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Artisans et fournisseursArts, mode et architectureLa Cour de France

Adélaïde Damoville, dite Madame Éloffe


Boutique de Modes du XVIIIe siècle

Le 21 janvier 1759

Naissance d’Adélaïde Henriette Damoville (1759-1805), à Paris. Elle est la fille de Jacques Damoville, né en 1729 et de Anne-Marie Jacob Fouine (née en 1737).Elle est née dans un contexte un peu pauvre, à l’instar de Mademoiselle Bertin (1747-1813), sa contemporaine et concurrente principale. Elle est fille d’un émigré normand qui vient de Cherbourg, qui arrive à Paris, il est garçon-perruquier. Il se marie alors assez chichement. Monsieur Damoville devient vite maître-perruquier.

Ses parents ont eu, en 1754, un enfant mort en bas âge, Jean-Pierre Damoville, puis deux filles, Marie-Antoinette Damoville (1755-1756), Anne-Véronique Damoville (1756-1801). La famille accueille donc avec joie cette seconde petite fille (vivante).

L’enfant est baptisée le 22 janvier 1759 en la paroisse Saint-Eustache de Paris

Au début des années 1760

Son père arrête son activité de perruquier, il loue sa maîtrise et quitte sa boutique. Il disparaît en Normandie sans donner de nouvelles même à ses enfants.

En 1763

Naissance de son frère Jacques François Damoville (1763-1803).

Le 16 mai 1770

Le mariage de Marie-Antoinette et du Dauphin est célébré dans la chapelle royale de Versailles.

Résultat de recherche d'images pour " Marie-Antoinette  Sofia Coppola mariage"Le mariage dans le film de Sofia Coppola (2006)

Le 10 mai 1774

Mort de Louis XV

Louis XV par Montpetit

Le Dauphin devient Roi sous le nom de Louis XVI.

La nouvelle Reine Marie-Antoinette soupire :

« Mon Dieu, guidez-nous, protégez-nous, nous régnons trop jeunes ! »

Marie-Antoinette par Benjamin Warlop

En 1774

« Après quelques années d’interruption, l’almanach est repris de 1774 à 1790 par divers rédacteurs sous des titres changeants. Durant ces vingt années, si le contenu varie et s’épaissit – l’ouvrage double de volume–, le plan général demeure identique, même si Gournay, le dernier rédacteur, affirme que le résultat de son travail est « moins une nouvelle édition qu’un nouvel ouvrage« . Le sous-titre de la première édition cite les mêmes thèmes que l’introduction de la dernière édition.

L’almanach offre un tour d’horizon des principales productions et spécialités des grandes villes européennes et de quelques cités extra-européennes, comme Alger ou Constantinople, avec leurs us et coutumes commerciaux et financiers. L’ouverture provinciale et européenne de l’Almanach des marchands est réelle et c’est ce qui le rend attachant. Le classement des marchands ne se fait pas, comme dans l’Almanach dauphin, à partir de la nomenclature corporative parisienne, les six corps puis les autres communautés d’arts et métiers, mais à partir des noms de lieux. L’ordre alphabétique est géographique, de « Abbeville » (en 1770) ou « Aaron, forge de France » (en 1789) à « Zurich », en passant par

« Amsterdam », « Angleterre », « Bristol », « Danemark », « France », « Londres », etc. L’article « Paris » est certes le plus long mais ne représente qu’une petite partie de l’ouvrage, 5 à 8 %, excepté dans la première édition ; à titre de comparaison, la rubrique « Londres » atteint 1,5 % . Les citations de marchands parisiens sont les plus nombreuses, 350 en 1770 contre 155 Londoniens ou 92 Amsterdamois, mais ne constituent pas pour autant le corps de l’ouvrage.

Boutons peints sur ivoire sous verre doublé de nacre avec une boucle à coudre

À l’article « Paris » sont d’abord mentionnées les grandes manufactures, Gobelins, Savonnerie, Saint Gobain… ; les principaux entrepôts et fabriques se succèdent ensuite par ordre d’importance commerciale.

Les fabriques les plus importantes sont l’orfèvrerie, la joaillerie, la bijouterie, l’horlogerie, les fabriques de galons d’or, d’argent et de soie, de gazes, d’étoffes de soie, de chapeaux, de bas et de gants ; les fabriques d’ouvrages de modes, de rubans, de fleurs artificielles, de perles et d’agrémens ; les fabriques d’ouvrages d’ébenisterie et de meubles de toutes espèces, de liqueurs et de sirops, de confitures et de fruits confits ; il est encore des manufactures de second ordre, qui répandent une grande quantité d’ouvrages dans le commerce, telles que les manufactures de porcelaine, de faïence, de couvertures de laine, de toiles et papiers peints, de réverbères, de plomb laminé ; les fabriques d’instrumens pour les arts, et d’instrumens de musique de toutes espèces, et de coutellerie ; les fonderies, les fabriques d’encres, de crayons, de bleu de Prusse, etc.

Almanach général des marchands, 1785, «Paris», p. 496
Marie-Antoinette, portrait Au Globe par Gautier-Dagoty, 1775
La jeune Reine porte là un grand habit de cour : une superposition de jupes en riches brocarts réalisés par les soyeux de Lyon, constellée de bijoux, sur un large panier, recouverte d’un manteau fleurdelysé doublé d’hermine. Ses manches de cour sont une échelle de blondes de Chambéry en ruche (dont la fronce est gonflée par de la gaze d’Alençon) qui garantissent un effet à la fois imposant et pourtant léger.
Large panier sur lequel reposent les robes de cour

« Pour ces deux raisons, la place réduite de Paris et la préférence négociante, le nombre de marchands parisiens est nettement inférieur à celui fourni par l’Almanach dauphin : 350 en 1770, à peine plus que le guide de Prévost de Saint-Lucien, 400 en 1781, 450 en 1786, moins de 900 en 1789-1790.»

Natacha Coquery, La boutique à Paris au XVIIIe siècle

« Marchand de tout, faiseur de rien», le marchand-mercier ne crée rien , ne fabrique rien par lui-même, mais il a le privilège du négoce des matières premières et la liberté de sous-traiter avec l’ensemble des professionnels de l’habillement. Il domine ainsi toute une chaîne de fabrication au bout de laquelle est la marchande de modes, autrement dit ses intérêts personnels et familiaux. Le système corporatif encadre si strictement les métiers que les vêtements évoluent peu et très lentement. Pour réaliser une tenue complète trois professions sont obligatoirement requises.»

Sylvie Le Bras-Chauvot, Marie-Antoinette, l’Affranchie ; chez Armand Colin (2020)

En 1777

« La liste des marchands est précédée par un extrait de l’édit d’août 1777 « portant nouvelle création de six Corps de Marchands et de quarante-quatre Communautés d’Arts et Métiers », suivi d’une description
rapide de chacun d’eux et d’un état des concurrences :
Orfèvres, Batteurs-d’Or, Tireurs-d’Or. Réception 800 livres, confirmation 266 livres 13 sols 4 deniers admission 266 livres 13 sols 4 deniers. La mise en œuvre, en pierres fines seulement, avec les Lapidaires.
tailleurs, fripiers d’habits et de vêtements, en boutique ou échoppe (40) : faculté de faire des boutons d’étoffe avec les Boutonniers.
»

Natacha Coquery, La boutique à Paris au XVIIIe siècle

Le 4 février 1777, huit heures du soir

La demoiselle Marie Véronique Damoville couturière en robes demeurant rue St André des Arts chez sa sœur ouvrière fleuriste. Se plaint contre le nommé Lefèvre perruquier privilégié demeurant rue du Four en face du cadran bleu et nous a dit qu’il y a environ quatre ans qu’elle a fait sa connaissance. Qu’ayant perdu de vue son père, ledit Lefevre s’étant aperçu que ladite plaignante l’aimait, l’a engagée à venir demeurer avec lui, ce à quoi elle s’est déterminée il y a un an dans l’espérance de se marier avec Lefèvre qui lui a promis la foi du mariage et auquel elle s’est abandonnée. Qu’elle a depuis ce temps gouverné la maison dudit Lefèvre et lui a rendu les services que lui rendrait une fille domestique, que lassée de ce que le dit Lefèvre ne satisfaisait pas à la promesse qu’il lui a faite de l’épouser, elle s’est déterminée à quitter la maison et d’en emporter les effets à son usage, ce qu’elle a fait en présence de deux témoins. Mais Lefèvre mécontent de sa résolution l’ayant rencontrée ce jour à midi en face de la fontaine des cordeliers (la rue de l’École de Médecine, appelée à cette époque rue des Cordeliers, a successivement pris le nom de Marat, qui y a habité à côté de la tourelle qui faisait l’angle de la rue Larrey, en face de la fontaine des Cordeliers) l’a prise à bras le corps en la traitant de sacrée p… l’a entrainée malgré elle chez lui l’a terrassée à terre en présence de deux garçons et lui a porté plusieurs coups et l’a ensuite enfermée dans sa boutique dont elle s’est évadée pour venir ici à la faveur de sa sœur qui est survenue et comme il l’a fort menacée, elle se rend par devant nous pour nous rendre la présente plainte.

Le 29 mai 1780

La sœur d’Adélaïde, Anne-Véronique Damoville (1757-1801) épouse enfin Albert Antoine Joseph Lefebvre(1749-1807), un perruquier avec qui elle vivait en concubinage depuis quatre ans et qui lui promettait le mariage mais la traitait comme une domestique et la battait dans la rue. Elle est couturière en robe.

En 1782

Adélaïde Damoville, qui a vingt-trois ans, entre au service d’Anne Marie Perrotin, dite Madame Pompey (1744-1829). et se forme comme marchande de mode. L’établissement de madame Pompey fournit le service de garde-robe en enjolivements et petites pièces de toutes sortes destinées à des habits majoritairement préexistants.

Le métier de marchande de Modes

Au XVIIIe siècle, le travail de marchande de mode ne consiste pas à fabriquer des vêtements mais justement à être l’intermédiaire entre les fabricants et les clients, en inventant des modes vestimentaires. On les considère parfois comme les ancêtres des grands créateurs de mode mais ce n’est pas tout à fait vrai. Le métier de marchande de mode naît avec celui de mercier, les femmes qui l’exercent sont souvent des épouses de marchands merciers et elle s’occupent des articles de mode. Et à la fin du XVIIIe siècle elles s’autonomisent et créent leur propre corporation.

Page d’un journal de Mode (vers 1777)

Elles vendent les accessoires et les ornements, tout ce qui vient décorer un vêtement, avec de la dentelle, des broderies, des plumes, etc. Elles les assemblent sur des robes déjà faites pour former des ensembles, les ajoutant ou déplaçant. Elles sont surtout spécialisées dans les ornements luxueux, destinés à une clientèle aristocratique qui cherche à se distinguer par le vêtement.

Et avec la Révolution, le fonctionnement des métiers change, les corporations sont supprimées en 1791, et désormais n’importe qui peut ouvrir boutique en payant une patente. A cette période la boutique des Eloffe évolue pour s’orienter plus vers la mercerie, s’adaptant au changement de leur clientèle.

Echantillons de textiles de la fin du XVIIIe siècle de François Debray et Cie

« Dans les années 1770-1780, au moment où décolle la production du faux et du plaqué, la qualité et l’inventivité font partie des leitmotive dominants : les marchands de luxe et de demi-luxe s’engouffrent dans le marché. Les annonces publicitaires traduisent et renouvellent à la fois l’engouement des consommateurs pour les nouveaux produits, des consommateurs de mieux en mieux informés et de plus en plus nombreux. Elles manifestent en même temps l’impulsion marchande. La nouveauté, en effet, n’est pas forcément bien accueillie par tous. Faire accepter et même désirer le faux, par exemple, implique un retournement des valeurs qui ne va pas toujours de soi ! Il faut apprivoiser la nouveauté, d’où l’importance de la circulation de l’information entre producteurs, commerçants et clients. Dans les almanachs de commerce et les journaux, sur les en-têtes de factures, les commerçants et les artisans du demi-luxe, merciers, bijoutiers, émailleurs, horlogers, lapidaires…, utilisent systématiquement l’argument de la qualité pour prôner le faux et vantent la diversité du choix proposé. Inventifs dans la manière même de commercer, les boutiquiers mènent des campagnes publicitaires avant la lettre pour accompagner l’innovation productive et propager la mode du faux. Ils n’opposent pas, bien sûr, à la manière d’un Savary, bonne à mauvaise qualité, mais proposent le fin et le faux, tous deux de qualité supérieure. Ils mettent ainsi en valeur leur savoir-faire, et spécialement leur virtuosité à créer du faux en imitant la nature. Les almanachs introduisent les notices sur les perles fausses en faisant miroiter la confusion de l’art et de la nature, qui rend possible le brouillage des conditions.

Les perles qui se fabriquent à Paris sont si ingénieusement traitées, qu’elles jouent le brillant et la richesse des perles fines ; aussi sont-elles fort estimées, et on ne se fait point de scrupule de les faire entrer dans la liste des bijoux, et de les employer dans les toilettes les plus élégantes *. On fait à Paris des perles qui imitent si bien les naturelles, et qui sont à si bon marché, que la plupart des femmes croient pouvoir se passer des fines.

*(cela devance ce que fera Gabrielle Chanel, cent cinquante ans plus tard, B.W.)

Loin de cacher la production de faux, qui n’est pas une fraude, les artisans, au contraire, en font leur publicité et la marque de leur art

Natacha Coquery, La boutique à Paris au XVIIIe siècle

Le 14 novembre 1782

Adélaïde Henriette Damoville épouse Jean-Charles Éloffe (1749-1844), qui est perruquier (il avait été, en 1777, valet de chambre chez le vicomte Philippe de Noailles [1715-1794]), comme son père en la paroisse Saint-Louis de Versailles. Elle devient Madame Eloffe, nom sous lequel l’Histoire la retiendra. Parmi les témoins on compte Joseph Pompey (1730-1799), le mari de sa patronne et amie.

Ils demeurent au Grand Commun à Versailles Paroisse Notre-Dame, logé rue de l’Université Paroisse Saint-Sulpice au mariage de son cousin Gagelin.

En 1783, Jean-Charles Éloffe achète la charge de barbier perruquier étuviste rue de l’Orangerie. Sa cliente la plus prestigieuse est alors la comtesse d’Artois (1756-1805).

Marie-Thérèse d’Artois par Boze

Les époux Éloffe finissent par récupérer la clientèle de Madame Pompey, qui fournit Marie-Antoinette depuis son arrivée en France. Ils fournissent la Cour de Versailles à la fin du XVIIIe siècle, la famille royale de l’époque et même Marie-Antoinette. Pour connaître son activité il nous est parvenu deux de ses livres de comptes qui donnent des renseignements sur ce qui est vendu dans la boutique.

Jean-Charles Éloffe

Elle est réputée être une marchande de modes de Marie-Antoinette et de la famille royale, mais n’est en fait qu’une employée de Madame Pompey, rue de l’Orangerie à Versailles.

Image de The Duchess (2008) de Saul Dibb : cet ensemble illustre tous les accessoires et colifichets nécessaires pour agrémenter une robe à sa guise : rubans, fichus, tour de robe, plumes, gants ou mules.

La postérité en a fait une nièce de Madame Pompey, sa patronne, qui lui aurait cédé sa boutique, ce qui, en réalité, est faux. Les liens d’affection entre les deux femmes sont cependant forts : Anne-Marie Pompey sera marraine de la fille d’Adélaïde.

Une signature de Madame Eloffe avec son nom de jeune fille

Adélaïde n’a probablement jamais rencontré Marie-Antoinette : elle avait plutôt affaire à la marquise d’Ossun (1748-1794), qui est dame d’atours de la Reine depuis l’année précédente. Geneviève d’Ossun tente de freiner les dépenses de la souveraine en matière de mode ( l’état de la garde-robe royale comporte alors 170 articles selon Pierre de Nolhac) mais a bien du mal compte tenu du flou entretenu par Mademoiselle Bertin dans son système de facturation.
Cela concerne-t-il aussi Adélaïde ?

Seize employés sont intégrés au service de la garde-robe et donc de la dame d’Atours :

  • une femme chargée du détail de la garde-robe
  • une couturière ordinaire
  • un tailleur de corps de robe
  • un tailleur pour les habits d’amazone
  • une blanchisseuse de linge fin
  • une monteuse de bonnets
  • une empeseuse de manches de cour
  • une faiseuse de collerettes
  • une enfileuse de diamants
  • un chargé d’entretien des diamants
  • un garçon de garde-robe
  • quatre valets de garde-robe
  • un secrétaire

auxquels s’ajoutent un grand nombre d’ouvrières et d’ouvriers spécialisés extérieurs au château.

Garniture pour la robe de la vicomtesse de Briqueville

La blonde est une espèce de dentelle de soie écrue.

Pour indice : 1 aune = 114,3 centimètre

Chacune de ces personnes au service de madame d’Ossun utilise des produits, objets et accessoires qui les rendent clients potentiels de madame Éloffe, qui s’intitule Marchande de Modes, couturière lingère ordinaire de la Reine et des dames de Sa Cour.

En 1783

Marie-Antoinette fait scandale en posant pour Élisabeth Vigée Le Brun, pour la première version du tableau «A la Rose»…  on dit que la Reine s’est fait peindre en chemise …

Marie-Antoinette en gaulle (1783) par Elisabeth Vigée Le Brun
La Reine porte sur ce portrait qui fait scandale la si simple robe en chemise, dite chemise à la reine, en mousseline blanche, à collerette à deux rangs de gaze froncée, avec comète de satin blanc, ce que reprend la manchette qui, elle, est simple. Les manches, amples sont froncées par deux fois sur leur hauteur ce qui les gonfle et participe à la légèreté de l’ensemble. Une large ceinture d’organza orangé rayé, nouée dans le dos, vient marquer la taille haute. Les cheveux en paré négligé reçoivent un simple chapeau de paille, enrubanné de bleu et empanaché d’un bouquet de trois plumes d’autruche offertes au vent.

… et la portraitiste doit repeindre une nouvelle version qui sied mieux à l’état de son royal modèle, où Marie-Antoinette paraît avec le même visage, dans la même attitude, cette fois-ci au devant d’un paysage, mais surtout vêtue d’une robe couleur «suie des cheminées de Londres» dont le taffetas de soie garni de dentelles et la façon à la française ne pouvait que satisfaire les soyeux lyonnais, qui commençaient déjà à prétendre que la Reine voulait leur ruine…

Marie-Antoinette à la Rose (1783)  par Elisabeth Vigée Le Brun
La robe de taffetas de soie bleu-gris, «suie des cheminées de Londres», est soulignée par le tour de gorge à deux rangs de blonde de Chambéry, et par un nœud de ruban rayé, le parfait contentement. De là, la blonde est réemployée pour retomber en bas des côtés du corsage puis, en large ruche, sur le côté du manteau de robe. On la retrouve, froncée, au niveau des manchettes. Un élégant bonnet de gaze emplumé remplace le chapeau de paille de la version de la composition en gaulle.

Au milieu des années 1780

« L’esprit de l’almanach a changé. La publicité nominative disparaît (seule l’adresse du marchand est donnée) au profit d’observations générales sur les secteurs d’activité envisagés : les listes de négociants et fabricants parisiens, classés par secteur, sont précédées d’un discours uniment laudatif avec, en ligne de mire, les productions anglaises. La rivalité économique entre l’Angleterre et la France est ancienne ; elle court tout au long du XVIIIe siècle avec des moments paroxysmiques, telles les années 1780.

A cette époque, le journal de mode est directement en prise sur le marché des nouveautés. Sa raison d’être principale est de susciter et d’aviver le désir des consommateurs :

… nous invitons les Amateurs, les Artistes, les Artisans, Fabricans et Manufacturiers, à donner avis […] de tout ce qu’ils inventeront ou perfectionneront, tant dans les Habillemens et Parures […] que dans les Meubles de toute espèce, Décorations, Embellissemens d’appartemens, Formes de Voitures, Bijoux, Ouvrages d’Orfèvrerie et généralement tous les objets d’utilité, de commodité, de Mode, ou d’agrément. […] Les Marchands qui nous ont fait passer quelques détails, s’en sont déjà bien trouvés, par la vente de plusieurs articles, qui peut-être n’auroit pas eu lieu sans notre annonce

Cabinet des modes…, Paris, Buisson, n° 1, 15 novembre 1785

L’enjeu économique de la presse de mode a vite été saisi par les fabricants et les commerçants. Ainsi la publicité modifia-t-elle le rôle du vêtement car sous son impulsion la mode n’est plus réservée aux privilégiés. Le journal, théâtre des inventions et des concurrences marchandes, consacre le « triomphe
de l’économie vestimentaire
».

Les classes populaires françaises cherchent à imiter la consommation aristocratique (éventails, bas, etc.,
obtenus à bas prix principalement auprès de colporteurs ou de revendeurs).»

Natacha Coquery, La boutique à Paris au XVIIIe siècle

Bouton-bijou – Nacre et cristal

Le 22 août 1783

Adélaïde Éloffe accouche de Marie-Antoinette Éloffe, qui décédera à l’âge de seize mois.

En 1784

En 1784, le ministre au département des finances, instruit des succès de cet établissement et de quelques tracasseries qu’éprouvoient les entrepreneurs de la part de leur corps, relativement à la fabrication de leur plaqué, promit à MM. Daumy des encouragemens et un privilège, s’ils parvenoient à fabriquer, dans le genre anglois, tous les objets plaqués concernant l’équipage : ceux-ci firent en conséquence des échantillons, dont la perfection ne laissait rien à désirer. […] voici l’instant où cette manufacture intéressante va paroître avec l’éclat dont elle est susceptible : car l’administration instruite de ses succès et de l’intelligence des entrepreneurs, les gratifie de plusieurs machines importantes et dispendieuses, qu’elle fait […] exécuter pour eux, et qui facilitant leurs travaux, les mettra en état de soutenir la concurrence des fabriques étrangères.
Les objets […] consistent :
1°. en tout ce qui concerne les harnois et l’équipage, en argent plaqué, pour carrosses et cabriolets ; lesdits objets montés et non montés.
2°. En bijoux en or plaqué, tels que boucles de souliers et de jarretières, porte-cols, de toutes sortes de dessins et de formes ; tabatières pour hommes et pour femmes, étuis, petits nécessaires de poche, souvenirs, flacons doublés d’or fin en dedans et propres à recevoir sans danger toutes sortes de liqueurs, lorgnettes, porte-crayons à plume et sans plume ; tous ces objets de toutes formes et grandeurs ; assortiment complet de toutes sortes de breloques, couteaux, ciseaux, boutons d’habits, épées, etc.
etc. Tous ces articles dont la fabrication se fait en grand, sont ornés d’or de couleur, finis avec le plus grand soin, et sont parfaitement semblables aux plus beaux bijoux d’or
.

Almanach général des marchands, 1785, «Paris», p. 562-563
Boutons bijoux

Face à l’inconséquence présumée d’un certain nombre de ses concitoyens, Gournay pousse alors sa dernière botte : l’exemple royal. L’argument est familier aux marchands, habiles à faire miroiter la clientèle royale ou princière pour mieux vendre. L’étendard royal est levé :

Il en sort des pièces d’un précieux qui étonne ; cet artiste estimable a entr’autre fabriqué un bouton d’habit qui est un véritable chef-d’œuvre, et dont plusieurs Anglois ont offert plus de trente louis ; la garniture entière en sera vendue à raison de vingt-cinq louis le bouton.
[Note : Le roi qui a voulu voir cette pièce rare, en a été si satisfait qu’il en a commandé une garniture : il n’est point de moyen plus sûr pour un souverain d’encourager et d’honorer les arts. Il sera beau de voir Louis XVI vêtu de cette riche parure, rendant ainsi une sorte d’hommage à l’industrie nationale]…

Almanach général des marchands, 1785, «Paris», p. 565
Bouton en acier gravé et peint et bouton avec pierre dure gravée

Le 30 décembre 1784

Sa fille, Marie-Antoinette Éloffe décède à l’âge de seize mois.

Adélaïde Éloffe tient les livres récapitulatifs des livraisons répertoriant au jour le jour les achats détaillés des toutes ses clientes, en y précisant le type d’intervention, toutes les fournitures et le coût de la façon.

Corset de la reine Marie-Antoinette, vers 1785
Taffetas de soie bleu, passementerie de soie bleue, busc de bois
Collection Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris

C’est grâce aux mesures prises par Adélaïde Éloffe ( le mètre-ruban ne sera pourtant inventé que le siècle suivant par Alexis Lavigne [1812-1886], costumier-amazonier de l’Impératrice Eugénie et fondateur de l’école Esmod ) que l’on connaît les mensurations de Marie-Antoinette : 109 cm de tour de poitrine et 58 cm de tour de taille pour une hauteur de 1,63 mètre.

Porté par Marie-Antoinette, ce corset était conservé telle une relique précieuse entre les pages du livre de comptes de madame Éloffe. Sur son étoffe, on voit comme une sorte de constellation de petites piqûres.
Ce sont des traces d’épingles, comme autant d’essais d’ornementation pour séduire la Reine.

Le 15 mai 1786

Adélaïde Éloffe accouche d’un fille, Flore Adélaïde Françoise Éloffe (1786-1849), qui épousera en 1812 Claude Richard Mathieu (1775-1843), ouvrier horloger, originaire de Troyes.

Louis XVI par Olivier Jarraud

Vers 1787

Madame Pompey cède sa boutique de modes de Versailles à Jean-Charles Éloffe, époux d’Adélaïde Henriette Damoville, et à Adrien Le Cointe, neveu par alliance de M. Pompey, et non pas à Madame Éloffe.

Image de Jefferson à Paris (1995) de James Ivory

Le 1er janvier 1787

Adélaïde Éloffe livre à la Reine une paire de maris à un rang et un tour de robe de gaze rayée brochée, pour une robe de poult de soie et une poignée (morceau de toile ou de mousseline que l’on place sur la manche ou en dessous et qui se ferme quelquefois avec des boutons de diamants, de perles, de pierreries, d’or, d’argent ou de nacre ; il y en a en dentelles noires pour les deuils) blanche et une dito noire.

La facture s’élève à 12 Livres et 10 sous.

 Le 5 janvier 1787

Madame Éloffe livre pour la Reine : une paire de manchettes à deux rangs en gaze rayée brochée, deux tours de gorge plats en gaze dito, une paire de manchettes à deux rangs de gaze de laine, deux paires de manchettes à un rang, l’une en gaze de Chine, l’autre en gaze rayée, un tour de gorge en gaze de laine, deux tours de gorge plats en gaze de laine, un tour de gorge en gaze d’Italie plissé en gaze de laine, deux aunes de gaze pour coiffer et quatorze aunes de ruban large noir rayé, quatorze aunes de dito étroit.
Le tout coûte 75 Livres.

Robe en chemise d’été : les manchettes de batiste de la chemise dépassent des manches de l’habit.

Pour Madame Adélaïde, elle livre cinq aunes de gaze rayée noire, pour garnir une robe de faille, une mantille en gaze rayée noire garnie en gaze ; une paire de manches de cour en gaze brochée et des sabots de taffetas.
Le tout coûte 93 Livres.

Manchettes à trois rangs en blonde en ruche
(détail du portrait de Madame de Pompadour par Quentin de La Tour)

En Février 1787

Madame Éloffe livre à Madame Victoire de la gaze d’Italie pour la garniture d’une robe de fleuret (sorte de fil fait de la matière la plus grossière de la soie). La facture s’élève à 62 Livres et 12 sous.
Elle livre à Madame Adélaïde une chemise de gaze crêpe garnie de crêpe qui coûte 15 Livres.

Le 24 mars 1787

Adélaïde livre à la Reine une paire de maris à un rang et un tour de robe de gaze rayée brochée, pour une robe de poult de soie, une poignée blanche et une dito noire.

Image de Jefferson à Paris (1995) de James Ivory

Le 30 mars 1787

Madame Éloffe regarnit une robe de popeline en gaze pour Madame Adélaïde, tante du Roi, à laquelle elle livre une chemise de gaze crêpe garnie de crêpe. Elle lui livre un manteau de taffetas noir ouaté garni en gaze rayé, six aunes de gaze large anglaise, pour garnir une robe de satin noir ; une chemise en gaze de laine , un bonnet ajusté en gaze de laine, une baigneuse en gaze de laine à rubans de satin noir. Des manches de cour en gaze de laine, une paire de manches de cour, un bonnet ajusté en gaze de laine à ruban noir et une chemise de gaze de laine.
Elle livre une toque de soie blanche et une de soie noire et douze aunes de ruban de satin large à la Nation, trois paires de maris en gaze brochée, deux tours de gaze d’Italie plissés frisés de gaze brochée, pour la Reine.

Accessoires de garniture de robe que pourrait fournir Madame Éloffe : fichu, tour de gorge à deux rangs, guimpe.

Le 31 mars 1787

Madame Éloffe fournit une gaze d’Italie pour une robe de fleuret (18 Livres) à Madame Victoire, tante du Roi. Elle lui garnit une robe de poult de soie noire garnie en étoffe ; façon de la garniture d’une robe de faille (étoffe de soie à gros grains, dont les femmes, en Flandre, se servent pour faire des écharpes ou voiles, et qu’on nomme taffetas à failles) garnie en gaze, et lui livre un bonnet ajusté en gaze brochée à ruban noir et une chemise en gaze brochée ; une baigneuse en gaze brochée et du ruban de satin noir. Une paire de manchettes à deux rangs en gaze brochée, deux tours de gorge en gaze. Un bonnet ajusté en gaze brochée à ruban blanc, une chemise en gaze brochée, un manteau simple garni de gaze rayée, une baigneuse en gaze brochée à ruban de gaze et comète de satin, une paire de manchettes à deux rangs en gaze brochée.
Elle lui raccommode un bonnet en gaze de laine.

Paire de manchettes à deux rangs en gaze brochée

Le 4 avril 1787

Madame Éloffe livre à la Reine un fichu de crêpe moyen ; une paire de manche de cour* en gaze de laine bordée de petit picot ; six paires de petites manchettes en ruche en gaze dito bordée de picot ; 7 tours de robe dito ; une guimpe en gaze de laine garnie de même et picot.

*Les manchettes de cour sont faites avec tout ce qu’il y a de plus beau en dentelles : elles sont souvent attachées avec un ruban qui rappelle la couleur d’un des ornements de la coiffure. Pendant le deuil, elles sont en crêpe noir.

Le 6 avril 1787

Madame Éloffe livre à la Reine 3 douzaines d’aiguillettes de soie blanche ; 2 fichus de crêpe moyen ; une paire de manchettes de crêpe ; 6 tours plats de gaze de laine bordée de picot ; 6 tours de derrière ; façon des 3 tours en guimpe de linon-batiste ; 9 aunes de faveur forte pour passer dans les coulisses.

Le 8 avril 1787

Madame Éloffe livre à la Reine pour le jour de Pâques, une paire de manchettes de crêpe ; 2 tours de gorge de gaze de laine bordée de picot à 2 rangs ; 2 tours de gorge en gaze d’Italie en turban frisé de gaze de laine ; un grand sac de taffetas d’Italie gris ; façon de 2 paires de manchettes ; 2 tours et 2 fraises en linon-batiste ourlé et froncé pour 2 chemises de percale ; façon de 2 tours et 2 paire de manchettes dito pour 2 pierrots dont un de mousseline et l’autre de percale.

Le 14 avril 1787

Madame Éloffe livre à la Reine une paire de manchettes , un tour et une fraise de gaze de laine bordée de picot, pour une chemise de florence grise ; façon d’une paire de manchettes, un tour et la fraise d’une chemise de percale ; façon de 4 paires de manchettes et 4 tours de linon-batiste pour 4 pierrots de percale et pierrot de mousseline brodée ; elle raccourcit la coulisse et rabaisse les garnitures d’un manteau de lin brodé qu’elle refait ; façon d’une paire de manchettes et un tour de linon pour une robe d’organdi à pois ; façon de 18 fichus de linon-batiste dont 6 grands, 8 moyens et 4 petits, ourlés et marqués.

Le 19 avril 1787

Madame Éloffe refait à la Reine un second manteau de linon brodé.

Le 23 avril 1787

Madame Éloffe refait à la Reine un troisième manteau de linon-batiste ; façon d’une paire de manchettes à 2 rangs en gaze de laine bordée de picot, pour une robe de crêpe noir ; un tour ; une robe en gaze dito.

Le 24 avril 1787

Madame Éloffe livre à la Reine 3 paires de manchettes en gaze rayée à 1 rang ; 3 tours dito ; une paire de manchettes en ruche en gaze dito ; un tour en guimpe de gaze Chambéry garni de gaze rayée ; 2 tours de gorge à 2 rangs en gaze rayée ; 6 tours de gorge plats en gaze rayée ; 6 tours de derrière et une paire de manches de cour de gaze rayée.

En mai 1787

Adélaïde Éloffe fait baptiser sa fille Flor-Adélaïde à la paroisse Saint-Louis de Versailles et pour laquelle elle choisit Mademoiselle Marie-Thérèse Larsonnier, la responsable de la garde-robe de la Reine depuis 1782, comme marraine.

Le 24 octobre 1787

Adélaïde Éloffe livre à la Reine 12 aunes de ruban de satin noir large, 12 aunes de dito étroit, 12 aunes de ruban noir large satiné, 12 aunes de dito étroit, 14 aunes de ruban satiné gris, 14 aunes de dito étroit, 14 aunes de comète de satin blanc, 2 aunes 1/2 tulle pour les manchettes en ruche d’un pierrot de florence gris : façon des manchettes ; 2 aunes 1/4 de blonde bâtarde pour le tour ; 8 aunes de comète de satin bleu ; 4 aunes de comète carmélite large, 9 aunes de comètes rayée, une aune et demie de comète rose et noire ; 28 aunes de comète de satin blanc, 36 aunes de satin de différentes couleurs pour coiffer. Adélaïde raccourcit et rétrécit les manches et reposé les manchettes de deux chemises de batiste, elle rabaisse les jabots de deux fichus-chemises.
La facture s’élève à 414 Livres et 12 sous.

Le 8 janvier 1788

Adélaïde Éloffe livre à la Reine 2 tours de gorge plissés en gaze d’Italie frisée de gaze brochée, 2 tours de robe en gaze et 4 tours de gorge plats. La facture est de 10 Livres et 16 sous.

Le 13 avril 1788

Adélaïde Éloffe accouche d’Adrien-Charles Éloffe (1788-1811) qui est baptisé le jour même en la paroisse Saint-Louis de Versailles.

Le 5 mai 1789

Ouverture des États-Généraux.

Le 14 juillet 1789

Prise de la Bastille.

La-Révolution-française-Un-texte-Un-jour
Image des Années Lumière (1989) de Robert Enrico

Une grande partie de sa clientèle, aristocratique, émigre alors , à l’instar des Polignac…

Le 5 octobre 1789

Des milliers de femmes du peuple venues de Paris marchent sur Versailles pour demander du pain.

LES ACTEURS DE LA REVOLUTION : MARIE-ANTOINETTE, REINE DE FRANCE ...
Image de Marie-Antoinette (1955) de Jean Delannoy

Le 6 octobre 1789

Vers cinq heures du matin, les appartements privés sont envahis. La Reine s’échappe en jupon par une porte dérobée. Plus tard, Sa présence est réclamée par la foule. Elle va au-devant du peuple, courageuse, au mépris de Sa vie.

Le matin du 6 octobre 1789 par Benjamin Warlop

La famille royale est ramenée de force à Paris. 

Portraits de Marie-Antoinette par Joseph Navlet Zparis10
Départ du Roi de Versailles, par Joseph Navlet

La famille royale s’installe aux Tuileries et un semblant de vie de Cour se met en place.

Image de Marie-Antoinette (1955) de Jean Delannoy

Le 29 octobre 1789

Adélaïde Éloffe livre à la Reine 9 aunes et 1/2 de blonde grande hauteur pour les parements d’une robe de satin rouge et noir ; 8 aunes de blonde bâtarde pour friser le derrière des parements ; 6 aunes de tulle pour friser sous la blonde ; un volant de gaze de laine appliqué en vermichelle coquelicot ; 3 aunes de comète coquelicot pour le bas du volant ; 3 aunes de ruban en guirlande en touffe assorti à la robe ; façon pour la garniture de la robe ; 3 aunes de blonde pour les manchettes à 2 rangs : façon des manchettes ; 2 aunes de blonde bâtarde pour le tour ; 7 aunes de ruban cerise pour coiffer ; 2 aunes et demie de tulle bordé pour les manchettes en ruches d’une lévite de satin carmélite noir et bleu : façon des manchettes ; 2 aunes de blonde pour le tour ; 2 aunes 1/4 de blonde bâtarde pour le tour d’un corset rayé noir et rose ; 2 aunes de blonde pour un tour de gorge à 2 rangs, gaze faveur et façon ; 2 aunes de blonde pour le tour d’un corset fond blanc bordé en rose ; une aune de blonde pour la pièce ; une aune blonde bâtarde pour la tête : façon de la garniture du corset ; 2 aunes et demie de tulle pour une paire de manchettes en ruche d’un pierrot de satin bleu et brun rayé : façon des manchettes ; 2 aunes 1/4 de blonde pour le tour ; deux fichus anglais.
La facture s’élève à 428 Livres et 5 sous.

La blonde est une dentelle de soie plate, écrue à l’origine, exécutée au fuseau.

Le 6 novembre 1789

Madame Éloffe livre pour la Reine 2 aunes et demie de blonde 2 côtés pour une paire de manchettes en ruche d’une robe de satin carmélite bleu et noir : façon des manchettes ; 3 aunes de petite blonde pour une paire de manchettes en ruche d’une chemise violette glacée : façon des manchettes ; 2 aunes 2 côtés pour les manchettes en ruche d’un pierrot vert glacé : façon des manchettes ; 2 aunes et demie de blonde bâtarde pour le tour.
La facture s’élève à 35 Livres 17 sous et 6 deniers.

Le 7 novembre 1789

Madame Éloffe livre pour la Reine 1/4 de blonde pour rallonger ; une aune de blonde ; 2 aunes 2 côtés pour les manchettes en ruche d’un pierrot de satin fond brun à petits bouquets violets ; 2 aunes 1/4 de blonde pour le tour ; une aune de comète rose et noire ; façon des manchettes.
Elle Lui raccourcit et rétrécit les manches de 5 chemises de batiste auxquelles elle a reposé les manchettes ; elle rabaisse les jabots de 4 fichus-chemises ; elle raccommode une guimpe de linon-batiste et faveur ; elle regarnit 2 jupons de florence et refait les ceintures ; elle rélargit 2 tours en guimpe de linon-batiste et faveur.

La facture est d’un montant de 43 Livres.

Le 14 novembre 1789

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 5 aunes de tulle liséré pour deux paires de manchettes remises à 2 pierrots de Florence dont un bleu , l’autre vert et brun : façon des deux paires de manchettes ; une aune de gaze Chambéry pour rechanger un fichu ; 2 aunes 1/4 de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde.
Le tout coûte 22 Livres et 18 sous

Le 12 décembre 1789

Madame Éloffe livre pour la Reine 2 aunes de blonde pour une paire de manchettes en ruche d’une chemise de Florence puce : façon des manchettes ; 3 aunes 1/4 de frange en frivolité rose et vert à retombants à glands, dont un en frivolité et l’autre en perles assorties ; 5 aunes et demie de frange pour le bas de robe : façon de la garniture de l’habit ; 4 aunes 1/2 d’entoilage fond Alençon à bouquet pour le corps de la mantille ; 7 aunes de blonde pour friser le tour de la mantille ; 8 aunes de blonde pour le second rang et les glands ; 5 aunes de blonde pour le chérusque (sorte de collerette en dentelle) : façon de la mantille en chérusque ; 3 aunes de ruban pour border la mantille ; 1 aune 3/4 de ruban anglais pour la nouer ; une paire de bracelets en ruban rose et ruban vert frisé de petit-pied ; 2 aunes et demie de blonde pour les 8 tours de derrière : façon des 15 tours ; 2 aunes de blonde pour un tour de gorge à 2 rangs : gaze et façon du tour.
Le total est d’un montant de 542 Livres 3 sous et 6 deniers.

Au dire de cette facture, la vêture rose de Marie-Antoinette, ici interprétée par Michèle Morgan, n’est donc pas si incongrue en 1791, alors que la Reine avait dit qu’après trente ans cette couleur ne convenait plus à une dame… Image du film de Jean Delannoy ( 1956)

Fin 1789

Adélaïde Éloffe rélargit les poignets de 3 chemises de batiste de la Reine et en remonte les manchettes ; elle Lui livre 4 aunes 3/4 de blonde pour les manches de cour ; une aune de blonde bâtarde pour les petits rangs ; des sabot de taffetas ; 1/4 de gaze anglaise pour hausser les blondes ; une aune de comète ; elle livre aux demoiselles Breton 4 aunes et demie de comète violette ; 3 fichus en gaze Chambéry bordés de comète de satin .
La facture est de 86 Livres 6 sous et 6 deniers.

En 1790

Les Éloffe rejoignent la Cour en s’installant à Paris au lendemain des journées d’octobre 1789, près des Tuileries, au numéro 13 de la rue du Bac. Leur boutique est devenue une mercerie. Est-ce une manière de s’adapter au nouveau marché ? Ou une manière plus démocratique d’appeler son métier qui fut attaché à la Cour ?

« Une minorité importante des nobles et des marchands vit toutefois dans des lieux éloignés de la rue Saint-Honoré. Les deux catégories, bien qu’elles rassemblent des personnages divers, n’habitent pas les mêmes rues, si elles partagent les mêmes quartiers. Ainsi, à une exception près, le tapissier Leclerc
rue de la Michodière, toutes les voies situées hors des boulevards, à l’ouest ou au nord de la ville, concernent des membres de la haute noblesse. Les aristocrates sont également assez nombreux au faubourg Saint-Germain, qui reste leur quartier de prédilection : les rues du Cherche-Midi, de Vaugirard
(Palais du Luxembourg), Cassette, Pot-de-Fer, des Vieilles-Tuileries, du Bac, de Grenelle, de l’Université (Palais Bourbon, hôtel d’Harcourt), de Varenne (hôtel de Mazarin)… sont habitées exclusivement par des aristocrates. Quelques nobles sont fixés au Marais : le marquis d’Hablon rue neuve-Saint-Gilles, le
conseiller d’État Moreau rue des Tournelles, le président de Talais rue Saint-Louis … Pour le consommateur noble, l’éloignement de l’artisan est accessoire : son savoir-faire, sa réputation comptent davantage. De toute façon, il revient au tapissier, et plus souvent à ses garçons ou ouvrières, de se déplacer chez la clientèle : l’artisan intervient la plupart du temps sur place pour décorer, réparer, rembourrer, démonter… Les distances sont variables et importent peu, ce dont témoignent les notations des registres.»

Natacha Coquery, La boutique à Paris au XVIIIe siècle

Début janvier 1790

Madame Éloffe regarnit une robe de popeline en gaze pour madame Adélaïde pour un montant de 6 Livres.

Elle livre à la Reine une toque de soie noire et une de soie blanche qui coûtent 9 Livres.

Une dame à sa toilette par Louis-Léopold Boilly, vers 1790

En tant que marchands merciers les Éloffe s’adaptent à l’ère du temps et ouvrent leur clientèle à la bourgeoisie. La boutique est ouverte aux aristocrates et aux bourgeois, qui assouvissent des envies similaires à des prix comparables.

Mercredi 30 mars 1791

Marie-Antoinette fait faire à Madame Éloffe des reprises à un manteau de limon-batiste.

Le 31 mai 1790

Madame Éloffe fait livrer, à la comtesse d’Artois, émigrée à Turin, une aune et demi de dentelle noire très fine et très haute.

Le 21 juillet 1790

Madame la comtesse d’Artois se fait livrer à Turin, par la marchande de modes madame Éloffe, 28 aunes ruban de satin violet étroit, et ruban dit gros vert.

Le 10 juillet 1791

Madame Éloffe livre à la Reine 3/8 gaze d’Italie pour 2 tours en turban ; 2 aunes de blonde bâtarde pour friser les 2 tours ; gaze pour doubler faveur et façon des 2 tours ; 3 aunes de blonde fond Alençon pour les manchettes à deux rangs d’un pierrot de taffetas bleu et noir glacé ; une aune de 1/2 tulle pour hausser les grands rangs ; façon des manchettes ; 2 aunes 1/3 blonde pour le tour de corset d’un habit de taffetas rayé chiné ; faveur et façon. Total : 69 Livres 10 sous et 6 deniers.

Mardi 31 août 1790

Madame Éloffe, marchande de modes de la Reine, livre deux bonnets de nuit de taffetas blanc doublé et a élargi les poignets de trois autres douzaines de chemises, et fournit de la toile : à cette époque, Marie-Antoinette a pris de l’embonpoint, ce qui nécessite l’élargissement des poignets de Ses chemises.

En juillet et août 1791

Marie-Antoinette passe diverses commandes auprès de Madame Éloffe, marchande de modes.

Exemple de ulle brodé

Le 18 novembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine une aune de gaze Chambéry pour un fichu ; 2 aunes de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde ; une aune de gaze Chambéry pour un fichu double ; 4 aunes de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde ; 8 aunes et demie de blonde fond Alençon à dessin, pour la garniture d’une robe de satin violet ; 7 aunes 1/4 de tulle pour friser les parements et tête du volant ; un volant en gaze brochée riche ; 2 aunes et demie de comète de satin pour le border ; 1/4 de ruban de satin violet appliqué en velours et satin blanc : façon de la garniture de la robe ; 2 aunes et demie de blonde 2 côtés pour les manchettes : façon des manchettes ; 2 aunes 1/3 de blonde pour le tour ; 2 aunes de ruban appliqué assorti à la robe pour coiffer. Total : 246 Livres et 6 sous.

Marie-Antoinette Au Livre (1784) par Elisabeth Vigée Le Brun
Sur ce tableau, la vêture de la Reine témoigne parfaitement des différents éléments de la parure d’une toilette.
Ainsi le tour de gorge est-il composé de blonde froncée, bordée de picot ; le tour est de blonde bâtarde brodée. surmonté d’un tour en guimpe en linon bordée de comète en satin blanc. La gorge est recouverte d’un fichu de linon-batiste
Les manchettes en ruche sont à 2 rangs dont le supérieur est relevé de gaze.
La coiffure est faite de blonde fond Alençon, barbes et papillons, enturbannée de perles.

Le 23 novembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine une paire de bracelets en ruban de satin blanc frisé de blonde ; 2 aunes 1/4 de blonde pour les manchettes en ruche d’une robe verte et brune : façon des manchettes ; 2 aunes et demie de blonde pour le tour ; 2 aunes et demie de blonde pour le tour du corset d’un habit violet et vert ; 2 aunes1/4 de tulle pour les manchettes en ruche d’une redingote : façon des manchettes ; elle rabaisse une guimpe de linon, une aune de blonde pour la garnir ; 14 aunes de ruban de satin bleu étroit.
Le Total est de 76 Livres.

Le 29 novembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 2 aunes 1/4 de tulle pour les manchettes en ruche d’une chemise violette et verte ; une aune et demie de blonde pour le tour ; une aune de blonde pour la fraise : façon des manchettes et de la fraise ; un grand sac de taffetas puce ; un second en dito ; un troisième en dito violet ; livré à mademoiselle Sainte-Foix 9 aunes de comète carmélites.
La facture s’élève à 58 Livres et 17 sous.

Le 30 novembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 2 aunes de tulle pour les manchettes en ruche d’un pierrot de satin fond brun rayé chiné : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour ; 2 aunes de tulle pour les manchettes en ruche d’un pierrot carmélite et vert : façon des manchettes ; 2 aunes 1/4 de blonde pour le tour ; 6 aunes de taffetas demi-florence pour 2 ceintures ; 6 aunes de demi-florence pour 2 autres ceintures.
La facture est de 87 Livres et 15 sous.

Le 2 décembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine une aune de gaze de Chambéry pour un fichu ; 2 aunes et demie de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde ; 2 aunes de tulle pour les manchettes d’une redingote de satin carmélite rayée : façon des manchettes.
La facture est de 15 livres 16 sous et 6 deniers.

Le 12 décembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 2 aunes de tulle liséré pour une paire de manchettes d’un pierrot de satin fond brun rayé bleu et blanc ; 2 aunes 1/3 de blonde bâtarde pour le tour : façon des manchettes ; une aune de blonde pour une petite chemise en guimpe ; 12 aunes de velours noir pour colliers.
Le tout revient à 29 Livres et 19 sous.

Le 14 décembre 1791

Adélaïde Éloffe envoie à Madame Adélaïde alors en Italie 16 douzaines d’aunes de rubans de toutes nuances : rose et bleu, violet et carmélite, pistache et rose etc. ; 2 pièces de faveur blanche et 5 pièces de rubans de 30 aunes ; de la gaze anglaise pour 6 chemises ; emballage.
La facture s’élève à 367 Livres et 12 sous.

Le 15 décembre 1791

Madame Éloffe livre pour la Reine une paire de bracelets en ruban de satin blanc frisé de blonde ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour de corset d’un habit de satin carmélite ; 2 aunes de blonde pour un tour de gorge à 2 rangs : gaze et façon du tour ; livraison à mademoiselle Sainte-Foix 4 aunes de comète de satin carmélite large.
Le tout revient à 37 Livres 6 sous et 6 deniers.

Le 17 décembre 1791

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 2 aunes1/3 de blonde bâtarde pour remettre des manchettes à une robe de satin violet : façon des manchettes ; 5 aunes de blonde pour 2 paires de manchettes à 2 rangs, pour remettre à 2 robes de satin : façon des 2 paires de manchettes ; livraison d’un chapeau de paille à effilés ; 6 aunes de cannetille.
Le total est de 51 Livres 16 sous.

Chapeau de paille rond vers 1770

Le 21 décembre 1791

Madame Éloffe livre pour la Reine une aune de gaze Chambéry pour un très grand fichu, 2 aunes1/2 de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde. Elle livre une pièce de galon blanc de 60 aunes.
Le tout revient à 15 Livres 4 sous.

A la fin de l’année 1791

Il n’y a plus que Marie-Antoinette, la marquise de Mesgrigny, la princesse de Chimay, ainsi que Mesdames en émigration, qui font encore un peu de travailler Madame Éloffe.

École hollandaise, Portrait présumé de François Noël, 1792

Même durant la révolution, les hommes comme les femmes s’apprêtent.

Le 1er janvier 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 4 aunes1/2 de blonde pour des manchettes de cour ; une aune et demie de blonde pour les petits rangs ; 1/4 de gaze pour hausser la blonde ; une aune et demie de comète pour les nouer ; sabots de taffetas.
Le total s’élève à 54 Livres et 19 sous.

Le 4 janvier 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine une aune de gaze Chambéry pour rechanger un grand fichu ; 2 aunes et demie de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde ; 12 aunes de ruban rose et blanc satiné ; 12 aunes de dito bleu.
La facture est de 47 Livres et 12 sous.

Le 6 janvier 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine une aune de gaze Chambéry pour rechanger un fichu, 2 aunes1/2 comète de satin pour le border : façon du fichu garni de point à l’aiguille ; 2 aunes1/4 de tulle bordé pour les manchettes en ruche d’u ne redingote de Florence glacée verte et violette : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blondes pour 6 tours de gorge plats ; 1 aune3/4 pour les 6 tours de derrière.
Le tout s’élève à 43 Livres et 4 sous.

Le 13 janvier 1792

Madame Éloffe envoie à Madame Adélaïde qui est en Italie, 6 coiffures de blonde fond Alençon, barbes et papillons ; de la blonde fond Alençon fine pour garnir 4 fichus-chemises ; blonde pour 4 fichus-chemises ; gaze anglaise à petits objets, pour les bonnets et les fichus ; rubans ; papier et toile cirée.
La facture s’élève à 799 Livres et 18 sous.

Le 14 janvier 1792

Madame Éloffe envoie à Madame Victoire, alors en Italie avec sa sœur, une quantité très considérable de rubans de toutes les couleurs : orange, noisette, chocolat, puce, etc.
pour une valeur de 590 Livres et 6 sous.

Elle livre pour la Reine 2 aunes1/4 de tulle liseré, pour les manchettes en ruche d’un pierrot de florence rayé violet et citron : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde fond Alençon pour le tour ; 3/8 de gaze d’Italie pour 2 tours de gorge en turban ; 2 aunes de blonde pour friser les 2 tours ; gaze pour doubler , faveur et façon ; livré à mademoiselle Sainte-Foix 4 aunes1/2 de comète violette.
Le montant est de 28 Livres et 2 sous.

Le 24 janvier 1792

Adélaïde Éloffe fait pour la Reine une redingote à une redingote de Florence et Lui livre 2 fichus anglais de 7/4 à raie de jonc ; dito de 6/4 ; 6 dito de 5/4.
La facture est de 105 Livres.

Le 28 janvier 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 2 aunes1/4 de tulle pour une paire de manchettes en ruche d’une redingote de Florence carmélite : façon des manchettes ; formes de pouf en laiton couvert de petit marly doublé en gaze d’Italie.
Le tout coûte 10 Livres 17 sous et 6 deniers.

Madame Victoire lui commande encore pour 287 Livres de rubans et de fichus anglais.

Le 7 février 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 4 aunes de comète carmélite livrés à mademoiselle Sainte-Foix ; 4 aunes1/2 de blonde fond Alençon à bordure pour des manches de cour ; une aune1/4 de blonde bâtarde pour les petits rangs ; 1/4 gaze pour entoiler les blondes ; 1 aune de tulle pour les nouer.
La facture est de 57 Livres 16 sous et 6 deniers.

Le 11 février 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 6 cravates en gaze de laine ourlées ; 4 aunes de blonde fond Alençon à bordure pour 21 tours de gorge plissés à 2 rangs ; de la gaze d’Italie : façon des 2 tours ; elle Lui fait des reprises pour un fichu de linon batiste brodé en fond de linon.
Le tout coûte 69 Livres 8 sous.

La vicomtesse de Vaudreuil (1781) par Madame Vigée Le Brun
Le modèle porte sur sa robe de taffetas glacé violet une large fraise en gaze de Chambéry rayée de ruban de satin blanc retombante (mais relevée à sa base sans doute par du tulle) qui surmonte un tour en guimpe en linon bordée de comète en satin blanc, de larges manchettes simples en gaze de Chambéry rayée de ruban de satin blanc que l’on retrouve dans son chapeau que des pans de gaze crêpe viennent nouer sous le cou de la belle vicomtesse.

Le 12 février 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 2 fichus anglais 6/4 rayés ; 2 fichus de dito rayé de jouc ; une aune de gaze de Chambéry pour rechanger un fichu ; 4 aunes1/2 de comète pour le border à double rang : façon du fichu garni de blonde.
La facture est de 56 Livres 11 sous et 6 deniers.

Le 23 février 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine une aune de blonde pour remettre à une guimpe de linon-batiste ; 6 grands fichus simples de 1 aune1/2 ; 4 dito moyens de 1 aune ; 2 aunes1/4 de blonde tournante pour 6 tours de gorge plats ; 6 fichus anglais 7/4 rayés de jonc ; 1 aune3/4 de blonde bâtarde pour les 6 tours de derrière : faveur et façon des 12 tours ; 2 aunes de blonde tournante pour un tour de gorge à 2 rangs : gaze et façon ; une paire de bracelets en ruban de satin blanc frisé de blonde ; 12 aunes de rubans de satin blanc large blanc sur blanc ; 24 nuances de dito étroit.
Le total s’élève à 275 Livres et 5 sous.

Ancien plastron/guimpe en linon brodé à la main

Le 27 février 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 6 douzaines de lacets de fil ; une aune de blonde pour un tour en guimpe : faveur et façon. Elle rélargit les poignets de 14 chemises de batiste.
Le tout pour 20 Livres et 9 sous.

Le 5 mars 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 1 aune de gaze de Chambéry pour un grand fichu ; 2 aunes1/4 de comète pour le border : façon du fichu garni de blonde ; 14 aunes de feston pour un volant de linon broché à tête rabattue : façon de la garniture du jupon. Elle Lui rallonge un fichu de dentelle noir.
Cela coûte 19 Livres et 15 sous.

Eventail, vers 1770

Le 9 mars 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 5 aunes de tulle liséré pour 2 paires de manchettes en ruche, pour rechanger les manchettes à une redingote et l’autre à un pierrot : façon des 2 paires de manchettes ; 6 douzaines de lacets de soie de grenade noire ; 6 douzaines de dito puce ; 2 aunes de blonde bâtarde pour une paire de manchettes en ruche d’une chemise de florence carmélite ; 1 aune de blonde pour la fraise : façon des manchettes et de la fraise ; une aune de blonde pour le jouc.
Le tout coûte 89 Livres et 19 sous.

LE 10 mars 1792

Madame Éloffe envoie pour Madame Victoire 4 coiffures de blonde fond Alençon pour ajustés de garnitures différentes ; baigneuse de blonde fond Alençon ; 2 éventails ; des manchettes de blonde fond Alençon ; de la gaze anglaise pour 8 fichus chemises dont 6 garnis de blonde fond Alençon riche ; blonde tournante fond Alençon à bordure pour la garniture d’une robe rayée chinée brun, verte et rose ; blonde tournante pour la garniture d’une robe de taffetas gros-bleu ; blonde fond Alençon à bordure pour la garniture d’une robe rayée violet, chinée vert, bleu et blanc ; 3 robes de taffetas garnies de même ; rubans ; cartons et papier pour emballage ; cordage et ruban de fil ; une très grande boîte commissionnaire.
La facture s’élève à 1165 Livres et 5 sous.

Madame Éloffe envoie pour Madame Adélaïde 2 toilettes de taffetas cramoisi dans un petit carton pour envoyer les dentelles à Rome : 5 Livres.

Le 12 mars 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine 5 paires de petites manchettes en gaze de Chambéry faites en ruche noire et une robe grise ; 3 tours de robe ; 1 paire de manches de cour en crêpe ; 2 fichus en crêpe à double ourlet dont un moyen et l’autre petit ; un tour de gorge à 2 rangs de crêpe ; un tour de guimpe de crêpe garni de même ; 7 tours plats et 7 tours de derrière en crêpe ; 3 tours de robe en crêpe ; 6 aunes de florence noire pour 2 ceintures ; un grand fichu de gaze crêpe de 1 aune1/2 ; 4 fichus dito moyen en gaze crêpe ; 2 fichus dito petits ; 1 tour de gorge à 2 rangs en gaze crêpée ; un tour en guipe en gaze dito garni de même ; 2 tours en turban l’un frisé en gaze crêpe et l’autre en crêpe ; une paire de manchettes de crêpe ; une paire de manchettes de crêpe pour un pierrot de popeline ; un tour pour le pierrot ; 14 aunes de ruban d’étamine large ; 14 aunes de dito étroit.
La facture est de 212 Livres et 10 sous.

Le 15 mars 1792

Adélaïde Éloffe livre pour la Reine une paire de manches de cour en crêpe ; un tour de corset ; un tour de gaze crêpe frisé de crêpe ; 2 tours en guimpe en gaze crêpe ; une paire de manchettes en crêpe ; 2 tours en guimpe en gaze de Chambéry ; une paire de manchettes de crêpe ; une chemise, un tour et la fraise pour la chemise. Elle a garni la pièce d’un grand habit en gaze de laine.
Le tout pour un total de 37 Livres 18 sous.

Le 20 mars 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 13 aunes de ruban de satin noir large ; 13 aunes de dito étroit ; 14 aunes de ruban de satin noir rayé large ; 14 aunes de dito étroit ; une paire de manchettes de crêpe pour un pierrot de florence ; un tour de dito ; 1 aune de gaze de Chambéry pour un grand fichu double ; 4 aunes de comète de satin pour le border : façon du fichu garni de blonde.
Cela coûte 113 Livres et 16 sous.

Le 22 mars 1792

Madame Éloffe envoie pour Madame Adélaïde des taffetas pour les garnitures de 4 robes ; des rubans de toutes les nuances en très grande quantité ; un carton, une grande boîte et du papier pour l’emballage.
Le montant s’élève à 318 Livres et 12 sous.

Une autre facture à l’adresse de Madame Adélaïde est de 176 Livres et 18 sous.

Le 31 mars 1792

Madame Éloffe envoie pour Madame Victoire un manteau doublé de taffetas garni de dentelle qui coûte 165 Livres 10 sous et 6 deniers.

Le 2 avril 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 3 fichus en crêpe ourlé dont un moyen, un grand et un petit ; une paire de manchettes de crêpe à un rang ; une paire de dito en gaze de laine.
La facture est de 35 Livres.

Le 4 avril 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine un fichu de crêpe moyen ; une paire de manchettes de cour en gaze de laine bordée de petit picot ; 6 paires de petites manchettes en ruche en gaze dito bordée de picot ; 7 tours de robe en dito ; une guimpe en gaze de laine garnie de même et picot. Elle a remis une bande de linon à un tour en guimpe.
Le tout coûte 44 Livres et 8 sous.

Le 5 avril 1792

Madame Éloffe envoie pour Madame Adélaïde, par ordre de madame de Laval, deux pièces de ruban n°3 par 30 aunes, deux pièces de n°2 ; 5 aunes de gaze anglaise brochée ; une pièce de ruban n°5 blanc par 30 aunes ; une pièce de ruban n°3 ; 8 aunes de ruban de satin noir ; 8 aunes de dito étroit ; 14 aunes de gaze anglaise à petits objets ; 13 aunes de dito ; 11 aunes de demi gaze rayée ; un manteau de taffetas noir double garni de dentelles ; de la toile cirée, du papier et du cordage ; 6 coiffures de blonde fond Alençon très fine avec leur papillon ; 12 aunes de blonde fond Alençon pour manchettes ; 12 aunes de dito ; 55 aunes de taffetas de Florence blanc pour doubler des robes ; une aune de tiers taffetas d’Italie pour les corsages de robes ; elle lui garnit la robe de satin ; coupe de 16 aunes de taffetas ; une pièce de fil n°14 ; une pièce dito ; une pièce de fil retors n°3 ; une pièce n°2 ; une pièce n°1 ; 2 pièces n°1/2 ; une pièce n°16 ; 56 écheveaux de soie ; une sizain d’épingles différentes ; 2 pièces de faveur blanche ; une grande caisse pour emballer le tout ; 5 cartons pour mettre les 4 robes et les 3 redingotes ; du ruban de fil ; papier et cordage.

Le 6 avril 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine 3 douzaines d’aiguillettes de soie blanche ; 2 fichus de crêpe moyen ; une paire de manchettes de crêpe ; 6 tours plats de gaze de laine bordée de picot ; 6 tours de derrière : façon des 3 tours en guimpe de linon-batiste ; 9 aunes faveur forte pour passer dans les coulisses.
Cela coûte 42 Livres et 11 sous.

Du 5 avril au 1er août 1792

La duchesse de Laval, dame d’atours de Madame Adélaïde, passe commande différentes fournitures auprès de madame Eloffe, marchande de modes, pour Madame Adélaïde alors émigrée à Rome.
Ce mémoire de fournitures se monte à 1 648 Livres, mais ne sera jamais acquitté.

Les Éloffe ne sont que des fournisseurs parmi d’autres de la famille royale … aussi ils n’ont pas de difficulté avec le retournement politique que connaît alors la France.

Le 14 avril 1792

Madame Éloffe livre à la Reine une paire de manchettes, un tour et une fraise de gaze de laine bordée de picot pour une chemise de florence grise : façon d’une paire de manchettes, un tour et la fraise d’une chemise de percale ; façon de 4 paires de manchettes et 4 tours de linon-batiste pour 4 pierrots de percale et pierrot de mousseline brodée. Elle raccourcit la coulisse d’un manteau de linon brodé qu’elle a refait et en rabaisse les garnitures ; façon d’une paire de manchettes et d’un tour de linon pour une robe d’organdi à pois ; façon de 18 fichus de linon-batiste, dont 6 grands, 8 moyens et 4 petits.
La facture est de 23 Livres et 10 sous.

Le 19 avril 1792

Madame Éloffe refait un manteau de linon brodé pour la Reine, cela coûte 3 Livres.

Le 23 avril 1792

Madame Éloffe refait à la Reine un troisième manteau de linon-batiste ; façon d’une paire de manchettes à 2 rangs en gaze de laine bordée de picot, pour une robe de crêpe noir ; une robe en gaze dito.
Cela revient à 8 Livres et 9 sous.

Le 24 avril 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 3 paires de manchettes en gaze rayée à 1 rang ; 3 tours dito ; une paire de manchettes en ruche en gaze dito ; un tour ; un tour en guimpe de gaze de Chambéry garni de gaze rayé ; 2 tours de gorge à 2 rangs en gaze rayée ; 2 tours en gaze d’Italie à turban fraise de gaze rayée ; 6 tours de derrière ; une paire de manches de cour de gaze rayée.
La facture est de 46 Livres et 2 sous.

Le 29 avril 1792

Madame Éloffe livre à la Reine une paire de manchettes, le tour et la fraise en gaze rayée pour une chemise ; 6 douzaines de lacets de fil pour lacer les manches ; 6 douzaines de lacets de soie de grenade ronde ; 6 cravates en gaze de laine anglaise ourlée.
La facture s’élève à 67 Livres.

Sur ce portrait (1785) de Wertmüller, Marie-Antoinette porte une robe élaborée à la Turque garnie d’un tour de gorge à deux rangs en gaze d’Italie en turban frisé de gaze de laine sur un tour en guimpe de gaze Chambéry garni de gaze bordé de picot, que surplombe une large fraise en blonde de Chambéry. Sur le devant, tombent deux châtelaines précieusement agencées de perles, qui se terminent en glands perlés. Les manchettes à deux rangs sont de blonde brodée en ruche, le nœud est en ruban de satin large blanc. Le tour de robe reprend la même blonde brodée, appliquée platement et rehaussée à sa base du même ruban. Rubans de satin et de blonde sont repris dans la coiffe qu’ornent un bouquet de plumes d’autruche.

Le 5 mai 1792

La comtesse de Saint-Sauveur commande à Madame Éloffe une corbeille de mariage.

Ce même jour, Madame Éloffe livre à la Reine un grand fichu en gaze de Chambéry pour rechanger la gaze d’un fichu de point ; 2 aunes1/4 de comète de satin pour le border : façon du fichu garni de point à l’aiguille ; livré à mademoiselle Sainte-Foix 18 aunes de comète rayée de différentes couleurs ; 9 aunes de dito unies ; façon d’une paire de manchettes de linon-batiste.
Cela coûte 19 Livres et 14 sous.

La robe à la Lévite :
Il s’agit d’une robe droite et souple, plissée à l’arrière.

Le 12 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 9 aunes3/8 de blonde grande hauteur fond Alençon à bordure pour la garniture d’une robe de taffetas violet ; 7 aunes1/2 de blonde bâtarde pour friser le derrière des parements ; 5 aunes1/2 de tulle pour friser les bords de la robe ; un volant en gaze rayée anglaise appliquée d’une guirlande de soie assortie à la robe et le fond moucheté ; 3 aunes de comète large pour le bas du volant ; 3 aunes1/4 de ruban large appliqué en soie assortie pour les parements de la robe et tête du volant ; 1/2 aune de gaze de Chambéry pour le dessous du volant : façon de la garniture de la robe ; 3 aunes de blonde fond Alençon pour hausser les grands rangs : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour ; 3 aunes de ruban de satin blanc appliqué assorti à la robe pour coiffer ; 4 aunes1/2 d’entoilage fond Alençon à dessin, pour le corps d’une mantille pour un habit de taffetas chiné simple ; 9 aunes de blonde pour friser le tour de la mantille ; 9 aunes 2 côtés pour le second rang ; 3 aunes de ruban pour border la mantille ; 1 aune3/4 de ruban anglais pour la nouer : façon de la mantille ; 3 paires de bracelets en ruban de satin frisé de blonde dont une paire rose, une violette et l’autre bleue ; un tour en guimpe de gaze de Chambéry garni de blonde ; une pair de manchettes de tulle en ruche pour un pierrot de taffetas chiné bleu rayé citron ; 2 aunes1/4 de blonde bâtarde pour le tour ; une paire de manchettes de blonde en ruche pour une lévite de taffetas glacé violet et vert ; 3 aunes de blonde pour les manchettes à 2 rangs d’une lévite de taffetas fond blanc chiné rayé bleu ;1 aune1/2 de tulle pour hausser les grands rangs ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour ; une paire de manchettes de tulle faites en ruche pour une chemise de taffetas carmélite glacé noir ; 1 aune de blonde pour la fraise ; 1 aune1/2 de blonde bâtarde pour le tour ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour d’un corset de taffetas chiné bleu, blanc et vert ; 2 aunes de blonde fond Alençon pour un tour de gorge à 2 rangs.
Le total s’élève à 649 Livres et 11 sous.

Le 14 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 aunes1/4 de tulle pour les manchettes en ruche d’une robe de Florence glacée : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour.
Cela coûte 17 Livres 12 sous et 6 deniers.

Le 16 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 3/8 gaze d’Italie pour 2 tours en turban ; 2 aunes de blonde pour friser les 2 tours ; gaze pour doubler, faveur et façon des 2 tours ; 3 aunes de blonde fond Alençon pour les manchettes à 2 rangs d’un pierrot de taffetas bleu et noir glacé ; 1 aunbe1/2 de tulle pour hausser les grands rangs : façon des manchettes ; 2 aunes1/3 de blonde pour le tour ; 2 aunbes1./3 de blonde pour le tour ; 2 aunes1/3 de blonde pour le tour de corset d’un habit de taffetas rayé chiné ; 2 aunes de blonde pour 2 tours en guimpe de linon : faveur et façon.
La facture est de 69 Livres 10 sous et 6 deniers.

Dos d’un pierrot

Le 19 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 4 aunes5/8 de blond fond Alençon fine pour des manches de cour ; 1 aune1/4 de blonde pour les petits rangs ; 1/4 de gaze pour hausser les blondes ; 1 aune1/4 de comète pour les nouer ; sabots de taffetas ; 4 aunes1/3 de blonde pour un tour de corset fond brun chiné rouge.
Cela revient à 68 Livres 13 sous et 9 deniers.

Le 21 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 aunes1/4 de blonde pour 6 tours de gorge plats ; 1 aune3/4 de blonde pour les 6 tours de derrière : faveur et façon des 12 tours ; 1 aune1/8 de gaze de Chambéry large pour un grand fichu ; 2 aunes1/2 de comète de satin pour la border : façon du fichu garni de blonde.
La facture est de 41 Livres 6 sous et 3 deniers.

Tour de gorge vers 1770

Le 22 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 aunes1/4 de tulle pour les manchettes en ruche d’un pierrot de tarlatane (sorte de mousseline très claire dont les fils sont un peu gros) fond blanc à bouquet nuée : façon des manchettes ; 2 aunes1/2 de blonde pour le tour ; 6 douzaines d’aiguillettes de soie blanche ferrées des 2 bouts ; 2 aunes1/4 de tulle pour les manchettes en ruche d’un pierrot de taffetas glacé vert et bleu : façon des manchettes ; 2 aunes1/3 de blonde pour le tour.
Cela revient à 56 Livres.

Le 27 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 fichus anglais de 7/4 rayés de jonc ; 3 dito de 5/4 ; 2 aunes de blonde bâtarde pour les manchettes en ruche d’un pierrot de taffetas chiné puce, rose et blanc : façon des manchettes ; 2 aunes1/2 de blonde pour le tour ; 3 aunes de blonde fond Alençon à bouquets pour les manchettes à 2 rangs d’une robe violette rayée noir ; 1 aune1/2 de tulle pour hausser les grands rangs ; 2 aunes1/4 de blonde bâtarde pour le tour.
Cela coûte 95 Livre 17 sous et 6 deniers.

Le 29 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine une paire de manches de cour de crêpe ; 8 tours de robe en crêpe ; 7 paires de manchettes de crêpe ; 2 tours en guimpe en gaze de Chambéry garni de crêpe ; 2 tours de gorge plissés à double rang ; 2 tours de gorge en turban de gaze d’Italie frisé de crêpe ; 5 tours de gorge plats ; 5 tours de derrière ; 2 douzaines d’aiguillettes de soie noire ferrée des 2 bouts : façon d’une paire de manchettes et un tour de linon-batiste monté et froncé ; 2 tours de crêpe ; 2 paires de manchettes et les 2 devants de 2 robes en chemises ; 2 grands fichus de crêpe ; 2 dito moyen ; 2 dito petits ; livré aux demoiselles Breton 2 aunes3/4 de comète noire.
Cela revient à 151 Livres 13 sous et 3 deniers.

Le 31 mai 1792

Madame Éloffe livre à la Reine un voile à chapeau et de la gaze de laine blanche ; une seconde paire de manches de cour en crêpe (est-ce encore pour le deuil de Gustave III , mort deux mois plus tôt ?) ; un tour de corset ; 2 petits fichus de crêpe ; un tour de gaze de Chambéry garni de crêpe ; 12 aunes de ruban de gaze de laine noire ; 2 paires de gants de soie noire, une longue l’autre courte .
La facture est de 74 Livres et 8 sous.

Le 4 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 paires de manchettes de linon-batiste et tour qu’elle a façonnées ; 2 tours en guimpe en gaze de Chambéry garni de crêpe. Cela vaut 10 Livres et 16 sous.

Elle envoie à Madame Adélaïde 4 aunes de gaze brochée qui valent 26 livres.

Et pour Madame Victoire un manteau doublé de taffetas noir, garni de dentelle noire fond d’Angleterre ; comète pour le border le coqueluchon (capuchon).
Cela coûte 177 Livres 3 sous.

Le 12 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 grands fichus de crêpe ; 2 dito de derrière pour un montant de 49 Livre et 16 sous.

Le 15 juin 1792

Madame Éloffe envoie à Madame Victoire des rubans de toutes les nuances, noisette et rose, rose et vert, rose et brun, rose-carmélite et blanc, violet et vert, bleu-blanc et carmélite, bleu uni et comète.
La facture s’élève à 316 Livres et 19 sous.

On remarque que Mesdames tantes se parent de couleurs dans leur goût quand la Reine est contrainte à une parure plus patriotique…

Sur ce portrait au Livre (1788) de Madame Vigée Le Brun, Marie-Antoinette porte un fichu en gaze de Chambéry qui encadre le décolleté de Sa robe à l’Anglaise en velours bleu roi, bordé de fourrure brune, et jupe de satin blanc, le tour de gorge est en blonde en ruche bordée de picot torsadé qui compose aussi les manchettes froncées mais plates. La toque de velours bleu piquée de plumes d’autruche et d’une aigrette est parée d’une écharpe en satin doublée de gaze anglaise mouchetée de jaune doré à sa base et nouée sur le côté, elle est portée sur un large pouf de gaze.

Le 22 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine un fichu de crêpe moyen ; une paire de manchettes et tour de crêpe pour un pierrot de taffetas noir ; 5 fichus anglais de 5/4 ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour d’un corset d’habit de taffetas fond gris chiné vert et rose ; 2 aunes1/2 de tulle fond Alençon, pour une paire de manchettes en ruche d’une lévite de taffetas fond gros-bleu chiné vert et blanc ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour.
Le total équivaut à 90 Livres et 15 sous.

Le 23 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 aunes1/4 de blonde pour les manchettes en ruche d’une lévite de taffetas rayé rose et carmélite : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour ; 6 cravates de gaze de laine.
Le montant est de 49 Livres 17 sous et 6 deniers.

Le 26 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine un fichu moyen de crêpe ; 2 pièces de galon de soie noire pour 30 aunes ; 4 paires de manchettes en ruche en gaze de laine bordée de picot ; 4 paires de manchettes à 1 rang de dito ; 9 tours de robe en gaze dito ; 2 tours de gorge en turban frisé de gaze de laine ; 2 tours de gorge à 2 rangs ; 2 garnitures de chemises ; une paire de manches de cour en gaze dito ; 3 tours de gorge plats en gaze dito ; 3 dito de derrière ; une paire de grandes manchettes à 2 rangs ; 14 aunes de comète de satin blanc anglaise. Elle a fait blanchir une guimpe en linon et l’a garnie en gaze de laine faveur et façon.
La facture s’élève à 96 Livres et 16 sous.

Le 30 juin 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 aunes3/4 de blonde pour une paire de manchettes en ruche d’une chemise de taffetas glacé bleu et noir ; 1 aune de blonde pour le devant de la chemise ; 1 aune1/4 de blonde pour le tour : façon des manchettes et de la chemise ; 2 aunes de blonde pour les manchettes en ruche d’un pierrot de taffetas fond blanc chiné vert et rose : façon des manchettes ; 2 aunes1/4 de blonde pour le tour ; 6 douzaines de lacets de fil rond pour les manches.
La facture s’élève à 50 Livres 10 sous.

Le 5 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine un très grand fichu en gaze de laine noir bordé en ruban de satin ; 3 tours de gorge plats en gaze ; 3 dito de derrière.
Cela coûte 19 Livres et 1 sou.

Elle envoie à Madame Adélaïde de la gaze anglaise à petits objets ; du ruban de satin noir ; du ruban de Paris ; de la toile cirée, du papier et du cordage.
La facture est de 282 Livres 10 sous.

Le 11 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine 2 tours en gaze rayée à deux rangs ; 2 tours de gorge en turban frisé de gaze rayée ; 2 paires de manchettes ; 3 paires de manchettes à un rang ; 4 tours de robe en gaze dito ; 2 paires de manches de cour en gaze dito ; 5 tours plats dito ; 6 dito de derrière ; un lacet de soie de grenade blanc long de quatre aunes ; elle a garni une guimpe de linon en gaze rayée et une faveur, 2 chemises en gaze rayée.
Le tout pour 80 Livres et 11 sous. Le 14 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine une aune de blonde pour garnir une guimpe de linon, pour 8 Livres et 10 sous.

Le 16 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine un grand fichu en gaze de Chambéry, deux aunes de demi comète pour le border ; trois grands fichus en gaze de Chambéry. Avec la façon du premier fichu cela coûte 61 Livres.

Le 26 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine deux aunes de blonde pour un tour de gorge à deux rangs ; de la gaze d’Italie. Avec la façon du tour, cela coûte 67 Livres et 18 sous.

Le 27 juillet 1792

Madame Éloffe livre pour la Reine quatre fichus moyens en gaze de Chambéry et elle a fait une reprise en fond de linon à un jupon de linon brodé qui font une facture de 34 Livres et 16 sous.

Le 29 juillet 1792

Madame Éloffe livre à la Reine une aune d’un quart de blonde fond Alençon fine pour un tour de linon en guimpe ; une aune de quart de blonde pour garnir une seconde guimpe de linon ; elle a refait les manchettes d’une chemise et le tour de taffetas chocolat. La facture s’élève à 17 Livres et 2 sous.

Le 4 août 1792

Madame Éloffe envoie à Madame Victoire 29 aunes de blonde fond Alençon pour les garnitures de 10 fichu-chemises ; 14 aunes de blonde fond Alençon pour manchettes ; 6 aunes 3/8 blonde plus basse ; 18 aunes blonde pour les petits rangs des manchettes ; de la toile cirée pour emballer, du papier et du cordage.

La facture s’élève à 730 Livres.

Après le 10 août 1792

Les Éloffe fournissent aux nouvelles autorités les factures concernant Marie-Antoinette, ils se définissent alors comme «marchands-merciers».
Cette facture contient deux gazes d’Italie pour trois tours de gorge en turban, trois aunes de blonde pour friser les tours, de la gaze pour les doubler, faveur et façon des trois tours ; deux aunes de blonde pour une paire de manchettes d’un pierrot de taffetas puce ; deux aunes de blonde pour le tour, la façon des manchettes et du tour ; une douzaine de lacets de fil rond.
Le tout pour 36 Livres 14 sous.

Mode antique premier empire

Le 18 août 1792

Adélaïde Éloffe livre à la Reine, au Temple, un très grand fichu en gaze de Chambéry, un dito moyen, un dito petit, deux colliers de velours noir. Le tout pour 34 Livres et 4 sous.

Le costume d’une grande dame pendant la Révolution française (vers 1792). Les grands bonnets étaient devenus à la mode. Dans son livre de compte, Madame Éloffe parle de ceux qui lui ont été commandés par Marie-Antoinette et Sa belle-sœur alors au Temple.

Le 19 février 1793

Son frère, Jacques François Damoville (1763-1803), épouse Marie-Elisabeth Bertrand (1775-1806), dont il aura trois enfants, dont seul le dernier Jacques François (1798-1801) vivra un peu. Il est fruitier sur le marché Saint-Germain, mais sans le sou, abandonnera son enfant, deviendra faux-monnayeur et finira au bagne : condamné le 30 octobre 1802 pour une durée de quinze ans par le Tribunal criminel spécial pour contrefaction de fausses pièces de monnaie (matricule 2996).
Signalement : taille 1m69 visage rond yeux gris cheveux sourcils châtains barbe blond foncé nez long gros de travers bouche moyenne menton rond front large et très échancré une forte brûlure au haut du nez une cicatrice près du nez côté gauche une verrue à la joue droite légèrement marqué de petite vérole flétri de la lettre F sur l’épaule droite Observations: exposé le 23 novembre 1802.
Entré le 7 août 1803 à l’hôpital de la Marine il y décédera le 6 septembre 1803.

Le 6 août 1793

Adélaïde Éloffe accouche de Jean-Baptiste Auguste Éloffe (1793-1871), futur marchand-mercier, comme ses parents, et dessinateur en broderie. Il épousera, en 1818, Julie Aimée de Caluwé (1797-1871) dont il aura trois enfants.

A partir de la fin de l’année 1799

Napoléon Bonaparte (1769-1821) dirige la France.

Du 10 novembre 1799 au 18 mai 1804

Bonaparte est Premier consul.

Bonaparte Premier consul par Jean-Auguste-Dominique Ingres

Le 30 avril 1801 (10 floréal an IX)

Décès de sa sœur, Anne-Véronique Lefebvre-Damoville (1757-1801) à l’hospice du Roule à neuf heures du matin âgée de quarante-quatre ans, née à Paris départ de la Seine demeurant rue des Fossés comblés, quartier Champs-Elysées.

Bonaparte au Pont d’Arcole par Antoine-Jean Gros (1801)

Le 2 décembre 1804

Sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame de Paris et couronnement de Joséphine.

Sacre de Napoléon Ier par Jacques DavidSecrets d'Histoire sur France 2 - La passion de Napoléon pour Joséphine,  pas du goût de Letizia

Le 6 septembre 1803

Décès de son frère Jacques François Damoville (1763-1803). Il était entré le 7 août 1803 à l’hôpital de la Marine.

Le 1er septembre 1805 (le 14 fructidor an XIII)

Adélaïde Éloffe meurt à Paris, au 77 rue du Bac. Elle avait quarante-six ans.

Sources :

  • BEAUREPAIRE Pierre-Yves, La France des Lumières. 1715-1789, Paris, Belin, « Histoire de France », 2014 [1re éd. : 2011].
  • COQUERY Natacha, La boutique à Paris au XVIIIe siècle ; Université Paris I Panthéon Sorbonne, 2006. fftel-01981174f
    https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-01981174/document
  • GODINEAU Dominique, Les Femmes dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècles), Paris, Armand Colin, « U. Histoire », 2015.
  • Biographie de Madame Eloffe, marchande de modes, couturière-lingère de Marie-Antoinette par Anne de Varaxhttps://gw.geneanet.org/arvlang=fr&pz=anne+marie+viviane&nz=de+riverieulx+de+varax&p=adelaide+henriette&n=damoville
  • REISET (comte de) Modes Et Usages Au Temps De Marie-Antoinette. Livre-Journal De Madame Eloffe, Marchande de Modes, couturière lingère ordinaire de la Reine et des dames de Sa Cour. (1885)
  • ROCHE Daniel, La France des Lumières, Paris, Fayard, 1993.
  • ROCHE Daniel, La Culture des apparences. Une histoire du vêtement (XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, Fayard, 1989.
  • SAPORI Michelle, Rose Bertin, ministre des modes de Marie-Antoinette, Paris, Éditions de l’Institut français de la mode, Éditions du Regard, 2003.
  • DA VINHA Mathieu, Dans la Garde-robe de Marie-Antoinette, Versailles, Château de Versailles, Paris, Réunion des Musées Nationaux, 2018.
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