiment de ne pouvoir faire tout ce qu’Elle aurait souhaité, a tôt fait de la surnommer « Madame l’Étiquette ».
Le 5 septembre 1770
« La future première femme de chambre a occasionné un petit mouvement d’aigreur entre Mme la Dauphine et sa dame d’honneur. Mme la Dauphine a trouvé qu’on différait trop longtemps de mettre la survivancière en exercice. Je ne sais qui l’a conseillée, elle a cru avoir le droit de la mettre en possession quoiqu’elle n’eût pas de brevet ni prêté serment. Elle n’en avait pas parlé à Mme de Noailles et lui a fait seulement dire par cette femme de chambre ( madame Thierry ). Mme la Dauphine ne m’en a parlé qu’après avoir donné cette mauvaise commission… J’ai eu à essuyer les plaintes de Mme de Noailles plus piquée qu’elle ne l’a encore été et reparlant plus que jamais de quitter Mme la Dauphine à qui cette menace est revenue, apparemment par Mesdames, a pris son parti à cet égard. Elle ne serait pas fâchée que Mme de Noailles quittât dans un an ou deux, et s’était déjà fait un petit système pour la remplacer… J’ai représenté à Mme la Dauphine … que dans l’état actuel, on lui donnerait sûrement une des dames en faveur. L’ascendant des tantes est plus fort que jamais , je me casserais le nez si je voulais la combattre directement.»
L’abbé de Vermond à Mercy
Madame de Noailles dans Marie-Antoinette à Versailles (1979) de Blue Peter
Le 12 novembre 1770
Grande chasse à laquelle la Dauphine assiste avec Mesdames.
Le 5 mars 1771
L’abbé de Vermond rend compte à Mercy de quelques reproches de conduite que Louis XV a fait faire à la jeune princesse par l’intermédiaire de sa dame d’honneur. Il lui écrit le lendemain,
Le 6 mars 1771
« Après avoir quitté V.E., j’ai trouvé Madame la Dauphine déterminée à parler au Roi sur de que Madame de Noailles lui disait de sa part. On lui avait échauffé la tête ; elle voulait demander si Madame de Noailles serait sa gouvernante et supplier le Roi de lui témoigner directement à elle-même ou au moins par l’organe de ses tantes , ce qui pourrait lui déplaire dans sa conduite : j’ai fort applaudi au projet de parler au Roi, un peu contrarié le reproche de gouvernante, et exclu avec force la médiation comme également contraire à la confiance paternelle et au sentiment ou présention qui pourrait se trouver contre les médiatrices.»
Le 11 août 1771
Sous l’influence de Sa mère et de Ses tuteurs, Marie-Antoinette se prépare à mettre un terme au silence qu’Elle impose à la maîtresse du Roi, lors d’une mise en scène rigoureusement planifiée. Madame du Barry se rend, comme convenu, au cercle de la Dauphine : la Cour au grand complet guette les deux femmes. Mais alors que Marie-Antoinette s’approche de la favorite pour, enfin, lui adresser un mot, Madame Adélaïde, mise dans la confidence par la jeune Dauphine, L’en empêche en s’écriant :
« Il est temps de s’en aller ! Partons, nous irons attendre le Roi chez ma sœur Victoire !»
Coupée dans son élan, Marie-Antoinette lui emboîte le pas, plantant là Madame Du Barry humiliée, au milieu de la Cour témoin de ce terrible affront.
Hélène Vincent est Madame de Noailles dans Marie-Antoinette (1988) de Caroline Huppert
Le 3 novembre 1771
Chasse à courre : après avoir suivi en voiture, Marie-Antoinette monte à cheval. On imagine la colère de Madame de Noailles… car monter à cheval peut nuire à la fécondité… qui est le rôle pour lequel on a marié la jeune Archiduchesse….
Marie-Antoinette par Auguste Brun (1781)
Lorsque la jeune femme, hilare , tombe de Sa monture à l’occasion d’une course d’ânes, Elle propose, par dérision , de faire demander à Sa dame d’honneur la marche à suivre pour une princesse qui se retrouve dans une telle position…
Noailles. Sur une vitre dans la Galerie des Glaces
1772
Le 1er janvier 1772
Alors que la comtesse Du Barry, entourée de la duchesse d’Aiguillon et de la maréchale de Mirepoix, se présente au lever de la Dauphine au milieu d’une foule nombreuse, Marie-Antoinette prononce les paroles tant attendues, quelques mots restés célèbres :
« Il y a bien du monde aujourd’hui à Versailles »
C’est tout.
« Je lui ai parlé une fois, mais je suis bien décidée à en rester là et cette femme n’entendra plus jamais le son de ma voix.»
Elle tiendra parole !
Image de La Guerre des Trônes (2022) de Vanessa Pontet et Eric Le Roux
Le 5 novembre 1772
La Dauphine monte à cheval. Elle est vêtue en grand uniforme de chasse.
Marie-Antoinette, en amazone ou habit de chasse, par l’Autrichien Joseph Krantzinger
Lorsque la jeune femme, hilare , tombe de Sa monture à l’occasion d’une course d’ânes, Elle propose, par dérision , de faire demander à Sa dame d’honneur la marche à suivre pour une princesse qui se retrouve dans une telle position…
Le 11 février 1773
La Dauphine se rend incognito à Paris avec son époux et le comte et la comtesse de Provence au bal masqué de l’Opéra… on imagine bien que la comtesse de Noailles n’a pas été mise au courant de cette escapade!
Le Bal des Ifs, sous Louis XV par François Nicolas Martinet
Le 8 juin 1773
Le Dauphin et la Dauphine font leur entrée officielle à Paris.
L’entrée solennelle à Paris du Dauphin et de la Dauphine
C’est un triomphe populaire!
Cora Witherspoon est la comtesse de Noailles dans Marie-Antoinette de Van Dyke (1938)
Madame de Noailles par Benjamin Warlop
Le 16 octobre 1773
Accident de Pierre Grimpier, vigneron d’Archères, âgé de trente ans et père de trois enfants, lors d’une chasse du Roi : il est grièvement blessé à la cuisse et au corps par un cerf poursuivi par la meute.
La Dauphine et la comtesse de Provence descendent de voiture pour porter assistance à l’homme et sa famille.
La scène va marquer les esprits.
Gisèle Touret incarne Madame de Noailles
dans la série télévisée Marie-Antoinette (1975) de Guy-André Lefranc
Printemps 1774
On assiste, pendant le carnaval, au début de la faveur de la princesse de Lamballe.
Marie-Thérèse de Lamballe
Le 10 mai 1774
Mort de Louis XV.
Louis XV par Montpetit
Le Dauphin devient Roi sous le nom de Louis XVI.
Louis XV à peine mort, les courtisans se ruent vers le nouveau Roi. Le petit-fils du défunt Roi, âgé de 20 ans, est tout de suite effrayé par le poids des responsabilités, plus qu’enivré par son nouveau pouvoir.
La nouvelle Reine Marie-Antoinette soupire :
« Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! »
Les Noailles sont fidèles et savent être de bon conseil dans plusieurs domaines. C’est à leur suggestion que Marie-Antoinette se fait offrir le Petit Trianon par Son époux…
Le 24 mai 1774
Le Roi offre le Petit Trianon à Marie-Antoinette qui souhaite avoir une résidence de campagne où échapper aux contraintes de Son rang. Elle y engage de grands travaux.
Marie Antoinette, devenue Reine de France, écarte la comtesse de Noailles.
Du 17 juin au 1er août 1774
Séjour de la Cour au château de Marly… durant lequel, Marie-Jeanne Bertin (1747-1813) est présentée à la Reine par la duchesse de Chartres (1769-1821), belle-sœur de la princesse de Lamballe…
Mademoiselle Bertin
Très vite, la célèbre Mademoiselle Bertin devient la marchande de Mode attitrée de Marie-Antoinette… on imagine la contrariété de la comtesse de Noailles face à tant de frivolités.
Marie-Antoinette, portrait Au Globe par Gautier-Dagoty, 1775
Les coiffures extravagantes en vogue au début du règne de Marie-Antoinette sont appelées des «poufs», parfois agrémentés de fruits, bibelots, oiseaux. C’est notamment Léonard Autier, coiffeur de la Reine, qui introduit de telles coiffures. L’une d’elles est si haute qu’elle est appelée «monte-au-ciel».
Du 10 octobre au 10 novembre 1774
Séjour de la Cour à Fontainebleau.
Tous les matins, la Reine reçoit une leçon de harpe d’une heure et demi voire deux heures.
Le 2 novembre 1774
Chasse en calèche.
Le 27 novembre 1774
La jeune Reine se promène en traîneau… Le cocher tombe, le cheval s’emballe mais Marie-Antoinette parvient à prendre les rênes et à conduire sans difficulté le traîneau sans dommage.
Le 28 novembre 1774
Malgré les frayeurs que la Cour a pu avoir la veille, Marie-Antoinette repart de plus belle en promenade en traîneau !
Dimanche 11 juin 1775
Louis XVI est sacré à Reims. La cérémonie est présidée par l’archevêque de Reims, Mgr de La Roche-Aymon, celui-là même qui avait baptisé et marié le Dauphin.
Louis XVI à Reims
Pour sa longue et brillante carrière militaire, le duc reçoit la dignité de maréchal de France, aussi sa femme fut-elle appelée sous le règne de Louis XVI la maréchale de Mouchy.
Dans les correspondances, notamment entre Marie-Thérèse et Mercy, ne parle-t-on cependant pas d’elle sous ce nom de Noailles?
Toujours est-il que (ou presque) Marie-Antoinette ne l’appelle que Madame l’Étiquette :
Le 13 juillet 1775
« (…) J’ai bien d’autres projets dans la tête. La maréchale de Mouchy doit quitter, à ce que l’on dit. Je ne sais qui prendra sa place, mais j’ai demandé au roi de profiter de ce changement pour prendre Mme de Lamballe pour surintendante. Jugez de mon bonheur.»
Le 15 septembre 1775
« La comtesse de Noailles a donné sa démission. Le roi m’accorde Mme de Lamballe pour surintendante, Mme de Chimay qui était Dame d’atours, pour Dame d’honneur, et Mme de Mailly, qui était Dame à moi, pour Dame d’atours.»
Le Mercure en septembre 1779 l’appelle la maréchale de Mouchy…
Son époux, Philippe de Noailles (1715-1794), futur duc de Mouchy, militaire distingué, a le rôle d’Ambassadeur extraordinaire, et ses beaux-frères, neveux et fils sont bien en Cour. Ils croient tous en l’importance de la naissance et des grandes familles comme celle à laquelle ils appartiennent.
En 1775, le couple Noailles se retire à Mouchy. Il reste dévoué à la Monarchie sous la révolution.
Le comte de Noailles
Le 5 mai 1789
Ouverture des États-Généraux.
Procession des trois ordres, du Roi et de la Reine qui se rendent dans la Salle des Menus Plaisirs de Versailles.
Y sont réunis tous les protagonistes de la Révolution future…
Jean-François Balmer est Louis XVI dans Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Le 20 juin 1789
Serment du Jeu de paume
Tableau de Jacques-Louis David
Le 11 juillet 1789
Renvoi de Necker
Le 14 juillet 1789
Prise de la Bastille.
Le 15 juillet 1789
Rappel de Necker sous la pression populaire.
La nuit du 4 août 1789
Abolition des privilèges.
La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)
Le 26 août 1789
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Le jeune fils des Noailles, Philippe Louis Marc Antoine, embrasse les idées généreuses du début de la révolution mais doit émigrer.
Louis Marc Antoine de Noailles par A.-L. Dantan
(galerie des Batailles, Versailles)
Le 5 octobre 1789
Marie-Antoinette est au Petit Trianon et le Roi à la chasse lorsqu’on apprend que des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.
La famille royale se replie dans le château…
Le 6 octobre 1789
Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.
La famille royale est ramenée de force à Paris.
Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.
Le 12 juillet 1790
Constitution civile du clergé.
Le 14 juillet 1790
Fête de la Fédération.

Jean-François Balmer et Jane Seymour dans Les Années Lumières de Robert Enrico (1989)
Le 20 février 1791
Départ de Mesdames Adélaïde et Victoire qui partent pour Rome.
Le Roi doit intervenir pour qu’elles soient autorisées à quitter le territoire français.
Le 18 avril 1791
La Famille Royale est empêchée de partir faire Ses Pâques à Saint-Cloud.
Antoine Gouy est Louis XVI dans L’Evasion de Louis XVI d’Arnaud Sélignac (2012)
Les projets d’évasion se concrétisent grâce, en particulier, à l’entremise d’Axel de Fersen.
Michèle Morgan et Richard Todd dans le film de Jean Delannoy ( 1956)
Le 20 juin 1791
Évasion de la famille royale.
Le 21 juin 1791
Le Roi et la Reine sont arrêtés à Varennes.
Chez l’épicier Sauce à Varennes, par Prieur
Le 25 juin 1791
La famille royale rentre à Paris sous escorte.
Le Roi est suspendu.
Le 14 septembre 1791
Le Roi prête serment à la Constitution.

Louis XVI, roi de France en roi citoyen (1791), par Jean-Baptiste-François Carteaux (1751 – 1813)
Le 20 juin 1792
Escalier monumental des Tuileries (avant sa destruction)
La foule envahit les Tuileries pour faire lever le veto.
Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine,
elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.
Le Roi refuse.
Le 10 août 1792
Les Tuileries sont envahies par la foule. On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide de gagner l’Assemblée nationale. Il est accompagné par sa famille, Madame Élisabeth, la princesse de Lamballe, la marquise de Tourzel, ainsi que des ministres, dont Étienne de Joly, et quelques nobles restés fidèles.
Images du film Un peuple et son Roi
Haie formée par les derniers aristocrates défendant les souverains, dont le duc de Mouchy, dans Un Roi et son Peuple.
Traversant le jardin des Tuileries, Louis XVI et sa famille sont conduits jusque dans la loge grillagée du greffier de l’Assemblée nationale (ou loge du logotachygraphe) , où ils restent toute la journée.
Le 10 août 1792, le dernier acte de Louis XVI, Roi des Français, est l’ordre donné aux Suisses «de déposer à l’instant leurs armes».
La position de la Garde devient de plus en plus difficile à tenir, leurs munitions diminuant tandis que les pertes augmentent. La note du Roi est alors exécutée et l’on ordonne aux défenseurs de se désengager. Le Roi sacrifie les Suisses en leur ordonnant de rendre les armes en plein combat.
Image d’Un Peuple et son Roi (2018) de Pierre Schoeller
Des neuf cent cinquante Gardes suisses présents aux Tuileries, environ trois cents sont tués au combat ou massacrés en tentant de se rendre aux attaquants après avoir reçu l’ordre du roi de rendre les armes en plein combat.
Image d’Un Peuple et son Roi (2018) de Pierre Schoeller
Le Roi est suspendu de ses fonctions.
Le duc de Mouchy se trouve aux côtés des Souverains aux Tuileries les 20 juin et 10 août 1792.
Madame de Noailles par Ambrose Charlemagne-Victor Chenetier
Le 13 août 1792
La famille royale est transférée au Temple après avoir été logée temporairement aux Feuillants dans des conditions difficiles. Quatre pièces du couvent leur avaient été assignées pendant trois jours.
Le 3 septembre 1792
Assassinat de la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.
Massacre de la princesse de Lamballe
Massacres dans les prisons.
Le 21 septembre 1792
Abolition de la royauté.
Le 21 janvier 1793
Exécution de Louis XVI qui a pu prendre congé de sa famille la veille et être accompagné à l’échafaud par un prêtre insermenté, l’abbé Edgeworth de Firmont (1745-1807).
Le 10 mars 1793
Formation du Tribunal révolutionnaire.
Le 16 octobre 1793
Exécution de Marie-Antoinette.
Le 10 mai 1794
Exécution de Madame Élisabeth.
En juin 1794
Monsieur de Noailles, duc de Mouchy, est arrêté avec sa femme à Mouchy. Les époux sont transférés au Luxembourg, traduits devant le Tribunal révolutionnaire à la Conciergerie.
Le 26 juin 1794
L’abbé Carrichon, un prêtre qui rend visite au duc et à la duchesse de Mouchy (mieux connue sous le nom de comtesse de Noailles) avant leur exécution témoigne :
En quittant le Luxembourg, [le duc de Mouchy] dit à ceux qui le regardent avec intérêt :
« A dix-sept ans je suis monté à l’assaut pour mon roi ; à soixante-dix-huit ans, je vais à l’échafaud pour mon Dieu ; mes amis, je ne suis pas malheureux.»
Le 27 juin 1794 (9 messidor An II)
Départ de charrettes emmenant les condamnés, au sortir du greffe du Tribunal révolutionnaire, dans la cour de l’actuel Palais de justice de Paris
Ils sont exécutés.
Claude de Noailles avait soixante-six ans, son mari en avait soixante-dix-neuf.