Georgiana duchesse du Devonshire

Georgiana, duchesse de Devonshire par Thomas Gainsborough

Le 7 juin 1757

Naissance de Georgiana au Manoir de Wimbledon, à douze lieues de Londres. Elle est la fille de Lord John Spencer (1734-1783), premier comte de ce nom, membre influent du parti libéral Whig qui a hérité cette seigneurie où Lady Spencer, née Margaret Georgiana Poyntz (1737-1814 ), règne en souveraine.

Lord John Spencer par Thomas Gainsborough

Dans le somptueux hôtel des Spencer à Londres, proche d’un Palais Royal de Saint-James, Lady Spencer élève sa fille avec une affectueuse sévérité au milieu d’une société que domine l’influence française.

« Je ne connais pas de plus belle architecture en Angleterre ; elle est supérieure à toute résidence que j’ai vue… tapis, tapis, verre, canapés, chaises, tables, étagères, tout, sont non seulement d’un style exquis, mais aussi d’une grande variété »

        (cit. Arthur Young, économiste et philosophe – 1769)

Spencer House à Londres

Spencer House est un bâtiment historique, situé dans le quartier St. James et commandé en 1756 par le comte John Spencer pour construire dans la capitale anglaise sa propre résidence représentative : à Londres, en fait, les familles patriciennes passent, depuis toujours, la majeure partie de la saison hivernale… liés d’une certaine manière par l’activité politique du Parlement. Le premier architecte (John Vardy) planifie les imposantes façades palladiennes mais deux ans plus tard il est remplacé par James «Athenian» Stuart qui, surtout en ce qui concerne les intérieurs, exprime le goût néoclassique émergent, riche en détails empruntés à l’art grec : ici Lord Spencer abrite en fait sa collection de antiquités (sculptures, peintures et livres rares) mais en même temps il organise des réceptions, des concerts et des spectacles de théâtre … transformant Spencer House en un véritable cénacole culturel.

Le parc (environ un demi-acre) a été conçu par Henry Holland (gendre du célèbre architecte paysagiste Lancelot «Capability» Brown) et comporte une riche gamme de fleurs sauvages indigènes (plus que toute autre zone verte de Londres) ; jusqu’en 1895, les Spencer continuent à vivre dans ce bâtiment et depuis 1986 le propriétaire actuel (frère de la défunte Lady Diana) loue la propriété à RIT Capital Partners (l’entreprise familiale de Jacob Rothschild, 4ème Baron Rothschild).

𝐒𝐩𝐞𝐧𝐜𝐞𝐫 𝐇𝐨𝐮𝐬𝐞, 𝐋𝐨𝐧𝐝𝐨𝐧
Keira Knightley est Giorgiana dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

 

 

Femme d’esprit et de cœur, bien qu’elle soit d’apparence austère, Lady Spencer inspirait depuis de longs mois un sentiment admiratif et tendre au comte Valentin Esterházy (1740-1805), un des plus brillants seigneurs de la Cour de Versailles, qui sera un des familiers de l’entourage de Marie-Antoinette.

Valentin d'Esterházy par Benjamin Warlop

Le 16 mai 1770

Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.

Louis-Auguste, Dauphin de France par Louis-Michel Van Loo
Gravure du mariage de Marie-Antoinette avec le Dauphin, le 16 mai 1770
Marie-Antoinette peinte vers 1770 par Joseph Ducreux

Le 3 novembre 1772

Lord et Lady Spencer et leur fille Georgiana, future duchesse de Devonshire sont de visite en France.

Versailles en rumeur s’apprêtait à célébrer la Saint-Hubert au son des fanfares de trompes du marquis de Dampierre. Une chasse se préparait que devait suivre un bal de la Cour. On vit descendre, d’une élégante calèche, escortée de piqueurs portant livrée anglaise, Lord et Lady Spencer et leur gracieuse fille Georgiana, future duchesse de Devonshire. L’équipage était celui de Lord Stormont, « le bel Anglais », ambassadeur d’Angleterre.

« Le soir venu, c’est dans le salon de Mars éblouissant de lumières que Marie-Antoinette apparut aux Spencer. Le regard de la jeune Dauphine se posa sur celui de Georgiana séduite par tant de charme et de beauté. Début d’une vive et durable amitié, un penchant soudain attira l’une vers l’autre la jeune Anglaise et la future Reine de France.»

           G. Castel-Çagarriga

Georgiana Spencer par Joshua Reynolds
Keira Knightley est Giorgiana dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Initiée par sa mère aux usages de France dont elle possède la langue à l’égal de la sienne, Georgiana vit après sa première rencontre avec Marie-Antoinette dans la fiévreuse attente d’un retour à Versailles …

L’occasion lui en est offerte par la Dauphine Elle-même.
La neige recouvre d’un épais tapis les allées de Versailles lorsque, conviée à une course de traîneaux, la blonde fille des Spencer, enveloppée dans ses fourrures, prend place dans une voiture, le cœur gonflé de joie.

« Le jeu était charmant, écrit-elle , la future Reine se révélait joyeuse d’échapper à la tyrannie de l’Étiquette. »

Marie-Antoinette Dauphine en Hébé par Drouais

Madame de Lamballe (1749-1792), qui redoute l’ennui des réceptions de Versailles, s’associe, avec Georgiana, au plaisir de cette évasion.

L’apparition des Spencer à la Cour leur attire de nombreux engagements dans la société parisienne. Dans une lettre à Horace Walpole (1717-1797), madame du Deffand (1696-1780) traduit l’admiration soulevée par la grâce de Georgiana, fêtée et courtisée chez la comtesse de Boufflers et la princesse de Beauvau ainsi que chez les Suard que fréquentent de nombreux Anglais.

La princesse de Lamballe

Les Spencer sont souvent reçus à Chanteloup, résidence des Choiseul auxquels ils sont fort liés, et chez qui ils retrouvent le comte Esterhazy et d’Alembert (1717-1783). Mais il faut écourter ces vacances parisiennes pour cause de problèmes de santé de lord Spencer.
Le docteur Barthez est consulté à Montpellier. Georgiana ne s’éloigne de Paris qu’à regret.

 

En mars 1774

Les Spencer rentrent à Londres.

La présence de Georgiana à Versailles est signalée dans une correspondance du comte Esterházy venu tout exprès du Luxembourg, où il réside alors auprès de l’Impératrice Marie-Thérèse. Le comte Axel de Fersen s’y trouve.

Montage qui réunit Marie-Antoinette (Kirsten Dunst) et Georgiana (Kheira Nightley)

Le 10 mai 1774

Mort de Louis XV.

Le Dauphin devient Roi sous le nom de Louis XVI.

Malgré sa fatigue, Lord John veut célébrer par une fête l’anniversaire de la Reine d’Angleterre, Charlotte de Mecklembourg-Strelitz (1744-1718), née le 19 mai 1744.

Louis XV par Armand-Vincent de Montpetit
Louis XVI d'après Duplessis
La Reine Charlotte par Benjamin West

Lors d’une réception à Versailles, Marie-Antoinette éprouve une grande sympathie pour Georgiana, duchesse de Devonshire. Les deux femmes se trouvent mille ressemblances et elles s’écriront et se reverront. En gage d’amitié, Georgiana offre à la Reine un barbichon aux longs poils blancs et soyeux qui ne quitte plus sa maîtresse.

Lady Spencer organise un grand bal où les dames se déguisent en paysannes . Georgiana note dans son journal que l’on danse jusqu’au matin des danses du Languedoc et « danses de mon pays natal » et aussi « Je sentis mon cœur bien français ».

Marie-Antoinette au Globe (1775) par Jean-Baptiste Gautier-Dagoty

Un bal à l’Opéra de Paris, une réception à Versailles permettent à Georgiana de rencontrer Marie-Antoinette avant son retour à Londres.

La première rencontre de Fersen et de Georgiana peut être située à cette date. Deux jours après la mort de Louis XV, le beau Suédois, quittant Paris pour Londres, assistait, le 7 juin 1774, avec le duc de Dorset et le comte de Guînes, ambassadeur de France.

Le 7 juin 1774

Georgiana Spencer épouse William Cavendish, duc de Devonshire (1748-1811). C’est un grand mariage qui réunit deux grandes familles, mais le couple est très mal assorti et cette union ne sera pas heureuse.

William Cavendish, 5e duc du Devonshire
Georgiana Spencer par Joshua Reynolds
Ralph Fiennes et Keira Knightley dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Pendant trois ans, Marie-Antoinette et Georgiana gardent un lien épistolaire très tendre.  Beaucoup de sujets intimes de tristesse les rapprochent.  Elles ont l’une et l’autre contracté un mariage sans inclination. Pour toutes deux, les années s’écoulent sans maternité …     Se découvrant une vocation de poète, Georgiana traduisait pour Marie-Antoinette son premier poème sur « l’Espérance ».
Le comte Esterházy est sans doute le messager zélé qui vole de Londres à Versailles . Il a du reste une dette envers Marie-Antoinette qui a épongé les siennes .

Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb

Comme sa chère amie Marie-Antoinette , la duchesse de Devonshire est l’une des icônes de la mode de son époque, et son style élégamment flashy fait d’elle la leader de la mode en Angleterre. Chaque tenue que Georgiana porte, y compris sa coiffure, est immédiatement copiée par les masses. Le style à la mode de ses cheveux atteint à lui seul des sommets extraordinaires au-dessus de ses tenues exubérantes. En 1774, Lord Stormont lui offre une plume d’autruche de quatre pieds de long provenant de Paris. Du jour au lendemain, c’est devenu un énorme succès malgré les effets secondaires immoraux.

The Three Witches from Macbeth (Elizabeth Lamb, vicomtesse Melbourne, Georgiana, duchesse de Devonshire, Anne Seymour Damer), pastel de 1775, par Daniel Gardner.
Dans Berkeley Square (1933), Georgiana est interprétée par Juliette Compton

En juin 1774

Marie-Antoinette et Georgiana de Devonshire se retrouvent. En gage d’amitié, Georgiana offre à la Reine un barbichon aux longs poils blancs et soyeux qui ne quitte plus sa maîtresse.

Image des Années Lumière (1989) de Robert Enrico
Marie-Antoinette prenant le thé dans le cabinet doré par Benjamin Warlop

Au cours de l’hiver 1774-1775

 

Axel de Fersen (1755-1810) est accueilli à Devonshire House.

En automne 1775

Marie-Antoinette se lie d’amitié avec la comtesse de Polignac (1749-1793).

Au printemps 1778

Fersen revient à Devonshire House, chez Georgiana, en confident et ami .

Le 19 décembre 1778

Après un accouchement difficile, Marie-Antoinette donne naissance de Marie-Thérèse-Charlotte, dite Madame Royale, future duchesse d’Angoulême. L’enfant sera surnommée Mousseline par la Reine.

Yolande de Polignac Au chapeau de paille par Élisabeth Vigée Le Brun (1783)
Kathleen Byron est Georgiana dans The House in the Square (1961) de Roy Ward Baker

En 1778

Georgiana publie le roman épistolaire La Sylphe . Publié de manière anonyme, il contient des éléments autobiographiques, centrés sur une épouse aristocratique fictive qui a été corrompue, et comme « un roman-exposé des cohortes aristocratiques [de la duchesse], dépeintes comme des libertins, des maîtres chanteurs et des alcooliques ». Georgiana aurait au moins admis en privé sa paternité.
Le Sylphe est un succès et subit quatre réimpressions.

Keira Knightley dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Fin mars 1779

Marie-Antoinette attrape une rougeole très douloureuse, cause de violents maux de gorge et d’aphtes. Elle se retire donc à Trianon afin de préserver Sa petite fille et Son mari de tout risque de contagion. Elle est alors veillée par le comte d’Esterházy (1740-1805), le baron de Besenval (1721-1791) et les ducs de Coigny (1737-1821) et de Guînes (1735-1806).

Image de Marie-Antoinette (2006) de Sofia Coppola

Georgiana est une beauté célèbre et une femme du monde qui tient salon et réunit autour d’elle un grand cercle de personnalités littéraires et politiques. Elle est aussi une militante politique active, un siècle avant les suffragettes.

 Le 29 novembre 1780

Mort de l’Impératrice Marie-Thérèse après une courte maladie.

Le 22 octobre 1781

Naissance du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François.

Lors de ces jours bénits où tout le royaume de France est en liesse, Georgiana séjourne à la Muette à portée de son amie.  Cette fois encore, elle doit écourter son séjour et revenir précipitamment à Londres où lord Spencer se mourait.

Le château de La Muette
Marie-Antoinette et le Dauphin Louis-Joseph par Benjamin Warlop
La duchesse de Devonshire par Joshua Reynolds, v. 1780-1781
Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb
Keira Kinghtley est The Duchess (2008)

La brillante vie mondaine de Georgiana remplit les salons de Chastworth de toute la société aristocratique anglaise et ses plus attrayantes ladies ( … ) ce sont les duchesses de Portland, de Dorset, de Gloucester, pour ne citer que les plus marquantes, mais aussi tout un gratin français voyageur que nous connaissons bien : le comte et la comtesse d’Andlau, le marquis de Conflans, la comtesse de Châlons, «l’enchanteur» Vaudreuil , Yolande de Polignac, le duc Lauzun et le duc de Guînes, soupirant de Lady Craven… Georgiana  réunit donc autour d’elle un grand cercle de personnalités littéraires et politiques.

Marie-Antoinette coiffée d'un chapeau Spencer
Philippe d'Orléans, duc de Chartres
Le prince George de Galles par R. Cosway (v. 1780)

Le jeune prince de Galles courtise Georgiana tandis que le duc de Chartres se livre au jeu, et n’était encore, au dire du comte Esterházy, «qu’un homme de plaisir»

Le Parti whig est un parti politique apparu au XVIIe siècle en Angleterre qui, à compter de la fin du XVIIe siècle, militait en faveur d’un parlement fort en s’opposant à l’absolutisme royal. Il s’opposait au Parti Tory de l’époque. Le terme, apparu au XVIIe siècle, désigne à l’origine un brigand écossais.

Georgiana fait campagne pour les Whigs et particulièrement pour un de ses cousins éloignés Charles James Fox– alors que le Roi George III (1738-1820) et ses ministres tiennent la Chambre des communes.
Encouragés par la belle duchesse, Lord North et Charles Fox parviennent à associer leurs opinions dans l’amitié.

Keira Knightley dans The Duchess (2008) de Saul Dibb
Charles-James Fox (1782) par Joshua Reynolds

La rumeur prétend que Georgiana est devenue la maîtresse de Fox, comme en France aussi, des propos malveillants attribuent à Marie-Antoinette les plus chimériques amants.

En mai 1782

Georgiana rencontre Elisabeth Foster (1759-1824), deuxième fille de Lord Bristol, évêque de Derry, divorcée d’un gentilhomme irlandais, John Thomas Foster, qui trouve un asile et un accueil assez surprenants à Devonshire House .

       Ayley Atwell est Elizabeth Foster dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Elizabeth s’est mariée en 1776 avec l’irlandais John Thomas Foster (né en 1747), dont elle divorce en 1781. Le couple se sépare au bout de cinq ans, probablement car Foster avait une aventure avec une servante. Foster obtient la garde des trois enfants qu’ils ont eus et ne les autorise pas à voir Bess pendant quatorze ans. Lorsque son père obtient le titre de comte en 1779, elle devient Lady Elizabeth Foster.
A commencer par lady Spencer impuissante, tous les proches de Georgiana voient aussitôt clair dans le jeu pervers de lady Bess . Elle se met à manipuler le duc et la duchesse comme des marionnettes . Georgiana est aveuglée par l’immense tendresse que lui inspire Bess qui excelle à se rendre indispensable.

Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb
Bess Foster par Joshua Reynolds

Devenue rapidement la maîtresse du duc, Elizabeth voit ses dettes, qui étaient lourdes, soldées par son amant et par la duchesse elle-même, qui lui témoigne la plus vive amitié.

Ayley Atwell est Elizabeth Foster dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Le 9 février 1783

« Vous connaissez par vous-même une partie de ce qu’il [le comte d’Adhémar] vaut, mais ce n’est pas du côté des agréments que je veux vous le faire connaître aujourd’hui. Je désire même que vous oubliiez ce qu’il a pu vous paraître à cet égard. Vous le trouverez simple, honnête, sûr dans la société, enfin rempli des qualités essentielles qui e n ont fait mon ami le plus intime, c’est à ce titre que je le recommande à vous, ma chère Georgina […] Je dois vous ajouter encore que, quoique la fortune ne l’ait pas bien traité jusqu’ici, il n’est pas moins de la plus grande naissance et qu’en le nommant à l’ambassade d’Angleterre, le roi n’a pas cru faire moins de justice à son nom qu’à son mérite

Yolande de Polignac à Georgiana de Devonshire

Le 11 juillet 1783

Naissance de sa fille, Georgiana Cavendish (1783-1858), future épouse de George Howard, sixième comte de Carlisle (1773-1844). Georgiana, à l’encontre des moeurs de l’époque qui préconisent les services d’une nourrice, allaite sa fille. Marie-Antoinette envoie à cette petite Anglaise un cadeau de naissance, la duchesse écrit à son amie Elizabeth Foster :

« La Petite G. est très admirée . Son berceau, ses robes, ses couffins, etc, tout est, je dois l’avouer, d’une magnificence exagérée … La reine de France lui a fait envoyer un présent, mais j’ignore encore ce que c’est .»

Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb

 

Le 2 août 1783

Gilbert de La Fayette écrit à Georgiana :

Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb

« Auvergne le 2 août 1783.
Madame la duchesse
Depuis longtemps paré du titre de votre chevalier, j’ai saisi la circonstance actuelle pour bien renouveler mon hommage. En servant la liberté, j’aimais à penser qu’elle vous est chère, et la plus belle cause peut croire être embellie par votre intérêt . Celui qui m’attache à vous, Madame la duchesse, vous répond de la part que je prends à tout ce qui vous regarde, en vous en offrant l’assurance . Permettez-moi d’ajouter que votre gravure est mon plus précieux trésor, et que rien n’égale mon empressement à vous aller rappeler une ancienne promesse.  Plein de reconnaissance pour les bontés que Mme de Coigny m’a témoignées de votre part, je me sens encouragé à vous en demander la continuation, et j’ose croire inutile d’assurer Votre Grâce de l’attachement, du dévouement et  du respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Madame la duchesse,
votre très humble
 et obéissant serviteur
 La Fayette

Permettez-vous, Madame la duchesse, que milady Spencer et Madame votre sœur trouvent ici l’hommage de mon respect, et que je présente tous mes compliments à Monsieur le duc de Devonshire.»

 En 1784

Pour les élections générales, la duchesse aurait, d’après la rumeur, acheté des votes en faveur de Fox en échange de baisers.

La Devonshire, ou la Méthode la plus référencée de sécuriser des votes.

« Lorsqu’elle apparaît, tous les yeux se tournent vers elle ; absente, on ne se lasse pas d’en parler. »

Ainsi, un jour, alors qu’elle sortait de son carrosse, un éboueur irlandais s’est exclamé :

« Amour et bénédiction, Madame, laissez-moi allumer ma pipe à la flamme de vos yeux ! »

, un compliment qu’elle rappellera souvent chaque fois que d’autres la complimenteront en répliquant,

« Après le compliment de l’éboueur, tous les autres sont insipides. »

En août 1784

« Marie-Antoinette, en signe d’estime, offre à Georgiana une chemise décorée de dentelles légères et, profitant de la chaleur estivale, la duchesse l’exhibe triomphalement au bal du prince de Galles, soulignant qu’elle porte ce que  la Reine de France lui a donné. De cette façon, elle attribue manifestement à Marie-Antoinette la propagation (sinon l’invention) de cet article, la légitimant à nos yeux et surtout aux yeux de Ses contemporains, en tant que grande inspiratrice de tendances et créatrice d’image (rôle auquel l’auteure tenait grand plus long que sa propre couronne). Les jours suivants, le Lady’s Magazine a enregistré que – désormais tout le gentil sexe, de quinze à cinquante ans et plus … apparaît dans des robes de mousseline blanche avec de larges bandes – : sur la vague de son succès mondain, Georgiana a réussi à introduire la chemise à la reine en
Angleterre et elle aurait inexorablement pris pied, caractérisant la mode des prochaines années.»

Fabrizio Casu

Image de Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975)

Comme c’est courant dans l’aristocratie de son époque, Georgiana joue régulièrement pour ses loisirs et son amusement. Cependant, son jeu dégénère en une dépendance ruineuse aggravée par son instabilité émotionnelle.

Au cours des premières années de son mariage, elle a accumulé des dettes dépassant les 4 000 £ incroyablement généreuses que le duc lui fournissait chaque année en guise d’argent de poche. Sa propre mère la désapprouve et la réprimande, sans succès, de rompre avec son habitude. Après avoir contracté pour la première fois plus de 3 000 £ de dettes, Georgiana implore ses parents de lui accorder un prêt car elle ne veut absolument pas informer son mari de ses dettes. Ses parents acquiescent et lui disent d’informer le duc ; il s’en informe à par lui-même et les  rembourse.

En 1784, sa dette de jeu s’élevait à 100 000 £, soit l’équivalent de 13 millions de £ aujourd’hui. La dette de Georgiana était si astronomique qu’elle est devenue un sujet régulier sur lequel elle déteste écrire

«Je suis en colère, misérable et malheureuse. Je me déteste. Je trouve qu’on parle beaucoup de mes dettes».

Son mari a failli la quitter à cause de ses énormes dettes.

« une dette très, très grande. Je n’ai jamais eu le courage de la posséder, et j’ai essayé de la gagner au jeu, ce qui fait qu’elle est devenue immense et a grandi (je n’ai pas le courage d’écrire la somme, mais je vais vous le dire) quand je te vois)… Qu’avais-je à offrir pour le genre de ruine que je lui ai causé (pour chaque année de ma vie, je lui ai coûté des sommes immenses) – un esprit en qui il ne pouvait pas faire confiance, une personne fanée, et vingt-six ans de folie et d’indiscrétion. Et comment pensez-vous qu’il a reçu cet aveu – avec la plus grande générosité, bonté et gentillesse. Son seul souci a été de ne pas me vexer, et vous penseriez que c’est lui qui était le coupable, pas moi. »

           Georgiana à Bess

Elizabeth Foster par Angelica Kauffman

Le 27 mars 1785

Naissance de Louis-Charles, duc de Normandie, surnommé «Chou d’Amour» par Marie-Antoinette.

Au cours de l’été 1785

L’entente est si parfaite qu’après avoir donné le jour à une seconde fille, Harriet Cavendish (1785-1862),  Georgiana serre un an plus tard dans ses bras dans un élan de tendresse quasi maternelle, l’enfant qui naît de l’union clandestine de son mari avec Elizabeth Foster ! Georgiana  tolérera ce « ménage à trois » pendant vingt-cinq ans !

En 1785

Naissance de Caroline Rosalie Adélaïde (1785–1830), fille adultérine de William Cavendish et d’Elizabeth Foster, qui se mariera avec George Lamb.

Ayley Atwell, Keira Knightley et Ralph Fiennes dans The Duchess (2008) de Saul Dibb
Georgiana et sa fille Caroline par Joshua Reynolds (1786)

En France, Marie-Antoinette commence Sa descente aux Enfers .   L’affaire du Collier se déchaîne et La traîne dans la boue .

Le 15 août 1785

Alors que le cardinal de Rohan — qui est grand-aumônier de France — s’apprête à célébrer en grande pompe la messe de l’Assomption dans la chapelle du château de Versailles, il est convoqué dans les appartements du Roi en présence de la Reine, du garde des sceaux Miromesnil et du ministre de la Maison du Roi, Breteuil.

Il se voit sommé d’expliquer le dossier constitué contre lui. Le prélat comprend qu’il a été berné depuis le début par la comtesse de La Motte. Il envoie chercher les lettres de la « Reine ». Le Roi réagit :

« Comment un prince de la maison de Rohan, grand-aumônier de France, a-t-il pu croire un instant à des lettres signées Marie-Antoinette de France ! ».

La Reine ajoute :

« Et comment avez-vous pu croire que moi, qui ne vous ai pas adressé la parole depuis quinze ans, j’aurais pu m’adresser à vous pour une affaire de cette nature ? ».

Le cardinal tente de s’expliquer.

« Mon cousin, je vous préviens que vous allez être arrêté», lui dit le Roi.

Lana Marconi est la Reine dans Si Versailles m'était conté (1953) de Sacha Guitry
Louis-Auguste de Breteuil,ministre de la Maison du Roi, par Ménageot

Le 9 juillet 1786

Naissance de la princesse Sophie-Hélène-Béatrix, dite Madame Sophie, dernier enfant de Marie-Antoinette.

En avril 1787

Le duc et la duchesse de Polignac (1749-1793) et le comte de Vaudreuil passent deux mois en Angleterre dont six semaines à Bath. Ils semblent également missionnés d’aller trouver madame de La Motte à Londres pour calmer les bruits qu’elle y fait courir contre Marie-Antoinette. Il est faux que madame de La Motte ait en son pouvoir des lettres qui puissent compromettre la Reine, «mais toute calomnie répandue contre (Elle) exerce sur les esprits prévenus plus d’empire que la vérité».

« La duchesse de Polignac, prenant pour prétexte le besoin des eaux de Bath partit tout à coup pour l’Angleterre et remit elle-même les sommes convenues à M. et Mme de la Motte qui lui livrèrent à ce prix la prétendue minute de la diatribe annoncée.  Comment pouvait-on se fier de la bonne foi de ce couple taré et méprisable.»

           Abbé Georgel, Mémoires

Diane de Polignac accompagne alors son frère et sa belle-sœur.

Il semble que ce portrait de Georgiana par Reynolds (1787) s'efforce de ressembler à celui de Marie-Antoinette en gaulle par Vigée Le Brun (1783)... un hommage?

Le 27 juin 1787

« Madame de la Motte s’est échappée de la [Salpêtrière] ; son évasion a été concertée avec le gouvernement  … C’est le fruit du voyage de Madame de Polignac et du comte de Vaudreuil à Bath. On prétend que monsieur de la Motte a mis à ce prix et  à celui d’une bourse la cession de quelques lettres de la reine à sa femme, lettres qu’il était prêt à rendre publiques pour se justifier. Madame de Polignac revient triomphante avec la conquête des lettres… »

Lescure, Correspondance secrète inédite sur Louis XVI, Marie-Antoinette, la Cour et la ville (1777-1790)

Ces marchandages n’ont probablement pas été menés par la duchesse elle-même, bien trop visible et surveillée, ils ont dû être confiés à une personne  de son entourage avec l’aide éventuelle de la duchesse de Devonshire, on pense à la comtesse Diane dont l’intelligence redoutable semble l’avoir rendue plus apte à ce genre de mission.

En 1788

Naissance de Sir Augustus Clifford (1788–1877), fils adultérin de William Cavendish et d’Elizabeth Foster.

Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux à l’hôtel des Menus Plaisirs à Versailles.

Ouverture des Etats Généraux

Le 4 juin 1789

Mort du Dauphin, Louis-Joseph-Xavier-François, à Meudon.

Mort du Dauphin dans Les Années Lumière de Robert Enrico (1989)

Le 20 juin 1789

Serment du Jeu de paume

Fin juin – début juillet 1789

Dernier séjour en France de Georgiana.
Georgiana a une «relation naturelle» avec Marie-Antoinette, la similitude de leurs vies souvent relevée…

Juste après le Serment du Jeu de Paume, elle écrit à sa mère :

« Je n’ai pu résister et ai demandé au duc de nous emmener, Bess, Cha. et moi-même voir le Palais-Royal. Il y régnait une grande allégresse. »

C’est là que nous voyons parfaitement le paradoxe de Georgine, partagée entre ses amis Polignac et ses aspirations idéologiques.

Promenade de la galerie du Palais Royal (1787) de Philibert Louis Debucourt

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

La prise de la Bastille dans Les Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Le 16 juillet 1789

Les Polignac émigrent sous les conseils de la Reine: la duchesse est très impopulaire…

Le départ des Polignac par Benjamin Warlop

Le 4 août 1789

Abolition des privilèges.

La Nuit du 4 août 1789, gravure de Isidore Stanislas Helman (BN)

Le 26 août 1789

Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Le 5 octobre 1789

Des femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

Le 6 octobre 1789

Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée.

Le matin du 6 octobre 1789 par Benjamin Warlop

 

 

La famille royale est ramenée de force à Paris.

Elle s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Les Tuileries dans Marie-Antoinette (1956) de Jean Delannoy

Le 21 mai 1790

Naissance de son fils, William George Spencer Cavendish (1790-1858), 6e duc de Devonshire futur homme politique whig.

Keira Knightley dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Georgiana possède un petit laboratoire où elle mène des expériences de chimie et étudie la géologie et l’histoire naturelle ; elle est surtout passionnée par la minéralogie . En plus de sa curiosité scientifique, Georgiana veut contribuer à l’éducation de ses enfants.

 

Son intérêt pour la science est né en partie du fait qu’elle est liée au chimiste pneumatique Henry Cavendish (1731-1810) dont elle a visité le laboratoire à Clapham. La duchesse s’est fréquemment engagée dans un dialogue scientifique avec d’éminents scientifiques de l’époque, notamment Sir Charles Blagden , le professeur Henri Struve , Horace Bénédict de Saussure , Sir Joseph Banks , Sir William Hamilton , le professeur Gian Vincenzo Petrini , White Watson , Bryan Higgins et Benjamin Thompson. Ses connaissances en chimie et en minéralogie sont considérées comme du génie ; Thomas Beddoes écrit à Erasmus Darwin notant que Georgiana « manifestait une connaissance de la chimie moderne supérieure à celle qu’il aurait dû supposer que n’importe quelle duchesse ou dame d’Angleterre possédait ». Petrini, Blagden et Henry Cavendish contactent également sa mère, la comtesse Spencer, faisant remarquer les aptitudes de la duchesse, le degré de connaissances qu’elle a acquis et ses observations extraordinaires dans le domaine de la minéralogie. Poursuivant son intérêt, elle  fait une randonnée jusqu’au sommet du Vésuve pour observer et étudier le cratère actif et a ensuite commencé la collection de minéraux du Devonshire à Chatsworth (le siège principal des ducs de Devonshire).

Henry Cavendish
Eruption du Vésuve depuis la baie de Naples par J.-F. Heim
Charles Grey (1794) par Henry Bone
Dominic Cooper incarne Charles Grey dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

En 1790

Georgiana se rapproche de Charles Gray (1764-1845) qui est connu pour avoir préconisé une réforme parlementaire et une réforme électorale. Pendant la Révolution française et les idéaux révolutionnaires de liberté, de liberté et d’égalité se sont répandus dans toute l’Europe et au-delà. En Grande-Bretagne, la revendication du suffrage universel amène le gouvernement britannique à imposer une législation sérieuse contre la sédition et les activités révolutionnaires jugées contraires aux valeurs britanniques de démocratie. L’adoption de ces mesures est le fait du parti conservateur dominant et du Premier ministre Pitt, dont le mandat ultérieur est surnommé par ses ennemis la « terreur de Pitt ». Charles Fox et Richard Sheridan Brinsley, alliés clés et mentors du jeune Grey, dénoncent les actions du gouvernement visant à réprimer les mouvements réformateurs en raison de leur association avec les idéaux révolutionnaires.

Dominic Cooper incarne Charles Grey dans The Duchess (2008) de Saul Dibb
Charles Grey

La liaison de Charles grey avec Georgiana Cavendish, duchesse de Devonshire, elle-même militante politique active, ne lui fait que peu de mal, même si elle a failli la faire divorcer de son mari.

Le 14 juillet 1790

 Fête de la Fédération.

Jean-François Balmer et Jane Seymour dans Les Années Lumière de Robert Enrico (1989)

Le 20 juin 1791

Évasion de la famille royale française.

Le 25 juin 1791

La famille royale rentre à Paris sous escorte.

Le 21 juin 1791

 Louis XVI et Marie-Antoinette sont arrêtés à Varennes.

Le 14 septembre 1791

Le Roi de France prête serment à la Constitution.

Le 20 février 1792

Naissance, à Aix-en-Provence, de sa fille, Eliza Courtney, que Georgiana a du futur Premier ministre Whig Charles Grey. Eliza sera élevée par ses grands-parents paternels.

Aix-en-Provence
Remise de la petite Eliza Courtney à ses grand-parents paternels dans The Duchess (2008) de Saul Dibb

Le 20 juin 1792

En France, la foule parisienne envahit les Tuileries pour faire lever le veto.

Le Roi refuse.

Le peuple de Paris pénétrant dans le palais des Tuileries le 20 juin 1792 par Jan Bulthuis, vers 1800
Le dévouement de Madame Élisabeth, prise par la foule pour la Reine, elle ne les détrompe pas pour donner à sa belle-sœur la possibilité de se réfugier et de sauver Sa vie.

Le 11 juillet 1792

« La patrie (française) en danger».

Le 10 août 1792

Sac des Tuileries.

Image d'Un peuple et son Roi (2018) de Pierre Schoeller
Le cortège funèbre de la monarchie commence par une haie d'honneur des chevaliers de Saint-Louis qui lèvent leurs épées dans Un peuple et son Roi

On craint pour la vie de la Reine. Le Roi décide alors de gagner l’Assemblée nationale.

Le Roi est suspendu de ses fonctions.

La prise des Tuileries le 10 août 1792

Le 13 août 1792

La famille royale est enfermée au Temple.

La Tour du Temple

Le 3 septembre 1792

Assassinat de son amie, la princesse de Lamballe (1749-1792) dont la tête, fichée sur une pique, est promenée sous les fenêtres de Marie-Antoinette au Temple.

Massacres dans les prisons.                                           

Le 21 septembre 1792

Abolition de la royauté.

Le 11 décembre 1792

Louis XVI comparaît devant la Convention pour la première fois.

Le 26 décembre 1792

Seconde comparution de Louis XVI devant la Convention.

Du 16 au 18 janvier 1793

La Convention vote la mort du Roi.

Le 21 janvier 1793

Exécution de Louis XVI .

Dans la nuit du 2 au 3 août 1793

Marie-Antoinette est transférée de nuit à la Conciergerie.

La Veuve Capet par Jean-Louis Prieur

Le 3 octobre 1793

La Reine est déférée au Tribunal révolutionnaire.

Le 14 octobre 1793

Marie-Antoinette comparaît devant le président Herman.

Herman dans L'Interrogatoire de Marie-Antoinette par Pierre Bouillon (détail)
La Reine réprouve les ignobles accusations d'Hébert avec grandeur par Benjamin Warlop

Le 16 octobre 1793

Exécution de Marie-Antoinette, place de la Révolution.

Yolande de Polignac d'après Vigée Le Brun

En octobre 1793


La duchesse de Polignac reçoit le coup, fatal lorsque la nouvelle de l’exécution de son amie lui parvient … On lui dit pourtant que la Reine est morte de privations dans Sa prison.

Dans la nuit du 4 au 5  décembre 1793

Son agonie commence. Atteinte par un cancer, dévorée de douleur et de chagrin, Yolande Martine Gabrielle de Polignac s’éteint sans douleur ni bruit, veillée par Vaudreuil et Diane, deux mois après la mort de celle qui a été son amie.

Un témoin raconte sa mort : « Son dernier soupir n’était que son dernier souffle, et pour le dire en un mot, sa mort fut aussi douce qu’elle-même l’avait été.»

Le 9 décembre 1793

On enterre la duchesse de Polignac.

On grave sur sa pierre tombale «Morte de douleur».

Tombe de Yolande de Polignac

Fin 1793

 

Son absence de la société anglaise et son exil en France ont isolé Georgiana et constituent pour elle un point faible à tous égards ; elle retourne en Angleterre, une «femme changée». Le duc commence à souffrir de la goutte et elle passe son temps à ses côtés pour le soigner. Parallèlement à une fausse couche récente, cette circonstance avec son mari provoque un adoucissement et une proximité entre les deux. Elle s’intéresse positivement à la science, se remet à écrire (produisant deux autres ouvrages) et poursuit même son activisme politique tout en essayant de reconstruire le parti Whig. Georgiana rencontre et se lie d’amitié avec la femme de son ancien amant, Charles Grey, Mary Elizabeth Ponsonby (1776-1861).

Mary Elizabeth Grey-Ponsonby

En 1796

Georgiana est victime d’une maladie qui luic fait perdre un œil ; le traitement médical lui  laisse des cicatrices au visage. Cependant, « Ces cicatrices l’ont libérée de ses peurs. Toutes les inhibitions quant à savoir si elle était assez belle ou si elle était à la hauteur l’ont quittée».

À la fin de la trentaine, Georgiana a pu retrouver sa prééminence et sa jouissance dans une société ouverte, même si sa vie personnelle continuera d’être gâchée par des degrés de malheur, de dettes et de déclin de sa santé.

Au début de la quarantaine, la duchesse de Devonshire consacre son temps à la présentation de sa fille aînée, Lady Georgiana Dorothy Cavendish (1783-1858). La débutante est présentée en 1800, et la duchesse voit sa fille épouser Lord Morpeth , l’héritier présomptif du comte de Carlisle, en 1801 ; c’était le seul mariage de ses enfants que la duchesse de Devonshire verra.

La santé de Georgiana  continue à se détériorer jusqu’à la quarantaine et sa dépendance au jeu persiste. Un jour, elle contacte sa mère, lui demandant une somme de 100 livres et se plaignant d’une jaunisse.
Alors que sa mère croit au début que sa fille est simplement malade à cause de son jeu, la comtesse Spencer, ainsi que son entourage, se rendent vite compte qu’elle est vraiment malade. On pense qu’elle souffre d’un abcès au foie .

Le 30 mars 1806
A trois heures et demie de l’après-midi

Georgiana décède, à l’âge de quarante-huit ans, d’un abcès du foie. Elle est alors entourée de son mari, le duc de Devonshire ; sa mère, la comtesse Spencer ; sa sœur, la comtesse de Bessborough ; sa fille aînée, Lady Morpeth (enceinte de huit mois) ; et Lady Elizabeth Foster. 

Pour la première fois, le duc montre une émotion émouvante envers sa défunte épouse ; un contemporain  écrit :

« Le duc a été très profondément affecté et a montré plus de sentiments que quiconque ne l’aurait cru possible – en effet, chaque individu de la famille est dans un état d’affliction épouvantable. »

La fille aînée de Georgiana écrit :

« Oh ma bien-aimée, ma défunte mère adorée, es-tu effectivement séparée de moi pour toujours ? Ne reverrai-je plus ce visage angélique ni cette voix bénie ? Toi que j’aimais avec tant de tendresse, toi qui étaient les meilleures des mères, Adieu, je voulais répandre des violettes sur son lit mourant comme elle répandait des bonbons sur ma vie, mais ils ne m’ont pas permis.»

Son cousin éloigné, Charles James Fox, pour lequel elle a fait campagne triomphalement, verse des larmes. Le prince de Galles lui-même déclare :

« La femme la plus naturelle et la mieux élevée d’Angleterre a disparu. »

Des milliers de Londoniens se rassemblent à Piccadilly , où se trouve la maison de ville de la famille Cavendish, pour la pleurer.

Elle est inhumée dans l’église (devenue, depuis, cathédrale) de la Toussaint, à Derby, en Angleterre,  où reposera également son ami Henry Cavendish (1731-1810).

Vue de la cathédrale de Derby, en Angleterre

Avec la bénédiction de Georgiana, et trois ans après sa mort, Elizabeth Foster se marie avec le duc en 1809.

Elizabeth Foster
Elizabeth Foster dans le film The Duchess (2008)

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